AG/DSI/190

LES ETATS-UNIS DECLARENT QU'ILS MAINTIENDRONT LEURS SANCTIONS CONTRE L'INDE ET LE PAKISTAN A LA SUITE DES ESSAIS NUCLEAIRES DE CES DEUX PAYS

14 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/DSI/190


LES ETATS-UNIS DECLARENT QU'ILS MAINTIENDRONT LEURS SANCTIONS CONTRE L'INDE ET LE PAKISTAN A LA SUITE DES ESSAIS NUCLEAIRES DE CES DEUX PAYS

19981014 L'Egypte et les Emirats arabes unis accusent les grandes puissances de pratiquer la politique de deux poids deux mesures

La Première Commission a continué ce matin son débat général dominé par les questions consacrées au désarmement nucléaire. Le délégué des Etats-Unis a déclaré que son pays maintiendra les sanctions contre l'Inde et le Pakistan, à la suite des essais nucléaires effectués par ces deux pays au mois de mai dernier. Les Etats-Unis les invitent à se joindre, sans condition, aux régimes des Traités de non-prolifération, d'interdiction des essais et aux pourparlers visant l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires. Le représentant de l'Inde a dénoncé le caractère discriminatoire du Traité de non-prolifération, qu'il a qualifié de pire ennemi de l'esprit même du désarmement nucléaire. Les délégations de la Fédération de Russie et de la République populaire de Chine, tout en condamnant les expériences nucléaires indiennes et pakistanaises, ont appelé les deux pays à renouer le dialogue et à intégrer les efforts de la communauté internationale dans le respect et le renforcement des régimes d'interdiction des essais nucléaires et de non-prolifération.

La Commission, concernant le risque de prolifération nucléaire et de la sécurité au Moyen-Orient, a entendu l'Egypte et les Emirats arabes unis qui ont dénoncé la politique nucléaire d'Israël. Ces pays ont demandé qu'il soit mis fin à la politique sélective de grandes puissances qui condamnent des pays de la région tout en passant sous silence les politiques d'Israël qui font obstacle aux relations de bon voisinage. La République de Corée, la République islamique d'Iran et les Emirats arabes unis ont exercé leur droit de réponse. Les délégations de Saint-Marin, de l'Ukraine, du Kazakhstan, de la République-Unie de Tanzanie, et de la Mongolie ont pris la parole.

La Commission reprendra ses travaux demain matin à 10 heures.

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Suite du débat général

M. JOHN D. HOLUM (Etats-Unis) a déclaré que la réduction des forces nucléaires de son pays et de la Fédération de Russie, le CTBT, et les autres mesures de réduction des armements représentent une étape dans la voie conduisant vers une époque où les armes nucléaires ne seront plus utilisées. Mais il y a eu des développements négatifs, cette année, dans les efforts de désarmement, ce qui a freiné l'élan des Etats vers cet objectif. Les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan sont décourageants. Le monde a appris durant les années d'affrontement entre les Etats-Unis et l'Union soviétique que les engins nucléaires conjugués à la technologie des missiles stratégiques, accroissent les risques de conflits, en raison de la vitesse de destruction de ces engins qui ne laissent pas de temps à la négociation ou à un avertissement. Sous cet angle, les essais de missiles menés par la République populaire démocratique de Corée et l'Iran sont un sujet d'inquiétude. L'Iran et l'Iraq, engagés dans des programmes de développement de missiles balistiques et d'armes, représentent une menace pour le monde et pour la région du Moyen-Orient.

