AG/DSI/195

PREMIERE COMMISSION: ISR'L ET LE PAKISTAN JUSTIFIENT LEURS POSITIONS SUR LE DESARMEMENT

20 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/DSI/195


PREMIERE COMMISSION: ISRAEL ET LE PAKISTAN JUSTIFIENT LEURS POSITIONS SUR LE DESARMEMENT

19981020 La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a poursuivi ce matin son débat général. Elle a examiné les points de son ordre du jour relatifs au désarmement nucléaire, à la prolifération des armes de petit calibre et à la prochaine entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel. Concernant la non- prolifération nucléaire, elle a entendu les délégations d'Israël et du Pakistan. Le délégué d'Israël a relevé le fait que son pays, dont l'existence continue d'être menacée par certains Etats de la région du Moyen-Orient, ne peut qu'être très prudent en matière de désarmement et de sécurité. Il a dénoncé le développement d'armes chimiques et de missiles balistiques par certains pays de la région, et déclaré qu'Israël serait prêt à soutenir la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient une fois que des relations pacifiques et de reconnaissance mutuelle seraient établies entre les Etats éventuellement parties. Elle a entendu le représentant du Pakistan qui a justifié les essais nucléaires auxquels a procédé son pays en début d'année, par le besoin d'affirmer sa capacité de défense en répondant aux essais menés par l'Inde, en vue d'assurer une parité des armements dans le conflit qui oppose les deux pays. Il a réitéré l'intention du Pakistan de signer et de ratifier les Traités de non-prolifération et d'interdiction complète des essais, afin que ces deux instruments puissent entrer en vigueur au plus tard en septembre 1999. La Commission a en outre entendu les délégations du Chili, de la République démocratique du Congo, de l'ex- République yougoslave de Macédoine, d'Oman, de l'Ethiopie, de l'Arménie, du Kenya, et du Sénégal.

La Première Commission reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

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Suite du débat général

M. JUAN LARRAIN (Chili) : nous estimons que la Conférence du désarmement n'a pas fait de progrès réels en matière de désarmement nucléaire, aussi est- il important de confirmer la nature prioritaire de cette question. Il faut l'examiner dans le cadre d'une instance multilatérale. Le Chili déplore, une fois encore, les essais nucléaires réalisés, cette année, en Asie du Sud. Pour nous, c'est une question de principe qui révèle l'urgence du renforcement de l'universalité et de l'application du CTBT et du TNP. Nous appelons à nouveau tous les Etats à signer et à ratifier les instruments internationaux élaborés afin de débarrasser le monde de la menace nucléaire. A cet égard, nous saluons l'adhésion récente du Brésil au TNP. Dans cet esprit, le Chili appuie la création de zones exemptes d'armes nucléaires sur la base d'accords librement consentis par les pays concernés ainsi que le renforcement de telles zones déjà existantes.

Concernant la Convention d'Ottawa, nous saluons sa prochaine entrée en vigueur et souhaitons que notre processus législatif d'approbation nous permette de ratifier cet important instrument très bientôt. Nous soutenons également les initiatives en vue d'obtenir une plus grande transparence en matière d'armements, notamment les principes du Registre des Nations Unies sur les armes classiques et les dépenses militaires auxquelles nous nous conformons régulièrement. Nous exhortons tous les pays de notre région de progresser dans la formulation de leurs propres programmes de défense et de leurs idées dans ce domaine. La déclaration conjointe, faite par le Chili avec les pays du Mercosur, en juillet dernier, témoigne de l'importance que revêt pour nous la création d'une zone de paix exempte d'armes de destruction massive. La Convention sur les armes biologiques a été, en juin dernier, l'objet d'adoption conjointe avec les autres pays de la région et nous exhortons à poursuivre les négociations de façon plus active. Quant à la Convention sur les armes chimiques, le Chili a créé une autorité nationale pour donner suite aux dispositions de cette Convention et nous souhaitons qu'elle parvienne vite à l'universalité.

