AG/830

UNE AFRIQUE MARGINALISEE DANS UNE ECONOMIE MONDIALISEE MENACERAIT LA PROSPERITE INTERNATIONALE

27 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/830


UNE AFRIQUE MARGINALISEE DANS UNE ECONOMIE MONDIALISEE MENACERAIT LA PROSPERITE INTERNATIONALE

19981027 Le poids de la dette et le recul de l'aide publique au développement considérés comme principaux handicaps de l'économie africaine

L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi l'examen de l'application du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 1990. Les participants aux débats ont reconnu que des progrès significatifs avaient été enregistrés mais que la crise financière asiatique et le processus de mondialisation accélérée avaient eu des répercussions négatives sur les économies africaines fragilisées par le lourd fardeau de la dette. Les participants ont admis que le développement de l'Afrique relève des Africains eux-mêmes mais que, dans le cadre d'une interdépendance économique accrue, la marginalisation de l'Afrique aurait des conséquences sur la stabilité et la prospérité de l'économie mondiale et, que de ce fait, le développement de l'Afrique était l'affaire de tous.

De nombreux participants ont demandé que soit mis fin au déclin de l'aide publique au développement par des mesures concrètes permettant de coordonner plus efficacement les programmes d'aide et d'établir des partenariats efficaces. Les participants ont dans l'ensemble accueilli favorablement la proposition de transformation de la dette des pays pauvres les plus endettés en subventions. Ils ont en outre insisté sur la nécessité de garantir l'accès des produits africains aux marchés. Certains ont également rappelé la dimension humaine du développement économique et insisté pour que l'homme soit le centre et le moteur du développement.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débats: Tunisie, Sénégal, Algérie, Burkina, Inde, république de Corée, Chine, Malaisie, Afrique du Sud, Pakistan, Jamahiriyia arabe libyenne, Singapour, Guyana, Cameroun et Etats-Unis.

Lors de sa prochaine réunion qui se tiendra demain, mercredi 28 octobre à 10 heures, l'Assemblée examinera le deuxième rapport du Bureau, concernant l'inscription de deux nouveaux points à l'ordre du jour. Elle examinera également le rapport du Secrétaire général sur la coopération entre les Nations Unies et l'Union interparlementaire. L'Assemblée générale reprendra, demain après-midi, son examen du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique dans les années 1990.

APPLICATION DU NOUVEL ORDRE DU JOUR DES NATIONS UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE DANS LES ANNEES 90, Y COMPRIS LES MESURES ET RECOMMANDATIONS CONVENUES LORS DE L'EXAMEN A MI-PARCOURS : RAPPORT INTERIMAIRE DU SECRETAIRE GENERAL (A/53/390 et Add.1) (POINT 24)

Déclarations

M. ALI HACHANI (Tunisie) a déclaré que l'UN-NADAF est venu en son temps concrétiser les efforts des Nations Unies pour l'émancipation économique du continent africain et constitue un engagement renouvelé des Etats Membres de l'Organisation à appuyer les efforts africains de développement. La revue périodique du UN-NADAf permet, selon lui, de mieux cibler les objectifs à atteindre et de corriger le tir alors que la situation économique des Etats africains demeure dans l'ensemble fragile même si l'Afrique semble amorcer un redressement. M. Hachani considère que ce redressement est dû aux programmes de réforme et d'ajustements structurels, ainsi qu'au processus de démocratisation et de renforcement du tissu associatif dans le cadre de la bonne gouvernance dans lesquels les pays africains se sont engagés. M. Hachani a rappelé que le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afrique semble toutefois indiquer que le continent africain demeure peu attractif pour les investissements étrangers et que les pays donateurs ont réduit leur assistance. Il considère que l'action menée actuellement, aussi bien par les pays industrialisés que le système des Nations Unies, est loin de correspondre aux réels besoins de l'Afrique. Cette insuffisance se manifeste, selon lui, tant aux niveaux de l'aide publique au développement, des investissements que du traitement du problème de la dette. M. Hachani estime que des mesures urgentes devraient être prises en vue d'accroître les courants de capitaux destinés aux pays d'Afrique et qu'il est du devoir de la communauté internationale de soutenir les efforts déployés par l'Afrique pour diversifier son économie.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a rappelé que, partant du principe que la responsabilité du développement de l'Afrique incombe aux Africains eux-mêmes, le nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique avait défini un contrat dans lequel l'Afrique et la communauté internationale souscrivaient à des engagements précis. Il a fait observer que pour la grande majorité des pays africains, l'heure est aujourd'hui à l'approfondissement de la politique de libéralisation, de simplification des procédures administratives et des réformes fiscales. On peut donc constater l'émergence d'un certain nombre de facteurs constitutifs de ce qu'il est convenu d'appeler la "renaissance africaine". Toutefois, il a estimé que ces acquis ne doivent pas représenter "l'arbre qui cache la forêt". En effet, le redressement de l'Afrique demeure encore fragile. La lutte contre la pauvreté, la mobilisation de l'épargne interne, la fourniture des services sociaux de base, la santé et l'éducation pour tous, la maîtrise du taux de croissance démographique sont encore loin d'être acquis. S'y ajoutent les risques de marginalisation nés de la mondialisation et la très faible part de l'Afrique dans le commerce mondial.

