En cours au Siège de l'ONU

AG/813

LE PRESIDENT DU BOTSWANA DEPLORE L'AGGRAVATION DES CONFLITS EN AFRIQUE ET L'INERTIE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

6 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/813


LE PRESIDENT DU BOTSWANA DEPLORE L'AGGRAVATION DES CONFLITS EN AFRIQUE ET L'INERTIE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

19981006 L'Assemblée générale commémore le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix en décernant les premières Médailles Dag Hammarskjöld

Alors que les déploiements préventifs des Nations Unies ont été couronnés de succès ailleurs, en Afrique les choses se passent différemment. Les conflits africains se sont aggravés du fait de l'inertie de la communauté internationale et de ce que l'on pourrait aussi appeler une certaine lassitude envers l'Afrique, a fait remarquer le Président du Botswana, M. Festas Mogae, dans son allocution prononcée ce matin à l'Assemblée générale. C'est le constat qu'il a fait, priant les Nations Unies de ne pas laisser la résolution des conflits aux seuls Etats africains.

L'Assemblée, réunie sous la présidence de M. Didier Opertti (Uruguay), a ensuite commémoré le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix.

Dans sa déclaration d'ouverture, le Président de l'Assemblée générale, a fait remarquer qu'au-delà de la prudence raisonnable qui devrait régir la gestion des opérations de maintien de la paix, il se dégage un consensus clair que ces opérations devraient être renforcées pour servir d'instrument efficace dans le maintien et la restauration de la paix.

Dans sa déclaration, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a fait observer que la promesse du maintien de la paix ne mettra jamais fin à la guerre, mais elle peut contribuer à prévenir ou du moins à retarder l'éclatement d'un conflit. La volonté d'établir la paix doit exister entre les peuples et les parties concernés, mais c'est aux Nations Unies de tracer la voie de la paix. Sont également intervenus le Président du Groupe des Etats d'Europe orientale (Pologne); le Président du Groupe des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes (République dominicaine); le Président du Groupe des Etats d'Europe occidentale et autres Etats (Andorre); le représentant du pays hôte (Etats-Unis); le représentant de l'Afrique du Sud, au nom du Mouvement des pays non alignés ainsi que le Président du Comité des opérations de maintien de la paix et Président du Groupe des Etats africains (Nigéria).

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/813 6 octobre 1998

A l'occasion du cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix, l'Assemblée générale a adopté par acclamation une Déclaration aux termes de laquelle les Etats Membres de l'ONU réaffirment leur appui à tous les efforts visant à renforcer effectivement la protection et la sécurité du personnel de maintien de la paix des Nations Unies et se déclarent fermement résolus à soutenir pleinement le personnel de maintien de la paix afin qu'il puisse mener à bien les tâches qui lui sont confiées.

Le Secrétaire général a remis la Médaille Dag Hammarskjöld - instituée en juillet 1997 par une résolution du Conseil de sécurité - à Madame Elinor Hammarskjöld, petite nièce de Dag Hammarskjöld - deuxième Secrétaire général des Nations Unies - qui a péri dans un accident d'avion le 18 septembre 1961 au cours d'une mission de paix au Congo. La deuxième Médaille qui honorera le Commandant René de Labarrière - premier Casque bleu à avoir perdu la vie au cours d'une opération de maintien de la paix des Nations Unies, a été remise à son fils, M. Jean de Labarrière. La troisième Médaille a été remise au Comte Bertil Bernadotte, fils du Comte Folke Bernadotte, Médiateur des Nations Unies en Palestine, qui a été assassiné à Jérusalem le 17 septembre 1948 alors qu'il travaillait à un règlement négocié de la question de Palestine.

A l'issue de la cérémonie de remise des médailles, le Président du Conseil de sécurité, M. Jeremy Greenstock (Royaume-Uni) a fait une déclaration dans laquelle il a donné toutes les assurances que le Conseil continuera d'insister pour que toutes les mesures soient prises pour garantir la sécurité de ceux qui sont prêts à risquer leur vie pour la paix.

L'Assemblée générale reprendra ces travaux cet après-midi à partir de 15 heures pour examiner la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social.

