LA COMMISSION LANCE UN APPEL EN FAVEUR D'UN DESARMEMENT NUCLEAIRE GENERALISE ET D'UN MEILLEUR CONTROLE DES PETITES ARMES
Communiqué de Presse
AG/DSI/188
LA COMMISSION LANCE UN APPEL EN FAVEUR D'UN DESARMEMENT NUCLEAIRE GENERALISE ET D'UN MEILLEUR CONTROLE DES PETITES ARMES
19981012 Le Secrétaire général rappelle la priorité qu'accorde l'ONU au désarmementLa Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a entamé ce matin le débat général de sa session sur l'ensemble des points de l'ordre du jour consacrés au désarmement et inscrits à son programme de travail. Cette première séance a été ouverte par une déclaration du Secrétaire général qui a rappelé les missions de la Commission, qui reflètent les priorités centrales de l'Organisation des Nations Unies depuis sa création. L'importance de ces missions est plus que jamais d'actualité, après les essais nucléaires, cette année, de l'Inde et du Pakistan, et au vu des nombreux conflits régionaux, comme ceux du Rwanda et du Kosovo.
M. André Mernier, Président de la Première Commission, a regretté que l'année qui s'achève, ait connu des développements négatifs en ce qui concerne les objectifs du désarmement, notamment à la lumière des essais nucléaires survenus en Asie du Sud; l'inertie des négociations relatives à un Traité START II entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie; la persistance d'arsenaux nucléaires importants; la mise au point d'armes chimiques et biologiques par certains Etats, et les problèmes causés par la prolifération des petites armes, qui entretiennent les conflits aux niveaux régionaux.
Les délégations ont mis l'accent sur la nécessité d'un désarmement nucléaire généralisé; notamment à travers le respect et le renforcement des régimes du Traité d'interdiction totale des essais, et de celui de non- prolifération. Elles ont appelé l'Inde et le Pakistan à joindre la communauté internationale pour ce qui concerne la signature et la ratification de ces deux instruments. Concernant les armes de petit calibre, elles se sont déclarées soucieuses des effets néfastes de leur prolifération et de leur circulation illicite et ont demandé aux Nations Unies et aux pays développés d'aider à l'éradication de ces armes.
Les délégations qui ont pris la parole lors de cette ouverture du débat général de la Commission sont celles du Mexique, de l'Autriche (au nom de l'Union européenne et des pays d'Europe centrale et orientale associés), de Fidji, d'Afrique du Sud, du Bangladesh, de la Malaisie, de la Colombie, et du Myanmar.
La Commission reprendra ses travaux demain matin à 10 heures.
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Déclaration du Président
M. ANDRE MERNIER, Président de la Première Commission : la Première Commission commence aujourd'hui son débat général sur le désarmement et les questions de sécurité internationale. La réduction tant attendue de la menace nucléaire s'est accompagnée cette année d'une multiplication d'échanges culturels et commerciaux. Le désarmement est, certes, une entreprise difficile et sa réalisation ne peut s'accomplir que par étapes mais l'importance de l'enjeu n'autorise cependant aucune faiblesse. L'année écoulée a connu bien des événements regrettables, tels que l'inertie du processus START, la persistance d'arsenaux nucléaires considérables et les récents essais nucléaires en Asie. Il faut encore s'inquiéter du non- respect par certains pays des accords de sauvegarde internationaux et des soupçons qui portent sur le développement, ici et là, des missiles balistiques de longue portée. La difficulté d'une interdiction totale effective des explosions nucléaires et de la production de matières fissiles à des fins militaires pourrait également justifier la morosité. Pourtant, les traités importants contre l'utilisation des armes de destruction massive, qu'il s'agisse du traité de non- prolifération nucléaire ou de ceux interdisant les armes chimiques et biologiques existent et il faudrait les respecter. La constante progression de ces traités vers l'universalité est une grande satisfaction. L'accession récente du Brésil au TNP porte à 187 le nombre des états parties à ce traité capital. De même, en février, la Lituanie est devenue le 141ème pays à se joindre aux autres qui ont signé la Convention sur les armes biologiques tandis que 11 pays ont accédé en 1998 à la Convention sur l'interdiction des armes chimiques portant ainsi à 117 le nombre des états parties. Quant au traité d'interdiction complète des essais nucléaires, il progresse lentement mais sûrement vers l'universalité. Cent cinquante pays l'ont signé, 21 l'ont déjà ratifié.
