L'ASSEMBLEE GENERALE PROCLAME UNE DECENNIE INTERNATIONALE DE LA NON-VIOLENCE ET DE LA PAIX (2001-2O10)
Communiqué de Presse
AG/840
L'ASSEMBLEE GENERALE PROCLAME UNE DECENNIE INTERNATIONALE DE LA NON-VIOLENCE ET DE LA PAIX (2001-2O10)
19981110 L'accent est mis sur la transformation des mentalités et le respect de la pluralitéL'Assemblée générale a adopté sans vote, cet après-midi, une résolution proposée par l'ECOSOC aux termes de laquelle elle proclame une décennie internationale de promotion de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010). Elle a également poursuivi son examen du rapport du Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO).
Au cours du débat, les participants ont indiqué que la culture de la paix va au-delà de l'absence de conflits et signifie l'épanouissement de l'humain. Ils ont estimé que l'éducation et le dialogue continu étaient les clés de la transformation des mentalités et des modes de vie. Certains ont déploré l'absence des concepts de racisme, de xénophobie et d'occupation étrangère. Le droit de toute personne de participer à la construction d'une société juste et pacifique a été évoqué ainsi que l'incompatibilité d'instaurer une paix durable en excluant les minorités ethnique ou religieuse.
Les représentants des pays suivants sont intervenus au cours du débat : Philippines, Mozambique, République arabe syrienne, Ouzbékistan, Côte d'Ivoire, Nigeria, Inde, Soudan, Bosnie-herzégovine et Pérou. L'Observateur du Saint-Siège a également pris la parole. Les représentants d'Israël, du Liban et de la République arabe syrienne ont exercé leur droit de réponse.
En fin de séance, le Président a indiqué qu'un autre projet de résolution sur la culture de la paix sera soumis à une date ultérieure.
Au cours de sa prochaine réunion, qui se tiendra le jeudi 12 novembre à partir de 10 heures, l'Assemblée générale procédera à l'élection de dix-huit membres du Conseil économique et social.
CULTURE DE LA PAIX
Déclarations
MME LETICIA R. SHAHANI (Philippines) a rappelé que les Philippines ayant fait l'expérience des conséquences tragiques des conflits armés ont, depuis le début, soutenu le Programme de l'UNESCO en faveur de la culture de la paix. La représentante a rappelé que sa délégation est globalement en faveur du projet de texte. Le défi qui consiste à promouvoir une culture de la paix devrait être au coeur des préoccupations des Nations Unies. C'est en effet la tâche essentielle de l'Organisation d'assurer la convergence des différents efforts de paix du monde entier et de promouvoir une dynamique mondiale pour la paix.
La représentante a rappelé que bien qu'il soit nécessaire que les Nations Unies et les Etats Membres coopèrent avec la société civile dans cette entreprise, les gouvernements doivent prendre la tête dans ce mouvement. Les Philippines sont en faveur de l'élaboration par les Etats Membres de stratégies en vue de l'action nationale. La représentante a souligné l'importance cruciale d'un mécanisme de coordination de ressources adéquates pour la mise en oeuvre du programme d'action. Les Philippines espèrent que la déclaration et le programme d'action sur une culture de la paix seront adoptés.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a déclaré que l'importance que le peuple mozambicain attache aux principes de la paix et de la non-violence, s'enracine dans la longue expérience de trente années de guerres et de violences. Il s'est déclaré convaincu que les succès remportés jusqu'à présent dans ce domaine reposent sur la promotion des principes de pardon, de tolérance et de réconciliation qui sont l'essence même d'une culture de la paix. M. Dos Santos a estimé que les projets de déclaration et de programme d'action contenus dans le rapport du Directeur général de l'UNESCO, offrent un cadre excellent à la participation active de tous les acteurs aux niveaux national, régional et international, aux différents aspect de la culture de la paix, notamment, la résolution des conflits, les droits de l'homme, la consolidation de la démocratie, l'élimination de la pauvreté et le développement. A cet égard, la culture de la paix devrait devenir une priorité pour tout le système des Nations Unies et contribuer à l'élimination des causes profondes des conflits. Il s'est félicité de la proclamation de l'an 2000, comme Année internationale pour la culture de la paix et de la Décennie internationale de promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010).
