En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/375

DES DELEGATIONS SOULIGNENT LE PROBLEME POSE PAR L'AFFLUX DE DEMANDES D'ASILE DANS LES PAYS TRADITIONNELS D'ACCUEIL

27 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/SHC/375


DES DELEGATIONS SOULIGNENT LE PROBLEME POSE PAR L'AFFLUX DE DEMANDES D'ASILE DANS LES PAYS TRADITIONNELS D'ACCUEIL

19981027 La Commission termine son débat général sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale, et sur le droit des peuples à l'autodétermination

La Commission a terminé cet après-midi son débat sur les questions relatives à l'élimination du racisme et de la discrimination raciale, et sur le droit des peuples à l'autodétermination. Face aux préoccupations de plusieurs délégations concernant la situation des immigrés et des travailleurs migrants dans les pays d'accueil, le problème que pose l'afflux des demandes dans les pays qui sont des terres d'asile traditionnelles a été souligné. Le représentant de la France a indiqué que les autorités françaises avaient récemment procédé à la régularisation de près de 70 000 personnes afin de tenir compte de la situation affective et familiale de nombreux immigrés clandestins auxquels le statut de réfugié politique n'a pas été reconnu. La représentante des Etats-Unis a indiqué, pour sa part, que le Président Clinton avait lancé l'an dernier un large dialogue national sur la race dans le cadre des efforts visant à la réconciliation raciale et à l'égalité de toutes les races.

Plusieurs délégations ont rappelé que les vélléités séparatistes de certains groupes ethniques vivant à l'intérieur d'Etats indépendants et souverains, lorsqu'elles sont sans fondement rationnel, portent en elles le risque de déstabilisation et de démantèlement des Etats et menacent la paix et la sécurité internationales. Le représentant du Sri Lanka a insisté, pour sa part, sur la responsabilité qu'ont les Etats tiers d'aider les pays affectés par ce phénomène, en coupant les sources de financement, en renforçant les lois visant à prévenir le transfert illicite d'armes vers les mouvements rebelles et les groupes terroristes, et en empêchant l'utilisation de leur territoire par de tels groupes pour des activités de propagande.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration au cours du débat : Iraq; Indonésie; Israël; République de Moldova; Inde; Erythrée; France; Chypre; République arabe syrienne; Tunisie; Sri Lanka; République démocratique du Congo; Singapour; Pakistan; Arabie saoudite; Etats-Unis; et El Salvador.

(à suivre - 1a)

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Les représentants de la Syrie, de l'Ethiopie et de l'Erythrée, et l'Observatrice de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

La Commission poursuivra ses travaux mercredi à partir de 10 heures. Elle entamera l'examen du Programme d'activités de la Décennie internationale des populations autochtones.

ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

DROIT DES PEUPLES A L'AUTODETERMINATION

Suite et fin du débat général

M. MOHAMMED A.M. AL-HUMAIMIDI (Iraq) a déclaré que le droit à l'autodétermination et le droit au développement constituent deux éléments importants pour la réalisation de la paix dans le monde. Le représentant a estimé que le droit à l'autodétermination a connu une certaine régression à la suite de diverses interventions militaires directes et indirectes, de menaces de recourir à la force, des pressions économiques exercées sur certains pays et des tentatives d'ingérence dans les affaires intérieures de certains Etats, dont l'Iraq a notamment été victime. Ainsi, l'intervention militaire dans le nord de l'Iraq constituait une violation de l'intégrité du pays et une menace pour la sécurité régionale. Cette intervention a eu pour résultat le retrait de l'administration nationale de la région qui est devenue le théâtre de violences meurtrières. Le représentant a réaffirmé que les bombardements contre l'Iraq avaient pour but la destruction du pays et la mort de citoyens innocents. Toutes les tentatives américaines de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Iraq ont été renforcées par des appuis financiers à l'opposition iraquienne, ainsi que par le maintien de l'embargo imposé à l'Iraq en violation flagrante du droit de la population iraquienne à jouir de ses ressources nationales.

