AG/SHC/356

SEULE L'INTENSIFICATION DES EFFORTS NATIONAUX ET DE LA COOPERATION A TOUS LES NIVEAUX PERMETTRA DE REALISER L'OBJECTIF D'UN MONDE SANS DROGUE

9 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/SHC/356


SEULE L'INTENSIFICATION DES EFFORTS NATIONAUX ET DE LA COOPERATION A TOUS LES NIVEAUX PERMETTRA DE REALISER L'OBJECTIF D'UN MONDE SANS DROGUE

19981009 La lutte contre les drogues doit être menée dans le strict respect de la souveraineté des pays et de la responsabilité partagée

Seule l'intensification des efforts nationaux et de la coopération internationale, régionale et sous-régionale permettra de parvenir à l'objectif d'un monde sans drogue, ont estimé les délégations au cours du débat sur la prévention du crime et la justice pénale, et le contrôle international des drogues. Toutefois, ont averti certaines délégations, il ne peut y avoir d'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays sous prétexte de la lutte contre les drogues. Ce combat doit être mené dans le strict respect des principes de la souveraineté des Etats et de la responsabilité partagée entre les pays producteurs, les pays consommateurs et les pays de transit.

Les délégations ont fait part des efforts que déploient leurs gouvernements en matière de lutte contre les drogues. Ainsi, le représentant du Liban a déclaré que son pays était parvenu à endiguer l'expansion des drogues sur son territoire. Selon le représentant de la Jordanie, on constate, par contre, dans la région, une recrudescence des cultures illicites, ainsi qu'une augmentation des drogues synthétiques. Le représentant de la Chine a indiqué, pour sa part, que son pays avait été le premier pays à interdire les stimulants de type amphétamine. Faisant remarquer que le continent africain continue d'être un fournisseur important de cannabis, malgré les campagnes d'éradication et les saisies, le représentant de la Guinée a mis en garde contre les risques d'accroissement de l'insécurité, de l'instabilité, du trafic d'armes et de la consommation de drogues dures dans les pays africains. Pour la Guinée, l'éradication du fléau de la drogue passe par l'élimination de la pauvreté et le développement, le renforcement de la stabilité politique et de l'autorité de l'Etat, et une justice équitable. Les représentants de l'Arabie saoudite et du Sénégal se sont fermement prononcés contre toute dépénalisation des drogues.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Koweït; Arabie saoudite; Egypte; Liban; Népal; Cuba; Jordanie; Chine; Israël; Sénégal; Guinée; et El Salvador (au nom du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua; et du Panama). Le Directeur de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a également pris la parole.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures.

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Suite du débat général

M. AL-KHURAINES (Koweït) a fait remarquer que, depuis le début des années 50, le contrôle des drogues figure en priorité dans l'agenda de son gouvernement. Un bureau chargé de la question a été pourvu de ressources humaines et financières adéquates et a ainsi été transformé en une administration structurée efficace. Le Code pénal du Koweït, a indiqué le représentant, prévoit des sanctions contre les trafiquants, les utilisateurs et les personnes se livrant au trafic ou favorisant le trafic des drogues. Une loi a été votée sur le contrôle et l'utilisation des stupéfiants, et un tableau des différents types de stupéfiants a été établi. Un décret destiné à contrer l'offre et la demande des stupéfiants réglemente l'importation, l'exportation, la production et la fabrication de médicaments et de substances psychotropes et prévoit des sanctions aux infractions en la matière. Un décret de la monarchie allant dans le même sens a été promulgué.

Le représentant a ajouté que le gouvernement a également créé un comité dont l'action vise essentiellement à coordonner les efforts privés avec ceux des organismes publics, à promouvoir les aspects préventifs du contrôle des drogues, et à sensibiliser, en coopération avec les médias, le public à ce problème. Ce comité coordonne aussi les activités des institutions régionales et internationales en ce qui concerne l'échange des informations et des expériences. Le Koweït, a insisté le représentant, mène donc une action d'envergure dans le domaine du contrôle des stupéfiants. Le gouvernement soutient les efforts de la société civile qui viennent consolider son action, car il estime que la lutte contre la drogue est une affaire collective, à la fois nationale, régionale et internationale. Le Koweït, a fait savoir le représentant, a ratifié en 1994 la Convention arabe pour la lutte contre les stupéfiants et les substances psychotropes.