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En ce qui concerne, la contribution de la communauté internationale, M. Ka a déploré un bilan peu satisfaisant, du moins dans les trois domaines cruciaux que sont le problème de la dette, la mobilisation des ressources et le commerce. Estimant que l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés était certes louable dans ces objectifs, il en a souligné les limites et a rappelé que seule une approche globale pourrait avoir un impact significatif pour le traitement satisfaisant de la dette africaine dans son ensemble. Il a constaté que la baisse de l'aide publique au développement a atteint un niveau sans précédent et a rappelé que la mobilisation des ressources reste une des faiblesses majeures de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique et ce, d'autant plus que l'Afrique n'attire jusqu'à présent qu'une très faible part des investissements privés directs. Enfin, dans le domaine commercial, il a souligné l'effritement progressif des marges préférentielles accordées aux pays en développement qui engendre des pertes énormes de recettes d'exportation aggravant ainsi le déficit de leurs balances commerciales. C'est le traitement de ces trois dossiers majeurs qui déterminera le succès ou l'échec du nouvel Ordre du jour à l'heure du bilan, a estimé M. Ka qui a ajouté que la communauté internationale avait les moyens d'y trouver une solution si elle en a la volonté politique. Plus que jamais, l'heure doit être aux actes, dans un esprit de partenariat, a-t-il déclaré pour finir.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a rappelé que le nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique avait été accepté comme un contrat de partenariat entre l'Afrique et la communauté internationale qui s'était engagée à soutenir les efforts de l'Afrique. Il a souligné que l'examen à mi- parcours effectué en 1996 avait permis de constater, d'une part, que les pays africains ont prouvé leur engagement en faveur de ce partenariat et, d'autre part, que les partenaires de l'Afrique présentent un bilan globalement négatif en ce qui concerne leur soutien aux efforts entrepris par les Africains. Il a indiqué que l'Afrique, avec un volume d'aide publique au développement en déclin, un fardeau de la dette asphyxiant et un flux de ressources très modeste, est entravée dans ses efforts de développement. En outre, les quelques performances intéressantes qui ont pu être enregistrées par certains pays africains demeurent loin de la moyenne des 6% de croissance requise pour le développement durable. Il a déclaré que si l'Afrique doit compter sur elle-même, elle doit également bénéficier du soutien bienveillant de ces partenaires dans le monde, surtout en cette phase critique de mondialisation effrénée.

