AG/SHC/359

LES DELEGATIONS APPELLENT A UNE AUGMENTATION DES RESSOURCES DE L'OFFICE POUR LE CONTROLE DES DROGUES ET LA PREVENTION DU CRIME

13 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/SHC/359


LES DELEGATIONS APPELLENT A UNE AUGMENTATION DES RESSOURCES DE L'OFFICE POUR LE CONTROLE DES DROGUES ET LA PREVENTION DU CRIME

19981013 Elles appuient l'élaboration d'une convention contre la criminalité transnationale organisée

Pour relever les défis posés par la complexité croissante des problèmes liés au trafic de drogue et à la criminalité transnationale organisée, et remplir avec efficacité le mandat qui lui a été confié, l'Office pour le contrôle des drogues et la prévention du crime doit avoir à sa disposition davantage de ressources financières, ont estimé ce matin les délégations dans le cadre du débat général sur la prévention du crime et la justice pénale, et le contrôle international des drogues. Ainsi, pour le représentant de l'Inde, il y a clairement des lacunes dans l'architecture de l'ONU pour traiter de situations complexes, comme le montre la suspension des activités de l'Organisation en Afghanistan. Une telle situation souligne les limites des approches traditionnelles en matière de lutte contre la criminalité, les drogues et le terrorisme, a-t-il estimé. Avec ses ressources limitées, l'Office de Vienne n'est pas en mesure d'agir de manière efficace contre les réseaux criminels et leurs vastes ramifications. Or, beaucoup pourrait être fait pour autant que l'on reconnaisse les dangers, que l'on fixe les priorités et que l'Office de Vienne dispose de moyens accrus.

Les délégations ont aussi appuyé l'élaboration d'une convention contre la criminalité transnationale organisée. L'accent a été mis sur la nécessité de renforcer la lutte contre le blanchiment de l'argent provenant d'activités illégales. Pour les petits Etats insulaires en développement, le blanchiment d'argent pose un problème particulier et les mesures prises au niveau national pour renforcer la sécurité de leur système financier doivent être assorties de programmes de développement alternatif financés par la communauté internationale, afin de ne pas fragiliser davantage des économies déjà faibles.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration dans le cadre de ce débat : République tchèque, Malte, Yémen, Jamaïque (au nom des pays membres de la Communauté des Caraïbes, CARICOM), Maroc, République de Moldova, Inde, Costa Rica, République islamique d'Iran, Fidji, Iraq, Azerbaïdjan, Venezuela, Roumanie et Chypre.

La Commission poursuivra son débat général sur ces points cet après-midi à partir de 15 heures. Elle devrait également entendre la présentation d'un projet de résolution sur l'Année internationale des personnes âgées, 1999.

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PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Suite du débat général

M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque) a souligné le fait que les cartels de la drogue étaient parvenus, en utilisant les technologies modernes, à développer rapidement la production et le trafic de drogues illicites au niveau mondial, alors que la communauté internationale n'est pas en mesure d'être aussi rapide dans les domaines économique et du développement social. Le représentant a estimé que les documents adoptés à l'issue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les drogues en juin dernier constituaient une base solide pour le développement futur de la coopération internationale en matière de lutte contre les stupéfiants. Les objectifs qui ont été fixés sont très ambitieux et il est de notre intérêt à tous de les réaliser. Nous sommes malheureusement toujours un pas en arrière par rapport à ceux qui profitent du commerce illicite de la drogue, a-t-il ajouté. Le représentant a mis l'accent sur l'instrument utile qu'est le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID). Toutefois, a-t-il souligné, on ne peut atteindre des résultats sans financement adéquat. La situation financière minimale actuelle risque non seulement de saper les activités futures et d'éroder la volonté commune de lutter contre le fléau de la drogue, mais aussi de provoquer un recul par rapport à ce qui a déjà été réalisé.