M. SAODAH B.A. SYAHRUDDIN (Indonésie) a annoncé que l'Indonésie, en tant que société multiethnique, se prépare à devenir Etat partie à la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, dans le cadre de son Plan national d'action, pour les droits de l'homme (1998-2003). Le Président a promulgué un décret visant à éliminer la mention de l'origine des citoyens indonésiens dans les plans et programmes gouvernementaux, et à soumettre toute stratégie ou politique nationale à un examen strict à ce sujet. Les ministres ont ordre de veiller à l'application de cette mesure dans les secteurs privés et publics.

L'Indonésie condamne tout acte illégal qui aurait été perpétré en mai dernier, lors des incidents allégués. Le Gouvernement a créé une commission d'enquête indépendante chargée de recueillir des preuves et de chercher la vérité sur cette époque troublée. La commission, qui travaille avec les autorités judiciaires et divers représentants d'ONG, est prête à coopérer avec les agences de renseignement des pays étrangers. Une équipe de "Femmes pour la protection contre la violence" a été constituée en juillet dernier, avec à sa tête le Ministre de la condition de la femme et la Première Dame du pays.

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M. DORE GOLD (Israël) a estimé que le droit à l'autodétermination doit être considéré dans son contexte politique et stratégique. Israël et les Palestiniens ont besoin d'un contexte politique de coopération pour la paix fondé sur des négociations directes. Cela a été la clé de tous les succès diplomatiques au Proche-Orient, des Accords de Camp David au Traité de paix avec la Jordanie et ce n'est qu'après de longues heures de négociations face-à-face que le Mémorandum d'accord de Wye River a pu être conclu récemment. Ce Mémorandum d'accord est fondé sur trois éléments : les principes de la réciprocité et des liens, chaque partie devant honorer ses obligations à chaque étape; des dispositions de sécurité très fortes, la lutte contre le terrorisme devant être globale et constante; et l'abrogation une fois pour toutes des clauses de la Charte de l'OLP appelant à la destruction d'Israël. Aucun accord sur le statut permanent ne sera possible à moins que l'on ne tienne compte des besoins de défense légitimes d'Israël contre les capacités de mobilisation sur son front oriental, a affirmé le représentant. Israël est déterminé à parvenir à un accord sur le statut permanent avec les Palestiniens et estime qu'il est possible de répondre à la fois aux aspirations des Palestiniens et d'assurer à Israël des frontières défendables.

Israël a pris le grand risque de se retirer d'une plus grande partie du territoire, pour que les deux parties puissent discuter ensemble du statut final du territoire. Dans ce cadre, Israël et les Palestiniens se sont engagés à maintenir le processus strictement dans le contexte de négociations directes et à s'abstenir de toute action unilatérale, hors des négociations, qui pourrait préjuger du statut final. Or, cet engagement est dangereusement compromis par des projets de résolution, présentés devant cette Commission, qui cherchent à préjuger des résultats de ces négociations. Les projets de résolution sur le droit des Palestiniens à l'autodétermination ne font que saper le processus de paix et sont contraires au principe de négociations directes, établi lors de la Conférence de paix de Madrid en 1991. Israël et les Palestiniens doivent construire sur la base de la coopération pour la paix qu'ils ont restaurée à Wye River et abandonner le langage politique stérile du passé. Ils doivent construire une paix sûre qui prend en considération le contexte stratégique plus large de la région, ce que ne fait pas le projet de résolution. Israël votera donc contre de telles initiatives et appelle les Etats Membres à faire de même.

M. VLADIMIR CHIRINCIUC (République de Moldova) a estimé qu'il existe un lien indissoluble entre le droit des peuples à l'autodétermination et la démocratisation de la société. Le droit des peuples à l'autodétermination ne peut être examiné, ni exercé, séparément des principes de l'intégrité territoriale et de la souveraineté d'Etats jouissant d'un gouvernement démocratique élu au suffrage universel. De l'avis de la délégation, la revendication du droit à l'autodétermination par certains groupes politiques, afin de déstabiliser un Etat souverain, comme dans le cas des séparatistes de la région de l'est de la République de Moldova, est inadmissible.

