AG/874

CINQUANTE ANS APRES L'ADOPTION DE LA DECLARATION UNIVERSELLE, DE NOMBREUSES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME SUBSISTENT DANS TOUTES LES REGIONS DU MONDE

11 décembre 1998


Communiqué de Presse
AG/874


CINQUANTE ANS APRES L'ADOPTION DE LA DECLARATION UNIVERSELLE, DE NOMBREUSES VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME SUBSISTENT DANS TOUTES LES REGIONS DU MONDE

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La dignité, la liberté et le bonheur ne seront jamais complets sans la solidarité, souligne le Pape Jean-Paul II dans un message à l'Assemblée

A l'occasion du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont le thème était "Tous les droits de l'homme : nos droits à tous", 126 orateurs se sont succédés à la tribune de l'Assemblée générale les 10 et 11 décembre 1998. Ils ont souligné le caractère universel, indissociable et interdépendant de tous les droits de l'homme. Cinquante ans après l'adoption de la Déclaration, les participants ont dressé un bilan mitigé de la situation des droits de l'homme dans le monde. Bien que les individus prennent de plus en plus conscience que ces droits sont inhérents à la personne humaine, aucun pays n'est exempt de violations des droits de l'homme. Non seulement les violations des droits civils et politiques persistent, mais peu de progrès ont été réalisés dans le domaine des droits économiques et sociaux, a constaté Mme Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, lors de l'ouverture de la célébration. Si les déclarations entendues au cours de ces deux jours ont témoigné d'un consensus sur la nécessité de créer un environnement favorable à la promotion et la protection des droits de l'homme, le plus grand défi à cet égard étant l'élimination de la pauvreté, les délégations ont défendu des moyens différents d'y parvenir. La tendance à la politisation des droits de l'homme a été dénoncée par certaines délégations. L'ensemble des participants s'est félicité de l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale en tant qu'institution capable de répondre à la demande de justice de la communauté internationale.

Pour le Pape Jean-Paul II, dont le message a été lu par l'Observateur du Saint-Siège, cet Anniversaire est donc pour chacun des Etats, qui se réfèrent volontiers au texte de 1948, un appel à un examen de conscience. La tendance actuelle à choisir tel ou tel droit ou à isoler de leur contexte des droits particuliers menace la structure organique de la Déclaration qui assortit tout droit d'autres droits, d'autres devoirs et limites, requis par un ordre social équitable. Il nous incombe également de faire en sorte que les principes énoncés dans la Déclaration s'enracinent dans les diverses traditions

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culturelles et religieuses. Au vu de ceux qui sont décimés par la maladie, frappés par les catastrophes naturelles, prostrés dans la pauvreté ou victimes de guerres cruelles tandis que les nantis jouissent avec ostentation du superflu, il faut tirer la leçon de l'histoire selon laquelle la dignité, la liberté et le bonheur ne seront jamais complets sans la solidarité.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Italie, Jamaïque, Maldives, Azerbaïdjan, Panama, Mali, Erythrée, République démocratique populaire lao, République démocratique du Congo, Gabon, Maroc, Maurice, Soudan, Ethiopie, Swaziland, Koweït, Nicaragua, Sierra Leone, Iraq, Afghanistan, et Slovaquie. Les Observateurs de la Suisse, du Saint-Siège et de l'Ordre militaire souverain de Malte ont également pris la parole.

En cours de séance, l'Assemblée a décidé d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-huitième session un point intitulé "Cinquante- cinquième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme". La cérémonie de commémoration du Cinquantenaire de la Déclaration universelle s'était ouverte jeudi par une déclaration solennelle de l'Assemblée réaffirmant sa volonté de faire appliquer la Déclaration, ainsi que par la remise des six Prix des droits de l'homme pour 1998.

La Déclaration universelle des droits de l'homme a été adoptée et proclamée par l'Assemblée générale des Nations Unies, réunie au Palais de Chaillot à Paris, le 10 décembre 1948. Traduite en plus de 200 langues, elle reste l'un des instruments relatifs aux droits de l'homme les plus connus et les plus souvent cités dans le monde. Bien que la Déclaration, qui comprend un large éventail de droits, ne soit pas un instrument ayant force obligatoire, elle a inspiré plus de 60 instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme qui, ensemble, constituent les normes internationales en matière de droits de l'homme. A la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, qui s'est tenue à Vienne (Autriche) en juin 1993, 171 pays ont adopté une Déclaration et un Programme d'action qui énoncent un nouveau cadre de planification et de coopération en vue de permettre une approche intégrée de la promotion des droits de l'homme et la participation des acteurs aux niveaux local, national et international. L'examen a mi-parcours du Programme d'action de Vienne a eu lieu cette année.