Même si la taille des arsenaux stratégiques dans le monde demeure considérable, on ne peut nier les réductions substantielles opérées ces dernières années, par les Etats-Unis, la Russie et les puissances nucléaires européennes. On peut souhaiter une accélération du démantèlement des arsenaux nucléaires, mais on ne peut nier que les développements en cours vont dans la bonne direction. La Conférence du désarmement a encore désigné des coordonnateurs spéciaux qui sont chargés de dégager un consensus sur les questions relatives au transfert des mines antipersonnel, à la prévention de la course aux armements dans l'espace et à la transparence en matière d'armements. De bonnes perspectives existent également d'établir un Comité spécial sur l'Espace extra-atmosphérique en 1999. La Commission examinera entre autres la question de la sécurité régionale, notamment à la lumière des progrès faits dans ce domaine, en particulier avec la création de zones dénucléarisées. L'impact des petites armes sur la sécurité et le développement de nombreux pays a conduit la commission à établir un Comité appelé "Action coordonnée sur les petites armes" dans le Département des affaires du désarmement. Dans un domaine voisin, 92 pays ont participé, cette année, au registre des Nations Unies sur les armes conventionnelles. Outre qu'il s'agit du nombre le plus élevé enregistré jusqu'ici, il faut applaudir
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la publication, pour la première fois, de données relatives aux productions nationales. A cet égard, nous restons loin de l'universalité, et je ne peux qu'encourager tous les gouvernements à se joindre à l'exercice.
Un des soucis majeurs de l'écrasante majorité des délégations a été et reste la différence des opinions sur la question des mines antipersonnel. La Première Commission peut saluer l'entrée en vigueur de la Convention d'interdiction des mines antipersonnel qui marque l'aboutissement de plusieurs années d'efforts de nombreux gouvernements et de l'action déterminante des Organisations gouvernementales. Je recommande donc à cette commission de s'attacher à la formulation d'un agenda international du désarmement qui se fixerait des objectifs réalistes, agenda qui serait pratique, orienté vers l'action et centré sur des questions importantes à notre ordre du jour.
Déclaration du Secrétaire général
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a déclaré que l'existence de la Première Commission reflète la priorité donnée au désarmement par les Nations Unies. J'ai recréé le Département du désarmement conformément à votre décision de l'année dernière, et ai été heureux que l'Assemblée approuve cette décision. Je me félicite aussi qu'elle ait agi dans le sens de la recommandation que j'ai faite en vue de réexaminer le travail de la Conférence du désarmement et de cette Commission. M. Jayantha Dhanapala, Sous-Secrétaire général, chargé des affaires de désarmement n'est pas ici aujourd'hui. Il est à Bruxelles, où il participe à une conférence sur "un désarmement durable pour le développement durable"; et il est bon que le lien entre ces thèmes centraux du programme de travail des Nations Unies soit de plus en plus compris et reconnu. Le désarmement est au coeur des efforts de cette organisation en vue de maintenir et de renforcer la paix et la sécurité internationale. Au cours des dernières années,des crimes horribles ont été commis sans que les auteurs aient eu recours à des armes sophistiquées. Le génocide du Rwanda est un exemple qui nous hante, mais je pourrais en citer beaucoup d'autres, comme, par exemple, l'exemple frais dans nos mémoires des images horribles que nous avons vues sur le Kosovo. Les petites armes sont utilisées pour donner la mort à des milliers de civils, chaque année, et, pire, la grande majorité des victimes sont des femmes et des enfants. Aussi, le désarmement doit-il se soucier des armes de petits calibres, comme le réalise la communauté internationale, et je m'en félicite. Le désarmement doit être le meilleur allié du développement; car combien de ressources seraient épargnées et seraient mieux utilisées si elles n'étaient pas consacrées à des achats d'armes ?
