En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/370

IL FAUT ACCORDER DAVANTAGE D'ATTENTION A LA SANTE DES ENFANTS, CONDITION ESSENTIELLE A LEUR DEVELOPPEMENT HARMONIEUX

22 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/SHC/370


IL FAUT ACCORDER DAVANTAGE D'ATTENTION A LA SANTE DES ENFANTS, CONDITION ESSENTIELLE A LEUR DEVELOPPEMENT HARMONIEUX

19981022 Les délégations appellent à la conclusion rapide d'un protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés

La santé des enfants est une condition essentielle pour assurer leur bien-être et leur développement harmonieux. Or, de nombreux enfants dans le monde continuent de souffrir de la faim, de la malnutrition, ou de maladies curables. En outre, les taux de mortalité infantile et des enfants en bas âge sont encore inacceptables dans de nombreuses régions du monde. 30 000 enfants meurent, en effet, chaque jour des conséquences de maladies ou de la malnutrition, a indiqué ce matin la représentante de l'Organisation mondiale de la santé dans le cadre du débat sur la promotion et la protection des droits de l'enfant. Tout comme le droit à la vie, les droits à la santé et à l'éducation doivent être protégés et assurés pour que les enfants d'aujourd'hui deviennent demain des adultes capables d'assumer pleinement leur rôle dans la société, ont souligné plusieurs délégations.

La situation des enfants affectés par les conflits armés a de nouveau été largement évoquée par les délégations qui ont appelé à la conclusion rapide des travaux du Groupe de travail chargé d'élaborer un projet de protocole facultatif à la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant sur l'implication des enfants dans les conflits armés. Plusieurs délégations ont dans ce contexte appuyé le relèvement à 18 ans de l'âge minimum pour l'enrôlement d'enfants dans des forces ou des groupes armés.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration au cours du débat : Kazakhstan; Saint-Marin; Yémen; Barbade (au nom des pays de la CARICOM); Australie, Liechtenstein; République tchèque; Philippines; Etats-Unis; Chili; Colombie; Ghana; Chypre; Norvège; Mali; Afghanistan; Azerbaïdjan; Arabie Saoudite et Bahreïn. Les représentants de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont également intervenus.

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la protection des enfants dans les conflits armés, M. Olara Otunnu, a répondu aux observations et aux questions soulevées par les délégations au cours du débat.

(à suivre - 1a)

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La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures. Elle terminera son débat général sur la promotion et la protection des enfants et se prononcera ensuite sur plusieurs projets de résolution relatifs à la prévention du crime et la justice pénale, et au contrôle international des drogues.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L'ENFANT

Suite du débat général

Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a rappelé que le mémorandum sur "l'application de la Convention relative aux droits de l'enfant en Asie centrale et au Kazakhstan" a été adopté à Almaty en novembre 1996, au cours d'une table ronde où siégeaient les représentants du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Fonds charitable pour les enfants du Kazakhstan, appelé "Bobek", furent les initiateurs et les co-parrains de cette manifestation. Les participants de cette table ronde ont discuté de l'opportunité de réformes économiques orientées sur le domaine social, et ont défini des mesures concrètes visant à promouvoir la mise en oeuvre de la Convention en Asie centrale et au Kazakhstan. Une Conférence interparlementaire s'est ensuite tenue à Ashgabat (Turkménistan), en février 1997, au cours de laquelle fut adoptée une Déclaration qui reflète l'obligation des parlements et gouvernements des états d'Asie centrale de protéger et garantir le bien-être et la prospérité des femmes et des enfants.

Un certain nombre d'instruments législatifs ont été mis en place pour assurer la protection des droits de l'enfant, en conformité avec les normes du droit international et les principes de la Convention relative aux droits de l'enfant. Ces dispositions concernent la santé et la main-d'oeuvre, et visent particulièrement les enfants handicapés, les orphelins et les enfants sans foyer. Une nouvelle législation sur le mariage et la famille fait l'objet d'un examen par le Parlement.

La stratégie à long terme pour le développement du Kazakhstan est axée sur l'éducation et la protection des droits des enfants, conformément à la Constitution. Une attention spéciale est accordée dans le pays à l'éducation et aux soins destinés aux handicapés physiques. Selon les termes de la Constitution, tous les enfants ont droit à l'enseignement secondaire gratuit, sauf dans les écoles privées. Dans le cadre du Programme national pour la protection de la santé, des projets ont été mis en oeuvre dans le pays, avec l'aide d'organismes de l'ONU. "Balbulak", un Centre de réhabilitation pour enfants atteints de troubles cérébraux a ainsi été créé, ainsi que d'autres centres qui fonctionnent sous les auspices du Fonds "Bobek" cité plus haut. Le pays collabore avec l'UNICEF, notamment dans le cadre d'un programme visant à procurer assistance et soins de santé aux enfants de la région sinistrée de la mer d'Aral.

Le Kazakhstan a hérité de nombreux problèmes datant du temps de la guerre froide. Le pays doit, notamment, faire face aux conséquences des 500 essais nucléaires perpétrés par l'Union soviétique près de Semipalatinsk.

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Ces essais ont eu un impact négatif sur l'épanouissement physique des enfants de la région. 1,6 millions de personnes ont été irradiées et la mortalité infantile a considérablement augmenté. Le Gouvernement a adopté des mesures de réhabilitation pour la population touchée dans le cadre d'instruments législatifs pertinents et par le biais de l'aide médicale. Un appui financier de la communauté internationale est nécessaire pour pallier aux conséquences de la radiation.

