L'ASSEMBLEE ADOPTE SIX RESOLUTIONS SUR L'ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE A CERTAINS PAYS OU REGIONS
Communiqué de Presse
AG/843
L'ASSEMBLEE ADOPTE SIX RESOLUTIONS SUR L'ASSISTANCE ECONOMIQUE SPECIALE A CERTAINS PAYS OU REGIONS
19981116 Les intervenants attirent l'attention sur les conséquences humanitaires des sanctionsL'Assemblée générale a adopté, cet après-midi, sans vote, six résolutions relatives à l'assistance spéciale à certains pays ou régions.
L'Assemblée a adopté une résolution relative à l'assistance internationale pour le relèvement et la reconstruction du Nicaragua : séquelles de la guerre et des catastrophes naturelles présentée par le Nicaragua au nom des coauteurs. Aux termes de ce texte, l'Assemblée générale invite les pays créanciers et les institutions financières à continuer d'appuyer le Nicaragua dans les négociations qu'il mène pour parvenir à une solution efficace et équitable de son problème de la dette extérieure, et à soutenir l'accès du pays au bénéfice de l'initiative pour les pays les plus pauvres fortement endettés le plus tôt possible.
La seconde résolution porte sur l'assistance au Niger gravement touché par les inondations présentée par le Soudan au nom des coauteurs aux termes de laquelle elle prie tous les Etats Membres, les institutions spécialisées et autres agences et organismes du système des Nations Unies ainsi que les institutions financières et organisations non gouvernementales d'apporter au Niger une assistance généreuse à l'appui des opérations et programmes de secours, de réhabilitation et de reconstruction qu'il a mis en oeuvre afin de faire face aux conséquences catastrophiques de ces inondations.
La troisième résolution a trait à l'assistance économique spéciale d'urgence aux Comores. L'Assemblée générale demande à tous les Etats Membres et organismes donateurs, ainsi qu'aux institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies, d'accorder aux Comores toute l'assistance dont elles ont besoin sur les plans financiers, économique, technique pour leur permettre d'assurer la reconstruction nationale et un développement durable.
La quatrième résolution adoptée par l'Assemblée porte sur l'assistance au Mozambique présentée par le Soudan au nom des coauteurs . Aux termes de cette résolution, l'Assemblée générale prie le Secrétaire général agissant en étroite collaboration avec le Gouvernement mozambicain de poursuivre l'action qu'il mène afin de mobiliser une assistance internationale pour la reconstruction nationale et le développement du Mozambique, de continuer à coordonner les activités des organismes des Nations Unies de façon à répondre adéquatement aux besoins de développement du Mozambique et d'établir un rapport sur l'application de la présente résolution.
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L'Assemblée générale a adopté une cinquième résolution relative à la coopération et coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l'environnement et du développement économique de la région de Semipalatinsk au Kazakhstan présentée par le Kazakhstan. Aux termes de ce texte, l'Assemblée générale demande instamment à la communauté internationale d'aider à formuler et à exécuter des programmes et des projets spéciaux pour soigner la population touchée dans la région de Semipalatinsk et invite tous les Etats Membres, en particulier les pays donateurs, les organes et organismes compétents des Nations Unies, y compris les fonds et programmes, à contribuer au rétablissement de la région de Semipalatinsk.
Enfin, l'Assemblée générale a adopté une sixième résolution relative à l'assistance pour le relèvement et la reconstruction du Libéria présentée par le Soudan au nom des coauteurs. L'Assemblée générale exhorte tous les Etats et toutes les organisations intergouvernementales et organisations non gouvernementales à fournir une assistance au Libéria pour faciliter la mise en oeuvre de son programme de reconstruction nationale présenté à la table ronde des donateurs.
Avant de voter la résolution ci-dessus, le Président de séance avait consulté l'Assemblée générale et a décidé de suspendre les dispositions de l'article 78 selon lesquels une résolution ne peut pas être votée si elle n'a pas été présentée au moins un jour avant la tenue des débats.
Les projets de résolution intitulés "Assistance humanitaire à la Somalie et soutien au relèvement économique et social du pays" et "Assistance pour la reconstruction et le développement de Djibouti" feront l'objet d'une décision ultérieure a indiqué le président de séance.
