AG/873

L'INTERDEPENDANCE ENTRE DROITS CIVILS ET POLITIQUES ET DROITS ECONOMIQUES SOCIAUX ET CULTURELS REAFFIRMEE A L'ASSEMBLEE

11 décembre 1998


Communiqué de Presse
AG/873


L'INTERDEPENDANCE ENTRE DROITS CIVILS ET POLITIQUES ET DROITS ECONOMIQUES SOCIAUX ET CULTURELS REAFFIRMEE A L'ASSEMBLEE

19981211 Plaidoyer pour que la diversité culturelle cesse d'être perçue comme un obstacle au respect des droits de l'homme

En matière de promotion des droits de l'homme, ce serait une erreur de privilégier les droits civils et politiques au détriment des droits économiques, sociaux et culturels. Car pour les sociétés en développement, la faim et la misère sont le terreau qui alimente la violence et les conflits et, partant, les violations massives et flagrantes des droits de l'homme. La lutte pour le respect des droits de l'homme, partout dans le monde devrait par conséquent s'inscrire dans le discours plus large sur le droit au développement qui passe nécessairement par l'éradication de la pauvreté.

Ces observations ont été faites ce matin, alors que l'Assemblée générale poursuivait la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Tout en se félicitant de la reconnaissance, par la Conférence de Vienne en 1993 des droits culturels, certains représentants ont remarqué que le pluralisme et la diversité culturelle d'une part, et l'universalité des droits de l'homme d'autre part, ne sont en rien contradictoires, mais au contraire, se renforcent mutuellement. Ainsi l'objectif final des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme n'est pas d'imposer une uniformité artificielle à des êtres humains dont les identités sont ancrées dans leurs origines culturelles, religieuses et historiques mais de pousser à la pratique de la tolérance, qui est un signe de respect de la diversité, et non pas de sa suppression au nom de l'universalité. Le représentant de la Bulgarie a annoncé que la peine de mort venait d'être abolie ce matin même dans son pays.

Les délégations suivantes ont pris la parole : Philippines, Géorgie, Mauritanie, ex-République yougoslave de Macédoine, Afrique du Sud, Israël, Malaisie, Namibie, Yémen, République islamique d'Iran, République tchèque, Myanmar, Hongrie, Jamahiriya arabe libyenne, République de Moldova, Fédération de Russie, Sri Lanka, Iles Salomon, Bahreïn, Cameroun, Arménie, Lettonie, Samoa, Haïti, Qatar, Honduras, Bulgarie, Indonésie, Fidji, République-Unie de Tanzanie, Libéria, Lésotho, Niger et République dominicaine.

L'Assemblée poursuivra la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme cet après-midi à 15 heures.

CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA DECLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L'HOMME

Déclarations

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines): depuis son adoption en 1948, la Déclaration a continué à susciter de nombreuses conventions et déclarations. Les droits des femmes, des enfants et des personnes vulnérables ont reçu une attention croissante. Aujourd'hui, alors que nous commémorons le Cinquantième Anniversaire de la Déclaration, nous devons nous concentrer sur le travail qui reste à faire. Dans les pays qui souffrent d'une pauvreté endémique, les droits économiques sont aussi importants que les droits civils et politiques. En conséquence, les cinquante prochaines années doivent être consacrées à la promotion et à la protection des droits économiques, sociaux et culturels et du droit au développement afin de tenir la promesse, contenue dans la Déclaration, de progrès social, de meilleures conditions de vie et de plus de liberté.

Un des plus importants facteurs du futur des droits de l'homme est peut être la capacité des Nations Unies à répondre au défi de la réalisation universelle des droits de l'homme. Pour cela, l'ONU doit elle-même être plus démocratique, moins encline à politiser les droits de l'homme et se procurer les ressources nécessaires pour s'acquitter de sa tâche. L'éducation aux droits de l'homme doit demeurer une priorité et il faut également renforcer le partenariat avec la société civile, en particulier les organisations non gouvernementales.

M. PETER CHKHEIDZE (Géorgie) : la coopération effective basée sur les accords du Haut Commissaire aux droits de l'homme avec les gouvernements, et avec les organisations non gouvernementales des différents pays devrait être davantage développée. Le système d'éducation aux droits de l'homme devrait être également élaboré. L'assistance aux Etats visant à créer et à développer des structures nationales doit être plus systématique et mieux planifiée. Comme nous l'avons répété à maintes reprises, les problèmes de développement économique et de conflits armés sont fortement liés aux questions des droits de l'homme. De plus, le sort de ceux qui sont victimes de la pauvreté et de la privation économique n'est pas moins préoccupant. Malheureusement, les efforts internationaux ne sont pas suffisants pour vaincre ces fléaux et l'on ne peut pas parler de réalisation considérable en ce qui concerne la mise en oeuvre de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il faut déplorer que le seul mécanisme permettant de protéger les droits de l'homme réside dans l'usage de la force. C'est pourquoi nous devons faire en sorte qu'il n'y ait pas "d'effets secondaire" dans l'application de la Déclaration. La création de la Cour pénale internationale semble être une réalisation majeure et nous pouvons en être fiers. Tout un chacun devrait savoir que les crimes contre l'humanité ne resteront plus impunis et que la culture de l'impunité cessera d'exister. La Géorgie a une tradition fortement ancrée dans la tolérance et l'humanité. Elle a notamment aboli la peine capitale et continue à prendre des mesures pour reconstruire la confiance entre les différents groupes de la société en élaborant des projets économiques et des politiques de

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réconciliation qui bénéficient à tous. La Géorgie appelle la famille des nations à ne pas réduire ses efforts pour trouver des solutions au problème des réfugiés et des personnes déplacées et pour restaurer la paix et remettre l'économie sur les rails.