Mme MARINA FAETANINI (Saint-Marin) a déclaré que dans son pays, le concept de culture de la paix ainsi que l'éducation aux droits de l'homme et à la tolérance sont inclus dans les programmes scolaires. Nous nous assurons également que les enfants reçoivent les soins appropriés dès la naissance. C'est ainsi que les congés parentaux sont d'une durée de 5 mois minimum et que les mères qui travaillent sont autorisées à prendre quelques heures par jour afin d'allaiter leur enfant. Il y a quelques années de cela, nous avons étendu la durée du congé parental jusqu'à 3 ans et ce, pour la mère comme pour le père.

Nous relevons qu'en juin dernier le Conseil de sécurité a adopté sa première déclaration présidentielle sur la question des enfants impliqués dans les conflits armés. Cependant nous estimons que la question des enfants dans les situations de conflits et postconflictuelles est une question d'ordre politique qui doit avoir sa place dans les travaux du Conseil de sécurité. Nous félicitons M. Olara Otunnu pour ses efforts en ce sens, a ajouté le représentant.

Il a appuyé les négotiations qui ont lieu dans le cadre du Groupe de travail sur l'élaboration d'un protocole facultatif sur les enfants dans les conflits armés, en souhaitant qu'elles aboutissent rapidement. Saint-Marin appuie le relèvement de 15 à 18 ans de l'âge légal du recrutement et de la participation aux combats. Parce que les traumatismes subis laissent des marques invisibles sur ces enfants, nous pensons enfin, qu'il est essentiel de former les personnes capables de leur apporter les soins appropriés notamment dans le cadre de l'action humanitaire.

M. AL-ETHARY (Yémen) a déclaré qu'il fallait créer un environnement sain et généreux dans lequel peuvent se développer les enfants. Ce que nous voulons réaliser est tributaire de la coopération internationale, régionale et de la volonté locale, a-t-il souligné. Toutefois, la réalisation de ces objectifs dépendra aussi de la volonté que l'on mettra à lutter contre la pauvreté. Le Yémen travaille, pour sa part, inlassablement pour assurer la sauvegarde et la protection des enfants et a créé diverses institutions à cet effet.

Le séminaire qui s'est tenu récemment à Sanaa sur le thème "Mettre fin à l'exploitation des enfants dans les travaux pénibles" reflète ce que le Yémen s'efforce de réaliser malgré sa situation économique difficile.

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Les efforts du Gouvernement ont permis certaines réalisations, mais il reste encore beaucoup à faire, a affirmé le représentant, soulignant que les activités en faveur de la protection des enfants sont inspirées par l'Islam qui interdit la vente d'êtres humains et leur esclavage. Le représentant a évoqué une large campagne de vaccination contre la polio. L'enfance ne devrait pas être polluée par la pauvreté, la maladie, ou les conflits, a-t-il conclu.

Mme BETTY RUSSELL (Barbade), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a fait savoir que, selon le rapport annuel de l'UNICEF de 1998, environ la moitié des jeunes des Caraïbes sont actifs sexuellement et environ un enfant sur cinq naît de mère adolescente. La région des Caraïbes est aussi l'une des plus touchées par l'épidémie de sida, et se trouve en deuxième position derrière l'Afrique en terme de proportion de population touchée par le VIH. En 1996, les nouveaux cas d'infection chez les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans ont été six fois plus importants que chez les jeunes hommes de la même tranche d'âge. La représentante s'est félicitée du programme de santé mis en place par l'UNICEF, dont l'un des objectifs est la prévention chez les adolescents des maladies sexuellement transmissibles, du VIH et du sida. Les pays de la CARICOM souhaitent que l'UNICEF lance un programme d'information sur les grossesses précoces.

La représentante a fait remarquer que les pays d'Amérique latine et des Caraïbes ont fait de gros efforts pour lutter contre la pauvreté et que la plupart d'entre eux ont eu un taux de croissance moyen de 5% en 1997. Les personnes les plus pauvres, qui représentent 40% de la population de la région, n'ont cependant pas vraiment profité des progrès économiques et les différences de revenus sont encore très importantes. La représentante a fait remarquer que, même dans les petits pays des Caraïbes où les différences sont moins marquées, il existe encore des communautés où le bien-être des enfants est en danger, et où persistent des problèmes tels que la drogue, la maternité des adolescentes, des systèmes scolaires mal adaptés ou un accès difficile aux soins médicaux. La représentante a noté que les efforts de l'UNICEF allaient se concentrer sur ces questions dans ses programmes prévus pour la période 1998-2000.

La représentante a estimé que le problème des enfants au travail constitue une violation du droit des enfants, comme indiqué dans la Convention relative aux droits de l'enfant. La représentante a aussi soulevé la question de la vente d'enfants, de la prostitution et de l'utilisation d'enfants à des fins pornographiques. Elle a remarqué qu'en dépit des mécanismes légaux internationaux qui interdisent la vente et le trafic d'enfant, ces pratiques étaient encore courantes dans de nombreuses régions du monde. Souvent liées à la prostitution, elle permettent aussi à des entreprises de profiter d'une main-d'oeuvre bon marché. La communauté des Caraïbes souhaite que la communauté internationale se penche plus avant sur ce problème et s'emploie notamment à définir plus précisément le terme "trafic".