M. Baali a souligné deux axes principaux des relations entre l'Afrique et ses partenaires qui doivent retenir l'attention, la mobilisation des ressources et la coordination des initiatives en faveur du continent. Sur le premier point il a signalé que les moyens de l'Afrique en ce domaine étaient réduits dans la mesure où l'épargne intérieure rencontre des limites objectives tenant avant tout au solde des échanges avec le reste du monde. Quant aux initiatives multilatérales et bilatérales en faveur du Continent, il apparaît nécessaire qu'un effort d'harmonisation et de coordination de ces initiatives soit entrepris de manière à éviter la déperdition de moyens et de

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ressources dont l'Afrique a besoin. Il a ajouté qu'en attendant l'évaluation finale de la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour en 2002, il est essentiel que le soutien à l'Afrique se concrétise et que la solidarité de la communauté internationale ne se réduise pas à des déclarations d'intention.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé que les défis de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie, déjà si difficiles à relever par les pays en développement, le sont encore davantage pour les pays africains. Rappelant que c'est dans un contexte de dépression économique que les Nations Unies abordent aujourd'hui la question du développement du continent africain à la veille du 21ème siècle, M. Kafando a estimé que l'examen à mi-parcours du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement en Afrique a permis de mettre en évidence les sacrifices importants consentis par les pays africains depuis le début de la décennie. Il a également permis de souligner le peu d'empressement d'une partie de la communauté internationale à s'acquitter de sa part de responsabilité au titre des engagements souscrits.

Les pays africains, a-t-il ajouté, sont les principaux architectes de leur propre destin et n'ont eu de cesse de prendre des initiatives et de procéder à des réformes économiques et politiques en vue de susciter un environnement interne stable, sain et partant incitateur. En outre, leur engagement en faveur de la coopération et de l'intégration sous-régionale et régionale est plus évident que jamais. M. Kafando a regretté que, en dépit de ces efforts, les problèmes de fond demeurent, car près de 300 millions d'Africains vivent encore au dessous du seuil de pauvreté. Pour M. Kafando, la marginalisation croissante des pays africains dans le processus de mondialisation, le problème de la dette africaine et la contraction des ressources affectées au développement constituent les principaux obstacles au développement de l'Afrique. Il a déclaré que pour l'Afrique, la seule solution viable demeure celle de l'annulation pure et simple de la dette. Il estime également que, dans le cadre de l'UN-NADAF, le système des Nations Unies doit s'attacher à coordonner et harmoniser les multiples initiatives, programmes et plans en faveur de l'Afrique. Le nouveau partenariat qu'il envisage doit s'articuler autour des besoins réels des pays africains et des priorités définies par eux.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a insisté sur le fait que l'un des points critiques qui empêche la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour sont les obstacles rencontrés pour accroître les flux financiers en direction de l'Afrique. Cette question doit être traitée de manière exhaustive, efficace et urgente a-t-il déclaré. Au niveau de l'assistance au développement, l'Inde soutient l'appel de l'Organisation de l'unité africaine en faveur de aide internationale, notamment par le biais du système des Nations Unies, afin d'accroître les investissements dans le secteur de l'éducation. Le représentant a par ailleurs indiqué qu'il est essentiel que la communauté internationale n'augmente pas seulement l'aide publique au développement mais fournisse aussi des ressources pour les besoins humanitaires et d'urgence de l'Afrique. L'Inde soutient par conséquent toutes les recommandations

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contenues dans le document sur les objectifs à atteindre en matière d'aide et d'amélioration de la coordination. Le représentant a par ailleurs indiqué que l'Inde souhaite que le Secrétaire général procède à un examen urgent des propositions visant à convertir en dons toutes les dettes officielles bilatérales des pays africains les plus pauvres. De plus, les pays exportateurs doivent éliminer toute restriction, formelle ou informelle, des exportations majeures des pays africains. La communauté internationale devrait aussi envisager des moyens de réduire la volatilité des flux de capitaux grâce à une meilleure surveillance des mécanismes. La communauté internationale devrait s'assurer de l'accès des produits africains aux marchés car cela constitue un élément important dans le processus de développement du continent. Par ailleurs, dans le cadre des efforts de coopération régionale en Afrique, l'Inde propose d'augmenter de façon très significative les liens de coopération mutuelle avec d'autres organisations régionales et sous- régionales.