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CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME

Déclarations

M. PAOLO FULCI (Italie): l'Italie est fière d'avoir participé à la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme en accueillant à Rome la Conférence diplomatique qui a adopté le Statut de la Cour pénale internationale. En effet, il nous semblait que le meilleur moyen de rendre hommage à la Déclaration était d'aider les Nations Unies à créer un organe judiciaire permanent pour poursuivre et punir les crimes les plus graves au yeux de la communauté internationale. Alors que le texte du Statut de la Cour pénale internationale reflète une solution de compromis sur de nombreux aspects, la Cour n'en est pas moins une institution solide, efficace et indépendante, capable de répondre à la demande de justice de la communauté internationale actuelle. Ce qu'il faut à présent, c'est que ce nouveau tribunal entre en fonction sans délai.

En cette occasion solennelle, l'Italie réaffirme également sa conviction que les droits des enfants doivent demeurer la priorité des priorités. Cette conviction repose non seulement sur un impératif humanitaire mais également sur le fait que les enfants représentent l'avenir de l'humanité. Si nous voulons relever avec succès les défis du futur, il faut donner à tous les enfants d'aujourd'hui, le droit de devenir des adultes en bonne santé, éduqués et mûrs.

Mme. PATRICIA DURRANT (Jamaïque) : cinquante ans après son adoption, la Déclaration universelle des droits de l'homme demeure un instrument de droit international très influent qui continue d'inspirer législations nationales et institutions de nombreux pays. Cette Déclaration met l'accent sur le caractère universel, indivisible et interdépendant de l'ensemble des droits de l'homme. Mon pays partage l'idée selon laquelle la promotion effective de ces droits passe par la prospérité économique et l'équité en matière sociale, inextricablement liées. La Jamaïque est déterminée à jouer pleinement son rôle pour promouvoir et protéger les droits individuels et collectifs de tous et particulièrement des populations les plus vulnérables.

Nous avons procédé à la ratification de nombreux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et nous sommes dotés d'une Constitution qui fait de la protection des droits de l'homme non seulement un devoir moral mais aussi une obligation politique. Si les Etats sont en premier lieu responsables de la protection des droits de l'homme, les individus et les groupes organisés sont, eux aussi, appelés à agir de façon à assurer l'effectivité de ces droits. Un partenariat social entre le Gouvernement et les différents acteurs de la société civile, fondé sur le respect mutuel, est la seule garantie véritable d'une promotion effective des droits de l'homme.

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M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) : le Cinquantenaire de la Déclaration des droits de l'homme est une occasion inestimable de célébrer les acquis mais également de réfléchir au chemin qu'il reste à parcourir. Cinquante ans plus tard, des défis continuent de se poser à la réalisation de l'idéal énoncé dans la Déclaration des droits de l'homme. Au cours des cinquante dernières années nous avons été les témoins de la recrudescence des crimes les plus horribles contre l'humanité. Nous devons aujourd'hui nous pencher sur les moyens de prévenir leur répétition et mettre en place une stratégie permettant d'atteindre les objectifs énoncés dans la Déclaration et les rendre véritablement universels. Cela implique la reconnaissance des liens qui existent entre paix, démocratie et développement. Il est évident que les objectifs de la Déclaration ne sauraient être atteints sans résoudre au préalable la crise silencieuse du sous-développement, de la pauvreté, de la pression démographique, et de la dégradation de l'environnement, causes de souffrances et de misère pour des millions de personnes. A l'aube du nouveau millénaire, nous devons redoubler d'efforts afin d'atteindre les idéaux définis par la Déclaration et nous assurer que la notion de dignité humaine ne s'applique pas qu'aux plus riches.

M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan): pendant cinquante ans, beaucoup a été fait pour mettre en oeuvre les dispositions de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Malheureusement, les droits de l'homme continuent d'être bafoués dans de nombreuses parties du monde. Nous appelons la communauté internationale à oeuvrer de concert pour combattre les graves violations des droits de l'homme que sont le génocide, le racisme et la xénophobie.

Depuis les premiers jours de la restauration de son indépendance, l'Azerbaïdjan, dont 20 % du territoire est occupé par l'Arménie, a fait l'amère expérience de graves violations des droits de l'homme. Une politique de nettoyage ethnique menée par l'Arménie a conduit au déplacement forcé d'un million de personnes. De toute évidence, les droits élémentaires de ces personnes ont été violés, y compris celui de vivre sur sa propre terre. En dépit de toutes ces difficultés, l'Azerbaïdjan bâtit une société démocratique qui offre les conditions nécessaires pour assurer le respect des droits de l'homme. Mais la création d'une base légale nationale n'est pas suffisante pour faire une société démocratique. Le rôle des Nations Unies et des organisations qui lui sont reliées est crucial pour garantir l'observance totale des droits de l'homme à travers le monde.