La politique anti-drogue de la République tchèque repose sur deux piliers : l'application des lois et la réduction de la demande. En ce qui concerne la réduction de la demande, le représentant a préconisé d'identifier en premier lieu les causes nombreuses et profondes de l'abus de drogues afin de les éliminer. Pour la République tchèque, la prévention de l'abus de drogues passe par le renforcement du rôle de la famille et des améliorations dans le système d'éducation fondées sur le support d'experts professionnels et expérimentés se consacrant à la prévention des drogues. Le représentant a estimé que la prévention dans les écoles et chez les jeunes devait constituer une priorité.

Le représentant a rappelé que la communauté internationale pouvait profiter de l'expérience de la coopération régionale.

M. ANTON TABONE (Malte) a expliqué que son pays, au coeur de la Méditerranée, est particulièrement vulnérable à la criminalité transnationale organisée, qu'elle prenne la forme du trafic de stupéfiants, du blanchiment d'argent, de la contrebande, ou du transit illicite. Le pouvoir financier des cartels, la petite taille de Malte et sa capacité limitée d'imposer des sanctions, contribuent à mettre en péril le système économique, fiscal, légal et judiciaire maltais. Le Gouvernement s'est attaché à combattre ce fléau

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et a conclu différents accords de coopération bilatérale et multilatérale avec les pays voisins, ainsi qu'avec l'Union européenne. Malte soutient toute initiative tendant à renforcer la collaboration entre les régions et les sous-régions, et leur permettant de partager les fruits de l'expérience acquise au niveau national. L'Etat maltais appuie donc les initiatives prises dans le cadre du processus Euro-Med à Barcelone et à la Vallette pour "poursuivre activement le dialogue et la coopération dans le combat contre le crime organisé et la lutte contre les drogues illicites sous tous ses aspects".

Pour contrer le phénomène croissant du blanchiment d'argent, aux conséquences sociales et économiques dramatiques, le Gouvernement a créé le Centre des services financiers de Malte, habilité à réguler et superviser les activités des compagnies bancaires offshore. Le Centre en question a rédigé des dispositions en matière législative et adressé des notes directives aux détenteurs de permis bancaires, selon les termes de l'Acte du Centre des services financiers de Malte. Ces directives visent à aider les établissements bancaires à adhérer aux Règles pour la prévention du blanchiment d'argent de 1994, et à régler les procédures de communication entre les banques, le Centre des services financiers de Malte et les forces de police du pays.

M. AL-ETHARY (Yémen) a souligné l'interaction de différents facteurs dans les problèmes liés à la criminalité et à la drogue. Il ne peut y avoir de progrès dans ce combat sans une réelle coopération internationale et une collaboration transparente et ouverte, a-t-il estimé. Pour sa part, le Yémen a adopté une série de lois dans le cadre de la Charia islamique visant à préserver l'intégrité de l'individu. Des réformes administratives sont en cours, y compris dans le domaine judiciaire. Une campagne a été lancée contre les armes à feu.

Le crime et la drogue sont les deux revers de la même médaille, a poursuivi le représentant, estimant qu'une grande responsabilité incombe à la communauté internationale dans la lutte contre ces deux fléaux. Le trafic de drogues a des effets délétères sur l'ensemble de la société. C'est pourquoi, la lutte anti-drogue doit à la fois viser ceux qui offrent ces substances et défendre les victimes. Le Yémen a toujours combattu les trafiquants. En tant que pays de transit, les organes de sécurité du pays essaient de s'attaquer à tous les aspects du trafic de drogues et à développer la coopération internationale pour rendre cette lutte plus efficace.

Mme MARCIA GILBERT-ROBERTS (Jamaïque), parlant au nom des Etats membres de la communauté des Caraïbes (CARICOM), a noté que ces pays étaient particulièrement vulnérables aux effets néfastes des activités liées aux drogues illicites. En effet, ces états ont une base économique fragile, une structure géophysique particulière et une taille réduite, la majorité d'entre eux étant de très petites îles ou de minuscules archipels. La représentante

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a noté que le cannabis est la principale plante produite et consommée dans cette sous-région. Certaines de ses composantes peuvent être bénéfiques médicalement, notamment dans le traitement du glaucome. Pour cette raison, un appel a été lancé, visant à la décriminalisation de sa culture et de son usage.

