En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/353

UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES REQUIERT A LA FOIS QUE L'ON INVESTISSE DAVANTAGE DANS LA JEUNESSE ET QUE L'ON RECONNAISSE LE POTENTIEL DES PERSONNES AGEES

6 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/SHC/353


UNE SOCIETE POUR TOUS LES AGES REQUIERT A LA FOIS QUE L'ON INVESTISSE DAVANTAGE DANS LA JEUNESSE ET QUE L'ON RECONNAISSE LE POTENTIEL DES PERSONNES AGEES

19981006 Les délégations appuient l'intégration d'une perspective sociale dans toutes les politiques nationales et internationales

Investir dans la jeunesse et, en particulier, dans l'éducation et la formation des jeunes pour les préparer à jouer un rôle actif et productif dans la société et à relever les défis d'un monde vieillissant, c'est ce qu'ont préconisé, à l'unanimité, les délégations au cours du débat général, ce matin, sur le développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux handicapés et à la famille. Pour réaliser l'objectif d'une société pour tous les âges, il est aussi essentiel de reconnaître le potentiel des personnes âgées et de les considérer davantage comme une source d'inspiration plutôt que comme un fardeau. "Un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle", a ainsi rappelé le représentant du Sénégal, en appelant à la solidarité entre les générations. Dans le contexte actuel de crise économique, il est en effet de plus en plus difficile pour la famille d'assumer son rôle traditionnel de soutien aux personnes âgées. Partant, les délégations ont souligné la nécessité de développer de nouvelles stratégies en faveur des groupes sociaux les plus vulnérables et d'intégrer une perspective sociale dans toutes les politiques aux niveaux national et international, pour compenser les effets négatifs de la détérioration du climat social dans de nombreux pays.

Les représentants des pays suivant ont pris la parole : Danemark, Ouganda, Trinité-et-Tobago, Norvège, Pays-Bas, Ukraine, Panama (au nom du Groupe de Rio), Philippines, Soudan, Equateur, Venezuela, Sénégal, Pakistan, Nigéria et Fédération de Russie. L'Observateur du Saint-Siège et le représentant de l'Organisation internationale du travail ont également fait une déclaration.

La Commission poursuivra ses travaux demain, à partir de 10 heures. L'examen en session plénière du point relatif au suivi du Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995) est prévu cet après-midi à partir de 15 heures.

Suite du débat général sur le développement social

M. HOLGER KALLEHAUGE (Danemark) a estimé qu'il est temps d'évaluer ce qui a été fait depuis l'adoption, il y a cinq ans, des règles pour l'égalisation des chances des handicapés. Il a déploré le fait que le Rapporteur spécial sur cette question, M. Bengt Lindqvist, dispose d'un budget très limité. Le Danemark a offert, pour sa part, 100.000 dollars pour soutenir les efforts de celui-ci et invite les autres Etats à apporter également une contribution. Une meilleure prise de conscience des personnes souffrant de handicaps, de leurs droits, de leurs besoins, de leur potentiel et de leur contribution constitue une condition préalable à leur participation égale.

Evoquant les problèmes de la jeunesse, Mme Bente Pedersen, également du Danemark, a souligné le fait que les jeunes peuvent contribuer, tant de façon positive que négative, à la société. D'où l'importance de développer des programmes spécifiques à leur attention. C'est au cours de la jeunesse que se forment les valeurs des futurs adultes, a-t-elle souligné. Elle a mis l'accent sur le fait que de nombreuses femmes sont toujours exclues de la prise de décisions dans de nombreux domaines. Il s'agit d'une violation de leurs droits. Pour le Danemark, les Nations Unies doivent faire des jeunes une priorité car leur participation est une condition préalable au développement humain.

Mgr RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a rappelé qu'à Copenhague, des pays très différents sont parvenus à un consensus pour des conditions de vie et de travail meilleures pour tous. Le consensus s'est fait dans le respect des différentes valeurs religieuses et éthiques, plaçant les peuples au coeur du développement, avec un désir de diriger les économies pour répondre aux besoins de tous.

Le Saint-Siège espère que les engagements seront respectés, notamment en ce qui concerne le rôle clef de la famille, le respect du droit des parents, l'élimination de la pauvreté, le renforcement du développement économique et social, le partenariat avec les ONG, et la collaboration entre travailleurs et employés.