M. OULD DEDDACH (Mauritanie) : le droit au développement est un droit universel et inaliénable. Les droits de l'homme doivent être traités sur une base impartiale dans les relations internationales, et en tenant compte de la diversité des cultures. Le cadre législatif qui protège les droit de l'homme en Mauritanie est basé sur notre Constitution qui stipule attachement à la religion islamique, à la Déclaration universelle des droits de l'homme, à la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples et aux conventions internationales. Notre République garantit à tous l'égalité devant la loi, quelles que soient l'origine, la race ou la religion. Nous avons promulgué des lois qui s'inspirent de la Déclaration universelle des droits de l'homme et qui concernent l'emploi, les élections, le pluralisme politique. Nous avons mis en place une Commission des droits de l'homme qui a pour but de promouvoir ces valeurs et de combattre la pauvreté. Dans le cadre du travail social, nous menons, d'une part, un combat contre l'analphabétisme et d'autre part, nous favorisons la promotion de la femme. Mon pays accueille favorablement la tenue d'une conférence sur la lutte contre la discrimination raciale. Nous sommes convaincus qu'il faut mettre un terme aux violations des droits de l'homme qui subsistent dans diverses régions du monde.

M. NASTE CALOVSKI (Ex-République yougoslave de Macédoine) : la lutte du peuple de Macédoine pour la liberté, la justice et la paix a connu des moments importants et difficiles. Il importe avant tout de préserver les droits égaux et inaliénables de chacun, et de promouvoir les relations amicales entre les peuples.

La Déclaration universelle ne représente pas le mot de la fin en matière de droits de l'homme. Il s'agit de réaffirmer certains droits dans la réalité des faits, et de s'attacher au développement et à la définition de certains autres. L'action de la communauté internationale doit aboutir à l'élimination de toutes les formes de discrimination et à renforcer le respect de la dignité de la personne humaine. La violation préoccupante des droits et libertés fondamentales un peu partout dans le monde est une incitation à faire davantage dans ce domaine.

La solidarité internationale s'impose face à l'inégalité des conditions économiques. Le processus de mondialisation ne constitue pas une garantie de la suppression de l'écart entre pays riches et pays pauvres. Le rôle de l'ONU est de promouvoir le développement et la croissance, de renforcer la démocratie et l'état de droit, et d'encourager la coopération internationale grâce à l'intégration régionale et mondiale. Il appartient à la communauté internationale de faire en sorte que chaque individu se sente un citoyen du

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monde; de veiller au respect généralisé des principes énoncés dans la Déclaration, et de bâtir un monde axé sur les droits de l'homme d'où, comme l'a dit le Président Gligorov, "seront à jamais bannies la peine de mort et la torture".

M. KHIPHUSIZI J. JELE (Afrique du Sud) : pour l'Afrique du Sud, la Déclaration universelle des droits de l'homme a toujours été un instrument qui porte les espoirs et aspirations de notre peuple. La valeur que cette Déclaration attache au droit au développement est de la plus haute importance car l'Afrique du Sud estime que ce droit sous-tend la promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Bien que le sous-développement ne devrait pas et ne doit pas être invoqué pour justifier les violations des droits de l'homme, l'expérience a démontré que l'absence de développement constitue un obstacle à la pleine réalisation des libertés et des droits de l'homme. Ainsi il existe une nécessité urgente de mettre l'accent sur le droit au développement et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, car ils sont interdépendants et se renforcent mutuellement.

L'Afrique du Sud est très préoccupée par les tendances actuelles au racisme, à la discrimination raciale, à la xénophobie et à d'autres formes d'intolérance dans certaines parties du monde. Dans ce contexte, elle rappelle la Déclaration et le Plan d'action de Vienne qui insistent sur le besoin pour les gouvernements de condamner non seulement ces pratiques mais aussi de mettre en place des mesures et programmes contre ces nouvelles formes de racisme. Nous attendons ainsi avec impatience les résultats de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale et la xénophobie, qui se tiendra en 2001. Dans ce contexte, l'Afrique du Sud lance aujourd'hui un Plan d'action national pour la promotion et la protection des droits de l'homme qui coïncide avec la célébration du Cinquantenaire.

M. DORE GOLD (Israël) : nous avons des liens très forts, historiques, avec la Déclaration des droits de l'homme. Notre Etat et la Déclaration sont nés dans le sillage de la même action internationale menée en vue de mettre fin à des violations sans précédent des droits de l'homme. La Déclaration des droits de l'homme rappelle au monde les principes qui devraient diriger les règles de droit dans toutes les sociétés. Le droit des juifs à une terre leur a été dénié pendant des siècles. C'est l'holocauste qui a déterminé la communauté internationale à donner une terre aux juifs. Notre Etat assure l'égalité complète des individus en matière de droits sociaux et politiques, indépendamment de la race et du sexe. Notre Constitution reconnaît de même la liberté de religion. Nous avons mis en place une Cour suprême et sommes fiers de ses accomplissements. Elle nous a permis de prendre en compte certaines pétitions émanant de la population arabe des territoires. La jurisprudence de la Cour a permis de promulguer des lois protégeant le droit à la vie, à la liberté et à la dignité. Un Gouvernement responsable est la meilleure garantie pour le respect des droits de l'homme.

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Je suis peiné de dire que nous sommes toujours obligés de traiter des menaces constantes de terrorisme dans nos rues. En dépit des Accords d'Oslo signés il y a de cela cinq ans, le terrorisme a ôté la vie à près de 300 Israéliens. La liberté et la dignité humaine sont bafouées lorsque les citoyens ne peuvent traverser la rue ou prendre un bus sans craindre un attentat. Le terrorisme repose sur une vaste infrastructure d'appui souvent placée sous la coupe d'Etats souverains. Louer les droits de l'homme d'un côté et, de l'autre, permettre que des attentats terroristes soient commis revient à se moquer de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

M. HASMY AGAM (Malaisie): ma délégation estime que la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme doit être caractérisée par une évaluation sobre et franche des réalisations, et de ce qui reste à faire, en matière de promotion et de protection des droits de l'homme au cours des cinquante dernières années. De grandes parties de l'humanité ne sont toujours pas en mesure de jouir des droits proclamés dans la Déclaration. Des centaines de millions de personnes dans les pays en développement sont toujours privées du droit au développement, ce qui est devenu d'autant plus manifeste dans le contexte actuel de mondialisation de l'économie, dont la crise financière asiatique a été une illustration claire.

