En cours au Siège de l'ONU

ENV/DEV/442

COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE : LE DEBAT MINISTERIEL MET L'ACCENT SUR LES IMPACTS POSITIFS ET NEGATIFS DU TOURISME

21 avril 1999


Communiqué de Presse
ENV/DEV/442


COMMISSION DU DEVELOPPEMENT DURABLE : LE DEBAT MINISTERIEL MET L'ACCENT SUR LES IMPACTS POSITIFS ET NEGATIFS DU TOURISME

19990421 Le tourisme durable dépend de la qualité de concertation entre les pays d'origine et de destination

La Commission du développement durable a commencé, cet après-midi, sa réunion de haut niveau à participation ministérielle au cours de laquelle de nombreux ministres et décideurs, responsables des problèmes d'environnement et de développement, ont pris la parole. Cette réunion a pour objectif d'harmoniser les différents points de vue en ce qui concerne l'exécution d'Action 21, notamment ses dispositions sur les questions prioritaires de la session. La réunion permettra d'imprimer l'élan politique nécessaire pour donner suite aux décisions de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (Rio de Janeiro, 1992) et aux engagements qu'elles contiennent.

La Commission a entendu la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, qui a évoqué la nécessité de mieux comprendre les phénomènes liés au développement de l'industrie du tourisme, notamment pour les pays en développement qui en sont largement tributaires. Mme Fréchette a reconnu qu'il était important de comprendre l'interaction entre les mers et les océans et le système climatique si l'on veut être en mesure de faire face à des phénomènes comme El Niño. En l'absence d'une bonne planification, le tourisme peut présenter des risques écologiques importants. Reconnaissant que l'industrie s'efforce de plus en plus d'utiliser des technologies plus respectueuses de l'environnement, Mme Fréchette a estimé que des mesures plus concertées s'imposent. Elle s'est félicitée que la Commission du développement durable cherche à donner vie à l'idée de solidarité mondiale qui est la raison d'être de l'ONU.

La Commission a entendu en outre les participants au débat de haut niveau qui ont reconnu la nécessité de garantir le maintien de l'équilibre environnemental et de la diversité biologique. Le tourisme peut avoir des effets sociaux, culturels et environnementaux nocifs, notamment pour les pays en développement qui sont plus vulnérables. Il est de ce fait essentiel d'améliorer la façon dont sont gérées les ressources touristiques. Plusieurs représentants de pays en développement ont souligné la nécessité de protéger les communautés d'accueil. (à suivre - 1a)

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La préservation de leurs ressources écologiques et de leur identité culturelle a plus particulièrement été mise en avant. Les intervenants ont, pour la plupart, demandé à ce que soient élaborées des lignes directrices permettant de promouvoir, aux niveaux international, national et local, des pratiques de tourisme durable. L'importance de l'échange et de la diffusion, à tous les niveaux, d'informations relatives aux notions de durabilité a été reconnue ainsi que le rôle clé des programmes d'éducation et de formation destinés aux différentes communautés concernées et aux touristes eux-mêmes. De nombreux intervenants ont estimé que toute stratégie de tourisme durable devait encourager une action concertée entre les Etats, les sociétés privées et la société civile.

Les Ministres et décideurs chargés des questions d'environnement des pays suivants sont intervenus: Thaïlande, Zimbabwe, Equateur, Indonésie, Grèce, Kenya, Espagne, Pologne, Tanzanie, Guyana (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Allemagne (au nom de l'Union européenne), Slovénie, Namibie, Slovaquie, Hongrie, Turquie, Ukraine, Sri Lanka, Myanmar, ex-République yougoslave de Macédoine, Costa Rica, Autriche, Argentine, Pérou, Kyrgyzistan, République de Moldova, Chypre, Tunisie (au nom des pays ayant le français en partage), Kazakhstan et République islamique d'Iran.

La Commission a tenu un dialogue interactif sur les questions que doit aborder le projet de texte qu'elle présentera au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen d'ensemble du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement.

La Commission se réunira demain matin à partir de 10 heures pour poursuivre sa réunion de haut niveau qui examinera le thème intersectoriel des océans et des mers.

Tourisme et développement durable

Débat de haut niveau

M. SUWI KHUNKITI, Vice-Ministre de la science, de la technologie et de l'environnement de la Thaïlande, a indiqué que dans son pays, l'industrie du tourisme a connu une grande expansion et représente aujourd'hui 8% du produit national brut (PNB). Cette industrie, a souligné le Vice-Ministre, joue donc un rôle important dans la reprise de l'économie qui a été ébranlée par la crise asiatique. Les ressources naturelles et le patrimoine culturel sont les deux éléments-clés de l'industrie touristique thaïlandaise, a poursuivi le Vice-Ministre qui a précisé qu'en matière de développement du tourisme, son Gouvernement à opté pour une approche fondée sur la protection de l'environnement. L'industrie du tourisme, a-t-il dit, a tiré les leçons du passé et le pays ne cesse d'encourager les autorités locales à imposer un contrôle strict des constructions et du développement touristique. En outre, tout a été fait pour que les derniers investissements en matière de tourisme se concentrent sur le contrôle de la pollution sur les plages les plus réputées. Le Gouvernement a, en collaboration avec les autorités locales, encouragé l'implication des communautés locales dans la préservation de la nature et du patrimoine culturel des 263 sites désignés. Conformément à Action 21, les autorités compétentes ont élaboré un plan visant notamment à utiliser le tourisme pour mettre en valeur les ressources naturelles, et à faire du tourisme une source de revenus et de création d'emplois.

Le Gouvernement a également lancé une campagne pour promouvoir l'écotourisme. L'organe de promotion de l'environnement dans l'activité touristique, par exemple, a été créé pour mettre en oeuvre et coordonner les différentes initiatives de l'industrie hôtelière. Une association de l'écotourisme et de l'aventure touristique a été mise en place pour assurer une certaine responsabilité écologique.

M. SIMON KHAYA MOYO, Ministre des Mines, de l'environnement et du tourisme du Zimbabwe, a noté que le tourisme reste un défi dans la quête des pays en développement pour parvenir au développement durable. L'activité touristique peut être un élément clé du développement social et économique. Il a indiqué que le Zimbabwe a adopté des politiques de gestion de l'environnement et des activités touristiques. Dans ce cadre, il a évoqué un projet de loi qui sera adopté cette année qui réunit les différents instruments législatifs concernant l'environnement. Il a informé la Commission que le Zimbabwe va vendre aux enchères 20 tonnes d'ivoire, vente dont les recettes profiteront à la préservation des ressources et aux populations locales. Le représentant a affirmé que le tourisme, marchandise du XXIème siècle, doit bénéficier aux collectivités locales. En conséquence, les autorités locales doivent participer à tous les stades de la planification et de la mise en valeur des ressources dans le cadre du tourisme durable.

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Mme ROCIO VASQUES, Ministre du tourisme de l'Equateur, a déclaré que son pays possède de grandes ressources écologiques. L'écotourisme représente la meilleure solution pour le tourisme en Equateur. Des accords ont été faits entre les différentes institutions pour élaborer un registre des ressources touristiques et écologiques. Une stratégie destinée à préserver la diversité biologique a été mise en place. Des études sur l'impact des activités touristiques sur l'écologie ont été réalisées afin de déterminer les mesures qui devaient être prises.

La participation active des organisations gouvernementales est importante, a poursuivi le Ministre. Celles-ci ont un rôle clé à jouer pour encourager un tourisme durable. Le Gouvernement de l'Equateur a développé un plan national de gestion touristique qui tient compte de la nécessité de préserver l'environnement tout en encourageant les bénéfices économiques et intègre les activités des différents secteurs et collectivités concernés. La nécessité d'assurer la qualité de vie des communautés locales a été mise en avant. L'écotourisme est un élément important de la stratégie de développement durable de l'Equateur. L'effort entrepris par l'Equateur pour avoir un écotourisme communautaire a été reconnu au niveau international. Le Gouvernement a pris certaines mesures pour maintenir l'équilibre écologique des Galapagos où le nombre de visiteurs a été limité.

M. I. GEDE ARDIKA, Directeur général du tourisme au Ministère du tourisme, de l'art et de la culture de l'Indonésie, a rappelé que pour de nombreux pays en développement le secteur du tourisme représente un grand potentiel et qu'il est déjà devenu pour certains d'entre eux l'un des moteurs dominants de leur économie. Une croissance continue du tourisme durable permettra de multiplier les offres d'emplois, la construction d'infrastructures et la promotion de petites et moyennes entreprises de manière durable dans ces pays. Le défi, notamment pour la présente session, est de contribuer non seulement à une croissance économique durable mais aussi à la durabilité de l'environnement. Pour l'Indonésie qui se compose de plus de 17 000 îles et rassemble une faune et une flore luxuriantes, le développement d'un tourisme durable est de la plus haute importance, notamment après la crise financière qui a frappé toute l'Asie. En effet, même si les effets négatifs de la crise financière n'ont pas épargné le secteur du tourisme; celui-ci demeure l'un des seuls de toute l'économie du pays à continuer de générer des profits et des emplois. C'est pourquoi, le Gouvernement indonésien s'est efforcé de multiplier les initiatives en faveur de ce secteur prometteur en envisageant à la fois son caractère industriel et le fait qu'il repose sur un environnement fragile qu'il faut préserver.