J'applaudis l'initiative du moratoire lancé par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, qui concerne le commerce et la fabrication des petites armes, et l'entrée en vigueur de la Convention interaméricaine contre la fabrication illicite et le trafic des armes à feu, des munitions, des explosifs et autres matériaux semblables. Je dois remercier M. Michael Douglas, pour son travail comme Messager de la paix dans la sensibilisation de
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l'opinion publique. Je crois que la société civile au niveau mondial peut être mobilisée face à ce problème, comme cela a été le cas, avec succès, sur les mines terrestres antipersonnel. Nous sommes reconnaissants aux Etats ayant signé la Convention d'Ottawa, qui entrera en vigueur au mois de mars prochain, et que nous travaillons à rendre universelle. Mais nous ne pouvons pas nous relâcher en ce qui concerne la prolifération des armes de destruction massive. Ce serait une folie de croire que de telles armes sont trop terribles pour être jamais utilisées, et que cela empêchera les Etats d'en faire usage ou les poussera uniquement à les utiliser comme moyen de dissuasion. Nous savons que les armes nucléaires furent utilisées en 1945 contre les villes de Nagazaki et d'Hiroshima, dont les populations continuent de souffrir plus d'un demi-siècle plus tard. Nous savons aussi que les armes chimiques ont été largement employées, notamment contre l'Iran et contre des civils dans le nord de l'Iraq en 1988, des civils qui, à Halabdja continuent, dix ans plus tard, de souffrir des conséquences de ces armes. Quant à la menace des armes biologiques, elle est presque trop horrible à imaginer; mais nous savons que certains Etats ont développé de telles armes et les gardent dans leurs arsenaux. Aussi longtemps qu'elles resteront à leur disposition, le risque sera là de les utiliser; de plus, elles peuvent échapper au contrôle des Etats et tomber entre des mains terroristes. C'est pourquoi nous devons intensifier nos efforts en vue d'élargir le régime et les membres des Conventions sur les armes chimiques et biologiques, et en assurer le respect. C'est pourquoi nous devons être préoccupés par les essais nucléaires menés par l'Inde et le Pakistan, cette année. Bien sûr, je me réjouis des déclarations d'intention à l'adhésion au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires faites par les Premiers Ministres de l'Inde et du Pakistan. Nous devons assurer l'entrée en vigueur de ces traités, aussitôt que possible, mais nous devons aussi aller au bout de notre tâche en assurant une adhésion universelle à tous les traités clés concernant les armes de destruction massive, notamment le Traité de non-prolifération nucléaire.
Débat général
M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) : le Mexique déplore et condamne la réalisation des essais nucléaires en Asie du Sud en mai de cette année, comme il a toujours condamné la conduite de tout essai nucléaire. Il faut définitivement mettre un terme à de telles actions afin de faire progresser le régime international de non-prolifération pour parvenir à un monde sûr et pacifique, affranchi de la menace des armes nucléaires. Nous devons nous engager tous sans concession en faveur d'un monde libéré de toute menace d'armes nucléaires. Le Mexique continuera de soutenir tous les efforts conduisant à la création de zones régionales dénucléarisées. Nous soutenons, notamment, l'initiative visant à créer une zone dénucléarisée en Asie Centrale.
Au cours de cette 53ème session de l'Assemblée générale, nous devrons soumettre des projets de résolutions déplorant la réalisation d'essais nucléaires et appelant à la signature et à la ratification du CTBT.
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Le Mexique soutient le travail du Groupe d'experts gouvernementaux des Nations Unies sur les petites armes en participant activement aux discussions relatives à l'application de toutes les mesures adoptées.
Le Mexique a démontré également son engagement au processus de désarmement en ratifiant le 9 juin dernier la Convention d'Ottawa.
