AG/819

L'AFRIQUE EXHORTEE A L'ASSEMBLEE GENERALE A INVESTIR DANS SON DEVELOPPEMENT PLUTOT QUE DANS LES ARMEMENTS

9 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/819


L'AFRIQUE EXHORTEE A L'ASSEMBLEE GENERALE A INVESTIR DANS SON DEVELOPPEMENT PLUTOT QUE DANS LES ARMEMENTS

19981009 le poids du passé colonial de l'Afrique reconnu comme facteur aggravant des conflits

A la reprise, cet après midi, de l'examen du point 164 de l'ordre du jour de l'Assemblée générale consacré aux causes des conflits et à la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, la majorité des délégations a déploré que les Etats africains consacrent encore tant de leurs ressources à des dépenses d'armements au détriment du développement. Elles ont également appelé la communauté internationale à appliquer un contrôle plus strict sur la circulation des armes de petits calibres qui alimente les conflits sanglants.

De nombreux intervenants ont en outre insisté sur le poids de l'héritage colonial qui a bouleversé les réalités ethniques africaines. Toutefois, ils ont estimé que le legs du passé ne devait pas servir d'excuse et que l'Afrique devait continuer le processus de démocratisation et de réforme économique dont les succès sont significatifs.

L'ensemble des participants au débat a salué le travail de l'OUA et des organisations sous-régionales et appelé à un renforcement de la coopération entre l'ONU et l'OUA en matière de prévention et de résolution des conflit et de consolidation de la paix.

L'Assemblée générale a entendu les interventions des représentants des pays suivants : Namibie, Lesotho, République-Unie de Tanzanie, Zambie, Japon, Brésil, Sénégal, Yémen, Afrique du Sud, Etats-Unis, Fédération de Russie, Nigéria, Norvège, Emirats arabes unis, Chili, Swaziland et Kenya.

Elle poursuivra son débat sur ce point, lundi 12 octobre, à partir de 15 heures, après avoir examiné, au titre du point 8 de son ordre du jour, une lettre du Président du Comité des conférences.

LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D'UNE PAIX ET D'UN DEVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE (A/52/871)

Déclarations

M. GERHARD THERON (Namibie), s'exprimant au nom des Etats d'Afrique australe, a indiqué qu'il n'était pas possible que le Conseil de sécurité soit le seul organe à discuter des problèmes et défis qui se posent à l'Afrique. L'Assemblée générale ainsi que les autres organes des Nations Unis devraient également contribuer à la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général. M. Theron a en outre estimé que la baisse constante des ressources allouées au développement, contribue largement à l'incapacité du continent d'être autosuffisant. Afin de soutenir les politiques de développement de l'Afrique, il faut maintenir et accroître l'aide au développement, a-t-il déclaré ajoutant qu'il fallait tenir compte du rôle important que les femmes jouent dans la résolution des conflits et la promotion d'un développement durable. Il a lancé un appel aux détenteurs de créances occidentaux pour qu'ils effacent la dette extérieure de l'Afrique en signe d'engagement politique concret à aider les pays africains à se développer et a plaidé pour un partenariat commercial juste et équitable entre pays développés et pays en développement. Il a mis l'accent sur les efforts que déploient de leur côté les pays de l'Afrique australe pour promouvoir la coopération économique et l'intégration régionales.

M. Theron a en outre insisté sur l'importance de poursuivre les efforts en matière de relèvement de la paix après un conflit, de relèvement et de soutenir les initiatives de paix. Le maintien de la paix devant rester la priorité de tous, il a exprimé l'espoir que les résultats de ces délibérations contribueront à assurer à long terme la stabilité, la paix, la croissance et le développement durables du continent. Il a insisté sur la nécessité d'une coopération étroite entre les organisations régionales, sous-régionales et internationales.