M. STAGG (Panama) : la Déclaration universelle de 1948, même si elle n'est pas parfaite, a posé les fondations juridiques et morales d'une nouvelle société soucieuse de transcender un monde de divisions. Dans ce même esprit, les 4 et 5 septembre derniers, le Gouvernement du Panama a énoncé dans la Déclaration de Panama, la norme commune que les pays du Groupe de Rio souhaitent réaliser pour tous les peuples et toutes les nations en gardant à l'esprit les principes d'universalité et d'indivisibilité des droits de l'homme, de démocratie et de développement. Les signataires de cette

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déclaration se sont prononcés avec une fermeté particulière contre la discrimination raciale, et en faveur des conditions de migration justes auxquelles tout être humain, quelle que soit son origine, a droit.

Le Panama s'est toujours attaché à accorder une protection appropriée aux groupes les plus vulnérables de sa société, et notamment les minorités ethniques, les femmes et les enfants. Le pays est également partie à la plupart des instruments et conventions de protection des droits de l'homme et de promotion du respect de la personne humaine.

M. MOCTAR OUANE (Mali) : ce Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme est une occasion de retourner aux sources et de s'interroger sur le message de la Déclaration. Dans l'esprit des Pactes additionnels relatifs aux droits civils et politiques et aux droits économiques, sociaux et culturels et dans le but d'assurer la réalité de ces droits, les Etats africains ont adopté la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples, et le Mali a créé, d'une part, un espace démocratique permettant aux partis politiques et à la société civile d'interpeller directement et publiquement le Gouvernement et, d'autre part, un Parlement des enfants afin d'assister les pouvoirs publics à mettre en oeuvre un plan d'action pour la survie, le développement et la protection des enfants.

Aujourd'hui, le combat en faveur des droits de l'homme doit se poursuivre sur le terrain du développement économique ainsi que le suggère le droit à la solidarité. Il nous faut également réfléchir aux nouvelles menaces qui planent sur les droits de l'homme du fait de la dégradation de l'environnement et de la procréation artificielle qui peuvent générer des remises en cause du droit à la vie ou à l'intégrité de la personne humaine. En dépit du chemin qui reste à parcourir dans ce domaine, il faut se réjouir de l'adoption du Statut de la cour pénale internationale et espérer qu'elle soit mise en place au plus vite.

M. TESFA ALEM SEYOUM (Erythrée) : un fossé important existe entre les principes consacrés par la Déclaration universelle des droits de l'homme et leur mise en oeuvre. Les bilans de la plupart des gouvernements en matière de droits de l'homme et les réponses apportées par les autres gouvernements demeurent bien loin de ce qu'il faut accomplir pour garantir à tous les peuples du monde une existence digne. Les droits de l'homme sont trop souvent invoqués comme un simple slogan, utilisés comme un instrument politique contre des ennemis ou pour des amis ou négligés lorsqu'ils ne répondent pas aux intérêts nationaux. Compte tenu de cette réalité, les Nations Unies et le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme, en particulier, émergent comme les instruments d'une action collective pour la défense des "sans voix" et des "sans défense". Cependant, l'Organisation des Nations Unies n'est que la somme d'Etats souverains. La poignée de fonctionnaires et d'institutions qui la composent n'auront aucun pouvoir et resteront les mains liées tant que la volonté de chaque nation de coopérer à leurs efforts fera défaut. Cette coopération n'a jamais atteint le niveau requis. Il est

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regrettable de constater les violations flagrantes des droits de l'homme qui se poursuivent sans que la communauté internationale n'apporte une réponse appropriée. Les déportations, détentions, expropriations et traitements inhumains infligés aux Erythréens et aux Ethiopiens d'origine érythréenne par le Gouvernement d'Ethiopie se poursuivent. A ce jour, 40 000 personnes ont été injustement déportées ou détenues arbitrairement et, la chasse aux sorcières se poursuit contre ceux qui sont restés dans le pays. A moins que des mesures vigoureuses ne soient prises là où les violations des droits de l'homme sont perpétrées, le fossé entre les idéaux consacrés et les actions continuera de se creuser, anihilant ainsi la portée des idéaux mêmes, que la communauté internationale s'est engagée à défendre.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao): cinquante années se sont écoulées depuis l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme et le monde est encore loin d'avoir atteint l'idéal qui avait inspiré l'Assemblée générale en 1948. La misère, la maladie et la faim continuent de nous hanter et restent encore des obstacles majeurs à la pleine jouissance des droits de l'homme. Devant une telle situation, il est impératif que la communauté internationale conjugue ses efforts et mène une action plus vigoureuse dans la quête des objectifs communs que nous nous sommes fixés. En 1991, la première Constitution de la République démocratique populaire lao a clairement défini les droits et devoirs des citoyens. De nombreuses autres lois dans divers domaines ont par la suite vu le jour, témoignant de la volonté du Gouvernement de transformer progressivement notre pays en un Etat de droit.