M. NAIF BIN BANDAR AL-SUDAIRY (Arabie saoudite) a déclaré que le problème des drogues est complexe et constitue un fléau qui menace l'existence même de l'humanité. La lutte contre les stupéfiants exige des efforts conjoints. Il faut, en particulier, adopter des mesures pratiques en vue de mettre en oeuvre les accords et les engagements qui ont été pris dans ce domaine au niveau mondial. Pour l'Arabie saoudite, il est essentiel que les Etats renforcent le contrôle du trafic des précurseurs chimiques. Le représentant a également insisté sur la nécessité de renforcer le contrôle des mouvements suspects d'argent et la lutte contre le trafic des armes. Il faut promouvoir l'assistance judiciaire, et l'échange d'informations et d'expérience, a-t-il poursuivi. La consolidation de la coopération régionale est également indispensable. L'Arabie saoudite rejette toute dépénalisation des drogues, car cela est contraire à la religion et la dignité de l'homme, a-t-il conclu.

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M. LAMIA A. MEKHEMAR (Egypte) a souligné l'importance d'une coordination efficace des activités dans le domaine de la prévention du crime et celui du contrôle des drogues. En ce qui concerne la lutte préventive contre la criminalité, l'Egypte a pris diverses mesures, au travers de ses institutions, pour faire respecter l'Etat de droit dans le respect des libertés individuelles. Le gouvernement a, dans le but d'éradiquer la criminalité, renforcé son cadre juridique, fondé sur la structure de l'état, dans le respect des droits de l'accusé, de la réhabilitation des criminels jouissant de l'égalité des chances, et des bons traitements accordés aux prisonniers. L'Egypte a, par ailleurs, signé les traités et accords internationaux dans le domaine de la lutte contre la criminalité transnationale. L'Egypte se félicite des efforts accomplis par la communauté internationale pour la rédaction d'une convention contre la criminalité transnationale organisée et recommande dans ce cadre la création d'un comité intergouvernemental spécial.

S'agissant du contrôle des drogues, l'Egypte a souligné la nécessité de la réduction de la demande et de la lutte concertée contre le trafic illicite. Le Gouvernement a pris des mesures en la matière, ayant renforcé le contrôle des substances psychotropes, notamment par la réglementation de leur transport. Le Gouvernement a également renforcé sa législation pour contrôler les fonds suspects. L'Egypte cherche à harmoniser les aspects sociaux du problème et un pardon, doublé d'un traitement adéquat, est accordé aux toxicomanes qui se rendent aux autorités. Le Gouvernement prévoit également un traitement pour les délinquants coupables d'infractions mineures. Une autre de ses priorités est l'élimination des zones de cultures illicites. Selon le représentant, dans la lutte contre les drogues, un effort international coordonné est indispensable, qui doit se caractériser par la transparence.

M. HASSAN KASSEM NAJEM (Liban) a déclaré que l'augmentation de la production de drogues et la toxicomanie font de la question de la lutte contre les stupéfiants un problème international. Ce fléau menace les valeurs humaines et les structures économiques, sociales et culturelles de tous les peuples. Au niveau de la région arabe, le Conseil des ministres arabes a adopté une loi-cadre et un projet de convention relatif à la lutte contre la production et l'utilisation de substances psychotropes. Pour sa part, le Liban se félicite d'avoir endigué l'expansion des drogues. Malgré les conséquences de la guerre civile dont il continue de souffrir, et notamment l'occupation par Israël d'une partie de son territoire, le Liban a accordé la priorité à l'élimination du trafic de drogue. Partant, il souhaite recevoir de la communauté internationale l'assistance technique et financière dont il a besoin pour mettre en oeuvre des programmes à l'attention des populations touchées comme la région de Baalbek. Le Gouvernement libanais a besoin de cette aide, notamment pour des programmes de sensibilisation et de traitement des toxicomanes. Le Liban estime que la lutte contre la drogue pourra être gagnée si tous les Etats déploient des efforts et que ceux-ci sont coordonnés.