Le représentant salue le lancement de l'Année internationale des personnes âgées, dont il ne faut oublier ni les talents ni la riche expérience qu'ils peuvent partager avec les autres générations. Cette commémoration rappellera à tous leurs besoins et aidera à réfléchir aux modalités de l'aide à leur apporter.

Le Saint-Siège a participé à la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse. Les jeunes recevront les biens que nous leur lèguerons, mais aussi nos problèmes. Ils seront ceux qui profiteront du développement durable.

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Dans sa lettre encyclique Evangelium Vitae, le Pape a invité les peuples du monde à reconnaître que la vie est toujours un bien. Ceci nous engage à voir les handicapés comme des personnes humaines ayant droit à la dignité et à la vie humaine. Le meilleur moyen de les aider est de leur offrir le refuge d'une famille sûre, car c'est en son sein qu'on apprend d'abord le respect de la dignité; elle représente d'ailleurs un élément d'unité dans la société.

Des progrès vers l'élimination de la pauvreté extrême doivent demeurer notre priorité pour les projets futurs du développement. Enfin, il nous faut remédier aux horreurs de la guerre.

M. FRED BEYENDEZA (Ouganda) a estimé que pour réduire la pauvreté, c'est au niveau national qu'il faut agir. Le Gouvernement ougandais a identifié quatre priorités : le développement des ressources humaines par l'éducation pour tous, l'industrialisation et le développement du secteur des services, le développement des infrastructures, et la modernisation de l'agriculture. L'éducation constitue l'un des piliers du développement car elle permet d'armer la jeunesse pour les défis qui l'attend. Malheureusement, dans de nombreuses régions d'Afrique, les conflits armés, couplés au fléau du sida, ont laissé beaucoup de jeunes sans abri, les privant de l'éducation de base et des soins de santé.

La famille est le pilier de toute société. Dans les sociétés africaines, elle a été le filet de protection sociale pour les personnes âgées. Mais la montée de la pauvreté empêche aujourd'hui nombre de familles d'assumer ce rôle traditionnel. On voit donc un nombre croissant de personnes âgées et de personnes handicapées laissées à elle-même, alors que le phénomène des enfants des rues s'aggrave également.

L'éducation est le meilleur moyen de donner aux individus les possibilités de prendre leur vie en charge et constitue la voie royale pour sortir de la pauvreté. C'est pourquoi, l'Ouganda a lancé en 1997 un programme d'enseignement primaire pour tous les enfants en âge de scolarisation, qui a permis une hausse significative des effectifs de l'école primaire. L'Ouganda a, d'autre part, créé un fonds de lutte contre la pauvreté orienté vers l'éducation de base et d'autres projets sociaux. Il y a toutefois un besoin de ressources supplémentaires, a déclaré le représentant en invitant la communauté internationale à apporter son soutien à ces efforts.

M. Beyendeza a expliqué que la décentralisation des processus de décision, qui va jusqu'à l'échelon local, permet aux Ougandais de définir à la base leurs besoins et leurs priorités. Ce processus englobe tous les citoyens à partir de l'âge de 18 ans. L'objectif est de mobiliser l'énergie des Ougandais à mesure que leurs capacités sont renforcées et qu'ils sortent de la pauvreté. Cette approche a permis de remporter des succès importants au cours des 12 dernières années. Ainsi, la fréquentation scolaire a augmenté,

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l'industrie s'est renforcée et l'agriculture a progressé. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire. C'est pourquoi, tant à l'échelon régional qu'international, il faut renforcer les efforts pour fournir les ressources nécessaires aux tâches devant nous. Le représentant a mentionné, en particulier, le fardeau de la dette et les catastrophes naturelles qui affectent de nombreux pays en développement.

