CD/167

CERTAINES DELEGATIONS SOUHAITENT ACCORDER LA PRIORITE AU DESARMEMENT NUCLEAIRE, D'AUTRES A LA LIMITATION DES ARMES LEGERES

13 avril 1999


Communiqué de Presse
CD/167


CERTAINES DELEGATIONS SOUHAITENT ACCORDER LA PRIORITE AU DESARMEMENT NUCLEAIRE, D'AUTRES A LA LIMITATION DES ARMES LEGERES

19990413 La Commission du désarmement a poursuivi, ce matin, son débat général et, dans ce cadre, a entendu treize Etats présenter leurs préoccupations prioritaires en matière de désarmement.

Plusieurs pays d'Asie centrale ainsi que le Bélarus ont estimé que la non-prolifération des armes nucléaires et des armes de destruction massive demeurait la tâche la plus importante pour garantir la paix et la sécurité. Des représentants ont posé la poursuite de l'instauration des zones exemptes d'armes nucléaires, qui couvrent déjà près de 50% du globe, comme un moyen efficace de renforcer le régime international de non-prolifération. Plusieurs représentants ont insisté sur la nécessité de conclure rapidement un traité sur l'interdiction de la production de matières fissiles.

D'autres délégations, et notamment celle du Mexique parlant au nom du Groupe de Rio, ont estimé qu'il fallait davantage encore s'attacher au contrôle et à la limitation des armes classiques et notamment des armes légères et de petit calibre. Dans cette perspective, plusieurs ont insisté sur l'importance de la coopération et des initiatives régionales, telles la Convention interaméricaine contre la production, le commerce illicite des armes à feu, des munitions et des explosifs ou encore le Programme de coordination et d'assistance pour la sécurité et le développement, en Afrique de l'Ouest. Les représentants des pays d'Amérique latine qui sont intervenus ont plaidé en faveur de la réactivation du Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes.

La Commission a entendu les représentants des pays suivants : Pérou, Bélarus, Canada, Kazakhstan, Egypte, Viet Nam, Mexique (au nom du Groupe de Rio), Mongolie, Turquie, Argentine, Chili, Mali et Ouzbékistan.

Le débat général se poursuivra cet après-midi, à partir de 15 heures.

Suite du débat général

M. FRANCESCO A. TUDELA (Pérou) a regretté que depuis la dernière session de fond de la Commission plusieurs événements décourageants aient eu lieu, tels les essais nucléaires en Asie du Sud ou encore les actions militaires entreprises sans le mandat exprès du Conseil de sécurité. Il a fait observer que bien heureusement des progrès, même s'ils furent modestes, avaient aussi été réalisés évitant à la communauté internationale d'envisager l'avenir uniquement de manière pessimiste. Parmi ces progrès, le représentant a cité l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la fabrication et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction et la proposition d'élaborer un nouvel ordre du jour en faveur du désarmement nucléaire. Le Pérou estime qu'aujourd'hui il est essentiel de tenir une nouvelle session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement. Il juge que le document de travail présenté l'an passé est acceptable et n'affecte en rien la position respective des délégations. En matière d'instauration de zones exemptes d'armes nucléaires, il faut impérativement tenir compte des diversités des régions et tirer les enseignements des erreurs passées et présentes, a déclaré M. Tudela. Le représentant a précisé toutefois qu'il estime que c'est seulement avec la maîtrise des armes classiques, notamment des armes légères que l'on pourra réellement consolider la paix dans le monde et que des mesures pratiques et concrètes à cet effet pourront effectivement contribuer à diminuer les situations de conflit et éviter leur résurgence. Il a indiqué que le Pérou et l'Equateur sont actuellement en train de procéder à des activités de déminage dans leur zone frontalière et qu'à la suite de l'adoption de la Convention interaméricaine contre la production, le commerce illicite des armes à feu, des munitions et des explosifs, le Gouvernement péruvien venait de poser des normes internes réglementant la possession des armes par la population civile et leur transfert.