En outre, des violations des droits de l'homme ont toujours lieu, en particulier dans les régions touchées par des conflits. La communauté internationale ne doit pas se limiter à condamner les responsables des graves violations des droits de l'homme, mais elle doit veiller à ce qu'ils soient châtiés. Les mécanismes appropriés en place à cet effet doivent être pleinement utilisés afin de garantir l'entière protection et jouissance des droits.

Dans le contexte de la promotion des droits de l'homme, on doit se poser un certain nombre de questions pertinentes et notamment : Peut-on être réellement objectif? Est-il juste d'avoir deux poids et deux mesures? Peut- on éviter des considérations biaisées? Lorsque l'on parle de droits, ne doit- on pas également parler d'obligations et de responsabilités? Ces questions doivent trouver des réponses, en dépit de leur complexité, si l'on souhaite maintenir une certaine crédibilité et autorité morale en tant que porte- paroles des droits de l'homme.

La Malaisie réitère sa profonde conviction que les droits de l'homme sont universels et indivisibles, interdépendants et connexes. Les droits de l'homme ne devraient pas uniquement mettre l'accent sur les droits politiques et civils. Pour la Malaisie, en tant que pays en développement, les droits sociaux et économiques, dans le contexte plus large du droit au développement, sont aussi importants que les droits politiques et civils.

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M. MARTIN ANDJABA (Namibie) : la longue liste des intervenants pour la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme témoigne de notre confiance collective dans la validité de cette Déclaration. Cependant, puisqu'une part très importante de la population mondiale vit dans la pauvreté, de nouvelles approches sont nécessaires. Durant de nombreuses années, le peuple de Namibie a été sujet à des violations des droits de l'homme. A son indépendance, son souci principal a été de protéger les droits de l'homme, et il s'est appuyé sur la Déclaration universelle pour établir sa Constitution et sa politique de réconciliation nationale. Une formation est fournie à travers des programmes qui proposent une assistance technique en matière de droits de l'homme, afin de renforcer la capacité nationale de notre pays à mettre en place une meilleure protection de ces droits. De plus, les droits à un niveau de vie décent et à un travail sont aussi importants que les droits politiques et civils. Nous espérons que la vision des pères fondateurs de la Déclaration universelle deviendra une réalité quotidienne pour la génération du nouveau millénaire.

M. ALAKWAA (Yémen) : la République du Yémen est membre à part entière de tous les principaux instruments et actes juridiques en matière de défense des droits de l'homme, et la Déclaration universelle des droits de l'homme est prise en compte dans notre juridiction nationale. Le multipartisme et les droits civils et politiques ont été mis en place suite à la réunification du Yémen. Les droits de l'homme sont maintenant sacrés et inaliénables, et ne peuvent plus être bafoués impunément. Mais il est nécessaire de respecter le lien entre les droits sociaux et économiques, et les droits politiques et civils, qui sont étroitement interdépendants. Il faut ici noter l'importance de l'aide humanitaire, et le fait qu'il ne peut y avoir deux poids et deux mesures en la matière sans miner la crédibilité des instruments existants. Nous prions la communauté internationale de redoubler d'efforts et de coordonner son action pour créer un monde plus humain où les liens d'amitié prévalent.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) : le pluralisme mondial et la diversité culturelle d'une part et l'universalité des droits de l'homme d'autre part, ne sont pas contradictoires, ce sont des concepts qui se renforcent mutuellement. L'objectif ultime des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme ne doit pas tendre vers une uniformisation artificielle des êtres humains alors que les identités reposent sur des contextes culturels, historiques et religieux et des valeurs très différents. La tolérance signifie le respect de la diversité et non sa suppression au nom de l'universalité. Chaque effort devrait permettre de parvenir à davantage de compréhension collective des principes de la Déclaration des droits de l'homme. A cet égard, la récente initiative du Haut Commissaire en faveur d'un commentaire islamique sur la Déclaration universelle est une avancée positive dans la bonne direction.

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M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque) : au cours des cinquante dernières années, la communauté internationale a inlassablement cherché à garantir à tout individu les aspects fondamentaux de son existence sociale. Toutefois, dans la réalité, la sauvegarde effective de valeurs nobles telles que l'honneur, la dignité, la liberté individuelle et l'égalité, fait toujours l'objet d'interrogations. En effet, dans le domaine des droits de l'homme, la portée de nombreux instruments internationaux a été diminuée par les réserves exprimées par certains Etats parties, qui ont voulu les rendre conformes à leurs législations nationales.

Le Gouvernement tchèque a récemment nommé, dans le cadre de ses efforts pour respecter les engagements internationaux en matière de droits de l'homme, un représentant du Gouvernement chargé de cette question. Ce changement institutionnel s'accompagnera dans un proche avenir d'une nouvelle législation visant à renforcer la promotion des droits de l'homme.

Cette année, le Statut de la Cour pénale internationale a été adopté, un événement hautement symbolique pour la communauté internationale, une étape historique qui survient à l'occasion de l'Année du Cinquantenaire de la Déclaration. Le fait de mettre fin à l'impunité des responsables de violations graves des droits de l'homme sera certainement une arme efficace pour éviter à l'avenir que de tels crimes soient commis et, partant, contribuera à la promotion des droits de l'homme à l'échelle internationale. La République tchèque prend actuellement les mesures nécessaires au niveau national qui lui permettront de devenir signataire du Statut de la Cour pénale internationale.

M. WIN MRA (Myanmar) : la Déclaration universelle des droits de l'homme, en établissant une "norme commune" dont la force morale incite tous les peuples et toutes les nations à s'y conformer, a inspiré la rédaction de nombreux autres instruments, nationaux et internationaux, de promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales. En réaction aux atrocités perpétrées durant la Seconde Guerre mondiale, les rédacteurs de la Déclaration, dans un élan proprement visionnaire, y ont inclus des principes et des valeurs communs à toutes les sociétés et cultures, et valables en tous temps et en tous lieux.