Allocution de M. Festus Mogae, Président de la République du Botswana

M. FESTUS G. MOGAE, Président de la République du Botswana : à l'aube du nouveau millénaire qui s'annonce, nous sommes pleinement conscients de l'omniprésence de la guerre et des ravages qu'elle continue à causer au sein de tous les peuples et sur tous les continents. Il est vrai que les guerres locales n'ont jamais posé de véritable menace à la paix et la sécurité internationales. Mais sous beaucoup d'aspects, elles ont fait plus de victimes que les deux guerres mondiales combinées. La présence de guerres et de conflits au sein des nations et entre les nations a souvent attiré beaucoup de critiques aux Nations Unies, comme si l'Organisation avait une baguette magique qui lui permettrait de résoudre tous les problèmes qui surgissent à sa porte. On ne peut pas attendre des Nations Unies qu'elles agissent de façon parfaite quand on sait que cette Organisation est la création d'Etats-nations qui ont chacun leurs propres intérêts. Mais l'ONU peut cependant améliorer la manière dont elle fonctionne et agit. La diplomatie préventive devrait rapidement être suivie de solides opérations de maintien de la paix aussitôt que l'on sent que certaines situations de conflits ne pourront être résolues par la voie du dialogue. Un déploiement préventif a été effectué avec succès dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, et l'Organisation a vu ses efforts couronnés de succès lorsqu'il s'était agi de séparer les forces belligérantes à Chypre et au Liban. Mais en Afrique, les choses se sont passées de manière différente en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix. Les conflits africains se sont aggravés du fait de l'inertie de la communauté internationale et de ce que l'on pourrait aussi appeler une certaine lassitude envers l'Afrique. En tant qu'Africain, ma fierté souffre de savoir que le programme du Conseil de sécurité est dominé par les conflits africains, car c'est là un honneur douteux. Il faut cependant comprendre que les problèmes de l'Afrique sont les problèmes de la communauté internationale et ceux des Nations Unies, dont la Charte stipule qu'elles sont en premier responsables du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Aussi les problèmes africains méritent-ils autant d'attention que ceux des autres de la part de cette Organisation. Ils ne peuvent être laissés aux seuls Africains.

La création du Tribunal pénal international cet été assurera que les responsables de génocide, de crimes contre l'humanité et autres actes inhumains ne resteront pas impunis. Le Tribunal servira aussi, nous l'espérons, d'outil de dissuasion contre tous les candidats au crime, et la condamnation en 1994 par le Tribunal pour le Rwanda de deux personnalités impliquées dans le génocide qui a eu lieu dans ce pays constitue à leur intention un avertissement.

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Les institutions en charge des droits de l'homme devraient être renforcées de manière à traiter les abus des droits de l'homme avec toute la vigueur de la loi. Comme le dit si bien le Secrétaire général dans son rapport annuel : "si les droits individuels ne sont pas respectés, la société entière en souffre; les libertés individuelles perdent leur sens et leur valeur quand se produisent des guerres civiles, ou surviennent des privations économiques ou socioculturelles". Les conflits armés ont eu en Afrique un impact négatif sur les perspectives de développement, malgré le fait que la majorité des pays africains aient mis en place des réformes pour atteindre la croissance économique, 60% des pays atteignant des taux de plus de 5% de croissance en 1997. L'Afrique continuera cependant a avoir besoin de l'assistance internationale, et les dernières initiatives des institutions de Bretton Woods pour réduire la dette multilatérale des pays lourdement endettés sont les bienvenues. Mais elles sont insuffisantes et trop lentes et décevantes dans leur application. Le Botswana pense que la seule solution viable est l'annulation pure et simple de la dette des pays les plus affectés.

Le 21 septembre 1998, les Forces armées du Botswana et de l'Afrique du Sud sont intervenues dans le royaume du Lesotho en réponse à un appel du gouvernement démocratiquement élu de ce pays. Cette opération a pour but d'aider le peuple du Lesotho à créer les conditions de résolution de leurs différends politiques de manière pacifique. Notre action s'effectue dans le strict respect des buts et des principes de la Charte des Nations Unies et de la résolution du Sommet de l'OUA tenu à Harare en 1997, et qui condamne le renversement de gouvernements légitimes par l'armée.

Etude d'ensemble de toute la question des opérations de maintien de la paix sous tous leurs aspects : séance commémorative destinée à marquer le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies

Projet de résolution (A/53/L.5)

La déclaration suivante a été adoptée à l'issue de la célébration du cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix.

