ETUDES DE CAS SUR LA PERTINENCE DE LA COOPERATION TECHNIQUE ENTRE PAYS EN DEVELOPPEMENT DANS LES DOMAINES DU COMMERCE, DE LA SANTE ET DE L'ENVIRONNEMENT
Communiqué de Presse
CTPD/33
ETUDES DE CAS SUR LA PERTINENCE DE LA COOPERATION TECHNIQUE ENTRE PAYS EN DEVELOPPEMENT DANS LES DOMAINES DU COMMERCE, DE LA SANTE ET DE L'ENVIRONNEMENT
19990602 Après la fin de son débat général ce matin, le Comité de haut niveau pour l'examen de la coopération technique entre pays en développement a entamé, cet après-midi, la deuxième partie de ses travaux qui consiste en un débat thématique sur le "rôle de la coopération technique entre pays en développement (CTPD) dans l'accélération de la croissance et le développement équitable par un partenariat élargi. Le débat thématique a été divisé en quatre études de cas visant à démontrer la pertinence de la CTPD dans les différents domaines d'activités que sont le commerce, la santé et l'environnement. La première étude, présentée par un représentant du Département des petites entreprises et des industries agricoles et rurales du Ministère de l'industrie de l'Inde, a porté sur la collaboration entre les petites et moyennes entreprises (PME) pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté dans les pays en développement. A ce jour, la National Small Industries Corporation (NSIC) a initié et mis en oeuvre avec des pays bénéficiaires d'Asie, d'Afrique et d'Amérique, quelque 170 projets d'une valeur de 13 millions de dollars. La NSIC dispense des cours de formation en Inde et crée, dans les pays bénéficiaires mêmes, des centres de formation technique.La deuxième étude de cas, présentée par un représentant de la Faculté latino-américaine des sciences sociales, a porté sur la promotion du commerce et de l'investissement dans la région du Mercosur. Ici, la modalité de CTPD a renforcé le partage des connaissances et des compétences entre les quatre pays concernés que sont le Chili, l'Argentine, l'Uruguay et le Brésil. La troisième étude de cas a, elle, porté sur la réduction de l'impact du VIH/SIDA sur les perspectives de développement et a été présentée par la Directrice exécutive de l'Organisation d'appui pour les personnes infectées par le VIH/Sida de l'Ouganda (TASO). Dans ce cadre, la modalité de la CTPD a été utilisée dans des domaines tels que l'échange d'expériences et des meilleures pratiques, la diffusion de l'information ou encore la stimulation de l'assistance technique. Elle a permis l'organisation de conférences régionales, la création de réseaux de malades du Sida, l'établissement de centres de services au niveau régional, et le renforcement des liens entre les institutions spécialistes du Sida et les pays en développement.
La dernière étude de cas a porté sur la coopération entre les petits Etats insulaires en développement dans le domaine de la biodiversité marine. Dans ce cadre, le représentant de l'Université du Pacifique Sud a affirmé que les accords de coopération signés entre ces pays leur ont permis de prendre des mesures efficaces dans ce domaine.
Le Comité de haut niveau se réunira de nouveau vendredi 4 juin à 15 heures pour achever les travaux de sa onzième session.
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- 3 - CTPD/33 2 juin 1999
Etude de cas sur la collaboration entre les petites et moyennes entreprises (PME) pour stimuler la croissance et réduire la pauvreté dans les pays en développement
M. BRAHM DUTT, Département des petites entreprises et des industries agricoles et rurales du Ministère de l'industrie de l'Inde, a d'abord indiqué qu'en Inde, les petites entreprises ont enregistré une croissance impressionnante au cours des quatre décennies qui ont suivi l'indépendance. Au nombre de 3 millions, ces petites entreprises emploient plus de 17 millions de personnes et contribuent à hauteur de 40% à la production industrielle totale et de 35% aux exportations totales. Le secteur des petites entreprises est un secteur hautement concurrentiel et très technique. Sa croissance en Inde est le résultat des politiques incitatives prises par le Gouvernement. En effet, ce dernier s'est engagé à soutenir les entrepreneurs privés grâce notamment à la mise en place d'institutions d'appui technique et financier, ayant compris que les petites entreprises ont l'avantage de créer des emplois au sein de la population locale et d'utiliser des matières premières disponibles sur place. Les petites entreprises ont en plus stimulé la croissance et la coopération technique entre l'Inde et les pays en développement.
