LE CONSEIL PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION EN SIERRA LEONE ET SOUTIENT L'ACCROISSEMENT DU NOMBRE D'OBSERVATEURS MILITAIRES
Communiqué de Presse
CS/1033
LE CONSEIL PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION D'OBSERVATION EN SIERRA LEONE ET SOUTIENT L'ACCROISSEMENT DU NOMBRE D'OBSERVATEURS MILITAIRES
19990311 Il déclare son intention de suivre de près la question de l'appui extérieur apporté aux rebelles et d'envisager de nouvelles mesures si nécessaireLe Conseil de sécurité a adopté cet après-midi à l'unanimité la résolution 1231 (1999) par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies en Sierra Leone (MONUSIL) jusqu'au 13 juin 1999. Aux termes de cette résolution, le Conseil se félicite de l'intention du Secrétaire général de réinstaller la MONUSIL à Freetown dès que possible et d'accroître le nombre des observateurs militaires et le personnel chargé des droits de l'homme et de redéployer le personnel nécessaire à l'appui de la réinstallation à Freetown. Il enjoint aux autorités compétentes d'enquêter sur toutes les allégations relatives aux violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire afin de poursuivre les coupables en justice.
Le Conseil se déclare gravement préoccupé par les informations selon lesquelles un appui continue d'être apporté aux rebelles, sous la forme d'armes et de mercenaires, en particulier à partir du territoire libérien. Il prie le Secrétaire général de continuer à examiner, en coordination avec les pays de l'Union du fleuve Mano et d'autres Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la possibilité de déployer des observateurs de l'ONU avec les forces du Groupe d'observateurs militaires de la CEDEAO (ECOMOG) à la frontière entre le Libéria et la Sierra Leone. Le Conseil réaffirme que tous les Etats ont l'obligation de se conformer scrupuleusement aux dispositions de l'embargo sur les armes et le matériel connexe imposé à la Sierra Leone et déclare son intention de suivre de près la question de l'appui extérieur apporté aux rebelles et d'envisager de nouvelles mesures au cas où l'évolution de la situation sur le terrain l'exigerait.
Les membres suivants du Conseil de sécurité ont expliqué leur vote : Royaume-Uni, Canada, Pays-Bas, Malaisie, Namibie, Slovénie, Gabon, Brésil, Gambie, Etats-Unis et Bahreïn. Le représentant de la Sierra Leone a fait une déclaration.
Le Conseil était saisi, pour l'examen de cette question, du cinquième rapport du Secrétaire général sur la MONUSIL (S/1999/237).
(à suivre - 1a)
- 1a - CS/1033 11 mars 1999
La Sierra Leone est déchirée par une guerre civile meurtrière depuis l'éviction en mai 1997 par une junte militaire du Président démocratiquement élu, M. Tejan Kabbah. Celui-ci a été réinstallé au pouvoir le 10 mars 1998 après une intervention de l'ECOMOG. Les combats ont repris à la suite de l'attaque de la capitale Freetown le 6 janvier dernier par des groupes rebelles qui en ont été chassés par les troupes régulières et l'ECOMOG après plus de deux semaines d'affrontements. Des négociations en vue d'un cessez- le-feu sont en cours entre le Gouvernement du Président Kabbah et le leader du Front révolutionnaire uni en prison, Foday Sankoh. Sam Bockarie, l'un des chefs militaires de la rébellion a toutefois rejeté hier l'appel au cessez-le- feu lancé mardi par M. Sankoh, en faisant valoir que la rébellion souhaiterait rencontrer leur chef, M. Sankoh. Le conflit est, en outre, alimenté par la participation d'éléments extérieurs à la Sierra Leone, basés notamment au Libéria. Le Président de ce pays a adressé, le 23 février dernier, une lettre au Secrétaire général concernant les mesures prises par son Gouvernement afin d'empêcher la participation des Libériens aux combats en Sierra Leone.
En début de séance, les membres du Conseil ont observé une minute de silence à la mémoire de l'Emir de Bahreïn, Cheikh Issa ben Salman al-Khalifa, décédé le 6 mars.