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M. SHANTI SHUMSHERE RANA (Népal) a rappelé que le Népal se préoccupe du problème de la consommation et du trafic de drogues, qui concerne un nombre croissant de personnes dans l'Asie du Sud. Il est urgent d'agir contre ces fléaux qui mettent en péril la jeune génération. Le Népal a prévu d'inclure un chapitre sur le contrôle de la drogue dans son 9ème Plan quinquennal, ce qui montre à quel point ce problème le préoccupe. Le représentant a également rappelé que le Népal a approuvé la "politique nationale de contrôle de la drogue et la stratégie de réduction de la demande de drogues". Des mesures prises par les autorités népalaises en matière de lutte contre la drogue sont en conformité avec les conventions des Nations Unies de 1961 et 1988.

Le représentant a rappelé que le problème du trafic de drogues requiert une vigilance constante de la part de la communauté internationale, et en particulier des organisations non gouvernementales et de la société civile qui ont un rôle de plus en plus important à jouer dans ce combat. Le Népal insiste également sur la nécessité d'une meilleure formation du personnel concerné et sur la réhabilitation et la réintégration sociale des consommateurs de drogues. Une formation adéquate est aussi nécessaire pour ceux qui sont chargés de contrôler la production, la fabrication et le trafic de stupéfiants. Cela demande une coopération accrue à tous les niveaux.

M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que la coopération internationale dans la lutte contre la drogue doit continuer à reposer sur le respect du droit international, et en particulier de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et du renoncement à la menace et au recours à la force dans les relations internationales. Les concepts de la responsabilité partagée et de l'intégrité dans l'examen de toutes les phases du processus depuis la production jusqu'à la distribution doivent continuer à guider les relations entre les Etats dans ce domaine. Cuba condamne à nouveau les mesures unilatérales prises par les Etats qui s'arrogent le rôle d'arbitre international de la bonne conduite, alors que les maigres résultats de leurs efforts nationaux ne correspondent pas à leur responsabilité dans ce problème au niveau mondial.

Au niveau national, la coopération avec le PNUCID a permis d'améliorer la formation du personnel impliqué dans la lutte contre les drogues, ainsi que de renforcer le matériel de support technique nécessaire. Cuba appuie le travail de l'Organe international de contrôle des stupéfiants en tant que seule autorité indépendante au niveau mondial qui soit compétente pour évaluer de manière objective et équilibrée les efforts des Etats. La drogue n'est pas un problème social à Cuba; nos efforts constituent une contribution à la lutte de la communauté internationale contre ce fléau. Etant donné sa situation au coeur des Caraïbes, une région vulnérable au trafic de drogues, Cuba attache une grande importance à la coopération à tous les niveaux. Le Gouvernement cubain a montré maintes fois sa volonté d'empêcher que son territoire ne soit utilisé pour le transit des drogues illicites. Entre 1994 et 1997,

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les autorités cubaines ont saisi 95 millions de doses de cocaïne, empêchant ainsi leur consommation dans les pays auxquels elles étaient destinées. Cuba a conclu des accords de coopération bilatérale en matière de lutte contre la drogue avec 17 pays, dont 15 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, a encore précisé le représentant.

M. SAMER ANTON NABER (Jordanie) a fait observer que, par sa situation géographique entre des zones de production et de consommation de drogues, son pays est investi d'un rôle de sauvegarde. La Jordanie veut en effet préserver à la fois ses citoyens et ses voisins de ce fléau. Les cultures illicites, idéalement, devraient être éradiquées, mais les statistiques locales indiquent une recrudescence de la production des plantes servant à la fabrication des stupéfiants, ainsi qu'une augmentation des précurseurs et des drogues synthétiques. Les autorités jordaniennes sont conscientes de la nécessité d'une stratégie équilibrée pour lutter efficacement contre la contrebande, le trafic et la demande de drogues. Estimant que la demande représente un problème essentiel, les autorités ont lancé des campagnes d'information et de sensibilisation.