Depuis 50 ans, la Déclaration a influé sur les mentalités. Cette influence s'est manifestée par des amendements aux législations nationales et au travers de la rédaction des deux Conventions en matière de droits de l'homme, qui portent l'empreinte de ce document et en tirent leur force. S'y sont ajoutées diverses déclarations, résolutions et conventions régionales sur les droits de l'homme, s'inspirant de l'esprit et de la lettre de la Déclaration, dont quelques 60 déclarations, conventions et protocoles élaborés dans le cadre de l'ONU. D'autres textes, rédigés indépendamment de l'ONU, tels que, entre autres, la Convention européenne des droits de l'homme, complètent le tableau des droits de l'homme. Quant à la Déclaration elle-même, elle reste un document vivant, aux aspirations élevées, qui a acquis ses lettres de noblesse au fil du temps et dont le statut grandit de jour en jour. Il appartient à la communauté internationale de le promouvoir.

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M. ANDRE ERDOS (Hongrie) : l'esprit et la teneur de la Déclaration universelle ont joué un rôle déterminant dans la préparation intellectuelle des changements dramatiques d'il y a six ans en Europe centrale et orientale. Ils ont contribué de manière décisive à l'écroulement des régimes totalitaires et à l'épanouissement des transformations démocratiques. La Hongrie a fait une interprétation musicale de la Déclaration universelle dans les années 70, ce qui était à l'époque un exploit courageux. La Hongrie sera en mesure d'apporter une contribution plus spécifique à la mise en oeuvre des droits de l'homme en exerçant pendant la période en cours les fonctions de la présidence du Comité ministériel du Conseil de l'Europe, organisation qui a beaucoup oeuvré pour la diffusion des connaissances sur les droits de l'homme et pour leur mise en oeuvre, y compris dans le domaine des droits des minorités nationales, ethniques, religieuses ou linguistiques. La Hongrie a notamment insisté, dans ce cadre, sur l'amélioration de l'efficacité du système de vérification des obligations assumées dans le domaine des droits de l'homme. C'est aussi pendant la présidence hongroise du Comité ministériel au Conseil de l'Europe que l'on envisage de créer la cour européenne des droits de l'homme.

M. SERGIWA (Jamahiriya arabe libyenne) : nous commémorons aujourd'hui le Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ce qui témoigne de l'intérêt que voue la communauté internationale à la promotion et au respect des droits de l'homme. Cette Déclaration prévoit notamment l'égalité des droits de tous les êtres humains, et les instruments internationaux en matière de droits de l'homme ayant été adoptés par la suite reconnaissent le droit au développement et les droits culturels comme faisant partie intégrante des droits de l'homme. Nous sommes conscients des efforts de l'ONU dans le domaine du respect et de la promotion des droits de l'homme, et nous nous en félicitons. Nous ne pouvons accepter les violations des droits de l'homme qui persistent dans le monde, et en particulier les génocides et les violations des droits du peuple palestinien. Ces violations sont d'autant plus graves que certains pays ont politisé le discours des droits de l'homme, ignorant le principe de neutralité et tombant dans une interprétation sélective de la Déclaration universelle.

Nous sommes convaincus que tous les peuples ne sont toujours pas libérés de la culture de la persécution, et que de nombreux individus se voient encore privés de leur droits fondamentaux leur permettant de vivre dans des conditions décentes afin de garantir leur dignité.

Malgré tous les efforts du Gouvernement libyen en matière de promotion et de respect des droits de l'homme, le peuple libyen continue de faire face à un obstacle majeur à la réalisation de son droit au développement, à cause de l'embargo encore en vigueur. La Libye espère que la communauté internationale se penchera sur l'examen des sanctions imposées au peuple libyen et jugera bon d'évaluer les progrès réalisés dans le domaine des droits de l'homme et d'identifier les obstacles entravant l'exercice de ces droits.

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M. ION BOTNARU (République de Moldova) : la promotion et la protection des droits de l'homme relève en premier lieu de la responsabilité des Etats. Mon Gouvernement attache une importance particulière à ces droits ainsi qu'aux libertés fondamentales. Dans ce contexte, toutes les élections qui ont eu lieu dans mon pays depuis l'indépendance ont été réalisées sur une base multipartite et dans le respect de la liberté. Notre Parlement national a adopté plus de 20 textes de lois relatifs aux droits de l'homme. Respect et protection des droits de l'homme sont aussi garantis par notre Constitution, par l'application du principe de la séparation des pouvoirs et par celui de responsabilité de l'Etat envers les citoyens. De plus, nous avons ratifié les principaux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. En dépit des difficultés économiques et de la crise financière, mon pays ne ménage pas ses efforts pour consolider les droits de l'homme. Malheureusement ce processus est affecté par les actions des séparatistes dans l'est de notre territoire, violant ainsi les droits civils, politiques, économiques et culturels de notre population. En dépit des appels émanant d'organisations internationales, les membres du groupe "Ilascu" qui ont été envoyés en prison il y a six ans, n'ont toujours pas été libérés.

Nous sommes déterminés à collaborer avec tous les organes des Nations Unies afin de promouvoir, dans notre propre pays et ailleurs, le droit à la vie, à la liberté, à la justice et à l'égalité.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) : la phrase phare de la célébration de ce Cinquantenaire, "Les droits de l'homme pour tous", signifie que la Déclaration universelle ne devrait pas être lue de manière sélective ou interprétée de façon biaisée. De la même façon, l'on peut douter que les libertés démocratiques soient favorisées par des sanctions économiques indéfinies et des mesures unilatérales coercitives. Il est difficile de parler de justice universelle quand la dignité humaine est rendue tributaire de l'origine ethnique de la personne. Le peuple russe s'est mis en marche sur la voie de la construction d'une société démocratique où les droits de l'homme constituent des priorités à l'ordre du jour du Gouvernement. Aujourd'hui la Fédération de Russie peut se targuer d'avoir des élections démocratiques, un pluralisme politique, la liberté d'expression, des médias de masse indépendants, et une prise de conscience de plus en plus grande de la société civile.

Parmi les événements majeurs qui ont eu lieu cette année, on peut citer la ratification par l'Assemblée fédérale des conventions de base du Conseil de sécurité, l'élection d'un Ombudsman pour les droits de l'homme, et le transfert du système pénitentiaire de la sphère de compétence du Ministre des affaires intérieures à celle du Ministre de la justice. L'appel lancé par l'Assemblée générale des Nations Unies d'accroître "la connaissance des droits proclamés dans la Déclaration et les autres instruments dans le domaine des droits de l'homme" a trouvé un écho en Russie non seulement par le biais des structures gouvernementales, mais aussi par le moyen d'initiatives locales.