Les essais de l'Inde et du Pakistan ont été condamnés par la communauté internationale. Les résolutions prises par le Conseil de sécurité, notamment la résolution 1172, sont là pour témoigner de la désapprobation du monde entier. Ces deux pays doivent signer le Traité de non-prolifération (TNP) et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) sans avancer de conditions. Ces deux Etats doivent participer aux pourparlers en cours à la Conférence du désarmement sur les matières fissiles. Dans le cadre de nos efforts bilatéraux, nous invitons l'Inde et le Pakistan à aller dans le sens positif de l'adhésion aux instruments de désarmement existants. Les dirigeants des deux pays ont accepté de reprendre des négociations sur le conflit qui les oppose, et nous nous en réjouissons. Cependant, de notre point de vue, les sanctions imposées à ces deux pays doivent être respectées, et nous ne comptons pas les lever de sitôt. Les raisons invoquées par l'Inde et le Pakistan et par les autres nations, qui critiquent l'état des pourparlers sur un désarmement nucléaire généralisé, n'ont pas de fondement. La communauté internationale attend de tous les pays non nucléaires, qu'ils adhèrent sans condition au régime du TNP, qui demeure la pierre angulaire du désarmement nucléaire. Depuis quelques années, l'AIEA a mis en place une série de mesures qui rendent plus transparentes ses procédures de contrôle; et les protocoles de ces mesures rendent clairement illégaux les essais menés par l'Inde et le Pakistan.

Le Traité en discussion sur les matières fissiles est plus que jamais d'actualité par les normes de vérification qu'il créerait sur la production et l'utilisation de ces matières. Nous avons aussi un travail essentiel à faire en ce qui concerne les armes biologiques et chimiques, et dans cette optique, nous devons faire que ces armes, que l'humanité considère particulièrement répugnantes, ne se répandent pas. Cette technologie ne doit pas être mise à

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la disposition des Etats sans foi ni loi. Quant à la Convention d'Ottawa sur les mines, nous la signerons quand nous aurons résolu les problèmes de sécurité de nos troupes dans certaines régions du monde.

Mme ELENA MOLARONI (San Marin) : même si au premier abord, la République de San Marin semble ne pas avoir ratifié de nombreux traités, il ne faut pas oublier que notre pays a fait son entrée tout récemment au sein des organisations internationales. Notre République est fortement engagée dans le processus du désarmement international. Nous estimons que la menace des armes nucléaires est une réaction irresponsable, même en cas de réplique à une agression extérieure. Les récents essais nucléaires en Asie du Sud, les derniers d'une longue série que mon gouvernement condamne, ont ouvert un nouveau et inquiétant chapitre de l'ère nucléaire, chapitre qui semble incontrôlable internationalement. Mon pays est favorable à une meilleure transparence en matière d'armements, véritable point de départ dans le processus de l'élimination totale de l'arme nucléaire. Pour cette raison, nous avons soutenu, l'an dernier, la résolution proposée par le Japon, l'Islande et l'Union européenne (A/52/C1/L 28/rev.2). Nous sommes également intéressés par la déclaration conjointe présentée par le Brésil, le Mexique, l'Egypte, la Nouvelle-Zélande, l'Irlande, la Slovénie, la Suède et l'Afrique du Sud et intitulée : "Vers un monde libéré de la menace nucléaire : l'urgence d'un agenda". Mon pays soutient également toutes les propositions concernant les zones exemptes d'armes nucléaires. Nous sommes convaincus que beaucoup peut être fait en matière de désarmement au niveau régional. Les Etats nucléaires et ceux dotés d'une capacité nucléaire devraient réduire leurs arsenaux militaires et s'engager dans la voie de l'élimination totale de leurs armements. Les Etats produisant des composants d'armes nucléaires devraient convertir leur production. Nous sommes favorables à la convocation d'une 4ème session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le désarment.

M. MAGED A. ABDEL AZIZ (Egypte) a déclaré que la possession d'armes nucléaires par certains Etats, est une incitation pour d'autres à les acquérir. Il est anormal que la poignée d'Etats qui détiennent ces armes aient toujours pensé que ce privilège devait leur être réservé; c'est une pensée hautement discriminatoire et intolérable, comme l'a si bien dit la Commission de Canberra. Nous pensons que les essais nucléaires faits cette année en Asie du Sud, sont une démonstration de cette assertion et des craintes qu'elle soulève. L'existence des armes nucléaires est une menace sérieuse contre la paix et la sécurité internationales, et il est symptomatique que les efforts de la communauté internationale, en vue de créer un cadre de contrôle efficace et respecté de tous pour la réduction ou l'élimination de ces armes, n'aient pas encore abouti. Plusieurs initiatives ont récemment été lancées, dont, entre autres, celle contenue dans la Déclaration de huit pays sur "un monde exempt d'armes nucléaires: pour un nouvel ordre du jour". Huit ministres des affaires étrangères, réunis à ce sujet à New York, ont réaffirmé leur intention de réintroduire à l'Assemblée générale une proposition de résolution sur un désarmement nucléaire généralisé.