M. MONGA MULENDA MAKONGA (République démocratique du Congo) a dénoncé l'agression armée dont son pays est victime de la part d'Etats voisins, du seul fait des convoitises qui attirent les richesses naturelles de son sous- sol. La population congolaise, totalement démunie, est aujourd'hui victime de conflits qu'attisent les pays voisins, qui commettent toutes sortes d'exactions et de violations contre les droits humains des Congolais. L'agression contre la République démocratique du Congo est un défi à la volonté de la communauté internationale, qui a essayé de ramener la paix dans la région de l'Afrique centrale et des Grands Lacs. Les foyers de tensions se déplacent aujourd'hui d'un pays à l'autre au gré des activités des marchands d'armes, et sous l'oeil parfois complaisant des institutions internationales chargées du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les infrastructures industrielles, que possédait la République démocratique du Congo sont, en ce moment, démontées systématiquement par les troupes des pays

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agresseurs et transférées vers leurs territoires. Le tissu économique du Congo, déjà très appauvri, est l'objet d'un pillage éhonté dans les parties occupées du pays. L'or, les diamants et les autres minerais précieux sont systématiquement pillés.

L'un des scandales du conflit en cours est que tous les pays protagonistes sont des nations en développement. Les maigres ressources dont ils disposent sont donc consacrées à l'effort de guerre, alors qu'elles devraient être dirigées vers les efforts de développement. Aussi brève qu'elle a pu être à ce jour, la guerre dans la République démocratique du Congo, a déjà mis à mal les perspectives de développement de la région. S'armer davantage nuit au progrès, mais comment ne pas le faire si on veut se protéger et préserver la souveraineté et l'intégrité du pays? Comment réduire nos budgets militaires tant que nos voisins continueront à nous agresser? L'Afrique est aujourd'hui le théâtre de nombreux conflits armés, qui se répètent tristement et rappellent ce que le continent a connu au cours des siècles passés: la vie ne semble pas avoir de valeur en Afrique. Notre continent a tout donné à d'autres pays, aujourd'hui développés; jusqu'aux vies de ses enfants. Et nous continuons de payer le prix des convoitises des marchands d'armes et des industries d'armements venus d'ailleurs. D'autres formes d'investissements sont pourtant possibles en Afrique. Mais tant que l'on ne respectera pas les Africains et la valeur de leur existence, le genre de situation que nous vivons actuellement perdurera.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) a regretté que la Commission sur le désarmement ait été surchargée par l'examen des multiples aspects de la question du désarmement, ce qui affecte, de manière négative, le travail de l'Assemblée générale. De plus, il a noté que de nombreux Etats Membres des Nations Unies se sentent marginalisés dans l'effort de renforcement de la paix internationale et de la sécurité. En ce qui concerne la région des Balkans, le représentant a exprimé l'espoir que la période des difficultés s'achève et fait place à une période de développement, avec l'aide nécessaire de la communauté internationale. Dans ce contexte, il a réaffirmé la nécessité de respecter la loi internationale et la Charte des Nations Unies, en particulier les principes de bon voisinage, d'intégrité territoriale et de souveraineté des Etats, et de poursuivre une coopération internationale à tous les niveaux afin d'éviter la marginalisation de certains Etats. Les politiques et les actions pratiques devraient comprendre la prise de mesures préventives, l'apport de solutions rapides aux conflits en cours par des mesures politiques, économiques et sociales conjuguées, et la promotion de l'intégration régionale et globale aux niveaux politique et économique. Ainsi, le futur de la région des Balkans réside dans son européanisation, et non dans sa balkanisation.