- 2 - CS/1033 11 mars 1999
Texte du projet de résolution (S/1999/262)
Le Conseil de sécurité,
Rappelant ses résolutions 1181 (1998) du 13 juillet 1998 et 1220 (1999) du 12 janvier 1999, ainsi que la déclaration de son président en date du 7 janvier 1999 (S/1999/PRST/1),
Se déclarant à nouveau préoccupé par la précarité de la situation en Sierra Leone,
Affirmant la volonté résolue qu'ont tous les Etats de respecter la souveraineté, l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de la Sierra Leone,
Ayant examiné le cinquième rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Sierra Leone (MONUSIL), en date du 4 mars 1999 (S/1999/237), et prenant note des recommandations qui y sont formulées,
1. Décide de proroger le mandat de la MONUSIL jusqu'au 13 juin 1999;
2. Se félicite que le Secrétaire général ait l'intention, comme il l'indique aux paragraphes 46 et 54 de son rapport, de réinstaller la MONUSIL à Freetown dès que possible et, à cette fin, d'accroître le nombre des observateurs militaires et les effectifs du personnel chargé des droits de l'homme et de redéployer le personnel nécessaire à l'appui de la réinstallation à Freetown, étant entendu que la situation en matière de sécurité sera suivie avec la plus grande attention;
3. Condamne les atrocités que les rebelles infligent à la population civile de la Sierra Leone, notamment celles commises contre des femmes et des enfants, déplore toutes les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire dont la recrudescence récente de la violence s'est accompagnée en Sierra Leone, comme le Secrétaire général l'indique aux paragraphes 21 à 28 de son rapport, y compris le recrutement d'enfants comme soldats, et enjoint aux autorités compétentes d'enquêter sur toutes les allégations relatives à ces violations afin de poursuivre les coupables en justice;
4. Demande à toutes les parties au conflit en Sierra Leone de respecter scrupuleusement les droits de l'homme et le droit international humanitaire, ainsi que la neutralité et l'impartialité du personnel des organisations à vocation humanitaire, et de faire en sorte que l'assistance humanitaire aux populations touchées puisse être acheminée sans entrave aucune;
5. Se déclare gravement préoccupé par les informations selon lesquelles un appui continue d'être apporté aux rebelles en Sierra Leone, sous la forme notamment d'armes et de mercenaires, en particulier à partir du territoire libérien;
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6. Prend note de la lettre datée du 23 février 1999, adressée au Secrétaire général par le Président du Libéria (S/1999/213), ainsi que de la déclaration du Gouvernement libérien, en date du 19 février 1999 (S/1999/193), concernant les mesures qu'il prend afin de faire obstacle à la participation de Libériens aux combats en Sierra Leone, y compris les mesures visant à encourager le retour des combattants libériens et les directives par lesquelles les organismes nationaux de sécurité ont été chargés de veiller à ce qu'il n'y ait aucun trafic d'armes à la frontière ni aucun transfert d'armes et de munitions sur le territoire libérien, et prie le Secrétaire général de continuer à examiner, en coordination avec les pays de l'Union du fleuve Mano et d'autres Etats membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la question de savoir s'il est possible et judicieux de déployer des observateurs des Nations Unies avec les forces du Groupe d'observateurs militaires de la CEDEAO (ECOMOG) à la frontière entre le Libéria et la Sierra Leone;
7. Réaffirme que tous les Etats ont l'obligation de se conformer scrupuleusement aux dispositions de l'embargo sur la vente ou la fourniture d'armes et de matériel connexe à la Sierra Leone qu'il a imposée par sa résolution 1171 (1998) du 5 juin 1998;
8. Déclare son intention de suivre de près la question de l'appui extérieur apporté aux rebelles en Sierra Leone et d'envisager de nouvelles mesures au cas où l'évolution de la situation sur le terrain l'exigerait;
9. Exprime son appui à tous les efforts déployés, en particulier par les Etats membres de la CEDEAO, en vue de parvenir à un règlement pacifique du conflit de rétablir durablement la paix et la stabilité en Sierra Leone, encourage le Secrétaire général, agissant par l'intermédiaire de son Représentant spécial en Sierra Leone, à faciliter le dialogue à ces fins, accueille avec satisfaction la déclaration du Président de la Sierra Leone, en date du 7 février 1999 (S/1999/138, annexe), dans laquelle celui-ci indique que son gouvernement est disposé à poursuivre ses efforts de dialogue avec les rebelles, et demande à toutes les parties intéressées, en particulier aux rebelles, de faire leur part à cet effet;
10. Salue les efforts déployés par l'ECOMOG en vue de rétablir la paix, la sécurité et la stabilité en Sierra Leone, et invite tous les Etats Membres à fournir à l'ECOMOG un soutien financier et logistique et à envisager de fournir rapidement au Gouvernement sierra-léonais une aide bilatérale en vue de constituer une nouvelle armée pour défendre le pays;
11. Prie le Secrétaire général de le tenir régulièrement informé de la situation en Sierra Leone et de lui soumettre, d'ici au 5 juin 1999, un nouveau rapport à ce sujet contenant des recommandations sur le déploiement futur de la MONUSIL et l'exécution de son mandat;
