AG/DSI/191

LES ETATS MEMBRES SONT INVITES A SIGNER ET A RATIFIER LA CONVENTION D'OTTAWA SUR LES MINES ANTIPERSONNEL SANS PLUS TARDER

15 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/DSI/191


LES ETATS MEMBRES SONT INVITES A SIGNER ET A RATIFIER LA CONVENTION D'OTTAWA SUR LES MINES ANTIPERSONNEL SANS PLUS TARDER

19981015 La Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission), qui a poursuivi son débat général ce matin, a examiné l'état des différents traités et conventions faisant partie de la panoplie des instruments juridiques de désarmement mis en place et agréés par les Etats Membres. Elle a entendu plusieurs délégations sur les questions des mines terrestres antipersonnel et des armes légères et de petits calibres. Les délégations du Canada, de l'Argentine et du Cameroun ont appelé à un plus grand respect et à une plus grande adhésion à la Convention d'Ottawa sur les mines. Ces délégations ont demandé qu'une transparence et des moyens plus importants soient accordés à la lutte contre les armes de petits calibres qui nourrissent les conflits régionaux, notamment en Afrique centrale.

La Commission a examiné les travaux de la Conférence du désarmement à Genève et a entendu les délégations de la Norvège et de la Nouvelle-Zélande qui ont demandé un élargissement de la composition de la Conférence et plus de clarté dans le compte-rendu de ses travaux. Concernant les armes chimiques et biologiques, les délégations ont demandé le renforcement des protocoles annexés aux Conventions qui interdisent leur usage, la délégation iranienne exigeant cependant, que soit respectée la liberté d'acquérir les produits chimiques et biologiques dont les Etats en développement ont besoin pour leur progrès scientifique et social.

La Commission a, en outre entendu, les délégations de la Turquie, du Bélarus, de Brunéi Darussalam, et de l'Ouzbékistan. M. Wolfgang Hoffmann, Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l'Organisation d'un Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, s'est adressé à la Commission. Les délégations de la République populaire démocratique de Corée et du Pakistan ont exercé leurs droits de réponse.

La Première Commission reprendra ses travaux demain matin à 10 heures.

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Suite du débat général

M. MARC VIDRICAIRE (Canada) a exprimé son soutien à l'initiative australienne visant à imprimer un élan politique aux négociations en cours pour renforcer la confiance dans le respect des dispositions de la Convention sur les armes biologiques et à toxines. En ce qui concerne le Traité de non- prolifération des armes nucléaires (TNP), le Canada félicite le Brésil d'y avoir accédé le 18 septembre 1998, portant au nombre de 187 les Etats parties, soit plus que le nombre des Membres des Nations Unies. Le représentant a exhorté les Etats qui se sont montrés sélectifs lors du Comité préparatoire du TNP, à réexaminer les conséquences de leur hésitation et à agir pour soutenir l'intégrité et la vitalité du régime. Dans le cadre du désarmement nucléaire, il a remarqué qu'un processus START vigoureux est essentiel, et, dans ce contexte, il a appelé à la ratification et à la mise en oeuvre de START II ainsi qu'à l'amorce rapide des négociations de START III. Abordant la question du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), le représentant a rappelé que la législation canadienne est en voie d'être adoptée par le Parlement, en vue de déposer bientôt un instrument de ratification. Il a exprimé l'espoir que la tenue de la conférence politique en automne 1999 contribuera à promouvoir l'entrée en vigueur rapide du traité. De même, il a espéré que les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissibles pour les armes nucléaires et autres engins explosifs nucléaires, pendant lesquelles un moratoire sur toute production de matières fissibles pourrait être mis en place, mèneront à une conclusion rapide. Il a remarqué qu'un mécanisme de la Commission du désarmement qui aurait pour mandat de discuter du fond des questions de désarmement nucléaire rehausserait la vitalité du régime et serait dans l'intérêt de la sécurité de tous les Etats. Le représentant a également évoqué la question de la non- prolifération des armes nucléaires, rappelant l'actualité liée à ce sujet, et condamnant tous les essais d'armes nucléaires, sous quelque prétexte que ce soit. Dans le cadre de l'élimination des mines antipersonnel, le Canada coparraine une résolution en Première Commission qui souligne la 40ème ratification de la Convention d'Ottawa qui doit entrer en vigueur le 1er mars 1999. Le représentant a abordé le sujet des armes légères et de petits calibres, insistant sur le fait qu'il est important que les Etats utilisent le Registre des armes conventionnelles des Nations Unies comme mécanisme pour poursuivre le processus d'évolution vers la stabilité régionale. En ce qui concerne la non-militarisation de l'espace, il a demandé que la Commission étudie de toute urgence la question de la négociation et de la conclusion d'un traité concernant ce point afin que la sécurité de tous soit renforcée.