M. Dos Santos a appelé que les causes des conflits étant intrinsèquement liées à la pauvreté et au développement, il faut que les mesures visant la consolidation de la paix soient accompagnées de mesures concrètes destinées à combattre les causes profondes des conflits. Il a ajouté que la culture de la paix ne pourra pas s'affermir et produire de résultats sans une action vigoureuse des gouvernements et des acteurs politiques et sociaux en faveur de
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la promotion du développement humain, grâce en particulier à l'éducation, à la santé et au logement. Enfin, il a mis l'accent sur l'importance de la diversité comme actif culturel et élément positif qu'il faut valoriser et promouvoir.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a déclaré que la paix sous-entend la résolution des conflits et la protection des peuples contre les tendances hégémoniques de certains Etats. Il a indiqué que la paix et la culture de la paix signifient plus qu'une simple absence de guerre et a insisté sur le fait qu'il ne pouvait y avoir de paix sous occupation étrangère. Il a par ailleurs recensé certains fléaux qui mettent en danger la paix et la sécurité, notamment la prolifération des armes nucléaires, le colonialisme et l'exploitation.
M. Mekdad s'est demandé comment parler de paix dans un monde qui n'est pas libéré de l'occupation étrangère, un monde où les écarts entre les riches et les pauvres s'accroissent et où les enfants connaissent la malnutrition. Il a estimé que ce serait une erreur de parler d'une culture de la paix comme si le monde d'aujourd'hui était à l'abri de la guerre qui n'est souvent que le témoin du dépérissement de certaines cultures, faute de protection contre l'occupation étrangère. Il a insisté sur le fait qu'il fallait s'attaquer aux causes profondes des conflits et non empêcher certaines personnes de libérer leurs terres. Ainsi, a-t-il déclaré, il appartient à la communauté internationale d'empêcher le Gouvernement israélien actuel de pratiquer une politique qui s'oppose aux objectifs de la culture de la paix, notamment en le faisant libérer les territoires occupés depuis 1967 et appliquer les résolutions des Nations Unies. Il a indiqué que le fait de ne pas traiter du racisme, de la xénophobie et de l'occupation étrangère fait abstraction de la réalité alors que ces éléments devraient figurer en tête du programme d'action.
M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a déclaré, qu'à l'heure actuelle, on assiste à un processus d'instauration de la paix qui doit tenir une place essentielle. Il s'est félicité de l'opportunité des dispositions contenues dans la déclaration et le programme d'action alors qu'un certain nombre de régions du monde connaissent de graves conflits. Le représentant a souligné l'importance de l'élaboration par les Etats Membres de stratégies nationales, notamment en matière d'éducation comme un moyen essentiel de propager une culture de la paix grâce à laquelle peut se développer une vie en commun pacifique. La culture et l'éducation peuvent sauver le monde de l'obscurantisme a-t-il rappelé.
Le représentant a salué le renforcement des programmes de collaboration entre les pays d'Asie centrale dans le cadre du programme international de l'UNESCO afin d'enrayer les menaces régionales et mondiales engendrées par les conflits, le terrorisme et le trafic illégal des armes. Le représentant a exprimé sa reconnaissance à l'UNESCO pour son aide qui lui a permis de retrouver l'héritage national du peuple ouzbek. Pendant des millénaires, l'Ouzbékistan a été le centre d'une coexistence entre différentes cultures,
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religions et moeurs. La déclaration de Tachkent appelle tous les Etats Membres à prendre les mesures nécessaires pour réaffirmer les valeurs de tolérance, et de paix. La culture de paix doit être un des points principaux à l'ordre du jour de l'Assemblée générale. Préserver du fléau de la guerre doit constituer la devise de notre travail.
M. PIERRE YERE (Côte d'Ivoire) a indiqué que le concept de la culture de la paix avait vu le jour dans son pays depuis près de quatre décennies. Le représentant a exprimé sa joie de voir que cette idée avait depuis lors, fait du chemin et qu'elle devenait un élément fondamental des relations entre les nations. Il a rappelé que dans le contexte de violence qui caractérisait l'époque de la décolonisation, son pays avait été un des seuls à proposer le dialogue comme moyen de règlement des différends, de construction de la paix à l'intérieur de chaque nation africaine et entre le nations et les continents. Le représentant a indiqué que la paix fait partie de l'essence humaine et qu'elle lui est inhérente. Il s'agit donc de replanter la paix dans le coeur des hommes par une véritable culture de la paix. Rappelant que l'Assemblée générale était saisie d'un projet de déclaration et d'un projet de programme d'action, le représentant de la Côte d'Ivoire a souhaité que ces documents, qui visent à favoriser un comportement spécifique en vue de remplacer le climat de violence par des relations de coexistence pacifique, rencontrent un écho favorable auprès des Etats Membres.