Les Etats de la CARICOM, malgré leurs ressources limitées, continuent à lutter contre les activités liées à la production, à la consommation et au trafic du cannabis et de toute autre drogue illicite. Il y a eu dans la région une augmentation récente du transit des drogues illicites, et ces pays s'attachent à combattre la corruption liées à ces activités. Les Etats de la CARICOM reconnaissent les bienfaits de la coopération régionale, qui permet d'optimiser leur action, malgré les ressources et les compétences techniques limitées dont ils disposent. Ces pays ont souscrit au Plan d'action de la Barbade de 1996, qui a donné lieu à 41 projets englobant 15 programmes de coopération régionale concernant la prévention, le traitement, la réduction de la demande, et la répression des drogues illicites, et en particulier le blanchiment d'argent.

Le Plan régional d'action procure, en outre, une aide aux Etats dans l'application des traités en la matière. Les pays de la CARICOM ont ratifié les trois conventions internationales sur les drogues, et ont également conclu des accords bilatéraux avec les Etats-Unis sur la répression du trafic maritime de la drogue. Ces pays reconnaissent la nécessité d'actions plus poussées dans le domaine policier, pour lutter contre la prolifération récente d'armes à feu et le nombre croissant de meurtres. Dans cette optique, les pays de la CARICOM ont signé la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, munitions, explosifs et matériel connexe.

On assiste dans la région à une escalade du blanchiment d'argent avec l'acquisition d'actifs importants. Les pays disposant d'institutions bancaires offshore prennent des dispositions pour éviter de servir de refuge aux organisations liées aux drogues illicites. Un Centre de formation policier fut créé il y a un an avec un effectif de plus de 300 policiers chargés, entre autres, de coordonner les informations liées au trafic des stupéfiants. Enfin, la coopération a été renforcée du point de vue de l'échange de l'information concernant les comptes bancaires et des transactions suspectes. Le groupe intergouvernemental sur les drogues a rencontré le mois dernier au Guyana les ministres de la sécurité nationale de la CARICOM, pour discuter des stratégies nouvelles de répression à adopter en la matière. La lutte contre la drogue, selon les pays de la CARICOM, est fortement dépendante des programmes de développement alternatif durable qui doivent être encouragés par une aide financière collective et une action internationale concertée.

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Mme YAMINA BENNANI (Maroc) a déclaré que du fait de l'interaction de divers facteurs, le commerce des drogues joue désormais un rôle essentiel dans l'extension de nombreux fléaux sociaux, en particulier le crime organisé, le terrorisme international, le trafic des armes à feu, le blanchiment de l'argent et la corruption des institutions étatiques. En outre, la multiplication des drogues synthétiques et des substances psychotropes produites en laboratoire et plus difficiles à contrôler que les drogues cultivées, représente une nouvelle menace qui risque de réduire à néant tous les efforts déployés par la communauté internationale dans le domaine des drogues. Le Maroc estime que pour assurer le plein succès de la stratégie planétaire adoptée par l'Assemblée générale en juin dernier, il est impératif que le mandat donné au PNUCID reçoive toutes les ressources nécessaires. Les dangers que fait peser le flux d'argent provenant du blanchiment de l'argent sur la stabilité économique des pays, exigent de s'attaquer aux bases structurelles des grands groupes criminels mondiaux en adoptant une convention contre la criminalité transnationale organisée.

