AG/810

LE DEBAT GENERAL A BALISE LA VOIE DE LA COOPERATION POUR LE PROCHAIN MILLENAIRE, ESTIME LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE

2 octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/810


LE DEBAT GENERAL A BALISE LA VOIE DE LA COOPERATION POUR LE PROCHAIN MILLENAIRE, ESTIME LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE

19981002 Le débat général a mis en évidence les périls du terrorisme et les inquiétudes qu'inspire la mondialisation

L'Assemblée générale a achevé cet après-midi son débat général qui s'était ouvert le 21 septembre sous la Présidence de M. Didier Opertti (Uruguay) et en présence du Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan. Outre l'examen des questions traditionnelles du maintien de la paix, de la réforme du Conseil de sécurité et du désarmement, la lutte contre le terrorisme et les inquiétudes suscitées par les effets pervers de la mondialisation sont apparues comme les priorités nouvelles à l'ordre du jour de la communauté internationale.

Le Pakistan et l'Inde ont créé l'un des moments forts du débat général en annonçant leur intention d'adhérer au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. L'Iraq a accueilli favorablement la proposition du Secrétaire général des Nations Unies de réexaminer dans son ensemble la situation relative à son désarmement.

L'allocution de M. Yasser Arafat, Président de l'Autorité palestinienne, a constitué un autre point d'orgue. Pour la première fois dans l'histoire des Nations Unies, l'Autorité palestinienne a été autorisée à prendre la parole devant l'Assemblée générale. M. Yasser Arafat a sollicité l'aide de la communauté internationale pour la création d'un Etat de Palestine indépendant. Les propositions d'ouverture et de dialogue entre les civilisations du Président de la République islamique d'Iran ont également fait partie des moments forts qui ont marqué le débat général.

Evoquant les attentats perpétrés contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie, le Président américain, M. William Clinton a demandé à la communauté internationale d'exercer une responsabilité partagée dans le refus de tout appui au terrorisme.

(à suivre - 1a)

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A cet égard, la France a proposé l'élaboration d'une convention contre le financement du terrorisme. Le Ministre des affaires étrangères de l'Albanie a demandé une intervention militaire immédiate de l'OTAN au Kosovo et la mise en accusation de Slobodan Milosevic pour crimes de guerre.

Les pays de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe, l'Ouganda, le Rwanda et l'Angola ont expliqué leur position en ce qui concerne le conflit en République démocratique du Congo. Le Rwanda a appelé à une condamnation du génocide en cours en République démocratique du Congo. Au plan national, l'Angola a demandé à la communauté internationale de faire en sorte que Savimbi soit traduit en justice pour les crimes haineux commis pendant si longtemps.

Les dangers de la mondialisation ont été mis en évidence par l'ensemble des pays d'Asie du sud-est qui ont reconnu la nature irréversible d'un tel phénomène. Ils ont convenu de la nécessité de mener une réflexion sur l'architecture financière internationale compte tenu des inquiétudes que la contagion de la crise asiatique a provoquée dans le monde.

Dans son discours de clôture, le Président de l'Assemblée générale a fait ressortir qu'il n'était plus possible pour les gouvernements de garder une vision statique des réalités internationales. Le débat général, a-t-il estimé, favorise un processus d'enrichissement mutuel. La plupart des interventions ont souligné de manière implicite ou explicite l'inquiétude des gouvernements face aux inégalités économiques profondes dans le monde, au processus rapide de mondialisation de l'économie, à la prolifération des armes de destruction massive, au terrorisme, aux situations qui menacent ou compromettent la paix et la sécurité internationales dans différentes régions.

Auparavant, l'Assemblée générale avait entendu les Ministres et Vice- Ministre des affaires étrangères suivants: M. Delfim da Silva (Guinée-Bissau), M. Anastase Gasana (Rwanda), M. Fritz Longchamp (Haïti), M. Joao Bernardo Miranda (Angola), M. Irakli Menagarishvili (Géorgie). Elle a également entendu le représentant de l'Ouzbékistan et de Sao Tomé-et-Principe.

Les représentants de l'Erythrée, de la République démocratique du Congo, de l'Ethiopie, du Rwanda et de l'Indonésie ont exercé leur droit de réponse.

En début de séance, le Président de l'Assemblée générale a indiqué que la Guinée-Bissau a versé le montant nécessaire pour ramener ses arriérés en deçà de la limite spécifiée par l'article 19 de la Charte.