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M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) : le Sri Lanka attache une importance particulière aux droits de l'homme aux niveaux national et international. Nous appuyons le travail des Nations Unies dans le domaine de la défense des droits de l'homme. Cependant, la pauvreté persistante dans le monde et les violations récurrentes des droits de l'homme, nous conduisent à souhaiter une condamnation plus ferme et un effort plus soutenu en faveur du droit au développement. Bien que le constat des cinquante dernières années ne soit pas toujours positif, espérons que les cinquante prochaines années seront empreintes de plus d'humanité. A cet égard, il serait souhaitable que les mesures les plus efficaces pour la promotion et la protection des droits de l'homme soient prises au niveau de la juridiction nationale des Etats. Ainsi, nous pouvons conclure qu'il existe des limites au langage qui impose des obligations légales, aux affrontements dans le cadre des délibérations internationales, et aux mesures coercitives. Il est possible de revenir au discours sous forme de proclamation du paragraphe initial de la Déclaration universelle, qui énonce des normes à atteindre et recourt à l'exhortation.

M. REX HOROI (Iles Salomon) : la Déclaration universelle des droits de l'homme est le résultat d'un compromis, auquel les Iles Salomon expriment leur soutien complet. Cependant, la célébration du Cinquantième Anniversaire de cette Déclaration doit rester sobre, étant donné les centaines de millions de personnes qui ne jouissent toujours pas de leurs droits les plus fondamentaux. A cet égard, il est nécessaire de se pencher sur les facteurs économiques, politiques et sociaux qui génèrent et entretiennent la pauvreté. Par ailleurs, j'ai récemment signé au nom de mon Gouvernement, le Statut de la Cour pénale internationale, qui marque une étape importante dans la poursuite des responsables des crimes contre l'humanité. La coopération internationale reste essentielle pour les pays en développement, afin qu'ils puissent participer aux conventions sur les droits de l'homme, et les appliquer sur leur territoire national.

La Constitution des Iles Salomon respecte et protège les droits de l'homme de son peuple. La diversité culturelle, géographique et linguistique à laquelle nous sommes confrontés rend la tâche particulièrement difficile pour mon Gouvernement. En effet, les relations traditionnelles entre l'individu, la famille et l'environnement posent des questions sérieuses dans l'application des droits de l'homme. Cependant, la compréhension mutuelle et le respect des diversités culturelles de nos sociétés renforceront le système national et international de promotion des droits de l'homme.

M. AL-DOSARI (Bahreïn) : Barheïn se félicite de ce que la communauté internationale joue un rôle important dans la consécration des droits et des principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme notamment à grâce à ses grandes commissions, le Conseil économique et social et surtout le Haut Commissariat aux droits de l'homme. Etant donné que la religion islamique est fondée sur les principes de tolérance et d'égalité, la Déclaration constitue une base essentielle. Ainsi, l'engagement de Bahreïn se fonde sur la charia islamique qui se fonde elle-même sur la Déclaration. Notre pays a parcouru un long chemin en direction d'une société développée au

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niveau économique, social et culturel. Bahreïn, de part son engagement en faveur de cette Déclaration, a concentré ses efforts pour garantir une vie libre à ses concitoyens sur la base de l'égalité, sans imposer ses idées politiques et en s'inspirant de la charia islamique. Nous sommes convaincus que les Etats Membres doivent oeuvrer au rapprochement de leurs cultures et de leurs sociétés. Barheïn est convaincu que la coopération accrue entre les Etats, malgré leurs cultures différentes, renforcera le sentiment de confiance et de sécurité. Notre pays est déterminé à appliquer ces principes.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) : les droits de l'homme sont de plus en plus utilisés aux fins de chantages et de pressions économiques et politiques. Or, les droits de l'homme sont universels, interdépendants et indissociables. On ne peut dès lors se focaliser sur les seuls droits civils et politiques au détriment des droits économiques, sociaux et culturels ou vice versa. Le Cinquantenaire doit surtout éveiller en nous une volonté et une détermination personnelles et collectives pour construire un avenir meilleur. Le Cameroun voudrait, pour sa part, renouveler son engagement envers la Déclaration universelle. De cet engagement, procède la politique conçue et mise en oeuvre depuis 1982 par le Président du Cameroun, qui vise à inscrire, dans la réalité de la vie publique, l'état de droit et la démocratie. Pour qu'il en soit réellement ainsi, le concours de chaque citoyen est indispensable. D'où l'importance accordée tout au long de cette année à la diffusion et à la promotion de la Déclaration universelle. Le Cameroun réitère sa confiance en la détermination des Etats Membres de l'ONU de faire du troisième millénaire, le millénaire de l'effectivité des droits de l'homme et de la dignité humaine. Nous devons le faire en menant de front la lutte pour l'instauration, partout dans le monde, de régimes démocratiques et de l'état de droit, et un combat acharné contre la pauvreté qui constitue aujourd'hui l'atteinte la plus grave à la dignité humaine. Cela requiert un sens aigu du partenariat et de la solidarité. Cameroun

M. MOVSES ABELIAN (Arménie) : il y a 50 ans, l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme constituait l'un des événements les plus importants dans l'histoire de l'humanité. Aujourd'hui, la question de la promotion et de la protection des droits de l'homme demeure centrale et place l'individu au coeur des préoccupations nationales et internationales. Les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont universels car ils sont inhérents à la nature humaine. Mon pays se félicite de l'attention croissante portée aux questions des droits économiques, sociaux et culturels.

L'un des défis majeurs pour la promotion et la protection des droits de l'homme reste leur mise en oeuvre au niveau national. Depuis son indépendance, l'Arménie a déployé des efforts importants pour rendre sa législation nationale conforme aux différents instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme. Nous sommes résolus à construire une société de type démocratique. Nous avons établi une Commission des droits de l'homme, préalable à l'institution prochaine d'un Ombudsman. Quand nous parlons de

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droits de l'homme nous parlons en fait de tolérance, de compréhension mutuelle, de compassion pour la nature humaine, et nous parlons d'Etat de droit et de bonne gouvernance. Ce sont là autant d'exigences qu'il incombe à tous les Etats de satisfaire.

