En cours au Siège de l'ONU

AG/886

ASSEMBLEE GENERALE: LE REPRESENTANT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO CONDAMNE LES NOUVEAUX MASSACRES DANS LE KIVU

24 mars 1999


Communiqué de Presse
AG/886


ASSEMBLEE GENERALE: LE REPRESENTANT DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO CONDAMNE LES NOUVEAUX MASSACRES DANS LE KIVU

19990324 L'Assemblée générale a terminé cet après-midi son débat sur l'"agression armée contre la République démocratique du Congo". Elle avait entamé l'examen de la question, hier, et entendu un nombre important de délégations. Cet après-midi, elle a entendu le représentant de la République démocratique du Congo qui a condamné la "propagation des germes de génocide sur les populations des provinces orientales". Il a regretté la confusion jetée par les pays agresseurs qui sont responsbles de l'enlisement des négociations pour la résolution pacifique de la crise. Il a fait état de nouveaux massacres dans le Kivu où plus de 200 personnes ont été tuées. Le représentant de la Zambie, dont le pays dirige le groupe de contact de la Communauté de développement de l'Afrique australe, (SADC), a plaidé en faveur de la poursuite des efforts de la SADC et de ceux de l'Organisation de l'Unité africains qui se sont déjà concrétisés par la mise en place d'éléments de règlement du conflit. Ainsi, a-t-il rappelé, l'option militaire a été exclue pour trouver une solution au conflit et il a été reconnu que la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République democratique du Congo n'étaient pas négociables. Les parties ont également convenu de la signature d'un accord de cessez-le-feu suivi d'un retrait des troupes étrangères qui, à son tour, ouvrirait la voie au déploiement d'une force de maintien de la paix.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Soudan, Slovénie, Libye, Zimbabwe, Benin, Zambie, Comores. Les représentants du Burundi, de la République démocratique du Congo de l'Ouganda du Rwanda et du Soudan ont exercé leur droit de réponse.

( suivre)

- 2 - AG/886 24 mars 1999

Agression armée contre la République démocratique du Congo

Débat

M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a déclaré que son pays subit les conséquences de la situation est en République démocratique du Congo. Il a affirmé que l'on est en présence d'un cas d'agression contre un Etat souverain, membre de l'ONU. Le représentant a qualifié les prétextes avancés par les agresseurs d'inadmissibles, injustifiables aux yeux de la Charte des Nations Unies dans la mesure où celle-ci stipule clairement que les Etats doivent s'abstenir de recourir l'abstention du recours à la force pour résoudre leurs différends entre Etats. Il a réaffirmé que la logique d'agression, crime dangereux, est inacceptable. Le représentant a réaffirmé son appui à tous les efforts accomplis pour favoriser un règlement pacifique et notamment à ceux déployés par le Président Kabila qui a convoqué toutes les entités politiques du pays, y compris les forces rebelles à un dialogue national. De plus, le représentant a appuyé la proposition française de Conférence pour la paix.

Les actions de certains dirigeants africains sont à l'origine des tragédies dont souffre le continent. La République démocratique du Congo en est un exemple flagrant. Nous savons tous, a déclaré le représentant que le régime ougandais représente un élément très dangereux de déstabilisation, en raison de ses aspirations hégémoniques et expansionnistes. L'Ouganda qui a envahi le Congo est le même Etat qui a accueilli les réunions de l'opposition soudanaise armée pour essayer de fomenter un coup d'Etat. Les massacres commis en République démocratique du Congo constituent de graves infractions au droit humanitaire international. Nous nous étonnons des propos du représentant de l'Ouganda sur les massacres au Soudan. Le représentant a déclaré que l'on ne peut pas combattre le crime par le crime, mais par la voie pacifique, la négociation. Il a qualifié ce prétexte de fallacieux. Le représentant du Soudan a finalement condamné à nouveau l'agression de la République démocratique du Congo et a émis l' espoir que la Communauté internationale exercera des pressions contre l'agresseur pour qu'il mette fin à ses actions. En conclusion il a souligné l'importance d'un respect de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