M. TULUY TANÇ (Turquie) : nous pensons que la prolifération des armes nucléaires est une menace pour la sécurité de toutes les nations et que le TNP joue un rôle crucial en terme de prévention. En établissant une norme mondiale de non-prolifération nucléaire, le TNP est un des traités les plus importants de tous les temps. A plusieurs occasions, la Turquie a exprimé sa préoccupation au regard des essais nucléaires conduits en mai de cette année en Asie du Sud. Mais nous saluons les déclarations faites par les Premiers Ministres de l'Inde et du Pakistan qui ont indiqué leur intention respective

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de signer le CTBT. Cette année, la menace de prolifération de missiles a pris une nouvelle dimension avec les essais successifs de lancement qui se sont déroulés en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. La Turquie, située dans une région où les risques de prolifération sont élevés, a suivi ces développements avec une grande inquiétude. Le Moyen-Orient est une des régions où la prolifération des armes de destruction massive et leur transfert pose une menace réelle. La proximité géographique de la Turquie exige un contrôle vigilant face à l'évolution de cette menace et des efforts collectifs afin d'inverser cette tendance.

Concernant le contrôle des armes classiques, la Turquie estime que le Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE) constitue la pierre angulaire de la sécurité et de la stabilité européennes. Il a permis en fait d'éliminer un grand nombre d'armes sous supervision internationale. Toutefois, la Turquie pense que le FCE a besoin d'être adapté à la lumière de nouvelles conditions de sécurité en Europe. En effet, il devrait pouvoir satisfaire les attentes, en matière de sécurité, de tous les 30 Etats parties au Traité et non une seule région. Le régime "flanc" du FCE, en ce qui concerne la sécurité de la Turquie, est le coeur du Traité.

M. LEIF ARNE ULLAND (Norvège) : les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan, réalisés au mépris des normes internationales, font peser une menace sérieuse sur le régime de non-prolifération nucléaire ainsi que sur la paix et la stabilité dans toute la région. L'Inde et le Pakistan agiraient au mieux de leurs intérêts en renonçant à leur programme d'armement nucléaire et en se conformant au régime de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Nous exhortons ces deux pays à ratifier le Traité sans condition et sans délai. Les Etats dotés de l'arme nucléaire ont l'obligation de réduire le rôle des armes nucléaires dans la politique internationale. Dans ce contexte, nous appelons la Fédération de Russie à ratifier le Traité START II afin que dès son entrée en vigueur des négociations relatives à un traité START III puissent être entamées. La signature d'un traité relatif à la production de matières fissiles serait un pas important dans la voie d'un désarmement nucléaire total, qui reste notre but ultime. Aussi nous nous réjouissons de la décision de la Commission du désarmement de mettre en oeuvre un comité spécial pour lancer des négociations sur ce point et sommes impatients d'apporter notre contribution à la Conférence sur le désarmement qui s'ouvrira au début de 1999. Nous notons avec satisfaction que les Etats-Unis et le Fédération de Russie ont convenu de travailler à un programme ambitieux de gestion et de réduction des stocks de plutonium utilisés pour la fabrication des armes nucléaires. Un traité contre la production et la circulation de matières fissiles devrait comprendre des procédures de contrôle.