En ce qui concerne la question du désarmement, le représentant a observé que de nombreux pays ont besoin de trouver les moyens de renforcer leur sécurité, notamment en améliorant leurs relations avec les pays voisins, avant que de donner la priorité au processus de désarmement. Il a regretté qu'il n'existe pas de régime international satisfaisant pour la production, le

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stockage, le commerce et l'utilisation des armes conventionnelles. Mon pays a ratifié la Convention d'Ottawa, en espérant qu'elle devienne un instrument d'interdiction internationale des mines antipersonnel, a déclaré le représentant qui a souligné la nécessité de renforcer le travail de l'Organisation de la Convention sur les armes chimiques, et de la Convention sur les armes biologiques et toxiques. Le représentant a regretté le peu de progrès réalisés dans le processus de désarmement nucléaire. A cet égard, il a rappelé l'engagement de la Macédoine pour la ratification du Traité pour l'interdiction complète des essais nucléaires. Il est également très important de créer des zones exemptes d'armes nucléaires, sur la base d'arrangements librement consentis entre les Etats d'une région.

M. MOHAMED El-HASSAN (Oman) a déclaré qu'au cours de ces dernières années, des progrès sensibles ont été réalisés dans le domaine du désarmement. Nous sommes pour le renforcement des conventions sur les armes biologiques et chimiques, et nous apprécierions que, dans le domaine nucléaire, le Traité de non-prolifération (TNP) et le Traité d'interdiction des essais nucléaires (CTBT), soient strictement appliqués. Oman soutient l'élimination totale des armements de destruction massive. Au Moyen-Orient, l'instabilité persiste et les dangers de guerre continuent de planer. Nous espérons que toutes les parties de la région comprendront qu'il est temps d'aller vers la paix. La menace militaire israélienne, qui s'étend sur la région, met aussi en danger la paix internationale.

Le délégué a exhorté la communauté internationale à effectuer des contrôles et à mettre un terme aux programmes menés par Israël dans le secteur nucléaire. Nous demandons que soit créée une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen Orient, qui serait renforcée par une zone exempte de toutes armes de destruction massive. Nous comprenons les raisons qui ont conduit l'Inde et le Pakistan à procéder à des essais nucléaires, mais néanmoins, nous leur demandons de signer le TNP et le CTBT. Nous aimerions conclure en disant que nous soutenons le rôle des Nations Unies en matière de désarmement, et nous aimerions qu'un programme de désarmement nucléaire généralisé soit mis en place, et que l'ONU, en même temps, joue aussi un plus grand rôle dans le maintien de la paix dans les régions du Moyen-Orient et du Golfe.

M. DURI MOHAMMED (Ethiopie) : la conclusion de la Convention sur l'interdiction de l'utilisation, le stockage, la production, le transfert des mines antipersonnel et leur destruction est une avancée importante dans le processus de désarmement en matière d'armes légères. L'Ethiopie a pleinement participé au Processus d'Ottawa et a signé la Convention dès décembre 1997. L'Ethiopie est un pays très affecté par ce type d'armes et attache une grande importance à l'application de la Convention. L'Ethiopie souhaite obtenir davantage de soutien dans ses efforts de déminage. Nous saluons la prochaine entrée en vigueur de la Convention, grâce à la récente ratification du Burkina Faso, et apprécions également la volonté du Mozambique d'accueillir la première Conférence des Etats parties en mai 1999. En dépit des efforts encourageants réalisés par la communauté internationale en vue d'éliminer les mines antipersonnel, les développements dans certaines parties du monde et,

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notamment, dans la corne de l'Afrique sont des sources de préoccupation graves. Nous faisons référence, ici, à l'irresponsabilité de l'utilisation de mines antipersonnel par le Gouvernement d'Erythrée dont le but est de terroriser les civils, de leur nier l'accès aux terres et de les obliger à fuir leurs maisons dans sa guerre contre l'Ethiopie. Ces actions ne constituent pas seulement une flagrante violation des lois humanitaires internationales mais représente aussi une grave provocation aux efforts internationaux et régionaux en vue d'éliminer les mines antipersonnel. La paix a connu, récemment, des reculs dans notre région à la suite de l'agression érythréenne contre l'Ethiopie en mai dernier. Cette agression constitue un défi lancé à nos efforts pour le renforcement de la sécurité et du désarmement régionaux. En dépit de ces agressions incessantes, nous faisons tous les efforts possibles pour résoudre le conflit par des moyens pacifiques sur la base de la résolution 1177 des Nations Unies et de la résolution du 34eme Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'unité africaine.