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La volonté politique de résoudre le conflit par des moyens pacifiques et en coopération avec l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) s'est heurtée à l'opposition des autorités anticonstitutionnelles de la région séparatiste. Aucune solution au conflit qui soit mutuellement acceptable n'a pu être trouvée, à savoir la définition juridique du statut de cette région. En outre, les tendances séparatistes, apparues dans certains nouveaux Etats indépendants, n'ont rien de commun avec le droit des peuples à l'autodétermination. Ces tentatives sont dangereuses pour la sécurité régionale et internationale.

La République de Moldova progresse dans la voie de la démocratisation sociale et politique. Un nouveau cadre législatif et institutionnel assure le respect des droits des citoyens, y compris les membres des minorités ethniques. La législation garantit aux membres des minorités nationales les droits d'expression et de libre développement de leur identité ethnique, culturelle, linguistique et religieuse.

Mme KAILASHO DEVI (Inde) a préconisé la poursuite des recherches et des études sur les manifestations cachées ou déguisées du racisme, sur leurs sources psychologiques et leurs caractéristiques. Elle a toutefois mis en garde contre tout risque de se laisser distraire des problèmes réels que sont la discrimination, l'exploitation, l'exclusion ou la domination politique, économique et culturelle, fondée sur la couleur ou les caractéristiques raciales. Le racisme classique fournit un modèle pour les autres formes de discrimination qui puisent dans le discours raciste. Mais, l'expérience psychologique commune du racisme et des autres formes de discrimination fournissent dans le même temps des possibilités de coalition entre divers mouvements anti-discrimination et de droits de l'homme contre la discrimination raciale. Le rôle des groupes de femmes est à cet égard particulièrement prometteur. Les femmes de couleur, en particulier, portent le fardeau d'une double discrimination fondée sur leur race et sur leur sexe.

Pour l'Inde, la Conférence mondiale contre le racisme devra porter une attention particulière à la relation entre race, mondialisation et immigration ou libre circulation des travailleurs, et à la question de savoir si la propagande raciste constitue une offense ou une opinion. A cet égard, la représentante a souligné que toute incitation à la haine et à la violence raciales commence par ou présume un certain degré d'acceptation de la pensée et de l'opinion racistes. L'incitation à la haine raciale et la violence raciale ne pourraient se produire sans le sédiment préalable d'une idéologie raciste, comme l'ont montré le génocide des juifs et le génocide du Rwanda. L'Inde estime que l'action politique peut contribuer à empêcher que les idéologies racistes n'atteignent une ampleur qui transcende l'expression d'une opinion et ne deviennent une violation des droits humains des autres. La représentante a lancé un appel en faveur de l'allocation de ressources,

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financées sur le budget régulier, au Programme d'action de la Troisième Décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale et a invité les Etats Membres qui ne l'ont pas encore fait à contribuer généreusement au Fonds d'affectation spéciale de la Décennie.

La représentante a estimé que, considéré hors contexte, le droit à l'autodétermination peut être interprété de manière abusive par des parties intéressées en vue d'encourager la sécession, le terrorisme et la violence fondée sur l'intolérance et visant à détruire la coexistence, la tolérance, le respect mutuel, l'unité et la laïcité. L'autodétermination ne peut être interprétée comme le droit de toute unité ethnique de proclamer son indépendance ou de joindre un autre Etat, a-t-elle dit.

M. AMARE TEKLE (Erythrée) a rappelé que la lutte de l'Erythrée contre le colonialisme a illustré l'attachement du pays au principe du droit des peuples à l'autodétermination et à celui de l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale fondée sur la religion ou le sexe. Neuf nationalités ou groupes ethniques se sont unis pour lutter contre la domination coloniale.

Le pays n'a jamais manifesté aucune animosité envers ses colonisateurs, qu'ils soient italiens ou éthiopiens. Depuis son indépendance il y a sept ans, le pays traite ses ressortissants étrangers de toutes races et origines de façon juste et équitable.