Les efforts régionaux en matière de désarmement sont d'une importance essentielle aujourd'hui, a poursuivi M. Tudela. C'est pourquoi le Pérou estime que le centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine peut jouer un rôle très important. Partant, le Gouvernement péruvien a décidé de faire une double contribution volontaire d'un montant total de 60 000 dollars, remis hier au Secrétaire général, afin d'en assurer l'installation et le fonctionnement. Ce faisant, le Pérou affirme une fois de plus son engagement en faveur de la paix et de la sécurité internationales. Déjà avec l'accord intervenu avec l'Equateur, salué par le Secrétaire général, le Pérou avait démontré que la paix est pour lui le bien le plus précieux. Aujourd'hui, des ressources importantes autrefois consacrées aux dépenses militaires sont désormais utilisées en faveur du développement social et économique du pays.

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M. ALYAKSANDAR SYCHOV (Bélarus) a déclaré que le Bélarus se félicite des leçons tirées par la communauté internationale en matière de désarmement depuis la fin de la guerre froide. Dans le domaine de la non-prolifération nucléaire, on a vu au cours des dernières années, la prorogation indéfinie du régime du Traité de non-prolifération (TNP), l'entrée en vigueur de la Convention sur les armes chimiques et la signature et la ratification de bien d'autres traités touchant à des domaines importants du désarmement. La signature de la Convention d'Ottawa interdisant la fabrication et l'usage des mines terrestres antipersonnel et l'intérêt de plus en plus grand porté aux armes de petit calibre sont un signe des soucis de la communauté internationale, qui veut aller dans le sens d'un désarmement généralisé. Le Bélarus a toujours été partie prenante à toutes les actions entreprises dans ce domaine, et nous sommes inquiets des initiatives prises récemment par certains pays et groupes de pays, notamment les actions d'agression de l'OTAN contre la Fédération de Yougoslavie qui mettent sérieusement en danger la sécurité internationale, et qui sont totalement en violation des règles du droit international. Les instruments et les arrangements de sécurité existants permettraient pourtant de résoudre pacifiquement les conflits et d'éviter le recours à la force.

La création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) recevra toujours notre appui, car nous pensons qu'elles sont un apport important dans l'établissement de la confiance et le désarmement nucléaire. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre la proposition faite par notre Gouvernement en vue de créer une ZEAN en Europe centrale. Nous pensons que toutes les initiatives concernant la création de ZEAN, surtout sur le continent européen, seront soigneusement examinées au cours de cette session de la Commission.

Concernant la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement, nous pensons que son ordre du jour doit soigneusement être équilibré entre les questions liées au nucléaire et celles concernant les armes classiques et les mesures à prendre pour promouvoir et construire la confiance et la transparence. Nous espérons que les délibérations sur cette session extraordinaire se feront dans un esprit d'ouverture et de sérénité, et nous appuyons l'examen par la Commission du document de travail relatif aux armes classiques et aux directives à adopter et à mettre en place pour le désarmement et l'établissement de la paix.

Mme MARINA LAKER (Canada) a déclaré que son pays est favorable à la création de zones exemptes d'armes nucléaires, en conformité avec la Charte des Nations Unies, le droit international et les critères mondialement reconnus en la matière, et encourage tous les progrès pouvant être effectués dans cette voie. Ces zones doivent résulter d'une bonne entente entre les Etats concernés, tout particulièrement dans les régions où des conflits sont susceptibles d'éclater. Il est essentiel que les cinq puissances nucléaires souscrivent sans réserve à ces zones, et le Canada les engage à agir dans ce sens sans poser de conditions. Nous avons en ce sens soumis en 1997

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un document de travail qui, nous l'espérons, pourra enrichir cette année les débats et les délibérations de la Commission. Nous sommes heureux d'avoir coparrainé la résolution portant sur la création d'une ZEAN en Asie centrale, après que le projet en eu été déposé par le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l'Ouzbékistan.