Dans le même sens, le Ministère de l'éducation a incorporé des textes aux programmes scolaires, destinés à sensibiliser les enfants et les adolescents au danger des drogues, et des institutions privées ont organisé des séminaires d'information. La presse écrite a également soutenu cet effort pour "un avenir sans drogues" par la publication de nombreux articles. Le Ministère de la santé et de l'intérieur ont programmé de concert la réhabilitation des toxicomanes, à qui a été reconnu le droit de se faire traiter et d'être à l'abri des sanctions. La législation nationale sur les drogues a été renforcée : elle prévoit des peines plus longues pour les trafiquants, ainsi que la confiscation des revenus issus du trafic.

M. YANG XIAOKUN (Chine) a souhaité une intensification de l'action des Nations Unies en ce qui concerne la lutte contre les stupéfiants, et, en particulier, l'application des stratégies et des mesures décidées lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. Il a aussi plaidé en faveur d'un renforcement de la coopération internationale, régionale et sous- régionale dans ce domaine. Pour sa part, la Chine accorde une importance égale à la réduction de la demande et de l'offre de stupéfiants. Le Gouvernement a mis en oeuvre le Programme mondial d'action, a réprimé sévèrement le trafic aux frontières et interdit la culture du pavot à opium. Les campagnes d'information et de sensibilisation de l'opinion publique ont été intensifiées. La Chine est le premier pays à avoir interdit les stimulants de type amphétamine, a affirmé le représentant. Le Gouvernement a mis en oeuvre le système de licences à l'exportation qui couvre les produits chimiques listés par l'ONU depuis 1993 et le système de licences à l'importation depuis 1996. Différentes tentatives de détournements de précurseurs vers des circuits illicites ont été contrées au cours

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des dernières années, ainsi que la contrebande de ces produits vers d'autres pays. La coopération avec les unités anti-drogues d'autres pays a permis d'empêcher l'entrée d'amphétamines sur le territoire chinois.

Sur le plan bilatéral, la Chine a activement participé au développement de cultures de remplacement dans des régions qui se consacraient auparavant à la culture de l'opium, en particulier dans les zones frontalières du Triangle d'or. Pour la Chine, une lutte efficace contre les stupéfiants exige un renforcement de la coopération internationale, dans le respect du principe de la souveraineté des pays, d'une large participation et de la responsabilité partagée. Les pays de transit, de consommation et de production doivent tous assumer leurs responsabilités à part égale et joindre leurs efforts. Il ne peut y avoir d'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays sous prétexte de la lutte contre les drogues.

Mme ORLI GIL (Israël) a indiqué que les efforts déployés par son pays en matière de prévention du crime et de justice pénale exigent non seulement que la police soit sensible aux libertés fondamentales et à la dignité humaine, même dans les cas les plus difficiles, mais également qu'elle soit guidée par des valeurs fondamentales. Cet élément est particulièrement important au sein d'une société multiculturelle aux valeurs conflictuelles. Ainsi, un programme de déontologie doit être soigneusement et fermement appliqué à chaque étape de l'application de la loi. A cette fin, un fonctionnaire chargé de l'enseignement de la déontologie a été nommé par la Force de police israélienne dans les années 80 en vue d'intégrer la morale professionnelle dans chaque cours de formation des membres de la police nationale. L'objectif vise à sensibiliser les officiers de police aux droits civils et d'élaborer un code de déontologie leur servant de guide pour s'acquitter efficacement de leur rôle. Tous les officiers de police suivent une formation de base de deux mois dans ce domaine. La police a adopté une série de mesures récentes portant sur la sélection de nouveaux officiers de police; la tenue d'ateliers sur les procédures de l'interrogatoire, la prévention de la violence, les droits de l'homme et l'égalité. L'Association pour les droits civils en Israël - organisation non gouvernementale - a reconnu les efforts de la police dans la mise en oeuvre de cette approche.

L'adoption de la Loi fondamentale "Liberté et dignité humaines" en 1992 a été à la base d'une nouvelle réglementation régissant l'arrestation et la détention, entrée en vigueur en mai 1998. Ces textes ont permis de réduire le nombre d'arrestations injustifiées. La gravité du délit ne constitue pas en soi un fondement pour la détention après qu'un acte d'accusation ait été soumis. Le nouveau texte détermine les conditions de la détention et permet à un suspect de prendre contact avec un avocat dès la phase préliminaire de l'instruction et le suspect doit être immédiatement informé de ce droit. Les droits fondamentaux des détenus ont été établis conformément à la jurisprudence de la Cour suprême d'Israël et ont contribué à maintenir des conditions de vie acceptables pour la population carcérale.