12. Décide de demeurer activement saisi de la question.
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Cinquième rapport du Secrétaire général sur la Mission d'observation des Nations Unies en Sierra Leone (MONUSIL) (S/1999/237)
Ce rapport du Secrétaire général est soumis au Conseil de sécurité pour donner suite à la résolution 1220 (1999) au paragraphe 3 de laquelle le Conseil demandait au Secrétaire général de lui soumettre, au plus tard le 5 mars 1999, des recommandations concernant le déploiement futur de la Mission d'observation des Nations Unies en Sierra Leone (MONUSIL) et l'exécution de son mandat.
Si les négociations engagées par le Gouvernement et les rebelles depuis la rencontre du Président Tejan Kabbah avec le Caporal Foday Sankoh le 7 janvier prennent un tour favorable, la MONUSIL doit rester en mesure de concourir au processus de paix, estime le Secrétaire général qui recommande donc la prolongation du mandat de la MONUSIL pour une nouvelle période de trois mois, jusqu'au 13 juin 1999. La tâche de la Mission sera, aux termes de cette recommandation, de fournir au Secrétaire général, et par son intermédiaire au Conseil de sécurité, des informations sur la situation en Sierra Leone dans ses aspects politiques, militaires, humanitaires, et relatifs à la sécurité et aux droits de l'homme. La MONUSIL aura aussi pour mission de continuer d'assurer une liaison étroite avec le Gouvernement sierra-léonais et avec la CEDEAO et l'ECOMOG, de continuer à explorer, en consultation étroite avec le Gouvernement, les moyens de poursuivre le dialogue avec les rebelles dans la perspective d'un règlement pacifique du conflit, et de conseiller le Secrétaire général sur les décisions que l'ONU pourrait prendre dans l'éventualité de faits nouveaux en Sierra Leone et dans les pays voisins, et de se tenir prête à intervenir rapidement sur la base d'un élargissement de la Mission que le Conseil de sécurité pourrait autoriser, afin d'aider à appliquer tout accord de paix qui serait conclu. S'agissant de l'aspect financier, si le Conseil de sécurité acceptait de prolonger le mandat de la MONUSIL, le coût de l'opération ne dépasserait pas le montant déjà approuvé par l'Assemblée générale. Le montant des quotes-parts non acquittées au compte spécial de la MONUSIL s'élevait à 12,5 millions de dollars au 15 février 1999, tandis que le total des contributions versées au Fonds d'affectation spéciale à l'appui des activités de maintien de la paix de l'ONU en Sierra Leone s'élevait à 2,1 millions de dollars.
Compte tenu de l'amélioration de la situation sur le plan de la sécurité enregistrée à Freetown et ses alentours ces derniers jours, le Secrétaire général a l'intention d'y réinstaller la MONUSIL dès que possible, à petite échelle. Concernant les violations des droits de l'homme et les crimes contre des civils, il condamne avec la plus grande vigueur les meurtres cruels, et les mutilations inhumaines et autres violations commis par les rebelles, et il demande au Gouvernement de respecter son engagement d'enquêter sur les violations qui auraient été commises par les forces progouvernementales, des témoins ayant affirmé que des personnes soupçonnées d'être rebelles ou sympathisants avaient été sommairement exécutées par des membres de l'ECOMOG. Aux termes des recommandations du Secrétaire général, un autre spécialiste des droits de l'homme sera détaché auprès de la MONUSIL, et la composante "droits de l'homme" de la Mission pourra ainsi mieux signaler et connaître les violations et les abus commis en Sierra Leone.
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Concernant l'aspect militaire, le Secrétaire général s'inquiète du risque d'un retrait partiel des troupes nigérianes opérant au sein de l'ECOMOG, les candidats à l'élection présidentielle du Nigéria ayant abondé dans ce sens. Ce retrait pourrait amener à réévaluer entièrement la situation au plan de la sécurité et de la stratégie de négociations avec les rebelles, et le Secrétaire général invite de ce fait le Conseil de sécurité à étudier les implications qu'aurait une évolution potentielle aussi importante de la situation en Sierra Leone.