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M. ERIC VAN DER WAL (Australie) a déploré le fait que les progrès technologiques ont facilité l'accès à la pornographie impliquant des enfants. Au niveau national, il a fait part d'une initiative législative récente concernant la protection des enfants contre l'esclavage sexuel et le trafic à des fins d'exploitation sexuelle. En avril 1998, un Document de discussion a recommandé que les pratiques modernes d'esclavage, et en particulier les abus liés à la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, soient criminalisés aux niveaux fédéral, de l'Etat et des territoires. Depuis, toutes les juridictions ont accepté cette proposition et la première étape de mise en oeuvre de cette initiative est en cours. Un projet de loi relatif à ce type d'abus lorsqu'il implique la traite de personnes étrangères, y compris des mineurs, a été présenté au niveau fédéral. La législation concernant le tourisme sexuel, adoptée en 1994, a également été examinée récemment en vue notamment d'assurer une protection adéquate des enfants victimes et des témoins.

Consciente de la contribution importante que peut apporter la coopération régionale, l'Australie appuie des programmes et des efforts régionaux dans les pays en développement qui ont pour objectif de sensibiliser l'opinion publique à la problématique de l'exploitation des enfants, comme le projet ECPAT (End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking). L'Australie a signé l'an dernier un Mémorandum d'entente avec le Gouvernement des Philippines sur la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants. Un accord similaire est en cours de discussion avec le Gouvernement de Fidji. Ces arrangements facilitent la coopération à haut niveau, y compris l'échange d'informations. L'Australie déplore le manque de progrès en ce qui concerne l'élaboration d'un projet de protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l'enfant concernant la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, ainsi qu'en ce qui concerne l'élaboration d'un projet de protocole facultatif concernant les enfants et les conflits armés.

Le Gouvernement australien accorde une haute priorité à l'appui aux activités de déminage et aux programmes de réhabilitation des victimes des mines. Il s'efforce de réduire les conséquences humanitaires et économiques auxquelles doivent faire face les pays affectés par la présence de mines. Le Gouvernement australien est l'un des pays qui alloue les fonds les plus importants pour le déminage et d'autres activités connexes, a souligné le représentant.

M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein), notant l'évolution de la nature des conflits contemporains, dans lesquels les enfants sont à la fois les victimes et les auteurs d'atrocités, a appuyé les missions, dans les zones touchées par les conflits, effectuées par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Olara Otunnu. Il a souhaité que les Etats et autres parties concernés accordent une attention appropriée au suivi des recommandations du Représentant spécial. Conscient du danger que

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représentent les mines antipersonnel, le Liechtenstein déposera son instrument de ratification de la Convention d'Ottawa dans quelques semaines. Le Liechtenstein continuera à apporter son soutien politique et financier aux activités de déminage de l'ONU. Le pays souhaiterait voir adopté le Protocole facultatif concernant la participation des enfants aux conflits armés, et appuie la position "Juste 18".

Mme IVANA SCHELLONGOVA (République tchèque) a estimé que le fait que la communauté internationale n'a pu jusqu'à présent se mettre d'accord sur un relèvement de 15 à 18 ans de l'âge minimum pour l'enrôlement dans les forces armées reflète la situation actuelle. On estime, en effet, qu'environ 250 000 enfants de moins de 18 ans participent à plus de 30 conflits armés dans le monde. Or, on ne peut douter de l'impact à long terme que l'expérience de la guerre peut avoir sur la vie d'un enfant. Les blessures, particulièrement les blessures psychologiques, ne guérissent jamais véritablement, a souligné la représentante. Ce problème requiert une solution globale et les mesures adoptées doivent offrir aux enfants des alternatives de vie meilleures. Il faut notamment trouver d'autres moyens d'assurer à ces enfants le droit à l'alimentation, le droit à l'éducation et d'autres droits.

La représentante a encouragé le Groupe de travail chargé de l'élaboration d'un projet de protocole facultatif sur l'implication des enfants dans les conflits armés à redoubler ses efforts en vue de parvenir à un accord. La République tchèque est convaincue que toute décision qui fixerait l'âge limite pour le recrutement des enfants dans les forces armées en dessous de 18 ans discréditerait les intentions et les efforts honnêtes des Nations Unies en vue de protéger de manière efficace les droits de l'enfant. La République tchèque prie instamment les gouvernements qui ont des difficultés avec le texte du projet de protocole facultatif de revoir leur position en vue de faciliter une conclusion positive des travaux du Groupe de travail. La représentante a rejeté toute tendance visant à ajuster les normes internationales à la législation interne. Il faut, au contraire, que les normes internationales servent de modèle à l'harmonisation des lois et pratiques nationales. Mme Schellongová a exprimé l'espoir que le texte du protocole facultatif pourra être approuvé lors de la prochaine session de l'Assemblée générale, à l'occasion du dixième anniversaire de l'adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Mme LINGLINGAY F. LACANLALE (Philippines) a déclaré qu'aux Philippines, les enfants à risque sont ceux appartenant à des familles pauvres. La pauvreté qui sévit dans le pays est largement due au chômage, à l'éclatement de la cellule familiale, aux mouvements migratoires et à la dégradation de l'environnement. La crise financière récente en Asie de l'Est, jointe aux restrictions budgétaires nationales, affecte l'aide apportée aux enfants dans les domaines de la santé et de l'éducation.