M. DAE-WON SUH (République de Corée), rappelant qu'un des effets négatifs de la mondialisation avait été la marginalisation accélérée du continent africain, a insisté sur la nécessité, pour y faire face, de mettre en place un partenariat solide entre les pays africains, les pays donateurs et les institutions des Nations Unies pour le développement. A cet égard, il a réaffirmé l'importance d'une approche d'ensemble pour répondre aux questions capitales contenues dans le nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique. C'est d'ailleurs dans cette optique que la Corée apporte son assistance économique et en matière de développement aux pays africains et qu'elle participe aux opérations de maintien de la paix sur le continent. Cependant, la Corée a exprimé sa préoccupation quant à la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour et a insisté, en particulier sur la nécessité d'établir des mécanismes pour en observer et en évaluer l'application sur le terrain et pour harmoniser les différentes initiatives internationales ou bilatérales pour le développement de l'Afrique.

S'agissant de l'accès aux marchés, la Corée a souligné le besoin d'une discussion plus approfondie sur la mise en oeuvre des résultats de la réunion de haut niveau de Genève sur les pays les moins développés qui s'est tenue l'année dernière. C'est d'ailleurs dans ce contexte que le Gouvernement coréen prévoit d'accueillir, les 7 et 9 décembre prochains, à Séoul, le Forum sur la coopération Asie-Afrique pour la promotion des exportations dont l'objectif est de trouver les moyens d'optimiser les bénéfices commerciaux mutuels des deux continents et de renforcer le potentiel de la coopération Sud-Sud.

Pour finir, M. Suh a observé que la République de Corée, en dépit de ses propres difficultés économiques, avait apporté 2,3 millions de dollars d'aide à 23 pays africains et soutenu l'établissement d'un Centre technologique des Nations Unies pour l'Afrique car, a rappelé M. Suh, le développement de l'Afrique n'est pas seulement le problème des pays africains.

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M. SHEN GUOFANG (Chine) a indiqué que le processus de mondialisation accélérée n'avait pas apporté une part équitable de bénéfices à l'Afrique et qu'au contraire ses effets négatifs lui avait coûté cher. A l'heure de la mondialisation et d'une interdépendance accrue entre les pays, le développement économique durable de l'Afrique est une condition importante de la stabilité et de la prospérité de l'économie mondiale et, par conséquent, concerne la communauté internationale dans son ensemble. Ainsi, estime-t-on que la communauté internationale devrait se consacrer à l'établissement d'un "Partenariat pour le développement au 21ème siècle" avec l'Afrique, qui prévoie un large soutien à l'Afrique afin de l'aider à sortir du cercle vicieux du sous-développement économique.

M. Guofang a indiqué que l'action de la communauté internationale devrait s'attacher à augmenter l'aide publique au développement et faire en sorte qu'elle serve effectivement les besoins des pays africains, à renforcer l'Initiative en faveur des pays pauvres les plus endettés, à lever les barrière douanières afin de permettre l'accès des produits africains aux marchés, et à encourager les investissement productifs et les transferts de technologie afin d'aider les pays africains à améliorer leurs infrastructures économiques et leur compétitivité dans le processus de mondialisation. Il a en outre signalé que la Chine avait renforcer sa coopération avec l'Afrique en mettant l'accent sur l'obtention de résultats concrets. Il a également indiqué que cette coopération s'était diversifiée au cours des dernières années et que la Chine continuerait ses efforts en vue d'apporter sa contribution à la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré que la Malaisie se réjouit de la décision du Secrétaire général de faire de l'Initiative spéciale sur l'Afrique le moteur du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement en Afrique (UN NADAF). Il note que cette initiative pourrait contribuer à une certaine cohérence et amélioration de la coordination non seulement au sein de l'Organisation des Nations Unies, mais également dans la communauté des pays donateurs. La Malaisie reconnait le rôle important que jouent les organisations qui composent le système des Nations Unies, en particulier le FMI et la Banque mondiale, dans la réalisation des objectifs de l'UN NADAF. Il reste cependant beaucoup à faire. Pour la Malaisie, la solution du progrès de l'Afrique réside dans l'investissement étranger direct. La formation et le transfert de technologies sont les voies que doit suivre l'Afrique beaucoup plus que de rechercher une assistance financière quoique celle-ci joue un rôle important. Il est donc d'une importance cruciale que les organisations composant le système des Nations Unies s'attachent à accorder une attention particulière aux actions qui viseraient à la création d'un environnement propice au flux des investissements étrangers directs aussi bien en matière d'infrastructure de développement qu'en matière de capacité de développement des institutions. Le Premier Ministre malaisiens a par ailleurs révélé lors de la Conférence de Tokyo sur le développement de l'Afrique, un arrangement entre le Japon, la France et la Malaisie visant à aider l'Afrique dans son développement.