M. PHAKISO MOCHOCHOKO (Lesotho) a exprimé l'espoir que vu la situation au Lesotho, le Secrétaire général et la communauté internationale s'impliqueront plus activement dans le soutien des efforts que déploie le pays pour consolider la paix et prévenir le retour de la confrontation armée grâce à une assistance aux régions afin qu'elles puisent rétablir les activités génératrices de salaires. Il a insisté sur le fait que des efforts concertés entre l'Afrique et la communauté internationale ainsi que des contributions coordonnées sont essentiels pour la résolution des conflits et l'élimination de leurs causes. De plus, l'Afrique doit démontrer sa volonté de recourir à des moyens de règlement des conflits autres que la force. Un soutien en faveur des initiatives régionales et sous-régionale est nécessaire et souhaitable du fait que les Nations Unies manquent de la capacité, des ressources et de l'expertise nécessaires pour traiter les problèmes de l'Afrique. Ce qui s'est passé au Lesotho démontre qu'il faut des efforts plus concertés entre les organisations régionales pour résoudre les conflits. A cet effet, les efforts de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de

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l'Ouest (CEDEAO) et de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe notamment en Sierra Leone, en République démocratique du Congo et récemment au Lesotho doivent être poursuivis. La communauté internationale devrait ainsi compléter plutôt que supplanter les tentatives de l'Afrique à résoudre ses problèmes.

En ce qui concerne le trafic des armes de petit calibre, il convient de mettre en place des mesures de contrôle plus efficaces afin d'enrayer leur prolifération. Le fait d'aider l'Afrique à mettre en oeuvre une cohésion sociale, à restaurer l'autorité et la légitimité des Etats, à garantir la sécurité et à renforcer sa capacité de dialogue sur les problèmes de sécurité permettront de réduire le besoin d'armes. Le représentant appelle les Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales à prendre des mesures immédiates visant à contrôler l'accumulation et le transfert des armes de petit calibre dans les zones de conflits. Le représentant a lancé un appel à toutes les parties en conflit notamment en RDC, Angola et en Sierra Leone a mobiliser la volonté politique nécessaire afin de donner un nouvel élan à la paix.

M. DAUDI M. MWAKAWAGO (Republique-Unie de Tanzanie) s'exprimant au nom de la sous-région de l'Afrique orientale a déclaré qu'il ne peut y avoir de paix véritable là où règne l'injustice. Parmi les facteurs aggravants de la pauvreté en Afrique, il a cité le fardeau de la dette qui engloutit les revenus d'exportation, le déclin de l'aide publique au développement, la chute des cours des produits de base, le renforcement des mesures protectionnistes et les effets étouffants des programmes d'ajustement structurel, toutes choses peu attrayantes pour l'investissement étranger direct. M. Mwakawago a insisté sur la nécessité de prendre des mesures spécifiques et volontaires en faveur de l'annulation de la dette des Etats africains, particulièrement pour les Etats les moins avancés et a rappelé que l'Afrique avait besoin d'un partenariat mondial.

Concernant le problème que les afflux de réfugiés posent aux pays hôtes, M. Mwakawago a informé l'Assemblée du fait que la Tanzanie accueille un nombre croissant de réfugiés du fait des conflits en République démocratique du Congo et au Burundi. Il s'est déclaré préoccupé par le manque d'intérêt de la communauté internationale pour les pays hôtes, il a attiré l'attention sur le caractère destabilisateur de cet afflux de réfugiés et en a appelé à l'aide internationale en ce domaine. Il a formé le voeu que l'Assemblée générale adopte une résolution alliant les objectifs de paix et de stabilité à ceux de développement.

M. PETER L. KASANDA (Zambie) s'est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général replace les problèmes de l'Afrique dans une juste perspective. La situation en Angola ne cesse de se détériorer et la Zambie est très préoccupée par le fait que l'espoir de paix et de stabilité né de la signature du Protocole de Lusaka n'a pas été réalisé jusqu'à présent. Le représentant a affirmé que la Zambie ne peut pas se permettre d'abandonner le peuple angolais pas plus que ne peut le faire la communauté internationale qui

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par l'intermédiaire du Conseil de sécurité doit réaffirmer son autorité et utiliser sa sagesse pour faire en sorte que le processus de paix en Angola soit remis sur les rails. En ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo, la Zambie a été active dans la recherche avec les dirigeants régionaux d'une solution de paix et à cet égard les leaders de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe ont accompli un excellent travail. Mais leurs efforts doivent être soutenus par la communauté internationale, étant donné qu'ils sont destinés à enrayer la menace contre la paix et la sécurité dans le monde.