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Les enfants de moins de 18 ans forment 30% de la population. Le Gouvernement s'applique à protéger leurs droits, en adoptant les instruments législatifs et les mécanismes institutionnels nécessaires. Le Plan d'action sectoriel sur les droits des enfants examine la situation des enfants selon une approche holistique. Le Gouvernement a récemment participé à diverses conférences régionales et multilatérales en collaboration avec des ONG. Une réunion d'experts sur la Protection du bien-être des enfants s'est tenue à Londres, il y a deux semaines. Cette rencontre, organisée par la Conférence eurasiatique, s'est conclue par un accord entre les responsables asiatiques et européens sur la nécessité de combattre les violences contre les enfants par des programmes communs. Un accord bilatéral a été conclu entre les Philippines et la Suède sur un projet touchant la protection des enfants à risque. Le Gouvernement a également participé avec la Belgique à un projet pilote sur la traite des femmes et des enfants. Le pays travaille depuis longtemps avec l'UNICEF à promouvoir la condition des enfants, et cet organisme a consacré 46,5 millions de dollars à la mise en oeuvre aux Philippines des termes de la Convention relative aux droits de l'enfant.

La représentante a appuyé les recommandations contenues dans le rapport de Mme Ofelia Calcetas-Santos dont un certain nombre sont reprises dans le projet relatif au trafic des femmes et des fillettes que les Philippins soumettent cette année. Ce trafic a pris des proportions alarmantes, il est temps de réfléchir et de trouver un consensus sur la base duquel il sera possible d'élaborer une convention forte.

Mme BETTY KING (Etats-Unis) a fait part des préoccupations de son pays face à l'augmentation du travail des enfants dans de nombreuses parties du monde et à la peur du sida qui a renforcé la demande perverse d'enfants comme prostitués dans de nombreux pays. Le Gouvernement américain renforce, pour sa part, ses efforts en ce qui concerne la lutte contre toutes les formes de violence à l'égard des femmes et des enfants dans le monde. Ces efforts sont concentrés sur trois domaines : la prévention, l'assistance aux victimes et leur protection, et l'application de la loi. Le Gouvernement des Etats-Unis travaille en étroite collaboration avec les représentants des organisations internationales et des pays d'origine, de transit et de destination, afin d'attirer l'attention sur ces crimes et développer des stratégies de lutte efficaces.

Au niveau national, les lois existantes sont en cours de révision, afin qu'elles offrent une protection adéquate aux femmes et aux enfants et soient suffisamment dissuasives pour les trafiquants. Les défis auxquels doit faire face la communauté internationale sont énormes et touchent plusieurs domaines d'importance fondamentale pour la société, comme la pauvreté, les droits de l'homme, la criminalité internationale, le travail, la santé et les migrations. La lutte contre le problème de la traite exige que l'on s'attaque à ces problèmes dans le cadre d'une stratégie globale qui commence par

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la prévention et le développement. Il faut mettre les victimes en garde contre les dangers potentiels de la traite. La plupart d'entre elles vivent dans l'extrême pauvreté ce qui facilite leur exploitation. La prévention doit donc s'attaquer en premier lieu à la réduction de la pauvreté en donnant des possibilités économiques aux victimes potentielles. Cela implique de fournir des opportunités économiques dans les pays d'origine. On peut faire beaucoup pour améliorer les conditions économiques, par des programmes de microcrédit, le développement de petites entreprises et la formation professionnelle.

En outre, a poursuivi la représentante, il faut assurer l'application stricte de la loi, poursuivre les trafiquants et leur infliger des peines sévères. La criminalité transnationale organisée est de plus en plus impliquée dans la traite mondiale des femmes et des enfants et pour faire face à cette menace, il faut développer une réponse à la hauteur de leur sophistication. Il importe également de s'attaquer à la question des fonctionnaires gouvernementaux corrompus qui facilitent la traite. La représentante a encouragé les gouvernements à s'appuyer sur l'expérience des ONG et des professionnels du terrain en ce qui concerne la protection et les services aux victimes de la traite. Il est urgent d'ouvrir des foyers, de fournir des soins de santé et de créer des centres de conseil aux victimes. Il faut faire davantage pour aider les victimes de la traite à se réintégrer dans leur communauté, a insisté la représentante.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a déclaré que son pays, concernant la protection des droits de l'enfant, s'attache particulièrement à éliminer les foyers de travail forcé. Le Gouvernement a reçu l'aide de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en la matière, et espère éradiquer ce problème d'ici à l'an 2000. Cette volonté politique du Chili a été réaffirmée en novembre 1997, à l'occasion de la visite du Secrétaire général de l'ONU. Le Président a alors signé la Déclaration solennelle stipulant l'intention du pays de soumettre au Parlement la Convention de l'OIT fixant l'âge minimal du travail, et s'est engagé à participer à l'élaboration de la nouvelle convention de l'OIT sur le travail des enfants.

Depuis son retour à une forme de gouvernement démocratique en 1990, le Chili considère les mineurs comme un groupe prioritaire. Après avoir ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, le Gouvernement a adopté un Plan d'action national pour veiller à la mise en oeuvre de ses dispositions. Le Plan national d'action assure aux enfants le droit à la survie, à la santé et à la nutrition; le droit au développement et à l'éducation; et le droit à la protection, en particulier pour les plus pauvres. Le Gouvernement a opéré une série d'amendements législatifs, et le Ministère de la justice a orienté des réformes notamment sur les législations relatives à la tutelle et aux délits sexuels.

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M. CRISTOBAL TAPIA, 9 ans, (Chili) a pris la parole au nom des enfants du Chili et dit qu'il serait bref pour que son papa ne soit pas accusé de promouvoir le travail des enfants. Cristobal a remercié les Nations Unies pour les efforts déployés en vue de trouver une solution aux problèmes qui affectent les enfants. "Je suis sûr que votre travail permettra de résoudre petit à petit les problèmes des enfants abandonnés, maltraités, victimes de toutes sortes d'abus, des enfants qui n'ont pas accès à l'éducation et des enfants affectés par la guerre. Je suis sûr aussi que vous pouvez aider les mères qui dans certains pays n'ont pas la possibilité de s'occuper de leurs enfants, pas parce qu'elles ne le veulent pas mais parce qu'on ne les laisse pas faire", a-t-il dit. Le petit garçon a invité les délégations à travailler sans répit pour qu'il n'y ait dans le monde que des enfants heureux.