Concernant la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, le Canada pense qu'un consensus doit être atteint sur ses objectifs et son ordre du jour, si nous voulons que cette session ait un réel impact sur la communauté internationale. Tout en regrettant qu'une entente entre délégations n'ait pas pu être atteinte lors des sessions précédentes de la Commission, nous attendons avec intérêt la poursuite des discussions sur les moyens à mettre en oeuvre pour que la session extraordinaire serve nos objectifs communs. Le Canada est conscient des changements intervenus dans l'environnement international et de la nécessité de repenser les actions de la communauté internationale dans ce nouvel environnement politique. Notre pays met l'accent sur la sécurité des personnes et des populations et sur la nécessité de mettre les populations civiles à l'abri des conflits. La Convention d'Ottawa sur l'interdiction de l'usage des mines terrestres antipersonnel va dans ce sens, de même que les actions à prendre en vue de réduire au minimum l'impact des armes légères et de petit calibre sur les pays qui en sont affectés.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a estimé que la tâche la plus importante en matière de désarmement consiste toujours à renforcer le régime international de non-prolifération de tous les types d'armes de destruction massive. Dans le domaine du désarmement nucléaire, les tâches consistant à réduire les arsenaux nucléaires et à conclure un traité sur l'interdiction de la production des matières fissiles demeurent essentielles et ne peuvent être accomplies que par le biais d'un dialogue constructif et d'efforts sincères de la part de tous les Etats Membres. Mme Arystanbekova s'est déclarée convaincue qu'en matière de non-prolifération des armes nucléaires, les zones exemptes d'armes nucléaires établies, qui couvrent aujourd'hui plus de 50% de la surface de la planète, constituent un mécanisme important de renforcement du régime international de non-prolifération. A cet égard, elle a manifesté l'importance considérable que son pays attache à l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale, comme l'illustre le coparrainage des résolutions pertinentes lors des deux précédentes sessions de l'Assemblée générale.

Pour Mme Arystanbekova, l'établissement d'une telle zone en Asie centrale constituera une étape importante vers le renforcement d'un régime de non-prolifération nucléaire, le développement de la coopération dans l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, le développement de la coopération dans la réhabilitation des territoires contaminés par la radioactivité, la promotion d'un désarmement complet et le renforcement de la paix et de la sécurité tant régionales qu'internationales.

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S'agissant de la place et du rôle des armes classiques, Mme Arystanbekova s'est déclarée convaincue que la transparence dans le contrôle et la limitation de ces armes permettra de prévenir une production déstabilisante ou une concentration excessive dans les Etats. Défendant également l'arrêt du commerce illicite de ces armes, Mme Arystanbekova a exprimé son appui au Registre des Nations Unies sur les armes classiques qu'elle a qualifié d'élément important de contrôle. Mme Arystanbekova a conclu sa déclaration en évoquant la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement. Elle a voulu se montrer optimiste quant à la réalisation d'un consensus sur les objectifs et l'ordre du jour de la session et a dit espérer que la session conduira à des résultats positifs dans le domaine du désarmement, du contrôle des armes et des questions de paix et de sécurité internationales.

M. ISMAIL KHAIRAT (Egypte) a souligné l'importance de la tâche qui attend la Commission pour la présente session, dans la mesure où c'est la dernière année que les trois thèmes à l'ordre du jour sont discutés. Il a estimé que le fait que l'Assemblée générale ait adopté sans vote une résolution sur la convocation de la quatrième session extraordinaire consacrée au désarmement témoignait du soutien enthousiaste et sans faille des Etats envers cette initiative, afin de redéfinir les moyens de promouvoir les principes, objectifs, priorités et mécanismes en matière de désarmement pour le siècle à venir. L'Egypte estime que le document final de la première session extraordinaire tenue en 1978 devrait servir de modèle dans la préparation de cette quatrième session extraordinaire. Il faudrait notamment faire référence aux priorités qui avaient été autrefois données en matière de désarmement, telles les armes nucléaires, les armes classiques, y compris celles qui produisent des effets traumatiques excessifs ou qui frappent sans discrimination et la réduction des forces armées.

En ce qui concerne l'instauration de zones exemptes d'armes nucléaires, l'Egypte espère que la Commission ne se limitera pas à donner des directives mais élaborera des recommandations spécifiques fondées sur les observations pratiques faites des zones déjà établies. Compte tenu de ses caractéristiques spécifiques, l'instauration du Moyen-Orient comme zone exempte d'armes nucléaires contribuerait grandement à ralentir la prolifération des armes nucléaires et à renforcer la sécurité de tous les Etats de la région, permettant parallèlement de construire véritablement la confiance et de parvenir à une paix durable. Bien que depuis 1974 l'Egypte présente chaque année à l'Assemblée générale une résolution sur ce point, d'ailleurs adoptée sans problème, aucune mesure concrète, aucune séance de travail, ni aucun pourparler n'a encore eu lieu entre les parties de la région pour effectivement concrétiser ce projet, a déploré le représentant. Le simple fait qu'Israël soit le seul Etat de la région à ne pas avoir, ni même envisagé, de signer le Traité de non-prolifération et à mener une politique nucléaire parfois ambiguë effraye les pays de la région. Cet état de fait donne à la situation au Moyen-Orient un caractère particulier dont il faudra tenir compte dans les travaux et résultats du Groupe de travail, a fait observer M. Khairat.

