AG/DSI/196

LES RESOLUTIONS VISANT LA CREATION D'UNE ZONE EXEMPTE D'ARMES NUCLEAIRES ET DE DESTRUCTION MASSIVE AU MOYEN-ORIENT DEVRAIENT ETRE APPLIQUEES

20 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/DSI/196


LES RESOLUTIONS VISANT LA CREATION D'UNE ZONE EXEMPTE D'ARMES NUCLEAIRES ET DE DESTRUCTION MASSIVE AU MOYEN-ORIENT DEVRAIENT ETRE APPLIQUEES

19981020 La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi cet après-midi son débat général sur les questions inscrites à son ordre du jour. La Commission a notamment discuté des questions liées au désarmement nucléaire et à l'arrêt de la course aux armes de destruction massive, qu'elles soient chimiques ou biologiques. Elle a entendu la délégation de l'Iraq, qui a accusé la Commission spéciale du contrôle de son désarmement (UNSCOM) de parti pris et de manque d'objectivité. L'Iraq, qui a dénoncé la politique de deux poids deux mesures dans la région en faveur d'Israël et a demandé que les résolutions du Conseil de sécurité en faveur du désarmement nucléaire, chimique et biologique de la région soient appliquées dans toute la rigueur des textes, à tous les Etats.

La Commission a entendu les délégations de Malte, de la Jamaïque, de la République démocratique populaire lao et des Philippines. Les délégations de l'Egypte, de l'Erythrée, de l'Ethiopie, d'Israël, de la République islamique d'Iran, de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée ont exercé leur droit de réponse.

La Première Commission reprendra ses travaux demain matin à 10 heures.

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Suite du débat général

M. GEORGE SALIBA (Malte) a appelé à la ratification de START II par la Fédération de Russie afin de permettre l'ouverture des négociations et la conclusion d'un Traité START III. Il a pressé tous les pays qui ne l'ont pas encore fait de signer et de ratifier le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) et le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Il a souligné le rôle important joué par la Commission du désarmement dans le renforcement de principes multilatéraux pour le désarmement, mais a toutefois regretté l'absence de consensus sur les questions à son ordre du jour et portant sur son élargissement. Le représentant a observé que les objectifs et les activités de la Commission gagneraient à être associés aux activités d'organisations régionales spécialisées telles que l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ou le Conseil de l'Europe. Les organisations régionales ont également un rôle à jouer dans le domaine de la sécurité au sens large, y compris dans ses dimensions économique, sociale et humanitaire, la promotion de la démocratie, le respect des droits de l'homme et de l'état de droit. A cet égard, le représentant a évoqué le Processus Euro-Med, qui constitue un effort commun important visant à répondre aux causes profondes des tensions et des conflits, en renforçant la compréhension et la confiance grâce à une coopération mutuelle dans les domaines politique, économique, financier, social et culturel. Il a indiqué que Malte a toujours joué un rôle actif dans le Processus Euro-Med, rôle qui ne peut être que renforcé si son pays était admis à être membre de l'Union européenne.

M. ALI AL-JARBOU (Arabie saoudite) a déclaré que son pays suit avec intérêt les efforts visant à l'élimination des armes de destruction massive dans la région du Moyen-Orient et du Golfe. L'Arabie saoudite est ainsi fidèle à sa participation positive à la Conférence tenue en 1995 à New York sur le Traité de non-prolifération nucléaire. Nous soutenons les efforts de la Ligue arabe, conformément aux résolutions prises lors de sa 101ème session, en vue de faire de la région du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires et de destruction massive, qu'elles soient chimiques ou biologiques. A cet égard, nous sommes concernés par le refus d'Israël de se joindre aux signataires du Traité de non-prolifération nucléaire et d'interdire le contrôle de ses installations nucléaires aux inspections internationales. Ceci représente une menace grave à la stabilité de la région. En même temps que nous sommes contre la politique de deux poids deux mesures, pratiquée par la communauté internationale, qui exclut Israël des efforts de prévention de la prolifération nucléaire, nous sommes concernés par les essais nucléaires initiés par l'Inde cette année, et suivis par ceux du Pakistan, dans la région de l'Asie du Sud.