Au sujet de la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain, certains intervenants ont noté qu'une meilleure coordination entre organisations humanitaires, mais surtout entre celles-ci et les organismes politiques ou militaires, permettrait de diminuer les risques encourus par le personnel humanitaire. En outres, les intervenants ont soulevé le fait que l'aide humanitaire ne pouvait être soumise à des conditions politiques. D'autre part, tout régime de sanctions doit être ciblé afin de minimiser les conséquences humanitaires négatives pour la population civile.
Au cours du débat, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Bélarus, Brésil, Fédération de Russie, Australie, Etats-Unis d'Amérique, Norvège, Jamaïque au nom de la Communauté des Caraïbes, Cuba, Tadjikistan, Equateur, Libéria, Israël. Les observateurs de la Suisse, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge sont également intervenus. En outre, le représentant du Kazakhstan a expliqué son vote.
Au cours de sa prochaine séance qui aura lieu le mardi 17 novembre à 10 heures, l'Assemblée générale examinera le point 42 de son ordre du jour intitulé "Assistance au déminage".
Déclarations
M. ALEKSANDR SEMESHKO (Belarus) a suggéré qu'une stratégie générale des actions humanitaires devrait impliquer la mise au point d'une procédure qui permette de renforcer la fonction de coordination de l'aide humanitaire des coordonnateurs résidents, d'évaluer leurs actions et de définir le cadre de leur autorité. M. Semeshko a indiqué que les difficultés grandissantes en matière de financement des opérations humanitaires pourraient être surmontées grâce à une amélioration de la synergie et de l'entente entre le Bureau du coordonnateur de l'aide humanitaire et les autres organes compétents du système des Nations Unies. Il a également estimé que, conformément aux recommandations de l'ECOSOC, l'intégration d'actions orientées vers le développement dans les programmes humanitaires permettrait sans doute d'attirer l'attention des pays donateurs, des fonds, des institutions financières internationales et des organismes caritatifs.
Au sujet des activités des Nations Unies dans la zone de Tchernobyl, M. Semeshko a déploré le retard pris dans l'exécution de la majorité des 29 projets destinés à limiter les effets délétères de cette catastrophe. Il a indiqué qu'il faut rénover le stratégie d'interaction entre le Bureau du coordonnateur de l'aide humanitaire, les gouvernements des pays concernés et les pays donateurs. Il a souhaité qu'une attention particulière soit portée à la distribution équitable de l'aide internationale technique et financière. Il a proposé compte tenu de la complexité des problèmes rencontrés par les Nations Unies et les pays affectés par la catastrophe de Tchernobyl, que les anciennes règles de travail de la Commission quadripartite de coordination sur Tchernobyl et du Groupe de travail ad hoc soient remises en vigueur, notamment la réunion annuelle de ces organes. Il a suggéré, d'autre part, que soit augmenté le nombre de spécialistes qui traitent directement des questions liées à Tchernobyl au sein du Bureau de coordination de l'aide humanitaire.
M. ENIO CORDEIRO (Brésil) a soutenu que le travail de l'Organisation des nations Unies dans le domaine humanitaire pourrait bénéficier grandement d'une meilleure interaction entre le Conseil de sécurité et l'ECOSOC, tant dans les situations de conflits que d'après-conflits. Il a déclaré qu'il serait souhaitable de tenir des réunions distinctes du Conseil de sécurité sur les problèmes ayant trait à l'évaluation et à la responsabilisation, à l'écart entre l'assistance d'urgence et le développement, et aux effets néfastes des sanctions sur les populations vulnérables. Il a également suggéré que le Conseil de sécurité tienne des réunions informelles chaque fois que se produit une catastrophe, afin de tenir les Etats Membres informés des développements dans ce domaine. Il a estimé que ces réunions pourraient jouer un rôle positif en ce qui concerne les appels consolidés.