Partant de cette constatation une politique centralisée a été élaborée. Le principe en est simple, a poursuivi le Directeur général, le développement de l'industrie touristique se fait à partir de la population, par la population et pour la population. Dans la mesure où le tourisme consiste à créer une valeur économique pour les populations locales, il est logique que ces mêmes populations soient pleinement associées à la formulation des politiques de ce secteur.

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En outre, le tourisme peut contribuer à promouvoir la compréhension entre les peuples et ce faisant la réalisation d'un monde harmonieux. C'est pourquoi il faut que la communauté internationale développe une approche du tourisme où les populations du pays hôte et les visiteurs seraient sur un pied d'égalité, a expliqué M. Ardika, ajoutant que cela impliquait également un partage des responsabilités dans la création du développement durable. La question du tourisme comme secteur contribuant au renforcement des capacités nationales revêt de plus une importance du point de vue social. Les communautés locales doivent en effet pouvoir accueillir les flots de touristes sans voir leur culture et leurs ressources naturelles dénaturées. A cet égard, la participation des autorités locales et des grandes entreprises nationales est vitale à la planification du tourisme durable. L'un des sujets de préoccupation du Gouvernement indonésien est en effet que des groupes étrangers monopolisent les biens touristiques et excluent les communautés locales. Il ne faut pas oublier que les investisseurs étrangers et les communautés locales doivent tous deux être bénéficiaires, a insisté le Directeur général, demandant que des mesures garantissant l'équilibre entre ces deux parties soient inclues dans le programme de la Commission. Il a précisé que le programme international sur le tourisme durable qui doit être adopté et mis en oeuvre avant l'année 2002 devrait mettre l'accent sur la création d'un environnement favorable aux petites et moyennes entreprises qui se sont révélées être les plus créatrices d'emplois dans ce domaine.

M. THEODOROS KOLIOPANOS, Sous-Secrétaire d'Etat pour l'environnement, la planification physique et les travaux publics de la Grèce, a déclaré que le tourisme doit être planifié et développé dans le contexte d'une stratégie plus large du développement durable auquel il peut contribuer de manière considérable par le biais de la préservation des ressources naturelles et des cultures, du renforcement de l'identité locale et de l'amélioration des services et de la qualité de la vie locale en général. L'élaboration et la mise en oeuvre d'une telle stratégie exige la mobilisation et la coopération de nombreux partenaires à tous les niveaux - national, régional et local de la part des secteurs public et privé. Tous les pays, qui ont un secteur du tourisme solide, notamment la Grèce, en sont conscients. L'Etat responsable de la formulation de la politique sectorielle, du contrôle et de l'évaluation, ainsi que des mesures institutionnelles et financières devrait jouer un rôle moteur pour créer des mécanismes de coordination et encourager une action novatrice. La Grèce - Etat membre de l'Union européenne - s'aligne sur le cinquième plan d'action pour l'environnement et a contribué à son développement par de nombreux moyens, par exemple en organisant, il y a quelques années, une réunion informelle du Conseil des Ministres de l'environnement sur le thème "Tourisme et environnement" dans l'île de Santorini, en mer Egée.

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Outre l'Etat, il y a d'autres acteurs qui participent au développement du tourisme dans le contexte du développement durable. Il s'agit en particulier des autorités et des communautés locales qui assume un rôle croissant dans la gestion des problèmes locaux tels que les déchets, le développement de l'infrastructure locale, la gestion des flux de touristes, la sensibilisation du public à la protection de l'environnement et au développement durable en général, l'amélioration des services offerts aux communautés locales.

Concernant le secteur privé, plusieurs initiatives doivent être prises pour rendre les installations récréatives mieux appropriées écologiquement, en particulier en investissant dans les systèmes de gestion de l'environnement visant à réduire et à recycler les déchets, la gestion des ressources en eau et des ressources d'énergie renouvelables. Le rôle des organisations non gouvernementales est considérablement apprécié en matière d'éducation et de campagne de sensibilisation aux niveaux national et local. Dans le cadre de la coopération régionale, la Grèce participe activement au Plan d'Action méditerranéen et au Partenariat euro-méditerranéen pour appuyer les activités respectives en matière de développement et de tourisme.

De l'avis de M. Koliopanos, les formes de coopération ne peuvent être identiques pour tous les pays et pour toutes les destinations touristiques ou à toutes les étapes du développement du tourisme. Il faudrait adopter une politique souple et des mesures appropriées. L'intervention de l'Etat ou d'une institution publique pourrait s'avérer nécessaire pour le démarrage lorsque l'initiative privée est hésitante. La coordination des politiques à un niveau international est nécessaire pour réduire les effets négatifs du tourisme international sur les destinations où il existe un patrimoine culturel et naturel important. Une stratégie de développement durable dans laquelle le tourisme peut jouer un rôle crucial devrait être adaptée à la particularité de chaque région sur la base de son environnement et de la fragilité et des pressions exercées à cause du tourisme. A l'exception des villes historiques, les zones côtières préoccupent particulièrement à l'échelle mondiale. Les îles constituent un cas particulier, exigeant l'adoption de politiques et des mesures de gestion spéciales.

M. CLEMENT MWATSAMA, Directeur du Tourisme au Ministère du tourisme du Kenya, a déclaré que dans le respect de l'esprit de l'Agenda 21, le développement du tourisme au Kenya s'est fait au cours des trois dernières décennies sur la base du développement durable, et ce, à tous les niveaux. L'habitat naturel de la plupart des espèces de faune et de flore a été respecté grâce à la loi sur la gestion et la conservation de la vie sauvage. Cet environnement naturel comprend des forêts, des terres marécageuses et des bassins aquifères qui sont les sources de l'approvisionnement national en eau de notre pays, a dit le délégué. Vu l'importance du tourisme, qui représente une source d'emplois et de rentrées de devises étrangères, notre Gouvernement a créé une université spécialisée dans l'hôtellerie et le tourisme pour assurer une constance dans la qualité de la main-d'oeuvre employée par l'industrie touristique et dans le secteur de la prestation des services fournis aussi bien aux nationaux qu'aux visiteurs étrangers.

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En fait, notre Gouvernement, en proche collaboration avec le secteur privé, fait tous les efforts possibles pour créer le climat nécessaire à la diffusion des connaissances liées au développement du tourisme, avec un accent mis sur la protection de l'environnement et sur la conservation de la nature aux niveaux national, sous-régional, régional et international.

S'il n'y a pas eu d'études formelles sur l'impact social du tourisme, des questions ont néanmoins été soulevées concernant les effets négatifs du tourisme et des touristes sur les cultures locales. Pour pouvoir y répondre, notre délégation demande l'assistance des Nations Unies pour la conduite d'une étude. Le Kenya réaffirme, ici, son soutien au plan d'action de l'Agenda 21. A l'entrée du nouveau millénaire, notre pays accordera plus d'importance au développement d'un tourisme villageois et rural, comme cela est stipulé dans notre Plan-directeur national sur le tourisme, ce qui constituera une solide fondation pour la création de petites et moyennes entreprises touristiques, qui sont un véhicule de développement.

M. CLARO FERNANDEZ-CORNICERO, Sous-Secrétaire au Ministère de l'environnement de l'Espagne, a indiqué que l'activité touristique touche des centaines de milliers de personnes dans son pays et qu'elle influence à ce titre les modes de vie. En 1998, l'Espagne a en effet accueilli plus de 70 millions de visiteurs et le secteur touristique a été à l'origine de 1,2 million d'emplois. Il a indiqué que son Gouvernement est conscient que l'Espagne possède des richesses naturelles, qu'il protège dans ses parcs nationaux notamment. Le représentant a noté que la grande variété d'espèces naturelles n'est pas facile à gérer. La priorité est accordée à l'intégration des préoccupations environnementales dans l'industrie touristique, en particulier par le biais de l'adoption de normes non agressives pour l'écologie.

Un programme de tourisme durable a été adopté par le Gouvernement et un processus de reconversion écologique a été mis en place dans la structure hôtelière. De plus, le représentant, rappelant la nécessité de favoriser une participation des citoyens, a évoqué le lancement de campagnes de sensibilisation écologique dans toutes les destinations touristiques. Des objectifs qui assurent la gestion de l'eau et la qualité de l'environnement ont été définies, ainsi qu'un programme sur le tourisme et les espaces naturels protégés. Le représentant a également fait état d'un programme de formation du personnel touristique en matière de tourisme durable et d'un programme concernant la coopération internationale qui permettra à l'Espagne d'apporter son expérience avec son bilan d'erreurs et de réussites. Des limites ont également été mises aux installations touristiques aux Canaries et aux Baléares. Ainsi, un bâtiment ne peut être construit que pour remplacer un bâtiment déjà existant. En ce qui concerne la mise en oeuvre du programme d'Action 21 dans le bassin de la Méditerranée, une Commission en est chargée, à laquelle l'Espagne participe activement. Dans ce cadre, le représentant a demandé que la Commission méditerranéenne de développement durable puisse recevoir le statut d'observateur à la CDD pour faire partager son expérience.