Vu cette magnanimité, le Gouvernement déplore la campagne de haine raciale que propage aujourd'hui l'Ethiopie depuis qu'un conflit frontalier a éclaté au mois de mai. Mû par des visées expansionnistes, le Gouvernement d'Ethiopie a joué des données ethniques pour rallier son peuple à une politique d'agression et justifier ses atteintes aux droits de l'homme. Les Ethiopiens subissent depuis six mois une propagande radiotélévisée virulente contre les Erythréens et leur Gouvernement. Le Gouvernement d'Erythrée est accusé des pires crimes, pour inciter la population Ethiopienne à une épuration ethnique sauvage. Il ne faut pas confondre la population multiethnique d'Ethiopie et le Gouvernement actuel d'Ethiopie et ses représentants. Les Erythréens peuvent attester de ce que beaucoup d'Ethiopiens agissent en toute légalité et leur ont tendu la main. Le Gouvernement d'Erythrée, qui a toujours protégé ses résidents éthiopiens, demande l'intervention de la communauté internationale en vue d'éradiquer la campagne éthiopienne de haine raciale, immanquablement suivie d'agressions et de violations systématiques des droits fondamentaux.

M. XAVIER STICKER (France) a souhaité appeler l'attention des Etats Membres sur des assertions inexactes ou tronquées concernant la France contenues dans le rapport A/53/269, en particulier dans les paragraphes 31 et 32 du document. La question des "sans-papiers" ne relève pas du problème du racisme et de la discrimination raciale, mais de la réglementation relative à l'immigration. Le fait que la France soit une terre d'asile traditionnelle explique l'afflux des demandes. Celles-ci sont examinées sous le contrôle de l'autorité judiciaire.

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La France a récemment élargi la portée de sa législation en matière d'asile afin de mieux répondre aux différentes situations. La Loi du 11 mai 1998 a ainsi élargi le bénéfice du statut de réfugié politique aux personnes qui ont agi en faveur de la liberté et aux personnes qui courent un risque pour leur vie ou leur liberté ou sont exposées à des risques de traitements inhumains ou dégradants. Au cours des derniers mois, aux fins de tenir compte de la situation affective et familiale de nombreux immigrés clandestins auxquels le statut de réfugié politique n'a pas été reconnu, les autorités françaises ont procédé à la régularisation de près de 70 000 personnes. Aujourd'hui, seule une minorité des demandes déposées par des personnes en situation irrégulière n'a pas pu être satisfaite.

Plus d'un quart des Français sont d'ascendance étrangère a souligné le représentant. Les personnes qui ont une nationalité étrangère constituent près de 5% de la population française. Les prestations sociales sont accordées sans distinction tenant à la nationalité des bénéficiaires, pour peu que ceux-ci soient légalement établis sur le territoire.

M. AHMAD AL-HARIRI (République arabe syrienne) a rappelé la position constante de son pays en faveur du droit des peuples à l'autodétermination. Il y a eu des changements immenses qui ont permis à de nombreux peuples de prendre en main leur destin. Toutefois, l'occupation étrangère et l'oppression continuent dans certaines régions. L'ONU a obtenu des succès dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale et en faveur du respect du droit à l'autodétermination. Mais, en dépit des efforts de la communauté internationale, le peuple palestinien n'a toujours pas exercé son droit à l'autodétermination, en raison du refus d'Israël de respecter les résolutions de l'ONU. Israël poursuit ses pratiques de colonisation et sa politique visant à changer la configuration démographique des territoires arabes occupés en y installant des colons juifs venus du monde entier. Israël place constamment des obstacles à la réalisation du droit des Palestiniens à l'autodétermination sur ses propres terres. Une telle attitude ne contribuera pas à l'établissement de la paix dans la région, a déclaré le représentant, en appelant Israël à cesser de violer les droits des Palestiniens.