Bien que nous pensions que le renforcement de l'efficacité du Traité de non-prolifération puisse se faire à travers l'activation du système de garantie de l'AIEA en le rendant plus universel, nous estimons que des mécanismes régulatoires devront être établis qui aideront à atteindre

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l'objectif de l'élimination totale des armes de destruction massive, conformément à la première résolution des Nations Unies, adoptée en 1946. Le Royaume d'Arabie saoudite soutient la transparence dans le domaine des armements comme l'un des moyens de consolidation de la paix et de la sécurité internationales. Nous pensons que pour que la transparence soit effective, ses mesures doivent s'inscrire dans un cadre de principes clairs, équilibrés, et non discriminatoires. C'est ce genre de mesures qui, pensons-nous, peut renforcer la sécurité nationale, régionale et internationale de tous les pays dans le respect du droit international. A cet égard, nous soutenons l'existence du Registre d'armes conventionnelles des Nations Unies, dont nous demandons l'élargissement, et souhaiterions voir tous les Etats Membres lui fournir les informations nécessaires à son bon fonctionnement.

M. ABDELALRAHMAN HACHEM (Bahreïn) : nous sommes favorables à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires et de destruction massive au Moyen- Orient. Mais il convient à cet égard de rappeler que les positions israéliennes de refuser de se rallier au TNP et de rejeter les inspections de l'AIEA pourraient pousser d'autres pays à se doter d'armes de destruction massive et d'entrer dans la course aux armements. Nous appelons donc la communauté internationale à faire pression sur Israël. En tant qu'Etat partie au TNP, nous estimons que ce Traité doit avoir un caractère universel. Nous sommes également en faveur des efforts internationaux pour garantir l'interdiction de la production de matières fissiles. Les Etats parties au TNP sont en droit d'attendre des garanties en ce qui concerne leur sécurité face à la menace nucléaire. Les armes de destruction massive sont des outils de chantage et de terreur. Mon pays lance un appel pour la création d'un comité contre le terrorisme nucléaire et estime que la convocation d'une conférence extraordinaire sur le désarmement est urgente.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque, au nom des Etats de la Communauté des Caraïbes) a déclaré que les Etats du CARICOM sont touchés par l'attention accordée par la communauté internationale aux armes de petit calibre, dont le commerce et la circulation illégale ont dramatiquement augmenté au cours de ces dernières années. On estime actuellement que 100 millions d'armes de ce genre sont en circulation dans le monde. Le rapport du Secrétaire général sur l'activité annuelle de l'Organisation, estime que la circulation de ces armes et leurs effets dévastateurs sont une des causes majeures des nombreux problèmes que connaît aujourd'hui un continent comme l'Afrique. La menace que représente la prolifération des armes de petit calibre, est un danger pour la région des Caraïbes, où elles facilitent le trafic des drogues et portent atteinte à la paix et à la sécurité régionale. Le moment est donc venu, pour la communauté internationale, de mettre fin aux exportations de ces engins de mort dont les flots ne connaissent pas de frontières. Nous sommes favorables aux conclusions du Groupe intergouvernemental d'experts des Nations Unies, qui stipule qu'il faudrait adopter une approche de prévention et de réduction équilibrée et réaliste, incluant des actions à tous les niveaux: mondiaux, régionaux et nationaux .