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M. JAN SZYSZKO, Ministre de la protection de l'environnement, des ressources naturelles et des forêts de la Pologne, a commencé sa déclaration en citant les chiffres de l'Organisation mondiale du commerce selon lesquels, la Pologne est la huitième destination touristique du monde, avec 3% du trafic touristique mondial. Au cours des dix dernières années, a poursuivi le Ministre, le nombre de visiteurs étrangers s'est accru pour atteindre 20 millions de personnes en 1998. Pour relever les défis lancés par cette situation, l'Office du tourisme national a élaboré un programme d'écotourisme et de circuits touristiques particuliers. De plus, le développement de l'infrastructure dans les régions touristiques est désormais régi par un schéma d'évaluation de l'impact du tourisme sur l'environnement. Ainsi la construction d'hôtels, de routes, de pistes de ski ne peut se faire sans respecter une certaine harmonie avec le paysage local et à bonne distance des habitations locales, des monuments naturels et du patrimoine culturel. Le Ministre a également fait part d'une autre initiative qui consiste à encourager "l'agri-tourisme". L'agri-tourisme, a-t-il indiqué, a l'avantage de transférer la masse des touristes des hôtels bondés aux régions rurales, en apportant ainsi dans ces régions, des bénéfices sociaux et économiques, utiles dans les pays en développement et dans les pays à économie en transition.

Le Ministre a conclu sa déclaration en citant les questions qui, selon lui, doivent à tout prix figurer dans les textes finaux de la Commission du développement durable. Parmi elles, il a mis l'accent sur la nécessité de clarifier le concept de "tourisme durable" et sur celle de définir le rôle et la responsabilité du secteur privé, en particulier des petites et moyennes entreprises, des autorités locales et régionales, des ONG, des associations du travail, des communautés autochtones et des chercheurs. La nécessité d'élaborer des normes internationales et nationales et des codes de conduite relatifs à la protection du patrimoine naturel et culturel et du style de vie des populations autochtones, a également été évoquée par le Ministre.

M. EDWARD N. LOWASSA, Ministre d'Etat auprès du Cabinet du Vice- Président de la République unie de Tanzanie, a dit que la session actuelle de la Commission a un rôle critique à jouer dans la promotion du programme du Sommet de Rio en ce qui concerne les océans et les mers, les modes de production et de consommation ainsi que la promotion d'un tourisme durable. Le tourisme est l'un des secteurs de l'économie qui connaît la croissance la plus rapide et contribue de façon significative aux revenus économiques de nombreux pays. Le tourisme naturel et certains autres domaines de cette industrie sont devenus de plus en plus populaires, le nombre de personnes dans les pays industrialisés et ailleurs qui sont fatiguées du tourisme urbain et des stations balnéaires surpeuplées allant croissant. Ces gens sont désormais en quête de vacances dans des environnements naturels riches de leurs cultures locales. La croissance du tourisme a une importante dimension socio-économique, et pour la Tanzanie, c'est une importante activité économique. L'an dernier, elle a généré des revenus de l'ordre de 400 millions de dollars, faisant de ce secteur la première source d'échanges avec l'étranger. Le taux de croissance de l'industrie touristique en Tanzanie s'est maintenu à la moyenne impressionnante de 16% au cours des trois dernières années, et présente des potentialités qui sont même supérieures à ce chiffre.

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Mais, comme d'autres domaines du développement, le tourisme consomme des ressources et génère des déchets, créant dans son sillage des coûts et des bénéfices environnementaux, culturels et sociaux. La croissance du tourisme entraîne la construction de structures d'accompagnement et de soutien, qui sont une composante critique du développement de cette activité. Ce développement empiète inévitablement sur les espaces ouverts, les paysages naturels et les terres agricoles ou pastorales, et les dégâts que le tourisme et ses activités annexes peuvent causer sont encore plus patents quand s'exerce la pression causée par des foules de visiteurs. De grandes concentrations de touristes peuvent congestionner et surcharger les infrastructures d'accueil et causer des dommages considérables à l'environnement, tout en faisant baisser la qualité des prestations fournies. Les conditions ainsi créées peuvent entraîner des pollutions de l'air et des nuisances acoustiques. La croissance du tourisme et la dépendance grandissante de nombreux pays en développement envers ce secteur mettent en exergue le besoin d'accorder une attention spéciale à la relation entre la conservation de l'environnement et le développement d'un tourisme durable. La gestion de ces données ne pourra se faire qu'à travers une planification et une gestion efficaces du secteur, qui sont en ce moment freinées par le manque des ressources nécessaires.

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que la session de la Commission du développement durable donne l'occasion de réfléchir à ce que l'on peut faire de plus et de mieux. Chacun sait que les océans se trouvent au coeur de notre système climatique, qu'ils sont essentiels aux échanges commerciaux et qu'ils représentent une source importante de denrées alimentaires. On a tendance à oublier que plus de la moitié, peut-être les deux tiers, de la population mondiale vit dans les zones côtières. Dans 20 ans, cette proportion pourrait avoir atteint les trois quarts. Déjà menacées par la pollution et la surexploitation, les zones côtières de la planète, y compris les récifs coralliens et les innombrables espèces qu'ils abritent, risquent de subir des dommages irréparables. Le mois dernier, le Groupe de travail spécial intersessions de la Commission a appelé l'attention sur ce problème, ainsi que sur d'autres questions connexes. Il importe avant tout de mieux gérer et de mieux protéger les ressources biologiques marines. Cela suppose que l'on s'attaque plus énergiquement aux causes telluriques de la dégradation du milieu marin, sachant que les activités terrestres sont responsables de 80% de la pollution marine. Il faut intensifier la recherche scientifique sur l'interaction entre les mers et les océans et le système climatique. Comprendre cette interaction est particulièrement important si l'on veut être en mesure de faire face à des phénomènes comme El Niño. Les gouvernements doivent ratifier les traités et accords pertinents. A titre d'exemple, et pour n'en citer qu'un Mme Fréchette a rappelé que l'Accord de 1995 sur la gestion des stocks de poissons n'est toujours pas entré en vigueur.

L'industrie du tourisme est un des secteurs de l'économie dont la croissance est la plus rapide. En 1997, les activités du tourisme ont représenté environ 1,5% du PNB mondial. Le tourisme est un secteur important pour l'emploi. En 1995, il a employé 11,3 millions de personnes.

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Le tourisme est le seul secteur économique où les pays en développement ont accusé un excédent. Les brochures touristiques sont remplies de plages et de ciel bleu. Pourtant, les effets environnementaux du tourisme peuvent être sévères. En l'absence d'une bonne planification, le tourisme peut présenter des risques écologiques importants. Les pays tributaires du tourisme sont particulièrement vulnérables. Les droits de l'homme sont parfois menacés, comme c'est le cas lorsqu'il est question de tourisme sexuel, dont sont souvent victimes les enfants. Pour rendre le tourisme plus durable, le Groupe de travail spécial intersessions a envisagé l'établissement d'un programme de travail international devant être mis en oeuvre d'ici l'an 2002. Les initiatives lancées par l'industrie jouent un rôle important. Mme Fréchette a souligné l'importance d'une année internationale de l'écotourisme en 2002 qui permettra que les efforts entrepris pour promouvoir un tourisme durable se poursuivent.

La question des modèles de consommation et de production est importante. La consommation de l'énergie et des ressources naturelles continue à augmenter. Il faut tenir compte des effets de la mondialisation, du développement économique, de la croissance démographique, des développements de la technologie et de l'urbanisation. L'industrie fait des progrès constants pour utiliser des technologies plus respectueuses de l'environnement et plus efficaces. Des mesures plus concertées s'imposent. A mesure que l'on met en oeuvre le Plan d'action de Rio il faut associer les forces dynamiques et novatrices des milieux d'affaires et de l'industrie. Les questions des océans, du tourisme et des modes de consommation sont particulièrement importantes lorsque l'on aborde les problèmes des petits Etats insulaires en développement. Etant donné leurs faibles population et ressources, les petites îles n'ont pas joui des bénéfices de la mondialisation. La Commission a cherché à donner vie à l'idée de solidarité mondiale qui est au coeur de l'Organisation des Nations Unies. Il est nécessaire que les politiques de développement durable soient comprises par tous les citoyens. Les travaux de la Commission du développement durable ont permis de montrer que les institutions et les peuples peuvent travailler ensemble pour réduire les tensions qui existent entre les notions de développement et de durabilité.