ANDRE MWAMBA KAPANGA (République démocratique du Congo): à l'heure du 50ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, la République démocratique du Congo (RDC) est victime d'une agression armée mettant en péril les droits fondamentaux de ses citoyens et portant une atteinte grave à sa souveraineté et à son intégrité territoriale. La RDC, malgré la violation quotidienne des droits des populations des provinces occupées, réaffirme son attachement aux principes énoncés dans la Charte de l'ONU.

La libération de la RDC, le 17 mai 1997, avait pour but de mettre fin à la dictature et instaurer un Etat de droit. Le Gouvernement s'est dès lors attaché à protéger et promouvoir les droits de l'homme sur tout le territoire, en matérialisant l'expression de l'attachement du peuple congolais à la culture de la paix et en restant fidèle à un calendrier visant à la démocratisation effective de l'espace politique national.

La dernière étape du calendrier électoral reste l'annonce par le chef de l'Etat, lors de la XXe Conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France, de la levée, fin janvier 1999, de la mesure de suspension des activités des partis politiques. A cela s'ajoute la création d'un Ministère des droits humains, chargé de diffuser et faire respecter le droit international humanitaire, ainsi que de veiller au respect des droits de l'homme par tous

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les organes de l'Etat. Le Gouvernement assure également, depuis septembre dernier, le libre accès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) aux combattants et prisonniers de guerre. Il a, en outre, mis en place une Commission interdépartementale pour les questions humanitaires assurant la protection des personnes vulnérables.

En partenariat avec le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme à Kinshasa, le Ministère des droits humains parraine ces jours-ci, à l'intention de la société civile, une campagne de sensibilisation aux droits de l'homme et s'efforce de promouvoir la vulgarisation de la Déclaration universelle dans les quatre langues nationales. Le Gouvernement souhaite l'aide de la communauté internationale en vue de la réforme de son système judiciaire.

M. CHARLES ESSONGHE (Gabon) : 1998 a été une année essentielle pour les droits de l'homme, avec notamment la préparation de la Conférence mondiale sur le racisme et l'adoption du statut portant création de la Cour pénale internationale permanente. Le respect effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales doit constituer l'un des objectifs majeurs de la communauté internationale. Au Gabon, nous considérons les droits de l'homme comme le fondement de notre existence. L'instauration d'un Etat de droit, a été le souci permanent des illustres anciens qui ont conduit notre pays à l'indépendance. Ayant présidé le Groupe ad hoc du Conseil de sécurité sur la situation des conflits en Afrique, nous ne pouvons oublier de mentionner le lien étroit existant entre les conflits et les droits de l'homme. Les multiples conflits à travers le monde et plus particulièrement en Afrique, ont donné lieu à de nombreuses et flagrantes violations. L'exercice des droits de l'homme est également un processus de longue haleine dont la réalisation ne saurait ignorer ni négliger les besoins économiques, sociaux et culturels de l'individu. Comment parler valablement des droits de l'homme quand l'accès à la nourriture et à l'éducation n'est pas à la portée de l'immense majorité des populations de la planète et notamment celles du sud ? Cet aspect devrait constituer une priorité absolue parmi les tâches qui restent à accomplir afin d'être en harmonie avec tous les nobles idéaux contenus dans la Déclaration universelle.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) : les avancées en matière de droits de l'homme ont essentiellement concerné les domaines civils et politiques, ne réservant aux droits économiques, sociaux et culturels qu'une attention inégale et insuffisante. Or, le développement économique et social demeure essentiel à l'essor et au développement de la démocratie, de la stabilité politique et des droits de l'homme. Le Maroc renouvelle ses engagements pour la consolidation de l'Etat de droit, la protection des droits et des libertés, conformément aux préceptes de l'Islam et des dispositions de la Constitution et des Conventions internationales qu'il a ratifiées. Le Maroc a franchi ces dernières années des étapes importantes sur la voie de la promotion et de l'amélioration de la situation en matière de droits de l'homme. Parmi les actions entreprises, figurent notamment le renforcement de son appareil légal, judiciaire et administratif et la création du Ministère des droits de l'homme.