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Nous nous félicitons du Rapport du Secrétaire général sur les armes de petit calibre (A/53/207), et soutenons le projet de moratoire concernant la circulation de ces armes en Afrique de l'Ouest. Nous sommes optimistes à cet égard, que la réunion tenue à Oslo au mois de juillet dernier, permettra de mettre au point un programme de travail réunissant les pays développés et les pays en développement pour un meilleur contrôle des armes de petit calibre. Nous remercions le Gouvernement norvégien, et lui demandons de persévérer pour faire aboutir cette initiative. Nous considérons que les mesures prises par l'Organisation des Etats américains sur l'interdiction de la fabrication et du transfert illicites des armes légères et des munitions, viennent à propos, et participent aux efforts en vue de mettre fin à la prolifération de ces engins et des effets négatifs qu'ils entraînent dans les régions qui en sont affectées. La Jamaïque et les Etats des Caraïbes sont en faveur d'une application totale de la Convention d'Ottawa, qui doit entrer en vigueur au printemps prochain, et nous demandons aux Etats qui ne l'ont pas encore fait, de signer et de ratifier cet instrument juridique.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao): au cours des dernières années, nous avons observé avec satisfaction la création de zones exemptes d'armes nucléaires dans plusieurs régions du globe telles qu'en Asie du Sud-Est, en Afrique, dans le Pacifique Sud, en Amérique latine ou dans les Caraïbes. L'établissement de telles zones ne révèle pas seulement l'aspiration des peuples de voir les régions concernées débarrassées de la menace et de l'annihilation nucléaires mais aussi de voir se concrétiser un puissant et irréversible souhait, celui de la construction d'un monde libéré du nucléaire. Ce souhait mérite un encouragement fort et le soutien de la part de tous. Nous partageons les préoccupations concernant les conséquences mortelles de l'utilisation discriminatoire des mines terrestres antipersonnel. La difficulté réside dans le fait que nous devons interdire de telles utilisations discriminatoires et reconnaître en même temps le droit légitime d'un Etat à utiliser de telles armes pour défendre sa légitimité et sa souveraineté nationales. A cet égard, nous estimons que doivent être pris en compte dans les négociations et arrangements en vue de l'interdiction des mines terrestres, les préoccupations en terme de sécurité nationale légitime des Etats et leurs droits à prendre des mesures appropriées d'autodéfense tel que le prévoit la Charte des Nations Unies.

M. BLAS OPLE (Philippines) a affirmé que son gouvernement continue de croire à la libéralisation commerciale, et refuse de céder à la tentation de retourner aux marchés fermés, malgré les difficultés actuelles. Il a salué l'initiative du Groupe des huit nations, qui ont publié une Déclaration conjointe pour la création d'un monde sans nucléaire. Il a exprimé son soutien à une résolution du même nom. Les Philippines soutiennent également les efforts de Myanmar, qui a initié une nouvelle approche globale sur le désarmement nucléaire ainsi que les initiatives de la Malaisie et de l'Indonésie visant au désarmement. Le représentant a énuméré les efforts fournis par son gouvernement pour convaincre les états nucléaires de la région d'adhérer aux efforts visant à la conclusion d'un traité interdisant les armes nucléaires en Asie du Sud-Est. En ce qui concerne la lutte contre

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l'utilisation de mines antipersonnel, il a noté le rôle indispensable joué par les organisations non gouvernementales, en particulier dans le domaine du nettoyage et dans celui de la réhabilitation des victimes. Afin de mener à terme la tâche du désarmement nucléaire, il a invité la Conférence du désarmement à examiner son élargissement afin d'accepter une plus large participation à ses travaux. Le représentant a ajouté qu'il n'est pas de meilleure manière de préparer l'Assemblée du millénaire en matière de désarmement que de réunir aussitôt que possible la quatrième session spéciale sur le désarmement.

M. ROKAN H. AL-ANBUGE (Iraq) a dit que l'Iraq estime que le document final de la première session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement reste la pierre angulaire du désarmement international. Le paragraphe 47 de ce document, dit clairement que les priorités du désarmement et de la sécurité internationales, sont l'élimination des armes nucléaires et des armes classiques pouvant être considérées comme ayant des effets traumatisants et non discriminatoires. Les armes nucléaires, qui représentent la menace majeure au sort de l'humanité, doivent figurer au premier chef des efforts en vue d'un désarmement général. A ce propos, les efforts de la communauté internationale devraient tendre vers un désarmement nucléaire total; le souvenir d'Hiroshima et de Nagazaki reste vivace dans la conscience de l'humanité. L'existence même des armes nucléaires représente un risque grave pour la paix et pour la sécurité internationales, et il est irréaliste de croire qu'elles ne pourront jamais être utilisées par les pays qui les détiennent. Il est regrettable que des résultats concrets n'aient jamais pu être atteints, en vue du démantèlement des arsenaux nucléaires existant, malgré les prises de position de l'opinion publique internationale et l'Avis de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l'emploi du nucléaire. Les Etats nucléaires devraient accepter un accord sur un programme de désarmement généralisé, et ils devraient donner des garanties négatives de sécurité aux Etats non nucléaires. La Conférence du désarmement, d'autre part, devrait jouer pleinement son rôle dans la discussion et la mise en place d'instruments juridiques efficaces.