M. NARVIN CHANDARPAL, Conseiller à la Présidence du Guyana sur les questions de la science, de la technologie, des ressources naturelles et de l'environnement, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a imputé la détérioration de l'environnement mondial à la surconsommation des pays du nord plutôt qu'à la mauvaise gestion écologique des pays du sud. Il a demandé que l'accent soit mis sur les questions d'une "gestion plus propre" des ressources et de la production ainsi que sur l'impact des modes de consommation et de production et sur l'environnement. La nature actuelle des paramètres de consommation et de production, a estimé le Conseiller, fait que les pays industrialisés ont la responsabilité de prendre la tête du mouvement pour mettre un terme aux modes non durables. Dans ce contexte, les pays en développement insistent notamment sur l'investissement des pays du nord dans les capacités nationales et sur le transfert de technologie écologiquement saine.

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Ce transfert ainsi que les ressources financières sont nécessaires pour ouvrir aux pays du sud, les marchés mondiaux. Les pays en développement comptent sur les pays développés pour qu'ils respectent les engagements énoncés dans Action 21 et les engagements subséquents. Il a poursuivi en jugeant regrettables les tentatives des pays industrialisés de placer les pays en développement sur un pied d'égalité en ce qui concerne les modes de consommation et de production. Venant à la question du tourisme, le Conseiller a convenu que dans la plupart des pays en développement, le tourisme constitue aujourd'hui une source de croissance économique et sociale. Il a appelé à ce que le tourisme durable s'inspire des principes fondamentaux d'Action 21. Pour le Conseiller, il faut reconnaître la valeur du tourisme comme moyen économique et comme vecteur de bénéfices écologiques et éducatifs. Le Conseiller a aussi plaidé pour un échange d'informations sur le "tourisme sûr et durable" et pour la préservation du patrimoine culturel et naturel des pays hôtes.

Sur la question des mers et des océans, le Conseiller a souligné l'importance des ressources marines pour la sécurité alimentaire des pays côtiers. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, il a mis en garde contre le risque qu'il y a à s'écarter de l'article VII d'Action 21 et du cadre général de la Convention sur le droit de la mer. Pour le Conseiller, il ne faut pas non plus s'écarter de la ligne directrice en la matière qui est la lutte contre la pauvreté. Dans ce contexte, les solutions viendront de l'adéquation de l'assistance financière et technique fournie dans le cadre de la coopération internationale avec les besoins des pays concernés. Sept années après Rio, a insisté le Conseiller, les peuples continuent d'être menacés sur les plans économique, social et écologique. L'écart entre les riches et les pauvres doit donc être comblé par des mesures qui s'attaquent aux raisons profondes de la pauvreté. Il est temps de respecter les engagements de Rio et de reconnaître que la coopération internationale doit venir en complément des efforts des pays en développement. Le seul changement intervenu depuis Rio, a conclu le Conseiller, est que les pays en développement ont plus que jamais besoin d'une assistance et d'une aide internationales.

M. JURGEN TRITTIN, Ministre fédéral de l'environnement, de la conservation de la nature et de la sécurité nucléaire de l'Allemagne (s'exprimant également au nom de l'Union européenne et de la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie, Chypre, et la Norvège) a estimé que cette septième session de la Commission du développement durable offre l'occasion unique d'obtenir une vision globale du tourisme durable, que l'Union européenne considère comme une question vitale. Pour assurer la durabilité, les gouvernements doivent créer un cadre juridique, économique, social et environnemental approprié et recourir à des instruments variés, telles que l'utilisation intégrée de terres, la gestion des zones côtières et l'adoption de mesures économiques et fiscales d'encouragement. L'Union européenne estime cependant que les gouvernements doivent avant toute chose s'engager fermement à combattre le tourisme sexuel et les abus d'enfants en adoptant et en faisant respecter des lois de protection.

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L'industrie du tourisme pourrait démontrer sa volonté de construire un tourisme durable en travaillant à l'élaboration d'un code de conduite mondial, a suggéré M. Trittin. Il reviendrait, d'un autre côté, aux organisations du système des Nations Unies le rôle clef d'assurer les échanges d'information, la popularisation des bonnes pratiques et l'élaboration d'indicateurs appropriés. L'Union européenne estime qu'il faut aussi, dans le contexte du tourisme, prendre en compte la question de la protection et de l'exploitation durable des océans conformément à la Conférence des Nations Unies sur le droit de la mer et à Agenda 21. A cet égard, il serait utile d'améliorer la connaissance scientifique des océans et de diffuser ce savoir. Le Ministre a ajouté qu'en liaison avec la question des océans venait s'ajouter celles des pêcheries et de la navigation. La coordination et la coopération internationales dans le domaine maritime ont besoin d'être améliorées, a-t-il fait remarquer tout en estimant que la présente session devrait être l'occasion d'un effort de concertation pour trouver des solutions efficaces.

En ce qui concerne les modes durables de consommation et de production, l'Union européenne souligne qu'il faudra augmenter sensiblement la consommation pour lutter contre la pauvreté. Elle rappelle cependant qu'il faut de manière urgente promouvoir des modes de production plus propres, améliorer la productivité tant pour les matériaux qu'en matière d'énergie, et sensibiliser les populations aux problèmes de consommation et de production ayant des effets sur la santé, la qualité de vie, la pauvreté et l'environnement. Sur ce point, l'Union européenne s'inquiète tout particulièrement du phénomène de mondialisation qui, estime-t-elle, doit absolument se développer sur un arrière fond de modes de consommation et de production durables. Elle souhaite aussi que les questions du commerce et de l'environnement soient pleinement intégrées dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce. Le Ministre a abordé le second thème intersectoriel de la Commission, à savoir la pauvreté, qui, a-t-il fait observer, est en lien étroit avec les modes de consommation et de production durables. Selon lui, si la communauté internationale s'accorde pour réduire de moitié d'ici à l'an 2015 la population en situation d'extrême pauvreté, il faudra placer la lutte contre la pauvreté au centre de la coopération internationale en faveur du développement.

M. PAVEL GANTAR, Ministre de l'environnement et de la planification physique de la Slovénie, a estimé que les traits distinctifs du tourisme moderne constituent un défi en matière de développement. La mondialisation pose le problème de l'harmonisation des besoins légitimes des populations locales avec les exigences de la préservation de la nature dans les sites touristiques nouvellement créés pour répondre à la demande. Il a indiqué que le Gouvernement de Slovénie a répondu à ce défi par la définition de zones protégées et par l'incorporation du tourisme durable dans les plans de gestion. La compétitivité accrue entre les régions touristiques force en outre les agents touristiques à trouver des formes nouvelles d'activités touristiques qui peuvent mettre en danger l'intégrité de l'environnement naturel. Dans ce cas, le gouvernement doit négocier des règles préalables avec l'industrie du tourisme et les promoteurs au niveau local.

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Ainsi, le représentant a évoqué deux décrets promulgués par son Gouvernement, l'un portant sur la cueillette des champignons, l'autre sur la conduite d'engins motorisés et de cycles dans la nature. Concernant le volume important du tourisme contemporain, il se pose la question des limites de la durabilité écologique et social des lieux touristiques. La solution en la matière réside, selon le représentant, dans un processus à participation multiple visant à initier une planification au niveau local correspondant aux capacités de chaque région touristique.

Le représentant a détaillé les lignes directrices de la politique de son pays pour stimuler les services touristiques. Pour l'utilisation des ressources naturelles, par exemple, il faut mettre en place un système de concessions comportant des règles très strictes. Le représentant s'est associé à la déclaration de l'Union européenne sur le tourisme et le développement durable, et a rappelé dans ce contexte le besoin urgent d'une coopération plus étroite et du partage des expériences entre les nations et les régions du monde. Il a souhaité que l'accent soit mis sur les questions du tourisme durable de montagne, puisque l'Année 2002 a été proclamée année internationale des montagnes.

M. TANGENI ERKANA, Secrétaire au Ministère de l'environnement et du tourisme de la Namibie, a indiqué que, dans son pays, le tourisme représente une source importante de revenus puisque en 1998, il représentait 200 millions de dollars du PNB. Il faudra que d'ici à l'an 2000, la part du tourisme soit de 300 millions de dollars du PNB. Avant 1990, a expliqué le représentant, le secteur touristique était détenu par des portefeuilles privés qui n'offraient que des services traditionnels. Depuis lors, grâce au concours de la Commission européenne, un plan pour le développement du tourisme a été élaboré qui offre des directives stratégiques relatives au secteur tout en constituant la base de la législation en la matière. Le Gouvernement a élaboré une stratégie économique, social et de préservation à l'intention des communautés locales. Ces dernières sont ainsi invitées à former des "domaines protégés" dans leur région respective qui seront consacrés au tourisme. Les revenus générés par ce tourisme reviennent directement aux communautés elles-mêmes qui peuvent ainsi assurer un certain développement social et économique à partir du tourisme et être encouragées à former d'autres "domaines protégés".