Sur le plan militaire, l'attaque du 6 janvier 1999 contre Freetown par les rebelles du FRU et du rebelles du Conseil révolutionnaire des forces armées a sérieusement endommagé la ville. Les combats ont fait entre 3 000 et 5 000 morts, civils et militaires confondus et la région compte près de 150 000 personnes déplacées. Les forces de l'ECOMOG ont réussi, avec l'appui de la base de Lungi, à reprendre le contrôle de Freetown où la situation demeure cependant instable, de nombreuses infiltrations de rebelles ayant été signalées. La MONUSIL, les autres organismes de l'ONU, des ONG et gouvernements étrangers ont quant à eux, évacué la totalité de leur personnel international et une grande partie de leurs véhicules et matériel juste avant l'attaque du 6 janvier. Le personnel de la MONUSIL resté en fonction est désormais basé à Conakry, en Guinée, jusqu'à ce que les conditions de sécurité soient jugées acceptables.
Sur le plan politique, après sa rencontre du 7 janvier avec le chef du FUR, le Président Tejan Kabbah a réitéré dans une déclaration publiée le 16 janvier sa volonté de poursuivre le dialogue politique et a renouvelé son offre d'amnistie aux rebelles. Le 21 février, dans une allocution à la radio, le Président a d'autre part demandé au Conseil de sécurité et notamment à ses membres permanents, de "faire pression" sur les Etats et les individus qui continent à "fournir des armes et des moyens logistiques" au conflit sierra-léonais. Le Conseil, selon M. Tejan Kabbah, doit aussi envisager la possibilité de faire usage de la force contre les rebelles pour faire respecter ses exigences antérieures visant à ramener la paix durable et la stabilité dans le pays. Dans le cadre des efforts de dialogue et de négociations, alors que son Ministre de l'information indiquait le 25 février que le Gouvernement était prêt à revoir l'Accord de paix d'Abidjan au vu de la situation actuelle, le Président Tejan Kabbah a accepté de voir M. Foday Sankoh et les membres du Front révolutionnaire uni (FUR) tenir des consultations à Lomé au Togo ou à Bamako au Mali. M. Sankoh devait, d'autre part, être ramené après ces consultations à Freetown pour relancer sa procédure d'appel contre la condamnation prononcée à son égard pour trahison et autres crimes. Concernant les droits de l'homme, les spécialistes de la MONUSIL ont constaté fin janvier et début février à Freetown que les forces rebelles étaient responsables de la majorité des pertes civiles et de la crise humanitaire. Certains membres de l'équipe de la MONUSIL ont été témoins de violations à Freetown. Il est impossible de préciser le nombre de victimes civiles, mais les estimations les évaluent entre 3 000 et 5 000, dont 2 000 pour la seule ville de Freetown. Les sources médicales révèlent qu'il a fallu traiter des centaines de personnes à qui on avait coupé un membre ou qui avaient subi d'autres formes de mutilations, et il est à craindre que des centaines d'autres mutilés ne soient morts avant de pouvoir être soignés.
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Toujours sur ces violations, des civils ont été tués alors qu'ils étaient utilisés comme boucliers humains par les rebelles, et des personnalités de la Commission nationale pour la démocratie et les droits de l'homme, du Conseil des Eglises et de la Commission nationale pour le redressement, la reconstruction et la réinsertion ont été délibérément assassinées, en même temps qu'on dénombrait de nombreux cas de viols suivis de meurtres ou de mutilations contre des femmes et des jeunes filles.
La situation humanitaire s'est beaucoup aggravée, le nombre de réfugiés dans les pays voisins atteignant maintenant 450 000 personnes et celui des déplacés 700 000. La ville de Freetown à elle seule compte 200 000 déplacés vulnérables dont 60 000 se sont réfugiés dans le stade national. Le HCR, par la voix de Mme Sadako Ogata a demandé que l'on renforce le soutien aux programmes de rapatriement dans la région, et l'Union européenne et les Etats-Unis ont promis de verser 4 millions de dollars pour cette opération, 350 000 réfugiés sierra-léonais se trouvant en ce moment en Guinée.