M. Cordeiro a insisté sur la contribution des pays en développement à l'aide humanitaire et a indiqué que le concept de communauté de donateurs doit être révisé afin qu'une approche équilibrée à l'égard de l'ordre du jour humanitaire corrige la perception erronée selon laquelle les pays en développement sont uniquement receveurs d'aide. Il a recommandé que les pays
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en développement soient associés au processus de décision et à la supervision des questions humanitaires. Il a par ailleurs souligné l'importance de l'intégration de politiques de développement dans les actions humanitaires d'urgence, et de faire intervenir les institutions de Bretton Woods dans les efforts pour limiter l'impact des crises humanitaires et pour mettre en place des activités de reconstruction économique et sociale. Il s'est déclaré préoccupé par le déclin des réponses de la communauté internationale aux appels d'aide humanitaire et a exprimé la solidarité de son peuple et de son Gouvernement avec les peuples d'Amérique centrale touchés par les récentes catastrophes naturelles.
M. NICOLAI CHOULKOV (Fédération de Russie) a rappelé que son pays partage en général l'idée d'une approche globale, intégrant les aspects politiques et humanitaires ainsi que ceux relatifs aux droits de l'homme et au développement dans les activités de rétablissement de la paix après un conflit. De toute évidence, l'assistance humanitaire d'urgence fait partie des questions prioritaires auxquelles la communauté internationale a assigné un rang de priorité élevé et, la situation politique et économique actuelle rend d'autant plus important le renforcement de la coordination de l'aide aux victimes de conflits armés ou de catastrophes technologiques ou naturelles. A cet égard, il s'est dit préoccupé par la tendance à la baisse des dons en faveur de l'assistance humanitaire, à cause des obstacles de plus en plus nombreux à l'accès aux populations dans le besoin et à cause de la violence contre les personnels humanitaires. Toutefois, M. Choulkov a mis en garde contre la tentation de mettre fin à des opérations humanitaires indispensables au motif que les personnels humanitaires sont victimes de violences.
En outre, la Fédération de Russie attache une importance particulière aux "limites humanitaires" des sanctions. Elle est en faveur de la définition de critères très clairs pour l'imposition de sanctions et d'une prise en compte des conséquences autant pour la population locale que pour les pays tiers. Tout le processus d'imposition, de mise en oeuvre et de levée des sanctions doit s'inscrire dans un cadre juridique bien défini et il faut s'efforcer d'humaniser les sanctions. Il est également important d'assurer l'engagement progressif des institutions humanitaires des Nations Unies dans les efforts destinés à venir en aide aux personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et de mobiliser l'assistance humanitaire internationale dans cette direction, a indique M. Choulkov.
La Fédération de Russie a appelé la communauté des donateurs à s'intéresser aux projets visant à assister les pays victimes de la catastrophe de Tchernobyl. Elle a réitéré son attachement au Programme de secours d'urgence des Nations Unies pour les 200.000 personnes déplacées de Tchétchénie et la nécessité de maintenir les efforts en faveur de la réconciliation nationale et du relèvement du Tadjikistan. Elle a exprimé son soutien aux opérations d'assistance au Kazakhstan, en Afghanistan et dans une série de pays touchés par des catastrophes naturelles. A cet égard, M. Choulkov a rappelé le rôle de la Fédération de Russie dans plusieurs opérations de secours des Nations Unies.
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M. JOHN CRIGHTON (Australie) s'exprimant au nom des délégations de l'Australie, du Canada et de la Nouvelle Zélande, s'est déclaré préoccupé par l'augmentation des incidents mettant en danger le personnel des Nations Unies et a estimé que la question du danger auquel est confronté le personnel humanitaire, y compris les employés locaux, requérait une attention immédiate et une action vigoureuse. Il a exprimé son soutien aux recommandations faites par le Secrétaire général qui préconisent une meilleure formation dudit personnel et autres mesures pour sa protection. Toutefois, M. Crighton a rappelé que la sécurité du personnel humanitaire relève de la responsabilité des Etats sur le territoire duquel les actions sont menées et que les auteurs de crimes contre ce personnel doivent être rapidement traduits en justice.