M. ROBBIE SABEL (Israël) a déclaré que, vu sa vulnérabilité géographique et les menaces potentielles qui pèsent sur lui, Israël reste prudent en ce qui concerne le désarmement et le contrôle des armements. Des pays voisins continuent d'avoir pour objectif de mettre fin à l'existence de l'Etat d'Israël; de ce fait, les problèmes de désarmement doivent se baser sur les véritables intérêts de sécurité de chaque nation du Moyen-Orient. Nous sommes en ce domaine, à la fois réalistes et optimistes. Ce qui a déjà été fait nous rend réalistes. Nous avons, par exemple, pu ratifier un processus de paix entre notre pays et l'Egypte, et des négociations sont en cours avec les Palestiniens et la Jordanie, négociations qui, éventuellement, pourraient inclure le reste de la région et amener la stabilité au Moyen-Orient. Mais nous devons être réalistes, face à des Etats comme l'Iraq, qui consacre une grande partie de ses revenus pétroliers à essayer de développer des armes nucléaires, ce qu'il a fait malgré qu'il ait signé le Traité de non- prolifération, et malgré les contrôles de l'Agence de l'énergie atomique. L'Iraq a développé aussi des armes chimiques et biologiques, et il a utilisé des gaz toxiques contre l'Iran et contre sa propre population. Durant la guerre du Golfe, les missiles iraquiens ont touché notre territoire ainsi que le territoire de l'Arabie saoudite. D'autres Etats du Moyen-Orient ont mis au point des armes chimiques et possèdent aussi des missiles balistiques qu'ils gardent en situation opérationnelle. Israël soutient pleinement le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, que nous avons signé sans conditions liées à notre situation régionale.

Israël croit en la création d'une zone exempte d'armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient. Nous aimerions que cette zone soit aussi libre d'armes chimiques, biologiques et de missiles balistiques. La zone devrait cependant être créée par les Etats de la région, après qu'ils se soient mutuellement reconnus et aient établi des relations pacifiques. Nous pensons que la question intitulée "risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient", est une manoeuvre politique. Les vrais risques de prolifération, qui

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n'émanent pas d'Israël, y sont totalement ignorés, et les évidences produites par l'UNSCOM et l'AIEA contre l'Iraq sont passées sous silence, de même que les efforts de la République populaire démocratique de Corée et ceux de l'Iran dans la course aux armements non conventionnels. Concernant les pourparlers sur un traité d'interdiction de la production, de l'usage et du transfert des matières fissiles à usage militaire, Israël s'est joint au consensus de l'Assemblée générale en 1993, et ne s'est pas opposé aux décisions prises, cette année, par la Conférence du désarmement à Genève sur la base du rapport Shannon.

Mme CHRISTINE SIMONE (Arménie) a réaffirmé l'engagement de son pays à l'application du Traité de non-prolifération et a exprimé son soutien au renforcement du régime de garanties mis en place par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA). Elle a indiqué que l'Arménie a ratifié la Convention sur la sécurité nucléaire. En ce qui concerne la Convention sur les armes chimiques, la représentante a observé que la participation de tous les Etats du Caucase est nécessaire à l'installation d'un régime efficace de contrôle et d'interdiction des armes chimiques, en vue de renforcer la stabilité de la région. Elle a noté la nécessité de promouvoir les régimes d'application et de vérification dans le domaine de la non-prolifération des armes de destruction massive. Concernant la question de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines antipersonnel, elle a exprimé son inquiétude face aux hésitations de l'Azerbaïdjan à adhérer au régime d'interdiction. De même, elle a dénoncé les violations du Traité sur les forces armées conventionnelles en Europe par l'Azerbaïdjan qui menace ainsi la stabilité dans la région du Caucase et en Europe en général. La représentante a exprimé le souhait de son pays de devenir membre de la Commission sur le désarmement et a appelé les Etats parties à soutenir l'Arménie dans cette voie.