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Concernant le Moyen-Orient, depuis 1974, la Première Commission et l'Assemblée générale ont adopté, chaque année, une résolution sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires dans la région. Mais, contrairement à ce qui s'est passé en Afrique, en Amérique latine, dans le Pacifique Sud, en Asie du Sud-Est, et bientôt en Asie centrale, la ZEAN du Moyen-Orient n'a jamais vu le jour. Un seul pays de la région est fortement soupçonné de posséder un arsenal important d'armes nucléaires, et c'est aussi ce pays qui est le seul au Moyen-Orient à refuser l'accès de ses installations à l'AIEA et son adhésion au Traité de non-prolifération. Ce pays, c'est Israël, qui curieusement, n'est pas vraiment condamné par la communauté internationale. La politique de deux poids deux mesures est dangereuse dans le domaine de la prolifération nucléaire, et la communauté internationale devrait clairement choisir si elle est vraiment contre le développement de ces armes ou non. Il ne devrait pas avoir ici de circonstances atténuantes, et il ne devrait pas y avoir de place pour des attitudes hypocrites. Nous ne comprenons pas pourquoi certains pays crient au loup contre quelques nations, qu'ils traitent comme des parias, et en même temps, ne condamnent pas les actes de violation commis par Israël. Nous ne comprenons pas, non plus, l'attitude de ce pays qui prétend oeuvrer en faveur de la paix au Moyen-Orient, mais en même temps se réserve le droit d'avoir les moyens d'anéantir ses voisins par l'arme nucléaire; et nous ne comprenons pas les parrains de ce "processus de paix", qui ne tiennent pas leurs engagements et n'aident pas à mettre en oeuvre les résolutions qu'ils votent au Conseil de sécurité. En fait, nous ne devrions pas parler de "risque de prolifération nucléaire au Moyen-Orient", mais plutôt de "risque de prolifération nucléaire continue au Moyen-Orient". L'attitude d'Israël, qui refuse tout instrument international de contrôle, est un obstacle sérieux à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Moyen- Orient et à un règlement du conflit dans la région.

M. LI CHANGHE (Chine) : en dépit de la vive opposition de toute la communauté internationale, des pays ont réalisé, cette année, des essais nucléaires dans l'espoir de gagner une hégémonie régionale et un soi-disant statut de grande puissance. Les essais nucléaires conduits par l'Inde n'étaient rien d'autre qu'une provocation qui va à l'encontre du régime de non-prolifération nucléaire soutenu internationalement. Et le Pakistan n'a pas eu d'autre choix que de répondre également par des essais nucléaires. La résolution 1172, votée à l'unanimité, témoigne de la volonté de la communauté internationale et devrait être appliquée pleinement. Nous appelons donc l'Inde et le Pakistan à prendre des mesures, le plus tôt possible, qui répondent aux exigences de cette résolution. Le règlement de la question du Cachemire est un élément clé de la paix et de la sécurité dans la région. La communauté internationale devrait aider à trouver une juste solution à la question.