Nous, Etats Membres de l'Organisation des Nations Unies, sommes réunis à l'occasion de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale pour commémorer le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il y a en effet cinquante ans qu'a été créée la première mission d'observation des Nations Unies, l'Organisme des Nations Unies chargé de la surveillance de la trêve. Nous rendons hommage aux centaines de milliers d'hommage aux centaines de milliers d'hommes et de femmes qui, au cours des cinquante dernières années, ont servi sous le drapeau des Nations Unies dans plus de quarante missions de maintien de la paix de par le monde, et nous saluons la mémoire de plus de 1 500 d'entre eux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour servir la paix.

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Nous réaffirmons notre appui à tous les efforts visant à renforcer effectivement la protection et la sécurité du personnel de maintien de la paix des Nations Unies. Nous rappelons avec fierté qu'en 1988, le prix Nobel de la paix a été décerné aux forces de maintien de la paix des Nations unies, et nous sommes heureux que le Conseil de sécurité de l'ONU ait créé la médaille Dag Hammarskjöld pour rendre hommage au sacrifice de ceux qui ont perdu la vie alors qu'ils étaient affectés à une opération de maintien de la paix placée sous le contrôle opérationnel et l'autorité de l'ONU. Nous Etats Membres de l'Organisation des Nations Unies, nous déclarons fermement résolus à soutenir pleinement le personnel de maintien de la paix des Nations Unies afin qu'il puisse mener à bien les tâches qui lui sont confiées.

Déclarations

Dans sa déclaration d'ouverture, le Président de l'Assemblée générale, M. DIDIER OPERTTI (Uruguay), a rappelé que dans les premiers temps, l'intervention des unités militaires et des observateurs civils sous les auspices des Nations Unies était faite à la demande des Etats concernés, et elle visait à calmer les hostilités, à vérifier le respect des accords de cessez-le-feu ou à contribuer, en tant qu'observateur impartial, à d'éventuelles négociations. L'intervention était admise admis comme une mise en oeuvre légitime de la lettre et de l'esprit du Chapitre VI de la Charte des Nations Unies; néanmoins, l'utilisation de contingents militaires dotés d'armes légères a introduit un aspect pas trop différent des formes d'action prévues par le Chapitre VII de la Charte. Cette situation a fait dire à Dag Hammarskjöld que les opérations de maintien de la paix relevaient du "Chapitre 6 et demi" de la Charte. Au cours de la guerre froide et conformément à ce cadre conceptuel, un certain nombre d'opérations de maintien de la paix a été établi en vue de contribuer à régler certains conflits qui menaçaient la paix et la sécurité internationales. L'universalité, implicite dans la composition de ces opérations de maintien de la paix, a atténué les réactions sensibles de ceux qui étaient concernés par la souveraineté des Etats, tout en facilitant le dialogue et les négociations entre les parties concernées.

La fin de l'ordre international bipolaire a créé la prolifération des confrontations armées localisées de nature diverse et complexe, qui ont amené les Nations Unies à faire face à de nouveaux défis difficiles. De nombreux conflits internes, qui ont généralement des incidences internationales, étaient assortis de graves menaces contre les droits de l'homme et de situations d'urgence catastrophiques. Ces conflits ont éclaté au moment où les Nations Unies réaffirmaient leur engagement à assurer la protection de ces valeurs fondamentales. C'est à la fin des années 80 que les Etats Membres ont autorisé et encouragé la mise en oeuvre de nouvelles formes d'opérations de maintien de la paix en vertu des directives contenues dans l'Agenda pour la paix. Désormais l'accent était mis sur la diplomatie préventive et le déploiement des troupes en vue de prévenir les conflits. Ainsi, 36 des 49 opérations de maintien de la paix mises en place par les Nations Unies ont été lancées entre 1989 et 1998.