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a fait observer que Chypre, ayant été victime des manoeuvres d'une de ses communautés ethniques au travers de l'intervention étrangère et ayant fait l'objet de pratiques d'épuration ethnique, connaît le coût de l'inaction pour les individus et les Etats souverains. Chypre a revu et amendé sa législation en vue de protéger les réfugiés et les personnes déplacées, sans distinction d'origine, et de faciliter l'accès à la citoyenneté. Les programmes académiques comprennent des cours sur le respect égal des droits de tous, et des programmes ont été développés dans ce domaine. Une assistance financière est allouée aux enfants des minorités en vue d'assurer leur instruction. Des cours de langue pour les enfants d'immigrés, des campagnes de sensibilisation destinées à la société civile, et des programmes de formation pour les fonctionnaires d'Etat ont été organisés.

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Chypre ne peut appliquer les principes de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale sur la totalité de son territoire. Le pays a été envahi en 1974 par les forces armées turques. 37% du territoire est occupé. La division artificielle du pays entretient les tensions entre ethnies et communautés religieuses.

Mme SAMIRA BELHAJ (Tunisie) a noté que certaines régions du continent africain ont connu le long de ces dernières années de multiples actes de violence à caractère ethnique qui ont acculé des pans entiers de populations à se réfugier dans les pays voisins engendrant de nouveaux problèmes encore plus complexes. Elle a plaidé pour des solutions pacifiques et négociées à tous ces conflits, en gardant à l'esprit qu'un aspect essentiel de la solution réside dans le développement économique et social des régions concernées.

Le peuple palestinien dont l'Organisation a reconnu le droit inaliénable à l'autodétermination doit continuer à bénéficier de l'attention de l'Assemblée générale jusqu'à la réalisation de la plénitude de ses objectifs légitimes et en particulier celui de créer son Etat indépendant sur son territoire national avec Al Qods pour capitale, a déclaré la représentante. Elle a expliqué que, de son coté, la Tunisie a banni toutes les formes d'extrémisme de quelques natures soient-elles. Elle a fait de la tolérance un rempart contre les dépassements antidémocratiques et les forces obscurantistes. Elle a été parmi les premiers pays à ratifier la Convention internationale sur l'élimination de la discrimination raciale en janvier 1967. La Tunisie souscrit à la démarche du Rapporteur du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale tendant au lancement d'une procédure d'alerte rapide visant à empêcher les problèmes existants de dégénérer en conflits.

M. B.A.B. GOONETILLEKE (Sri Lanka) a souligné le fait que le droit des peuples à recourir à des actions légitimes, en conformité avec la Charte des Nations Unies, pour réaliser leur droit inaliénable à l'autodétermination exclut totalement les attaques sur des civils et des biens privés, ainsi que les actes de terrorisme provoquant la mort et la destruction. Il n'y a pas d'autre alternative que la lutte pacifique pour la réalisation du droit à l'autodétermination. Le représentant a mis l'accent sur la responsabilité qui incombe aux gouvernements de permettre à leur population d'exercer leurs droits civils, leurs libertés fondamentales et tous leurs droits de l'homme.

Les demandes de groupes ethniques vivant à l'intérieur d'Etats indépendants et souverains en vue de leur autodétermination, lorsqu'elles sont faites sans fondement rationnel, portent en elles le risque de déstabilisation et de démantèlement des Etats et menacent la paix et la sécurité internationales. A cet égard, le représentant a insisté sur la responsabilité qu'ont les Etats tiers d'aider les Etats affectés par ce phénomène, en prenant les mesures pour tarir les sources de financement, en renforçant les lois visant à prévenir le transfert illicite d'armes vers les mouvements rebelles et les groupes terroristes, et en empêchant l'utilisation de leur territoire par de tels groupes pour lancer des campagnes de propagande.

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M. HENRY MANGAYA YANGE (République démocratique du Congo) a expliqué qu'il se devait de corriger l'approche de deux décisions relatives à son pays prises par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale. Ces deux décisions figurant au rapport du Comité sont, de l'avis du Gouvernement de la RDC, empreintes de beaucoup de subjectivité.

La RDC est de plus en plus persuadée que grand nombre d'analyses faites dans certains hémicycles internationaux sur la situation qui prévaut réellement en territoire congolais, sont très souvent tendancieuses au point de faire de la victime qu'elle est, une accusée.