M. FABIO OCAZIONES (Colombie) a indiqué que son pays avait présenté en août dernier son second rapport périodique devant le Comité des droits de l'enfant. Il a déclaré que les politiques sociales de son pays en faveur des enfants étaient fondées sur la reconnaissance du fait que les enfants ont des droits, doivent être éduqués dans un esprit de paix, de dignité, de tolérance, de liberté et de solidarité. En mars dernier, la Colombie a accueilli le sommet régional pour l'enfance de l'Amérique latine et des Caraïbes qui a adopté une Déclaration et un Plan d'action sur quatre points : l'élimination du travail des enfants, l'exploitation sexuelle des enfants, la violence domestique, et les enfants affectés par les conflits armés. Les gouvernements ont décidé, en outre, d'accentuer leur coopération avec la société civile en vue de renforcer la prévention et le rôle de la famille dans la protection des enfants.

Le représentant a expliqué que son pays envoie un nombre important d'enfants à l'étranger pour adoption et s'inquiète, dans ce cadre, de la recrudescence des abus contre les enfants. Ainsi, en 1996 et 1997, plus de 1200 enfants colombiens n'ont pas été enregistrés pour adoption officielle par l'entité centrale d'adoption (l'Institut colombien pour le bien-être de la famille) avant d'être sortis du pays par des couples étrangers. La coopération internationale avec les pays de destination permettrait aux autorités colombiennes d'établir l'identité des criminels coupables de ce type d'activités, a souligné le représentant.

La Colombie subit depuis longtemps les conséquences d'un conflit interne qui affecte particulièrement les enfants, a poursuivi le représentant. Dans ce cadre, l'humanisation du conflit, par l'application des Conventions de Genève a été l'un des axes d'action du Gouvernement. Le recrutement de mineurs dans les groupes armés est sanctionné par des peines de prison de 3 à 5 ans. Des programmes d'aide et de bourses d'étude ont, en outre, été lancés en faveur des jeunes que l'on a réussi à enlever à ces groupes subversifs. Actuellement, ces programmes touchent 250 mineurs. La Colombie souhaite régler le conflit interne et est encouragée à cet égard par l'appui de la communauté internationale, des ONG et de l'ONU, a déclaré le représentant.

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Mme BEATRICE ROSA BROBBEY (Ghana) a indiqué que son pays a procédé à des réformes législatives visant à protéger et promouvoir les droits de l'enfant. La Commission nationale pour les enfants a créé, en 1995, un Comité multidisciplinaire pour l'amendement de la législation relative aux enfants, chargé de revoir et d'aligner les lois nationales sur la dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant. L'âge de la responsabilité pénale a été relevé, passant de 7 ans à 14 ans. Les pratiques coutumières incluant des formes de servitude quelles qu'elles soient ont été interdites, de façon à protéger les mineurs qui y étaient soumis. La section 71 du Code pénal protégeant les enfants handicapés décrit à présent l'exposition ou l'abandon d'un enfant handicapé comme un crime. Les parents sont légalement tenus de procurer à leurs enfants, et spécialement aux fillettes, les ressources vitales nécessaires.

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a rappelé que le bien-être des enfants a toujours constitué une priorité pour le Gouvernement chypriote. Le taux de mortalité à la naissance a été ramené à 9 pour 1000, la malnutrition a disparu, tout comme la plupart des maladies transmissibles, comme la thalassémie, naguère répandue dans la région. Sur les questions d'éducation et de travail des enfants, la loi a été renforcée afin que chaque enfant chypriote puisse aller à l'école primaire et secondaire au moins pendant neuf ans, jusqu'à l'âge de quinze ans.

Le représentant a insisté sur le cas particulier d'une catégorie d'enfants chypriotes dont le droit à l'éducation est complètement violé. Il s'agit des enfants dont les parents vivent dans la région de Chypre occupée par les forces turques depuis 1974 et qui, pour aller à l'école secondaire, sont obligés de se rendre dans la région contrôlée par le Gouvernement. Ces enfants chypriotes grecs âgés de plus de 16 ans, qui vont à l'école dans la partie méridionale de Chypre, ne peuvent pas retourner dans leurs foyers situés au nord de l'île, même pour une simple visite. Le représentant a ajouté que les occupants empêchaient chaque année la fourniture de livres et de matériel scolaire destinés aux enfants chypriotes grecs qui vont à l'école élémentaire dans la zone occupée.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a fait savoir que le Gouvernement de son pays s'inquiétait particulièrement du problème du travail des enfants, lié à la fois à des questions de développement et de droits de l'homme. Pour le représentant, un problème d'une telle ampleur ne peut trouver de solution qu'à travers la coopération de nombreux acteurs. Il se félicite du fait que les programmes d'aide aux enfants lancés cette année ont intégré cette question du travail des enfants.

En Norvège, les rapports entre les enfants et les médias intéressent particulièrement les autorités. Le représentant a fait remarquer que le développement du marché de la communication au niveau mondial permet un accès à l'information comme jamais auparavant. Les enfants et les jeunes

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du monde entier, dans leur désir de prendre part à ce nouveau monde de l'information, ont besoin d'être renseignés sur les possibilités que leur offrent ces nouveaux médias. Il est de la responsabilité des adultes de s'assurer que ces médias proposent aux jeunes un contenu de qualité. Le représentant estime que cet aspect de la mise en oeuvre de la Convention relative aux droits de l'enfant doit être approfondi.