M. LASLO MIKLOS, Ministre de l'environnement de la Slovaquie, a déclaré qu'en sa qualité de président du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), il se réjouit de rappeler que la 20ème session du Conseil d'administration a souligné la nécessité d'une coopération entre le PNUE et la Commission du développement durable. Il s'est déclaré convaincu que l'harmonisation et la coordination des activités liées à l'environnement entre le PNUE et la CDD sont indispensables. Sa délégation fait sienne la position exprimée par l'Allemagne, au nom de l'Union européenne. M. Miklos s'est déclaré d'avis que tout développement futur du tourisme devrait être fondé sur les critères de durabilité et sur le développement d'indicateurs appropriés pour un tourisme durable. La Slovaquie appuie fermement l'initiative de la CDD visant à adopter un programme d'action international sur le tourisme.

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Il faudra promouvoir une production et une efficacité écologiques plus saines, notamment en réduisant le luxe de certains emballages qui ne sont pas vraiment nécessaires mais qui ont des effets négatifs sur l'environnement. La délégation slovaque fait sienne la nécessité d'intégrer des programmes d'éducation à tous les niveaux concernant la consommation et la production.

M. Miklos a fait observer que le développement selon une approche intégrée est essentiellement orientée sur la planification, la protection de la nature et les réseaux écologiques. Néanmoins, ces approches ne sont considérées comme prioritaires que dans des cas particuliers ou au niveau secondaire de prise de décision. Sa délégation estime fermement que le développement durable nécessite un développement équilibré à la fois pour la protection sectorielle d'éléments unique de l'environnement et pour l'approche intégrée à la gestion des sous-systèmes dans l'espace. Le renforcement du développement durable pourrait être défini dans trois directions, à savoir technologique, écologique et l'intégration des instruments du système - sensibilisation du public aux questions de l'environnement, instruments juridiques et économiques pour le développement durable et coopération intersectorielle et inter-régionale.

La Commission du développement durable devrait promouvoir l'application des principes énoncés dans le Chapitre 10 d'Action 21 - en particulier une approche intégrée pour l'utilisation des ressources terrestres et le développement intégré de réseaux écologiques dans le cadre des plans écologiques d'environnement complexe et des systèmes territoriaux de stabilité écologique.

M ANDRE ERDOS (Hongrie) a déclaré que l'industrie du tourisme représente un des secteurs les plus dynamiques de l'économie mondiale. Il a précisé qu'en raison de ses effets multiples sur l'économie dans son ensemble, le tourisme constitue un instrument important du développement. Il a insisté sur les liens entre tourisme et environnement, soulignant les effets à la fois positifs et négatifs de cette relation. Il a déclaré que l'idée d'un tourisme durable repose sur une industrie touristique soutenant le développement économique et social et respectueuse de l'environnement. Cela nécessite une volonté politique, la mise en oeuvre de plans adéquats et une action déterminée, a-t-il souligné. Le représentant a suggéré la définition de principes directeurs afin de permettre au secteur privé d'exercer une action efficace. Il a souligné la nécessité d'actions gouvernementales concrètes pour favoriser le développement de projets pilotes démontrant les bénéfices potentiels d'un tourisme durable. Le tourisme joue un rôle vital, tant au niveau national que local, et il contribue favorablement à la balance commerciale de notre pays.

Abordant la question des effets néfastes du tourisme sur l'environnement, le représentant a indiqué l'existence d'un Programme national de protection de l'environnement dont l'objet est de mettre en oeuvre des mesures préventives et appropriées en la matière.

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Le représentant s'est félicité que des acteurs importants du tourisme en Hongrie, tels que l'Association internationale des Hôtels et Restaurants, définissent des programmes de protection de l'environnement en ce qui concerne l'exploitation des Hôtels. Il a indiqué que des mesures incitant les entrepreneurs à se conformer aux dispositions du Code d'éthique de la Chambre de commerce et d'industrie de la Hongrie sont introduites dans le secteur du tourisme.

Le représentant s'est déclaré convaincu de l'importance d'inclure des sujets tels que le tourisme dans l'agenda de la septième session de la Commission du développement durable. La grande qualité des discussions qui ont eu lieu ont montré que les chemins permettant de parvenir à un développement durable sont variés, a-t-il indiqué, soulignant qu'il était de la responsabilité des participants de transmettre à leurs autorités nationales respectives les recommandations qui seront adoptées lors de cette session ainsi que d'approfondir et d'activer le dialogue entre le Gouvernement, le secteur des affaires, la société civile et les ONG.

M. AHMET TAN, Ministre du tourisme de la Turquie, a souligné l'importance du concept de tourisme moderne, dans lequel le succès n'est pas seulement mesurable en chiffre d'affaires, mais aussi en capacité d'appliquer des approches respectant l'environnement et les communautés. Le Ministère du tourisme de la Turquie travaille dans le cadre de stratégies nationales et régionales. Sa politique comporte trois objectifs principaux: la création d'un secteur touristique compétitif sur le marché international, la ventilation des bénéfices du tourisme à l'intérieur du pays et la préservation des richesses archéologiques, naturelles et culturelles. Dans ce cadre, une grande importance est donnée à la formation et à l'éducation. L'interaction avec la population locale est aussi un objectif important de la politique de la Turquie en matière de tourisme durable.

Le représentant a abordé la question du développement des petites et moyennes entreprises, telle que mentionnée dans le rapport du Secrétaire général des Nations Unies. Il a indiqué que 99% des entreprises turques sont des PME. En conséquence, il a estimé que le système des Nations Unies pour le soutien des PME, par le biais d'une formation et d'une assistance technique et commerciale, peut jouer un rôle important dans la mise en place d'une forme durable de tourisme. En conclusion, le représentant a estimé que la protection de l'environnement ne dépend pas que des mesures locales de prévention et de protection, mais aussi des politiques de développement durable aux niveaux national et international.

M. V. I. TSYBUKH, Président du Comité d'Etat pour le tourisme de l'Ukraine, a estimé que l'on ne pouvait surestimer l'importance de la question du tourisme. Il faudrait se pencher sur l'impact du tourisme dans toutes les sphères de la vie sociale, la complexité de l'interdépendance du tourisme et de la nature, ainsi que sur les incidences négatives du tourisme sur l'environnement. Même l'écotourisme peut avoir un effet destructeur s'il n'est pas planifié, développé et géré de façon adéquate.

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Lorsqu'ils encouragent le développement du tourisme, les gouvernements doivent essayer de mieux comprendre les intérêts de tous les acteurs concernés, qu'il s'agisse des industries touristiques ou des collectivités locales. Des cadres doivent être élaborés, comme des directives de planification et des codes de conduite, afin de réguler le développement du tourisme durable. Les initiatives volontaires devraient être un élément important de la stratégie de promotion du tourisme durable. L'élaboration d'une liste de ces initiatives, qui décrirait et évaluerait les différentes expériences, permettrait de contribuer de façon positive aux efforts entrepris. Il faudra encourager des attitudes responsables des jeunes générations. Le rôle de l'éducation et des médias est particulièrement important pour promouvoir le développement durable du tourisme.

Du fait de sa situation géographique, au coeur de l'Europe, l'Ukraine a la possibilité de développer activement le tourisme. L'Ukraine cherche à créer les conditions favorables au développement de ses activités touristiques. La juridiction ukrainienne sur le tourisme a placé le tourisme parmi les priorités de développement de la culture et de l'économie nationale. L'utilisation rationnelle et la conservation des ressources touristiques sont des éléments cruciaux de la politique nationale en matière de tourisme. L'écotourisme se développe de plus en plus. Des programmes spéciaux pour la jeunesse sont mis en place pour sensibiliser les jeunes aux questions environnementales. L'Ukraine a développé un système national d'information touristique qui est aujourd'hui pleinement opérationnel. La catastrophe de Tchernobyl, il y a presque 13 ans, a eu des conséquences désastreuses sur l'industrie touristique de l'Ukraine. Cette catastrophe doit rappeler à la communauté internationale qu'il lui faut adopter une attitude responsable par rapport à l'environnement.

M. DHARMASIRI SENANAYAKE, Ministre du tourisme et de l'aviation civile du Sri Lanka a déclaré que dans son pays, qui possède plus de mille kilomètres de côtes bordées de cocotiers, la plupart des hôtels et des complexes touristiques se trouvent au bord de mer. Pour empêcher l'érosion de ressources touristiques très riches, l'Organisation nationale du tourisme sri- lankais a pris différentes mesures. Les édifices situés sur les côtes tels que les hôtels doivent être distants d'au moins 200 mètres de la ligne naturelle de végétation et d'au moins un demi-mile de tout lieu de culte (temple bouddhiste, kovil hindou, mosquée musulmane ou église chrétienne). La hauteur des bâtiments est également réglementée : elle ne doit pas excéder la cime des cocotiers. Il est en outre interdit de déverser des ordures ou des eaux souillées dans la mer.

Les Sri-Lankais sont fiers de leur culture, vieille d'au moins 2500 ans, a poursuivi le Ministre, et les visiteurs, comme les citoyens, doivent respecter un certain nombre de règles : ne pas porter de chaussures ou de couvre-chef dans les lieux de culte, être vêtu décemment. Le nudisme, la possession de narcotiques ou de drogues sont strictement interdits. Afin de protéger la nature, le commerce et la possession de faune et de flore (morte ou vive) sont également prohibés. Les autorités sri-lankaises ont également pris des mesures pour lutter contre l'exploitation des enfants et pour punir les auteurs de ces crimes.