L'Arménie est convaincue que les droits de l'homme deviendront un langage commun à toute l'humanité et qu'ils permettront aux peuples et aux gouvernements d'avancer ensemble dans le prochain millénaire.

M. JANIS PRIEDKALNS (Lettonie) : la Déclaration constitue l'un des documents les plus pertinents du XXème siècle. Elle est basée sur une affirmation essentielle : les droits de l'homme n'appartiennent pas à une nation, une civilisation ou à un système de pensée particuliers, mais ils sont universels, indivisibles et interdépendants. La mise en oeuvre des principes de cette Déclaration est une condition préalable essentielle à la réalisation des droits politiques et économiques, pour la stabilité des institutions démocratiques et pour une juste répartition des richesses de l'humanité. Aujourd'hui, la Lettonie est en faveur de l'intégration des objectifs des droits de l'homme dans toutes les activités des Nations Unies. Le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme constitue le premier mécanisme susceptible de mener à cette fin. En tant que membre récemment élu à la Commission pour les droits de l'homme des Nations Unies, la Lettonie estime que le respect universel des droits de l'homme doit continuer à être un objectif prioritaire pour le système des Nations Unies, qui nécessite des ressources supplémentaires.

Les droits de l'homme sont liés à la responsabilité humaine. Ainsi, la Lettonie soutient la création de la Cour pénale internationale et accueille favorablement son soutien par un nombre croissant d'Etats. La Lettonie, un Etat qui a beaucoup souffert par le passé de régimes illégaux, est moralement et juridiquement obligée d'exhorter les Nations Unies à renforcer les moyens à leur disposition pour dissuader les agresseurs potentiels.

Mme DESNA SOLOFA (Samoa) : avec l'ordre mondial aujourd'hui si différent d'il y a cinquante ans, la Déclaration universelle des droits de l'homme ne constitue plus un document qui inspire la méfiance et auquel on s'oppose, mais une réflexion éprouvée et pertinente à propos du consensus mondial relatif aux normes d'une conduite humaine décente grâce auxquelles la communauté internationale peut juger le comportement des Etats et par lesquelles les Etats eux-mêmes souhaitent être jugés. Il est juste de rendre hommage aux réalisations des cinquante dernières années. Les droits de l'homme et les libertés fondamentales sont les ingrédients essentiels de la démocratie et le principe fondamental qui les sous-tend, la justice, ne peut mieux s'épanouir que dans la démocratie.

la célébration aujourd'hui est le signe de la reconnaissance de ce que les droits de l'homme sont au coeur de tout ce que les Nations Unies aspirent à réaliser en matière de paix et de développement. Mais tout n'est pas pour le mieux. Les violations massives et systématiques des droits de l'homme sont

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toujours à l'ordre du jour de la communauté internationale. La pauvreté dans le monde persiste de façon préoccupante, les massacres et le nettoyage ethnique et culturel sont perpétrés de la façon la plus outrageante. Le fait qu'ils existent est une honte pour nous tous et un test crucial de la sincérité des discours et de la détermination des actions que cette organisation et l'ensemble de ses membres doivent prendre.

M. PIERRE LELONG (Haïti) : le combat pour l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme fut la plus saine et la plus noble des croisades. Celle de l'homme de toutes les races, de toutes les couleurs, de toutes les langues et de toutes les religions pour la défense de la liberté et des droits inhérents à l'éminente dignité de sa personne. Cette Déclaration représente le plus grand effort tenté par l'humanité pour se donner de nouvelles assises juridiques et morales fondées sur la liberté, l'égalité et la fraternité. La révolution haïtienne, pour avoir été la première à proclamer l'abolition de l'esclavage en 1794, universalisant les principes démocratiques de 1789 jusqu'alors hors de portée des Noirs, témoigne de l'exceptionnelle précocité de la vision de Toussaint Louverture et fait de lui le lointain précurseur de cette Déclaration dont nous célébrons aujourd'hui l'Anniversaire. La conscience des droits de l'homme imprègne aujourd'hui le monde entier, leur extension et acceptation devenant chaque jour plus grande.

Nous souhaitons rappeler solennellement l'importance fondamentale du droit au développement. La défense des droits de l'homme doit être une tâche collective qui ne doit être accaparée par personne, non politisée et de stricte impartialité.

La Déclaration universelle des droits de l'homme n'a pas transformé notre univers en paradis. Malgré les progrès réalisés, la multiplication des tragédies est un rappel brutal de la facilité avec laquelle le noble idéal de la défense de ces droits peut être compromis.

M. AL-NASSER (Qatar) : le Cinquantième Anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme permet de faire un bilan des acquis en la matière. En effet, le Qatar attache une importance particulière aux droits de l'homme, et le Gouvernement du Qatar continue à élaborer un cadre juridique en conséquence. Je souhaite souligner notre plus grand attachement à toutes les résolutions des Nations Unies découlant de la Déclaration. Mon Gouvernement exprime également son soutien aux objectifs des organisations internationales pertinentes. Des élections municipales ont récemment eu lieu dans mon pays, et l'élection d'une Assemblée par scrutin direct est prévue, ce qui prouve l'adhésion de mon Gouvernement aux principes démocratiques. Les droits économiques et sociaux sont d'une importance capitale. Mais les droits politiques et civils constituent parfois un objectif essentiel à atteindre. Ainsi, il faut souligner que le peuple palestinien doit pouvoir exercer son droit à l'autodétermination et à un Etat indépendant. Pour finir, nous tenons à féliciter Mme Mary Robinson pour ses travaux et nous l'assurons de notre appui.