Mme YVONNE GITTENS-JOSEPH (Trinité-et-Tobago) a rappelé que l'objectif premier du développement social est l'intégration sociale de tous les citoyens dans une "société pour tous". Il importe de privilégier le bien-être et de promouvoir la dignité de tous. La réalisation de cet objectif passe par l'action des gouvernements nationaux, mais nécessite aussi une approche globale incluant l'appui de la société civile, et surtout de la communauté internationale, en cette époque de mondialisation aux larges effets économiques et sociaux. En raison de la crise financière qui frappe aujourd'hui de nombreux pays, on assiste à une marginalisation croissante de certains groupes et individus, ce qui déstabilise l'intégration sociale. Les institutions internationales, et notamment les institutions financières internationales, doivent prêter une attention accrue aux effets sociaux de leurs politiques et programmes.

En 1995, le Programme d'action mondial pour la jeunesse d'ici à l'an 2000 et au-delà a été adopté par l'Assemblée générale. Les jeunes sont victimes ou bénéficiaires des changements : ils doivent être les acteurs à part entière du nouvel ordre. Le Programme d'action mondial prévoit des domaines de priorité pour améliorer la situation des jeunes et promouvoir leur participation active dans la société. Les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) remercient le Portugal d'avoir accueilli le Forum international de la jeunesse cet été à Braga ainsi que la Conférence des ministres de la jeunesse. Ils reconnaissent les engagements pris à cette occasion par les ministres de 140 pays. Le Forum a mis en lumière combien il est important que les jeunes participent eux-mêmes à la résolution des problèmes les concernant.

Les pays de la CARICOM ont pour objectif de créer des emplois pour les jeunes, et d'améliorer le statut des jeunes par le perfectionnement et le recyclage.

M. DAG REIDAR STODLE SEIFFERT, Représentant des jeunes (Norvège), a déclaré que le Plan d'action en faveur de la jeunesse de Braga et la Déclaration de Lisbonne sur les politiques et programmes en faveur de la jeunesse fournissaient des lignes directrices importantes pour l'ONU et les gouvernements en ce qui concerne la promotion de la participation des jeunes à tous les niveaux de la société. L'accès à l'éducation dans le domaine des droits de l'homme est vital pour les jeunes, car nombre d'entre eux ne sont pas informés de leurs droits et de la protection que leur donnent les conventions internationales. Le représentant a invité les Etats Membres

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à réfléchir à la proposition faite à Braga de créer un poste de Rapporteur spécial sur les droits des jeunes. En effet, les Nations Unies doivent prendre en considération les questions de la jeunesse dans le processus de réforme de l'Organisation et assurer une représentation des jeunes et des autres groupes, comme les handicapés, les minorités, les populations autochtones. En outre, les questions de la jeunesse étant intersectorielles, elles doivent être incorporées à toutes les activités de l'ONU et bénéficier d'une haute priorité.

Les jeunes veulent et doivent participer aux processus de décision. Ils doivent pouvoir participer à la société et créer des organisations de jeunes, un droit qui leur est encore trop souvent refusé dans de nombreux pays. Une véritable démocratie doit reconnaître le rôle des jeunes et des organisations qui les représentent. Les organisations de jeunes de la Norvège participent à des activités en faveur de la paix et de la démocratie dans de nombreux pays. Ces activités requièrent toutefois un soutien politique et financier, a-t-il déclaré.

Le représentant a ensuite invité les pays qui ne l'ont pas encore fait à inclure des représentants des jeunes dans leur délégation à l'Assemblée générale. Pour répondre aux défis de la pauvreté, de la dégradation de l'environnement et de la mondialisation, il faut s'entendre sur des règles et des principes internationaux de comportement. L'ONU peut fournir ce forum permanent des jeunes et des organisations de jeunes pour réfléchir à ces questions.

Mme INGRID DE BONDT (Pays-Bas), parlant au nom des jeunes de son pays, a déclaré s'intéresser au problème de l'intégration sociale des personnes appartenant aux minorités linguistiques, ethniques et religieuses. Selon la représentante, le processus d'intégration sociale commence dès que les jeunes ont l'occasion d'être eux-mêmes. La représentante a rappelé une anecdote concernant une jeune islamiste qui était venue dans son école catholique, située dans une région rurale du pays. Elle écrivit dans le journal de l'école qu'elle s'était sentie acceptée et respectée, mais qu'elle attendait le jour où elle ne serait plus l'islamiste, mais une jeune fille comme les autres.