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La Malaisie et l'Afrique ont au cours des quarante années passées entretenu des rapports cordiaux. Alors que les années récentes ont vu une coopération entre les deux pays qui a accru de façon extraordinaire le commerce et l'investissement. Nous nous réjouissons à l'avance de l'émergence d'une Afrique partenaire dans le commerce et le développement dans le contexte de la mondialisation.

M. KHIPHUSIZI J. JELE (Afrique du Sud) a déclaré que sa délégation considère la mise en oeuvre du nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique comme un élément clef permettant de faire face au défi du développement de l'Afrique L'Afrique du Sud est très préoccupée par la situation économique générale du continent africain, et en particulier des faibles résultats en matière de développement économique en dépit des efforts conjugués de la communauté internationale. Rappelant que l'élimination de la pauvreté représente une priorité pour de nombreux gouvernements africains, M. Jele a évoqué leurs efforts en matière de réforme économique et de développement humain. Toutefois, ces efforts doivent être soutenus par la communauté internationale afin de garantir que les objectifs du nouvel Ordre du jour pour l'Afrique soient réalisés. Il a également noté que malgré ces efforts, le Continent africain n'a connu que des résultats modestes, quoique encourageants, notamment un taux de croissance positif et des taux d'inflation faibles. Il a déclaré que sa délégation est particulièrement inquiète au sujet des problèmes externes qui compromettent les efforts constructifs dans la mise en oeuvre de l'Ordre du jour pour l'Afrique. Dans ce contexte, il a fait état des effets négatifs de la mondialisation sur les économies fragiles des pays africains et la baisse constante des flux de ressources financières vers le continent africain. Compte tenu de la dynamique du système économique international, les économies africaines sont sous la pression constante de la libéralisation, or cela contribue davantage à les marginaliser car elles ne peuvent pas faire face à la compétition des économies plus avancées. Pour faire face à cette situation il faut, selon M. Jele, que les objectifs du nouvel Ordre du jour pour l'Afrique bénéficient du soutien universel afin de permettre à l'Afrique de réaliser son intégration économique régionale, ce qui renforcera ses capacités concurrentielles. Il faut aussi mobiliser les ressources financières nécessaires à la réalisation des objectifs de l'Ordre du jour pour l'Afrique a déclaré M. Jele.

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a estimé que pour renverser la tendance à la marginalisation de l'Afrique dans une économie mondialisée, les initiatives de la communauté internationale devraient être suivies d'actions concrètes en faveur du développement de l'Afrique. A cet égard, il mentionné cinq domaines prioritaires. Selon M. Kamal, il faut d'abord trouver une solution à l'insoutenable poids de la dette pour les pays africains et considérer sérieusement la possibilité de transformer la dette publique des pays les plus pauvres en subventions ce qui permettrait de rendre disponibles des ressources considérables qui pourraient être affectées au développement des ressources humaines. Il faut en outre améliorer et garantir l'accès des pays en développement aux marchés et promouvoir la coopération régionale. Toute la capacité industrielle de l'Afrique doit également être renforcée en accélérant

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sa mutation de producteur de matières premières en acteur de développement d'industries de transformation, notamment en lui apportant les ressources et les technologies dont elle a besoin. Il faut ensuite investir davantage dans les ressources humaines, notamment dans l'éducation, la santé et les services sociaux de base. Dans ce domaine, le Pakistan a lancé depuis dix ans un Programme pour l'Afrique qui est principalement centré sur le développement des ressources humaines et des capacités. Enfin, il faut se pencher sérieusement sur le problème de la mobilisation des ressources financières car le déclin de l'Aide publique au développement va à l'encontre des initiatives et des politiques prises en faveur de l'Afrique et les flux de capitaux privés ne peuvent en aucun cas répondre aux besoins des pays en matière sociale et d'infrastructures.