M. ALHAJI BUHARI BALA (Nigéria) a déclaré que la recherche de la paix et de la coexistence pacifique est au centre de la diplomatie, et que la transition vers une culture de paix constitue une condition préalable au développement durable à la fois économique et social de toute société. Il a ajouté que la culture de la paix repose sur toute une gamme de valeurs, de comportements et d'attitudes qui inspirent les relations sociales fondées sur les principes de liberté, de justice, de démocratie, des droits de l'homme et de tolérance. M. Bala estime que la paix ne signifie pas seulement l'absence de conflits, mais qu'il s'agit plutôt d'une force positive qui doit être soutenue et renforcée afin de promouvoir le développement. Cette culture de la paix à sa source dans la reconnaissance et le respect des différences, ainsi que dans la promotion du dialogue. Compte tenu de la priorité absolue que représente pour la communauté internationale l'établissement universel de la paix, M. Bala a déclaré que la course aux armements est désormais anachronique et débilitante. La paix représente un droit fondamental pour toute personne indépendamment de son sexe, sa race et ses convictions religieuses.
La délégation du Nigéria se félicite de la note du Secrétaire général qui propose un cadre conceptuel qui insiste sur la nécessité de recenser les causes profondes des conflits et de la violence et de les combattre à travers l'éducation. Constatant avec regret que le continent africain continue d'être ravagé par des conflits tout au long de ces dernières décennies, il a noté que les Nations Unies avaient reconnue la nécessité de prévenir les conflits aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale en s'attaquant aux causes des tensions, d'où le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et
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les organisations régionales, dont l'OUA et les succès remportés par l'ECOMOG au Libéria et en Sierra Leone. Il a également évoqué la collaboration des Nations Unies avec d'autres organisations régionales en Afrique et en particulier avec la CEDEAO et la SADC.
M. A.C.JOSE (Inde) a indiqué la préférence de sa délégation pour un document qui mettrait davantage en valeur l'idée d'une culture de la paix, sa genèse, sa signification et ses objectifs. Le représentant a insisté sur la nécessité de définir les moyens à mettre en oeuvre pour atteindre les objectifs fixés par le projet de déclaration sur une culture de la paix, et sur les mécanismes d'évaluation de la responsabilité des acteurs engagés dans cette action. Une telle structure, a-t-il précisé, permettrait d'éviter toute confusion entre les buts d'une culture de la paix et les moyens de la promouvoir.
Le représentant de l'Inde a souligné la faiblesse de la section relative aux "buts et stratégies". Il a déclaré que la définition des objectifs de la culture de la paix contenue dans la déclaration était partielle, négative et devrait faire appel à un degré plus élevé d'engagement des acteurs. De plus, le représentant a affirmé que la déclaration était quasiment muette sur les moyens à adopter pour réaliser les objectifs de l'établissement d'une culture de la paix. Aussi, a-t-il insisté sur la nécessité de les définir afin de renforcer la qualité du projet de déclaration.
Le représentant de l'Inde a insisté sur la nécessité de rééquilibrer le contenu du programme d'action, selon lui trop axé sur les mesures de rétablissement de la paix et sur la diplomatie préventive. Il a déclaré que le projet de déclaration passait sous silence des idées importantes telles que celle de la dimension positive de la paix, le rôle du pluralisme, la recherche de valeurs éthiques communes à toute l'humanité, le concept de non-violence, les mesures permettant d'alléger la pauvreté. Le représentant a finalement déclaré qu'en dépit de toutes les critiques formulées, le projet de déclaration constituait un début prometteur sur la voie de la promotion d'une culture de la paix.
M. ELGATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a rappelé qu'au moment de leur création, les Nations Unies concrétisaient l'espoir de mettre une fin définitive aux guerres. Il a déploré qu'en dépit des succès qui ont été remportés, une solution n'ait pas été trouvée car l'organe principal des Nations Unies, à savoir le Conseil de sécurité, était sous l'influence de certains Etats qui imposent leur culture et leur vision sur tous les sujets politiques, économiques et sociaux, d'où l'importance aujourd'hui du thème de la culture de la paix que l'Assemblée générale examine depuis deux ans.
M. Erwa a fait l'historique du processus de paix engagé au Soudan, en énumérant les programmes mis en oeuvre en faveur des citoyens et qui mettent l'accent sur leur prise de conscience et sur leur citoyenneté. Il a rappelé les points fondamentaux des Accords de paix de Khartoum qui ont reconnu la pluralité de la société. Il a indiqué que toutes les étapes du processus de
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paix au Soudan représentent la mise en pratique de la culture de la paix. M. Erwa s'est félicité des termes du programme d'action et notamment des dispositions en vue du respect des diverses cultures et de la diversité.