M. THOMAS HAJNOCZI (Autriche, au nom de l'Union européenne et des pays de l'Europe centrale et de l'Est associés) a déclaré que plusieurs actions en cours, comme la prochaine entrée en vigueur de la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres antipersonnel, le début des négociations sur un traité relatif aux matières fissiles, la mise en place d'un système de vérification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et bien d'autres, sont un signe tangible de la volonté de la communauté internationale de mettre fin aux effets de l'accumulation et de la prolifération incontrôlée d'armes, notamment de petites armes, et du souci qu'a la communauté internationale de développer un système de désarmement international et de faire avancer les accords de non-prolifération. Mais, en dépit de ces mesures, les risques engendrés par la prolifération des armes de destruction massive et par les effets déstabilisateurs de l'accumulation des petites armes existent toujours. L'Union européenne exprime sa profonde préoccupation face à la situation en Asie du Sud, où les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan ont nui à la stabilité de la région et isolé ces deux pays des efforts de la communauté internationale visant à la non-prolifération. L'Union européenne se réjouit de l'intention proclamée par ces deux pays de signer le Traité de non- prolifération. Nous nous félicitons aussi de leur intention de participer aux futurs moratoires sur la non-prolifération.
Concernant la sécurité en Europe, l'Union européenne pense que le développement de la nouvelle architecture de sécurité de la région doit tenir compte de la liberté qu'ont tous les Etats de choisir leurs propres arrangements de sécurité; la nouvelle donne de sécurité devrait refléter l'esprit de coopération qui existe désormais en Europe. Nous pensons que les différentes organisations responsables de la sécurité en Europe devraient continuer à coopérer entre elles et à se renforcer mutuellement. Le Traité sur les armes conventionnelles est une pierre angulaire de la sécurité en Europe et il devrait en rester ainsi. A cette fin, l'Union européenne lance un appel à tous les Etats parties en vue de préserver cet état de choses dans les nouveaux arrangements de sécurité en Europe. La consolidation de la paix dans l'ex-Yougoslavie et la solution aux problèmes du Kosovo continuent d'être une des grandes priorités de l'Union européenne, qui demeure engagée à mettre en exécution et respecter l'embargo sur les armes imposé à l'ex-République fédérale de Yougoslavie. Nous demeurons pleinement respectueux et engagés dans la réalisation des objectifs agréés lors du Conseil de mise en application des accords de paix, tenu à Bonn au mois de décembre dernier en vue de la mise en exécution des Accords de Dayton et de Paris au cours de cette année et au-delà.
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L'Union européenne déplore la suspension unilatérale par l'Iraq des missions menées par l'UNSCOM et l'AIEA. Nous sommes concernés que l'Iraq ne respecte pas ses obligations, prises en vertu des résolutions du Conseil de sécurité. Cette situation est inacceptable, et l'Iraq doit se plier à la résolution 1194 du Conseil de sécurité et respecter l'esprit du mémorandum signé avec le Secrétaire général. Nous nous réjouissons du succès remporté dans les négociations sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, ce qui est une étape importante vers la mise en exécution des principes et objectifs de la non-prolifération et du désarmement nucléaire. Nous soutenons aussi pleinement les négociations sur la discussion d'un traité sur les matières fissiles . Nous demandons qu'un consensus soit atteint en se basant sur les recommandations et les observations du Rapport Shannon, et sur le mandat et les décisions contenues dans l'acte de création d'un Comité spécial chargé de négocier le traité d'interdiction de la production et de la circulation de matières fissiles destinées à des armes nucléaires ou à des dispositifs du même genre.
Concernant les armes conventionnelles et les petites armes, nous sommes engagés à mettre en exécution le Programme de prévention et de lutte contre le trafic des armes conventionnelles, qui définit un cadre d'assistance aux pays tiers en vue d'aider les pays affectés par ce phénomène, en particulier dans les situations après-conflits. L'Union européenne pense que la conjugaison de conflits internes et de circulation illicite d'armes légères, est un défi sérieux à la communauté internationale; aussi souhaiterions nous voir recréer le Groupe de travail sur les petites armes.