Le plus grand défi que doit relever l'Afrique est la réduction de la pauvreté. La Zambie a déclaré qu'elle s'engage à parvenir à une réduction d'au moins 50% de la couche sociale la plus démunie en 2004.

Alors que le développement est d'abord lié à un effort national, la communauté internationale doit également appuyer ces efforts. L'accès aux marchés doit être facilité car c'est un facteur clé générateur de la croissance. Les pays développés doivent également résister à la tendance au protectionnisme. De plus, la dette des pays africains doit être réduite de façon significative au delà de l'objectif de 80 % internationalement concerté. Etant donné que l'Afrique est très dépendante des emprunts à des conditions de faveur, la reprise de l'accord de l'Association pour le développement international est vital. La tendance à la baisse de l'aide publique au développement doit également être inversée.

M. MASKI KONISHI (Japon) a fait remarquer que l'Afrique a fait des progrès dans les domaines politique, économique et social qui permettent d'envisager les perspectives d'avenir de façon positive. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire tant par les Etats eux-mêmes que par la communauté internationale pour prévenir les crises qui risquent d'anéantir les progrès réalisés. Le Japon plaide pour une approche globale et demande la mise en oeuvre d'une nouvelle stratégie pour le développement. Pour sa part, le Japon a contribué à promouvoir le concept de prévention des conflits et à développer un cadre conceptuel pour une stratégie préventive faisant participer les Nations Unies, les organisations régionales, les Etats Membres et la société civile. M. Konishi a souligné l'importance de la prévention des conflits et de la reconstruction après un conflit qui, tout en restaurant la stabilité sociale, est aussi une condition du développement.

Par ailleurs, M. Konishi a estimé que l'Assemblée générale et le Conseil économique et social avaient un rôle majeur à jouer aux côtés du Conseil de sécurité qui ne saurait, seul, régler tous les problèmes de l'Afrique. Il les a appelé à agir d'urgence pour mettre en oeuvre les recommandations du Secrétaire général qui sont de leur ressort. De son côté, le Japon est déterminé à contribuer à ce processus en coopération avec les pays qui partagent sa vision.

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M. HENRIQUE VALLE (Brésil) s'est déclaré satisfait de ce que l'Assemblée ait la possibilité d'approfondir le débat amorcé par le Conseil de sécurité en avril dernier et la réunion ministérielle du Conseil du 24 septembre. Il a ajouté que sa délégation s'intéressait particulièrement aux moyens de faire appliquer l'Article 65 de la Charte selon lequel l'ECOSOC informe et assiste le Conseil de sécurité.

M. Valle a déclaré que le Brésil est favorable à la proposition du Secrétaire général de convoquer une réunion ministérielle du Conseil de sécurité sur une base bisannuelle, mais qu'il estime que le Conseil de sécurité n'est pas l'organe des Nations Unies le plus approprié pour connaître des causes des conflits ou de leurs aspects économiques et sociaux. Selon lui, seule l'Assemblée générale, grâce à la légitimité de son universalité, a l'autorité morale nécessaire pour demander aux organes des Nations Unies de répondre à la volonté politique réclamée par le Secrétaire général. Il a exhorté les représentants des divers Gouvernements présents d'harmoniser leurs voix afin d'assurer la coopération et les coordinations nécessaires à la réalisation de leurs objectifs, sachant que la paix et la prospérité de l'Afrique étaient indispensables à la stabilité mondiale.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) s'est félicité du rapport du Secrétaire général qu'il a qualifié de franc, incisif, global et prospectif. Le représentant a précisé qu'à côté des conflits classiques, des conflits d'un type nouveau font leur apparition en Afrique. En conséquence, le Sénégal estime qu'il est de la plus haute importance de développer dans ce cadre une approche novatrice, dynamique et pluridisciplinaire qui tienne à la fois compte de la diversité des sources des conflits, de la nature des nouveaux acteurs et des mutations inédites qui marquent la scène politique africaine. L'action de l'OUA et ses initiatives devraient être davantage appuyées par l'ONU et l'ensemble de la communauté internationale dont la contribution au Fonds de la paix de l'OUA est vivement souhaitée. La consolidation de la paix mérite d'être davantage prise en considération et implique surtout une assistance économique, financière et humanitaire pour la réinsertion dans le tissu social des combattants, des réfugiés et autres personnes déplacées. Le représentant a rappelé que la paix n'est pas seulement l'absence de guerre, elle englobe aussi le développement. L'Assemblée générale, et les autres organes des Nations Unies, y compris les institutions de Bretton Woods devraient, aujourd'hui plus que par le passé, prendre en compte les sérieuses contraintes de développement auxquelles l'Afrique fait courageusement face. De plus, l'aide publique au développement devrait être renforcée au lieu d'être réduite d'année en année, les programmes d'ajustement devraient être davantage compatibles avec la paix sociale, la portée de l'initiative conjointe Banque mondiale FMI en faveur des pays pauvres très endettés devrait être élargie, la question de la dette africaine devrait être examinée et des solutions acceptables devraient rapidement être trouvées. Il faut en outre réexaminer les mécanismes de l'OMC pour mieux les adapter aux intérêts et préoccupations des pays africains. En un mot, la communauté internationale doit s'orienter vers l'élaboration d'un "Plan Marshall pour l'Afrique".