Le représentant a affirmé que "l'ethnie qui se croit présentement persécutée", de surcroît non congolaise, transplantée sur le sol de ses ancêtres de par la volonté du pouvoir colonial qui lui a fait garder sa nationalité d'origine, a continué à jouir de la sécurité, de la protection de bienfaits du pays d'accueil, même après l'accession de cet Etat à sa souveraineté nationale et internationale.

D'autres de leurs compatriotes, fuyant les atrocités commises sur eux par les tenants du nouveau pouvoir dans leur pays, trouveront à leur tour asile en RDC où ils évolueront parmi les gouvernants de la société congolaise. Ils passeront près de trente ans sans entreprendre une quelconque démarche individuelle de naturalisation, et ce jusqu'en 1994 où un grand nombre d'entre eux décidèrent de regagner allègrement et sans y être contraints leurs villages après avoir vidé les greniers et enclos d'élevage de ceux qui les ont hébergés des années durant. Pourquoi le peuple congolais en voudrait-il à ces gens d'une ethnie qui n'est pas la sienne, a interrogé le représentant.

Il a par ailleurs déploré la décision prise par le Comité qui recommande l'extension de la compétence du Tribunal pénal international pour le Rwanda aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité qui auraient été commis pendant la guerre en République du Congo. Cette recommandation du Comité va à l'encontre de la Déclaration faite le 13 juillet 1998 par le Président du Conseil de sécurité à l'issue de l'examen du rapport de la Commission d'enquête sur les présumés massacres des Rwandais en territoire congolais qui demandait aux autorités de la RDC de mener leur enquête sur ces allégations et de traduire en justice ceux de leurs nationaux qui seraient coupables des massacres. A ce propos, la République démocratique du Congo compte remettre incessamment au Secrétaire général son rapport intérimaire sur les présumés massacres des réfugiés rwandais sur son territoire.

Critiquant également la décision prise par le Comité au cours de sa dernière session, le représentant a affirmé que la discrimination raciale est en train de prendre sérieusement racine dans la partie orientale de son pays occupée par les forces du mal qui, après la déportation et l'extermination des autochtones, créent des camps de peuplement où s'entassent des colons d'un nouveau type qui s'approprient les biens des disparus congolais.

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Il a proposé, entre autres, que les tortionnaires et autres mandants de l'extermination de plus d'un million de réfugiés rwandais en territoire congolais soient poursuivis et punis pour leur crime contre l'humanité; que des actions d'envergure soient entamées dans des pays exportateurs de génocide pour mettre fin à la manipulation politique de l'éthnicité; que le système des Nations Unies aide le Gouvernement congolais à réformer et restructurer son appareil judiciaire de manière à lui permettre d'exécuter la recommandation du Conseil de sécurité.

M. CHUA SOON GUAN (Singapour) a indiqué que Singapour, dont la société est composée de plusieurs groupes ethniques, garantit à ceux-ci des conditions d'harmonie raciale et de cohésion sociale. Le Gouvernement, depuis plus de trente ans, assure à chaque race, langue et religion un statut égal. Chaque groupe est libre d'apprendre sa propre langue à l'école, de pratiquer son culte et de poursuivre ses intérêts culturels. Le principe du respect des droits d'autrui est inculqué aux citoyens dès l'enfance. Un système de méritocratie garantit à chacun l'égalité des chances, en fonction de ses capacités, et l'accès égal aux avantages sociaux subventionnés par le Gouvernement.