M. Dutt a poursuivi en faisant part des activités de la National Small Industries Corporation (NSIC), une institution publique de coopération technique qui travaille avec plusieurs pays en Asie, en Afrique et en Amérique. Aujourd'hui la NSIC a contribué à la formation de 300 personnes des pays en développement et de plus de 1 400 personnes pour "la partie projet". La "partie projet" signifie qu'une fois formées dans des centres de formation indiens, les personnes sont désignées pour diriger des projets dans leur pays et former d'autres locaux. Ainsi, le NSIC assiste à la création de centres techniques dans les pays bénéficiaires. Outre la fourniture de cours de formation et l'établissement de centres techniques, le NSIC aide aussi les entreprises des pays concernés à mettre les projets en oeuvre, dans le cadre de son programme "d'exportation de technologies". 170 projets ont donc été lancés d'une valeur de 13 millions de dollars.
L'aspect le plus important dans toutes ces activités est la nécessité d'établir un partenariat entre le secteur public et les entreprises d'Inde et des pays bénéficiaires, a ajoutant M. Dutt en concluant sur les difficultés rencontrés dans la mise en oeuvre des projets. Il a attribué ces difficultés aux capacités d'investissement limitées des entreprises des pays bénéficiaires. Le NSIC a donc mis en place des programmes de gestion pour apprendre aux entrepreneurs une gestion saine des ressources limitées.
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- 4 - CTPD/33 2 juin 1999
Etude de cas sur la promotion du commerce et de l'investissement dans la région du Mercosur
M. ROBERTO BOUZAS, Directeur de recherches à la Faculté latino- américaine de sciences sociales, s'est dit honoré de présenter un exposé sur le Marché commun du Sud, MERCOSUR. Il a affirmé que Mercosur a permis d'accroître les flux d'investissements et indiqué que de 1991 à 1998 le taux de croissance des exportations a triplé, renforçant ainsi les relations entre les quatre pays du Mercosur. Si le volume des échanges a augmenté, leur composition a évolué de produits de faible valeur ajoutée vers des produits à haute valeur ajoutée. L'intervenant a fait remarquer que Mercosur a eu des répercussions sur d'autres domaines que celui strictement économique en affectant par exemple la défense.
L'intervenant a ensuite expliqué que la démarche du Mercosur en matière de coopération s'est caractérisée par la flexibilité et par une faible institutionnalisation. Mercosur est fondé sur un Traité cadre, le "Traité d'Asuncion" qui a fourni des orientations claires. Il a institué un petit nombre d'organes permanents ainsi que des procédures intergouvernementales de prise de décisions. Mercosur met l'accent sur l'intervention des autorités politiques au plus haut niveau et sur l'action des administrations. L'intervenant a fait remarquer que des progrès ont pu être accomplis en dépit d'un environnement défavorable. Toutefois, il a reconnu que la mise en place d'une union douanière en 1995 s'est avérée plus problématique.
D'autre part M. Bouzas a indiqué que Mercosur a permis d'accroître les communications entre les entreprises -qui investissent désormais dans d'autres pays-, les consommateurs et les producteurs, qui se réunissent en vue d'examiner les questions d'intérêt commun. La coopération technique mise en oeuvre dans le cadre de Mercosur consiste en un partage des connaissances et des compétences des quatre pays. Une forte volonté politique est nécessaire à la construction d'une telle coopération, volonté qui tend à s'émousser avec le temps. Dans le cadre de MERCOSUR, les autorités ont affirmé leur volonté au plus haut niveau et l'ont réaffirmée, a indiqué l'intervenant qui a précisé qu'à défaut d'environnement stable, les accords de coopération régionale sont plus délicats à mettre en oeuvre.