Le représentant a noté avec satisfaction qu'il existe aujourd'hui, grâce notamment aux nouveaux moyens d'information, une vraie prise de conscience du problème des enfants victimes de conflits armés. Il a cependant fait remarquer qu'il fallait encore faire des efforts pour sensibiliser les gouvernements et les organisations humanitaires sur cette question. La Norvège soutient la coalition des ONG qui fait campagne contre l'enrôlement des enfants soldats.

M. LABASSE FOFANA (Mali) a indiqué qu'au Mali, les enfants font l'objet d'une attention particulière aussi bien dans la famille traditionnelle que dans la société qui se modernise et a souligné la volonté politique du Mali dans la promotion des droits de l'enfant. C'est dans ce cadre que le Mali a co-présidé le Sommet mondial pour les enfants, qui s'est tenu à New York en 1990.

Depuis la ratification par le Mali en 1990 de la Convention relative aux droits de l'enfant et surtout, selon le délégué, grâce au nouveau contexte sociopolitique, plusieurs programmes et projets ont été initiés et mis en oeuvre. Sur le plan juridique, un atelier national a été organisé en 1993 dans le cadre de l'harmonisation de la législation nationale avec la Convention. Au plan social, la mise en oeuvre du Plan national pour la survie, le développement et la protection de l'enfant devrait aboutir à une amélioration constante de la situation des enfants. Selon le délégué, tous les efforts possibles doivent être déployés afin de réaliser les objectifs fixés par le Sommet mondial pour les enfants. Cependant, note-t-il, la volonté politique des Etats est souvent contrariée par l'insuffisance de ressources notoires, c'est à ce niveau que la solidarité et la coopération internationales doivent jouer.

Il y a lieu de rappeler également l'institution au Mali du "Parlement des enfants" qui est une tribune de libre expression où les enfants interpellent les autorités sur leurs préoccupations essentielles.

Le Mali souhaite attirer l'attention des institutions de l'ONU, des ONG et de la communauté internationale sur le rôle de la solidarité, et de la coopération qui doit être le leur pour aider les pays en développement à protéger les droits des enfants, particulièrement l'accès à l'éducation, aux soins de santé et assurer également la protection des enfants abandonnés, enlevés, handicapés, réduits en esclavage, vendus pour être des ouvriers ou devenir des soldats, des enfants victimes de l'exploitation sexuelle, de violence et de discrimination.

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Les droits de l'enfant lui donnent des revendications légitimes face à la société. Le Mali souscrit à toute initiative pouvant contribuer au respect strict des différents engagements pris en faveur des enfants. Il reste convaincu que la mise en oeuvre des conventions relatives aux droits des enfants et de la femme demeure un élément essentiel pour la protection des enfants.

Mme MONETTE VAN LITH, représentante de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a rappelé que la santé est d'une importance fondamentale pour le bien-être général et le développement des enfants. La mortalité infantile et des enfants en bas âge reste inacceptable dans de nombreuses régions du monde. Plus de 30 000 enfants meurent chaque jour des suites de maladies et de malnutrition, soit plus de 11 millions d'enfants par an. Dans certains pays, plus d'un enfant sur cinq meurt avant d'avoir atteint l'âge de cinq ans. Sept décès sur dix parmi les enfants de moins de cinq ans sont causés par la pneumonie, la diarrhée, le paludisme, la rougeole et la malnutrition, et de nombreux enfants qui survivent sont incapables de grandir et de se développer pleinement. Ces décès et ces handicaps qui auraient pu être empêchés témoignent de l'échec important en ce qui concerne la protection des enfants. Bien que les adolescents soient généralement perçus comme sains, nombre d'entre eux meurent prématurément. Plus d'un million d'adolescents perdent la vie chaque année d'accidents, de suicide, de violence, de complications liées à une grossesse précoce et de maladies que l'on pourrait prévenir ou guérir. Des millions d'entre eux souffrent, en outre, de maladies chroniques et de handicaps à vie.

Ces chiffres alarmants et leurs causes sous-jacentes soulignent la nécessité de donner aux soins de santé concernant les enfants et les adolescents une plus haute priorité sur l'agenda des droits de l'homme. Pour sa part, l'OMS est en train de mettre la dernière main à un plan global d'action dont l'objectif est d'améliorer la capacité de l'Organisation dans ce domaine et de coordonner le travail en faveur des enfants et des adolescents à tous les niveaux. Entre autres, l'OMS va organiser des sessions de formation et d'information et publier un manuel sur les droits sanitaires des enfants et des adolescents à l'attention de tout son personnel.

Les droits des enfants et des adolescents dans le domaine de la santé fournissent une perspective pratique pour mettre en place des activités stimulant l'épanouissement des enfants, a estimé la représentante. La procédure d'évaluation de ces droits dans le cadre de la Convention relative aux droits de l'enfant pourrait être un moyen pratique d'évaluer les activités menées sur le terrain en faveur de la santé des enfants. L'un des aspects fondamentaux du travail de l'OMS sera donc de continuer à renforcer son appui au processus des rapports devant le Comité des droits de l'enfant. Dans ce cadre, l'OMS attire l'attention sur la nécessité d'un soutien technique pour l'interprétation des données liées à la santé et de conseils sur

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les recommandations concrètes relatives à l'action de l'OMS sur le terrain. L'OMS collaborera avec les pays pour assurer que ces recommandations débouchent sur de véritables progrès en ce qui concerne la santé et la survie des enfants. Dans ce cadre, une collaboration plus étroite sera établie avec les ONG travaillant dans le domaine des droits de l'homme.