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M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a souligné que l'Afrique, est devenue une place forte dans les transactions illicites de stupéfiants et de substances psychotropes. Elle est, aujourd'hui, un grand fournisseur de cannabis et de résine de cannabis sur les marchés mondiaux. Elle n'a pas les moyens nécessaires de faire face seule, à ce trafic, largement favorisé par les conflits régionaux, la porosité des frontières inter-Etats et la crise économique et sociale.

Le représentant a rappelé que l'Organisation de l'unité africaine comme la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont pris en charge le dossier "drogues". La CEDEAO a déjà mis en place, au sein de son Secrétariat exécutif, une cellule de coordination de la lutte antidrogue. Elle a aussi adopté un Plan d'action sous-régional de lutte contre la drogue, complété par deux Conventions de coopération judiciaire. Ce combat requiert une large convergence des actions et des initiatives ainsi que l'implication et la mobilisation des opinions publiques, des organisation non gouvernementales, de la société civile, des milieux politiques et confessionnels, des syndicats, des mouvements ou associations de femmes et de jeunes.

L'action antidrogue menée par le Sénégal s'inspire de cette démarche. Le Sénégal a créé, dès 1965, une Commission nationale des stupéfiants transformée, aujourd'hui, en Comité interministériel de lutte contre la drogue. Il dispose aussi d'un Code des drogues élaboré avec la coopération du PNUCID et a ratifié toutes les Conventions des Nations Unies de 1961, 1971 et 1988.

Une bonne législation antidrogue ne suffit pas à elle seule. Elle doit être traduite dans les faits. Le Sénégal, qui s'oppose à la dépénalisation des drogues, pense qu'une étude devrait être menée sur l'état des drogues en Afrique. Il recommande également que l'on accorde davantage d'attention au volet "Information, Education, Formation" et à la prise en charge des toxicomanes.

M. HADJA CAMARA MAHAWA BANGOURA (Guinée) a fait remarquer que malgré les actions d'éradication et les saisies importantes effectuées dans certains pays, le continent africain continue d'être un fournisseur de cannabis et de résine de cannabis sur les marchés illicites d'Afrique et d'ailleurs. Plusieurs pays sont devenus d'importants centres de transit de la cocaïne et de l'héroïne en provenance d'autres régions. L'abus des drogues y est en hausse, en particulier dans certaines grandes villes, et le cannabis occupe toujours une place prépondérante. L'amélioration des liaisons aériennes, maritimes et terrestres a favorisé cet état de fait, tout comme les mauvaises performances économiques du continent, l'instabilité politique ainsi que les bénéfices générés par le trafic des stupéfiants. Ces phénomènes pourraient entraîner les effets néfastes constatés ailleurs tels que la consommation de drogues dures, le trafic illicite des armes, la criminalité et l'insécurité.

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En ayant à l'esprit que seule la coopération internationale peut contribuer efficacement à la recherche et à la mise en oeuvre de solutions susceptibles de combattre ce phénomène, la délégation guinéenne réaffirme que la résolution des problèmes de la pauvreté et du développement, le renforcement de la stabilité politique et de l'autorité de l'Etat ainsi que la garantie de la justice sont des conditions indispensables à la création et à la protection d'une société libérée du fléau de la drogue. La Guinée salue les actions entreprises par le PNUCID en Afrique et souhaite les voir complétées par celles d'autres agences, fonds et programmes des Nations Unies.

Le Gouvernement guinéen lance par ailleurs un appel à la communauté internationale afin d'apporter l'assistance nécessaire à l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI).

Le représentant a, enfin, souligné qu'en dépit des difficultés et obstacles auxquels le Gouvernement et le peuple guinéen restent confrontés, ils restent déterminés à oeuvrer inlassablement à la poursuite et à l'aboutissement de leurs actions en matière de lutte contre la drogue et les substances psychotropes. Ce combat implique une collaboration accrue entre les différents acteurs mais aussi et surtout l'octroi de ressources et de l'assistance nécessaire à la mise en oeuvre des conventions respectives sur la drogue.