Pour sa part, le Maroc suit depuis quelques années une politique de lutte anti-drogue axée sur trois éléments : la réduction de l'offre, la lutte contre le trafic illicite et l'intensification de la coopération internationale. C'est ainsi que le Maroc a décidé de verrouiller ses frontières maritimes par la mise en place d'un dispositif de sécurité et de surveillance des côtes nord du pays, pour lutter contre le trafic illicite de drogue par voie maritime et pour décourager l'infiltration clandestine de migrants illégaux vers l'Europe. A cet effet, le Maroc a établi des règles et des mécanismes de coopération tant avec Europol qu'avec d'autres organismes régionaux ou internationaux similaires. En outre, il déploie actuellement des efforts soutenus en vue de réaliser le développement durable dans le Nord du pays.

La représentante a salué les efforts entrepris par le PNUCID en matière de mobilisation de ressources et a exprimé l'espoir qu'une démarche tout aussi résolue soit entreprise, dans les meilleurs délais, par les pays donateurs et les institutions financières internationales pour apporter l'aide nécessaire aux pays qui ont montré leur volonté d'éradiquer le fléau de la drogue.

Enfin, elle a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte l'assistance nécessaire à l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Il est urgent de doter cet Institut des ressources nécessaires pour lui donner les moyens d'aider les Etats africains membres à mettre en oeuvre des stratégies de prévention du crime et renforcer la coordination entre les organismes de répression aux niveaux régional et sous-régional.

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M. ION BOTNARU (République de Moldova) a souligné qu'en République de Moldova et en Ukraine, ces dernières années, le problème du transit des drogues illicites va s'amplifiant, affecte le développement social et économique, et risque de miner la confiance de la population en ce qui concerne les réformes économiques. Le problème est lié à la situation géographique de la République de Moldova, située sur la "route des Balkans" qu'empruntent les trafiquants de drogue. Les Gouvernements de la République de Moldova et d'Ukraine ont renforcé leur coopération aux niveaux bilatéral et multilatéral pour prévenir la criminalité et combattre le trafic d'armes et de drogues illicites. Ces pays saluent l'initiative régionale consistant en une opération internationale de prévention appelée "Canal", développée par la République de Moldova, l'Ukraine, la Fédération de Russie et le Bélarus. Cette opération qui prévoit l'action coordonnée de différentes institutions sur les zones frontalières des pays en question, reçoit l'aide de tous leurs organes policiers et de répression. Le représentant a invité les autres pays de la région à s'associer à cette initiative.

La République de Moldova et l'Ukraine ont adhéré aux trois conventions internationales sur le contrôle des drogues, et ont renforcé leur capacité nationale de façon à combattre efficacement le trafic d'armes et de drogues illicites, et le blanchiment de l'argent. Le gouvernement espère que la création à Budapest de l'Académie internationale de l'application de la loi, dont les activités sont axées sur la formation du personnel des organes policiers et judiciaires, permettra de mieux préparer la lutte contre les stupéfiants et contre la criminalité organisée. Le représentant a déclaré que son pays souhaite voir s'établir en ce domaine une meilleure coopération internationale, car, en tant qu'état nouvellement indépendant, il manque cruellement de moyens financiers et de structures adéquates, tels des centres de réhabilitation des toxicomanes.

M. BHUVANESH CHATURVEDI (Inde) a déclaré que son pays appuie une approche équilibrée et complémentaire visant à la fois la réduction de la demande et la réduction de l'offre de drogues. Soulignant les liens entre la pauvreté et le sous-développement d'une part, et la production de drogues d'autre part, le représentant a estimé que les efforts de surveillance et de destruction des cultures illicites devaient être accompagnés de programmes de développement alternatif afin de procurer des revenus aux personnes qui dépendent de l'industrie de la drogue. La coopération internationale doit être menée dans le respect de la souveraineté nationale des pays. Le représentant a estimé que la fusion du Centre pour la prévention internationale du crime et du PNUCID devrait permettre de mieux prendre en compte les liens entre le trafic de drogues, la criminalité internationale, le blanchiment d'argent, le terrorisme et le trafic d'armes et d'êtres humains, dans la lutte contre ces divers fléaux.