Au Moyen-Orient, Israël continue ses politiques expansionnistes, au dépens du peuple palestinien et d'autres Etats arabes de la région, politique soutenue par un effrayant arsenal nucléaire, chimique et biologique; tout ceci, en dépit des différentes résolutions qui demandent à ce pays de placer ses installations atomiques sous le régime des contrôles de l'AIEA. La politique de deux poids deux mesures pratiquée par les Etats-Unis dans l'application des résolutions du Conseil, en particulier en ce qui concerne l'Iraq, laisse dans l'ombre le fait que ces résolutions, notamment la 687, invitent à la création d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient. L'AIEA a négligé, sur ce chapitre, les dispositions de cette résolution, simplement parce que les Etats-Unis ont fait pression sur elle. Nous confirmons que l'Iraq a coopéré avec l'UNSCOM pendant 7 années et demie, sans restrictions. Dans le domaine des armes nucléaires et des missiles, nous avons pratiqué la plus grande transparence. Dans le domaine biologique, il persiste des malentendus parce que la Commission spéciale adopte une attitude

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ambiguë. Nous avons demandé, à ce sujet, que l'UNSCOM présente tous les éléments de preuve qu'elle détiendrait et qui tendraient, selon M. Butler, à prouver que l'Iraq est en infraction de la résolution 687. Mais à ce jour, nous n'avons toujours reçu aucune réponse du Chef de l'UNSCOM. Quant au nucléaire, selon les rapports de la Commission, si l'Iraq reprend sa pleine coopération avec l'AIEA, cette Agence serait capable de reprendre toutes les procédures d'enquête restées en suspens. Mais les Etats-Unis s'opposent toujours à ce que les informations des inspections soient soumises à un contrôle continu de la communauté internationale. Nous ne prenons pas à la légère, contrairement à certaines allégations, les efforts de cette communauté internationale en vue de la réduction des armes de destruction massive et d'un désarment efficace et juste.

M. RAJAB SUKAYRI (Ministre des affaires étrangères de la Jordanie) : ces dernières années, des réalisations remarquables ont permis de relever des défis difficiles en matière de sécurité et de désarmement internationaux. Pourtant des développements regrettables tels que les essais nucléaires en Asie du Sud en mai dernier, le refus persistant du seul Etat du Moyen-Orient doté d'un arsenal nucléaire considérable, Israël, à adhérer au TNP et à soumettre ses installations et équipements nucléaires aux inspections de l'AIEA, le refus également persistant des Etats nucléaires de se soumettre à leurs obligations, conformément au TNP, nous auraient conduits à davantage de sagesse dans le domaine du désarmement. Mon pays s'est toujours engagé en faveur de la cause de la paix et de la sécurité internationales et du règlement pacifique du conflit au Moyen-Orient. Afin d'aboutir à de tels objectifs, il faudrait faire des avancées positives et, notamment, de libérer la région des armes nucléaires et de destruction massive.

La Jordanie est disposée à signer tous les instruments internationaux qui ont pour objectifs la non-prolifération des armes nucléaires et l'interdiction de toutes les armes de destruction massive, en particulier les armes biologiques et chimiques. Depuis 1974, l'Assemblée générale appelle à l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient et sa résolution a, depuis 1980, gagné davantage de terrain, ayant été adoptée par consensus. Nous ne pouvons faire autrement que de rappeler une fois encore notre conviction que les chances de parvenir à une paix durable au Moyen- Orient sont infimes sans la construction de la confiance entre les parties en présence, et cette confiance ne peut être assurée avec l'existence d'armes de destruction massive dans la région.

