AG/827

L'AGRESSION CONTRE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS INSCRITS À L'ORDRE DU JOUR DE L'ASSEMBLEE GENERALE

23 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/827


L'AGRESSION CONTRE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO ET LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS INSCRITS À L'ORDRE DU JOUR DE L'ASSEMBLEE GENERALE

19981023 La proposition iranienne est unanimement très bien accueillie par les délégations

Le Bureau de l'Assemblée générale a décidé ce matin de recommander l'inclusion de deux questions additionnelles à l'ordre du jour de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale plénière. La première, soumise par la République démocratique du Congo (RDC), concerne l'agression armée contre la République du Congo. Pour cette question, le Bureau de l'Assemblée était saisi d'une lettre du représentant permanent de la RDC accompagnée, en annexe, d'un mémoire explicatif, où il demande que cette question soit débattue en plénière sans renvoi à une grande commission.

La deuxième demande d'inscription, relative à un dialogue entre les civilisations, était soumise par la République islamique d'Iran, par une lettre de son représentant permanent, au Président de l'Assemblée générale accompagnée d'un mémoire explicatif et d'un projet de résolution relatif à la proclamation d'une année des Nations Unies pour un dialogue entre les civilisations. Le représentant demandait également que cette question soit examinée directement par la plénière sans être renvoyée à une grande commission.

Suite à la présentation par le représentant de la République démocratique du Congo de sa demande d'inscription de la question relative à l'agression contre son pays, un débat s'est engagé, auquel ont pris part les représentants des pays suivants: Ouganda, République démocratique du Congo, Lesotho, Rwanda et Mexique.

A l'issue du débat, le Président du Bureau a décidé d'inclure cette question à l'ordre du jour de l'Assemblée plénière, étant entendu que la question de la date du débat soulevée par des intervenants, sera examinée ultérieurement.

En ce qui concerne l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée plénière du point intitulé "Dialogue entre les civilisations", présenté par le représentant de la République islamique d'Iran, sont intervenus pour appuyer cette demande, les représentants des pays suivants: Italie, Inde, Sénégal, Fédération de Russie, République arabe syrienne, Lesotho, Arménie, Mongolie.

En fin de séance le Président a annoncé que le rapport du Bureau sur l'inclusion de ces deux questions sera présenté à l'Assemblée générale, le mardi 27 octobre au matin.

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ADOPTION DE L'ORDRE DU JOUR ET ORGANISATION DES TRAVAUX ET REPARTITION DES POINTS INSCRIT A L'ORDRE DU JOUR (POINT 8)

Demande d'inscription d'une question additionnelle soumise par la République démocratique du Congo (A/53/232)

M. MONGA MULENDA MAKONGA (République démocratique du Congo) a tracé une brève historique des faits, en faisant observer que le conflit actuel au Congo est d'origine régionale puis que le Président ougandais a lui-même reconnu l'engagement de l'armée ougandaise au Congo. Il a déclaré que l'accord militaire avec l'Ouganda avait été rompu par le Président Kabila le 28 juillet 1998, et que depuis l'armée ougando-rwandaise s'était livrée à des violences indescriptibles sur la population civile congolaise, culminant le 23 août par l'attaque des troupes ougando-rwandaises du chef-lieu de la province orientale. Il a également précisé que ces faits lugubres ont des conséquences néfastes sur la démocratisation entamée par le Gouvernement de Kinshasa. Le représentant de la RDC a réitéré sa demande pour que cette question soit inscrite à l'ordre du jour de la plénière sans renvoi à une commission.

M. SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a informé les représentants présents des initiatives régionales en vue de résoudre pacifiquement la situation dans la région des Grands Lacs. Il a fait état d'une réunion à Arusha sous l'égide de la SADEC et de l'OUA. Le représentant a déploré que l'Ouganda soit accusé d'agression contre son voisin, alors qu'il avait aidé le président Kabila à parvenir au pouvoir. Il a également rappelé que l'Ouganda et la RDC avaient signé un protocole selon lequel les troupes ougandaises stationneraient sur la frontière Est afin de prévenir des tentatives de déstabilisation du pays. Les troupes ougandaises ne sont donc stationnées sur le frontière Est du Congo qu'en vertu d'un accord signé et accepté par Kabila. Il a insisté sur les initiatives africaines en cours qui demandent la cessation des conflits, un retrait des troupes étrangères, l'instauration d'un dialogue politique entre les parties et la mise en place d'une force neutre sous l'égide des Nations Unies. Mais un accord sur cette solution pacifique est difficile à réaliser, malgré les appuis de divers présidents africains. Toutefois il a déclaré que la délégation ougandaise ne souhaite pas invoquer le Règlement de l'Assemblée pour empêcher qu'un point soit inscrit à l'ordre du jour, mais elle aurait souhaité que les parties concernées donnent une chance aux initiatives prises par les divers organismes africains, afin que celles-ci puissent suivre leur cours jusqu'à un dénouement avant d'envisager un débat à l'Assemblée générale.