De nos jours, dans la plupart des pays, a affirmé la représentante, il existe des majorités qui partagent un passé et une culture communs. D'autres groupes plus petits coexistent à leur côté, avec chacun son identité propre. Les jeunes de tout groupe sont à la recherche de leur identité; ils quittent leur famille et créent leur place dans la société. Ils doivent exprimer leur identité, ce qui n'est pas toujours possible, pour les jeunes des minorités, souvent victimes de discrimination. Cela commence à l'école, avec l'apprentissage d'un langage qui n'est pas le leur. Ensuite l'emploi, dont la recherche est difficile à cause des préjugés. Le problème touche à l'image de ces jeunes, non à leurs qualités propres.

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Le premier pas à faire est de reconnaître le droit de chacun à vivre et exprimer sa propre culture, selon les termes de l'article 27 du Pacte international des droits civils et politiques. Les Etats doivent veiller à son application, avec l'aide des instruments internationaux, et doivent, le cas échéant, modifier leur législation en la matière. Les traditions religieuses et culturelles doivent être respectées au sein de la société, en accord avec les règles internationales.

L'intégration sociale entre différents groupes sociaux est essentielle. Ceci inclut le respect des identités et la participation active des membres des minorités. Les jeunes émigrés sont à cheval entre deux cultures, entre leur famille et la société, ce qui crée des conflits, dont souvent leurs parents eux-mêmes n'ont pas conscience. Dans ces circonstances, il est normal qu'ils se regroupent pour s'entraider, ce qui est perçu comme une fermeture aux autres. Nous devons donc veiller à promouvoir l'intégration sociale de ces jeunes, et ceci dès l'école, en organisant des programmes permettant d'apprendre davantage sur les autres cultures. Il faut aussi favoriser les regroupements de jeunes par la musique, la peinture. Les gouvernements peuvent, par exemple, ouvrir pour eux des clubs, des camps de jeunes, des programmes d'échange internationaux.

La représentante a mentionné et salué le Plan d'action de Braga, qui a été adopté lors du Forum des jeunes, et se félicite de l'action des 500 représentants d'ONG de la jeunesse à cette occasion. Le Plan prône, en effet, l'éducation interreligieuse et interculturelle.

M. MYKOLA MELENEVS'KY (Ukraine) a expliqué que, pour faire face aux effets de la crise mondiale qui se font sentir en Ukraine, le Gouvernement a pris des mesures urgentes en faveur des groupes les plus vulnérables. Ces mesures vont de pair avec diverses réformes du système de sécurité sociale et du système de retraite. L'une des causes de la situation sociale difficile du pays est l'aggravation notoire de la situation démographique, et en particulier le vieillissement de la population. A cet égard, le Gouvernement ukrainien confère que la célébration de l'Année internationale des personnes âgées permettra de mieux comprendre les problèmes en la matière et de trouver des stratégies plus efficaces pour les résoudre.

Le représentant a indiqué que les règles pour l'égalisation des chances des handicapés figuraient dans de nombreux programmes étatiques de l'Ukraine. Le Gouvernement accorde, en outre, une grande importance à la mise en oeuvre du Programme d'action mondial pour la jeunesse à l'horizon 2000 et au-delà. Un réseau de centres de jeunes a été établi et divers projets en faveur de la jeunesse sont en cours d'examen au Parlement ukrainien. Le représentant s'est félicité de l'appui des Nations Unies aux programmes sociaux des pays.

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Mme MARY MORGAN-MOSS (Panama), prenant la parole au nom du Groupe de Rio, a souligné que la solidarité régionale au sein de ce groupe a pris des formes concrètes. Aucun système économique n'est idéal. Beaucoup de personnes sont dans la pauvreté physique, malgré les progrès technologiques. Les changements ne peuvent être imposés du dehors, mais doivent découler de réflexions et de débats. Les pauvres doivent pouvoir surmonter leurs limitations et vivre dans des sociétés leur permettant de sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de la vulnérabilité. Le Groupe de Rio considère favorablement la 37eme session de la Commission du développement social qui abordera des thèmes essentiels, tels que "services sociaux pour tous".