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Toutefois, ces statistiques n'illustrent pas l'aspect qualitatif de ces opérations. Avant tout, on note l'extension du champ d'action des opérations de maintien de la paix à certains conflits internes; l'exigence du consentement des parties n'est plus essentiel; les mandats des opérations étaient considérablement élargis pour englober certains aspects politiques, institutionnels et administratifs des Etats concernés. En général, les normes interdisant le recours à la force pour exercer sa légitime défense ont été assouplies pour répondre à la nécessité de protéger les personnes déplacées et pour assurer l'acheminement de l'aide humanitaire d'urgence. La stricte neutralité avec laquelle les Casques bleus étaient censés agir ne s'applique pas aux cas où le Conseil de sécurité a imposé des sanctions contre les parties belligérantes. Il faudrait également noter l'importance de l'intervention croissante des coalitions, agissant en appui au Conseil de sécurité, et des mesures prises par les organisations régionales en vertu du Chapitre VII de la Charte. Au-delà de la prudence raisonnable qui devrait régir la gestion des opérations de maintien de la paix, il se dégage un consensus clair que ces opérations devraient être renforcées pour servir d'instrument efficace dans le maintien et la restauration de la paix et pour contribuer efficacement à la réalisation de l'instauration d'un monde où les droits de l'homme sont respectés et l'obligation d'assistance humanitaire prévaut. Le Président de l'Assemblée général a rendu un hommage vibrant à la mémoire des fonctionnaires, soldats et civils héroïques qui ont sacrifié leur vie parce que nous, peuples, étions déterminés à fonder un monde meilleur sur la base de la paix et de la justice.

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que depuis 1948, 49 opérations de maintien de la paix ont été mises en place, dont 36 créées depuis 1988 - année de l'attribution du Prix Nobel de la paix aux Nations Unies. Plus de 750 000 militaires et de personnel civil, ainsi que des milliers d'autres civils représentant 118 pays, ont contribué aux opérations de maintien de la paix. Aujourd'hui même, on compte 14 000 soldats de la paix. Ces statistiques ne rendent pas justice au sacrifice ultime de plus de 1 500 personnes au cours de ces cinquante dernières années. Aujourd'hui, nous rendons un hommage aux Casques bleus courageux qui ont sacrifié leur vie au nom de la paix. Les Nations Unies, nées à l'issue de deux guerres mondiales, se sont engagées à poursuivre l'objectif de paix, et à protéger les générations futures du spectre de la guerre. Indéniablement, les opérations de maintien de la paix entrent dans ce cadre. Le Secrétaire général s'est déclaré convaincu que les Nations Unies restent une Organisation dynamique et novatrice. Les opérations de maintien de la paix constituent l'un des nombreux domaines où l'Organisation s'est montrée en mesure de s'adapter aux circonstances, de surmonter les obstacles et de répondre aux nouvelles situations. Souvent ce qu'on attend du personnel de maintien de la paix a largement dépassé les ressources disponibles. Au cours de ces dernières décennies, les Nations Unies ont accompli avec succès les opérations de maintien de la paix en Namibie, au Mozambique et en El Salvador.

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Mais elles se contentent de maintenir le calme dans des situations tendues, comme à Chypre et au Moyen-Orient. Au Rwanda et en ex-Yougoslavie, les Nations Unies n'ont pu qu'assister avec horreur aux pires atrocités. Les Nations Unies ont appris que les contingents dotés d'armes légères se déplaçant dans des véhicules blancs et portant des casques bleus ne peuvent plus régler tous les conflits. Quelquefois, il faut instaurer ou rétablir la paix avant de la maintenir.

Aujourd'hui, nous ne sommes pas ici pour déclarer la victoire. Ce que nous pouvons et devons proclamer avec fierté est qu'au cours de leurs cinquante années d'existence, les Casques bleus des Nations Unies ont sauvé des dizaines de milliers de vies. Il faut poursuivre la mission des opérations de maintien de la paix. Il reste encore beaucoup à faire et en ce moment même, un nombre considérable de personnes innocentes meurent. La promesse du maintien de la paix ne mettra jamais fin à la guerre et n'équivaut même pas à l'instauration de la paix. Elle peut toutefois contribuer à prévenir ou du moins à retarder l'éclatement du conflit. La volonté d'établir la paix doit exister entre les peuples et les parties concernés, mais c'est aux Nations Unies de tracer la voie de la paix.

M. NARENDRA BIKRAM SHAH (Népal), s'exprimant au nom du Groupe des Etats asiatiques, a rendu hommage au courage, à l'idéalisme et à la motivation de tous ceux qui ont participé à des opérations de maintien de la paix et, en particulier, aux 1 500 soldats de la paix morts en service. Il a également exprimé sa gratitude également au 14 500 personnels militaires et de police civile qui servent la cause de la paix dans les 17 missions actuellement en cours à travers le monde. Le représentant du Népal s'est dit honoré de saluer la présence des familles des premiers dignitaires à recevoir la médaille Dag Hammarskjöld, ces martyrs de la paix qui doivent rester une source d'inspiration.