M. SADIG RASHEED, Directeur de la Division des programmes du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a déclaré que la production, le trafic et la consommation de drogues sapaient les droits des enfants de par le monde et avaient un impact négatif direct et indirect sur leur santé, leur développement, leur potentiel et leurs chances, tout en affectant des familles et des communautés qui étaient déjà vulnérables et désavantagées. La santé et le développement des jeunes font partie des priorités du Programme de l'UNICEF pour la période 1998-2000. L'UNICEF mettra l'accent sur une série de problèmes et de comportements à risque résultant du manque de protection des droits des jeunes en matière de santé et de développement. Ceux-ci incluent les drogues, l'alcool et le tabac; les relations sexuelles forcées et non protégées; les accidents et la violence. Le Programme s'efforcera de promouvoir les droits des jeunes à l'information et à la formation, l'accès à l'éducation, aux services de santé, aux loisirs et à la justice; de promouvoir un environnement sûr et favorable, libre de toute exploitation et abus; et de promouvoir les opportunités de participation. Les stratégies comprennent des politiques nationales, des interventions dans les écoles, la participation des organisations non gouvernementales (ONG), et des médias et centres de loisirs.

L'UNICEF a participé au Forum de prévention de l'abus de drogues chez les jeunes organisé par le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), en avril dernier, au Canada et, en collaboration avec le PNUCID et l'UNESCO, le Fonds a participé à

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la planification et l'organisation des manifestations qui se sont déroulées parallèlement à la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les drogues en juin dernier. L'UNICEF a aussi oeuvré, avec ses partenaires, pour que la Déclaration de Lisbonne adoptée à l'issue de la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse mette l'accent, à côté des drogues, sur la consommation du tabac et l'abus d'alcool qui menacent la santé et le développement des enfants et des jeunes. L'UNICEF va lancer une initiative majeure avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la Banque mondiale et d'autres partenaires sur le tabac dont le thème sera : une génération de jeunes libérés du tabagisme.

M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador), prenant la parole au nom du Costa Rica, du Guatemala, du Honduras, du Nicaragua et du Panama, a déclaré qu'en Amérique centrale, les gouvernements ont adopté des mesures communes en vue de diminuer et, si possible, éliminer les effets nocifs de la drogue dans leur sous-région. Ces mesures comprennent la formulation de politiques régionales, des accords de coopération et d'entraide entre les organismes régionaux chargés de lutter contre le trafic illicite des drogues, des opérations conjointes, ainsi que l'échange d'informations et l'entraide judiciaire. Tout ceci dans le cadre de l'application du Programme d'action contre la drogue adopté en août 1994, au cours du 15ème Sommet des chefs d'Etat d'Amérique centrale.

L'El Salvador a exprimé son engagement renforcé avec l'Alliance de l'Amérique centrale pour le développement durable et a réaffirmé sa détermination à lutter contre le trafic des drogues et la criminalité. Les autorités nationales compétentes et la Commission permanente d'Amérique centrale pour l'élimination de la production, du trafic et de la consommation illicites des substances psychotropes ont été chargées de présenter des rapports sur les obstacles rencontrés et les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Programme et du Plan d'action sur la drogue adoptés à Guacimo.

S'agissant de la réduction de la demande, les gouvernements d'Amérique centrale ont centré leurs efforts sur l'établissement de diagnostics, qui confirment une tendance croissante à l'augmentation de la consommation des drogues chez les adolescents et les enfants. L'accent est donc mis sur la prévention, l'éducation, et les actions communautaires visant à la sensibilisation. Un effort de concertation entre les gouvernements d'Amérique centrale, les ONG et la société civile a vu le jour, afin de permettre une approche multisectorielle et intégrée du problème. Des réformes législatives ont aussi été adoptées pour contrer le blanchiment de l'argent et renforcer l'entraide judiciaire. Enfin, on assiste à l'émergence de nouvelles doctrines promouvant une coopération accrue entre les forces armées de la région pour le nouveau millénaire, notamment en ce qui concerne les actions conjointes de lutte contre les drogues et le trafic illicite des drogues et contre le trafic international d'armes et d'explosifs.

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