La promotion d'un développement sain de chaque enfant est l'un des investissements les plus durables. Les coûts économiques seront énormes si l'on ne parvient pas à protéger la santé des enfants. Pour cela, il faut faire preuve d'une véritable volonté politique, a conclu la représentante.

Mme ADELA HACHEMI FARHADI (Afghanistan) a souhaité mettre à jour le rapport de M. Olara Otunnu, Représentant spécial du Secrétaire général sur la protection des enfants touchés par les conflits armés, rédigé au mois de mars 1998, qui résume l'état effroyable des enfants en Afghanistan. Les combats qui se sont poursuivis l'été dernier dans le nord et le nord-ouest du pays ont causé la destruction de milliers de familles. La représentante a lancé un appel à l'UNICEF pour venir en aide aux enfants de la ville de Mazâr-é-Sharif, où le nombre d'orphelins a terriblement augmenté.

La représentante a également soulevé la question de la fermeture des écoles de filles, qui est aussi directement liée à la guerre. L'occupation militaire des Taliban est systématiquement suivie de la fermeture des écoles de filles et de l'interdiction de tout enseignement féminin. La majorité des enseignants des écoles primaires étant des femmes et les Taliban interdisant aux femmes, y compris aux maîtresses d'écoles, de travailler, les petits garçons eux aussi n'ont pas d'enseignants et sont largement privés d'éducation. De la même façon, les obstacles imposés par les Taliban à l'accès des femmes aux hôpitaux, y compris à l'hôpital des enfants de Kaboul, fait que beaucoup d'enfants ne peuvent être accompagnés par leur mère. La représentante a ajouté que les Taliban imposent des restrictions très exigeantes à l'activité des organisations non gouvernementales, y compris celles qui s'occupent des enfants. Elle a précisé, enfin, que dans les régions non occupées par les Taliban, le Gouvernement de l'Etat islamique d'Afghanistan déploie des efforts majeurs en faveur des enfants et désire recevoir l'assistance de l'UNICEF et des organisations non gouvernementales.

M. EIGIL PEDERSEN, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré qu'à la lumière des informations recueillies par les 175 sociétés nationales, la Fédération est très préoccupée par l'utilisation continue d'enfants soldats. Les gouvernements doivent interdire la participation directe des enfants aux combats comme tous les autres types de participation indirecte. La Fédération, a noté le représentant, lutte contre l'enrôlement d'enfants soldats, et vient en aide aux enfants réfugiés ou déplacés.

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Le représentant a souligné l'importance de la sensibilisation aux aspects psychosociaux spécifiques à chaque région concernant la situation des enfants. La Fédération soutient l'élaboration du protocole facultatif pour fixer la limite d'âge à 18 ans pour le recrutement d'enfants dans les conflits armés. Le représentant a mentionné, en ce qui concerne les sanctions économiques imposées par la communauté internationale à l'encontre de certains pays, que la décision d'imposer ces sanctions est politique, et que la Fédération ne s'exprime pas sur leur légitimité, mais qu'elle s'inquiète de leurs conséquences sur les catégories les plus vulnérables de la société, notamment les enfants. La Fédération invite les pays qui les imposent à considérer l'impact négatif de ces sanctions, et les Etats qui y sont soumis à aider les groupes les plus vulnérables, en permettant aux opérations de secours humanitaires d'avoir accès à leur territoire.

M. RUSTAN-ZADE (Azerbaïdjan) a déclaré que son pays s'était attaché, dès son indépendance, à construire un Etat laïc et démocratique et s'était efforcé particulièrement à assurer une protection efficace des enfants. Cette protection a été renforcée par l'adhésion aux instruments internationaux pertinents et par des dispositions spécifiques consacrées dans la Constitution nationale. L'Azerbaïdjan élabore actuellement un programme national pour la protection des enfants qui vise à adopter des mesures spécifiques consacrées dans le cadre de l'application de la Convention relative aux droits de l'enfant.

Le représentant a indiqué que son pays comptait 400 000 enfants réfugiés ou déplacés auxquels le Gouvernement fournit les soins nécessaires. L'agression arménienne contre l'Azerbaïdjan, le pillage du territoire, la présence de millions de réfugiés, a mis l'Azerbaïdjan dans une situation économique et sociale difficile. La plupart des réfugiés et des personnes déplacées sont des femmes et des enfants. Durant l'agression arménienne, de nombreuses écoles et hôpitaux ont été détruits ce qui a eu un effet négatif direct sur les enfants, notamment les enfants réfugiés et déplacés. Des milliers de personnes vivant dans les camps de réfugiés en Arménie souffrent de la faim et de malnutrition et n'ont pas accès aux soins de santé, a affirmé le représentant qui a appelé les organisations internationales à faire tout leur possible pour protéger les droits de ces personnes.

M. ALANGARI (Arabie saoudite) a déclaré que son Gouvernement oeuvre activement à protéger et promouvoir les droits de l'enfant. Les institutions gouvernementales et la société civile travaillent en collaboration dans le domaine de la santé et de l'éducation, de façon à développer les capacités des "citoyens de demain". Le Gouvernement s'est appliqué à diffuser dans la presse écrite la nouvelle de sa ratification de la Convention relative aux droits de l'enfant. Les instances gouvernementales organisent des programmes visant à mettre en oeuvre les dispositions de la Convention, et veillent aux progrès de son application.