La Chine estime que les relations d'Etat à Etat devraient être fondées sur cinq principes de respect mutuel pour la souveraineté et l'intégrité territoriales, de non-agression mutuelle, de non-ingérence dans les affaires intérieures, de l'égalité et des avantages mutuels et de co-existence pacifique. Nous appelons les deux pays aux arsenaux nucléaires les plus

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importants à mettre en oeuvre les accords conclus bilatéralement sur le désarmement nucléaire aussitôt que possible et de réduire de façon drastique leurs arsenaux. La Chine n'a jamais participé à la course aux armes nucléaires et n'a jamais manqué de faire face à ses responsabilités en matière de désarmement nucléaire. Nous appelons la conclusion rapide des instruments juridiques internationaux. La Chine est le seul pays nucléaire à s'être engagé dans ce sens. Nous appelons aussi à la conclusion de la convention d'interdiction des armes nucléaires. La Chine est favorable à de rapides négociations et à la conclusion d'une convention sur l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins militaires. La conférence du désarmement, la seule instance de négociations multilatérales sur le désarmement devrait rétablir le Comité spécial afin de négocier le traité sur la prévention de la nucléarisation de l'espace extra-atmosphérique.

La Chine estime que les efforts internationaux de non-prolifération devraient être justes et rationnels et ne devraient pas s'appliquer selon la politique des deux poids deux mesures.

M. SHARAD PAWAR (Inde) a déclaré que l'incapacité de la communauté internationale à traiter de manière efficace la menace que représentent les armes nucléaires est due aux insuffisances des instruments juridiques conçus pour résoudre la question des armes nucléaires. Au lieu de servir les véritables objectifs de la non-prolifération, le Traité de non-prolifération a joué dans le sens contraire, il a facilité la prolifération verticale dès son entrée en vigueur. En renforçant une situation discriminatoire de monopole en faveur de certains pays, le TNP a, en fait, accentué les déséquilibres de sécurité, et en cherchant à renforcer les inégalités, il a sérieusement compromis l'évolution vers un système de sécurité internationale durable et acceptable pour tous. Le TNP a aussi nié à des pays non nucléaires, la sécurité d'un parapluie nucléaire. Nous estimons par conséquent, que le principal adversaire du régime de non-prolifération est le Traité de non- prolifération lui-même.

Les succès obtenus dans le domaine des armes chimiques et biologiques doivent servir de leçons aux efforts de désarmement nucléaire. Les Conventions non discriminatoires, mises en place dans ces deux domaines, ont été basées sur une réduction des capacités et des installations militaires liées à ces armes, plutôt que sur des politiques partielles et discriminatoires de contrôle des armements. Comme Etat partie à la Convention sur les armes chimiques, l'Inde a des devoirs a remplir; et nous vous rappelons, ici, que notre pays a été le premier à occuper le poste de Président du Conseil exécutif de cette Convention, et que nous avons rempli notre mission avec dévouement et engagement. Nous espérons, dans cet esprit, que les négociations en cours à Genève sur les armes biologiques, aboutiront, dans le respect des mandats agréés, et sans limite temporelle artificielle, à des accords, avant la tenue de la cinquième Conférence d'examen du Protocole de la Convention. Nous devrions ainsi aboutir à un renforcement de la mise en application de la Convention sur les armes biologiques dans un esprit non discriminatoire .

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Les doctrines "de l'utilisation en premier" des armes nucléaires qui menacent un nombre incalculable de populations, sont inacceptables, car elles posent des risques de déclenchement accidentel de guerres nucléaires. Nous sommes préoccupés par le fait que, même après la fin de la guerre froide, il y a, aujourd'hui, plus de 5.000 ogives nucléaires en état d'alerte rapide; une attention soutenue devrait être dévolue aux propositions visant à mettre hors d'état d'alerte, à décibler et à désactiver les armes nucléaires opérationnelles. Ces mesures pourraient aider au renforcement des mesures de confiance, et à une amélioration du climat international lié aux négociations qui pourraient mener à un programme d'élimination totale des armes atomiques. L'Inde propose une résolution intitulée "Réduction du danger nucléaire", qui, nous l'espérons, recevra le soutien le plus large possible de la part des Etats Membres. Nous pensons qu'une convention sur l'interdiction de l'usage des armes nucléaires pourrait servir de fondation aux assurances négatives de sécurité, que réclament, à raison, les Etats non nucléaires. Nous accueillons, à cet égard, de façon favorable, la mise sur pied d'un Comité spécial chargé de la question, par la Conférence du désarmement à Genève, et espérons que la Première Commission examinera cette question, de manière substantielle, l'an prochain.

M. AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) : le Kazakhstan, en tant qu'Etat qui a volontairement abandonné son héritage nucléaire et qui a, le premier de l'histoire, interrompu un polygone d'essais nucléaires, soutient pleinement les objectifs du CTBT. Notre pays a signé le Traité dès la première semaine de son ouverture à la signature. Nous notons avec satisfaction qu'en deux ans 150 Etats ont signé le CTBT, ce qui traduit le large appui de la Communauté des Nations à ce document. Nous soutenons le renforcement de la sécurité internationale, et nous appelons l'Inde et le Pakistan à rejoindre la majorité de la communauté internationale en accédant sans délai au CTBT et au TNP. En signant le CTBT, le Kazakhstan a voulu ainsi déclarer son désir de travailler au renforcement du régime de non- prolifération.

En septembre dernier, le Kazakhstan a organisé une conférence sur les problèmes de non-prolifération des armes nucléaires où étaient présents des experts nationaux de la Fédération russe, des Etats-Unis, des Nations Unies et de l'AIEA, de l'Organisation du CTBT et de la Conférence du désarmement. Pour un certain nombre de raisons, le Kazakhstan a la capacité unique d'apporter une importante contribution au développement de différentes méthodes en faveur du contrôle des explosions nucléaires. Les quatre stations sismiques du Kazakhstan sont incluses dans le système de contrôle international sous l'autorité du CTBT. Le Kazakhstan est au nombre des 10 pays dotés du plus grand nombre de stations sismiques et peut donc contribuer largement au système de contrôle.

M. M. H. JABIR (République-Unie de Tanzanie) a dit que l'accumulation et la circulation illégale d'armes de petits calibres ont accru l'intensité et la fréquence des conflits en Afrique. Ces armes causent beaucoup de victimes parmi les populations civiles et les non-combattants, et à cet égard, la

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Tanzanie partage totalement le point de vue du Secrétaire général, qui, dans son rapport sur les causes des conflits en Afrique, écrit, entre autres, que les pays exportateurs d'armes ont une responsabilité et doivent exercer une certaine retenue dans leurs activités d'exportations, en particulier, lorsque ces exportations sont destinées à des zones de conflits. La Tanzanie soutient toutes les initiatives de contrôle des armes légères, notamment le moratoire proposé par le Mali et la Convention de l'Organisation des Etats américains sur la fabrication et la circulation des armes et des munitions. Nous soutenons en outre la proposition d'organiser une conférence internationale sur les petites armes, faite par le Groupe d'experts gouvernementaux sur les armes de petits calibres, et qui devrait se tenir en Suisse en l'an 2000.

La Tanzanie se réjouit de la prochaine entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel, et demande qu'un accent particulier et des moyens adéquats soient mis sur les opérations de déminage. Nous espérons, d'autre part, que cette Convention sera ratifiée par un plus grand nombre d'Etats sans tarder, afin de la rendre universelle.

M. VASILY S. SIDOROV (Fédération de Russie) : en septembre 98, les Présidents Clinton et Elstine ont réaffirmé leur engagement au Traité START et exprimé leur détermination pour que le Traité START II entre en vigueur et que les conditions d'un cadre START III soient fixées dès la ratification par la Russie de START II. Le chef du gouvernement, M. Primakov, a exprimé sa détermination de voir le Traité START ratifié par la Douma, prochainement. Les Etats-Unis doivent également ratifier tous les instruments relatifs à START II. Il est grand temps que tous les Etats dotés de l'arme nucléaire rejoignent le processus de contrôle et de réduction des armes nucléaires. Nous saluons la décision de la Conférence du désarmement de lancer des négociations sur l'élaboration d'un traité multilatéral non discriminatoire sur l'interdiction de la production des matières fissiles à des fins militaires. Il est important que tous les Etats Membres s'engagent dans ce processus, y compris l'Inde, le Pakistan et Israël, qui n'ont toujours pas accédés au TNP et au CTBT. Les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan sont un défi lancé au CTBT et aux efforts internationaux vers la consolidation d'un régime de non-prolifération. La Russie condamne ces actes et appelle vivement ces pays au dialogue. Ces pays ont transmis un message positif en déclarant récemment qu'ils allaient interrompre leurs essais à l'avenir et qu'ils avaient l'intention de prendre part aux négociations du traité à Genève.