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S'agissant du troisième point à l'ordre du jour, à savoir les directives sur la maîtrise des armes classiques et le désarmement, l'Egypte estime qu'une approche prudente est nécessaire afin d'éviter tout double-emploi entre la Commission et le groupe d'experts gouvernementaux sur les armes légères et de petit calibre établi par le Secrétaire général. Il convient aussi de garder à l'esprit que dans la mesure où les mesures s'appliqueraient à des situations postconflits, plusieurs domaines d'activités des Nations Unies, outre le désarmement, seraient concernés. Or, il n'existe pas encore d'accord sur une définition concrète de certaines de ces activités, notamment pour les zones en transition où la paix n'a pas encore été complètement établie. C'est pourquoi, il faudrait limiter les questions abordées par la Commission aux seules questions de désarmement, en laissant le soin aux autres organismes de l'Organisation de discuter de leur champ respectif de compétence.

M. PHAM QUANG VINH (Viet Nam), déplorant le renforcement des alliances militaires dans certaines régions du monde, a préconisé des efforts plus importants pour faire avancer la cause du désarmement. Le représentant a réitéré son ferme appui à la convocation rapide de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarmement et a souhaité que les préparatifs en vue de cette réunion démarrent le plus rapidement possible. Il s'est prononcé en faveur d'un ordre du jour équilibré visant à faciliter les efforts de désarmement tant en ce qui concerne les armes conventionnelles que les armes de destruction massive. La priorité doit toutefois aller au désarmement nucléaire, a-t-il dit. A cet égard, il importe, à la lumière des développements récents, d'aborder, outre les questions traditionnelles, d'autres questions comme les essais nucléaires et les systèmes de défense balistique tactiques, la fin de la guerre froide ayant rendu injustifiable le maintien d'arsenaux nucléaires et d'autres armes de destruction massive. De l'avis du Viet Nam, la paix et la sécurité durables pour tous ne peuvent être construites que sur une prémisse d'égalité. Il n'est en effet ni juste ni raisonnable qu'un petit nombre de pays garde virtuellement la supériorité absolue alors que le reste du monde doit vivre dans l'insécurité et sous la menace de l'anéantissement. Partant, il est impératif que la communauté mondiale adopte un nouvel agenda pour le désarmement, en particulier pour le désarmement nucléaire au siècle prochain.

M. Pham Quang Vinh a émis l'espoir que la Commission sera en mesure de finaliser, cette année, les directives et de faire des recommandations à l'Assemblée générale en ce qui concerne le contrôle des armes conventionnelles, leur limitation et le désarmement. Tout en soulignant la nécessité de reconnaître le droit à la légitime défense, le Viet Nam partage les préoccupations de la communauté internationale concernant l'accroissement de l'arsenal conventionnel au-delà des besoins légitime de défense des Etats dans diverses parties du monde, et en particulier le trafic illicite des armes de petit calibre. Il faut interdire le trafic de tous les types d'armes et renforcer la transparence en ce qui concerne la production et le transfert des armes de petit calibre par les grands fabricants, a souligné le représentant.