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Les progrès qui ont été enregistrés dans certains domaines ne doivent pas nous aveugler par rapport aux développements négatifs dans d'autres domaines dont les ramifications vont au-delà du problème des drogues et du crime, a-t-il poursuivi. Les liens entre la pauvreté, le sous-développement, la production et le trafic de drogues, la criminalité organisée, le trafic d'armes, le terrorisme, le trafic d'êtres humains, et le blanchiment d'argent varient d'un pays à l'autre. Il y des régions où le trafic de drogue se combine avec un extrémisme religieux qui prête à des distorsions, avec la disponibilité d'armes, la faiblesse des autorités gouvernementales ou administratives, l'absence de contrôle aux frontières, le terrorisme et des activités mercenaires, et des violations systématiques des droits de l'homme, tolérées et encouragées par certains segments de la société, dans un mélange volatile qui a des conséquences profondes sur la stabilité des sociétés et la région tout entière. Malheureusement, avec ses ressources limitées, l'Office de Vienne ne peut mener une action efficace dans ce type de situation, ce qui explique la suspension des activités de l'ONU, y compris celles du PNUCID, en Afghanistan. Une telle situation souligne les limites des approches traditionnelles en matière de prévention du crime, de lutte contre les drogues et contre le terrorisme. Il y a clairement des lacunes dans l'architecture de l'ONU pour traiter de tels phénomènes. On ne peut pas, en effet, demander à l'Office pour le contrôle des drogues et la prévention du crime d'assumer cette charge sans l'autorité intergouvernementale nécessaire et avec les ressources limitées dont il dispose. Mais l'ONU ne peut pas non plus ignorer ce phénomène. La question est de reconnaître les dangers et de fixer des priorités. Beaucoup peut être fait, pour autant que les ressources de l'Office de Vienne soient augmentées, a souligné le représentant.

M. Chaturvedi a encore souligné l'importance de renforcer la coopération à tous les niveaux. Il a indiqué qu'avec la reprise du dialogue entre son pays et le Pakistan, la question des drogues et des activités connexes serait abordée lors d'une réunion de haut niveau dans un mois.

Mme NURY VARGAS (Costa Rica) a affirmé que son pays croit en une démarche intégrée et holistique en matière de lutte contre les drogues, comprenant les aspects liés à la production, à la consommation, au transit et à la privation des biens acquis par ces activités délictuelles. Le Costa Rica, a noté la représentante, est petit par sa taille, mais grand par sa tradition démocratique. Le pays a récemment supprimé son armée, et les sommes autrefois réservées aux dépenses de l'armée, sont à présent allouées à la santé et à l'éducation. Le Costa Rica souhaiterait recevoir une aide financière internationale, afin de ne pas devoir consacrer les sommes en question à la formation de forces policières civiles luttant contre les agressions du consortium de la drogue. De par sa situation géographique, le Costa Rica risque, selon la représentante, d'être un "pont" d'approvisionnement et de distribution de la drogue vers les grands centres de consommation.

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Le Costa Rica a constitué deux organes policiers spéciaux, dont l'un dépend d'un Vice-Ministre de la présidence, et l'autre de l'Organisme d'enquête judiciaire. Le Costa Rica est disposé à souscrire à l'établissement de tout instrument judiciaire futur. Les biens confisqués aux trafiquants de drogue sont consacrés, à raison de 60%, à la formation du personnel policier et à l'équipement de la police civile, les 40% restants à la prévention de la toxicomanie. Un programme national a été élaboré par le Gouvernement, sur le thème "Dis non à la drogue", et des opérations dites de "remise sous surveillance" ont été organisées, avec l'aide des organisations internationales. En 1997, sur un pays de 3,5 millions d'habitants, 9 tonnes de cocaïne ont été saisies, et de vastes productions de marijuana ont été détruites. Le Costa Rica, a ajouté la représentante, constitue un maillon de la route de la drogue vers le nord. Ce pays demande l'aide de la communauté internationale pour pouvoir notamment acquérir des équipements permettant la détection des drogues. Pour un délit transnational, seules des mesures transnationales sont appropriées, a dit la représentante.