Pour réduire efficacement le seul problème de la pauvreté, l'Afrique aurait besoin de 50 à 60 milliards de dollars par an, a rappelé M. Kamal observant qu'on ne pourrait atteindre les objectifs du nouvel Ordre du jour sans assurer un apport de capitaux suffisants. Il a également estimé qu'il fallait établir un calendrier et définir des objectifs précis si l'on veut assurer le succès des différentes initiatives lancées par la communauté internationale pour le développement de l'Afrique.

M. ABDUSSALAM SERGIWA (Jamahiriyia arabe libyenne) s'est associé à la déclaration faite par l'Indonésie au nom du Groupe des 77 et de la Chine ainsi qu'à celle faite par le Nigéria au nom des Etats africains. Il a estimé que le rapport du Secrétaire général témoigne des efforts des Nations Unies en faveur du développement de l'Afrique mais souligne également les problèmes auxquels le continent africain reste confronté, notamment la pauvreté, les conflits armés, la famine et la détérioration des conditions de santé. Il a remarqué que le fardeau de la dette extérieure s'était alourdi et que des obstacles subsistaient qui empêchent l'accès de l'Afrique aux marchés internationaux. Il a déploré le déclin de l'aide publique au développement qui prive l'Afrique des ressources nécessaires à son développement la pousse vers la marginalisation et la maintient dans une situation de dépendance.

M. Sergiwa a ensuite rappelé que, du fait de l'héritage colonial qui a conduit au pillage de ses ressources et à un tracé arbitraire de ses frontières, l'Afrique souffrait de problèmes endémiques qui doivent être corrigés, notamment par l'élimination du fardeau de la dette. Il a toutefois signalé que le développement de l'Afrique était la responsabilité des Africains et que l'aide de la communauté internationale devrait plutôt s'exprimer sous forme de soutien aux efforts africains et de partenariats. Les Etats industrialisés doivent s'abstenir de tout ce qui peut faire obstacle aux exportations africaines et, notamment, de mesures coercitives telles les sanctions imposées à la Libye. M. Sergiwa a déclaré que l'Afrique devrait prendre son destin en main, mais qu'il fallait aussi que les institutions de Bretton Woods ne lui imposent pas de conditions injustifiées qui sont motivées

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par des intérêts politiques particuliers. Il a également indiqué que la Libye continuera à déployer des efforts en faveur du développement de l'Afrique et a rappelé que l'instabilité en Afrique aura des conséquences sur la paix et la prospérité mondiale.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) s'est félicité de la qualité du rapport du Secrétaire général ainsi que de l'addendum sur la mobilisation des ressources supplémentaires. Le représentant a souligné que Singapour a toujours montré un intérêt certain pour la croissance économique et le développement de l'Afrique. Les visites de dirigeants africains à Singapour sont venues compléter les efforts entrepris par le pays pour faire partager son expérience grâce au Programme de coopération de Singapour. En effet, depuis son lancement, plus de 1100 responsables des pays africains de l'Afrique subsaharienne ont participé à des cours à Singapour sur une série de sujets. De plus, afin d'accroître la connaissance de l'existence de ces programmes ainsi que leur qualité, Singapour a établi des partenariats d'assistance technique avec d'autres pays et d'autres organisations internationales qui portent le nom de Programme de formation pour le Tiers Monde.

M. SAMUEL R INSANALLY (Guyana) au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a déclaré que la CARICOM et l'Afrique sont unis dans leur lutte pour l'indépendance économique, l'élimination de la pauvreté et un avenir prospère. La CARICOM se félicite des progrès réalisés en Afrique en matière de démocratisation et de bonne gouvernance ainsi que du taux de croissance positif. M. Insanally a noté cependant que, compte tenu des faibles niveaux d'investissements actuels en Afrique, ces taux de croissance ne pourront pas être maintenus. Par conséquent il est urgent de mobiliser des ressources financières additionnelles pour pouvoir réaliser l'objectif de 6% de croissance fixé par le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement en Afrique. Il apparait clairement selon M. Insanally que, en dépit des progrès réalisés depuis l'adoption de cet ordre du jour, le cercle vicieux du sous-développement n'a pas été brisé. Alors même que le continent africain représente 22% de la population mondiale, il ne représente que 2% du commerce international, ce qui traduit la faiblesse des investissements pour le développement africain. La CARICOM estime que la communauté internationale doit intensifier son engagement en faveur de l'Afrique et que les pays du G7 en particulier doivent arrêter la tendance à la baisse de leur aide publique au développement. Par ailleurs, la CARICOM soutient également la recommandation du Secrétaire général de réduire la dette africaine et d'augmenter les flux de capitaux privés vers l'Afrique. Pour leur part, les pays de la CARICOM ont lancé des initiatives diverses pour améliorer leur coopération avec l'Afrique a rappelé M. Insanally, notamment dans le cadre des discussions entre les représentants de la CARICOM et de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) en vue de formaliser les relations entre ces deux groupements régionaux.