Nous nous félicitons de la signature par 150 Etats du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires et de sa ratification par 17 d'entre eux. La Norvège a l'intention de ratifier le Traité dans le courant de l'année et nous devons faire tous les efforts pour permettre son entrée en vigueur le plus tôt possible. Le trafic illicite de matières nucléaires est

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un sujet de préoccupation internationale. La Norvège est impliquée dans plusieurs projets visant à renforcer les systèmes de prévention et de détection de telles opérations illégales. Nous sommes heureux de l'initiative prise par l'Agence internationale de l'énergie atomique et demandons que ces efforts soient poursuivis afin d'aboutir à la définition de cadres juridiques nationaux sur le sujet.

La Conférence sur le désarmement doit être réformée du point de vue de sa composition et de ses méthodes de travail. Sa compétence et sa crédibilité en dépendent. Il est inacceptable que des Etats se voient refuser l'accès à la Conférence. La ratification de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel est une étape importante dans la voie d'un monde libéré de telles armes. S'agissant des armes légères et de petits calibres, des progrès importants ont été réalisés, mais il est nécessaire que la communauté internationale prenne conscience qu'une action concrète est nécessaire à la prévention et à la réduction de la prolifération excessive de telles armes. Aussi le Ministre des affaires étrangères de la Norvège invite les représentants de 20 gouvernements à entamer un dialogue sur ce sujet à Oslo au mois de juillet prochain.

M. MOHAMMAD REZA ALBORZI (République islamique d'Iran) a déclaré que son pays attache beaucoup d'importance à l'universalité et à la mise en oeuvre totale du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui est la pierre angulaire du régime de non-prolifération. Dans la perspective de la Conférence d'examen de ce Traité, prévue en l'an 2000, l'Iran propose la création d'un comité dont les travaux ne devraient pas être limités dans le temps, et qui travaillerait, pendant les périodes intersessionnelles, au suivi des recommandations concernant la mise en exécution des clauses du TNP; clauses qui seront éventuellement agréées lors de la Conférence d'examen. La Conférence du désarmement a décidé, lors de sa dernière session, de créer un Comité spécial chargé de la question des matières fissiles à usage militaire. L'Iran soutient l'ouverture des négociations liées à cet aspect du problème nucléaire. Nous pensons que la conclusion d'un Traité sur les matières fissiles devrait promouvoir la coopération bilatérale et multilatérale sur l'usage pacifique de l'énergie nucléaire. Les récents essais d'armes nucléaires, effectués par l'Inde et le Pakistan, remettent au centre des préoccupations de la communauté internationale la question de la création de zones exemptes d'armes nucléaires. Nous pensons que ce problème est crucial pour la région sensible du Moyen-Orient. Les programmes nucléaires clandestins d'Israël, seul Etat non partie au Traité de non-prolifération dans la région, continuent de poser un grave danger. Il ne devrait pas y avoir d'approche sélective en matière de non-prolifération, et la communauté internationale devrait agir pour qu'Israël soumette ses installations nucléaires aux contrôles de l'AIEA.

Concernant les armes chimiques, il reste à résoudre des questions litigieuses portant sur les articles X et XI de la Convention qui interdit leur usage. Des moyens de vérification doivent être mis en place, et on doit réserver les possibilités d'échanges commerciaux de produits chimiques