M. Bouzas a précisé que MERCOSUR a adopté une structure intergouvernementale qui respecte la souveraineté nationale. Il a fait remarquer qu'à mesure que l'intégration progresse il faut aller plus loin dans les accords régionaux. Il a aussi insisté sur la nécessité d'établir une concurrence équitable soulignant que l'harmonisation ne peut se produire dès le départ. Il convient de prendre des mesures qui favorisent cette intégration. Mercosur comportait des risques et des avantages, mais la coopération entre les diverses administrations a permis de créer un climat d'entente.
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- 5 - CTPD/33 2 juin 1999
La coopération technique triangulaire a porté ses fruits dans la construction de Mercosur a indiqué l'intervenant, tout en prévenant qu'elle pose un certain nombre de problèmes. La tâche n'a pas été facile et le programme reste très chargé pour assurer le succès de ce marché dans l'avenir.
Etude de cas sur la réduction de l'impact du VIH/Sida sur les perspectives de développement
Mme SOPHIA MUKASA MONICO, Directrice exécutive de l'Organisation d'appui pour les personnes infectées par le VIH/Sida de l'Ouganda (TASO), a souligné que l'Ouganda est l'un des pays les plus touchés par le VIH/Sida et que son Organisation a précisément pour objectif de réduire l'impact de la pandémie sur les perspectives de développement. Mme Mukasa a commencé son exposé en lançant un appel aux organismes de financement internationaux pour qu'ils réalisent que leur aide sera réduite à néant si rien n'est fait pour lutter contre le VIH/Sida. En 1998, le taux d'infection en Ouganda était estimé à 9,5% de la population, soit une baisse de 5,5% par rapport à 1997. Le succès de l'Ouganda s'explique par la volonté politique des plus hautes instances dirigeantes, les initiatives des collectivités, la collaboration avec la société civile, la mobilisation du secteur privé, et la lutte contre la marginalisation des malades. Le TASO, a poursuivi Mme Mukasa, a pour premier objectif d'améliorer les conditions de vie des personnes touchées, par l'élaboration de programmes d'éducation, de consultation, de soins palliatifs et d'aide aux personnes infectées. De son côté, le Gouvernement, en collaboration avec les ONG, a mis en oeuvre des programmes de prévention qui ont porté des fruits. Les activités de prévention sont importantes en ce sens qu'elles permettent de réduire l'incidence de VIH/Sida sur les économies déjà fragiles de l'Afrique, notamment par la diminution des coûts des soins de santé.
Les programmes VIH/Sida utilisent la modalité CTPD dans des domaines tels que l'échange d'expériences et des meilleures pratiques, la diffusion de l'information ou encore la stimulation de l'assistance technique. Des conférences régionales ont ainsi été organisées, des réseaux de malades du Sida se sont créés, et des centres de services se sont établis aux niveaux régional et sous-régional. La CTPD a aussi permis le renforcement du lien entre les institutions spécialistes du Sida et les pays en développement. La collaboration régionale a conduit à l'adoption de mesures vigoureuses et au renforcement des compétences techniques, a conclu Mme Mukasa.
Commentant cet exposé, le représentant de l'ONU/Sida a rendu hommage aux activités du TASO et déclaré que l'Ouganda doit être félicité pour avoir créé un espace démocratique pour les ONG qui luttent contre le Sida. Un certain nombre de meilleures pratiques ont émergé dans ce pays qui peuvent être utilisés dans le cadre de la CTPD, a estimé le représentant. Le Sida, a-t-il souligné, est une maladie qui affecte plus de 20 millions d'Africains et plus de 150 millions d'entre eux sont touchés de façon indirecte. Or aujourd'hui, 1 dollar en moyenne est consacré par personne à la lutte contre le Sida. Le Sida, a souligné le représentant, génère la pauvreté en Afrique dans ce sens
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- 6 - CTPD/33 2 juin 1999
que l'infection d'un parent, comme c'est souvent le cas, peut entraîner une baisse de 60% des revenus familiaux. Il s'agit donc d'un problème grave qu'il faut traiter avec urgence. Aujourd'hui on estime à 8 millions le nombre d'orphelins du Sida et dans 15 ou 20 ans, ce nombre risque de passer à 40 millions, a affirmé le représentant en demandant à la représente du TASO comment réagir à ce problème. Mme MUKASA a répondu que TASO s'occupe de 200 000 orphelins ou orphelins potentiels dont il entend prendre en charge les frais de scolarité. Dans l'état actuel des finances, la prise en charge de ces frais ne visent effectivement que 70 000 orphelins. Le Gouvernement a, de son côté, mis en place un plan d'éducation qui ne peut toujours assister qu'un enfant sur quatre dans les familles touchées par le VIH/Sida. Pour Mme Mukasa, le Comité de haut niveau peut faire beaucoup pour mettre en place un système de protection sociale de ces enfants.