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M. MOHAMED SAAD ALI (Yémen), se félicitant du rapport du Secrétaire général qui constitue une base essentielle pour trouver des solutions aux problèmes de l'Afrique, a insisté sur la nécessité de traduire ses recommandations en action et de déployer des efforts communs et coordonnés. Le Yémen, du fait de ses liens historiques et des intérêts communs qu'il partage avec le continent, est particulièrement intéressé par ce qui s'y passe. La République du Yémen subit en effet les conséquences positives comme négatives des événements qui s'y déroulent. Pour preuve, M. Saad Ali a cité les souffrances de son pays en tant que voisin de la Corne de l'Afrique. Le Yémen a toujours essayé de trouver des solutions pour aider les pays de la région à surmonter leurs difficultés. A cet égard, il considère que la coopération entre les pays de la région, grâce à l'aide de l'OUA et de l'ONU est extrêmement importante et nécessaire pour trouver une solution à la crise en Somalie. Malgré l'expérience amère des Nations Unies en Somalie, il faut intensifier les efforts pour obtenir des résultats. Il faut également trouver une solution à la question des réfugiés somaliens dont beaucoup ont été accueillis par le Yémen malgré ses ressources limitées et ses difficultés propres. A cet égard, le Yémen considère que les ressources du Haut Commissaire pour les réfugiés ne sont pas à la hauteur des besoins des réfugiés somaliens et qu'il convient de les réévaluer. Concernant le conflit entre l'Erythrée et l'Ethiopie, le Yémen a insisté sur la nécessité de trouver une solution rapide car celui-ci à des conséquences néfastes sur tous les pays riverains de la mer Rouge.

M. KHIPHUSIZI JELE (Afrique du Sud) a déclaré qu'il était important de tenir compte de l'héritage du passé sans pour autant qu'il serve d'excuse. Il a affirmé que la démocratie doit s'accompagner du développement économique et qu'un partenariat authentique doit s'instaurer avec les pays développés. Il a fait remarquer que la plupart des pays d'Afrique ploient sous le poids de l'endettement extérieur et qu'il est plus que jamais nécessaire que les pays développés revoient les principes de l'aide publique au développement. Il a déploré que les effets de la mondialisation sont souvent tragiques pour les économies africaines mais il a estimé que la situation n'est cependant pas si sombre si l'on en juge par les progrès accomplis par la Communauté pour le développement de l'Afrique australe. Toutefois, il s'est étonné du fait que l'investissement direct étranger semble toujours fuir l'Afrique et a recommandé la mise au point d'une politique d'investissement différente afin d'aider réellement l'Afrique.

M. Jele s'est alarmé du fait que l'Afrique a le plus grand arsenal d'armes de petit calibre notamment du fait du trafic illicite de ces armes, ce qui contribue a accroître les actes de violence. Il a rappelé que l'Afrique du Sud soutient les propositions de renforcement des instruments internationaux contre le trafic illicites d'armes et sur le contrôles des armes classique. Il a également recommandé que les dépenses d'armement soient réduites car ces ressources seraient mieux employées au développement.