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destinés à des usages civiles ou scientifiques. Il en est de même en ce qui concerne la Convention sur les armes biologiques et le Protocole qui lui est annexé. L'Iran soutient le renforcement de cette Convention, mais tient à préciser que la mise en place de mesures de contrôle doit respecter la libre circulation des produits, des équipements et des technologies destinés à des usages pacifiques, notamment ceux qui sont importants pour le développement scientifique et sanitaire des pays en développement.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus, au nom du Président de la Commission du désarmement) a dit que le rapport des délibérations sur les questions de fond de la session de fond de 1998 de la Commission du désarmement (A/53/42) a mis l'accent sur trois questions essentielles de l'ordre du jour. Premièrement, la création des zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN), ensuite, la question de la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement, et, enfin, la question des directives sur les armes classiques et les mesures de désarmement. La Commission a créé un Comité plénier pour traiter de la rationalisation de ses travaux, dans le respect des recommandations de l'Assemblée générale. Trois Groupes de travail ont été mis en place pour traiter des différentes questions. S'agissant des armes nucléaires en général, les alliances de groupe n'ont pas pu fonctionner durant les travaux du Groupe de travail chargé de la question, laissant plutôt le champ aux particularismes nationaux. Le Groupe a cependant pu atteindre une espèce de consensus sur la création de zones exemptes d'armes d'armes nucléaires, qui ont été unanimement perçues comme des éléments de création de la transparence et de la confiance. Le Groupe travaillant sur la quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale, n'a pas pu, quant à lui, parvenir à se mettre d'accord sur les conditions de la tenue de cette session, des divisions ayant surgi sur les priorités de l'ordre du jour. Il subsiste cependant encore un esprit d'optimisme et des consultations devraient se tenir pour trouver des terrains d'entente.

le Groupe de travail III chargé des directives liées aux armes classiques, a estimé, pour sa part, qu'il faudrait mettre en place des mesures directives favorables aux pays sortant de situations de conflits. L'étude de mesures de désarmement a occupé une grande partie de ses consultations. Le Président de la Commission a proposé que soient étudiées des directives d'élaboration d'accords de paix, mais les membres du Groupe ont estimé que cela ne relevait pas de leurs prérogatives. Concernant la rationalisation du travail de la Commission, le Président a été encouragé à poursuivre les efforts en vue de mettre en oeuvre un ensemble concerté de mesures de rationalisation des travaux.

M. CLIVE PEARSON (Nouvelle-Zélande) a dit que l'adhésion grandissante de nouvelles nations au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires est un motif de satisfaction pour la Nouvelle-Zélande, qui se félicite que deux Etats nucléaires fassent désormais partie des pays ayant ratifié cet instrument. La Nouvelle- Zélande est aussi satisfaite de l'ouverture de pourparlers sur les matières fissiles à usage militaire. Mais si la

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Conférence du désarmement (CD) a pu mener cette année des consultations intensives sur les questions nucléaires, il faut qu'elle soit aussi capable de jouer le rôle légitime qui devrait être le sien dans le domaine du désarmement nucléaire total. Il n'est pas en effet acceptable que la CD soit incapable de prendre à bras-le-corps cette question. Il devrait être possible de mettre en place un mécanisme plus favorable au succès des négociations liées aux Traités START; la Conférence devrait jouer un rôle dans ce processus. Nous pensons aussi qu'une décision devra être prise sur l'élargissement du nombre des membres de la Conférence, comme cela a été recommandé par son Coordonnateur spécial, et la Nouvelle-Zélande continuera à insister sur ce point.

Les essais nucléaires, effectués cette année par l'Inde et le Pakistan, ont été l'objet d'intenses discussions. Nous appelons l'Inde et le Pakistan à mettre fin à leurs programmes nucléaires et à leurs essais de développement de missiles balistiques; et nous leur demandons instamment de signer et de ratifier le Traité de non-prolifération et le Traité d'interdiction des essais. Nous les appelons aussi à participer activement aux négociations sur un traité d'interdiction de la production et de l'usage de matières fissiles à des fins militaires. A la demande de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, une session extraordinaire de la plénière de La Conférence du désarmement s'est tenue, le 2 juin, pour discuter des conséquences internationales de ces essais. Nous estimons qu'il est anormal, après cette session, que ces faits ne figurent pas, aujourd'hui, de manière formelle, dans le rapport annuel de la Conférence, et nous remarquons aussi que la déclaration conjointe faite par ses 48 pays membres et observateurs est absente du rapport. Nous jugeons ces faits inacceptables.