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Tous les pays doivent toutefois se voir garantir le droit de s'équiper pour leur défense légitime conformément aux dispositions de la Charte de l'ONU et des normes internationales. En tant que pays faisant partie de la Zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est, le Viet Nam se joint aux appels en faveur de la signature rapide par les Etats disposant de l'arme nucléaire du Protocole se rapportant au Traité de Bangkok. Le Viet Nam appuie la création de zones exemptes d'armes nucléaires dans d'autres régions du monde sur la base d'arrangements librement consentis entre les pays concernés et appuie en particulier la consolidation de telles zones existantes par le biais de l'initiative en faveur d'une zone exempte d'armes nucléaires dans l'hémisphère Sud.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique), au nom du Groupe de Rio, a rappelé que le 19 mars dernier par la Déclaration de Veracruz, les pays du Groupe de Rio ont réitéré leur engagement en faveur du renforcement des forums multilatéraux, et notamment de l'Organisation des Nations Unies, pour faire avancer de manière décisive la question de la paix, de la sécurité, de la coopération et du dialogue international sur le développement. L'engagement pratique des pays du Groupe, outre la ratification de tous les textes et conventions internationaux relatifs aux armements, s'est traduit par l'inclusion dans le Plan d'action du deuxième Sommet panaméricain de 1998 d'un chapitre intitulé "construction de la confiance et de la sécurité entre les Etats", concrétisé, par exemple, par l'Accord intervenu récemment entre le Pérou et l'Equateur. Compte tenu de ces témoignages de volonté politique réelle, le Groupe de Rio estime que le Centre régional des Nations Unies pour la paix, le désarmement et le développement en Amérique latine et aux Caraïbes, situé à Lima, mérite d'être réouvert, car il s'inscrit pleinement dans les mécanismes d'établissement de la confiance entre les pays.

Tous les pays du Groupe de Rio sont engagés à promouvoir le désarmement à travers des moyens favorisant la construction de la confiance et de la sécurité entre les peuples, ainsi que la coopération entre les pays, a poursuivi ensuite le représentant. Dans cette perspective, le Groupe estime que la Commission devrait achever son examen des directives en vue de la maîtrise des armes classiques en accordant une attention toute particulière à la consolidation de la paix dans les situations d'après conflit. En ce qui concerne la convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, le Groupe de Rio estime que toutes les conditions sont réunies pour effectuer un examen de fond des progrès réalisés dans tous les domaines du désarmement et pour définir un nouveau plan d'action pour le futur, qui mettrait un accent particulier sur les organes multilatéraux et sur le rôle des Nations Unies, afin de parvenir à un contrôle réellement efficace du désarmement.

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M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a déclaré que sa délégation partage l'opinion exprimée hier par la délégation de l'Allemagne parlant au nom de l'Union européenne, qui a dit que le futur rôle de la Commission du désarmement dépendrait des succès qu'il obtiendrait lors de la session actuelle. Parmi les questions les plus importantes, la délégation de la Mongolie espère que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) pourra bientôt entrer en vigueur, car le besoin s'en fait urgemment sentir, en vue de renforcer le régime du Traité de non-prolifération (TNP) et pour pouvoir aider à négocier un Traité sur l'interdiction de la production et du transfert des matières fissiles. Nous pensons, d'autre part, qu'une ratification rapide du Traité START II par l'Assemblée nationale de la Fédération de Russie, donnerait un signal politique fort favorable à une réduction accrue des armements nucléaires. Ceci non seulement ouvrirait la voie à une réduction du nombre de missiles stratégiques déployés de part et d'autre, mais favoriserait aussi la mise en route de discussions pour un futur Traité de réduction START III. La prochaine Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire prévue l'an prochain, devrait marquer une étape importante dans le domaine du désarment nucléaire, et nous pensons que des efforts substantiels devraient être consentis en vue d'une organisation sans faille de cet événement, ceci aussi bien au niveau des procédures que dans celui de la substance de ses travaux.

La session que nous tenons en ce moment devrait permettre de finaliser les directives et recommandations sur la création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN), et nous pensons que le document de travail préparé par le Président du Groupe de travail I, chargé de la question, est une bonne base de travail. Nous aimerions rappeler ici que l'Assemblée a adopté à sa 53ème session annuelle, une résolution favorable à la création d'une ZEAN en Mongolie, ce qui est le premier pas vers la mise en place du statut de ZEAN sur notre pays. Ce statut accordé à la Mongolie, représente une innovation à cause de la particularité de notre location géographique, et la démarche montre combien le soutien et la coopération des Etats limitrophes sont importants dans la création d'une zone exempte d'armes nucléaires. Mais ce statut serait encore plus crédible si la sécurité et la stabilité de notre pays étaient assurées et renforcées par des textes internationalement reconnus et contraignants, ce qui serait une approche innovatrice en matière de sécurité internationale.