M. DANILO TURK (Slovénie) s'est associé à la déclaration de l'Union européenne et a estimé que le présent débat constituait un complément à celui tenu il y a quelques jours par le Conseil de sécurité. Il a rappelé que le conflit armé en République démocratique du Congo qui a éclaté en août 1998 présente des aspects de recours à la force à la fois sur le plan interne et sur le plan international. Il est caractérisé, de plus, par une grande souffrance humaine et de graves problèmes humanitaires, a ajouté M. Türk, et met en jeu les principes fondamentaux du droit humanitaire et la stabilité à long terme d'une grande partie de l'Afrique. Ainsi, l'action militaire menée par deux pays voisins contre le Gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) pose un sérieux défi au droit international et les pays concernés doivent absolument appeler au respect des principes de souveraineté et

( suivre)

- 3 - AG/886 24 mars 1999

d'intégrité territoriale. La Slovénie encourage tous les dirigeants africains, s'appuyant sur l'aide de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) et du Secrétaire général des Nations Unies, à redoubler d'efforts pour parvenir à un cessez-le-feu rapide, ce qui exige la tenue de pourparlers entre le Gouvernement et les rebelles. Les Nations Unies devraient, quant à elles, se tenir prêtes, le moment venu, à fournir une assistance pour faire complètement cesser les hostilités et normaliser la situation, tant dans le pays que dans la région.

Les questions humanitaires et relatives aux droits de l'homme sont d'une grande importance, étant donné l'histoire récente et tragique de la région des Grands Lacs, a poursuivi M. Türk. Aucune enquête n'a encore été menée sur les allégations de massacres et de crimes contre l'humanité qui seraient survenus en RDC en 1996 et 1997, et cette tâche devra être effectuée, a insisté le représentant, expliquant qu'une limitation statutaire ne pouvait s'appliquer aux crimes contre l'humanité. La Slovénie condamne toutes les violations des droits de l'homme, notamment les massacres commis dans le sud du Kivu, depuis l'éclatement du conflit en août 1998. La pratique du génocide ne doit en aucune manière se répéter et encore moins être passée sous silence. Il faut au contraire prendre des mesures spécifiques mettant fin à l'impunité et menant les responsables devant la justice. Le Gouvernement de la RDC doit maintenant créer les conditions garantissant un véritable processus de démocratisation. Il est du devoir de la communauté internationale de mettre l'accent sur l'importance du dialogue politique interne entre la classe politique et la société civile, a déclaré M. Türk. Parallèlement la reconstruction d'un partenariat et d'une coopération, principalement entre trois pays voisins, qu'il reste encore à entreprendre, contribuerait à la stabilité de la région. Dans cette perspective, la Slovénie soutient pleinement la proposition de la France de réunir une conférence internationale sur les Grands Lacs, qui se tiendrait sous les auspices de l'OUA et de l'ONU. Elle estime cependant qu'une telle conférence ne devrait pas constituer un événement isolé mais s'inscrire dans un processus permettant de s'attaquer à tous les problèmes rencontrés par les pays de la région.

M. ISA AYAD BABAA (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que les débats tenus au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale sont importants en ce qu'ils aident à rechercher une solution à un conflit qui dure depuis trop longtemps. Il a noté les efforts déployés en ce sens par l'OUA et la SADC, et en particulier ceux du Président de la Zambie. Selon le représentant, les problèmes actuels de l'Afrique sont dus à la colonisation qui, en traçant des frontières artificielles en Afrique, a jeté les bases de tous les conflits actuels. En conséquence, la réconciliation doit s'effectuer en dehors de tout intervenant étranger intéressé à créer des monopoles d'intérêt. C'est pourquoi le colonel Kadhafi a organisé de nombreuses réunions sur la coordination de l'OUA, visant en particulier à créer une force africaine pour remplacer les forces étrangères sur le territoire congolais. Des réunions exploratoires des parties congolaises ont également été tenues en Libye pour tenter de sortir de l'impasse. Le représentant a estimé que ces réunions doivent continuer, en dehors de la République démocratique du Congo. Il a