MME LIDIJA TOPIC (Bosnie-Herzégovine) s'est félicitée du rapport présenté par le Directeur de l'UNESCO sur la culture de la paix et des projets de déclaration et de programme d'action qu'il contient. Elle a rappelé qu'il y trois ans seulement, la Bosnie-Herzégovine était à feu et à sang, tandis que se perpétraient le nettoyage ethnique et le bombardement sans discrimination des populations civiles. Aujourd'hui, la paix reprend ses droits et le pays est engagé sur la voie de la reconstruction d'une société fondée sur la tolérance, la paix et l'amour du prochain. La Bosnie-Herzégovine a appris que seul le respect intégral des droits de l'homme, y compris les droits civils, politiques, culturels, économiques et religieux, peut mener à l'édification d'une société de tolérance et de paix. En conséquence, la Bosnie-Herzégovine appuie fermement les recommandations du rapport visant à la diffusion d'une culture de la paix et à l'édification d'un monde démocratique et sans violence. De même, elle appuie les initiatives visant à préserver les enfants et les générations futures du fléau de la guerre.
Mgr RENATO R.MARTINO (Saint Siège) estime que la décision unanime de l'Assemblée générale de proclamer l'année 2002 Année internationale de la paix constitue un bon début pour le nouveau millénaire pendant lequel une culture de guerre et de conflit devra finalement céder le pas à une culture de paix. Il a rappelé que la paix signifie bien plus que l'absence de guerres et de violence et requiert l'établissement de conditions sociales qui garantissent la dignité et les droits inaliénables de toute personne. Le Pape Jean-Paul II a insisté sur la coexistence pacifique entre les différentes races et cultures comme constituant l'un des défis majeurs que l'humanité doit relever de nos jours, dans un esprit de dialogue et de coopération. Mgr Martino a également noté que la dignité humaine n'est pas compatible avec des régimes totalitaires, et qu'il faut par conséquent renoncer à ces formes de gouvernement. Il a également rappelé le droit et le devoir de toute personne de participer à la construction d'une société juste et pacifique ce qui est impossible lorsque l'on persiste à exclure certaines minorités sur la base de leurs origines ethniques ou religieuses alors qu'elles devraient pouvoir participer pleinement à la société civile.
En ce qui concerne l'impératif de vérité pour l'établissement d'une culture de paix, Mgr Martino a rappelé que le Pape Jean Paul II a mis l'accent sur la nécessité d'adopter de nouvelles attitudes pour réexaminer le passé, notamment pour apprendre à lire l'histoire d'autres peuples sans préjugés et en essayant de comprendre leur point de vue. Cette attitude contribuera à l'acceptation et à l'appréciation des différences légitimes qui existent entre les individus, les groupes et les peuples. La vérité, a-t-il, souligné doit être le principe directeur de la transmission d'informations, aussi bien par les médias que par l'éducation.
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M. FERNANDO GUILLEN (Pérou) s'est félicité de voir l'évolution de la question de la culture de la paix depuis que le Pérou l'a présentée en 1995. Le représentant a estimé qu'il y a concordance entre le projet de déclaration sur la culture de la paix et les mesures concrètes aux niveaux régional, national et mondial. Le projet vient à son heure, compte tenu de tous les défis que représente l'après-guerre froide. Le représentant s'est félicité de ce que de nouveaux objectifs précis aient été fixés tels que le respect des droits de l'homme, le respect de la vie, le principe de la démocratie. Tout ceci fait partie intégrante d'une culture de la paix.
Le représentant du Pérou a estimé qu'il y a urgence à faire des grands progrès plus rapides en matière de désarmement et d'interdiction des essais nucléaires. Tous ces armements sont nés dans les pays développés. Ils posent un défi à la culture de la paix. Il faudrait développer l'éducation en matière de prévention des conflits et de désarmement. Le représentant estime que rien n'est plus important que l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'an 2000 de ce point sur la culture de la paix .