M. MAKONGA (République démocratique du Congo) en réponse au représentant de l'Ouganda a estimé que ce n'est pas parce que cette question est discutée ailleurs que la RDC ne pourrait pas la soumettre à l'Assemblée générale. Evoquant le protocole dont l'Ouganda a parlé, le représentant de la RDC a rappelé que celui-ci était caduc depuis le 27 juillet dernier, date à laquelle avait été mis fin à toute assistance militaire étrangère. Il a estimé qu'il était normal que la RDC fasse tout son possible pour mettre un terme au conflit et se trouve dans l'obligation d'en appeler à toutes les instances susceptibles de l'y aider. Le recours de la RDC à l'Assemblée générale ne se

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fait pas au détriment des initiatives prises au niveau du continent mais servira plutôt d'appui de celles-ci. Il a jugé assez cynique la proposition de l'Ouganda qui reconnait la présence de ses troupes en RDC, d'attendre que les initiatives africaines aient porté leurs fruits. Il a posé à son homologue la question de savoir si l'Ouganda serait disposé à retirer ses troupes en attendant.

M. KIWANUKA (Ouganda) a précisé que sa délégation ne s'opposait pas à l'inscription de cette question à l'ordre du jour, mais a suggéré que la date du débat sur cette question ne soit fixée qu'après des consultations et qu'il serait souhaitable d'attendre les résultats des initiatives déjà en cours.

M. PERCY M. MONGOAELA (Lesotho) s'est déclaré soulagé d'entendre que le représentant de l'Ouganda s'abstiendrait, comme il s'y était engagé, d'invoquer les articles 14 et 15 du règlement de l'Assemblée pour empêcher que cette question soit inscrite à l'ordre du jour.

M. MAKONGA (République démocratique du Congo) tout en se déclarant d'accord avec la délégation ougandaise a posé la question de savoir à quelle date le représentant de l'Ouganda souhaiterait que ce point vienne en examen devant l'Assemblée.

M. KIWANUKA (Ouganda) a déclaré qu'il comprenait la question de la République du Congo et a rappelé que des négociations sont en cours auxquelles il faut donner leur chance. La question de la date ne pourra intervenir qu'après.

M. MAKONGA (République démocratique du Congo) a estimé qu'il était impossible d'attendre que ces initiatives se dénouent ou se nouent pour aborder la question.

M. GIDION KAYINAMURA (Rwanda) a souhaité avoir des précisions sur le règlement intérieur afin de savoir comment sera prise la décision d'inscrire ou non cette question à l'ordre du jour de l'Assemblée plénière.

M. PABLO MACEDO (Mexique) a estimé que la décision du bureau devait se limiter à décider de l'inscription et que la question de la date n'est pas de sa compétence.

M. DIDIER OPERTTI, Président de l'Assemblée générale (Uruguay), a déclaré qu'en absence de désaccord formel concernant l'inscription de la question à l'ordre du jour de l'Assemblée générale plénière et compte tenu de ce que seule posait problème, la date du débat, il en conclut que le bureau acceptait d'inscrire ce point à l'ordre du jour de la plénière, étant entendu que la question de la date serait résolue ultérieurement.

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Demande d'inscription d'une question additionnelle soumise par la République islamique d'Iran (A/53/233)