( suivre)

- 4 - AG/886 24 mars 1999

également indiqué qu'il a été possible d'organiser un sommet d'urgence pour tenter de trouver des solutions aux tensions dans la région des Grands Lacs. Un autre sommet de ce type doit se tenir en Algérie en juillet prochain, a-t- il précisé. Il a cependant regretté que ces réunions n'aient pas pour le moment conduit à un cessez-le-feu.

Le représentant a énoncé un certain nombre de principes à respecter dans la recherche d'une solution au conflit en République démocratique du Congo. Il faut tout d'abord respecter l'intégrité territoriale du pays. Il ne faut pas recourir à la force pour résoudre les conflits en Afrique en général, en République démocratique du Congo en particulier. Le représentant a souligné qu'aucun pays ne doit s'ingérer dans ce conflit, et a demandé qu'une solution exclusivement africaine soit trouvée. Pour ce faire, il faut mettre en place une force africaine afin de garantir les frontières de la République démocratique du Congo. Enfin, il est nécessaire d'organiser une conférence régionale de la paix sous les auspices de l'OUA et des Nations Unies. Le représentant a estimé que les Nations Unies et surtout le Conseil de sécurité doivent apporter un soutien à l'OUA. Le rôle des Nations Unies est également de trouver des solutions aux problèmes humanitaires liés au conflit en République démocratique du Congo.

M. MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) a estimé qu'au moment des enquêtes menées en République démocratique du Congo en août de l'année dernière, l'Ouganda et le Rwanda niaient avoir des forces dans le pays. Aujourd'hui, nous apprenons que ces deux pays ont signé un accord avec le Président Kabila en vue de stationner leur forces dans l'Est de la République démocratique du Congo afin de se débarrasser des rebelles ougandais et rwandais. Les forces alliées ont été envoyées dans le pays après qu'une équipe d'enquête de la Communauté de développement de l'Afrique australe menée par la Zambie, la Tanzanie et le Zimbabwe ait conclu que la crise dans l'Est du pays n'était pas due à une rébellion mais à une invasion par l'Ouganda et le Rwanda, a souligné le représentant. Il est temps d'examiner la question du soutien au développement démocratique dans la région des Grands Lacs. En effet, les pays agresseurs sont dirigés par des régimes militaires qui refusent le multipartisme. La situation politique de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi et le soutien dont bénéficient les régimes non démocratiques proviennent de l'aide des grandes institutions financières internationales et de certains pays occidentaux. Le Rwanda et le Burundi sont des régimes militaires qui ont imposé la loi de la minorité éthnique sur la majorité au sein des frontières nationales sans que des élections ne soient prévues.

Une autre question qui mérite que l'on y prête attention est la question des massacres dans l'Est de la République démocratique du Congo. Le Gouvernement de M. Kabila s'est trouvé dans une situation délicate vis-à-vis des Nations Unies et des gouvernements occidentaux après avoir refusé l'accès aux représentants officiels travaillant dans le domaine des droits de l'homme. Les victimes de ces massacres étaient des réfugiés hutus qui avaient fui le Rwanda. Il est possible que parmi eux ce soient trouvés les auteurs des massacres de 1994 mais des témoignages indiquent que la plupart étaient des

( suivre)

- 5 - AG/886 24 mars 1999

femmes, des enfants et des personnes âgées. Il est maintenant clair qu'ils étaient pris pour cible par les forces gouvernementales rwandaises et que le Président Kabila protégeait ses alliés de jadis. Le Gouvernement de Kabila coopère avec le Rapporteur spécial des Nations Unies, M. Garreton, et il est probable que toute trace des excès de l'armée rwandaise ont disparu étant donné que les zones où les massacres ont été perpétrés sont maintenant sous contrôle des armées d'invasion du Rwanda et de l'Ouganda, a signalé le représentant.