M. Crighton a indiqué qu'au lieu de mettre l'accent sur le lien simpliste entre la couverture médiatique et le financement, il faut se préoccuper de l'amélioration des circonstances dans plusieurs crises humanitaires de longue durée et au déclin des éléments de développement dans les budgets consacrés à l'aide humanitaire. Il a par ailleurs insisté sur la nécessité de garantir des ressources adéquates au Coordonnateur de l'aide d'urgence afin qu'il puisse s'acquitter de ses responsabilités essentielles et à cet égard a déclaré qu'il souhaitait connaître assez rapidement les recommandations du Secrétaire général à ce sujet. Il a reconnu que d'importants progrès avaient été accomplis, au cours des 12 derniers mois, dans la coordination de l'action humanitaire. Toutefois, il a estimé que l'élaboration d'un système humanitaire plus efficace et centré sur les victimes est une tâche urgente pour laquelle aucun effort ne doit être épargné afin de s'assurer que les ressources matérielles et humaines allouées soient effectivement utilisées dans l'intérêt de ceux qui souffrent.
MME REGINA MONTOYA (Etats-Unis) a accueilli avec satisfaction les conclusions du Comité économique et social en juillet dernier sur la question humanitaire ainsi que le développement du Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires. La représentante a estimé que pour mener à bien sa tâche, le Bureau doit pouvoir bénéficier des ressources financières nécessaires. Elle a déploré le regain de violence contre le personnel humanitaire, favorisé par la culture de l'impunité à laquelle il faut mettre d'urgence un terme.
La représentante a appelé l'attention sur la situation en Amérique centrale suite au passage de l'ouragan Mitch. Les efforts visant à reconstruire et à développer la région doivent commencer immédiatement et à cet égard, elle appelé à intégrer la question du développement à long terme à toute activité d'assistance humanitaire. La communauté humanitaire et les Etats Membres des Nations Unies doivent penser en termes de stratégie face aux problèmes et aux façons de les traiter. Pour cette raison, les Etats-Unis sont favorables à un Comité pour les affaires humanitaires afin qu'il coordonne l'ensemble des activités humanitaires. Il incombe à toutes les parties du système des Nations Unies et à tous les Etats Membres de garder à
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l'esprit les liens qui existent entre les stratégies humanitaires et politiques, de maintien de la paix, de développement et des droits de l'homme. La représentante a par ailleurs déclaré que son pays signera la Convention de Tampere et invite les autres Etats à en faire de même.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a noté que l'on traverse une période marquée par des situations d'urgences humanitaires dues notamment à l'escalade des conflits internes, à l'effondrement des structures étatiques, ou encore aux catastrophes naturelles. La Norvège considère que l'aide humanitaire internationale est cruciale et que l'ONU a un rôle important à jouer, en particulier pour ce qui est de sa coordination. M.Kolby estime qu'il faut élaborer une approche plus intégrée de l'aide humanitaire qui prenne en compte les aspects humanitaires, de droits de l'homme, et des politiques de développement. Il a ajouté que la phase de secours d'urgence doit être suivie d'efforts de développement à long terme. Il a préconisé un renforcement de la coordination afin d'assurer une grande efficacité à la fourniture de l'aide humanitaire. La Norvège, a-t-il déclaré, partage les préoccupations du Secrétaire général face au déclin de la réponse internationale aux appels d'aide humanitaire. Il a suggéré à cet égard que soit réaffirmé le droit à l'aide humanitaire, et que la communauté internationale envoie un message clair en ce sens. Il a ajouté qu'il est important de garantir aux institutions du système des Nations Unies en charge de l'aide humanitaire des ressources suffisantes et prévisibles. Il a condamné les violations flagrantes des principes humanitaires, et le manque de sécurité persistant dont sont victimes les civils et le personnel humanitaire. A cet égard, la Norvège accueille favorablement la Convention sur la sûreté du personnel humanitaire. M. Kolby a ajouté que le Bureau du Coordonnateur de l'aide humanitaire des Nations Unies devrait être financé par le budget régulier de l'Organisation. Il a promis que la Norvège qui fait déjà partie des principaux donateurs à l'échelle internationale continuera d'assumer ses responsabilités dans le domaine humanitaire.
MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque), s'exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que la région des Caraïbes et l'Amérique latine avaient eu plus que leur part de catastrophes naturelles plus dévastatrices que la guerre. Toutefois, les destructions causées par le cyclone Georges et plus encore le cyclone Mitch, ont eu des conséquences sans précédent en matière de pertes de vies humaines et matérielles, faisant reculer de plusieurs années le développement économique des pays touchés. La réponse à ces deux cyclones a prouvé que les gouvernements nationaux réagissent aux catastrophes naturelles, mais que la faiblesse de leurs ressources est évidente. Ils ont donc besoin de l'aide internationale. A cet égard, la CARICOM se félicite du renforcement des mécanismes d'assistance humanitaire des Nations Unies et en particulier de la coordination des divers intervenants au niveau institutionnel comme sur le terrain.
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Mme Durrant a en outre rappelé que bien que ces catastrophes soient difficilement prévisibles ou évitables, certaines mesures peuvent être prises pour limiter la dégradation de l'environnement qui accentue les risques et les effets des catastrophes naturelles. Ces questions doivent être abordées dans le cadre d'une politique environnementale à long terme. Mais, il faut également développer la capacité des pays à répondre à des situations catastrophiques. Dans cette optique, la mise en oeuvre du Programme régional de stockage et l'alimentation au niveau régional du Fonds d'aide d'urgence font partie des mesures à prendre.
M. BRUNO RODRIGUES PARILLA (Cuba) a déclaré que le passage des cyclones Mitch et Georges dans les Caraïbes et l'Amérique centrale a eu des conséquences impossibles à estimer sur le développement des pays touchés. Il a indiqué que la fréquence de ces catastrophes naturelles révèle l'urgence pour la communauté internationale et, en particulier, pour le système des Nations Unies d'améliorer leur capacité d'entreprendre des actions massives et immédiates afin de faire face à ces tragédies humaines. Il a estimé que ces catastrophes confirment l'inquiétude face aux changements climatiques et aux transformations écologiques irréversibles qu'entraînent les modes de consommation irrationnels du Nord et le sous-développement du Sud. M. Parilla a déclaré qu'il est indispensable de créer des mécanismes d'alerte rapide dans les pays en développement sur la base des transferts nécessaires de technologie et de ressources financières.
Le représentant a rappelé que seul le développement donnerait aux pays du Sud la capacité de prévenir et de diminuer les pertes en vies humaines et les dommages matériels en cas de catsatrophe. Il faut que la communauté internationale agisse de façon à aider à la reconstruction et à la protection de la population, en particulier ses couches les plus vulnérables, des conséquences dramatiques de ces catastrophes naturelles. Il a ensuite fait état de l'aide offerte par Cuba aux Etats des Caraïbes et d'Amérique centrale récemment touchés par ces catastrophes naturelles et réaffirmé que Cuba est prêt à mettre à leur disposition le personnel médical nécessaire.
M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) s'est déclaré préoccupé face à ce besoin persistant de l'aide humanitaire qui entraîne une fatigue de la part des donateurs. Le représentant s'est félicité des efforts du Bureau du Coordonnateur des affaires humanitaires en vue de répondre aux crises humanitaires. Le représentant a exprimé par ailleurs satisfait de voir les efforts que déploie le Bureau pour établir des priorités dans le cadre des appels lancés. Il a estimé que la question de la reconstruction de la paix doit faire l'objet d'une attention particulière parce qu'il s'agit de coordonner les efforts de tous les protagonistes. Il faut aussi élaborer une stratégie à mettre en oeuvre par la communauté internationale en accord avec les gouvernements.
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Le représentant du Tadjikistan a remercié le Secrétaire général pour son analyse complète de la situation humanitaire dans le pays. Bien que la situation reste instable, le Tadjikistan a besoin d'aide pour son redressement et compte sur la communauté internationale. Le Gouvernement du Tadjikistan souhaite continuer à coopérer avec la Mission des observateurs de l'ONU car elle contribue à la concorde nationale et au rétablissement de la paix. Le Tadjikistan appuie la poursuite de la fonction de coordination de l'ONU en faveur de l'élimination des conséquences de Tchernobyl et de la réhabilitation de la population frappée par cette catastrophe. Il appelle les donateurs à investir dans la reconstruction de la paix dans ce pays.