M. MOHAMMAD S. AMIRKHIZI (République islamique d'Iran) a appuyé l'élaboration d'une stratégie mondiale contre la criminalité transnationale organisée et d'une convention spécifique traitant de la question. Pour l'Iran, une telle convention doit se concentrer sur des politiques pratiques et applicables, ainsi que sur des actions concrètes. Certaines conventions existantes pourraient servir de modèle, a suggéré le représentant. En ce qui concerne l'extradition, il a encouragé les pays à renforcer l'entraide judiciaire et à adopter des législations spécifiques en matière d'extradition.

La situation géographique de l'Iran rend le pays vulnérable aux réseaux criminels transnationaux de trafiquants de drogue, a souligné M. Amirkhizi. La future convention devra prendre en considération les problèmes auxquels font face les pays de transit. Le représentant a estimé d'autre part que les fondements de toute société, la moralité et la bonne gouvernance, seraient menacés si une action internationale concertée n'était pas prise pour lutter contre la corruption. Celle-ci affecte particulièrement les intérêts des pauvres et des plus faibles de la société. C'est pourquoi, il faut renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Il serait, en particulier, souhaitable que tous les pays pénalisent la corruption et renforcent leurs mécanismes de contrôle, en particulier à l'égard des multinationales étrangères qui répandent la corruption dans les pays où elles sont installées.

Le représentant a encore souligné le problème que constitue la large disponibilité d'armes à feu dans de nombreux pays. Il a déploré l'absence de règles de contrôle strictes au niveau international qui permet au trafic d'armes de prospérer. Pour l'Iran, il est essentiel de promouvoir les capacités de surveillance des pays en développement aux niveaux régional et sous-régional. Les programmes d'assistance technique devraient permettre de renforcer les capacités nationales et faciliter l'échange d'informations au niveau régional. Ces programmes devraient inclure l'organisation d'ateliers régionaux sur la question de la justice pénale.

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M. SAKIUSA RABUKA (Fidji) a expliqué que la situation stratégique de son pays dans le Pacifique Sud, a encouragé les organisations criminelles à s'y implanter. Le Gouvernement a approuvé des amendements à sa législation allant dans le sens d'une lutte contre les drogues et la criminalité transnationale organisée. Ainsi, la loi sur l'assistance mutuelle de 1997 procure un cadre juridique international approprié, lié à l'obtention d'évidence, l'aide aux enquêtes, et la confiscation des biens. D'après cette loi, Fidji peut recevoir ou demander de l'aide à d'autres pays en la matière. Cette aide est complémentaire à celle déjà fournie par INTERPOL. La loi sur les recettes des crimes commis, de 1997, traite de la confiscation des avoirs, et permet aux organes concernés de mieux suivre et définir le processus de blanchiment d'argent.

Fidji, a déclaré le représentant, croit à une démarche globale en matière de lutte contre les drogues. Le Parlement a proposé une loi contre l'abus des substances, visant à mettre au point une approche globale de prévention, d'éradication et de recherche en ce domaine. La loi autorise le Conseil consultatif contre l'abus des substances à encourager la recherche en ce qui concerne la consommation d'alcool et d'autres drogues, à promouvoir les programmes de sensibilisation du public et de réhabilitation des toxicomanes. Selon le représentant, seuls le développement alternatif et l'assistance économique internationale permettront de juguler le fléau de la drogue.

M. MOHAMMED A.M. AL-HUMAIMIDI (Iraq) a réaffirmé la détermination de son pays de coopérer au niveau international dans la lutte contre les drogues. Ainsi, l'Iraq a adhéré aux diverses conventions des Nations Unies en matière de lutte contre les drogues. Au niveau national, des lois ont été promulguées pour combattre l'alcoolisme, la drogue et les stupéfiants. L'Iraq est l'un des rares pays à avoir échappé au fléau des drogues qui sont utilisées uniquement à des fins médicales. Aucun cas de détournement de précurseurs chimiques n'a été enregistré dans le pays.