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En avril 1998, le Conseil consultatif des droits de l'homme du Maroc a organisé à Marrakech la première rencontre méditerranéenne des institutions nationales de promotion et de protection des droits de l'homme, qui a abouti à l'adoption d'un Protocole relatif à la création au Maroc d'un Centre de formation et de documentation en matière de droits de l'homme. Les dispositions adoptées par le Gouvernement marocain pour épurer ce que l'on a appelé les "dossiers en suspens" et les projets en cours pour harmoniser les lois, l'éducation des droits de l'homme, le développement du dialogue et du partenariat avec les différentes forces de la société, témoignent également de la volonté politique du Maroc de concrétiser un projet de société fondé sur la solidarité et la concertation.

Si le phénomène de la mondialisation et de l'interdépendance contribue à l'amélioration et au développement de l'économie mondiale, il nécessite des ajustements pour éviter la marginalisation des pays dont l'économie reste précaire. Il paraît opportun d'établir un dialogue démocratique et équitable auquel doivent participer tous les Etats concernés afin de concrétiser le droit au développement auquel aspirent tous les pays en voie de développement. Cet objectif ne peut être atteint que par le renforcement de l'intervention des Nations Unies dans le domaine de la coopération internationale pour le développement.

M. TAYE WAH WAN CHAT KWONG (Maurice) : il y a cinquante ans, la signature de la Déclaration universelle des droits de l'homme a constitué la réponse de l'humanité aux plus sombres impulsions humaines qui avaient conduit aux horreurs innommables de la Deuxième guerre mondiale. La Déclaration a représenté, dans le même temps, un acte de foi dans le fait que l'humanité peut aussi être guidée par les sentiments et les aspirations les plus nobles. Comme l'attestent les atrocités commises en Europe, en Asie ou en Afrique, les leçons tirées de l'expérience n'ont pas été entièrement apprises et les appels aux "plus jamais ça" n'ont pas reçu l'écho escompté. Les droits de l'homme resteront, en conséquence, la scène d'une lutte perpétuelle entre les forces du mal et les forces de lumière. Les débats sur les droits de l'homme se sont trop souvent limités au clivage entre ceux qui donnent la primauté aux droits civils et politiques et ceux qui défendent la prééminence des droits économiques et sociaux. L'opposition entre ces deux séries de droits n'est qu'apparente tant il est vrai qu'elles ne forment que les deux faces d'une même pièce. Toute société qui n'embrasse pas simultanément ces deux séries de droits se heurtera tôt ou tard aux limites de son développement. Au mois de janvier prochain, l'Organisation de l'unité africaine tiendra sa première conférence ministérielle sur les droits de l'homme en Afrique. Sur invitation de l'OUA, Maurice a accepté d'accueillir cet événement opportun.

Mme ILHAM AHMED (Soudan) : ce document historique bénéficie du respect de tous car il approfondit les valeurs du patrimoine humain. Toutes les religions exigent d'ailleurs que l'être humain soit honoré et que sa dignité soit respectée. Le Soudan renouvelle son attachement à tous les pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme et son respect des valeurs de

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protection de l'individu issues de l'Islam. A l'occasion de ce Cinquantième Anniversaire, il est important de rappeler qu'il faut pratiquer la tolérance et protéger les droits de l'homme d'une politisation éphémère. Il faut également mettre l'accent sur le droit au développement et insister sur le fait qu'être privé des services fondamentaux est une contradiction des droits l'homme.

Le droit des peuples à l'autodétermination fait également partie intégrante des droits de l'homme et le combat des Palestiniens devrait être soutenu à ce titre. Il est indispensable désormais que les valeurs de liberté, d'égalité et de justice prévalent sans distinction de race ou de religion.

M. DURI MOHAMMED (Ethiopie): la célébration de la Déclaration universelle des droits de l'homme, axée sur le thème de "tous les droits pour tous", offre à la communauté internationale l'occasion unique d'examiner les progrès accomplis en matière de droits de l'homme aux niveaux national et international, et d'établir un plan d'action efficace en vue de leur mise en oeuvre.

La pauvreté sous toutes ses formes subsiste encore dans toutes les régions du monde. Plus d'un milliard de personnes, privées des ressources de base, vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Des mesures concrètes s'imposent en vue d'assurer la jouissance universelle des droits, et notamment du droit au développement.