M. MUHAMMAD SIDDIQUE KHAN KANJU (Ministre des affaires étrangères du Pakistan) : pour permettre une évaluation objective des essais nucléaires réalisés par l'Inde et le Pakistan, il est essentiel de conserver à l'esprit le contexte et l'histoire de la prolifération nucléaire en Asie du Sud. Depuis son indépendance, le Pakistan a été confronté à une hostilité endémique de la part de son voisin, l'Inde, et trois conflits nous ont opposés à propos des territoires contestés de Jammu-et-Cachemire. Aussi ce n'est pas le Pakistan, mais bien l'Inde, qui a donné cette dimension nucléaire à l'Asie du Sud. Quand l'Inde a mené ses trois plus deux essais, le Gouvernement du Pakistan a été confronté à une décision fatale. Nous avons attendu quelque 17 jours avant de répondre. Avant de prendre cette décision, le Premier Ministre pakistanais a pris largement en compte les vues et suggestions que lui ont apportées les autorités de nombreux pays amis, en particulier celles des Présidents Clinton et Jiang Zemin, ainsi que celles du Premier Ministre Tony Blair, du Premier Ministre Hashimoto et celles de beaucoup d'autres personnalités d'Etat. Mais notre décision de conduire ces essais s'est avérée inévitable face à l'escalade constante des provocations et menaces de l'Inde et à la faiblesse de la communauté internationale, notamment avec l'absence de réaction des ministres des affaires étrangères de la région, du Conseil de

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sécurité et du G8. Ils ont tous réagi seulement après les essais pakistanais. Pourtant, le Pakistan a réalisé ces essais afin de démontrer sa capacité nucléaire et de dissuader toute agression. Ces essais sont conformes au droit du Pakistan à se défendre, conformément à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies. Les actions prises contre le Pakistan sont injustes, car elles affectent plus le Pakistan que l'Inde. Peu après nos essais, le Pakistan a annoncé un moratoire unilatéral sur d'autres essais, et récemment devant l'Assemblée générale, le Premier Ministre, Nawaz Sharif, a réaffirmé le soutien du Pakistan au CTBT que nous souhaitons voir entrer en vigueur avant septembre prochain. Mais comme le Premier Ministre l'a fait remarquer, l'adhésion du Pakistan au Traité ne s'effectuera qu'une fois libéré de toute pression ou coercition. Nous espérons que les restrictions arbitraires imposées au Pakistan par les institutions multilatérales seront rapidement levées ainsi que toutes les sanctions discriminatoires qui le frappent. Nous comptons sur le soutien de la communauté internationale pour une juste résolution de la dispute concernant les territoires de Jammu-et-Cachemire. La priorité du Pakistan est bien de construire une structure de paix et de sécurité en Asie du Sud fondée sur des principes d'égalité de traitement et de sécurité de l'Inde et du Pakistan. La stabilité en Asie du Sud peut être également affectée par l'asymétrie des capacités en terme d'armes classiques entre l'Inde et le Pakistan, asymétrie qui croît grâce à l'embargo des grandes puissances qui nous affecte et aux acquisitions massives d'armes de l'Inde en provenance notamment de la Russie. Nous souhaitons qu'une action concertée soit adoptée par la communauté internationale afin de redresser ce déséquilibre qui permettra inévitablement au Pakistan de reconsidérer sa capacité nucléaire. Mais la menace nucléaire ne vient pas uniquement de l'Asie du Sud, car le refus de quelques puissances nucléaires d'accepter les engagements pertinents en vue du désarmement nucléaire est inexplicable et inacceptable. Nous ne pouvons pas être satisfaits par les rapports sur les progrès de négociations bilatérales. Aussi est-il essentiel que le processus de désarmement nucléaire s'effectue et se négocie au sein d'un seul forum multilatéral pour le désarmement, à savoir la Conférence du désarmement.