M. VOLKAN VURAL (Turquie) a indiqué que, à l'instar de nombreux pays, la Turquie est attachée à l'objectif d'un désarmement général et complet sous un contrôle international strict et effectif. Il a ajouté que le succès en matière de désarmement et de contrôle d'armes dépend essentiellement de la création d'un climat politique qui inspire la confiance et que les deux principes fondamentaux du désarmement sont des moyens de vérification adéquats et la transparence. En ce qui concerne les zones exemptes d'armes nucléaires, M. Vural a rappelé que la Turquie a traditionnellement été en faveur de la création de ces zones. Il estime toutefois que, comme la création de

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ces zones a un impact direct sur la sécurité des Etats qui se trouvent dans la région concernée ainsi que sur les équilibres militaires en place, la volonté de créer une zone exempte d'armes nucléaires doit être partagée par tous les pays de la région. A cet égard, la Turquie se félicite des efforts déployés en vue de la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie centrale.

Les chiffres illustrent les terribles conséquences des armes de petit calibre sur les populations, la sécurité et le développement durable. La Turquie est d'avis que les liens entre le trafic de drogue et celui des armes de petit calibre doivent recevoir une plus grande attention.

En ce qui concerne le déminage, M. Vural a déclaré que, la situation en matière de sécurité autour de la Turquie est très différente de celle à laquelle font référence les partisans de la Convention d'Ottawa. Il a également souligné que les mines antipersonnel sont utilisées par des organisations terroristes de manière indiscriminée. Tous ces facteurs justifient le fait que la Turquie ne peut pas, à ce stade, signer la Convention d'Ottawa. Elle a toutefois mis en application un moratoire national en janvier 1996 interdisant la vente et le transfert de mines antipersonnel, et a annoncé sa décision de le reconduire pour une période de trois ans à son expiration.

La Turquie est en faveur de la proposition de convoquer une quatrième session spéciale de l'Assemblée générale relative au désarmement à condition qu'il ne s'agisse pas d'un nouveau forum international au cours duquel les Etats campent sur leurs positions.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) s'est associée à la déclaration du Groupe de Rio et a fait part de ses inquiétudes devant la persistance dans certaines régions des menaces de prolifération des armes de destruction massive et par le transfert illicite des armes, qui porte atteinte à la sécurité interne des Etats aussi bien qu'à la stabilité régionale et internationale. Elle a rappelé toutefois que la dernière décennie avait vu des progrès considérables en matière de désarmement, qui devaient en fait encourager la communauté internationale à laisser de côté la rhétorique pour concentrer ses efforts sur les mesures pratiques.

L'Argentine accorde une grande valeur aux documents circulés par les présidents des groupes de travail sur l'instauration de zones exemptes d'armes nucléaires et sur les directives de contrôle et de maîtrise des armes classiques. Ils peuvent véritablement permettre de parvenir à des conclusions et à des recommandations sur ces deux thèmes.

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M. RAIMUNDO GONZALEZ (Chili) a dit que sa délégation estime que le renforcement des instances multilatérales notamment les Nations Unies, devraient permettre de favoriser la mise en place de mesures de désarmement compatibles avec les changements intervenus sur la scène internationale et les impératifs de développement humain durable. En ce qui concerne la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, le Chili appuye la position des pays non-alignés. Il est impératif que l'on puisse parvenir à un consensus pour donner un contenu substantiel à cette réunion. L'impasse actuelle, due à l'impossibilité d'atteindre un consensus sur l'ordre du jour et la date, pourrait être contournée en mettant en place un processus de consultations informelles qui permettrait de trouver des terrains d'entente sur les sujets les plus litigieux. Nous pensons que cette session extraordinaire devrait aborder des questions innovatrices, et nous croyons que l'apport des ONG pourrait être précieux, a ajouté le représentant.

Nous pensons qu'il faut renforcer les régimes de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN), et nous suggérons que les initiatives ayant conduit à la création des zones de Tlatelolco, Pelindaba et Rarotongo, soient prises comme modèles et références dans les discussions qui ont lieu sur la création de nouvelles zones exemptes d'armes nucléaires. Nous rappelons d'autre part à la Commission l'importance de prêter attention au phénomène du transport de matériaux radioactifs, qui est une source de dangers potentiels pour certaines régions. Le Chili est aussi en faveur d'une réflexion sur de nouveaux concepts et d'initiatives diplomatiques et politiques en vue de faire face aux nouvelles menaces que connaît le monde aujourd'hui. Nous encourageons des idées qui iraient dans le sens d'un meilleur contrôle des armements classiques, et nous adhérons aux vues de l'Allemagne en ce qui concerne le rétablissement de la paix et la question de la reconstruction des zones affectées par des conflits.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a déclaré que pour conserver sa raison d'être et sa crédibilité, la Commission devait parvenir au cours de la présente session à adopter des recommandations utiles et concrètes concernant les trois points inscrits à son ordre du jour. En ce qui concerne les zones exemptes d'armes nucléaires, il a expliqué que c'est parce qu'il était pleinement convaincu de l'importance de cette question, que son pays avait ratifié le Traité de Pelindaba. L'extension de telles zones à toutes les régions du monde contribuera de manière significative à la paix et à la sécurité internationales, a insisté le représentant.