La démocratie, a dit le représentant, est un cadre approprié pour la défense des intérêts de tous. Le Groupe de Rio réunit des gouvernements démocratiques qui respectent la notion d'humanité commune impliquant tous les citoyens, qui doivent tous avoir les mêmes chances. Il faut lutter contre les facteurs qui empêchent l'intégration de la jeunesse, tels que la toxicomanie ou le manque de responsabilité sociale. C'est aux établissements scolaires qu'il appartient d'enseigner le bien et le mal.

Les pays du Groupe de Rio ont participé à la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse en août 1998 au Portugal. Le document final doit servir de guide aux gouvernements pour leur politique de la jeunesse. Il faut prendre en compte la voix des jeunes, a dit Mme Morgan-Moss, qui a aussi souligné le rôle de la famille, qui est d'apprendre les principes moraux et de transmettre des codes de conduite d'une génération à l'autre.

Mme LINGLINGAY F. LACANLALE (Philippines) a expliqué que, dans son pays comme dans de nombreux pays d'Asie, les soins aux personnes âgées dépendent traditionnellement de la famille. Celle-ci, malgré sa détérioration graduelle en raison des migrations, de l'urbanisation et de la pauvreté, continuera à être le système d'appui essentiel pour les personnes âgées. La Constitution philippine encourage ce rôle. L'augmentation rapide du nombre de personnes âgées dans la population du pays a des implications importantes sur le développement social et économique du pays qui ne peuvent être sous-estimées. Partant, le Gouvernement a pris une série de mesures visant notamment à mieux profiter du potentiel des personnes âgées. Un projet de programme national d'ensemble pour les personnes âgées, qui s'attache aux problèmes particuliers à ce groupe d'âge, est en cours de réalisation.

Il y a malheureusement un nombre croissant de personnes âgées qui vivent seules et dans la pauvreté, a poursuivi la représentante. Les programmes sociaux ont été élaborés au moment où l'on comptait sur une croissance robuste. Or, la crise a provoqué une augmentation du chômage, un ralentissement économique, une réduction des revenus, et un déficit budgétaire important. Malgré ces difficultés, le Gouvernement s'efforce de fournir d'autres filets de protection aux personnes les plus touchées.

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La représentante a préconisé la recherche de démarches alternatives pour la protection des personnes marginalisées, en particulier les personnes âgées. Les Philippines appuient une culture du vieillissement et s'efforcent d'encourager l'indépendance et l'autonomie des personnes âgées. A cet égard, la disponibilité et l'accès aux soins de santé constituent pour les Philippines une priorité. La représentante a par ailleurs salué les engagements et les recommandations figurant dans la Déclaration de Lisbonne sur les politiques et programmes en faveur de la jeunesse.

M. ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a rappelé le lien entre développement économique, paix et stabilité. Le Gouvernement soudanais oeuvre à un règlement pacifique dans le sud, et a accepté les appels au cessez-le-feu de la communauté internationale, dont ceux du Conseil de sécurité, l'IGAD et de l'Union européenne, ceci à un moment où la guerre continue et les civils souffrent en raison du refus du cessez-le-feu par les rebelles.

Le Soudan estime que les jeunes sont la force majeure permettant le développement. Dans cette optique, le Gouvernement a établi une "Stratégie nationale globale", incorporant les critères de base nécessaires à la garantie des droits des jeunes, et qui a été présentée lors du Forum de Lisbonne. Le Gouvernement encourage de surcroît les activités culturelles et intellectuelles des jeunes, les pousse à s'enrôler dans le service national pour accroître leur potentiel, les entraîner et diversifier leurs expérience. Il favorise l'emploi et les initiatives nécessitant l'aide d'agences financières. De plus, le Gouvernement, dans un effort de promotion de l'"éducation pour tous", a ouvert des universités dans 26 Etats fédéraux soudanais ces dernières années. Il combat l'analphabétisme des adultes et oeuvre à l'instruction des enfants sur tout le territoire.

Les personnes âgées, source d'expérience et dispensateurs des valeurs morales, sont bien considérées et traitées au Soudan, par la famille et par la société. Les principes de l'Islam comprennent en effet l'obéissance aux parents et le respect des aînés. Le Soudan appuie l'égale participation des aînés dans les domaines de la production et du développement, et est soutenu en cette action par les médias. Ce pays s'insurge contre la diminution contemporaine du rôle de la famille, institution soudanaise essentielle, qu'il aide en facilitant les mariages et par des lois protégeant ses membres. Les familles migrantes et rurales font également l'objet d'une protection. La "famille productive" est un nouveau concept, encouragé en vue de la stabilité économique.