M. SEYYED HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran), présentant la demande d'inclusion d'une question additionnelle relative à un dialogue entre les civilisations, à l'ordre du jour de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, a déclaré que l'essence de cette proposition s'inscrit dans le cadre des efforts de la communauté internationale pour remplacer les conflits par le dialogue. Elle s'inscrit également dans le prolongement des efforts de l'Organisation des Nations Unies pour promouvoir et institutionnaliser le dialogue dans tous les domaines de la vie affectant le développement d'un avenir meilleur. Dans cette optique, a estimé M. Hosseinian, les Nations Unies ont un rôle capital à jouer pour promouvoir le dialogue entre les civilisations et les cultures. Rappelant que cette proposition avait été faite par le Président Khatami lors du Sommet islamique de Téhéran, en décembre dernier, et réitérée lors de son discours devant l'Assemblée générale, il a indiqué qu'elle avait déjà reçu le soutien non seulement du Sommet islamique, mais aussi du Mouvement des Non-Alignés. Pour la République islamique d'Iran, l'acceptation de cette proposition et la proclamation d'une année internationale pour le dialogue entre les civilisations par les Nations Unies serait un pas décisif vers la promotion de la paix, le rejet de la force et une meilleure compréhension dans les domaines culturel, économique et politique.

M. MAURO POLITI (Italie) a déclaré que son pays, riche aussi d'un patrimoine millénaire, accorde une grande importance au dialogue entre les civilisations et accueille favorablement l'inscription de cette question à l'ordre du jour de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale ainsi que le projet de résolution relatif à la proclamations de l'an 2001, année internationale pour le dialogue entre les civilisations.

M. SATYABRATA PAL (Inde) a exprimé l'appui de son pays à la proposition de l'Iran. Rappelant que les sources de conflits sont toujours présentes, le représentant de l'Inde a estimé que le meilleur moyen de réaliser un développement durable passait par un dialogue fructueux et pacifiques entre les civilisations. Pour infliger un démenti aux Cassandres qui prévoient le choc des civilisations, le meilleure moyen serait encore pour les Nations Unies de promouvoir le dialogue entre les civilisations a-t-il estimé.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) s'est félicité de l'initiative de l'Iran visant à garantir le dialogue entre civilisations. Il a ajouté que cette initiative permettait de renforcer la primauté du droit et dans cet esprit, le Sénégal y souscrit sans réserve surtout dans la mesure où cette initiative va dans le sens des travaux des Nations Unies et bénéficiait de l'appui de l'Organisation de la Conférence Islamique.

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M. YOURI FEDOTOV (Fédération de Russie) a déclaré qu'il approuvait l'initiative de l'Iran et qu'elle était en accord avec les principes fondamentaux des Nations Unies. Il a estimé que l'examen de cette question sera très utile. En outre, il a salué l'intention de l'Iran de procéder à des consultations en vue de l'élaboration d'un projet de résolution.

M. KHALIL ABOU-HABID (République arabe syrienne) a exprimé toute sa reconnaissance et ses remerciements au représentant permanent de la République islamique d'Iran pour sa proposition qui vise à encourager et à faciliter un dialogue fructueux entre les civilisations. L'appui déjà apporté par un grand nombre d'Etats reflète l'intérêt de cette question qui, en outre, est tout à fait conforme aux principes des Nations Unies. Il a donc donné l'appui et le soutien de sa délégation à l'inscription de cette question à l'ordre du jour.

M. PERCY METSING MANGOELA (Lesotho) a rappelé que sa délégation qui avait été très active lors des débats du Mouvement des Non-Alignés à Durban sur cette question, avait émis des réserves d'ordre pratique. Il s'est félicité des améliorations apportées pour rendre cette propositions plus concrète et a décidé d'appuyer l'inscription de cette question de même que le projet de résolution qui y est joint. Il a toutefois exprimé une réserve sur la pertinence d'une année internationale pour le dialogue entre les civilisations estimant que si la proclamation d'un siècle serait irréaliste, la proclamation d'une décennie serait plus appropriée.

M. MOVSES ABELIAN (Arménie) a déclaré qu'il appuyait l'initiative de l'Iran ainsi que le projet de résolution annexé au document.

M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a trouvé cette initiative tout a fait opportune et a déclaré son accord sans réserve avec le projet de résolution qui l'accompagne.

M. OPERTTI, Président de l'Assemblée général (Uruguay) a conclu que le Bureau décide d'inscrire cette question à l'ordre du jour de la cinquante- troisième session de l'Assemblée générale et qu'elle sera examinée directement en plénière. Il a annoncé que l'Assemblée générale examinera le rapport du Bureau, mardi dans la matinée.

M. SEYED MOHAMMAD HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a exprimé sa reconnaissance et ses remerciements à tous ceux qui ont appuyé sa proposition et s'est déclaré prêt à collaborer étroitement avec tous ceux qui le souhaitent pour discuter de cette question et du projet de résolution qui l'accompagne.

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