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A l'intérieur de l'île, les investisseurs qui veulent construire un hôtel près d'une réserve naturelle, un système d'irrigation, un site culturel ou religieux doivent concevoir un bâtiment capable de s'intégrer harmonieusement dans le paysage. Le Ministre a émis le souhait de voir la Commission travailler à l'élaboration d'une définition du concept de "développement touristique durable" acceptable au niveau international.

M. THANE MYINT (Myanmar) s'est associé à la déclaration faite par le représentant du Guyana en tant que Président du Groupe des 77 et la Chine. Il a déclaré que le tourisme offre de multiples opportunités aux pays en développement et rappelé que les excédents de nombreux pays reposent sur les bénéfices réalisés par l'industrie du tourisme. Le représentant a reconnu le fait que des demandes pour de nouvelles formes de tourisme voient actuellement le jour et placent l'industrie, les gouvernements et la communauté internationale face à de nouveaux défis.

Le représentant a reconnu l'importance d'une prise en considération de l'industrie du tourisme pour parvenir à un développement durable. Il a déclaré que les infrastructures touristiques font l'objet d'un développement continu dans son pays. La politique définie par le Ministre du tourisme est fondée sur des principes qui sont sensibles aux questions de développement durable et aux impacts du tourisme sur l'environnement, a-t-il précisé. Le représentant a indiqué que son pays veille à la préservation et à la promotion de sa culture qui ne doit pas être affectée par l'influence extérieure.

Le représentant a déclaré souscrire aux normes du tourisme écologique et s'est félicité de la résolution par laquelle le Conseil économique et social recommande à l'Assemblée générale de faire de l'an 2002 l'année du tourisme écologique. Il a ajouté que le tourisme permet de renforcer l'interaction et la compréhension entre les peuples, et a souligné qu'à long terme, la pratique du tourisme pourrait conduire à un monde de paix en favorisant l'acceptation de la diversité des cultures et des peuples. Revenant au Rapport du Secrétaire général, le représentant a déclaré que les défis posés à l'industrie du tourisme peuvent être relevés par la coopération entre les parties concernées. Une assistance technique en matière de protection de l'environnement, de conservation de la biodiversité, d'habitat naturel serait la bienvenue, a conclu le représentant.

M. LAMBE ARNAUDOV, Vice-Ministre de l'économie de la République de Macédoine, a fait savoir que son pays, qui possède les atouts d'un pays comme la Suisse au coeur des Balkans, voit le développement de son tourisme altéré par de multiples obstacles extérieurs. La République de Macédoine, a-t-il déclaré, est une démocratie solide qui connaît un développement économique rapide et où règne la tolérance entre les ethnies et les différentes religions. La priorité de sa politique étrangère est l'adhésion à des entités internationales telles que l'Union européenne et l'OTAN. La République de Macédoine possède tous les atouts pour devenir une destination touristique : de beaux paysages (avec des lacs, des montagnes, des forêts, des vallées), un patrimoine historique riche, une nourriture et des boissons de qualité, un climat agréable, un environnement écologique sain, un réseau routier parmi les meilleurs des Balkans, deux aéroports.

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Mais les ambitions de la Macédoine de devenir un pays capable d'attirer des visiteurs aux niveau national et international sont limitées en raison de la situation dans la région. Un touriste ne se déplace pas dans des régions qui vivent la guerre, le terrorisme, les mouvements de réfugiés. La guerre en Bosnie, et maintenant au Kosovo ont des conséquences néfastes sur le développement touristique en Macédoine, dont les atouts sont sous-exploités, et rien de solide ne pourra être envisagé si le conflit perdure. En dépit de nos efforts, a poursuivi le Vice-Ministre, notre économie touristique ne pourra que stagner. Cette Commission et les Nations Unies doivent contribuer à faire évoluer cette situation.

Le Représentant a fait remarquer que les destinations touristiques sont de plus en plus nombreuses, que la concurrence est forte et les touristes de plus en plus exigeants quant à la qualité des services par rapport à leurs prix. Tous ces éléments sont à prendre en compte quand il s'agit de développer l'industrie touristique et cela requiert également une coopération constructive au niveau international.

Mme ELISABETH ODIO, Vice-Présidente et Ministre de l'environnement du Costa Rica, a indiqué que son pays a développé depuis plusieurs années déjà une forte industrie touristique fondée essentiellement sur l'écotourisme. Fort de son expérience, le pays a donc exploré les contours de l'impact négatif du tourisme en même temps que ses avantages. Au titre des effets néfastes du tourisme, la Vice-Présidente a notamment cité le tourisme sexuel et l'exploitation de la main-d'oeuvre locale. Elle a expliqué que c'est la raison pour laquelle le pays attache une importance particulière à la relation entre la protection de l'environnement, le succès économique des entreprises concernées et le développement social. Elle a invité la Commission à ne pas oublier d'analyser, dans le cadre des questions liées au tourisme, les problèmes du marché du travail, les questions de l'éducation ou encore du déplacement forcé des populations locales. Elle a souhaité une réflexion sur les changements culturels et sociaux parfois négatifs que provoquent le tourisme massif. Elle a insisté sur la question de la vulnérabilité des pays d'Amérique centrale aux catastrophes naturelles et donc écologiques. Elle a souhaité que l'examen de la question du développement de l'écotourisme se fasse de concert avec l'examen des conditions spécifiques de ces pays. Pour illustrer ses propos, la Vice-Présidente a fait part d'un contrat de développement durable conclu par son pays avec les Pays-Bas et le Royaume-Uni où le tourisme a une place de choix. En vertu de cet accord comme en vertu du cadre de politique générale du Costa Rica, le développement économique et social atteint par le tourisme doit avoir un sens pour tous et non seulement pour les entreprises.

M. MARTIN BARTENSTEIN, Ministre fédéral pour l'environnement, la jeunesse et les affaires familiales de l'Autriche, a indiqué qu'avec 81 millions de visiteurs par an, l'Autriche est l'un des pays les plus touristiques du monde. Il existe déjà un chapitre spécial consacré au tourisme dans le Plan national autrichien pour l'environnement afin de fournir des directives pour le développement durable du tourisme. Le représentant a observé que le dépassement des limites des capacités peut conduire à la destruction de la base même du tourisme et mettre par là son avenir en danger.

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Le représentant a indiqué que les régions de montagne constituent un sujet de préoccupation principal dans son pays. Dans ce cadre, il a estimé que la clé de la durabilité du tourisme est l'intégration de la protection de l'environnement dans toutes les composantes du tourisme. En conséquence un Plan national écologique est intégré dans tous les plans de développement régionaux autrichiens, a-t-il indiqué. Le transport constitue également un domaine d'une importance particulière en Autriche. Dans ce contexte, un manuel intitulé "Tourisme et transport", qui proposera des solutions techniques et organisationnelles, est en cours de conception.

Le représentant a ensuite traité du résultat des débats de la Commission sur le tourisme durable. Il a estimé que le projet de décision sur le tourisme tel qu'il est proposé ne prend pas suffisamment en compte deux partenaires nécessaires au développement du tourisme durable, à savoir le secteur privé et les gouvernements. Il a estimé qu'il faudrait insister sur la nécessité d'élaborer la notion d'écotourisme, de prendre en compte les différences régionales et sectorielles, de sensibiliser les consommateurs, et de combattre fermement le tourisme sexuel. Il a également souligné l'importance de l'énergie dans le développement durable et du travail du groupe intergouvernemental à composition non limitée d'experts qui prépare la neuvième session de la CDD.

M. FRANCISCO MAYORGA, Ministre du tourisme de l'Argentine, a expliqué que l'Argentine avait mis en place avec succès un plan de développement touristique qui avait permis d'enregistrer des records historiques sur le plan du tourisme interne et avait fait du pays la première destination touristique en Amérique du Sud. L'Argentine se distingue par une offre importante en ce qui concerne le tourisme vert, la côte atlantique de la Patagonie, longue de plusieurs milliers de kilomètres, constituant une destination exceptionnelle. Ushuaia, capitale de la Terre de Feu, est la ville la plus au Sud dans le monde et la porte de l'Antarctique. De par sa proximité, l'Argentine a été l'un des premiers pays à maintenir une présence active sur cette terre qui était encore peu connue à la fin du siècle dernier. L'Argentine a signé en 1959 le Traité sur l'Antarctique qui en limite l'exploitation à des fins pacifiques en donnant la priorité à la recherche, et a participé à toutes les réunions sur le système de l'Antarctique, en défendant continuellement une gestion responsable et durable de ce continent. Au cours des dernières dizaines d'années, le tourisme en Antarctique a connu un essor considérable, a expliqué le Ministre, affirmant que l'Argentine a utilisé l'avantage compétitif dû à sa proximité de manière à favoriser un développement touristique durable. A l'heure actuelle, a indiqué M. Mayorga, 92 % des touristes qui visitent l'Antarctique partent d'Ushuaia, ce qui a représenté 136 bateaux de tourisme au cours de la saison 1997-1998. Ces bateaux ont une capacité variant entre 50 et 500 personnes qui passent en moyenne 12 nuits à bord.