M. PENGIRAN MAIDIN HASHIM (Brunéi Darussalam) : la fin de la guerre froide a instauré un climat incertain, avec des écarts stratégiques et une nouvelle polarisation, qui a conduit à un regain dans la course aux armements. Toutefois, des progrès ont marqué certains aspects du contrôle des armes et du désarmement en général, notamment dans le domaine des armes de destruction massive. Le soutien continu et croissant des membres de cette organisation offre quelque optimisme à la communauté internationale. Nous saluons et soutenons toutes les initiatives de la communauté internationale qui ont pour but de maintenir la paix et la sécurité. Nous saluons également l'établissement de deux comités spéciaux par la Conférence du désarmement qui ont pour tâche de négocier des arrangements internationaux efficaces en vue de protéger les Etats non nucléaires de la menace d'utilisation ou de l'utilisation contre eux d'armes nucléaires, mais aussi d'établir un traité d'interdiction de production de matières fissiles à des fins militaires. Au cours des dix dernières années, la communauté internationale a déployé d'importants efforts pour limiter le transfert illicite d'armes. Et même s'il reste encore beaucoup à faire, nous devons continuer, par le biais d'un consensus mondial, à soutenir les travaux qui vont dans le sens du désarmement.

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M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) : la disparition des armes de destruction massive doit constituer une priorité dans notre ordre du jour. La prochaine conférence de révision du TNP, le nombre croissant des États à ratifier le CTBT, l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques, la décision de doter la Convention sur les armes biologiques d'un mécanisme de vérification sont des décisions importantes dans le processus de désarmement.

A cet égard, j'ai le plaisir d'annoncer que le 23 septembre dernier, le Congrès argentin a approuvé le CTBT et a accepté de ratifier prochainement. Tous les Etats doivent renoncer à la capacité nucléaire à moins qu'elle soit destinée à des fins uniquement pacifiques. Mon pays a choisi, à cet égard, depuis longtemps le chemin de l'autorestriction. Les déclarations récentes de l'Inde et du Pakistan sur leurs intentions respectives d'adhérer au CTBC sont encourageantes et nous souhaitons que ce soit rapidement suivi d'effets. La suspension des inspections de l'UNSCOM et de l'AIEA en Iraq nous préoccupe et nous demandons à l'Iraq de se conformer strictement aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

En ce qui concerne les armes classiques, la Convention d'Ottawa est le progrès le plus important, et nous espérons la ratifier dans les plus brefs délais. Sur le continent américain, après les progrès sur les droits de l'homme et l'économie de cette décennie, on progresse à présent sur le prévention des conflits, et la Déclaration de San Salvador en février 1998 en est un exemple important. Mon pays est favorable à l'encouragement de la zone Mercosur comme zone de paix qui réaffirme la volonté commune de poursuivre la coopération. En juillet dernier, les 6 pays du Mercosur se sont engagés, dans une déclaration commune, à développer cette zone en zone exempte de mines antipersonnel, et à utiliser des méthodes uniformes sur les informations que nous envoyons au Registre des Nations Unies des armes classique et également en ce qui concerne la transparence sur les dépenses militaires.

M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) : alors que la communauté internationale se dirige vers un désarmement nucléaire complet, des essais nucléaires ont été à nouveau réalisés. La République d'Ouzbékistan exprime toute sa préoccupation concernant la situation en Asie du Sud. Les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan ont sérieusement endommagé la stabilité de la région et compromis le processus de désarmement nucléaire de la région. Je voudrais rappeler la position de mon gouvernement à ce sujet, qui condamne résolument ces actes et appelle ces deux pays à s'abstenir de mener d'autres expériences et à adhérer au CTBT sans condition. Mon gouvernement salue les déclarations des chefs de gouvernement de ces deux pays, faites le mois dernier à l'Assemblée générale, où ils ont exprimé leur intention respective de déclarer un moratoire sur les essais nucléaires. Nous espérons que ces paroles seront suivies de mesures concrètes. Parallèlement à l'universalité du désarmement nucléaire, il est de plus en plus évident que l'aspect régional des questions de sécurité peut dresser d'importants obstacles à la non- prolifération et au désarmement et qu'il s'agit en fait d'une cause majeur de