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Rappelant que l'Afrique a besoin d'aide humanitaire, il a déclaré que l'Afrique du Sud soutient l'appel du Secrétaire général afin que des contributions soient versées aux fonds pour l'Afrique, et a exhorté les parties aux conflits en cours à respecter les normes internationales afin de ne pas entraver le travail des missions humanitaires.

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) nous partageons l'avis du Comité exécutif sur l'assistance humanitaire qu'il faut définir les principes communs à partir desquels nous pourrons élaborer les conditions de la fourniture de l'assistance humanitaire.

Dans des domaines tels que le développement, la sécurité alimentaire, la santé, l'aide humanitaire et l'assistance électorale, le partenariat entre l'Afrique et les Nations Unies s'est resserré et enrichi. Les recommandations du Secrétaire général dans son "Rapport sur les causes de conflit et la promotion d'un développement pacifique et durable" reflètent parfaitement les programmes et les priorités de l'Agence américaine pour le développement international ainsi que les initiatives annoncées par le Président Clinton dans son texte intitulé "Partenariat pour la croissance et l'opportunité économique en Afrique."

Malheureusement, des frontières de l'Erythrée et de l'Ethiopie jusqu'en Afrique centrale et du sud, il y avait des nations qui s'acheminaient vers la paix, la bonne gouvernance et le développement durable et qui sont à nouveau en proie aux conflits et à la violence. Les Etats-Unis se sont engagés à les aider à résoudre ces conflits. Ils estiment que les organisations régionales et sous-régionales peuvent apporter leur concours et encourager et préserver la stabilité en Afrique. Nous demandons avec force à la communauté internationale de continuer à assister ces dernières dans leurs efforts en faveur d'une nouvelle destinée pour le peuple africain.

M. YURI FEDOTOV (Fédération de Russie) s'est félicité de ce que le Conseil de sécurité ait déjà pris des mesures pour la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général. Le Groupe de travail établi par le Conseil de sécurité a permis d'arriver à un accord concernant le soutien aux efforts régionaux et sous-régionaux visant à promouvoir la prévention des conflits et à accroître l'efficacité de l'embargo sur le trafic d'armes. Le représentant a rappelé qu'il faut renforcer le potentiel de l'Afrique à prévenir les conflits et à cet égard il faudra que les sanctions soient mieux ciblées. Les critères doivent être plus précis en ce qui concerne le déploiement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Une des composantes essentielles de la nouvelle stratégie devrait être un système basé à la fois sur la prévention et la résolution des conflits. Cela requiert des efforts conjoints de l'Afrique et des pays voisins. Tout en reconnaissant que la responsabilité du développement incombe aux pays africains il a soutenu que la coopération internationale est essentielle en matière d'assistance technique et la Fédération de Russie est prête à mobiliser son potentiel à cet effet. De plus, il a rappelé qu'il faut adopter une approche intégrée face aux défis de la mondialisation qui tienne compte de plusieurs facteurs et

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notamment du respect des droits de l'homme qui est indispensable à une paix solide. Le représentant a insisté sur le fait qu'il faut renforcer le potentiel de l'Afrique en matière de maintien de la paix. Concernant les mines terrestres antipersonnel, la Fédération de Russie est tout à fait disposée à mettre son potentiel technique à la disposition des Etats africains.