Il a rappelé que le maintien de la paix est un concept unique des Nations Unies où des troupes sont déployées non à des fins de guerre, mais de paix. Il a estimé que le maintien de la paix, qui est de plus en plus multidimensionnel, restait un outil adapté malgré les besoins changeants.

M. EUGENIUSZ WYZNER (Pologne), s'exprimant au nom du groupe des Etats de l'Europe de l'Est, s'est félicité de cette commémoration du cinquantième anniversaire des Forces de maintien de la paix des Nations Unies et a rappelé que l'Ukraine et la Pologne étaient les coauteurs du projet originel de Déclaration dont l'Assemblée était saisie. Il a également souligné le fait que les Etats de l'Europe de l'Est participaient pour plus de 12% aux effectifs totaux des Forces de maintien de la paix et a salué la promptitude avec laquelle les Casques bleus avaient toujours répondu aux sollicitations du Conseil de sécurité.

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M. Wyzner a estimé que, dans le contexte actuel, la nature des opérations de maintien de la paix était devenue multidimensionnelle et demandait la participation non seulement des militaires mais également des experts civils. Il a également fait état des opérations qui s'effectuaient en coopération avec les organisations régionales et humanitaires. A cet égard il a estimé qu'il y avait encore fort à faire pour préparer les Casques bleus à leur rôle de forces de construction de la paix après la résolution des conflits.

M. Wyzner a ensuite insisté sur la nécessité d'assurer la sécurité du personnel des Nations Unies. Il a exprimé le souhait de voir entrer rapidement en vigueur la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Il a chaleureusement rendu hommage aux Casques bleus présents et a rappelé qu'ils avaient été récompensés par le Prix Nobel de la Paix en 1988.

Mme CRISTINA AGUIAR (République dominicaine), au nom des pays d'Amérique latine et des Caraïbes : les Etats d'Amérique latine et des Caraïbes n'ont pas été indifférents, durant les cinquante années écoulées, aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Aujourd'hui les pays de la région participent à 12 des 17 opérations en cours à travers le monde par l'ONU, et des pays comme le Brésil et l'Argentine ont toujours fourni des troupes aux Nations Unies. L'Amérique latine et les Caraïbes, par l'envoi de contingents militaires et civils font partie des Groupes des amis du Secrétaire général pour le Guatemala et Haïti. Les pays de la CARICOM ont répondu de manière solidaire a l'appel lancé par le Secrétaire général pour l'opération en Haïti; et le Brésil est présent en ce moment même en Angola. L'expérience de l'Amérique latine et des Caraïbes dans les opérations se renforce et s'exprime chaque jour à travers leur participation aux cours et séminaires sur le maintien de la paix.

Les Etats Membres doivent appuyer les efforts de l'ONU par la fourniture de troupes et de financements adéquats. Le Conseil de sécurité a accompli son devoir en ce qui concerne la création des opérations en cours, et la transparence du Conseil a progressé, notamment grâce aux rapports ponctuels faits aux pays contributeurs de troupes. Il reste cependant que ceux-ci doivent être écoutés par le Conseil "de jure" et non pas seulement "de facto". Il a rendu hommage aux hommes et aux femmes d'Amérique latine et des Caraïbes qui ont donné leur vie pour l'idéal de la paix.

M. JULI MINOVES-TRIQUELL (Andorre), s'exprimant au nom du Groupe des Etats d'Europe occidentale et autres Etats, a rappelé que depuis 1948, plus d'un demi-million de personnes ont contribué aux opérations de maintien de la paix, se mettant ainsi au service des idéaux de paix et de progrès. Il a rendu hommage à tous ces gardiens de la paix et particulièrement aux 1500 d'entre eux qui ont donné leur vie pour que la paix l'emporte sur la guerre.

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Leur sacrifice ultime nous rappelle que les êtres humains sont capables de générosité devant la souffrance et de sérénité devant les passions destructrices des conflits armés, même au péril de leur propre existence. C'est là un gage prometteur pour le genre humain au seuil du troisième millénaire, a estimé M. Minoves-Triquell qui a félicité de tout coeur les familles du Commandant René de Labarrière, du Comte Folke Bernadotte et du Secrétaire général Dag Hammarskjöld pour l'attribution de cette médaille qui leur revient en toute justice.