M. EMILIO IZQUIERDO (Equateur), s'exprimant au nom du Groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (GRULAC), a rappelé que les efforts de la communauté internationale en faveur du Nicaragua ont porté leurs fruits. Aujourd'hui, il faut que la communauté internationale redouble d'efforts pour répondre au nouveau défi que constitue la situation d'urgence créée par les effets dévastateurs du cyclone Mitch qui a hypothéqué les perspectives de développement des pays d'Amérique centrale. Il faudra que la communauté internationale exerce encore pendant plusieurs années des efforts concertés pour réhabiliter les zones affectées par ce désastre.
M. Izquierdo a estimé qu'il fallait améliorer les activités de secours d'urgence des Nations Unies et établir une meilleure collaboration entre les divers organes chargés de l'assistance humanitaire. Les pays membres du GRULAC sont d'avis qu'il est indispensable que la communauté internationale puisse compter sur un système efficace qui parce qu'il est multisectoriel, interinstitutions et concerné par les questions écologiques et de développement durable, permette de limiter les conséquences des catastrophes naturelles. Ils ont réitéré leur appel à la communauté internationale pour qu'elle assiste les pays touchés par le cyclone dans leurs efforts de relèvement.
MME FAMATTA R. OSODE (Libéria) a rappelé que, après sept années de guerre civile au Libéria, on assiste actuellement au passage de la phase de secours d'urgence à celle de développement. Elle a souligné l'ampleur de la pauvreté au Libéria et la persistance de cas de violations des droits de l'homme non sanctionnés par le Gouvernement. Toutefois, a-t-elle déclaré, le Gouvernement du Libéria essaye de mettre en place un environnement favorable à la bonne gouvernance et de redéfinir le rôle d'un gouvernement national dans une société marquée par la diversité ethnique, harcelé qu'il est par des pressions aussi bien intérieures qu'extérieures. C'est pour cela que le Libéria lance un appel à la communauté internationale afin qu'elle apporte une assistance technique au Gouvernement dans ses efforts de reconstruction et de relèvement.
Mme Osode a également apporté des éléments d'information supplémentaires et certains commentaires sur le rapport du Secrétaire général relatif à l'assistance pour le relèvement et la reconstruction du Libéria. Elle a insisté sur les omissions constatées dans le rapport et notamment sur la tenue
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d'une Conférence nationale de réconciliation en juillet 1998, ainsi que sur l'importance de la démobilisation des anciens combattants par son Gouvernement.
Le Libéria exprime sa gratitude au système des Nations Unies, à l'Union européenne, à l'USAID, aux institutions de Bretton Woods ainsi qu'aux organisations non gouvernementales pour leurs contributions importantes à la conception du Programme national de reconstruction. Par ailleurs, le Gouvernement attend la mission composée de plusieurs donateurs chargée d'évaluer les besoins de la deuxième phase de ce Programme.
M. AARON JACOB (Israël) a fait état de l'amélioration significative de l'économie palestinienne qui a entraîné notamment une baisse du chômage parmi les Palestiniens, un accroissement de l'investissement et une augmentation du nombre de nouvelles entreprises palestiniennes. Il a observé que cette amélioration était peut-être due à la relative stabilité de la situation et que ces résultats positifs étaient répertoriés dans le rapport du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour les territoires. Il a ensuite évoqué les mesures israéliennes qui, en dépit du ralentissement de l'économie israélienne, ont permis de créer des opportunités d'emplois, de consolider le secteur privé palestinien et de créer des zones industrielles, d'augmenter le nombre de permis délivrés aux commerçants et aux travailleurs palestiniens. Israël, a-t-il poursuivi, continue à soutenir le développement d'industries à Gaza et à inciter les hommes d'affaires israéliens à investir dans le secteur de Gaza. Il a également estimé que les Accords de Wye Plantation comportent des dispositions propres à confirmer cette consolidation de l'économie palestinienne, notamment par la reprise des négociations sur la sécurité du passage entre la Cisjordanie et Gaza et l'engagement des deux parties à s'efforcer de parvenir à un accord concernant le port de Gaza, l'ouverture de l'aéroport international et la création de zones industrielles de façon à encourager la haute technologie palestinienne. Ces Accords offriront également la possibilité d'une aide internationale.