Pour la première fois depuis de nombreuses années, l'Assemblée générale n'a consacré que deux semaines à son débat général. Au cours de cette période, elle a entendu les allocutions de 179 participants dont 26 chefs d'Etat, un vice-président, 15 premier ministres, 14 vice-premier ministres, 105 ministres des affaires étrangères, 6 ministres, 11 chefs de délégations et un Observateur.

Suite du débat général

M. FERNANDO DELFIM DA SILVA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée-Bissau : La stabilité du monde de demain passe par une solidarité entre Etats fondée sur les principes de justice sociale et d'égalité entre les peuples et les Nations. C'est ainsi que la primauté du droit international doit continuer à nous éclairer dans la recherche de solutions durables aux nombreux conflits que nous déplorons de par le monde.

Mon pays se félicite des développements positifs concernant l'affaire Lockerbie qui nous préoccupe depuis plusieurs années et a déjà fait l'objet de décisions de la part d'organisations régionales telles que l'OUA et la Ligue des Etats arabes et du Mouvement des pays non alignés.

La Guinée-Bissau a compris très tôt que pour réussir à donner un contenu à son indépendance politique il fallait impérativement veiller à créer les conditions d'un développement économique harmonieux bénéficiant à toutes les couches de la population. Onze années de lutte de libération nationale ont laissé dans l'esprit et le corps de nos populations des séquelles indélébiles et des blessures difficiles à cicatriser. Nous avons réussi, au cours des quatre dernières années, à asseoir les fondements d'un Etat démocratique fondé sur la primauté du droit et le respect des droits de l'homme. La Guinée- Bissau qui figure parmi les Etats les plus faibles du monde a consacré tous ses efforts à la consolidation de son unité nationale. C'est la conscience d'appartenir au même peuple qui a permis à toutes les composantes de notre population de s'unir et de travailler pour le développement de notre pays et le bien-être de chacun.

Depuis le 7 juin dernier, notre pays vit une tragédie alors qu'il enregistrait des progrès sur la voie de la démocratie, du respect des droits de l'homme et au plan économique. Nous vivons une crise sans précédent à laquelle nous n'étions pas préparés et qui met en péril l'état de droit et l'existence des institutions démocratiques de la République. Ainsi, le coup de force d'une partie de l'armée nationale de notre pays constitue une violation grave des dispositions constitutionnelles de la Guinée-Bissau. C'est, ici, le lieu d'exprimer nos remerciements à toute la famille des Nations Unies pour la solidarité et le soutien dont elle a fait montre à l'égard du Gouvernement légal de la République de Guinée-Bissau. C'est le souci de parvenir à une solution pacifique et négociée qui anime le Gouvernement de la République de Guinée-Bissau dans ses contacts avec les membres de la junte auto-proclamée. Grâce à la médiation conjointe de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), et de la communauté des Etats de l'Afrique occidentale (CEDEAO), nous sommes parvenus à la signature d'un cessez-le-feu. De même un dialogue constructif fondé sur la reconnaissance, le respect de la légalité constitutionnelle dans notre pays et sur la nécessité d'oeuvrer ensemble au retour de la paix et de la stabilité a pu être instauré.

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Le peuple de Guinée-Bissau entretient des relations d'amitié et de fraternité avec ses voisins, la République de Guinée, le Sénégal et la Gambie. Comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, la présence des troupes guinéennes et sénégalaises en Guinée-Bissau est régie par des accords bilatéraux dûment signés et ratifiés.

L'intervention de ces troupes a permis de déjouer une tentative de coup d'Etat et je voudrais leur rendre hommage pour leur action décisive. La Guinée-Bissau vit depuis quatre mois une grande tragédie qui a causé de nombreuses pertes en vies humaines et provoqué de nombreux dégâts matériel. Je voudrais vous remercier pour votre solidarité à l'égard de notre pays et de nos compatriotes. Plus que jamais, nous mesurons la nécessité d'oeuvrer ensemble à l'avènement d'une démocratie pluraliste, d'un état de droit et d'une société égalitaire dans notre pays où la pleine jouissance des droits civiques et politiques sera garantie de même que le plein respect des droits de l'homme. Au moment où nous célébrons le cinquantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme il est opportun de proclamer notre adhésion totale aux principes de la démocratie de la bonne gouvernance et du respect des droits de l'homme. Hier comme aujourd'hui, nous avons besoin de votre soutien pour reconstruire notre pays et redonner confiance et espoir à nos compatriotes.