M. Minoves-Triquell a en outre estimé que dans un monde qui est confronté jour après jour aux conflits qui se sont rallumés par suite de la fin de la guerre froide, il est important que ces opérations continuent et s'affinent, mais qu'il est surtout essentiel que la sécurité des personnes qui y participent directement soit garantie.

M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) : depuis plus de cinq décennies, les Nations Unies ont relevé le défi difficile de la paix à travers le monde. Durant cette période les soldats de la paix ont sauvé des vies, évité l'éclatement de guerres, et suscité l'espoir à travers le monde. C'est un bilan plein de noblesse et inégalé dans l'histoire, et c'est un tribut à tous ceux qui ont servi cette cause de manière désintéressée. Il est symptomatique que nous rendions en ce moment hommage à nos soldats de la paix - hommes et femmes, jeunes et âgés, civils et militaires - qui ont donné leur vie pour cette cause. Dag Hammarskjöld a écrit que chacun devrait "chercher la voie qui fait de la mort un accomplissement". Nos soldats de la paix ont cherché cette juste voie et leurs efforts et sacrifices n'ont pas été faits en vain, car ils sont tombés pour que d'autres êtres humains puissent connaître une vie paisible. Au moment où nous commémorons les réalisations de cinquante années d'opérations de maintien de la paix, sous les couleurs des Nations Unies, n'oublions pas les missions que mènent en ce moment même sur le terrain les soldats de la paix et leurs sacrifices. Qu'ils soient toujours capables de surmonter les nombreux obstacles qu'ils ont à affronter.

M. PIETER VERMEULEN (Afrique du Sud), s'exprimant au nom du Mouvement des pays non alignés, a rendu hommage à tous ceux qui ont servi dans les opérations de maintien de la paix et, en particulier, à ceux qui sont morts sous le drapeau des Nations Unies. Toutefois, bien que le Mouvement des pays non alignés reconnaisse pleinement l'importance des efforts de maintien de la paix des Nations Unies, il a estimé qu'il était nécessaire de revoir la question dans son ensemble. Il faut notamment se souvenir qu'une paix durable dépend avant tout de l'élimination des causes profondes des conflits. Le maintien de la paix est un outil d'appoint et maintenir la paix et la sécurité internationales est une responsabilité commune. Le Mouvement des pays non alignés souhaite à cet égard insister sur la nécessité de consultations régulières et instituées entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité.

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Le maintien de la paix devient de plus en plus multidimensionnel et requiert une approche plus efficace en vue de coordonner les aspects relevant du maintien de la paix proprement dit et de l'assistance humanitaire. Le Mouvement des pays non alignés met cependant en garde contre une confusion entre ces deux aspects. M. Vermeulen a souligné l'importance de trouver une solution au problème des délais dans le remboursement des frais engagés par les pays contributeurs de troupes.

M. IBRAHIM GAMBARI (Nigéria), Président du Groupe des Etats africains et Président du Comité des opérations de maintien de la paix, a déclaré que les Etats africains ont largement bénéficié des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, mais ils ont également considérablement contribué aux efforts internationaux de maintien de la paix. Ils ont fourni des contingents, des commandants de la force de certaines opérations de maintien de la paix et se sont acquittés de leurs contributions financières au titre des opérations de maintien de la paix. En outre, depuis 1993, l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a joué un rôle considérable dans le règlement des conflits sur le continent. Le mécanisme de l'OUA pour la prévention, la gestion et le règlement des différends constitue la réponse de l'Afrique à l'Agenda des Nations Unies pour la paix. Il y a quelques années, les Nations Unies et l'OUA ont convenu de la nécessité urgente de renforcer la coopération dans le domaine de la prévention, de la gestion et du règlement des différends, notamment en matière de droits de l'homme, de démocratie et de stabilité en Afrique. Les deux Organisations s'étaient entendus pour que les Nations Unies assistent l'OUA à créer les structures et les procédures visant à renforcer ses capacités en matière de règlement et de prévention des conflits. M. Gambari s'est déclaré convaincu qu'il faudrait renforcer la coopération entre les deux Organisations dans le domaine du maintien de la paix, dans l'intérêt de l'Afrique et du monde tout entier.

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