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L'Arabie saoudite a transmis son premier rapport périodique, avec des chiffres à l'appui. La Commission nationale supérieure pour la protection de l'enfance, dirigée par le Ministre de l'éducation, a mis au point une stratégie nationale d'aide à l'enfance dans les domaines de la santé, du développement social et de l'éducation. La Commission coordonne les efforts des organismes compétents en la matière, et encourage les recherches et les études sur le sujet. Le Gouvernement attache une importance particulière à la famille, à la protection des orphelins et du binôme mère-enfant, ainsi qu'aux soins de santé destinés aux enfants. L'enseignement est obligatoire, et il est gratuit à tous les niveaux. Les enfants handicapés, a signalé le représentant, bénéficient d'un "appui illimité" de la part du gouvernement et de la société civile.

M. AL MALKI (Bahreïn) a indiqué que son pays, conscient de l'importance de "ses enfants", leur accorde toute protection et a lancé divers programmes pour assurer leur épanouissement. L'Etat encourage les secteurs privés à ouvrir des crèches et des centres civiques pour favoriser la protection des enfants. Le représentant a condamné toutes les formes d'exploitation des enfants et a appelé à l'adoption de mesures juridiques efficaces pour éliminer ces pratiques. Bahreïn ne connaît pas de tels fléaux car la société est protégée de ces vices par son adhésion aux principes de l'Islam, a-t-il souligné. Parmi les mesures prises au niveau national, il a mentionné la création d'une Commission de révision des législations nationales relatives à l'enfance; l'adoption d'une loi sur l'obligation de dénoncer tous les mauvais traitements infligés aux enfants; l'élaboration d'une loi interdisant aux auteurs de sévices contre des enfants tout contact avec ceux-ci; et la pratique d'autopsies sur les enfants dont le décès est suspect.

Répondant à des observations et questions soulevées par les délégations au cours du débat, M. OLARA OTUNNU, Secrétaire général adjoint et Représentant spécial du Secrétaire général chargé de la protection des enfants dans les conflits armés, a remercié les délégations d'avoir insisté sur la nécessité de coordonner l'action de son bureau avec les activités des autres organismes des Nations Unies, en particulier les activités opérationnelles; de poursuivre ses visites sur le terrain et d'en assurer le suivi; de renforcer le rôle de plaidoyer de son programme en vue de mieux faire connaître la problématique des enfants affectés par les conflits armés; et de maintenir la dynamique inaugurée par le débat public en juin dernier au sein du Conseil de sécurité.

A la déclaration faite mercredi par le représentant du Sri Lanka, M. Otunnu a répondu qu'il ne mettait pas les Tigres de libération de l'Eclam Tamoul (LTTE) sur un pied d'égalité avec le Gouvernement du Sri Lanka. Cela vaut également pour d'autres situations dans d'autres pays, a-t-il souligné. Le Représentant spécial a fait part de ses préoccupations en ce qui concerne le recrutement d'enfants soldats par les LTTE. Il a indiqué qu'il avait demandé un rapport à ce sujet à l'équipe des Nations Unies sur place.

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Il y avait il y a 2 ans 250 000 enfants soldats dans le monde, il y en a aujourd'hui 300 000, a-t-il précisé, évoquant la poursuite du recrutement en Sierra Leone. M. Otunnu a affirmé qu'il suivait ces situations de près. Le Représentant spécial a souligné la nécessité de disposer d'un mécanisme plus systématique de suivi des activités sur le terrain. La protection des enfants incombe en premier lieu aux gouvernements qui doivent assumer leur pleine responsabilité, a-t-il affirmé. Il a estimé que le Gouvernement du Sri Lanka s'efforce de remplir ses responsabilités envers tous ses citoyens dans tout le pays, y compris dans les zones occupées par les LTTE. Toutefois, tous les théâtres de conflit ne relèvent pas de la même catégorie, a fait remarquer M. Otunnu. Dans certains cas, l'Etat n'a plus le contrôle de la situation, c'est le chaos qui règne et l'Etat ne peut plus assurer la protection des enfants. Dans ces cas, il est important que la communauté internationale intervienne. Cela a été notamment le cas au Soudan. M. Otunnu a assuré que les appels qu'il lance en faveur de la protection des enfants sont adressés à toutes les entités et à tous les auteurs d'abus contre les enfants dans les situations de conflits armés. Un tel appel a été lancé à toutes les parties au Soudan, en Sierra Leone et au Kosovo.

S'agissant des recommandations contenues dans son rapport, le Représentant spécial a précisé qu'elles étaient de caractère général et ne s'appliquaient pas à des situations concrètes. Ces recommandations visent, entre autres, à attirer l'attention des gouvernements sur leurs responsabilités, a-t-il dit. Dans beaucoup de situations, le secours extrême est complexe. Il ne suffit pas de mettre l'accent sur l'aide humanitaire, il faut aussi apporter des réponses politiques, comme c'est le cas au Kosovo. Le Représentant spécial a expliqué que lors de toutes ses visites sur le terrain, les populations ont exprimé un désir inassouvi de paix. Ce désir s'adresse tout d'abord aux parties en conflit, a-t-il souligné. Les souffrances des enfants ne peuvent pas être arrêtées sans que l'on arrête en même temps le conflit qui les provoque. On ne peut donc se satisfaire de mesures humanitaires. M. Otunnu a préconisé de s'attaquer aux causes des conflits avant qu'ils n'éclatent. Il incombe aussi aux gouvernements, en premier lieu, et à toutes les parties concernées de s'attaquer à toutes les facettes du problème pour prévenir la recrudescence des conflits, a-t-il conclu.

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