La Russie encourage la création de zones exemptes d'armes nucléaires et souhaite s'engager dans la lutte contre les actes terroristes nucléaires. A cet égard, la Russie a présenté un projet de convention.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a dit que sa délégation se félicite de la réinstallation du département du désarmement au sein du système des Nations Unies. La Mongolie accueille aussi favorablement la création des Comités spéciaux chargés des garanties négatives de sécurité et des matières fissiles.

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Cependant, malgré ces faits positifs effectués dans le désarmement, l'actualité internationale a été très affectée par les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan. Nous appelons l'Inde et le Pakistan à joindre le plus rapidement possible les Traités de non-prolifération et d'interdiction complète des essais nucléaires. Nous nous réjouissons particulièrement, dans ce domaine, de la déclaration faite par la République populaire de Chine, qui dit qu'elle ne procèdera plus à des essais d'armes nucléaires, malgré ceux effectués par l'Inde et le Pakistan. La Mongolie soutient la déclaration commune faite par huit pays, le 9 juin dernier, selon laquelle il est temps de proposer et de mettre en avant un programme réaliste et réalisable allant dans le sens du désarmement nucléaire, conformément aux propos contenus dans la déclaration de l'Afrique du Sud. Nous pensons donc que la Déclaration des huit mérite un examen en profondeur.

La Mongolie attache de l'importance à la création de zones exemptes d'armes nucléaires (ZEAN) et au renforcement des régimes de celles qui existent déjà. Nous pensons que les ZEAN sont un instrument important, et nous en demandons la création en Asie centrale. Nous espérons que cette zone sera créée avant l'an 2000, comme stipulé dans les décisions concernant la Conférence d'examen du Traité de non-prolifération, prévu en l'an 2000. Notre pays aspire à ce que son territoire acquiert le statut d'espace exempt d'armes nucléaires. Géographiquement, nous ne sommes limitrophes d'aucun pays d'Asie centrale, d'où notre besoin de ne pas être exclu des mesures de désarmement en cours. La communauté internationale a, en fait, reconnu à des Etats individuels, le droit de créer des zones exemptes d'armes nucléaires. Aussi, inspirée par l'exemple des pays qui, dans d'autres parties du monde ont créé des ZEAN, la Mongolie, dont le territoire est plus vaste que celui de l'Europe centrale, a-t-elle déclaré son territoire exempt d'armes nucléaires. Cette déclaration est partagée par la Chine et la Russie, deux pays voisins, et nous invitons l'Assemblée générale à faire de même, comme l'ont déjà fait les Non- Alignés.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) : nous croyons que pour le siècle prochain le monde devrait être affranchi des armes de destruction massive et la communauté internationale doit tout faire pour parvenir à cet objectif. Pourtant, cette année, au regard des essais nucléaires réalisés par l'Inde et le Pakistan, notre réaction a été motivée par la position bien connue de notre pays sur le désarmement nucléaire et son engagement à la non-prolifération en tant qu'Etat partie au TNP. En tant qu'Etat partie également au traité START I, l'Ukraine considère le processus START comme une partie intégrale du processus de désarmement nucléaire. Aujourd'hui, les critiques sont vives parmi les Etats non nucléaires pour le manque de progrès dans ce domaine crucial. Nous sommes convaincus que la ratification par la Fédération de Russie, sans délai, de START II permettra son entrée en vigueur rapide et ouvrira la voie à des négociations en faveur de START III. L'Ukraine soutient la déclaration commune des huit nations du 9 juin 1998 intitulée "Vers un monde sans menace des armes nucléaires : l'urgence d'un nouvel agenda". En ce qui concerne, les négociations en vue d'une convention sur l'interdiction de

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production de matières fissiles à des fins militaires, nous sommes convaincus qu'il ne suffit pas d'interdire la production mais qu'il faut envisager la possibilité de se prononcer sur la réduction des stocks également. Nous croyons que ce futur accord devra contenir une déclaration sur les stocks existants de plutonium et d'uranium enrichi.