M. ANASTASE GASANA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République rwandaise : la République démocratique du Congo (RDC) depuis les années 60, n'a cessé d'être un sujet de préoccupation des Nations Unies et de la communauté internationale. Dès le 2 août 1998, le Rwanda a assisté, comme tout le monde, à une rébellion survenue en RDC, contre le gouvernement et la personnalité du Président Kabila. Depuis lors, le Gouvernement rwandais n'a cessé de démontrer que cette crise est purement interne et que M. Kabila avait bel et bien en face de lui une rébellion fortement structurée, avis partagé par la Commission des Ministres des affaires étrangères de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Le Président Kabila lui-même a reconnu implicitement l'existence de cette rébellion au moment où il a publié une longue liste des autorités congolaises dont il a prononcé le bannissement en leur retirant leur passeport et en lançant contre elles des mandats d'arrêt internationaux, parce qu'elles dirigeaient la rébellion congolaise. La position du Rwanda reste de joindre ses efforts de médiation à ceux de la communauté internationale à la recherche de solutions à la crise congolaise par voie de négociations entre la rébellion congolaise et le Gouvernement de M. Kabila. Malheureusement ces efforts du Gouvernement rwandais se heurtent à l'obstination du Président Kabila qui trouve que la solution du conflit intercongolais est de persécuter et de massacrer les Banyamulenge, les Tutsis, les Rwandais vivant au Congo ainsi que les Congolais qui refusent d'adhérer à son macabre projet. A cet égard le Rwanda, comme d'autres observateurs, est préoccupé par l'intensification des violations des droits de l'homme commises par le Gouvernement du Président Kabila qui incite la population au génocide, au massacre et à la haine raciale.

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Le Gouvernement rwandais estime que les Nations Unies devraient condamner le génocide ainsi que les violations des droits de l'homme qui sont commises en RDC et prendre les mesures qui s'imposent envers le Gouvernement du Président Kabila. Il estime également qu'il faut résoudre, entre Congolais, une fois pour toutes, la question de la nationalité et de la citoyenneté.

Le Rwanda ne peut avoir éternellement des apatrides sur ses frontières, particulièrement ceux de l'Est territorial du Congo. Le conflit inter- congolais se répercute sur la sécurité des pays voisins de la RDC, surtout le Rwanda, étant donné que les forces de Kabila sont une combinaison de tous les éléments criminels provenant des pays de la région.

L'armée congolaise devrait être une armée nationale et non une milice katangaise et sectaire du Président Kabila. Le conflit intercongolais sera résolu par une bonne gouvernance et un bon leadership qui n'incite pas la population au génocide et au massacre d'une partie de la population. Le Rwanda, qui a eu le malheur d'être victime du génocide de 1994, est en droit de dénoncer ce crime contre l'humanité qui est en train de se commettre en RDC, pour prévenir et éviter qu'il ne soit exporté au Rwanda, comme cela figure dans le programme politico-militaire du Président Kabila. Le "fax Dallaire" sur le génocide en RDC se trouve bel et bien ici à New York et à Genève aux Nations Unies, à Bruxelles au siège de l'Union européenne et dans les capitales européennes. Personne ne pourra donc arguer de n'avoir pas été informé à temps pour condamner les actes du génocide du Président Kabila, les miliciens Interahamwe et les éléments des anciennes forces armées rwandaises qui ont planifié et mis en place le génocide au Rwanda. Le Ministre congolais de l'intérieur, M. G. Kakudji, tout au début de la crise a approché, discrètement le HCR et le Haut Commissariat aux Droits de l'Homme et leur a révélé que s'il n'évacuaient pas rapidement toutes les personnes arrêtées, celles-ci allaient être exterminées. Qu'ont fait les Nations Unies suite à cette sonnette d'alarme? Le Gouverneur du Shaba-Katanga a également fait un appel discret aux Nations Unies et à la communauté internationale révélant qu'il avait pour ordre formel de massacrer tous les Tutsis congolais, toute personne d'origine rwandaise et tout Congolais récalcitrant à ce projet macabre. Comment les Nations Unies ont-elles répondu à cet appel? Les Nations Unies et la communauté internationale vont-elles attendre qu'un génocide soit consommé en RDC pour y envoyer ensuite à posteriori une Commission d'enquête? La Cour pénale internationale dont nous nous félicitons de la récente création, ne pourrait-elle pas se saisir rapidement de cette affaire et arrêter la tête et la main qui tue aujourd'hui en RDC?