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Le Gouvernement argentin a développé et modernisé les infrastructures touristiques nécessaires, a encore indiqué le Ministre, en soulignant le travail commun et coordonné du Ministère du tourisme, du Bureau de l'Antarctique du Gouvernement provincial de la Terre de Feu, et de la Direction nationale de l'Antarctique, qui est responsable des études d'impact environnemental dans la région et a aidé à élaborer des recommandations spécifiques relatives au comportement des touristes et aux exigences auxquelles sont tenues les agences de voyage.

L'Argentine promeut activement l'adoption, au niveau mondial, de politiques encourageant le développement d'un tourisme durable à long terme. Elle adhère entièrement à la Déclaration sur le tourisme en Antarctique proclamée à Ushuaia le 1er décembre 1998, qui affirme qu'un tourisme correctement orienté est celui qui contribue à créer une conscience de la nécessité urgente de préserver et d'améliorer les conditions environnementales sur lesquelles repose cette activité. L'Argentine peut témoigner d'un engagement ferme envers la promotion d'un tourisme durable, respectueux de l'environnement. Partant, elle appelle tous les pays à continuer d'oeuvrer activement en faveur d'un développement touristique fondé sur la préservation de la nature, l'équilibre écologique et le maintien des traditions culturelles et sociales, et pour que les gains économiques dérivés de telles activités touristiques bénéficient à toute la population.

M. JOSE MIGUEL GAMARRA, Vice-Ministre du tourisme du Pérou, a déclaré que son pays partageait entièrement les concepts et les recommandations de la Commission en matière de tourisme et de croissance durables. Il en a pris pour preuve le fait que le Congrès péruvien a incorporé explicitement les principes du tourisme durable dans la Loi sur le développement du tourisme, adoptée en juin 1998. Cette loi s'appuie sur les principes de l'utilisation rationnelle du patrimoine naturel et culturel, la redistribution aux communautés locales des profits dégagés et sur l'obligation d'élaborer des plans-cadres pour les zones réservées au tourisme et les zones de développement touristique prioritaires. Pour mettre cette loi en oeuvre, un comité technique de coordination rassemblant des représentants des autorités chargées des ressources naturelles et culturelles, des universitaires et des représentants du secteur touristique a été créé. Le Plan-cadre pour le développement du tourisme du Pérou a pour principal objectif l'élimination de l'extrême pauvreté, a expliqué le Vice-Ministre. Pour ce faire, les communautés locales sont associées au développement touristique, ce qui leur permet de récolter les bénéfices des activités entreprises et d'optimiser l'utilisation des monuments et des parcs naturels. A ce texte sur le tourisme vient s'ajouter une Loi sur l'environnement et les zones naturelles protégées, qui rend notamment obligatoire la conduite d'études d'impact sur l'environnement et les évaluations de capacité.

M. Gamarra a ensuite présenté deux initiatives mêlant tourisme et environnement et conduites avec succès. Ainsi au sein du Parc national du Manu, déclaré Patrimoine naturel de l'humanité par l'UNESCO en 1987, les populations autochtones ont, avec l'aide des autorités nationales et de l'Allemagne, construit un centre d'accueil et d'hébergement pour touristes.

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Elles ont ainsi pu améliorer leur qualité de vie, tout en préservant leur identité culturelle et en garantissant le respect des principes de conservation et le développement durable de la région. Conscientes des changements que le développement du tourisme peut entraîner dans l'organisation interne de ces communautés, les institutions participant au projet ont mis en place un suivi social et culturel. Les populations autochtones proposant aux touristes des visites guidées, un programme de formation sur les aspects élémentaires tels que l'hygiène, le service aux clients et la gestion leur a aussi été offert. Le second exemple de réussite exposé par le Vice-Ministre est une initiative d'une école de Lima spécialisée dans les sciences naturelles et selon laquelle les étudiants doivent effectuer un stage obligatoire auprès des populations du Parc national de Tambopata- Candamo. Outre les aspects éducatifs et expérimentaux du Centre créé dans ce parc, des possibilités d'emplois sont offertes à la communauté locale, qui bénéficie aussi de services éducatifs et médicaux. L'ambition est de faire prendre conscience de la valeur de ce patrimoine aux habitants de cette zone et de créer un centre de recherche scientifique de renommée mondiale, a précisé M. Gamarra.

Mme ZAMIRA ESHMAMBETOVA (Kirghizistan) a observé que le tourisme représente une partie importante des activités de son pays en raison de son paysage montagneux. La représentante a mis en garde contre certains effets néfastes que le tourisme implique. Elle a cité parmi ceux-ci la pression exercée sur les ressources naturelles et les défis lancés à la culture, aux traditions et modes de vie locaux. Pour la représentante, la recherche d'un équilibre entre une mise en valeur durable des montagnes et les demandes croissantes du tourisme est une des tâches les plus importantes que doit accomplir la communauté internationale. Elle a estimé, dans ce cadre, que le caractère positif du rôle du tourisme dans la mise en valeur des montagnes doit être préservé par les efforts concertés de tous les pays concernés. La représentante a conclu en exprimant sa satisfaction face à l'accueil que la communauté internationale a réservé à l'initiative de son pays concernant l'Année internationale de la montagne.

M. ANDREI ISAC, Chef de la Division des politiques environnementales de la République de Moldova, a déclaré que son Gouvernement accorde de plus en plus d'importance à la promotion du tourisme durable. La conservation des ressources naturelles a été mise en avant dans les programmes visant à sensibiliser les acteurs concernés par les questions environnementales. Un chapitre spécial sera consacré aux questions concernant le tourisme durable dans le projet de loi sur l'éducation environnementale qui est élaboré par le Ministère de l'environnement. Les activités des compagnies privées et des ONG sont importantes pour la promotion d'un tourisme viable. En tant que pays en transition, la République de Moldova connaît des problèmes économiques sérieux qui ont des effets directs sur l'environnement. Elle est reconnaissante à la communauté des donateurs pour leur aide économique et technique dans le domaine du développement durable, du tourisme écologiquement viable et de l'éducation environnementale.

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Vingt projets ont été lancés afin de promouvoir la protection de l'environnement, et notamment le tourisme durable. La République de Moldova mène une politique nationale de tourisme écologique. Le représentant a remercié les Nations Unies d'encourager les Etats Membres à se développer de façon durable en encourageant les mesures pour protéger l'environnement.

M. SOTOS ZACKHEOS (Chypre) a expliqué que le relèvement de l'industrie touristique est devenu une priorité pour la survie de Chypre après l'invasion de 1974. Il a ajouté que ce développement a été accompagné de nombreux effets négatifs tels que le phénomène de construction massive le long de la côte, l'inflation de la valeur foncière, l'inadaptation des réseaux de transport, l'érosion des côtes, une pression excessive sur les ressources naturelles, le développement du tourisme à proximité des sites historiques et antiques. En même temps, l'essor touristique et ses revenus ont permis aux autorités locales d'investir dans des projets d'amélioration des prestations sociales, de rehausser les niveaux de vie en général, de revitaliser les arts traditionnels et le folklore et de diversifier les opportunités d'emploi. En 1990, le Gouvernement a mis en place une politique de développement touristique qui reconnaît la nécessité de protéger et de promouvoir l'environnement. Des normes applicables aux sites ont été élaborées pour garantir l'harmonisation des nouveaux projets avec l'environnement. Des programmes de promotion de formes alternatives de tourismes ont été développés.

Au même moment, la Loi sur la planification en zones rurale et urbaine a été promulguée. Elle contient des dispositions particulières pour la conservation et la protection de l'environnement. Ainsi, la planification touristique se fait aux niveaux national, régional et local. Certaines zones ont été classées réserves naturelles ou parcs nationaux. L'Office du tourisme a mis en oeuvre en 1995 la politique pour la réglementation du développement de l'industrie hôtelière. L'année 1991 a vu le développement de l'agro- tourisme. Depuis 1997, L'Office du tourisme s'est lancé dans la préparation d'une stratégie touristique sur le long terme qui devra couvrir la période allant jusqu'en 2010.

M. ALI HACHANI (Tunisie), au nom des délégations des pays ayant le français en partage, a déclaré que la croissance du tourisme a bénéficié à beaucoup de pays, mais plus particulièrement aux pays en développement, dont la part de marché en matière de tourisme international a connu une très forte augmentation pour s'établir à environ 30% aujourd'hui. Les pays ayant le français en partage ne peuvent que se féliciter d'une telle évolution. Le développement du secteur touristique peut toutefois présenter des dangers et avoir des effets sociaux, culturels et environnementaux nocifs, en particulier dans des pays présentant de nombreux facteurs de vulnérabilité comme les petits Etats insulaires en développement. La notion de tourisme durable prend ici tout son sens : durabilité environnementale qui garantit le maintien des processus écologiques essentiels, des ressources et de la diversité biologiques, durabilité sociale et culturelle qui assure la compatibilité des flux touristiques avec la préservation de la culture, des valeurs et de l'identité locales, et durabilité économique qui implique une gestion maîtrisée des ressources touristiques.