Evoquant l'appel fait au sein de l'Assemblée générale pour la mise en place de discussions directes entre le président Kabila et les dirigeants du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), le représentant a attiré l'attention sur la démission récente de M. Ngoma de son siège de Vice- président du parti. Ce dernier a indiqué que ce mouvement politique n'était ni démocratique ni congolais. Le représentant a ajouté que la coalition du Rwanda et de l'Ouganda renforce actuellement sa présence dans l'Est de la République démocratique du Congo. L'infiltration massive d'armes dans l'Est du pays a balayé les espoirs quant à la volonté de l'Ouganda et du Rwanda d'obtenir un règlement pacifique de ce conflit. L'Uganda et le Rwanda ont des régimes politiques qui ne peuvent survivre en dehors d'une situation de guerre. La fin de la guerre en République démocratique du Congo signifierait pour les dirigeants des pays agresseurs l'instauration d'une stabilité permettant la tenue d'élections qui marqueraient la fin de leur pouvoir.

M. FASSASSI ADAM YACOUBOU (Bénin) a déclaré qu'une solution militaire ne saurait être envisagée comme moyen de règlement du conflit, avant tout essentiellement politique, en République démocratique du Congo . Le Bénin est en faveur d'une solution négociée qui passe par la conclusion d'un cessez-le- feu; la mise en oeuvre d'un processus de réconciliation nationale; et la mise en place d'un mécanisme négocié d'établissement et de maintien de la sécurité et de la paix dans la région. Il appuie sans réserve toutes les initiatives diplomatiques visant à aboutir à un règlement pacifique du conflit, notamment celles menées par l'Organisation de l'unité africaine, l'Organisation des Nations Unies et la Communauté de développement de l'Afrique australe, en particulier le travail acharné du Président zambien Chiluba dans le cadre du processus de Lusaka. M. Yacoubou a estimé que ce processus devait être complété de manière adéquate et soutenu activement par une manifestation suffisante de bonne foi et de volonté politique.

Le Bénin se félicite de la décision récente du Gouvernement congolais de convoquer un débat national visant à rassembler toutes les tendances et les couches socio-politiques du pays. Il s'agit là d'une initiative que la communauté internationale devrait soutenir afin d'en tirer les fondements essentiels à la réalisation du consensus national qui permettrait à l'ensemble de la nation congolaise de se consacrer entièrement à la bataille pour le développement, a-t-il dit. De l'avis du Bénin, une extension de ce processus de réconciliation nationale à l'ensemble des pays de sous-région constitue un tremplin important pour favoriser la mise en place rapide des mécanismes nécessaires au maintien de la paix et de la sécurité dans l'ensemble de la

( suivre)

- 6 - AG/886 24 mars 1999

sous-région et à la reconstruction du Congo et des autres pays impliqués dans ce conflit.

M. PETER KASANDA (Zambie) a indiqué que le débat au sein du Conseil de sécurité vendredi dernier a montré que les efforts de médiation déployés par le Président Chiluba a nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et ceux de l'Organisation de l'Unité africaine doivent se poursuivre. De nombreuses délégations ont déjà remarqué que des éléments de règlement du conflit se mettaient en place. Il a été notamment conclu que l'option militaire ne permettrait pas de trouver une solution au conflit et que seules les négociations peuvent mettre un terme à la guerre. Dans ce contexte, il est nécessaire et urgent de mettre en place des mesures d'édification de la confiance parmi les parties concernées. Il a également été conclu que la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo n'étaient pas négociables. Les parties ont également convenu de la signature d'un accord de cessez-le-feu suivi d'un retrait des troupes étrangères. Ces développements à leur tour ouvriraient la voie au déploiement d'une force de maintien de la paix tandis qu'un dialogue informel aurait lieu de façon implicite. Nous n'avons néanmoins toujours pas signé un tel accord de cessez-le-feu en raison de certaines difficultés qui ne sont pas insurmontables, a signalé le représentant. La paix en République démocratique du Congo est liée à la paix et à la sécurité de toute la région. Dans ce contexte, nous appuyons la proposition de la France de tenir une conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs sous les auspices des Nations Unies et de l'Organisation de l'unité africaine.