M. FRITZ LONCHAMP, Ministre des affaires étrangères de la République d'Haïti : nous tenons à exprimer notre plus vive sympathie aux gouvernements et peuples frappés par l'Ouragan Georges qui a traversé la Caraïbe il y a une dizaine de jours. Le bilan en Haïti est lourd : 150 morts, des dizaines de disparus, plus de 500 000 sinistrés ainsi que des dégâts importants dans les domaines agricoles et sur les infrastructures.

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Le coût total de ces pertes pourrait être évalué à 200 millions de dollars des Etats-Unis. La solidarité internationale s'est rapidement manifestée, mais avec plus de 60% de la production agricole du pays détruite, les perspectives d'avenir sont sombres. Une fois que les secours d'urgence auront cessé, il faut craindre une grave pénurie de vivres et de produits de première nécessité. C'est pourquoi nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle nous assiste dans nos efforts de réhabilitation et de reconstruction, ainsi que dans nos efforts pour résoudre les problèmes de santé publique. C'est pourquoi nous invitons les délégations à appuyer le projet de résolution A/53/L.2 qui leur sera présenté prochainement.

Le monde aujourd'hui fait face aux problèmes posés par le trafic de drogue et ses corollaires, le trafic d'armes, le crime organisé et le blanchiment d'argent. La lutte contre ces fléaux requiert, comme il a été souligné au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à ce problème, le renforcement de la coopération aux niveaux bilatéral, régional et international.

Haïti, qui a malheureusement servi de pays de transit pour une partie de la drogue destinée aux marchés consommateurs, a adopté une politique vigoureuse qui commence à porter ses fruits. Elle consiste dans l'élaboration de mesures législatives contre le trafic de drogue et le blanchiment d'argent, la mise sur pied d'un organisme chargé de lutter contre le trafic des stupéfiants, et le développement de la coopération avec les pays voisins et à l'adhésion aux instruments internationaux pertinents dans ce domaine.

Le phénomène de mondialisation qui devrait, selon certains observateurs, accélérer la croissance et favoriser le développement a surtout été marqué par une aggravation de l'inégalité et par une croissance molle. Ainsi le fossé entre les revenus du Nord et du Sud a continué de se creuser. Plus encore que les pays en développement frappés par cette évolution mondiale, les pays les moins avancés (PMA) dont Haïti fait partie sont de plus en plus marginalisés et doivent faire face à une détérioration des conditions de vie de leur population. Cette situation exige que la communauté internationale redouble d'efforts dans la lutte contre la pauvreté. Une action solidaire et concertée, de longue haleine, mobilisant de grands moyens est indispensable, si l'on veut parvenir à un résultat satisfaisant.

Aujourd'hui les droits de l'homme constituent une réalité qu'aucun gouvernement ne peut ignorer. En Haïti, le respect de ces droits est garanti par la constitution et le gouvernement s'efforce d'en assurer la jouissance. Toutefois, la situation très complexe résultant d'un double problème électoral et gouvernemental rend difficile le fonctionnement normal des institutions et la coopération avec la communauté internationale.

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Pour en venir à bout, le Président René Préval a entrepris des consultations à tous les niveaux de la société haïtienne en vue de constituer un nouveau conseil électoral qui aura la responsabilité, conformément à la Constitution et dans le plus court délai possible, d'organiser des élections libres, honnêtes et démocratiques aux niveaux municipal et législatif. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour y garantir la participation de tous les secteurs. Leur bon déroulement contribuera grandement à l'issue de la crise gouvernementale qui se profile à l'horizon.

M. JOAO BERNARDO MIRANDA, Vice-Ministre des relations extérieures de l'Angola : l'Angola traverse une période difficile de son histoire. A l'heure actuelle, nous ne sommes pas en mesure d'annoncer la fin de la guerre et le début d'une nouvelle ère de consolidation de la démocratie en Angola. Le processus de paix et tous les efforts déployés par le Gouvernement angolais sont dans l'impasse du fait du non-respect systématique par l'UNITA des dispositions du Protocole de Lusaka, des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des lois angolaises.