La promotion et le respect des droits de l'homme forment la pierre angulaire du processus de démocratisation et du développement économique en l'Ethiopie. Suite à la chute du régime militaire en 1991, les principes de la Déclaration universelle furent incorporés à la Charte provisoire, puis à la Constitution de la République fédérale démocratique d'Ethiopie. L'Ethiopie, qui est partie à la plupart des grandes conventions internationales en matière de droits de l'homme, a procédé à une révision en profondeur de son système législatif et a établi une Commission des droits de l'homme doublée d'un bureau d'Ombudsman. Le pays soutient les efforts de la communauté internationale en matière de promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

M. MOSES DLAMINI (Swaziland) : bien que beaucoup ait été accompli pour la promotion et la protection des droits de l'homme depuis l'adoption de la Déclaration universelle en 1948, la communauté internationale reste confrontée à de nombreux défis alors que nous commémorons le Cinquantième Anniversaire de cette Déclaration. A cet égard, il est inquiétant de constater que les efforts déployés par les Nations Unies et la communauté internationale pour éliminer la pauvreté et la malnutrition, n'ont pas été appuyés par une véritable volonté politique pour mobiliser les ressources nécessaires. Dans ce contexte, il est important de rappeler l'importance de la coopération internationale pour assurer la promotion des droits de l'homme. De plus, il

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faudrait accorder la même importance au droit au développement qu'aux droits politiques. La décision de créer une Cour pénale internationale, représente un jalon important dans l'année en cours et permettra de mettre fin à l'impunité.

Le Gouvernement du Swaziland attache une importance particulière à la promotion et à la protection des droits de l'homme de son peuple, à travers des organismes tels que la Commission de révision constitutionnelle et la Stratégie de développement national par exemple. Dans ce contexte, le Swaziland appelle les nations du monde à réaffirmer leur engagement aux principes de la Charte des Nations Unies, afin d'assurer la paix et la sécurité internationales, la stabilité, le développement durable et l'espoir pour une prospérité future.

M. ABDUL HASSAN (Koweït) : il s'agit pour nous de créer un monde dans lequel les individus et les générations futures jouissent de la liberté, de la paix et de la sécurité. La Constitution du Koweït garantit les droits de l'homme. Notre pays est guidé par les paroles de Dieu, telles qu'elles nous ont été transmises par le Prophète. Le Koweït est à l'avant-garde des peuples qui respectent les droits de l'homme. J'en citerai comme exemple le fait que notre Parlement a créé un Comité qui se charge du respect des droits de l'homme. Plus que n'importe quel autre peuple, le peuple koweïtien a souffert des violations des droits de l'homme, lors de l'invasion par l'Iraq en 1991. Nous espérons que cette journée de commémoration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme poussera le Gouvernement iraquien a coopérer avec la Croix-Rouge internationale pour mettre un terme aux souffrances des prisonniers détenus par l'Iraq. Les droits consacrés par la législation divine et qui ont été transmis dans les textes sacrés doivent être respectés.

M. MARIO CASTELLON DUARTE (Nicaragua) : la Déclaration universelle est l'une des plus grandes réalisations de l'ONU et donne à l'Organisation une haute autorité morale. Elle est le premier document international qui place les droits économiques et sociaux à égalité avec les autres droits. Depuis son adoption, des milliards de personnes ont trouvé dans cet instrument aide et orientation. La Déclaration reste aujourd'hui encore source d'inspiration en matière de droits de l'homme. De nombreux pays ont en effet incorporé ses dispositions dans leur Constitution et leurs lois. Cette commémoration doit être l'occasion d'une réflexion et d'une autocritique. Il importe de voir à la fois les réalisations, mais aussi les difficultés et les obstacles à surmonter pour régler les problèmes d'aujourd'hui et de demain. Parmi les problèmes susceptibles d'entraver la jouissance des droits de l'homme, figurent notamment le terrorisme, le trafic de drogue, la xénophobie, la discrimination raciale, la discrimination à l'égard des femmes et la pauvreté extrême. Plus d'un milliard d'être humains vivent, en effet, dans la pauvreté totale, le désespoir et la frustration, une situation souvent source de conflits qui détruisent la cohésion sociale.

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Depuis 1948, le Nicaragua a connu des guerres civiles dévastatrices. Il avance aujourd'hui sur la voie de la consolidation de la paix et de la démocratie. Des avancées ont été réalisés en vue de renforcer le développement social. A l'occasion du Cinquantenaire de la Déclaration, le Nicaragua réaffirme son engagement à oeuvrer par tous les moyens à la promotion et la protection de tous les droits de l'homme.

M. FODE M. DABOR (Sierra Leone) : même si de nombreux progrès ont été réalisés pour atteindre les objectifs fixés en matière de droits de l'homme, beaucoup reste à faire comme en témoignent les multiples violations. Mon Gouvernement est engagé en faveur de la protection et de la mise en oeuvre des droits de l'homme de tous les citoyens. Notre constitution garantit la liberté d'expression, de mouvement, de réunion, de la presse et le droit à la vie.

Depuis 1991, une guerre menée par des rebelles sévit dans mon pays. Les plus horribles violations des droits ont été perpétrées par les rebelles contre des civils innocents. Le pays a été le théâtre d'amputations. Les femmes ont été violées pour la seule raison qu'elles soutenaient le Gouvernement, élu démocratiquement, d'Ahmad Tejan Kabbah. La communauté internationale ne doit pas permettre que les droits politiques de la population soient bafoués par la violence de groupes de rebelles qui ne croient pas en la démocratie.