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la course à l'armement. L'établissement de zones exemptes d'armes nucléaires librement décidé par les Etats d'une même région, en prenant en compte ses caractéristiques, est une avancée importante dans le processus de non- prolifération, de désarmement et de sécurité internationale. Je me réjouis que l'établissement d'une telle zone en Asie centrale figure en bonne place sur l'agenda international du désarmement, comme l'ont souhaité les pays de cette région.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a déclaré que le Cameroun estime que le principal rôle de l'Organisation des Nations Unies reste celui de mettre fin aux guerres et aux conflits. Aujourd'hui, l'ONU doit cependant aussi mettre ses efforts au service de la promotion du développement. La Convention d'Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel et le Traité de Pelindaba sont des exemples de traités et de conventions auxquels adhère le Cameroun. Nous tenons, dans le domaine du désarmement nucléaire, à rappeler devant cette Commission, que notre pays milite pour la mise en place de garanties négatives de sécurité favorables aux exigences de sécurité des Etats non nucléaires. Il reste beaucoup à faire dans le domaine de l'application et du respect des clauses des instruments de désarmement mis en place par l'Organisation et signés par la majorité des Etats Membres. Comment ne pas s'inquiéter de la course au nucléaire, aux missiles balistiques, et autres armes de destruction massive? Le Cameroun pense que le désarmement nucléaire doit être la préoccupation de toute la communauté internationale pour un désarmement général et complet. Nous soutenons par conséquence la tenue d'une quatrième session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au désarmement.

Nous attirons l'attention de la communauté internationale sur le trafic et la prolifération des armes de petits calibres. Nous avons eu à évoquer la situation de l'Afrique centrale, lors de la discussion du rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits en Afrique au Conseil de sécurité. Il est urgent de mettre fin au commerce illégal des petites armes dans notre sous-région. En tant que pays membre du Comité consultatif permanent pour la sécurité en Afrique centrale, nous comptons sur un soutien accru de la communauté internationale, le phénomène des petites armes étant encore peu étudié dans notre région. Nous devrions nous soucier non seulement de l'offre mais aussi des causes de la demande en armes de petits calibres, et nous demandons un plus grand respect de la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres et du Protocole II de la Convention sur les armes légères. Les espoirs éveillés après la guerre froide, et qui prévoyaient que des ressources dévolues aux armements seraient mises au service du développement, ont été déçus. La course aux armements, comme l'a si bien dit le Secrétaire général devant cette Commission, est un détournement éhonté de ressources qui devraient être mises au service du développement pour le bien-être des peuples de la planète. Nous demandons un désarmement général et complet. C'est une tâche longue et difficile, mais nous devons nous y atteler pour le bien des générations futures.

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M. WOLFGANG HOFFMANN (Secrétaire exécutif de la Commission préparatoire de l'Organisation d'un Traité d'interdiction complète des essais nucléaires) : il y a tout juste deux ans, le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires (CTBT) était adopté par une majorité écrasante d'Etats. Les nombreuses signatures ont montré que le traité était perçu comme un instrument efficace pour mettre fin à l'existence des armes nucléaires. Toutefois les essais nucléaires menés cette année par l'Inde et le Pakistan ont montré que nous ne devions pas relâcher nos efforts sur le sujet. Tous les Etats signataires du traité ont déploré ces essais, contraires aux objectifs de non- prolifération et de désarmement nucléaire. Soulignant que l'attitude de l'Inde et du Pakistan favorisait la course aux armements nucléaires en Asie du Sud, les délégations ont exhorté les deux pays concernés à signer et ratifier le traité sans condition et sans délai. Lors du 29ème Forum du Pacifique Sud, les participants ont invité tous les pays qui ne l'ont pas encore fait, à ratifier le traité avant l'expiration du délai de 3 ans, à compter de son ouverture à la signature. S'agissant des pays qui ont déjà signé le traité, nous devons nous assurer qu'un maximum de ratifications seront effectuées avant l'expiration du délai de 3 ans. La Commission préparatoire travaille aussi à la mise en oeuvre des dispositions du traité relatives aux mécanismes de contrôle d'interdiction des tests. Douze pays qui n'ont pas encore signé le traité se sont engagés à accueillir nos dispositifs de contrôle. D'ici deux ans, l'installation des stations sismiques fera l'objet de larges investissements, dont la majeure partie sera consacrée à la mise en place d'infrastructures de communication à l'échelle mondiale. D'ici 10 ans, il sera procédé à l'installation d'un réseau mondial de terminaux (VSAT) afin de renforcer la rapidité et la sécurité du transport des données. Le premier programme d'entraînement technique pour les opérateurs des centres de contrôle débuteront lundi prochain à Vienne. Le Centre international de données basé à Vienne commencera son premier programme d'entraînement le mois prochain pour une durée de six mois.