M. POSECI W. BUNE (Fidji) : en dépit de l'existence du Traité de non- prolifération nucléaire et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, l'Inde et le Pakistan ont procédé cette année à des essais nucléaires souterrains. Et nous ignorons combien d'essais simulés ont bien pu être réalisés par d'autres pays dotés de l'arme nucléaire, grâce à leur maîtrise des technologies informatiques. Il est évident que pour atteindre un désarmement effectif, il faut mettre en place des mesures qui permettront de réduire, voire d'éliminer, toutes les armes de destruction massive. Nous devons rechercher, grâce à une forte volonté politique, d'obtenir l'universalité des instruments existants, ou l'existence même de ces instruments risque de perdre toute sa raison d'être. Fidji appelle tous les Etats dotés de l'arme nucléaire à interrompre, dans un premier temps, la production et les essais, sous toutes leurs formes, d'armes nucléaires. Nous appelons aussi tous les Etats nucléaires à détruire toutes leurs réserves d'armes nucléaires, de signer et de ratifier le Traité de non-prolifération et le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Nous le demandons tout particulièrement à l'Inde et au Pakistan. Ma délégation demande à tous les Etats, qui ont signé le CTBT, de bien vouloir le ratifier afin de lui permettre de devenir un instrument effectif du désarmement nucléaire. L'interdiction de la production de matières fissiles dont l'objectif est la production d'armes nucléaires doit être activée de façon urgente. Fidji considère le processus START comme une partie importante de la réduction et de l'élimination des armes nucléaires et demande vigoureusement que START soit
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activé et généralisé aux Etats dotés de l'arme nucléaire. Fidji renouvelle son appel pour la création d'un mécanisme permanent ou d'une Division de diplomatie préventive au sein des Nations Unies, laquelle pourrait répondre promptement, positivement et activement aux menaces de conflit potentiel et de génocide. Une telle division devrait avoir la capacité de recevoir, d'analyser et d'interpréter les informations et les rapports pertinents avec pour objectif de détecter très tôt les conflits potentiels, ce qui permettrait de minimiser, de contenir, voire d'éviter de telles menaces, avec la collaboration des Etats Membres.
M. PETER GOOSEN (Afrique du Sud) a déclaré que les essais nucléaires de l'Inde et du Pakistan étaient une source de préoccupation pour l'Afrique du Sud, qui tient à lancer un appel à ces deux pays afin qu'ils fassent preuve de retenue et qu'ils entament des négociations en vue de renforcer la confiance mutuelle. L'Afrique du Sud se réjouit des déclarations faites par les Premiers Ministres de l'Inde et du Pakistan devant l'Assemblée générale, dans lesquelles ils exprimaient leur volonté d'aller de l'avant dans l'adhésion de leurs pays au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Une autre source de déception pour l'Afrique du Sud, cette année, a été le refus continu de certains membres de la communauté internationale de reconnaître que le monde entier a un intérêt et une vive préoccupation dans le désarmement nucléaire. C'est cette attitude qui a empêché des instances internationales telles que la Conférence du désarmement à Genève de conduire à bien leurs tâches. Il en aura été ainsi du renforcement du régime du Traité de non- prolifération. A ce sujet, l'Afrique du Sud continuera, l'an prochain, d'avancer les propositions qu'elle a faites lors de la Conférence préparatoire de 1998. Le Président Nelson Mandela a rappelé le fait que la première résolution de l'Assemblée générale vise à résoudre les défis posés par "l'élimination totale, dans les arsenaux nationaux, des armes atomiques et de toutes autres armes majeures visant des objectifs de destruction massive". Et comme il l'a aussi souligné, la communauté internationale ne dispose toujours pas de propositions acceptables en ce sens, qui seraient garanties par les Etats détenteurs d'armes nucléaires en vue d'une élimination totale de leurs arsenaux. L'Afrique du Sud est fière d'être membre du groupe d'Etats signataires de la Déclaration ministérielle sur un nouvel ordre du jour pour un monde débarrassé des armes nucléaires, qui est une tentative honnête d'arriver, pas à pas, à la mise en place d'un système visant à arriver à l'élimination totale de ces armes et de la menace qu'elles représentent. Dans cette optique, nous sommes partisans de la création et du renforcement de zones exemptes d'armes nucléaires.