M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a exprimé la satisfaction de son pays devant la prochaine entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de la fabrication, du transfert et de l'usage des mines terrestres antipersonnel. Les mines ont eu des effets dévastateurs en Afrique, en mutilant et tuant des populations civiles innocentes, surtout des femmes et des enfants, et en rendant impropres à l'exploitation des terres agricoles, qui de ce fait, sont devenues économiquement improductives. Nous apprécions, à cet égard, que le Mozambique, un pays affecté par les mines, ait été choisi comme lieu de la tenue de la première réunion des Etats parties à la Convention, en mai 1999. Nous espérons que des pays comme le Mozambique et l'Angola seront les premiers bénéficiaires du remarquable effort international visant à débarrasser le monde des mines terrestres antipersonnel. Le Kenya est, d'autre part, hautement concerné par le transfert et la circulation illicites d'armes de petit calibre, qui sont une cause majeure d'insécurité dans les pays en développement. Le Secrétaire général, dans son rapport annuel sur l'activité

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de l'Organisation, déclare qu'il est urgent que la communauté internationale trouve une solution à ce problème. Il dit aussi, et cela doit être clair ici, que le secret qui entoure les transactions d'armes des pays producteurs vers les régions où elles sont utilisées, est à la base de l'incapacité de la communauté internationale à identifier et à dénoncer nommément les marchands d'armes et leurs activités. La responsabilité des pays producteurs est ici clairement évoquée.

Le Kenya dénonce les déversements de déchets radioactifs et toxiques effectués par les pays riches sur les côtes et les eaux maritimes des pays en développement. Les activités économiques internationales produisant plus de déchets que la planète ne peut en supporter, les producteurs de résidus toxiques et dangereux ont choisi, sans état d'âme, de les déverser dans des régions où les conditions technologiques ne permettent pas leur manipulation sûre. Ces actions menacent l'environnement, la santé et la vie même des populations de nos pays. Nous demandons que cette question soit sérieusement et totalement discutée, et nous rappelons qu'en 1996, le Kenya avait adhéré à l'amendement de la Convention de Bâle, qui interdit l'exportation de déchets radioactifs et toxiques des pays de l'OCDE vers les pays en développement.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que la communauté internationale doit accorder la priorité aux stratégies et initiatives destinées à combattre la prolifération des petites armes et des armes de petit calibre dont la circulation est devenue un véritable fléau en Afrique ainsi qu'un obstacle majeur à l'édification et à la consolidation de la paix sociale et du processus démocratique sur le continent africain. C'est dans cette optique que le délégué s'est félicité des propositions contenues dans le rapport du Groupe des experts gouvernementaux sur les petites armes et a salué les progrès réalisés en juillet dernier, par les Ministres de la défense, de l'intérieur et de la sécurité qui s'étaient réunis à Banjul (Gambie) afin d'examiner le projet de mécanisme soumis par la CEDEAO sur la prévention, la gestion, le règlement des conflits, le maintien de la paix et de la sécurité. Cette réunion a vu l'adoption à l'unanimité d'une Déclaration sur le moratoire dont les modalités de mise en oeuvre seront adoptées à l'occasion du prochain Sommet de la CEDEAO, prévu à Abuja, à la fin de ce mois.

Le délégué s'est réjoui du dépôt du 40ème instrument de ratification de la Convention portant interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production, du transfert des mines antipersonnel et de leur destruction. Il a indiqué que le Sénégal a déposé ses instruments de ratification.

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