Au niveau municipal, des groupes autonomes procurent une assistance financière de base aux personnes en difficulté, quelle que soit leur race ou leur religion. Le développement continu des capacités et des talents de chacun permet d'inclure tous les citoyens, sans discrimination, au processus de croissance économique. La mobilité accrue des populations rend l'ouverture à la mentalité et aux spécificités des autres races nécessaire. Singapour s'est déclaré prêt à partager avec la communauté internationale son expérience dans la création d'un environnement minimisant la discrimination raciale.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan) a estimé que la lutte contre les nouvelles formes de racisme et de discrimination raciale requiert des efforts concertés aux niveaux national et international. Au niveau national, les gouvernements doivent prendre des mesures pour sensibiliser les jeunes, les professionnels, les fonctionnaires et le personnel chargé de l'application des lois aux coûts sociaux et économiques du racisme et de la discrimination raciale qui sapent la cohésion sociale et freinent le progrès et le développement des nations. Pour le Pakistan, les nouvelles technologies, comme l'Internet, devraient être utilisées comme instrument d'éducation en vue de prévenir l'émergence de doctrines et de pratiques racistes et de promouvoir la compréhension entre les divers segments de la société, les communautés et les peuples. Partant, le Pakistan appuie tout processus intergouvernemental qui viserait à l'établissement d'un code de conduite pour l'utilisation éthique de l'Internet tout en assurant le respect des droits individuels, comme la liberté d'expression.

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La Conférence mondiale contre le racisme doit fournir à la communauté internationale l'occasion d'adopter un agenda pour un XXIe siècle libre du fléau du racisme, a-t-il estimé. Le représentant a indiqué que la Constitution de son pays garantit l'égalité des droits et des chances pour tous les citoyens sans discrimination fondée sur la race, la caste, la couleur, le sexe ou la religion.

M. SALEH AL-RAJHI (Arabie saoudite) a déclaré que son pays, afin de promouvoir la paix mondiale et la stabilité au Moyen Orient, apporte son aide financière aux Palestiniens, qui luttent pour leur droit légitime à l'autodétermination, à l'intégrité territoriale et à la création d'un Etat. Israël, par des manoeuvres évasives, sabote le processus de paix et, en toute illégalité, continue de nier les droits des Palestiniens. Ce pays espère, par des actes de violence et en judaïsant Jérusalem, changer la réalité démographique et géographique de la région. Les terres arabes sont confisquées et colonisées par les Juifs, en violation du droit des Palestiniens à l'autodétermination.

Le représentant a, par ailleurs, rappelé les violations commises contre le droit à l'autodétermination des Bosniaques, de la population du Kosovo, et des peuples de Jammu-et-Cachemire.

Mme BETTY KING (Etats-Unis) a indiqué que le Président Clinton avait lancé l'an dernier un dialogue national sur la race dans le cadre des efforts visant à l'égalité. Cette initiative est fondée sur une stratégie en cinq points : articuler une vision de la réconciliation raciale aux Etats-Unis et créer un pays juste et unifié; sensibiliser la population à la question du racisme; promouvoir un dialogue constructif sur la race et travailler sur les questions difficiles et controversées liées à la race; encourager une direction forte à tous les niveaux pour éliminer les divisions raciales qui existent encore dans le pays; et trouver, développer et mettre en oeuvre des solutions aux problèmes raciaux dans les domaines critiques de l'éducation, des opportunités économiques, du logement, des soins de santé, et de la criminalité, et assurer la justice pour les individus, les communautés, les corporations et le gouvernement à tous les niveaux et pour toutes les races.

Le racisme se trouve souvent à l'origine des actes terroristes, des génocides, des inégalités économiques et de l'oppression politique, a estimé la représentante. L'accroissement sans précédent de la population mondiale, la gestion et la préservation des ressources rendent d'autant plus important de veiller à ce que le racisme ne complique pas nos relations. C'est pourquoi, la Conférence mondiale contre le racisme doit être productive. Le racisme est un héritage laid et primitif qui provoque trop de conflits dans notre monde moderne. Comprendre cette réalité constitue le premier pas vers l'émancipation de la brutalité et de la guerre, l'émancipation de l'injustice et de l'inégalité, a conclu la représentante.

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M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a exprimé l'inquiétude de son pays face à la multiplication des activités mercenaires. Ces activités menaçant la paix internationale promeuvent les intérêts de tierces parties et sont liées au sabotage, au trafic d'armes et au terrorisme. Durant le conflit armé qu'a connu l'El Salvador dans les années 80, le pays a fait l'objet de multiples agressions terroristes et d'actes de sabotage, qui font présumer la participation active de mercenaires liés à des trafiquants d'armes. Les bénéfices substantiels qu'ils réalisent ont permis à ces derniers d'attirer des mercenaires.