Nous rejoignons tous les Etats parties au CTBT qui ont appelé les pays, qui n'en sont pas encore parties, à signer et à ratifier le Traité. La Jordanie n'a cessé d'être favorable à la création du registre des Nations Unies sur les armes classiques que nous considérons comme un mécanisme indispensable pour parvenir à la transparence dans le domaine du désarmement, laquelle peut garantir l'instauration de la confiance, surtout au niveau des régions en conflit latent telles que le Moyen-Orient. Nous appuyons également toutes les avancées importantes qui aboutiront à la convocation d'une conférence internationale sur le commerce illicite des armes.

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M. IBRAHIM AL BESBAS (Jamahiriya arabe libyenne) : les circonstances sont décourageantes en ce qui concerne le désarmement nucléaire et les politiques qui les sous-tendent. Nous avons observé les essais nucléaires en Asie du Sud avec inquiétude. Depuis plusieurs années, nous nous réunissons pour réaliser un objectif noble, celui de renforcer la paix et la sécurité dans le monde. En dépit de ces efforts, nous avons réalisé que la prolifération de l'arme nucléaire se poursuit. Il doit y avoir une faille dans notre méthode de travail et dans nos priorités afin de progresser sur ce dossier. Nous estimons que la faille consiste à nous concentrer sur les politiques de non-prolifération au détriment de la solution principale, celle du désarmement nucléaire. Nous voulons rappeler que si nous ne prenons pas en compte ces travaux, nos efforts n'aboutiront pas et les désaccords se poursuivront, tout en aggravant la tension internationale. Nous devons tenir compte de réalités qui ne peuvent plus être ignorées. Le fait est qu'il existe deux catégories, les Etats dotés de l'arme nucléaire et ceux qui ne l'ont pas. Il existe des Etats autorisés à poursuivre leurs essais et d'autres qui en sont empêchés. Cette politique devrait être caduque puisqu'elle s'oppose aux principes du désarmement nucléaire. Il s'agit là d'une discrimination illogique. L'absence de garanties efficaces aux Etats non dotés de l'arme nucléaire est une raison de l'indifférence des pays dotés de l'arme nucléaire. Une autre raison qui reflète le chaos et le double traitement sur le dossier du nucléaire est la possession de la part de certains Etats d'armes nucléaires. Alors que l'on poursuit des Etats, jour et nuit par la force, voire par la menace, d'autres Etats ont la possibilité de continuer à faire ce qu'ils veulent. La théorie de la dissuasion nucléaire existe toujours en dépit de la fin de la guerre froide, du TNP et du CTBT. Tout ceci confirme notre conviction que la solution idéale et rapide est l'adoption d'une stratégie globale fondée sur l'élimination totale du nucléaire. Les pays qui ont effectué ces explosions n'en sont pas parties, car ils ont refusé, par principe, de ratifier ces traités, en raison de leurs lacunes.

Les capacités nucléaires israéliennes ne sont soumises à aucun contrôle international et représentent un danger réel au Moyen Orient. Ce refus continu du contrôle de l'AIEA et l'indifférence de la part de certains Etats occidentaux sur cette question sont des points que nous ne pouvons passer sous silence. Les pays arabes essayent de créer une zone exempte d'armes nucléaires afin de contenir toutes les armes de destruction massive, mais l'obstacle majeur reste le refus d'Israël qui invoque le prétexte de la sécurité nationale.

Droit de réponse

Le représentant de l'Egypte a répondu aux affirmations faites ce matin par la délégation d'Israël. L'Egypte regrette que le délégué israélien ait cherché à justifier la non-adhésion de son pays au TNP par le fait que l'Egypte n'aurait pas adhéré à la Convention sur les armes chimiques. Israël n'est pas le seul pays qui se soucie de sa sécurité et qui ait le droit d'adopter des attitudes ambiguës et calculées vis-à-vis des traités et des

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conventions. L'Egypte, comme l'a dit le Président Moubarak, est disposée à signer et à ratifier toutes les conventions à condition que les circonstances et les conditions de justice et de l'équilibre l'exigent. La démarche que fait Israël en ce qui concerne ses activités liées aux armes chimiques, est floue et ambiguë, comme par exemple, l'usage de ces armes par les agents du Mossad dans leurs tentatives d'assassiner des personnalités arabes, ou encore la découverte, par la communauté internationale, qu'un appareil de la compagnie El Al, qui s'est écrasé, renfermait dans son frêt des agents chimiques dont l'usage est strictement contrôlé et réglementé par les instruments juridiques internationaux.