M. Jacob a déclaré qu'Israël continue à déployer des efforts en vue d'améliorer l'économie palestinienne et reconnaît qu'il y a de l'intérêt mutuel des deux parties. Toutefois, il a insisté sur le fait que le progrès économique est lié à un climat de sécurité stable et à la coopération des Palestiniens avec la communauté internationale. Dans ce cadre, il a estimé que les parties concernées doivent agir de manière à favoriser la coopération entre Israéliens et Palestiniens dans le domaine économique et à ne pas sacrifier des intérêts économiques importants à des considérations politiques. Il a souhaité que la tendance actuelle se confirme car la prospérité de l'économie palestinienne est une bonne chose pour Israël également et constitue la base d'une réconciliation stable et durable de la région toute entière.
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M. JENÖ C. A. STAEHELIN (Suisse) a déclaré que la Suisse se félicite des progrès réalisés depuis la création du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, ainsi que de la tenue du premier segment humanitaire lors de la session de fond de l'ECOSOC de cette année. Il a rappelé que la Suisse avait proposé à cette occasion qu'une comparaison des différents types de coordination sur le terrain soit faite en vue de présenter et d'analyser leurs avantages comparatifs dans les circonstances particulières d'une crise. M. Staehelin a noté que la sécurité du personnel humanitaire sur le terrain demeure un sujet de préoccupation. Il a déclaré à ce propos que, s'il est clair que la responsabilité de prévenir ce type de violations graves du droit international humanitaire est en, premier lieu, celle des Etats sur le territoire desquels sont menées des actions humanitaires, il parait tout aussi indéniable qu'une meilleure coordination entre organisations humanitaires, mais surtout, entre celles-ci et les organismes politiques ou militaires, permettrait de diminuer les risques encourus par le personnel humanitaire. Il a ajouté que la définition précise des responsabilités de chacun, l'établissement des codes de conduite communs et le strict respect de la neutralité et de l'impartialité de l'action humanitaire doivent constituer la base commune et conjointe de cette action. Il a également rappelé les principes fondamentaux qui devraient guider la mise en oeuvre d'un régime de sanctions, notamment que l'aide humanitaire ne puisse pas être soumise à la conditionnalité politique et que les sanctions soient ciblées afin d'en minimiser les conséquences humanitaires négatives pour la population. M. Staehelin a également abordé les effets dévastateurs des mines antipersonnel dans le monde et a déclaré qu'il restait beaucoup à faire dans la mise en oeuvre du Traité d'Ottawa. A cet égard, il a indiqué qu'avec l'appui des institution onusiennes et non onusiennes, la Suisse a proposé un cadre conceptuel pour l'aide aux victimes des mines qui est consigné dans le "Manifeste de Berne". Il invite toutes les parties intéressées à se joindre à cette initiative.
MME SYLVIE JUNOD, Observateur du Comité international de la Croix-Rouge a réaffirmé que la coordination dans le domaine humanitaire demeure d'une importance capitale si l'on veut harmoniser les efforts, éviter les doubles emplois, et orchestrer avec soin, sur la durée, la conduite de différents types d'activité dans un contexte souvent instable. La représentante a mis l'accent sur deux aspects de l'effort de coordination,à savoir les mécanismes de coordination et de consultation et l'harmonisation des approches humanitaires. En ce qui concerne le premier, elle a estimé que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires joue un rôle essentiel de promotion de la coordination au sein du système des Nations Unies.