Déclaration
M. FODE M. DABORD (Sierra Leone) a remercié le Conseil de sécurité et le Secrétaire général de leur soutien au Gouvernement démocratiquement élu de M. Tejan Kabbah. Le Nigéria continue de jouer un rôle crucial pour l'établissement et le maintien de la paix en Sierra Leone. Quand un coup d'état a eu lieu en Sierra Leone il y a deux ans, c'est le Nigéria qui, en dépensant plus d'un million de dollars par jour a aidé à ramener la paix dans le pays. Mais aujourd'hui un appui plus important de la communauté internationale est nécessaire. Le Gouvernement de M. Kabbah a à coeur de ramener la paix dans le pays, et reste attaché aux Accords d'Abidjan malgré les difficultés. Le Président a rencontré M. Sankoh, le leader du Front révolutionnaire uni, en vue de mettre en route un processus de négociations et de retour à la normale et nous sommes soucieux de faire avancer les négociations de paix. On ne peut donc accuser le Gouvernement de faire preuve de mauvaise volonté dans la recherche d'une solution juste. Des forces antidémocratiques veulent prendre le pouvoir par des moyens illégitimes, mais malgré les mutilations de populations civiles, le peuple de la Sierra Leone continue de soutenir le choix démocratique qu'il a fait. Certains factions rebelles continuent de rejeter les appels au cessez-le-feu. Nous demandons donc une action plus soutenue et efficace de la communauté internationale en vue de les amener à la table des pourparlers.
Explications de vote
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a estimé que le Groupe d'observateurs militaires de la CEDEAO (ECOMOG) représente le seul moyen de protéger les Sierra-Léonais des atrocités commises par les rebelles et le seul espoir immédiat de rétablir la paix et la sécurité dans ce pays. Le déploiement de l'ECOMOG en Sierra Leone représente une étape décisive dans le développement des activités de maintien de la paix à l'échelle régionale, dont le Conseil de sécurité s'est d'ailleurs félicité à juste titre. Partant, une grande partie des 10 millions de livres sterling fournis par le Royaume-Uni, au titre de l'assistance, ira à l'ECOMOG.
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Cette somme étant destinée à compléter les contributions d'autres pays, le Royaume-Uni lance un appel urgent à tous les donateurs pour qu'ils fassent de même. La communauté internationale ne peut espérer que les contributeurs actuels de l'ECOMOG continuent à prendre en charge les coûts humains et financiers de l'opération en Sierra Leone sans un niveau significatif d'assistance.
La stabilisation de la Sierra Leone dépend également de la pression que la communauté internationale exerce sur ceux qui fournissent un appui aux rebelles. A ce stade, il convient de vérifier si les assurances données par le Président du Libéria seront suivies d'actes concrets. Il faut, par exemple, attendre du Libéria qu'il honore ses engagements en ce qui concerne l'arrestation et le jugement de tout citoyen libérien engagé dans le conflit armé en Sierra Leone après les 45 jours d'amnistie qui ont commencé le 19 février. Pour l'avenir, il faut aider la Sierra Leone à maintenir sa propre sécurité après le départ de l'ECOMOG. C'est pourquoi une partie des 10 millions de livres fournis par le Royaume-Uni serviront à financer des programmes de formation pour la création d'une nouvelle armée nationale démocratiquement responsable. Ceci étant dit, lors de sa rencontre avec le Président Kabbah, le 9 mars dernier, le Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, M. Robin Cook, a lancé un appel urgent en faveur du dialogue avec les rebelles.
Tout en reconnaissant les difficultés que cela représente, le Royaume- Uni demeure convaincu de la nécessité d'un échange politique pour paver la voie d'un meilleur avenir pour la Sierra Leone et son peuple. En Sierra Leone, le succès est entre les mains du peuple et du Gouvernement. Mais il ne sera possible qu'avec un engagement continu de la communauté internationale d'apporter un appui vigoureux dans les domaines sécuritaire et politique et ce, afin de rétablir une paix durable.
M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que le Canada soutient entièrement la recommandation du Secrétaire général visant à proroger le mandat de la MONUSIL jusqu'au 13 juin 1999. Il soutient en outre la proposition visant à porter le nombre d'observateurs militaires de 8 à 14 et à renforcer l'unité chargée d'observer la situation des droits de l'homme. La MONUSIL devrait retourner en Sierra Leone dès que les conditions de sécurité le permettront. Nous sommes concernés par la détérioration de la situation humanitaire et par l'insécurité qui règne dans le pays. Nous condamnons les violations des droits de l'homme perpétrées par les rebelles, notamment les viols, la torture et le recrutement forcé d'enfants dans les forces combattantes. Nous demandons que soient respectées les normes internationales en matière humanitaire et que soient assurée la sécurité des organisations et des travailleurs humanitaires. Le Canada soutient l'initiative du Président Kabbah de permettre au chef du Front révolutionnaire uni, M. Foday Sankoh, de rencontrer les chefs de la rébellion en vue de parvenir à des négociations entre les rebelles et le Gouvernement. Nous reconnaissons les sacrifices faits par les troupes des pays qui interviennent en Sierra Leone au sein de l'ECOMOG, et nous répondons à l'appel lancé par le Secrétaire général en soutien des efforts de l'ECOMOG en versant une contribution d'un million de dollars canadiens en faveur du maintien de la paix dans ce pays.