Les sanctions ont eu des conséquences négatives graves pour le pays et, en particulier, sur sa capacité à participer aux conférences et activités internationales anti-drogue. Ainsi, l'Iraq n'a pas pu participer aux activités d'Interpol, faute de pouvoir payer sa contribution. L'Iraq n'a pas, non plus, pu obtenir les nouvelles technologies de lutte contre les drogues, ni participer aux programmes de formation. Le représentant a indiqué que la région du nord de l'Iraq était utilisée comme route de transit par les trafiquants de drogue. Le Gouvernement iraquien s'efforce de suivre la situation de près et en a informé le PNUCID, a-t-il assuré.

M. ROUSTAM-ZADEH (Azerbaïdjan) a estimé que le problème des drogues est crucial pour les pays nouvellement indépendants tels la République d'Azerbaïdjan, qui est récemment devenue un Etat de droit démocratique et laïque. La lutte contre les drogues occupe une place prépondérante dans

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les politiques du pays, malgré une situation économique et politique difficile due à l'agression de l'Arménie, qui occupe aujourd'hui 20% du territoire et qui a causé un afflux de réfugiés. A cause des obstacles sur la voie des Balkans, des groupes criminels organisés se sont ouverts de nouvelles voies vers l'Europe, le long des 132 Km occupés par les forces armées d'Arménie. Dans cette région prolifèrent les drogues de synthèse.

Le représentant a souligné que son pays est conscient que l'argent de la drogue favorise le terrorisme et le trafic d'armes. Il a déploré l'augmentation de 1,5% du taux des crimes violents perpétrés en Azerbaïdjan, ainsi que l'augmentation du nombre de toxicomanes. Il a fait état de nombreuses confiscations récentes de biens liés au trafic des drogues. Les infractions se multiplient en vue d'obtenir de l'argent, de la cocaïne, de l'opium et des produits de synthèse. Le pays, situé entre l'Europe et l'Asie, jouit de zones climatiques dont veulent profiter les cartels pour y créer des zones d'exploitation de plantes produisant des drogues illicites. Ces cartels utilisent l'Azerbaïdjan comme zone de transit vers la mer Caspienne. Le pays, ne disposant que de moyens douaniers réduits, n'a pas la base technique pour les contrer. De plus, ses organes de police vieillissants ne sont pas remplacés, vu le manque de ressources, et donc de programmes de formation pour le personnel policier. Aucune barrière douanière n'est opposée aux cartels de la drogue.

Le Gouvernement a réagi par la création d'un Comité d'état spécial, chargé d'établir un programme national de lutte contre la toxicomanie. Les dirigeants aspirent à une répression et à une stabilité politique effectives et, dans cette optique, ont conclu les Accords de Bakou qui stipulent, entre autres, l'extradition des personnes ayant commis des crimes liés à la drogue. Le Gouvernement, a signalé le représentant, demande l'appui de la communauté internationale pour l'aider à sensibiliser la population, opposée traditionnellement à l'abus des drogues. Des structures d'information et de sensibilisation sont nécessaires pour contrer la toxicomanie, surtout chez les jeunes, réduire la demande des drogues illicites, et promouvoir la réhabilitation des toxicomanes.

Mme LYDA APONTE DE ZACKLIN (Venezuela) a estimé qu'il faut renforcer les stratégies antidrogue par une action concertée aux niveaux international et régional, dans le respect de l'intégrité et de la souveraineté des Etats. Au niveau national, le Venezuela s'efforce, par le biais de sa Commission antidrogue, de développer des actions communautaires dans le domaine de la prévention. L'accent est également mis sur la réhabilitation des toxicomanes. Une série d'actions a été menée pour renforcer le dialogue en vue d'une plus grande coopération avec les Etats de la région. Des accords ont ainsi été conclus avec le Guyana, le Mexique et la Colombie. Il faut que l'engagement collectif pris par les Etats en juin dernier en matière de lutte contre la menace des drogues se transforme en action, a conclu la représentante.