Le représentant de l'Iran a répondu aux accusations faites ce matin par le délégué d'Israël sur les capacités militaires de l'Iran. Il a été fait, ce matin, référence à la capacité chimique militaire de l'Iran et à la menace qu'elle poserait à la paix et à la sécurité de la région. Nous tenons à répéter que la seule menace qui plane sur la région du Moyen-Orient, vient de la capacité nucléaire et des dispositions que possède Israël dans le domaine des missiles balistiques de haute précision. L'Iran ne va pas rester les bras croisés face aux intimidations et à la politique agressive de l'Etat d'Israël. Les missiles, que nous développons, sont un moyen de défense classique, et ils ne nous serviront qu'à défendre notre souveraineté et nos intérêts.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a reproché à Israël d'avoir accusé son pays de créer et de maintenir une crise dans la région d'Asie du Nord-Est. Nous pensons que c'est au Moyen-Orient qu'il y a crise du fait des activités israéliennes, et nous demandons à ce pays de retirer ses troupes de toute la région, conformément aux résolutions des Nations Unies. Israël ne doit pas suivre ou s'abriter derrière les Etats- Unis, qui ne devraient pas nous interdire d'essayer d'avoir accès à l'espace extra-atmosphérique. Nous demandons aux Etats-Unis de cesser leurs accusations absurdes contre notre pays et de ne pas utiliser le lancement d'un satellite pour justifier ou cacher leurs ambitions expansionnistes dans la péninsule coréenne.

Le représentant de l'Erythrée a exercé son droit de réponse à la suite de l'intervention faite ce matin, par l'Ethiopie : les mensonges de l'Ethiopie nous scandalisent. Le monde entier sait que l'Ethiopie est un agresseur qui cherche à cacher ses visées expansionnistes. Ils nous ont accusés, ce matin, d'utiliser de manière anarchique des mines antipersonnel, ce qui est faux. Une résolution de l'ONU définit le terme d'agression, et selon cette définition, c'est bien l'Ethiopie qui nous a envahi, qui a bloqué notre espace aérien et naval, et qui a cherché à continuer à utiliser la force contre nous. Dans un article récent, un spécialiste de la région dit que le conflit, qui a commencé le 6 mai dernier, a été provoqué par les autorités d'Addis Abeba. Le 5 juin, l'aéroport d'Asmara était l'objet d'attaques de la part de l'aviation éthiopienne, et ces activités se sont poursuivies le jour suivant. Le conflit s'est ensuite enlisé, et nous tenons à rétablir la vérité des faits. Quel est

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le côté de la frontière qui a été miné et par qui? Que la communauté internationale vienne vérifier sur le terrain, et la vérité sera faite aux yeux du monde.

Le représentant d'Israël a exercé son droit de réponse et a répondu aux déclarations faites par les pays arabes, aujourd'hui : nous avons passé des heures pour évaluer la situation au Moyen-Orient. L'existence pacifique est nécessaire dans la région, et une négociation qui conduit à la paix également. De même que l'Egypte et la Jordanie se sont engagées en faveur de la paix, nous souhaitons que d'autres pays viennent se joindre au processus. De nombreuses questions doivent être encore négociées.