Ajoutant qu'il soutenait le document présenté par le Président du Groupe de travail sur la convocation de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, M. Ouane a ensuite abordé la question des directives sur la maîtrise des armes classiques et le désarmement. Il a expliqué à cet égard que la position de son pays s'articulait sur des initiatives tant nationales qu'internationales. Considérant que le maintien d'arsenaux au-dessus

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des besoins de défense et de sécurité nationales constitue une menace pour la paix nationale et mondiale, le Mali souligne notamment l'importance des mesures visant à arrêter le flux illicite d'armes, surtout les armes légères et de petit calibre. M. Ouane a notamment pris pour exemple l'engagement concret de son pays en faveur du désarmement, le projet intégré de sécurité et de développement intitulé "Programme de coordination et d'assistance pour la sécurité et le développement". Les 24 et 25 mars derniers, une réunion entre les Ministres des affaires étrangères de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et le PNUD s'est tenue à Bamako en vue de définir les modalités de mise en oeuvre de ce Programme. Cette réunion a débouché sur l'adoption d'un plan d'action qui définit neuf domaines d'activités prioritaires, parmi lesquels notamment le développement d'une culture de paix, la formation des forces armées, la création d'une banque de données et d'un registre régional sur les armes légères ou encore la collecte et la destruction des excédents d'armes acquis sans autorisation. Ces mesures traduisent la détermination des 16 Etats de la CEDEAO d'empêcher l'accumulation, la prolifération et l'utilisation excessive d'armes légères et de petit calibre dans leur sous-région et, ce faisant, de créer un cadre propice au développement socioéconomique, a souligné le représentant, ajoutant que ces efforts méritent d'être soutenus par la communauté internationale.

M. ALISHA VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré que la session de fond de la Commission du désarmement se déroule à un moment où la communauté internationale se trouve confrontée à de nombreux conflits et dangers. C'est aussi la dernière session de ce siècle, et nous devons redoubler d'efforts pour renforcer nos acquis et mettre en place de nouvelles mesures favorables à la paix. Les zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) sont un outil inestimable d'établissement de la stabilité et de la confiance, et elles couvrent aujourd'hui plus de la moitié de la planète. Cette question sera, nous en sommes sûrs, au premier plan de la Conférence d'examen du TNP l'an prochain. Nous avions proposé, avec le soutien de certains pays de notre région, la création d'une ZEAN en Asie centrale. Des experts ont participé aux travaux qui se sont déroulés en février dernier à Tachkent, en vue de discuter des modalités de la création de cette ZEAN, et nos gouvernements se sont mis d'accord pour poursuivre des entretiens avec les Etats nucléaires en vue de pouvoir finaliser nos propositions. La résolution de l'Assemblée générale favorable à cette zone, adoptée par consensus, et qui stipule que la création de ZEAN va dans le sens d'un désarmement nucléaire généralisé, appelle aussi les Etats à appuyer cette initiative. Nous tenons à ce sujet à remercier le Département du désarmement des Nations Unies, le Centre régional de l'ONU pour la paix en Asie centrale et M. Dhanapala, qui nous ont aidé à mettre en place les éléments de création de la ZEAN d'Asie centrale. Notre pays a été, d'autre part, l'un des premiers à signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, et nous sommes en faveur de la mise en place d'une convention sur la production et l'interdiction du transfert et de l'usage des matières fissiles à des fins militaires. Nous militons aussi en faveur de l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais (CTBT) dans les meilleurs délais. C'est une question extrêmement importante à l'heure actuelle, vu le nombre de pays qui détiennent l'arme nucléaire ou qui sont au seuil du nucléaire.

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