M. MAHMOUD MOHAMED ABOUD (Comores) a déclaré que si l'Afrique est déchirée par des conflits, elle est aussi un continent d'espoir et d'avenir capable de relever les défis auxquels elle est confrontée. Le représentant a déclaré que l'agression contre la République Démocratique du Congo ne se limite pas à un seul pays et menace la stabilité de toute une région. Il a appelé les Nations Unies à s'impliquer davantage et à soutenir l'application des Accords de Lusaka. Le représentant a appelé au cessez-le-feu, nécessaire pour que les parties puissent négocier et trouver un terrain d'entente. Il s'est félicité des efforts du Président de la Zambie en ce sens. La stabilité de la région implique la souveraineté et l'indépendance de la République démocratique du Congo a-t-il précisé. Le représentant des Comores a réitéré que les forces armées doivent être retirées et qu'un mécanisme de supervision doit être instauré, conformément aux Accords de Lusaka.

Un dialogue doit s'instaurer au sein de la République démocratique du Congo, entre la classe politique et la société civile. Les Comores appuient le projet d'une Conférence internationale sous l'égide des Nations Unies. Le représentant a expliqué que son pays est aussi un exemple de foyer de tensions et a évoqué l'émergence d'idées séparatistes aux Comores. Les événements tragiques dans mon pays, résultent de la situation économique, de son indépendance inachevée a-t-il déclaré. Les mouvements persistent avec le soutien d'éléments extérieurs aux pays. Au mois d'avril l'OUA organisera la conférence pour trouver les solutions aux problèmes des Comores et le

( suivre)

- 7 - AG/886 24 mars 1999

représentant a déclaré que son gouvernement compte sur l'aide de la communauté internationale afin que son pays puisse retrouver son unité. Revenant à la question congolaise, le représentant a émis l'espoir que le Secrétaire général ne ménagera pas ses efforts avec l'appui de l'OUA pour trouver une solution pacifique en République démocratique du Congo.

Droits de réponse

M. GAMALIEL NDARUZANIYE (Burundi) notant que le Représentant de la République démocratique du Congo avait cité son pays à huit reprises, a assuré que son pays ne nourrissait aucune ambition de conquête territoriale ou de tutelle politique en République démocratique du Congo. Nous restons néanmoins préoccupés par la situation sécuritaire de ce pays avec lequel nous partageons toute notre frontière Ouest sur terre ferme et sur le Lac Tanganyika. Nous sommes convaincus que seule la voie pacifique et le dialogue peuvent initier une solution durable à tout conflit armé ou non armé. Nous sommes encouragés par les échos qui nous parviennent et les engagements pris par les uns et les autres et d'entendre que toutes les parties sont résolues à adopter cette voie pour résoudre le conflit. Nous sommes néanmoins inquiets par la conclusion d'alliances hétéroclites de groupes armés, de milices ou même d'armées entières défaites dans leur pays et qui ont trouvé un terrain propice à leurs pactes momentanés en République démocratique du Congo. La mise en place d'un dialogue de toutes les parties congolaises et le traitement des questions de sécurité aux frontières communes avec les pays voisins restent les deux axes principaux d'une solution durable à la question congolaise. Le représentant a indiqué le soutien de son pays aux efforts déployés par l'Organisation de l'unité africaine et à la tenue d'une conférence internationale sur la paix dans la région des Grands Lacs qui portera ses fruits à condition qu'elle adopte un programme de travail complet qui ait le soutien de tous.