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M. JOSE ANTONIO GUTIERREZ NAVAS (Honduras) : Le Honduras a dû beaucoup lutter pour instaurer un système gouvernemental démocratique, pour s'intégrer à la communauté internationale en tant qu'Etat de droit, afin que sa vie républicaine s'instaure sur le respect des droits élémentaires de l'homme et sur les libertés publiques. Cependant, nombre de ces efforts se sont heurtés à certaines étapes lamentables du passé, passé intimement lié à celui d'autres Etats d'Amérique centrale. Aux cours des dernières décennies, le Honduras a maintenu et renforcé la démocratie et ses institutions, en dépit de circonstances convulsives de la région centraméricaine, théâtre de la guerre froide imposée par l'extérieur, et des séquelles des conflits armés. De par sa situation géographique et en vertu d'une forte tradition inhérente à l'âme de notre peuple, le Honduras est un pays d'asile ouvert, depuis de nombreuses années, à tous ceux qui cherchent un endroit sûr, chaque fois qu'ils s'en trouvent privés chez eux.

Et aujourd'hui, les médias du monde entier ont signalé les effets dévastateurs de l'ouragan Mitch qui a détruit plus de 70 % des structures économiques du pays, laissant un million de personnes sans abris et sans nourriture, et privant plus de six milles compatriotes du droit le plus élémentaire, le droit à la vie. C'est la plus grave tragédie que mon pays ait jamais enduré au cours de toute son histoire.

M. VLADIMIR SOTIROV (Bulgarie) : la Déclaration universelle des droits de l'homme est à l'origine des activités normatives des Nations Unies, et ses principes ont inspiré les constitutions et les législations de nombreux pays. Le Cinquantième Anniversaire de la Déclaration offre une occasion de rêver au jour où les droits de l'homme seraient assurés pour tous. En effet, cette célébration nous permet de faire le constat des progrès accomplis, mais aussi celui des violations persistantes. La Bulgarie est pour sa part activement engagée dans la coopération internationale en matière de protection des droits de l'homme. Durant les dernières années, mon pays a franchi des étapes décisives en ce qui concerne la mise en place d'institutions démocratiques plus efficaces sur la base de l'Etat de droit. J'ai également l'honneur d'annoncer que le Parlement de la Bulgarie a adopté ce matin un acte par lequel il abolit la peine de mort. Les articles du Code pénal correspondants ont été modifiés et prévoient maintenant une condamnation maximale d'emprisonnement à vie incompressible.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) : il est important de rappeler aujourd'hui que l'impact et la crédibilité de la Déclaration universelle des droits de l'homme s'appliquent par l'effort déployé par la communauté des nations à cet effet. La Déclaration met aussi en évidence l'importance de la santé et du bien-être de la personne humaine et de la famille. Il convient également de rappeler que la Conférence mondiale sur les droits de l'homme, a permis de stipuler que la pauvreté empêche de jouir véritablement et pleinement des droits de l'homme. Ainsi, le droit au développement est fondamental pour promouvoir la condition humaine.

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Pour sa part, l'Indonésie a travaillé activement à atteindre les objectifs fixés par la Déclaration universelle et, pour ce faire, a inscrit ses principes dans sa propre Constitution. Un des aspects centraux de nos efforts est la lutte contre la pauvreté et la promotion de l'environnement socioéconomique. Cette année, l'adoption du Plan national d'action sur les droits de l'homme 1998-2003 prévoit la ratification d'au moins huit instruments internationaux. Grâce à ce plan, l'Indonésie abordera le prochain millénaire armée d'une véritable culture des droits de l'homme.

M. SAKIUSA RABUKA (Fidji) : la croisade pour les droits de l'homme, lancée il y a 50 ans, a pénétré tous les domaines des politiques nationales et internationales des Etats, et ses effets se font sentir jusqu'au sein des familles. Les dictatures réprimant les droits du peuple par l'action d'une administration forte ont progressivement fait place, un peu partout, à des régimes fondés sur des valeurs, des pratiques et des institutions démocratiques. On assiste à une incorporation croissante dans les systèmes législatifs des intérêts et besoins exprimés par le peuple, et il est peu de Constitutions qui n'incluent dans leurs provisions une Déclaration des droits et libertés fondamentales de l'individu.

Malgré ce constat positif, les droits de l'homme continuent d'être violés de par le monde, et il est du devoir de la communauté internationale de contrer ces violations, spécialement dans les cas de génocide et d'épuration ethnique. Mais les droits de l'homme ne doivent pas pour autant servir de prétexte aux pays plus puissants pour s'ingérer dans les affaires des plus faibles, sous le couvert de considérations d'intérêt national.

Les droits de l'homme recouvrent non seulement les droits civils et politiques, mais aussi les droits culturels, économiques et sociaux, dont le droit à la vie, qui lui-même sous-entend le droit à l'emploi, aux soins de santé, au logement, à l'éducation, etc. Le droit au développement implique l'accès aux marchés de capitaux, les transferts technologiques, et l'assistance en matière de dette. Quant au droit à la vie et à la poursuite du bonheur, il est en réalité aussi important que le droit à la liberté.

M. DAUDI MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) : bien que les succès en matière de droits de l'homme soient impressionnants et gratifiants, des lacunes importantes continuent de faire obstacle à l'application des normes internationales concernant ces droits. A l'occasion de la célébration du Cinquantième Anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, nous devons réaffirmer notre engagement pour la défense de ces droits. Dans ce contexte, le droit au développement doit être placé au centre de la notion de droits de l'homme, et les droits civils et politiques ne doivent pas être séparés des droits économiques et sociaux. De plus, la dimension culturelle doit être prise en compte pour l'application de la Déclaration, et les différences entre les normes locales et globales devraient permettre un enrichissement mutuel. Le Gouvernement de Tanzanie a inscrit les droits politiques et civils dans sa Constitution, mais il est conscient de la nécessité de renforcer l'éducation et le bien-être de son peuple pour que celui-ci en jouisse pleinement. Il a

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pris des mesures pour éliminer la discrimination basée sur la race, la croyance, ou le sexe. Il a également mis en place des lois locales pour donner effet à ses obligations internationales comme moyen de créer des standards universels communs. Le partenariat international mis en place en matière de protection des droits économiques, sociaux, culturels, civils et politiques de l'homme doit être soutenu et renforcé.