Pour garantir la jouissance des droits de l'homme, il faut éradiquer la pauvreté et réduire le fossé entre les pauvres et les riches. Les droits à l'éducation, à la santé et à un niveau de vie décent sont aussi importants que la liberté d'expression.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq): un bref regard sur le monde qui nous entoure suffit à montrer que les aspirations qui nous ont fait rêver alors que nous chantions les principes et les idéaux des droits de l'homme ne sont que des illusions, qui accroissent jour après jour la frustration. Nous vivons dans un monde divisé entre un Nord riche et un Sud pauvre. A cause de cette division qui résulte de l'exploitation et de l'égoïsme, des millions de personnes meurent de faim et de malnutrition, et le fossé ne cesse de se creuser. C'est dans cet environnement que nous célébrons le Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. En fait, aucune religion, sagesse ou valeur humaine ne peut accepter un tel environnement qui empêche les quatre cinquièmes de l'humanité de vivre une vie humaine. Quand le cinquième de l'humanité, qui contrôle les ressources d'une manière très égoïste, parle de droits de l'homme, les quatre cinquièmes restants sont secoués par tant d'hypocrisie. Dans un tel environnement économique, politique et culturel, qui est fondé sur l'hégémonie des forts sur les pauvres, la majorité écrasante souffre du jugement prémédité et de la vision partielle formulée par les puissants. Les droits de l'homme sont devenus une arme politique dans les mains de quelques Etats et un instrument

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de chantage et de pression politique sur d'autres Etats. Tout cela constitue une violation du plus important pilier de la Charte des Nations Unies, à savoir le respect du principe d'égalité en droits et en devoirs parmi les Etats et les nations.

L'Iraq souffre sévèrement d'une situation anormale, qui est le résultat de l'imposition d'un embargo général depuis 1990, ce qui se révèle être sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Au cours de ces huit dernières années, cet embargo injuste a constitué une violation flagrante des droits de l'homme individuels et collectifs des Iraquiens. C'est un paradoxe terrifiant de constater que nous parlons ici de droits de l'homme alors qu'en Iraq, un enfant meurt toutes les six minutes à cause de l'embargo.

M. RAVAN FARHADI (Afghanistan): en tant que musulmans, nous croyons à la parole divine que nous lisons dans le Coran: "Nous avons accordé la dignité aux enfants d'Adam". C'est avec cet esprit que la délégation afghane avait contribué à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il y a un demi siècle. Il devient de plus en plus clair, dans notre monde, que la guerre, l'intervention étrangère, surtout l'intervention armée, constituent les moyens les plus atroces de violation des droits de l'homme, à commencer par le droit à la vie, qui est le droit le plus primordial de l'être humain.

Dans la résolution que l'Assemblée générale a adoptée à l'unanimité, nous avons réaffirmé qu'il convient d'assurer l'exercice effectif des droits de la femme et de la petite fille qui sont des droits inaliénables et indivisibles, faisant partie intégrante de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales. En Afghanistan, depuis quatre ans, ce sont les droits de la femme qui sont devenus victimes des violations les plus graves. En tant que représentant d'un pays frappé par la guerre, je propose qu'à côté des droits civils, politiques, économiques et culturels, la communauté internationale formule des propositions sur les droits des peuples et des nations à la paix.

M. JAN VARSO (Slovaquie) : nous devrions réfléchir aujourd'hui sur les questions fondamentales, concernant le contenu de la Déclaration universelle, posées par cette codification des droits de l'homme. Force est de constater que la situation actuelle des droits de l'homme n'est pas satisfaisante. Nous sommes témoins de constantes violations des droits de l'homme dans la plupart du monde. Il faut se demander activement ce qu'il faut faire pour que ces droits et libertés ne soient plus bafoués et trouver des mécanismes pour que l'application des instruments juridiques internationaux soit réellement et universellement assurée. Les Etats se doivent d'agir comme garants de l'application sans équivoque des instruments juridiques de défense des droits de l'homme et la communauté internationale doit prendre ses responsabilités lorsque les Etats s'avèrent incapables de jouer leur rôle.

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Il est important de créer des organes de contrôle et plus particulièrement des organes judiciaires, telle la Cour pénale internationale dont le Statut a été adopté cet été à Rome. Le Gouvernement slovaque a, pour sa part, créé le poste de Vice-Premier Ministre pour les droits de l'homme et le Parlement a institué un Comité spécialement chargé des droits de l'homme. En outre, le Gouvernement slovaque s'est engagé à poursuivre une politique étrangère qui voue une attention permanente à la dimension humaine et à jouer un rôle actif, au plan international, dans les domaines des droits de l'homme et des minorités nationales.