M. G.S. AKUNWAFOR (Nigeria) a remarqué la diminution du nombre des actions concrètes menées pour répondre aux problèmes socio-économiques du continent africain. Pourtant, bien que cette assemblée ait proclamé la période allant de 1997 à 2006 première Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté, les causes profondes de la pauvreté sont encore très enracinées, qu'il faudra se décider à extirper par des actions concrètes dans les secteurs clés de la santé, de la sécurité alimentaire, de et l'environnement. Seuls quelques pays atteignent la cible des 0.7% du PNB consacrés à l'aide au développement rappelé par le Sommet de Copenhague. La situation de la dette extérieure est une autre question sur laquelle les efforts doivent se porter. L'annulation totale de la dette doit être sérieusement envisagée pour permettre au continent de faire face à son développement. A cet égard, le rôle des institutions de Bretton Woods comme promotrices du développement socio-économique est crucial. Le Groupe africain présentera une résolution qui répondra à ces problèmes dans une perspective économique et sociale devant cette assemblée. Nous attendons de nos partenaires pour le développement qu'ils s'engagent à atteindre les objectifs d'élimination des causes de conflit en Afrique et de promotion d'une croissance économique et d'une paix durables.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré qu'il était de la plus haute importance que la communauté internationale et les pays africains examinent ensemble, les moyens de faire face aux conflits armés qui font rage dans plusieurs régions du continent. La Norvège appuie pleinement la position du Secrétaire général lorsqu'il insiste sur l'importance d'avoir la volonté politique de traiter les défis auxquels est confrontée l'Afrique, tant du côté des dirigeants africains qui doivent placer au premier plan l'intérêt de leur peuple, que du côté de la communauté internationale qui doit créer un environnement économique favorable au développement économique. Dès lors, il est crucial d'accélérer l'intégration de l'économie africaine au commerce mondial et d'oeuvrer à l'établissement de plus de justice dans les échanges commerciaux avec les pays pauvres. Le poids de la dette est l'un des obstacles majeurs au développement économique et social en Afrique. La Norvège a récemment lancé un programme national d'allégement de la dette dont le principe fondamental est d'accorder des réductions de dette négociées au cas par cas venant s'ajouter aux réductions déjà accordées au titre de l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés. Les pays africains représentent les principaux bénéficiaires de l'aide publique au développement versée par la Norvège, et le Gouvernement norvégien a l'intention d'affecter au moins la moitié de l'aide bilatérale au développement aux pays africains. S'agissant des conflits, il faudra suivre une approche internationale coordonnée qui assure un lien plus étroit entre

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les acteurs politiques, militaires et humanitaires. Il a exhorté tous les Etats Membres à signer la Convention d'Ottawa et rappelé que la Norvège s'est engagée a contribuer aux opérations de déminage à hauteur de 120 millions de dollars sur les cinq ans à venir.

M. ABDUL WAHAB AL-NAJAAR (Emirats arabes unis) a indiqué que malgré des signes de détente encourageants et les efforts déployés pour consolider la démocratie et effectuer les réformes économiques nécessaires, l'Afrique souffre encore des conséquences désastreuses des problèmes sociaux, économiques et de la dégradation de l'environnement. Les Emirats arabes unis sont profondément préoccupés par l'instabilité persistante de l'Afrique et appellent la communauté internationale a exprimer sa solidarité et son engagement afin de donner suite aux recommandations du Secrétaire général en matière de maintien de la paix et de promotion du développement. Pour obtenir des résultats dans ces domaines les Emirats arabes unis sont d'avis qu'il faut mobiliser la volonté politique des belligérants pour les amener à conclure des accords de cessez-le-feu. Elle estime aussi que la communauté internationale doit concevoir et appliquer un programme global qui permette de réduire la circulation des armes de petits calibres; qu'il faut développer les cadres de collaboration et de coopération entre l'ONU et l'OUA et imaginer une stratégie internationale plus efficace pour répondre aux besoins de l'alerte rapide. Pour faire face aux défis énormes qui se posent, la tâche est ardue mais pas impossible, a déclaré M. Al-Najaar. Il faut fournir aux peuples africains l'appui dont ils ont besoin pour réaliser leurs objectifs et les aider à s'intégrer dans le processus de mondialisation actuel.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a insisté sur le fait que la distance qui sépare le Chili du continent africain n'empêche pas ce dernier de se sentir solidaire des Etats africains dans leurs tentatives pour établir la démocratie en dépit de l'héritage colonial qui avait profondément bouleversé les réalités ethniques africaines. Il a également rappelé que l'Afrique, à la différence de l'Amérique latine, n'a pu prendre part aux négociations qui ont permis d'établir la Charte des Nations Unies. Le Chili qui est déjà très attaché à la démocratie, estime qu'il est d'une importance capitale que la démocratie en Afrique soit fondée sur l'humanisme africain tout en respectant les droits de l'homme.