Le représentant de la République de Corée a exercé son droit de réponse à la suite de la déclaration faite, vendredi dernier, par le représentant de la RPDC : le représentant de la RPDC a longuement parlé de la question de la paix et de la sécurité dans la péninsule. Nous comprenons ces préoccupations sur le sujet, mais nous estimons que sa déclaration est erronée. Nous sommes désolés de constater que les assertions de la RDPC ont éludé les questions les plus urgentes, notamment celles des armes de destruction massive. La RPDC a mentionné la nécessité d'éliminer les structures héritées de la guerre froide, mais elle n'a pas entendu l'appel de la communauté internationale l'invitant à n'épargner aucun effort pour que la péninsule soit débarrassée des armes chimique et biologiques. Si ses intentions étaient sincères, ce pays devrait prendre des mesures concrètes visant l'élimination des armes de destruction massive dans la région. La RPDC est en outre invitée à mettre en oeuvre le TNP et à adhérer au CTBT et à la Convention d'interdiction des armes chimiques. Ma délégation affirme une fois encore que la RPDC a une obligation en tant qu'Etat partie au TNP. Le Conseil de sécurité a pris note de la décision de la RPDC de rester partie au TNP en novembre 1994. Je crois que tout argument à l'encontre de cette vérité ne peut être accepté ni par nous ni par la communauté internationale. Ma délégation souscrit au point de vue que l'unification de la péninsule est l'objectif le plus important pour les Coréens. Mais nous divergeons sur les moyens d'y parvenir. La formule unilatérale de la RPDC refuse le dialogue et les échanges réels légitimes avec le Sud. Comment deux entités aussi différentes pourraient réaliser leur unification en un jour sans réaliser un processus de pacification? La méfiance est due au manque de volonté politique de la part de la RPDC.

L'Ethiopie, exerçant son droit de réponse a dit : nous venons juste d'écouter la déclaration de l'Erythrée qui ne saurait surprendre car la politique de ce gouvernement vise à semer la confusion et à induire en erreur la communauté internationale. Ce matin, ma déclaration avançait deux points : l'agression du 12 mai dernier contre l'Ethiopie constitue une atteinte grave à la stabilité dans la région. Nous avons affirmé que l'Erythrée faisait usage de mines contre les civils, cela constitue une violation des droits humanitaires internationaux.

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La liste de leurs actions illégales est trop longue, je n'ajouterai qu'une chose, le Gouvernement érythréen dans son agression contre notre pays a, le 5 juin 1998, lancé une attaque aérienne en utilisant, notamment, des bombes au napalm sur une école primaire où 55 enfants ont été massacrés et 146 blessés. Des preuves concrètes ont été rapportées par la presse internationale. Comment l'Erythrée a-t-elle réagi ? Des déclarations au plus haut niveau politique ont été faites pour justifier cet assassinat arguant que la guerre ne connaît pas de règles. Mais nous disons ici que la guerre a des règles, et à cet égard nous participons aux efforts internationaux en vue du désarmement et nous continuerons. En dépit des dénégations de l'Erythrée, cette agression n'est plus un secret pour personne. Le monde entier sait quels sont les faits, comme le prouve les documents officiels du Conseil de sécurité.

Le représentant de l'Iraq a répondu au droit de réponse d'Israël. L'Iraq confirme que ce qui a été dit par Israël est faux, non avenu et indéfendable. Ce n'est qu'un écran de fumée pour faire accepter des choses totalement inacceptables et indéfendables.

Le représentant de l'Erythrée a réagi au droit de réponse de l'Ethiopie: Sur la question de l'attaque aérienne contre Asmara, c'est le Premier Ministre éthiopien qui a lui-même déclaré sur une station de radio que c'était une attaque préventive. Que l'Ethiopie accepte donc des vérifications internationales sur ses agissements. L'OUA reste saisie de la question du conflit qui nous oppose, et tous les délégués africains ici le savent. Si l'OUA s'était prononcée sur la question comme l'affirme l'Ethiopie, pourquoi cette Organisation resterait-elle toujours saisie de la question? Que l'on amène une carte géographique, et l'on comprendra la folie des revendications territoriales éthiopiennes sur le territoire national érythréen.

L'Ethiopie, dans son deuxième exercice du droit de réponse a déclaré : l'agression n'est pas simplement théorique, mais elle est physique puisqu'elle se passe sur le terrain. L'OUA, dans le conflit, a adopté une résolution et la médiation de pays tiers est en cours. L'OUA s'est prononcée et on sait qui est l'agresseur.

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