M. MOHAMMAD J. SAMHAM (Emirats arabes unis) a dit que son pays est préoccupé par les critères de fonctionnement des relations multilatérales qui ne respectent pas l'équité et l'égalité entre les Etats. Dans certaines régions du monde règnent encore des conflits liés à des situations d'occupation. La dégradation de l'environnement international empêche les peuples de jouir de la stabilité à laquelle ils auraient droit. Il y a une absence de volonté politique de la part de certains, qui empêchent de mettre fin à la course aux armements. Nous pensons que les conditions prévalant dans la région du Moyen-Orient et du Golfe, sont une menace à la fois régionale et mondiale. Les Emirats arabes unis se sont réjouis de l'avis consultatif de la Cour internationale sur les îles du Golfe occupées par l'Iran. Cette occupation iranienne se fait en violation des règles internationales. Nous exprimons notre appui à toutes les initiatives en cours pour résoudre ce problème et pour calmer les tensions qui existent en ce moment entre la Syrie et la Turquie, l'Iran et l'Afghanistan, et entre l'Inde et le Pakistan. Les Emirats arabes unis croient à l'importance de l'élimination des armes nucléaires. Nous avons signé le Traité de non-prolifération et celui d'interdiction des essais, et nous avons contribué aux efforts internationaux en vue d'assurer leur respect.

Nous pensons que les procédures visant à la création d'une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient doivent être accélérées. Israël doit adhérer au TNP et soumettre ses installations au contrôle de l'AIEA, et le transfert de toute technologie nucléaire vers ce pays doit être interdit.

Droits de réponse

Réaction du représentant de la République de Corée à la République populaire démocratique de Corée : je prie instamment la RPDC d'agir et de coopérer raisonnablement avec l'AIEA. Il faut réduire le danger de prolifération nucléaire sur la péninsule coréenne. Ma délégation lance un appel à mettre en oeuvre, le plus tôt possible, les fondements de la déclaration conjointe. Mon gouvernement poursuit une politique d'engagement constructif sur la base des principes de la non-agression, d'aucune intervention militaire de la part de la République de Corée, de la reprise du dialogue intercoréen. Suivant la déclaration de notre Ministre des affaires étrangères à cette session de l'Assemblée générale, notre politique est basée sur la réconciliation et la confiance mutuelles, notre objectif immédiat est la coexistence pacifique. Notre souhait est de voir la RPDC réagir sincèrement et pleinement à ces objectifs. La République de Corée est favorable au démantèlement de la politique de guerre froide sur la péninsule.

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Le représentant de l'Iran a dit que les Etats-Unis ont injustement accusé son pays de mettre au point des armes de destruction massive. L'Iran met au point des missiles, qui font partie de la classification des armes conventionnelles, et il n'entend pas en faire usage en premier. Les Etats- Unis devraient plutôt rappeler à l'ordre Israël dont les activités en matière d'armement sont une menace pour tout le Moyen-Orient. L'Iran, d'autre part, est attaché à ses obligations internationales, et concernant les accusations d'occupation lancées par les Emirats arabes unis, l'Iran est disposé à entamer des consultations et des pourparlers sur ces îles du Golfe "persique" dans le cadre du droit international.

Le représentant des Emirats arabes unis : il est regrettable que mon collègue de l'Iran réagisse ainsi. Il sait bien que la République islamique d'Iran a occupé des îles appartenant aux Emirats arabes unis. Nous espérons que la République islamique d'Iran réagira raisonnablement aux objectifs pacifiques de trouver une solution définitive au problème d'occupation des trois îles et qu'il s'instaurera une bonne coopération entre les pays de la région.

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