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M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a appuyé toutes les dispositions de la résolution. Le message de la résolution constitue un clair appui au Président Kabbah, à la légitimité démocratique et aux valeurs de liberté et de tolérance, a-t-il estimé. La résolution reconnaît la valeur de l'invitation au dialogue lancée par le Président de la Sierra Leone, et l'Argentine espère que cette invitation sera acceptée avec la même bonne foi. La résolution condamne sans équivoque les actes d'atrocité commis contre la population civile et plaide pour qu'ils ne restent pas impunis. Cette position doit être entendue par ceux qui se sont mis hors-la-loi. Elle contient en outre un message d'appui à la population et aux troupes de l'ECOMOG. L'Argentine appuie également le Représentant spécial de l'ONU, M. Okelo, et tous les pays appuient les valeurs de la liberté et de la démocratie en Sierra Leone.
M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a indiqué qu'il voterait en faveur de la résolution, estimant qu'une présence militaire crédible doit être maintenue en Sierra Leone afin de fournir aux parties, le Gouvernement et les rebelles, une opportunité d'entamer un dialogue et de parvenir à une solution pacifique. Les Pays-Bas se félicitent des signes émanant des deux parties qui semblent indiquer un intérêt à rechercher un tel dialogue et les prient instamment d'entamer sans délai des pourparlers. De l'avis des Pays-Bas, il doit être clair que les pays contributeurs de troupes à l'ECOMOG ne seront pas les seuls et méritent un appui ferme. Pour leur part, les Pays-Bas ont fourni, jusqu'à présent, 4 millions de dollars pour les opérations de l'ECOMOG et 2 millions supplémentaires pour l'assistance humanitaire.
M. Van Walsum a insisté pour que l'on ne perde pas de vue les victimes réelles du conflit, les milliers de civils innocents tués, blessés qui méritent davantage que la compassion et ont besoin d'une aide d'urgence. Partant, il a appelé les deux parties à coopérer pleinement avec les organisations humanitaires et à autoriser leur accès aux victimes sans obstacle.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a appuyé la prorogation du mandat de la MONUSIL et l'augmentation du nombre d'observateurs militaires et du personnel chargé des droits de l'homme ainsi que l'intention du Secrétaire général de réinstaller la Mission à Freetown. Il s'est félicité de la volonté exprimée par le Président Kabbah d'engager un dialogue avec les rebelles et a appelé ces derniers à accepter un cessez-le-feu et à reconnaître la légitimité du Gouvernement démocratiquement élu du Président Kabbah, des dispositions qui sont au coeur de l'Accord de paix d'Abidjan. Il faudrait faire en sorte que cette opportunité de parvenir à une solution politique du conflit ne soit pas perdue, a-t-il insisté.
Le représentant s'est déclaré outragé par les atrocités commises à l'encontre de la population civile et qui sont surtout le fait des rebelles. Il a souligné que les auteurs de ces actes ne doivent pas rester impunis. M. Agam a appelé les parties à garantir l'accès du personnel humanitaire à toutes les régions du pays en toute sécurité. Il a demandé instamment le strict respect de l'embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité. Les efforts diplomatiques doivent être poursuivis et appuyés vigoureusement par la communauté internationale, a-t-il dit.
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L'ECOMOG mérite un appui continu et renforcé de la part de la communauté internationale, qui doit fournir l'appui logistique et financier nécessaire à leur maintien en Sierra Leone. Le représentant a plaidé en faveur d'un appui au Gouvernement dans divers domaines, y compris la création et la formation d'une nouvelle armée nationale.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que sa délégation se félicite de l'initiative prise par le Président Tejan Kabbah qui a rencontré le chef du Front révolutionnaire uni (FRU), M. Foday Sankoh, en vue d'ouvrir un véritable dialogue entre les parties en présence en Sierra Leone. Le peuple de ce pays a subi des violations indicibles contre ses droits humains depuis trop longtemps, et cette tragédie humaine pourrait encore s'aggraver. Ce qui s'est passé en Sierra Leone pourrait représenter un dangereux précédent de rebelles renversant des gouvernements légitimes en Afrique, ce qui ne doit jamais être permis. Notre délégation par conséquent félicite l'ECOMOG pour sa détermination et son courage dans la lutte qu'elle a engagé contre le FRU et les différents groupes de mercenaires opérant en Sierra Leone. Nous demandons à la communauté internationale de soutenir le Gouvernement démocratiquement élu de M. Tejan Kabbah et nous soutenons la prorogation du mandat de la MONUSIL.