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Mme VICTORIA SANDRU (Roumanie) a souligné l'importance attachée par son pays à la lutte contre les drogues illicites. La Roumanie, a indiqué la représentante, est un pays de transit et de dépôt, et n'est pas suffisamment équipée pour faire face à la situation. Les autorités ont reconnu la nécessité d'un amendement de la législation, d'une réforme institutionnelle, et d'un remaniement de l'éducation axé sur la prévention. Un projet de loi sur le trafic et la consommation illicites des drogues sera bientôt soumis au Parlement. La représentante a indiqué que le Gouvernement a ratifié les trois conventions internationales sur les drogues et les crimes connexes. Le Programme national de lutte contre la drogue prévoit la création d'un Comité interministériel destiné à coordonner les efforts nationaux en ce domaine. Un centre national pour l'étude du crime organisé et des problèmes liés aux drogues va bientôt voir le jour et ses activités seront axées sur la recherche et les programmes de formation. La Roumanie a bénéficié de l'aide des experts du PNUCID pour ce qui concerne l'amendement de sa législation.

La Roumanie a conclu des accords bilatéraux avec les pays voisins en vue de l'établissement de politiques et de programmes conjoints de prévention et de répression. Cette coopération vise à éradiquer le terrorisme international, la traite des femmes et le trafic de matériel radioactif. La Roumanie a collaboré avec INTERPOL et EUROPOL dans le cadre du programme PHARE. Enfin, une brigade contre la criminalité transnationale organisée et la corruption a été créée en Roumanie en 1993, chargée de la mise en oeuvre du programme gouvernemental anticrime intégré.

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a indiqué que la détermination de son pays à s'attaquer au crime organisé se reflétait dans la ratification des conventions des Nations Unies et de diverses conventions européennes dans ce domaine. En tant qu'Etat associé, Chypre coopère étroitement avec l'Union européenne. En outre, le Gouvernement a conclu des accords bilatéraux avec la plupart des pays voisins en vue de combattre la criminalité transnationale et le trafic de drogues. Au niveau national, Chypre accueille des officiers de liaison de 17 pays et coopère avec Interpol et d'autres agences. En matière de lutte contre les drogues, le représentant a estimé que les efforts de la communauté internationale n'aboutiraient pas si l'on ne s'attaque pas aux causes profondes du problème. La pauvreté et les déséquilibres socioéconomiques, le chômage, le manque d'opportunités en matière d'éducation et la marginalisation constituent des problèmes prioritaires.

Bien que Chypre soit une société relativement libre de drogues, le spectre de l'infiltration des stupéfiants dans la société est une menace que le Gouvernement ne sous-estime pas, a affirmé le représentant. Chypre a donc mis en place une politique nationale anti-drogue visant à faire passer le message que les drogues constituent un danger mortel. Le Gouvernement est en effet déterminé à traiter cette question avant qu'elle ne devienne un problème. Un Comité national chargé de la prévention du trafic et de l'abus de drogues a été établi en vue de coordonner les activités en matière de prévention et d'information et de fournir des conseils.

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De par sa situation géographique, Chypre pourrait facilement être utilisé par les cartels de la drogue pour le transit de stupéfiants vers l'Europe. C'est pourquoi, le Gouvernement a mis en place une politique de contrôle aux frontières, a indiqué le représentant. Chypre s'efforce également de se préserver contre le blanchiment de l'argent. Ainsi, une unité de lutte a été créée afin d'empêcher l'utilisation du secteur financier du pays pour blanchir l'argent provenant d'activités illicites.

Chypre continuera à lutter contre les drogues et les activités illégales connexes. Malheureusement, la poursuite de l'occupation de 37% du territoire chypriote empêche le Gouvernement d'exercer un contrôle efficace dans la zone occupée où l'on fait état d'activités criminelles graves.

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