M. Jonas Savimbi a démontré son refus de transformer l'UNITA en un parti politique civil. Quatre ans après la mise en oeuvre des accords de paix, le processus de paix a souffert de sérieux revers à la suite des obstacles dressés par la branche militaire dirigée par M. Savimbi. L'UNITA a volontairement trompé les Nations Unies et la communauté internationale quand elle a déclaré qu'elle était démilitarisée. Mais comme le Conseil de sécurité a été en mesure de le constater, l'UNITA a maintenu des unités militaires sophistiquées. Elle s'est également opposée au processus de normalisation de l'administration d'Etat en refusant d'abandonner les zones qu'elle occupe illégalement. En même temps, l'UNITA a initié une nouvelle escalade des hostilités à travers le pays en lançant des attaques armées contre les autorités locales du gouvernement. La Police nationale et les Forces armées nationales se sont également adonnées au massacre de la population civile.

Ces actes constituent des crimes contre l'humanité et des actes terroristes selon la définition qu'en donnent les droits de homme et les instruments juridiques humanitaires. La communauté internationale ne peut pas assister passivement à ces violations systématiques des valeurs morales et des instruments juridiques internationaux. Cette attitude a été condamnée par la Communauté des pays d'Afrique australe. M. Savimbi et, peut-être, ses collaborateurs, devraient être traduits devant une cour pour répondre de leurs crimes odieux. L'UNITA elle-même se trouve pénalisée à cause d'une personne qui abuse de la bonne foi de ses hommes qui croient dans l'alternative politique crédible que représente un tel mouvement dans le contexte d'un système politique naissant. Tous ceux qui ont choisi la paix ont, depuis, repris les activités pour lesquelles ils avaient été nommés dans le cadre du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale.

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Récemment, des dirigeants politiques et des cadres du parti politique ainsi que les officiers de l'UNITA ont montré clairement qu'ils ne soutenaient pas la guerre. Le 2 août, ils ont publié un manifeste politique dénonçant la conduite de Savimbi. Dans un effort de revitalisation de l'UNITA, ils ont créé un Comité de rénovation de l'UNITA, ce qui a entraîné la destitution de Savimbi de la tête du parti. Ce mouvement de rénovation soutient les accords de paix, la réconciliation nationale et la transformation effective de l'UNITA en un parti politique civil, et a donné un nouveau souffle et un nouvel espoir pour la conclusion des accords de paix. Pour cette raison, le Gouvernement angolais a décidé de reconnaître le Comité de rénovation de l'UNITA comme son unique interlocuteur et partenaire. Les pays de la Communauté des pays d'Afrique australe ont également reconnu ce mouvement. Nous sommes convaincus que la communauté internationale n'hésitera pas à soutenir et à promouvoir les efforts des nouveaux dirigeants de l'UNITA. Le Gouvernement angolais ne pense pas qu'il est nécessaire de donner une nouvelle chance à M. Savimbi et il continuera de prendre toutes les mesures contre ceux qui tentent de déstabiliser l'ordre politique.

L'Angola est préoccupé par l'invasion par des forces étrangères de la République démocratique du Congo qui constitue une menace à la paix et à la stabilité de la région. C'est la raison pour laquelle certains pays, y compris l'Angola, ont convenu d'apporter une aide militaire aux autorités congolaises. Nous soutenons le retrait des troupes d'invasion et l'élaboration d'un accord qui garantirait le respect par les pays de la région, de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo, et qui permettra aux autorités congolaises de lancer un vaste dialogue national qui devra mener à des élections en 1999, conformément au programme de démocratisation de Laurent-Désiré Kabila.

M. IRAKLI MENAGARISHVILI, Ministre des affaires étrangères de la Géorgie : la menace posée à la stabilité internationale par l'émergence de séparatismes agressifs a été systématiquement sous-estimée, de même que notre capacité à y faire face. Cette réalité est illustrée par l'expérience de la Géorgie, et de celle de certains Etats nouvellement indépendants, dont le développement est entravé par des conflits internes de ce type. Depuis plus de cinq ans, le conflit en Abkhazie Géorgie a été à l'ordre du jour d'un certain nombre de forums internationaux. Il a été répété à maintes reprises qu'il fallait régler ce conflit dans la cadre de l'intégrité territoriale de la Géorgie et de la garantie du retour immédiat de centaines de milliers de réfugiés et personnes déplacées. Toutefois, à ce jour, aucun progrès réel n'a été enregistré. De plus, en mai 1998, l'expédition punitive perpétrée par la partie abkhaze dans la région de Gali en Abkhazie Géorgie, a été précédée par le non-respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et des décisions de l'OSCE relatives à la purification ethnique de la population géorgienne en Abkhazie. Ainsi, nous avons été une fois de plus confrontés au problème grave de la mise en application des décisions prises par la communauté internationale.