Bien que les efforts de désarmement aient souvent porté sur les armes conventionnelles et celles de destruction massive, les dévastations et les destructions causées par les armes légères et de petits calibres, surtout dans la reconstruction des sociétés sortant de conflits, ne peuvent plus aujourd'hui être ignorées. La démobilisation des ex-combattants, le désarmement et les autres initiatives à l'échelon régional ne peuvent être accomplis, en raison de la prolifération de ces armes, dont le contrôle
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devient difficile sans une aide substantielle et soutenue de la communauté internationale. Le défi à relever est celui de la mobilisation de ressources humaines et financières, de la circulation de données fiables entre pays affectés et partenaires régionaux, de la coordination des actions et de la mise en exergue de cette question dans les programmes des leaders politiques et des organisations internationales. L'Afrique du Sud pense qu'une approche globale est nécessaire pour résoudre ce problème. Une approche régionale doit être mise en avant, ce qui assurera que chaque région du monde développe une approche endogène; et elle participera à la mise en place de blocs qui pourront coopérer à l'éradication de la question. Des mesures de confiance doivent être mises en place au niveau régional, qui amèneront à la création d'une coopération régionale à long terme et augmenteront la transparence dont les pays ont besoin pour se sentir en sécurité.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) : nous appelons tous les pays dotés de l'arme nucléaire, tous les pays à capacité nucléaire dans toutes les régions d'encourager, en toute bonne foi, les négociations de fond qui conduiront au but ultime, celui de l'élimination complète des armes nucléaires. L'engagement du Bangladesh en faveur du désarmement général et complet est sans équivoque. Nous accordons une attention particulière sur le sujet nucléaire que nous soutenons et nous continuerons à soutenir tous les efforts qui nous conduirons à l'élimination totale de la menace nucléaire. Le Bangladesh estime que les négociations de fond sur le désarmement général et complet devraient commencer immédiatement au sein de la Conférence sur le désarmement. Et un Comité spécial sur le désarmement nucléaire devrait être créé sur ce point crucial. L'élimination complète reste la meilleure garantie contre la menace des armes nucléaires.
Si la question du désarmement nucléaire est la plus haute priorité pour le Bangladesh, nous devons identifier les défis émergeant à la veille d'une ère nouvelle et formuler un plan d'action qui respectera l'esprit du multilatéralisme.
Le Bangladesh attache une grande importance à la question des armes légères et de petits calibres. Alors que les armées du monde s'acheminent sur la voie du désarmement, nous assistons au réarmement des civils. Une Conférence sur tous les aspects du commerce des armes illicites dans un avenir proche serait un pas important dans cette direction.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a dit que les efforts en vue de mener le monde vers le désarmement nucléaire ont connu un recul sérieux avec les essais menés par l'Inde et le Pakistan. Ces essais sont une question de souci sérieux en ce qui concerne la sécurité au niveau de la région d'Asie du Sud, car ils relancent les dangereuses perspectives d'une prolifération et d'une course aux armements dans la région, et minent les perspectives de prorogation et d'extension du traité de non-prolifération. Ces essais doivent provoquer un sursaut de la part de la communauté internationale, et notamment de la part des puissances nucléaires qui devraient déployer tous les efforts nécessaires à la non-prolifération. Une approche constructive de leur part devrait aller
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vers la cessation de toutes activités contribuant à la prolifération verticale, qui reste une faiblesse du régime du Traité d'interdiction totale des essais. Il y a un fait indéniable aujourd'hui concernant le nombre de puissances nucléaires: il y en a désormais sept, et dans d'autres régions, des pays au seuil du nucléaire pourraient ouvertement accéder au statut d'Etat nucléaire s'ils le voulaient, que ce soit pour des raisons de sécurité ou de prestige. La question des essais menés en Asie du Sud ne doit donc pas être perçue seulement sous un angle régional. Nous demandons donc aux Etats nucléaires de prendre pleinement leurs responsabilités et de remplir leurs obligations envers le CTBT, tout en affirmant une volonté d'aller vers un désarmement nucléaire total.