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M. JEAN SIMPLICE NDJEMBA ENDEZOUMOU (Cameroun) a énoncé les défis que doit encore relever le Nouvel Ordre du Jour des Nations Unies pour espérer atteindre pleinement ses objectifs. Au titre de ces défis on trouve en premier lieu, l'intégration économique et industrielle de l'Afrique à la mondialisation qui requiert l'élargissement de l'appareil de production des pays africains. En deuxième lieu, relève le délégué, il y a le resserrement de la coordination et de la complémentarité entre le processus politique mondial et les activités opérationnelles sur le terrain. Comme troisième défi, il y a la mobilisation des ressources financières et il remarque, en l'occurrence, que les concours financiers vers l'Afrique, que ce soit sous forme d'aide publique au développement ou sous forme d'investissements privés, sont aujourd'hui victimes des mouvements erratiques de capitaux qui se déplacent en temps réel vers des places financières plus rémunératrices ou vers des marchés plus porteurs. La délégation du Cameroun partage les propositions du rapport en ce qui concerne les deux derniers défis à savoir la mise en place de dispositifs de suivi, de contrôle et d'évaluation au sein du Secrétariat des Nations Unies assortie de la perspective d'une évaluation indépendante, et la nécessité d'une harmonisation des initiatives internationales et bilatérales en cours.

Selon le délégué, toute esquisse de solution aux problèmes du continent doit intégrer la dimension humaine comme point de départ et comme finalité. L'amélioration des conditions de vie des différentes couches sociales apparaît comme un facteur déterminant et un accélérateur potentiel du processus de développement en Afrique. Une action en profondeur s'impose et commande que l'être humain africain pluridimensionnel au regard de ses problèmes, soit le centre et le moteur du développement et non pas qu'on s'y refère de manière résiduelle ou comme simple élément tactique.

MME REGINA MONTOYA (Etats-Unis) s'est félicitée de l'issue de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique qui témoigne d'un effort intégré et d'une réflexion mieux centrée et plus efficace. Elle a précisé que les progrès enregistrés par certains pays africains étaient menacés par la crise financière internationale et les catastrophes météorologiques. Au sujet du fardeau de la dette, elle a fait sienne la suggestion du Secrétaire général que cette question soit examinée conjointement avec le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Elle a estimé que le nouvel Ordre du jour fournissait le cadre politique nécessaire pour accomplir cette mission de développement tandis que l'Initiative spéciale en faveur des pays les plus pauvres très endettés permettait de rendre ce cadre politique opérationnel. Elle a souligné l'importance de mettre en phase l'aide des Nations Unies et les impératifs nationaux africains afin de développer des initiatives pragmatiques ancrées dans la réalité.

Mme Montoya a indiqué que les Etats-Unis face aux problèmes qui minent le développement en Afrique se concentraient sur les réponses bilatérales et multilatérales, et s'efforcent de travailler en accord avec les parties concernées et de placer le développement de l'Afrique entre les mains des

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Africains. Elle a insisté sur le fait que le dialogue entre toutes les parties concernées, y compris les organisations non gouvernementales, était la clé du processus de développement. En outre, elle a observé que l'examen de la politique triennale qui était conduit cette année offrait un cadre propice pour améliorer la fourniture de l'aide technique des Nations Unies et concentrer les ressources sur les pays les plus pauvres.

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