Pour aider les familles touchées par le conflit dans le sud et les attaques rebelles, le Gouvernement a créé un Conseil pour les veuves et les orphelins, et prévu des "Villages de paix" pour leur offrir logement et vêtements. Une aide a été prévue aussi pour les victimes de l'inondation récente qui a frappé le Soudan.

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Mme MONICA MARTINEZ (Equateur) a rappelé que l'indice de vieillissement est beaucoup plus important dans les pays en développement que dans les pays développés. La coopération internationale est très importante pour faire face aux implications de ce changement démographique, a-t-elle souligné. L'Equateur est un peuple jeune; 48% des habitants ont, en effet, moins de 18 ans. Le Gouvernement équatorien se soucie toutefois aussi des problèmes des personnes âgées et a organisé, dans le cadre de l'Année internationale des personnes âgées, des activités visant à sensibiliser l'opinion publique à ce groupe d'âge. Des programmes ont été élaborés en faveur des personnes âgées et des mesures ont été prises pour garantir que leurs droits soient pris en compte dans toutes les politiques. L'Equateur se félicite des résultats de la Conférence mondiale des ministres de la jeunesse qui s'est tenue à Lisbonne en août dernier. La politique équatorienne en faveur des jeunes fait de ceux-ci les acteurs de leur propre développement et s'efforce de faire contribuer tous les groupes à la prise de décision, a-t-elle souligné.

Mme LYDA APONTE DE ZACKLIN (Venezuela) a exprimé que l'égalité sociale figure parmi les priorités de son pays. Le Venezuela a formulé un programme social avec des mesures visant au bien-être général de la société et promouvant le développement, la justice et la paix. La paix est essentielle et passe par la justice, c'est-à-dire, dans son expression la plus vraie, la justice sociale. Le Venezuela a axé son attention sur les jeunes et les personnes âgées.

Le Gouvernement vénézuélien a initié deux programmes pour la jeunesse : le Plan d'emploi pour les jeunes, et le Plan de prévention et de participation pour la jeunesse. Ceci inclut notamment des programmes de formation, y compris professionnelle. Le deuxième programme est un programme de gestion participative et décentralisée. Il vise à promouvoir le rôle de leadership des jeunes dans la société, et de faire des jeunes des catalyseurs d'actions de prévention auprès de leurs pairs. Ce programme est soutenu par l'action des universités. Le Venezuela tend à renforcer l'intégration sociale des jeunes par le sport ou par la création d'orchestres.

Pour ce qui concerne les personnes âgées, le Venezuela appuie les travaux préparatoires de l'Année internationale des personnes âgées en vue d'une stratégie promouvant l'indépendance, la participation active et l'épanouissement des personnes âgées. L'Institut national de gérontologie aide les personnes âgés en situation d'insolvabilité, tandis que le Programme de gériatrie met en oeuvre des services médicaux, sociaux et légaux et de thérapie. Il promeut les loisirs, les services religieux, l'aide et l'incitatif économique, les cours aux personnes âgées et oeuvre à leur intégration.

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M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a rappelé qu'en Afrique, il est coutume de dire qu'"un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle". Cela traduit la haute considération pour les personnes âgées, source de sagesse et de fierté pour la famille et la société tout entière. L'occasion offerte par la célébration de 1999 doit donc être mise à profit pour réaffirmer les 18 Principes des Nations Unies pour les personnes âgées ainsi que le Plan d'action international sur le vieillissement qui sert de cadre d'orientation dans l'élaboration des objectifs nationaux sur le vieillissement. Le Sénégal estime nécessaire de renforcer les moyens mis à la disposition du Fonds d'affectation spéciale concernant le vieillissement pour permettre aux pays en développement de bénéficier de l'assistance technique nécessaire.