M. DANILO TURK (Slovénie) a condamné vigoureusement le recours systématique par les rebelles à des actes visant à infliger à la population civile douleur et misère. Il a dénoncé l'orgie de viols et de rapines auxquels ceux-ci se sont livrés lors de leur dernière offensive. A cet égard, il a souligné le rôle important joué par les forces de l'ECOMOG qui sont parvenues à contrer l'avancée des rebelles et à restaurer quelque ordre à Freetown. Si le Gouvernement de la Sierra Leone doit continuer à définir sa politique de négociations avec les rebelles, il doit aussi continuer à s'appuyer sur l'action militaire pour maintenir l'ordre et la loi, a estimé M. Türk. Cette double approche est nécessaire au vu de la détermination exprimée par certains chefs rebelles de prendre le pouvoir à tout prix. Toutefois, l'accent doit être mis sur une solution négociée. Bien que les rebelles aient par deux fois violé des accords de paix, il est important qu'ils fassent entendre leurs doléances et leurs plans pour l'avenir de la Sierra Leone à une table de négociation. Ce serait également une occasion d'entendre leurs justifications des massacres de masse, des mutilations et des autres atrocités qu'ils ont commis contre une population qu'ils veulent gouverner. Partant, la Slovénie appuie fermement l'appel visant à appuyer la création d'une nouvelle armée en Sierra Leone. Au cours des dernières années, les anciennes forces armées de la Sierra Leone ont tenté, à plusieurs reprises d'influencer le système politique, voire de le dominer. M. Foday Sankoh est d'ailleurs un produit de cette culture, a-t-il dit. La présence continue de l'ONU sur le terrain montrera les préoccupations de la communauté internationale à l'égard de la population de ce pays, a-t-il conclu.
M. CHARLES ESSONGHE (Gabon) a déclaré que sa délégation se sent encouragée par la prise en compte de la nécessité du respect de l'embargo sur la vente et la fourniture d'armes imposé contre les rebelles dans le conflit sierra-léonais.
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Le Gabon est aussi satisfait de la disponibilité du Conseil à suivre de près la question du soutien extérieur aux rebelles et si nécessaire de la prise de mesures supplémentaires pour faire respecter les décisions du Conseil de sécurité. Nous voterons en faveur du projet de résolution proposé, et nous tenons à exprimer que nous sommes rassurés par l'engagement du Président Tejan Kabbah à entamer un dialogue constructif avec les factions rebelles en vue d'une réconciliation nationale et d'une paix durable en Sierra Leone. De même, les mesures courageuses prises par le Président du Libéria, M. Charle Taylor, dans sa déclaration du 19 février 1999, visant à encourager le retour des combattants libériens en Sierra Leone, assorties de la promesse d'amnistie, constituent un sujet d'espoir dans la direction d'une solution durable. Le Gabon appelle d'autre part à un soutien accru de la communauté internationale aux efforts déployés par l'ECOMOG en vue de rétablir la paix, la sécurité et la stabilité en Sierra Leone.
M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a appuyé la prorogation du mandat de la MONUSIL et la restauration de la présence des Nations Unies en Sierra Leone à son niveau précédent, estimant qu'il pourrait être nécessaire de proroger à nouveau ce mandat au-delà du 13 juin. L'ONU et l'ECOMOG doivent maintenir une présence marquée en Sierra Leone pour appuyer les efforts en vue de parvenir à une solution négociée du conflit. Les rebelles sont connus pour ne pas respecter les accords et commettre des actes odieux contre les populations civiles. Un compromis politique ne peut donc constituer une excuse pour les auteurs de ces crimes. La communauté internationale doit accroître ses efforts de soutien à l'ECOMOG, qui constitue un élément clé du maintien de l'ordre et de la protection du Gouvernement de la Sierra Leone. Pour le Brésil, les fournisseurs d'armes et de munitions partagent la responsabilité des atrocités commises dans le pays. Il a appelé le Comité des sanctions à se pencher sur les violations de l'embargo sur les armes.