Mme GBENYON DIGGS (Libéria) : grâce à son importance morale et politique, la Déclaration universelle des droits de l'homme devient un instrument universel et c'est une lueur d'espoir pour l'humanité tout entière. Mon pays connaît les vertus de cette déclaration. Nous sommes fiers d'avoir été à l'avant garde de la cause de la liberté pour tous. Nous avons fait beaucoup pour renforcer le règne des droits de l'homme depuis 50 ans mais il reste beaucoup à faire dans les Etats. Les droits fondamentaux continuent d'être bafoués, alors qu'ils sont essentiels à l'épanouissement des êtres humains. La fin de la guerre civile au Libéria a permis de rétablir la démocratie. Nous sommes heureux de dire que depuis lors, les droits de l'homme se sont vu assigner un rang de priorité élevé. La démocratie ne protège pas automatiquement les droits de l'homme, aussi notre Gouvernement a- t-il institué une commission indépendante des droits de l'homme afin d'enquêter sur les abus et d'y trouver des remèdes juridiques. Mon pays prépare à l'heure actuelle un certain nombre de ratifications de traités relatifs aux droits de l'homme. Nous voudrions réaffirmer notre engagement à prendre les mesures appropriées pour assurer l'effectivité des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Cela nous permettra d'assurer aux générations futures un monde de paix.

M. PERCY MANGOAELA (Lesotho): il est nécessaire de travailler dans le futur à une convergence des compréhensions de la signification de la Déclaration universelle des droits de l'homme et des traités qui en découlent, afin de parvenir à un respect véritablement universel de ces droits. Au Lesotho, après 23 ans de gouvernement arbitraire, nous apprenons lentement et avec difficulté à nous adapter aux vicissitudes d'un système électoral imparfait mais éprouvé. Malgré tout, la tolérance a donné lieu à une certaine confiance mutuelle et à une volonté collective de défendre la démocratie dans la région. Cependant, dans notre pays, comme dans de nombreux autres pays, le respect et la protection des droits de l'homme sont une expérience récente qui est encore exposée aux dangers d'un revers. Le Lesotho est partie à cinq des six instruments principaux de la défense des droits de l'homme, et envisage la participation à d'autres traités. Il a participé activement à la Conférence de Rome, guidé par son aspiration à mettre un terme à la culture globale d'impunité, en faisant avancer la cause de la justice internationale. Par ailleurs, en tant que pays en développement, le Lesotho attache la plus grande importance au droit au développement. Nous réalisons l'interdépendance et le renforcement mutuel de la démocratie, du développement, et du respect des droits de l'homme. Nous croyons donc que le manque de développement ne peut être une excuse recevable pour la limitation des droits de l'homme internationalement reconnus.

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M. JOSEPH DIATTA (Niger) : nous devons convenir que le travail patient, mais résolu, que l'ONU a entrepris, un demi-siècle durant, a permis de réaliser des progrès considérables en matière de promotion et de protection des droits de l'homme. Ma délégation voudrait réaffirmer toute la foi du peuple du Niger en la Déclaration universelle dont les dispositions essentielles ont été intégrées dans la Constitution qui régit actuellement notre société. Ma délégation tient à réitérer le ferme engagement de notre Gouvernement à respecter et à faire respecter les droits et libertés que la Constitution garantit à chaque citoyen. Les graves violations des droits de l'homme qui continuent d'être perpétrées dans notre monde, du fait notamment de la disparition de l'état de droit, de l'existence d'affrontements et conflits sanglants, et la persistance de situations de pauvreté généralisée, amène également ma délégation à convenir que beaucoup reste encore à faire pour l'édification d'un monde où la dignité et la valeur de la personne humaine seront respectées par tous. Dès lors, il appartient à la communauté internationale de rester mobilisée. Par ailleurs, face à la résurgence du génocide et autres crimes contre l'humanité, elle se doit aussi de mettre en place les juridictions appropriées pour mieux en réprimander les auteurs.

Mme Cristina AGUIAR (République dominicaine) : la République dominicaine s'enorgueillit de son héritage et de sa participation historique à l'élaboration des instruments destinés à la protection des droits de l'homme. Elle a toujours défendu les principes universels fondamentaux inhérents aux droits de l'homme, et c'est dans cet esprit que notre participation lors de la session de 1948 fut marquée par la proposition de l'Ambassadeur Minerva Benardino, visant une reconnaissance explicite, dans la Déclaration des droits de l'homme, de l'égalité entre les hommes et les femmes.

La République dominicaine a toujours été présente aux rendez-vous de l'histoire. A Paris en 1948 et à Rome où elle a laissé sa marque en apportant son appui aux principes de justice, de droit et de liberté dans un préambule historique. Comme l'ont déjà évoqué les précédents orateurs, les droits de l'homme sont une matière vivante, dynamique et en développement et nous estimons que le droit au développement est l'expression, de façon synthétique, de tous les droits de l'homme applicables aux individus et aux peuples.

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) : le Guatemala ne pouvait pas être absent de la commémoration du Cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. D'abord parce que le respect des droits de l'homme a une portée universelle, et c'est pourquoi il est impératif que chaque pays s'engage à les observer. Ensuite, parce que le respect des droits de l'homme constitue la pierre angulaire de nos récents efforts visant à construire une société démocratique et à consolider la paix au Guatemala. Et, enfin, les droits de l'homme sont une question qui lie intimement notre pays aux Nations Unies. La conclusion, en 1994, d'un accord global sur les droits de l'homme entre le Gouvernement du Guatemala et l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque

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n'a pas seulement réaffirmé l'attachement de notre pays aux principes et normes visant à protéger la pleine observance des droits de l'homme. Cette accord a également permis l'établissement d'un mécanisme de vérification dont la responsabilité a été assignée aux Nations Unies.

Je ne pense pas que les activités opérationnelles mises en place pas les Nations Unies et visant à promouvoir le respect des droits de l'homme seraient ce qu'elles sont si ce système impressionnant, qui a pour origine la Déclaration, n'avait pas existé. En ce qui concerne la vérification des droits de l'homme au Guatemala, qui a été mise en place dans notre pays après avoir fait ses preuves en El Salvador, nous avons constaté que cette méthode originale et sans précédent est d'une valeur inestimable pour nos pays.

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