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Seul un tourisme durable est susceptible à la fois d'améliorer la qualité de vie de la communauté accueillant le visiteur tout en préservant son identité culturelle, d'offrir aux visiteurs une expérience de première qualité, et de maintenir la qualité de l'environnement sur laquelle comptent à la fois le visiteur et la communauté qui l'accueille.

La CDD doit fixer des orientations claires pour favoriser le développement du tourisme durable. Il faut que les Etats puissent créer des conditions économiques, sociales, environnementales, juridiques, fiscales, sanitaires et de sécurité nécessaires pour attirer les investissements privés et pour que le secteur touristique puisse apporter une contribution significative à la croissance économique, à l'emploi et à la lutte contre la pauvreté. Il est nécessaire d'intégrer les activités touristiques dans les stratégies nationales de développement durable. Des lignes directrices pour un tourisme durable au niveau international et le développement éventuel d'indicateurs dans ce domaine doivent être élaborés. Une éthique du tourisme durable reposant en particulier sur la lutte contre le tourisme sexuel et contre toutes les formes d'exploitation des enfants, notamment l'exploitation sexuelle, doit être développée. Il faut promouvoir l'échange et la diffusion d'informations sur les bonnes pratiques en matière de tourisme durable et créer des bases de données sur le tourisme durable. Il est nécessaire de rechercher une synergie entre les actions de l'Etat, des opérateurs privés et des la société civile. Des programmes d'éducation et de formation de tous les acteurs et à tous les niveaux doivent être établis.

M. BULAT ESEKIN, Directeur du Centre national environnemental pour le développement durable du Kazakhstan, a expliqué que le développement économique et social de son pays dépend encore de la manière dont les mesures prises permettront de surmonter les conséquences de l'économie centralisée du passé. Compte tenu de ces conséquences historiques, le Gouvernement a décidé d'accorder la priorité aux politiques écologiques surtout en ce qui concerne l'intégration sectorielle. Dans le cadre de ces efforts, le Directeur a annoncé la tenue en octobre 2000, d'une conférence des ministres de l'environnement et de l'économie qui aura lieu dans le cadre du processus paneuropéen de l'environnement. Avant de conclure, le Directeur a lancé un appel en faveur d'une coopération accrue en matière de techniques pour la protection des monuments. Compte tenu de la faiblesse de la législation en matière de tourisme, M. Esekin s'est également félicité de l'appui international apporté par la communauté internationale à son pays, dans cette période difficile de transition.

M. A. MOJTAHED SHABESTARI (Iran) a exprimé son soutien à la déclaration faite par le Guyana au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a estimé que le rôle qui était initialement attendu du tourisme n'a pas été rempli. Dans ce contexte, il a estimé que l'interaction du tourisme et de l'environnement et leurs incidences l'un sur l'autre nous amènent à conclure que des normes doivent être élaborées conformément aux besoins de chaque pays. Ainsi, le tourisme viable devrait tenir compte des particularités des différents Etats et comporter des éléments de souplesse. Le représentant a indiqué que la République islamique d'Iran accorde une attention particulière à la protection de l'environnement.

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Le Gouvernement envisage des politiques de protection de l'environnement contre les effets néfastes du tourisme qui sont intégrées dans ses plans nationaux, afin que le secteur touristique se développe en concordance avec les objectifs économiques, sociaux et écologiques généraux. Le représentant a insisté sur les incidences sociales et culturelles du tourisme dans les pays d'accueil. Dans ce cadre, les effets éventuellement négatifs du tourisme sur le patrimoine culturel doivent être pris en considération. Il faut éduquer les touristes sur les cultures de leurs lieux de destination. Le représentant a déclaré que tout cadre politique international pour encourager le développement durable du tourisme doit prendre en compte la viabilité des lieux de destination. Il a par ailleurs exprimé son soutien aux plans d'action régionaux pour promouvoir efficacement le tourisme durable.

Dialogue des Ministres et dirigeants sur le projet de déclaration que la Commission soumettra à l'Assemblée générale lors de l'examen du suivi Programme d'action de la Barbade

Pour la Représentante du Mexique, le projet de déclaration de la Commission devra être une compilation de directives générales et précises en ce qui concerne le tourisme durable. Ces directives devront s'articuler autour des trois questions : le profit et l'investissement; la participation sociale, y compris celle des communautés; et la préservation de l'environnement dans sa biodiversité. Abondant dans ce sens, le représentant de l'Egypte a estimé que l'exercice consistant à élaborer un projet de déclaration ne doit pas conduire à la multiplication de définitions et d'idées générales mais à l'élaboration de directives pratiques. Le représentant de la Chine, a jugé que la complexité des relations entre les différents acteurs du tourisme rend difficile l'élaboration d'un modèle unique en matière de tourisme durable. Chaque pays doit se fonder sur ses spécificités. Le représentant a souhaité que le projet de déclaration reconnaisse que les impératifs du tourisme durable exigent un renforcement de la coopération internationale, surtout en ce qui concerne le développement des infrastructures.

Les délégations qui sont intervenues par la suite ont souhaité que le projet de déclaration évoque le danger que représente le tourisme de masse. A cet égard, une délégation a jugé important de réfléchir à la façon dont le tourisme peut réellement profiter aux pauvres et contribuer à l'élimination de la pauvreté. D'autres interventions ont souligné la nécessité pour le projet de déclaration d'aborder les questions de la formation des professionnels du tourisme, de la sensibilisation du public et de l'élaboration d'un code de conduite. A ce propos, le représentant de la Suisse a jugé urgent que la Commission du développement durable s'exprime sur l'urgence qu'il y a à lutter contre l'exploitation sexuelle, corollaire fréquent du tourisme. Pour sa part, le représentant de la Barbade a souligné la nécessité d'une législation spécifique à la protection des écosystèmes.

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Le dialogue ministériel a été suivi par des commentaires des quatre grands groupes sur le dialogue que la Commission a tenu au cours des séances précédentes. Ainsi, le représentant du Groupe de l'industrie a noté un consensus sur le fait que le tourisme contribue au développement durable si les secteurs concernés prennent les mesures adéquates. Abondant dans ce sens, il a souligné que le tourisme crée des emplois, remplace des industries en ouvre et fabrique de nouveaux marchés. Partant, l'accroissement des coûts du voyage, préconisé par certaine pour prévenir un tourisme de masse, aura d'abord des conséquences sur les pays hôtes, a estimé le représentant. Il a convenu qu'il faut déployer des efforts pour améliorer les composantes du tourisme de masse et alléger l'impact du tourisme sur les cultures locales. Il a fait part de la disposition de l'industrie à prendre des mesures inspirées d'Action 21. Pour sa part, le représentant du Groupe des autorités locales, a observé que le dialogue a montré que la mise au point de stratégies en matière de tourisme durable doit conduire les pouvoirs locaux à fixer des limites à la capacité touristique de chaque pays. Le représentant a également mis l'accent sur la nécessité, reconnu lors du dialogue, d'affiner les mesures en ce qui concerne le traitement des déchets. Le représentant du Groupe des syndicats a dit avoir pris note de la nécessité évoquée par certains d'éduquer les travailleurs sur l'organisation de leur vacances, notamment. Il s'agit en fait, a-t-il dit, de changer les modes de consommation dans les industries touristiques. La représentante du Groupe des ONG a, elle, insisté sur le droit des populations autochtones d'accepter le tourisme comme instrument de développement durable. L'écotourisme n'ayant pas rempli la promesse du développement en raison de la manière dont il a été commercialisé, le tourisme durable exige des principes éthiques pour assurer la participation bien éclairée de tous les concernés. Un autre représentant des ONG a rappelé la proposition de développement, sur une base élargie, d'un mécanisme multi- intervenants pour tous les aspects de la durabilité du tourisme.

Au cours du dialogue ministériel, une délégation a souhaité que le projet de déclaration insiste sur le rôle premier du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), en matière d'environnement, et en conséquence, en matière de tourisme.

M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a estimé qu'il faut mettre au point des principes pour l'application du tourisme viable. Il a indiqué que le PNUE, en collaboration avec l'Organisation mondiale du tourisme, s'attache à développer le partenariat avec les agences de voyages, en vue notamment d'augmenter les sommes dépensées par les touristes sur leurs lieux de destination, surtout dans les pays en développement. Toujours en coopération avec l'Organisation mondiale du Tourisme, le PNUE est en train de mettre au point un code de conduite sur le tourisme. Conjointement avec tous les partenaires des ONG et du secteur privé, le PNUE prépare une publication sur l'écotourisme, qui doit servir de guide. L'intervenant a souligné qu'il faut systématiquement établir le lien avec le programme d'Action 21. Il faut comprendre que si aujourd'hui le tourisme fait partie d'un problème, il peut aussi faire partie d'une solution pour l'avenir.

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