De manière générale, la réalisation des objectifs de développement social implique une plus grande participation des populations dans la vie civile, politique et culturelle. Elle implique aussi le renforcement de l'Etat de droit et de la démocratie, la promotion d'une politique d'intégration sociale et de lutte contre la vulnérabilité et la pauvreté par l'emploi productif, le développement du microcrédit, la facilitation de l'accès aux services sociaux de base. Elle implique également une synergie et un dialogue fécond et permanent entre l'Etat, les ONG et la société civile. Elle implique, enfin, la prise en compte de la dimension sociale dans les programmes de restructuration et d'ajustement économique et financier. Nous devons agir ensemble, tant au plan national, régional, qu'international, en vue de la mobilisation de nouvelles ressources complémentaires pour répondre aux immenses attentes de nos peuples respectifs confrontés à la malnutrition et la maladie. En un mot, il nous faut tous ensemble mettre en oeuvre une stratégie efficiente pour l'élimination de la pauvreté dans le monde. Le Sénégal considère qu'il est de la plus haute priorité que les Nations Unies orientent davantage leurs actions sur les questions de développement et de solidarité entre les nations.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan) a déclaré que la croissance économique et la création d'emplois constituaient deux éléments essentiels pour promouvoir l'intégration et l'harmonie sociales. Le Pakistan accorde une attention particulière au développement des jeunes qui constitue l'un des segments les plus importants de sa population. Le Gouvernement s'attache en particulier à leur fournir une éducation et une formation de qualité pour les préparer à jouer un rôle actif et productif dans la société. La création d'emplois pour les jeunes constitue l'une des priorités du Gouvernement.

Le représentant a rappelé que le processus de vieillissement est plus rapide dans les pays en développement qui devront s'adapter à ces changements et à leur implication sur les sociétés. L'Année internationale des personnes âgées fournit l'occasion d'évaluer cette situation et de développer des stratégies adéquates qui permettront de relever les défis. Le Pakistan a lancé, pour sa part, une campagne de sensibilisation de l'opinion publique

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sur le thème de "la maturation de l'humanité". Au Pakistan, les personnes âgées sont considérées comme une source d'inspiration plutôt que comme un fardeau. C'est pourquoi, la famille assume les soins qu'elle requiert, à côté des aides fournies par le Gouvernement. Le Pakistan a, en outre pris diverses mesures pour intégrer les personnes handicapées dans la société et des institutions spécialisées ont été créées à leur attention. Quatre projets ont été lancés en faveur des personnes vulnérables et désavantagées. Un accent spécial a, en outre, été mis sur l'éducation de base. Une loi d'éducation obligatoire est déjà en cours d'application dans la province de Punjab et sera bientôt appliquée dans d'autres provinces.

M. IBRAHIM A. GAMBARI (Nigéria) a salué le Secrétaire général de l'ONU pour son rapport sur les "Préparations de l'Année internationale des droits de l'homme". Cet agenda permettra en effet l'élaboration de stratégies à long terme pour les personnes âgées. Le Nigéria montre à leur égard beaucoup de respect, et s'inquiète de la négligence dont elles font l'objet, surtout dans les pays en développement, où les conditions de vie qui s'aggravent contribuent à la difficulté de leur situation.

Au niveau national, le Nigéria a promu l'établissement du Ministère Fédéral des affaires des femmes et le travail de la Division du développement social, à travers les départements de Soutien à la famille (FSP), d'Aide sociale et de réhabilitation. Le FSP appuie l'initiative de projets liés à l'amélioration des conditions de vie des plus vulnérables et défavorisés au sein de la société. Il promeut la cohésion de la famille en favorisant son bien-être social et économique, de façon à ce qu'elle contribue de façon maximale au développement national. L'agenda prévoit la suppression des facteurs culturels et sociaux négatifs qui affectent le troisième âge, et combat l'inégalité des conditions entre hommes et femmes âgés.

Dans le contexte de l'Année internationale, un séminaire spécial intitulé "Le Rôle des personnes âgées dans le développement national" a été organisé par le Ministère des affaires des femmes et du développement social qui établira un programme de suivi à l'issue du lancement de l'Année le 1er octobre, date anniversaire du 38ème anniversaire de l'indépendance du Nigéria. Le Nigéria approuve particulièrement la Section III du rapport du Secrétaire général concernant l'importance attribuée à la famille en tant qu'entité dans le cadre d'une société pour tous les âges, et s'intéresse au statut des femmes âgées.