En ce qui concerne l'harmonisation des approches humanitaires, la représentante a déclaré que les organisations humanitaires qui participent à des opérations d'urgence se doivent de reconnaître leur interdépendance. Des comportements inappropriés ou un manque de professionnalisme de certaines organisations sont de nature à porter préjudice à l'action entreprise par d'autres. Des conceptions opérationnelles communes et une approche humanitaire concertée revêtent une importance vitale pour la protection des
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groupes vulnérables - qu'il s'agisse de personnes déplacées, de réfugiés ou de prisonniers - ainsi que de la sécurité du personnel humanitaire. Un autre grand enjeu de la coordination humanitaire consiste à trouver des moyens adaptés pour gérer le passage de l'opération de secours d'urgence à la réhabilitation et au développement. En dernier lieu, la représentante du CICR a approuvé la pratique désormais courante selon laquelle le Conseil de sécurité prévoit des exemptions humanitaires lorsqu'il impose des sanctions. Cela démontre l'impact positif que peuvent avoir des actions de mobilisation humanitaire concertées ou de "conscientisation".
M. EIGIL PEDERSEN, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a exprimé sa vive préoccupation face aux changements des schémas des catastrophes aujourd'hui. La Fédération continue de travailler avec les réfugiés, les victimes de catastrophes technologiques et ceux qui sont pris dans les bouleversements sociaux et économiques rapides. Cependant les victimes de catastrophes naturelles représentent près de 80% du total des victimes de catastrophes, y compris des conflits armés. Aujourd'hui, les catastrophes naturelles ont des conséquences énormes sur la capacité des sociétés d'échapper à la pauvreté et sur la capacité des Etats de soutenir un développement durable. Cela n'est plus du seul ressort de "monde humanitaire". Face à cet accroissement de la complexité, le rôle des Etats change; d'acteurs, ils doivent devenir davantage facilitateurs. Dans le même temps, le secteur privé intervient de plus en plus dans le façonnement des modes de vie et les institutions humanitaires doivent assumer une part croissante du poids de la réaction humanitaire. L'accroissement inévitable de la fréquence et de la sévérité des catastrophes naturelles a été largement ignoré dans les analyses des effets des changements climatiques. Cette évolution fait suite aux changements majeurs dans le mode de fonctionnement du système économique mondial. Les Etats doivent repenser leur réaction aux catastrophes naturelles car celles-ci risquent d'affecter durablement leur développement, a indiqué M. Pedersen.
Toutefois, aucune institution, ni aucun Etat ne peut prévoir l'imprévisible, a rappelé M. Pedersen. En conséquence, il faut trouver des mécanismes permettant une action "non planifiée", une action permettant de limiter les conséquences désastreuses du changement. Cela signifie, s'appuyer davantage sur les organisations non gouvernementales au niveau local pour apporter une assistance immédiate. Au niveau international, il faut également redéfinir la façon dont on souhaite répondre aux catastrophes naturelles. A cet égard, il convient de se pencher sérieusement sur la façon d'assurer un financement sûr. En effet, les institutions d'aide assurent à présent une part sans précedent du financement des activités humanitaires et atteignent leurs limites. Il faut donc repenser le financement de l'aide humanitaire. Cela implique deux changements radicaux: d'abord, il faut cesser de voir l'action humanitaire de façon exclusivement réactive pour l'envisager davantage comme une forme de service d'urgence international. Deuxièmement, il faut un partage au niveau régional du boulet humanitaire. Les institutions humanitaires doivent également s'adapter et accepter notamment qu'elles ne sont plus totalement libres. A cet égard, elles ne doivent pas seulement
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faire ce qu'elles peuvent mais tenir compte de ce que les victimes de catastrophes sont en droit de demander. Ce que nous voyons aujourd'hui est l'échec des politiques économiques nationales et internationales et leur incapacité de faire face à des situations extrêmes. Les instituions humanitaires qui restent le dernier filet de sécurité, commencent à en prendre acte. Les Etats font-ils de même, c'est la question que pose M. Pedersen.
Explication de vote
La représentante du Kazakhstan a exprimé sa reconnaissance au Japon pour l'aide déjà fournie au Kazakhstan et son acceptation à se faire l'hôte d'une Conférence sur la région de Semipalatinsk. Elle a également remercié la Fédération de Russie et le Tadjikistan du soutien qu'ils apportent aux actions des Nations Unies en vue de venir en aide à la région de Semipalatinsk.
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