Le Gouvernement d'El Salvador a renforcé ses institutions et formé une Police nationale avec des unités spécialisées, qui ont réussi à démanteler 162 bandes armées dangereuses. Une réforme judiciaire a vu le jour, avec l'adoption d'un nouveau Code pénal et le renforcement des lois pénitentiaires. Le Gouvernement garantit à ses citoyens la jouissance des droits fondamentaux, et interdit la constitution de groupes armés à caractère politique et religieux. L'El Salvador n'appuie pas les groupes d'Amérique centrale visant à déstabiliser d'autres états.

Droits de réponse

Le représentant de la République arabe syrienne, évoquant l'intervention du représentant d'Israël, a rejeté toute accusation d'agression de la part de son pays contre Israël, indiquant que la République arabe syrienne s'était toujours défendue contre les agressions d'Israël.

La représentante de la Palestine, répondant elle aussi à la déclaration du représentant d'Israël, a précisé que le Mémorandum de Wye River est un accord qui vise à faciliter la mise en oeuvre d'accords déjà conclus entre les deux parties. Le droit des Palestiniens à l'autodétermination n'émane d'aucun accord précédent mais est un droit naturel et inaliénable, reconnu par des résolutions de l'ONU. Les accords bilatéraux ne peuvent aller à l'encontre des résolutions de l'ONU et n'impliquent pas que le peuple palestinien doit abandonner sa position et ses droits reconnus par la communauté internationale, a souligné la représentante.

La représentante de l'Ethiopie, évoquant des accusations du représentant de l'Erythrée, a souhaité replacer les événements dans leur contexte. Depuis l'indépendance de l'Erythrée, les relations entre les deux pays étaient cordiales jusqu'à l'agression de l'Erythrée, en mai 1998, contre l'Ethiopie et l'occupation d'une partie du territoire éthiopien. Cette agression non provoquée a causé le déplacement de 140 000 personnes et la destruction des infrastructures dans la région, a indiqué la représentante.

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Le représentant de l'Erythrée, intervenant pour un point d'ordre, a déclaré que la réunion de la Commission n'était pas consacrée à l'agression et au déplacement et affirmé que la déclaration de la représentante de l'Ethiopie était hors sujet.

Reprenant la parole, la représentante de l'Ethiopie a indiqué que la Constitution de son pays garantit les droits des diverses nationalités. Les Erythréens ont notamment le droit de travailler en Ethiopie. En ce qui concerne une prétendue campagne anti-érythréenne dans son pays, elle s'est étonnée de ce que l'Erythrée qui est le seul à mener de telles campagnes, porte de telles accusations. La représentante a indiqué que son gouvernement s'était efforcé de veiller à ce qu'aucun ressortissant érythréen ne soit expulsé. Le Gouvernement n'a pris que des mesures de précaution face à la subversion de certains ressortissants érythréens. Des mesures limitées ont été prises contre ceux qui espionnaient pour le Gouvernement de l'Erythrée, a-t-elle précisé.

Le représentant de l'Erythrée a estimé que la représentante de l'Ethiopie essayait de nier ce qui ne peut l'être. A titre d'exemple, il a mentionné des déclarations insultantes de la part de hauts responsables éthiopiens à l'encontre des Erythréens, qu'il a assimilées à du fascisme. Les Ethiopiens nous regardent de haut, du haut de leur puissance militaire et disent que l'on peut se débarrasser de beaucoup de gens au moyen d'une bombe. Le représentant a défié sa collègue de l'Ethiopie de citer des déclarations de la part de dirigeants érythréens dénigrant son pays.

La représentante de l'Ethiopie a répondu que jamais les dirigeants de son pays n'avaient prononcé les accusations que le représentant de l'Erythrée leur attribue. L'Erythrée s'efforce de détourner l'attention de la communauté internationale en accusant l'Ethiopie de racisme. Or, l'Ethiopie compte plus de 70 nationalités et ne peut être accusée de racisme.

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