En ce qui concerne les jeunes, le Nigéria a participé aux conférences sur les jeunes tenues à Braga et Lisbonne cette année, et croit aux vertus de la participation des jeunes dans la vie de la société dès leur plus jeune âge.

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M. NIKIFOROV (Fédération de Russie) a souligné les difficultés liées à la période de transition que connaît son pays. Face à cette situation, le Gouvernement russe déploie des efforts en vue d'appliquer une politique socialement orientée et prend toutes les mesures nécessaires pour réduire les conséquences de la crise, en particulier sur les personnes les plus vulnérables. Ainsi, des mécanismes de défense des revenus, des appuis aux chefs de familles et des mesures visant à renforcer les droits sociaux et de défense sociale des citoyens ont, par exemple, été mis en place. Les objectifs de la politique sociale du Gouvernement sont définis dans la stratégie nationale jusqu'à l'an 2000. Cette stratégie fixe des tâches réalistes et concrètes. Tout en étant consciente de la responsabilité qui incombe aux Etats, la Russie considère qu'il est important de pouvoir compter sur l'appui de la communauté internationale et de l'ONU dans le domaine social. La crise financière internationale montre qu'il faut accorder une priorité élevée à la sécurité sociale et continuer à appuyer des conditions d'accès prévisibles et stables aux marchés pour les économies en transition et éliminer tous les obstacles à cet égard. Il faut, en outre, favoriser le développement de partenariats.

Pour la Fédération de Russie, la session extraordinaire en l'an 2000 qui sera consacrée au suivi du Sommet mondial pour le développement social doit donner un nouvel élan à l'élaboration de programmes visant à améliorer la situation sociale des groupes les plus vulnérables. Il faut, notamment, continuer à travailler sur les règles pour l'égalisation des chances des handicapés, a estimé le représentant. Dans le cadre de l'Année internationale des personnes âgées, un rôle important est accordé au Comité de coordination de la Communauté d'Etats indépendants (CEI) dans la préparation des activités.

La Russie est convaincue que l'on n'a pas pleinement utilisé les possibilités de coordination pour mettre en oeuvre les résultats du Sommet mondial pour le développement social, et estime, en outre, qu'il faudrait donner un plus grand rôle aux ONG. Il faut également renforcer le rôle de la Commission du développement social, en particulier en ce qui concerne le contrôle des décisions qui ont été adoptées. La Russie appuie les efforts visant à renforcer les directions sociales de la coopération internationale et, en particulier, le rôle des Nations Unies, en vue de réaliser les idéaux énoncés à Copenhague.

M. MILLER, représentant l'Organisation internationale du Travail (OIT), a expliqué que cette organisation a activement participé aux conférences relatives à la jeunesse de Lisbonne et de Braga, et se sent concernée par les préoccupations qui y ont été exprimées, telles, notamment l'égalité de l'accès à l'emploi et le travail des enfants.

L'OIT reconnaît le lien existant entre le chômage des jeunes et la question de la sécurité sociale et de la protection sociale des personnes âgées. L'emploi productif des jeunes jette les bases de l'intégration

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des aînés dans la société par le biais de la sécurité sociale des personnes âgées d'aujourd'hui et la retraite active pour celles de demain. L'OIT a également annoncé qu'elle travaille à l'élaboration d'une nouvelle convention visant à l'élimination des pires formes du travail des enfants. Cette convention devrait être adoptée lors de la conférence internationale du travail en juin 1999 et visera à la suppression de l'esclavage, de la prostitution enfantine, de l'usage des enfants pour des activités illicites, et de tout travail menaçant leur santé, sécurité ou leur avenir.

En ce qui concerne les personnes âgés, l'OIT approuve la résolution de l'Assemblée générale instituant 1999 comme l'"Année internationale des personnes âgées". Elle se soucie de leur sécurité sociale et de leur protection sociale à l'issue de leur vie active. L'Organisation promeut les réformes de systèmes de protection sociale et l'établissement de pensions de retraite. Elle procure à ses membres, en tenant compte des particularités et des traditions de chaque pays, conseils et assistance concernant les systèmes de pension alternatifs.

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