Le représentant de l'Iran a précisément souhaité savoir ce que la communauté internationale peut faire pour sensibiliser davantage les collectivités. A cette question, Mme MUKASA a répondu que la communauté internationale doit d'abord et avant tout fonder ses programmes sur ce que des pays comme l'Ouganda ont déjà accompli. En cette matière, il faut se garder d'imposer des programmes et au contraire, assurer leur intégration dans les politiques nationales. La communauté internationale peut donc contribuer aux programmes nationaux par l'apport d'une aide financière et en ressources humaines.
Etude de cas sur la coopération entre les petits Etats insulaires en développement dans le domaine de la biodiversité marine
M. JOELI VEITAYAKI, Représentant du Programme des Affaires marines de l'Université du Pacifique sud (Fidji), a déclaré que les pays du Pacifique Sud travaillent ensemble depuis la création de la Commission du Pacifique Sud, il y a quelque 52 ans de cela. Diverses initiatives régionales ont permis aux pays de la région du Pacifique Sud de coopérer entre eux et de partager leurs expériences, équipements, infrastructures, leurs ressources et marchés. Les accords de coopération ont facilité la prise de mesures efficaces par les pays de la région pour relever les défis posés et faire face aux responsabilités contractées au titre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. La philosophie régionale, en ce qui concerne la gestion des mers, nous a permis de définir un modèle sur lequel peuvent être fondées les stratégies présentes et à venir. Le cadre régional de la gestion des mers a permis aux Etats membres d'exercer un contrôle efficace des ressources marines.
L'intervenant a ensuite abordé la question des diverses initiatives entreprises dans la région du Pacifique Sud pour sauvegarder la biodiversité marine. Il a précisé que de telles initiatives ont eu pour terrain d'élection la recherche, la gestion des ressources ou encore la prise de décisions politiques. A travers le Forum des pêcheries, les pays de la région assurent la gestion de leurs ressources en thon. Dans le domaine de la protection de l'environnement, la SPREP est devenue l'Organisation qui préside aux actions de protection des ressources de l'environnement dans le Pacifique Sud.
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L'intervenant a estimé que le cas des pays en développement du Pacifique Sud donne un bon exemple de coopération régionale et de collaboration, fondées sur les nécessités économiques, des buts communs et sur un usage pacifié des ressources marines. Ce succès repose sur une nette séparation entre les questions d'ordre politique et socio-économique. Toutes les négociations se font dans le respect des mandats définis par les organisations régionales.
Il a ensuite affirmé que le travail de coordination sur le plan environnemental, dans une région aussi diversifiée que le Pacifique Sud, est un défi. Mais, l'organisation de rencontres régulières à différents niveaux permet de surmonter les difficultés, a-t-il précisé. La dépendance vis-à-vis de financements extérieurs est source de préoccupation. Il est temps maintenant pour la communauté internationale de mettre en place un système de financement différent. L'accord de financement triangulaire des Nations Unies de 1995 paraît raisonnable à cet égard.
L'intervenant a finalement déclaré que l'avenir de la CTPD en matière de diversité marine dépend de la collaboration et de la volonté de partage dans la région et dépend aussi de l'appui et de l'encouragement des pays développés.
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