Le Chili, a déclaré M. Larrain, a pu apprécier comment les Africains se souciaient eux-mêmes de la paix et de la stabilité par l'établissement des groupements régionaux. Il a, à cette occasion, salué le travail de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et a demandé à la communauté internationale de ne pas se désintéresser pour autant de l'Afrique. L'ONU, a- t-il déclaré, se doit de coordonner les politiques humanitaires. A cet égard, il a demandé que soit pris en compte la difficulté du travail des organisations humanitaires et a insisté pour que le lien entre le Conseil de sécurité et les Organisations humanitaires soit renforcé. M. Larrain a souligné l'importance qui doit être accordée aux opérations de consolidation de la paix et a recommandé que les institutions de Bretton Woods, l'ONU et la communauté internationale se mobilisent en faveur du développement, seule

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garantie d'une paix stable. Il a par ailleurs suggéré que les nombreux pays africains qui obtiennent des résultats positifs soient encouragés et soutenus afin que leurs modèles puissent servir d'exemple aux autres pays africains.

M. MOSES M. DLAMINI (Swaziland) a déclaré que sa délégation partage les points de vue de l'Organisation de l'Unité africaine et de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe. Face aux crises qui durent, de nouveaux conflits font leur apparition. Les conflits entre Etats nations n'ont pas disparu comme le démontre la situation dans les régions la corne de l'Afrique et des Grands Lacs. Le représentant s'est déclaré encouragé par les développements visant à promouvoir une solution des divers conflits affectant le continent. Les efforts déployés par les pays africains pour contenir les crises notamment en Sierra Leone, République démocratique du Congo et en Guinée Bissau sont un témoignage de l'engagement africain en faveur d'une paix et d'une sécurité durables. Le représentant a également salué les efforts de l'Organisation de l'Unité africaine en complémentarité avec les autres organisations sous-régionales telles que la Communauté de développement de l'Afrique australe. Une telle approche ouvre de réelles perspectives en vue de contenir et de résoudre les conflits en Afrique. Mais ces initiatives doivent être soutenues au niveau du continent et plus largement au niveau international dans un esprit de réel partenariat.

Par ailleurs, l'on assiste à un trafic incessant d'armes. En conséquence, le Conseil de sécurité doit instamment engager les pays fournisseurs d'armes à observer un peu plus de retenue et à essayer de renforcer l'efficacité de l'embargo sur les armes decrété par le Conseil de sécurité.

La communauté internationale peut aider grandement les pays africains a assurer une bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme, la primauté du droit et le renforcement des institutions judiciaires. Mais la bonne gouvernance n'est pas suffisante pour assurer la croissance économique. Il faut créer un environnement propre à attirer les investissements et la croissance économique. Le représentant a déploré que l'Afrique soit marginalisée en ce qui concerne les investissements directs à long terme. Des réformes politiques et économiques sont nécessaires pour que l'Afrique participe à l'économie mondiale. L'objectif d'un développement durable dépend en grande partie de la dette extérieure et c'est ce que demande le Swaziland pour les pays africains les plus pauvres, dans la mesure où l'Afrique entreprend des réformes économiques.

M. NJUGUNA MAHUGU (Kenya) s'est félicité des recommandations du Secrétaire général dans trois domaines: la nécessité pour les pays africains de trouver des réponses politiques plutôt que militaires à leurs problèmes; la nécessité de mobiliser la volonté politique pour promouvoir sérieusement la bonne gouvernance, les droits de l'homme et la démocratie; la nécessité enfin, d'adopter les réformes nécessaires pour promouvoir une stabilité et une croissance économiques durables. Les dirigeant africains ont cherché depuis le début des années 90, à résoudre leurs conflits par des moyens pacifiques,

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notamment grâce au mécanisme mis en place par l'OUA pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits. Ils ont également initié des réformes politiques de grande envergure pour renforcer le processus de démocratisation et mettre en oeuvre une bonne gouvernance. Toutefois, face aux conflits et aux problèmes économiques, la communauté internationale doit travailler de concert avec les Africains. A cet égard, l'aide publique au développement est un complément indispensable des politiques menées par les Etats africains. Il est également indispensable que la communauté internationale prenne en considération le problème de la dette, qu'elle favorise l'accès des marchés internationaux aux exportations africaines et lève les barrières commerciales. Le Kenya appelle la communauté internationale a assumer sa part de responsabilités pour s'attaquer aux causes des conflits en Afrique et estime que les Nations Unies ont un rôle prépondérant à jouer à cet égard.

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