M. JENÖ C.A. STAEHELIN (Suisse): l'adoption avant-hier, par l'Assemblée générale, de la Déclaration sur les droits et responsabilités des défenseurs des droits de l'homme constitue, pour nous, un motif de fierté. Nous souhaitons que la Commission des droits de l'homme mette en place les mécanismes internationaux de contrôle nécessaires à son application dans le monde entier. Dans ce même contexte, nous souhaitons que la mise en oeuvre de la Convention contre la torture puisse être améliorée par l'adoption d'un protocole facultatif, tel que proposé par le Costa Rica et la Suisse.

Une importance primordiale doit être attribuée à la réalisation des droits de la femme et de l'enfant. Des millions de femmes sont mutilées sexuellement ou n'ont pas accès égal à l'éducation et des millions d'enfants sont obligés de travailler sans scolarité ou sont impliqués par la force dans des conflits armés. Ces exemples illustrent combien le droit au développement et les droits de la personne sont interconnectés.

L'ouverture des frontières et des marchés a conféré aux acteurs économiques un pouvoir dont nous n'arrivons pas toujours à saisir la portée. Aussi est-il important de sensibiliser les acteurs de l'économie aux droits de la personne et de les responsabiliser en la matière.

Sa Sainteté JEAN PAUL II, dans un message lu par Mgr. Martino (Saint- Siège) : celui qui regarde le monde aujourd'hui ne peut que constater que les droits fondamentaux proclamés, codifiés et célébrés font encore l'objet de violations graves et continues. Cet Anniversaire est donc pour chacun des Etats, qui se réfèrent volontiers au texte de 1948, un appel à un examen de conscience. La tendance actuelle à choisir tel ou tel droit ou à isoler de leur contexte des droits particuliers menace la structure organique de la Déclaration qui assortit tout droit d'autres droits, de devoirs et de limites, requis par un ordre social équitable. Evitons donc qu'avec les années qui passent, ce texte fondateur ne soit plus qu'un monument qu'on admire ou pire un document d'archives.

Le combat pour les droits de l'homme constitue encore un défi à relever qui demande de la part de tous persévérance et créativité. Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui jouissent d'une souveraineté comparable à celle d'un Etat et qui influencent de manière décisive la destinée de millions d'hommes et de femmes; il conviendrait donc de trouver les moyens appropriés pour

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s'assurer qu'eux aussi appliquent la Déclaration. Il nous incombe également de faire en sorte pour que les principes énoncés dans la Déclaration s'enracinent dans les diverses traditions culturelles et religieuses. Au vu de ceux qui sont décimés par la maladie, frappés par les catastrophes naturelles, prostrés dans la pauvreté ou victimes de guerres cruelles tandis que les nantis jouissent avec ostentation du superflu, il faut tirer la leçon de l'histoire selon laquelle la dignité, la liberté et le bonheur ne seront jamais complets sans la solidarité.

M. JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH (Observateur de l'Ordre militaire souverain de Malte) : considérée comme la plus ancienne entité à caractère humanitaire, l'Ordre militaire souverain de Malte, est encore actif aujourd'hui. Présent dans plus de 100 pays, composé d'unités de volontaires dévoués et toujours prêts à intervenir dans les situations d'urgence, comme cela a été le cas récemment dans la région des Caraïbes, telles sont les caractéristiques qui témoignent des importants services que l'Ordre offre à l'humanité. Nous constatons que tous les éléments indispensables à la protection des droits de l'homme figurent dans la Déclaration universelle, tels la non-discrimination fondée sur la race, le sexe, la langue ou la religion, la liberté et la sécurité des individus, le droit à la vie, l'abolition de l'esclavage, l'égalité devant la loi, la liberté de résidence, le droit à la famille et à la propriété. Ces objectifs n'ont toutefois pas encore été pleinement atteints. Plus de 100 millions de personnes vivent dans des conditions de pauvreté abjecte ou souffrent de sous-alimentation. La drogue, la prostitution, le racisme, les conflits armés et l'ignorance constituent d'autres fléaux qui affectent un grand nombre d'êtres humains. Conformément à sa tradition, l'Ordre militaire souverain de Malte affirme que les droits de l'homme sont une émanation directe de Dieu. Pourtant, l'idée des droits de l'homme ne s'est développée que très lentement dans la conscience humaine. La vie humaine doit être protégée dans toute sa durée, depuis la conception jusqu'à la mort dans la dignité. Les violations des droits de l'homme doivent être un sujet de préoccupation de chaque Etat dans les limites de sa souveraineté, mais aussi de la communauté internationale.

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