M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie) s'est déclaré attristé par la situation en Sierra Leone. Les auteurs des violations graves des droits de l'homme devraient être poursuivis et traduits en justice. La situation humanitaire inquiète particulièrement, notamment en ce qui concerne l'accès aux personnes les plus nécessiteuses. A cet égard, il s'est félicité du plan devant être finalisé par la communauté humanitaire internationale et le Gouvernement de la Sierra Leone. Sa délégation appelle les rebelles à respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire international, et à assurer un accès inconditionnel à l'aide humanitaire à ceux qui sont dans le plus grand besoin. Le représentant a souligné que le calme relatif qui prévaut en Sierra Leone n'aurait pu être établi sans les sacrifices considérables des forces de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Il a ajouté que l'assistance prompte de certains gouvernements et les progrès réalisés en matière de sécurité y ont largement contribué. Se félicitant des contributions du Nigéria, du Ghana, de la Guinée et du Mali, M. Ismaila Jagne a estimé que le Groupe de contrôle de la CEDEAO (ECOMOG) doit être renforcé en termes de logistique et d'appui matériel. La délégation gambienne se déclare reconnaissante envers le Royaume-Uni, la France, les Etats-Unis, le Canada, les Pays-Bas et l'Argentine pour l'appui qu'ils ont apporté.
- 11 - CS/1033 11 mars 1999
Le Sommet spécial de la CEDEAO devrait créer une autre occasion pour regrouper tout le monde, en insistant sur une participation régionale plus accrue à la recherche d'une paix durable en Sierra Leone. La Gambie se félicite de la recommandation du Secrétaire général de rétablir la MONUSIL à Freetown dès que possible et appuie une augmentation du nombre actuel d'observateurs militaires et du personnel des droits de l'homme. La présence continue des Nations Unies sur le terrain est indispensable.
M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a estimé que plus que jamais, l'ECOMOG a besoin de l'appui de la communauté internationale. Pour leur part, les Etats- Unis ont consacré 9 millions de dollars à l'appui logistique de l'ECOMOG et entendent faire davantage. Les Etats-Unis se félicitent particulièrement que le Royaume-Uni ait pris la tête des initiatives en la matière et qu'il envisage aujourd'hui d'apporter une somme additionnelle de 10 millions de livres sterling à l'ECOMOG. Les Etats-Unis lancent un appel aux autres donateurs pour qu'ils s'acquittent de leurs engagements. Il est temps que les donateurs actuels et potentiels envisagent une contribution à l'ECOMOG, soit par le biais du fonds d'affectation spéciale soit par des accords bilatéraux. Pour les Etats-Unis, les efforts de l'ECOMOG ont pu apporter un début d'ordre et de sécurité à Freetown à la suite de la récente offensive rebelle. A ce titre, la communauté internationale doit beaucoup aux pays contributeurs de troupes, notamment le Nigéria, le Ghana, la Guinée et le Mali. Les Etats-Unis se félicitent particulièrement de la contribution du Nigéria qui a supporté une part disproportionnée du fardeau dans la défense du Gouvernement démocratiquement élu de la Sierra Leone. Les Etats-Unis espèrent que l'ECOMOG restera aux côtés de la Sierra Leone dans ses efforts tendant à un règlement du conflit. Ils continueront à appuyer la Sierra Leone et le Représentant spécial du Secrétaire général dans leurs initiatives pour rétablir une paix durable en Sierra Leone dont le peuple espère l'assistance de la communauté internationale.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a exprimé la reconnaissance de sa délégation aux condoléances exprimées à son pays par les membres du Conseil après le décès de Cheikh Al-Khaliffa, Emir de Bahrëin. Bahreïn pense que la communauté internationale doit continuer à soutenir le groupe d'observateurs militaires en Sierra Leone. Une solution au conflit par des moyens pacifiques devrait être trouvée. Nous voterons en faveur de la proposition de résolution présentée aujourd'hui et nous appuyons les initiatives et les recommandations prises en vue d'un renforcement de l'aide humanitaire aux populations sinistrées de la Sierra Leone.
M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que son pays appuie fermement le Gouvernement élu de la Sierra Leone, ainsi que la volonté manifestée par le Président Kabbah d'ouvrir un dialogue avec les rebelles. Il a demandé instamment aux rebelles de reconnaître la légitimité du Gouvernement démocratiquement élu du Président Kabbah, de mettre fin aux atrocités à l'encontre de la population civile et de prendre part au dialogue en vue d'une solution politique. Il a appelé les pays intéressés à respecter l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale de la Sierra Leone et s'est déclaré préoccupé par la participation au conflit d'éléments extérieurs. La MONUSIL représente l'appui concret de la communauté internationale à la population et au Gouvernement de ce pays, a-t-il souligné. La Chine a fourni et continuera de fournir une aide au peuple de la Sierra Leone et à son Gouvernement, a-t-il conclu.
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