La Malaisie est particulièrement concernée par la possibilité d'un conflit nucléaire déclenché par accident ou du fait d'un acte terroriste. Des efforts devraient être faits en vue de minimiser ce genre de possibilités, et à cet égard nous approuvons les propositions de la Commission de Canberra, soutenue par la Déclaration ministérielle de huit pays en vue de mettre les forces nucléaires hors d'état d'alerte. Nous approuvons la décision prise à cet égard par le Royaume-Uni, qui a mis hors d'alerte ses forces nucléaires sous-marines, ce qui va dans le sens de la prévention d'un conflit accidentel. Mais bien que le nucléaire soit aujourd'hui dans tous les esprits, la Malaisie tient à rappeler le nombre de victimes et de destructions causées par la prolifération des armes de petit calibre, qui a pris des proportions effrayantes au cours des dernières années. Bien qu'elles fassent partie des moyens de défense légaux des nations, ces armes déstabilisent désormais des sociétés entières et répandent le terrorisme. La communauté internationale devrait consacrer des moyens adéquats à leur contrôle.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) : mon pays s'est opposé et s'oppose encore aujourd'hui avec véhémence à tout mode d'essais nucléaires. Les essais menés cette année ont mis en avant une fois encore la nécessité et l'urgence de parvenir à l'élimination des armes nucléaires compte tenu du danger immédiat qu'elles représentent.
La communauté internationale doit continuer à travailler en faveur de l'objectif qu'est l'élimination totale des armes nucléaires et l'interdiction de leur développement, production, acquisition, essais, stockage, transfert et bien sûr utilisation ou menace d'utilisation. Mon pays soutient fortement la proposition en faveur de l'élimination absolue dans l'hémisphère Sud de toute présence d'armes nucléaires. Nous soutenons également la proposition en vue d'établir une zone régionale exempte d'armes nucléaires au Moyen-Orient, conformément aux résolutions qui s'y rapportent de l'Assemblée générale.
Nous souhaitons rappeler que le Parlement de mon pays a adopté la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs et comme frappant sans discrimination ainsi que ses quatre protocoles. Ils sont actuellement étudiés par la Cour
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constitutionnelle, la dernière étape avant sa ratification. Quant à la Convention d'Ottawa, mon gouvernement l'a déjà soumise au Parlement pour ratification.
Sur le dossier des armes légères et de petits calibres, mon pays soutient catégoriquement la convocation d'une conférence internationale sur le commerce illicite de ces armes.
M. U MYA THAN (Myanmar) : le tableau d'ensemble de la situation du monde en ce qui concerne les problèmes de sécurité est plutôt sombre. Le désarmement nucléaire est dans l'impasse; les négociations bilatérales entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie semblent avoir perdu de leur souffle. La Russie ne ratifiera pas START II, un traité que nous aimerions tous voir signé et ratifié rapidement par les deux puissances nucléaires majeures, à qui nous demandons aussi de commencer des négociations en vue d'un traité START III aussitôt que possible. Lors de la conférence historique d'examen du Traité de non-prolifération, tenue à New York en avril et mai 1995, les Etats parties, y compris les puissances nucléaires, ont pris des engagements solennels, et il est regrettable de constater que certaines puissances nucléaires ne les ont pas respectés. Une série d'essais nucléaires souterrains a été réalisée en Asie du Sud en mai de cette année, laquelle a démontré que l'instrument que représente le TNP n'est pas encore complètement efficace. Quoi qu'il en soit, le Myanmar s'oppose catégoriquement à tout essai nucléaire. Nous sommes favorables à l'interruption définitive de tous les essais nucléaires sous toutes leurs formes et origines.
Le Myanmar a travaillé, avec d'autres parrains, sur un projet de résolution en faveur du désarmement nucléaire que nous soumettrons au cours de cette session de l'Assemblée générale. Nous souhaitons qu'elle obtienne un large soutien des Etats Membres.
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