M. ANDRE MWAMBA KAPANGA (République démocratique du Congo) a rappelé l'intervention des Nations Unies pour la résolution de la crise en 1960, qu'il a comparée avec celle qui secoue actuellement la région des Grands Lacs. En ce qui concerne le génocide au Rwanda en 1994, le représentant a indiqué que ceux qui avaient poursuivi les auteurs du génocide pour les éliminer ont avoué leur forfait devant l'Assemblée. Dans ce contexte, il a demandé que la responsabilité de ces massacres ne soit plus mise sur la République démocratique du Congo. De la même manière, les massacres actuels doivent être condamnés par la communauté internationale. Dans ce contexte, le représentant a indiqué que son Gouvernement vient de l'informer des massacres de plus de 200 personnes à Burini-Ngweshe en plus des 100 innocentes personnes tuées il y a deux jours à Mangunga.

En ce qui concerne l'accusation de persécution à l'égard des opposants en raison de leurs origines ethniques de la part du Président Kabila, le représentant a repris l'exemple de M. Tshisekedi proposé par la délégation, et a affirmé que ce dernier appartient à la même ethnie que le Président. Il a estimé que ce genre de "falsification de la vérité" fait que les négociations pour la résolution pacifique de la crise en République démocratique du Congo

( suivre)

- 8 - AG/886 24 mars 1999

s'enlisent. Le représentant a exprimé le souhait de provoquer, par ces clarifications, une implication plus large de la communauté internationale dans les efforts pour mettre fin aux massacres, et pour faire respecter les droits humains.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a déclaré que son pays à la recherche d'une solution pacifique en République démocratique du Congo et n'a aucune ambition territoriale à l'égard de ce pays. Le représentant a réfuté certaines allégations formulées devant l'Assemblée générale. Mon pays n'a pas et n'a jamais proposé de base militaire à ceux qui luttent contre ses voisins, à l'inverse du Soudan. Les allégations du représentant du Soudan contre l'Ouganda sont très graves a-t-il affirmé. Nous ne sommes pas un modèle de démocratie mais nous avons organisé des élections populaires et avons favorisé l'émergence d'un consensus politique dans le pays. Le représentant a appelé au soutien des actions menée par l'OUA, la SADC et la Libye pour que la paix et la stabilité puissent régner à nouveau dans la région.

M. MAZIMHAKA (Rwanda) a corrigé certaines allégations faites par certaines délégations qu'il a estimé fausses. A ce titre, il a indiqué que l'exclusion au Rwanda n'est pas le fait du gouvernement actuel. Il a rappelé que le Rwanda compte les représentants de huit partis politiques au sein de son gouvernement. Il a par ailleurs réaffirmé le respect par le Rwanda de l'intégrité de ses voisins, et a indiqué qu'il attend que ces derniers fassent de même. Il a enfin exprimé son soutien aux efforts de paix. Ainsi, il a indiqué que gouvernement lui a communiqué la nouvelles de l'acceptation par le Président de la République démocratique du Congo a accepté de considérer le Rassemblement congolais pour la Démocratie comme un interlocuteur dans les négociations.

M. ERWA (Soudan) a dénoncé les faux prétextes avancés pour justifier l'invasion par l'Ouganda de la République démocratique du Congo. L'Ouganda cherche par tous les moyens à entraîner le Soudan dans le conflit. Le résultat de la conspiration dirigée par l'Ouganda a été un bain de sang dans cette région qui nous renvoie à l'époque des nazis. Le Président de l'Ouganda et son entourage sont corrompus et ne cherchent qu'à piller les richesses de la République démocratique du Congo. Nous demandons à l'Ouganda de retirer ses forces de la République démocratique du Congo.

* *** *

( suivre)

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.