Des travaux ont également commencé pour poser les fondations nécessaires aux inspections sur les sites. A cet effet un manuel pratique ainsi qu'une liste des équipements de base nécessaires aux tests et à l'entraînement sont en cours d'élaboration. Un troisième atelier sur les inspections et le premier cours d'introduction à l'entraînement auront lieu en décembre.

La Commission est consciente des nécessités qu'impose l'accomplissement efficace de ses objectifs universels. Nous considérons la participation des Etats signataires du traité à nos réunions et leur soutien financier comme une reconnaissance de nos efforts.

La Commission se réunira en novembre pour décider de son budget pour 1999.

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Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a exercé son droit de réponse au vu des remarques faites par la République de Corée hier. L'accord de garantie avec l'AIEA, nous devons le respecter dans le cadre convenu avec les Etats-Unis, et la République de Corée semble ignorer ce que prévoit cet accord de garantie. Ce dernier fait l'objet d'abus pour exercer des pressions économiques et militaires sur la RPDC. L'importance de cet accord concerté entre les Etats-Unis et la RPDC est nécessaire à l'équilibre des rapports entre les deux parties. Si le cadre concerté est rompu, nous n'aurons pas le choix, nous devrons mettre en oeuvre notre décision de retrait du TNP. La République de Corée devrait le comprendre. En ce qui concerne la péninsule coréenne, la coexistence pacifique ne sera possible que lorsque la menace nucléaire qui pèse sur le nord ne sera plus d'actualité. La Corée du Sud prétend qu'elle souhaite la paix sur la péninsule, mais viole la souveraineté du Nord en parlant de réunification. Si cela avait été le cas, elle aurait accepté notre proposition de réunification cofédérée. Au lieu de cela, elle demande aux Etats-Unis et au Japon leur coopération et collaboration économiques et profite ainsi de l'affrontement avec le Nord et sur le plan militaire, c'est la même chose et s'oppose de fait à la paix. Les parties en présence sur la péninsule sont en fait au nombre de trois. Un accord de non-agression a été adopté entre le Sud et le Nord. Mais il n'existe pas d'accord entre les Etats-Unis et la RPDC, nos pays doivent conclure un accord de paix.

Le représentant du Pakistan a souhaité exercé son droit de réponse sur le thème récurrent des essais nucléaires en Asie du Sud. Ma délégation comprend les préoccupations manifestées par de nombreuses délégations, a-t-il dit, tout en ajoutant que nous avons expliqué notre conception de façon détaillée lors du débat général mais nous devons une fois de plus clarifier la situation. Des remarques semblent affirmer que le Pakistan a justifié ses essais nucléaires parce qu'il n'y a pas de processus de désarmement nucléaire dans la région, c'est faux. Nous avons pratiqué ces essais parce que notre voisin a procédé a des essais. Les pays doivent comprendre cette impulsion qui est la nôtre, ce n'est pas l'absence de désarmement nucléaire qui nous a motivé. Quant à la déclaration de mon collègue de Nouvelle-Zélande qui a déclaré ne pas se satisfaire de paroles mais d'actes concrets, nous estimons qu'il s'agit là d'une attitude extrêmement arrogante. Notre Premier Ministre a prononcé des paroles qui étaient le fruit de consultations à très haut niveau et de haute importance, ce n'était pas des paroles vaines. Nous avons évoqué les conditions qui pourraient nous faire adhérer au CTBT, elles sont claires, nous ne répondrons pas favorablement au chantage.

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