Droits de réponse
Le représentant d'Israël, exerçant son droit de réponse, a déploré que la discussion d'aujourd'hui sur un sujet aussi noble que la culture de la paix, ait donné lieu à des attaques contre son pays de la part des représentants libanais et syrien. A cet égard, il a réaffirmé la volonté d'Israël de régler pacifiquement le conflit qui l'oppose à ces deux pays. Israël n'a pas de visées hégémoniques sur le Liban, a affirmé le représentant. Malheureusement, certaines organisations utilisent le territoire libanais pour lancer des attaques terroristes contre le nord d'Israël, a-t-il ajouté. Il incombe à tous de redoubler d'efforts pour instaurer une culture de la paix entre Israël et le Liban. En attendant, Israël doit exercer son droit à l'autodéfense contre ces actes terroristes. Dans le prolongement des Accords signés à Wye River entre Israël et les Palestiniens, le représentant d'Israël a engagé le Gouvernement libanais à reprendre les négociations de paix et à entamer des discussions en vue de conclure des arrangements de sécurité. Il a également appelé les Gouvernements syrien et libanais à reprendre les négociations engagées à Madrid.
Le représentant du Liban, en réponse au représentant israélien, s'est déclaré perplexe devant l'intervention israélienne. Il a rappelé ses déclarations de ce matin dans lesquelles il a mentionné l'occupation israéliennes du Golan et a ajouté que, selon son expérience, les forces d'occupation israéliennes ne croient pas à la loi. Il a, à cet égard, cité en exemple les massacres perpétrés dans la ville de Cana, notamment ceux des femmes et des enfants qui s'étaient réfugiés dans les locaux de l'ONU. Il a déclaré que les forces d'occupation israélienne s'efforcent de saper la culture libanaise et ne respectent ni les lieux sacrés, ni les locaux de l'ONU, ni les droits des femmes et des enfants. Il a demandé dans quelle mesure l'acquisition de territoire par la force constitue un droit. Le Liban a-t-il ajouté ne tolèrera pas l'occupation israélienne et plus que jamais la
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paix réside dans l'échange des terres contre la paix en application de la résolution 425 du Conseil de sécurité. Il a estimé qu'Israël fait fi des résolution de l'ONU et que la population libanaise résiste à l'occupation étrangère, ce qui constitue un droit. Il a également ajouté que si la force d'occupation souhaitait vraiment appliquer la résolution 425, il lui suffisait de retirer ses forces à l'intérieur de ses frontières.
Le représentant de la République arabe syrienne a déclaré que sa délégation n'est pas surprise par la réponse d'Israël à propos de sa déclaration sur la signification de la culture de la paix. En fait, Israël ne croit pas à la culture de la paix. Les plus dangereux sont en fait ceux qui prétendent y croire. Le représentant a ajouté qu'il aurait préféré parler de l'établissement d'une paix juste au Moyen-Orient. Cependant, la région est au bord de la catastrophe en raison du rejet de la part du Gouvernement israélien du processus de paix et des Accords de Madrid. Les millions d'enfants déplacés dans les territoires occupés et les souffrances de nos peuples en appellent à la conscience du monde pour qu'il applique la paix, mais Israël s'oppose à tous les efforts internationaux et ne respecte pas les résolutions sur le principe de la terre contre la paix. Il faut éliminer les causes profondes de la violence. Est-il plus grand danger pour la culture de la paix que l'occupation des territoires pendant plus de trente ans, que la poursuite par Israël des meurtres contre les arabes et de son armement nucléaire ainsi que l'établissement de colonies de peuplement en dépit des accords conclus. La République arabe syrienne a ouvert la voie au processus de paix, alors que le Gouvernement israélien rejette la poursuite des pourparlers, voilà pourquoi les négociations ont été suspendues pendant plus de deux ans et demi. La République arabe syrienne veut la reprise du processus et l'établissement d'une paix juste, honorable et globale.
Le représentant d'Israël a déclaré qu'il doit être clair qu'un accord existe bien entre Israël, le Liban et la Syrie et qu'il s'inscrit dans le cadre du processus de paix de Madrid. Il a appelé à nouveau à la reprise des négociations dans ce cadre, sans condition préalable.
Le représentant de la République arabe syrienne a réaffirmé sa foi dans les principes et les bases du processus de paix initié à Madrid et l'engagement de son pays dans ce processus. Mais, a-t-il indiqué, le Gouvernement israélien pose des conditions à la reprise des négociations. Il souhaite revenir à la case départ et faire table rase de tous les accords intervenus en deux ans de négociations. La Syrie s'est déclarée prête à reprendre immédiatement les négociations là où elles se sont arrêtées.
Le représentant du Liban a souhaité répondre au représentant d'Israël et préciser que la résolution 425 stipule qu'Israël doit se retirer immédiatement du territoire libanais. Il a affirmé que son gouvernement et sa délégation étaient prêts à reprendre les négociations là où elle s'étaient arrêtées, mais a insisté sur le fait qu'Israël ne respectait pas ses engagements dans le cadre des Accords de Madrid et devait appliquer le principe de l'échange de la terre contre la paix.
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