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Le Gouvernement de la Géorgie reste néanmoins engagé à trouver une solution pacifique au conflit et n'a recours pour ce faire qu'à des moyens politiques. La Géorgie estime qu'il est urgent de reprendre le fonctionnement de l'UNOMIG en accord avec son mandat et, à cet égard, la question de la sécurité du personnel international revêt un caractère primordial. Pour sa part, le Gouvernement géorgien est en faveur de la proposition du Secrétaire général relative au déploiement d'unités d'auto-protection, et regrette que cette question fasse l'objet de discussions interminables. Tout en condamnant fermement tous les actes de terrorisme, la Géorgie est en faveur de la création d'équipes chargées d'enquêter.

L'évolution de la situation en Abkhazie Géorgie a permis d'attirer l'attention sur certains points importants à savoir l'élaboration de programmes économiques dans le cadre de la reconstruction du pays lors du processus de paix. Toutefois, pour qu'un processus de paix soit couronné de succès, il faudrait également adopter des mesures visant à rétablir la confiance entre les parties. A cet effet, le Bureau des droits de l'homme des Nations Unies et de l'OSCE à Sukhumi, pourrait y prendre une part active. D'autre part, compte tenu du fait que les conflits internes engendrent souvent des situations humanitaires graves, et notamment des déplacements de population et de réfugiés, la Géorgie estime que ces personnes déplacées devraient pouvoir bénéficier d'une protection adéquate grâce à un mécanisme international. Il faudrait aussi rétablir leurs droits politiques, à la propriété et au retour dans leurs foyers.

La Géorgie souligne également que la base d'un règlement global du conflit en Abkhazie Géorgie est le droit à l'autodétermination de la population multiethnique de l'Abkhazie à l'intérieur de frontières géorgiennes internationalement reconnues et dans le cadre d'un processus de démocratisation et de bonne gouvernance avec la participation active et le contrôle d'institutions internationales. Dans le domaine du désarmement, la Géorgie envisage la question de sa signature de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel et cela en dépit des problèmes qu'elle connaît, car elle est convaincue que les mines antipersonnel représentent un réel fléau dans les conflits régionaux.

Dans le cadre de la formation d'un nouvel ordre mondial, la plus grande responsabilité en matière de paix et de sécurité internationale revient aux Nations Unies. Nous pensons d'autre part qu'il faudrait modifier la composition du Conseil de sécurité en tenant compte des nouvelles réalités géopolitiques du monde. A cet égard, la Géorgie réitère sa position en faveur de l'octroi d'un siège permanent à l'Allemagne et au Japon au sein du Conseil et de l'augmentation du nombre de sièges non-permanents, à condition que l'un d'entre-eux revienne à un pays d'Europe de l'Est.

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M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) : la communauté internationale est consciente du danger inhérent à l'évolution des situations en Afghanistan, en Asie du Sud et au Tadjikistan. Il existe aujourd'hui, dans cette région, comporte de grands risques de conflits. La menace d'un débordement de la situation afghane est réelle. L'Ouzbékistan en a appelé plusieurs fois à l'assistance de la communauté internationale pour régler le problème afghan. Notre initiative d'un embargo des livraisons d'armes à l'Afghanistan devrait permettre de progresser dans cette voie. Nos appels à la cessation de telles livraisons à toutes les parties aux conflits ont trouvé un écho dans les résolutions du Conseil de sécurité, mais leur réalisation passe par la création, toujours attendue, de mécanismes efficaces dans le cadre des Nations Unies. Le Groupe des Six plus Deux auquel participent les pays voisins de l'Afghanistan, les Etats-Unis, et le Fédération de Russie constitue pour nous, mis à part le rôle des Nations Unies, le seul mécanisme international apte à lancer un processus de paix.

Nous avons un objectif global qui est de trouver les moyens d'assurer la stabilité, la sécurité et la paix. Un véritable intérêt se manifeste vis-à- vis des projets liés à l'énergie et aux voies de communication dans la région. Le réalisation de ces projets ne devrait pas susciter d'opposition car ils contribueront à renforcer la stabilité et le développement de la coopération entre Etats. L'importance du groupe des Six plus Deux en tant qu'instrument de négociations valable prend de plus en plus d'importance. Nous espérons que ce cadre de négociations permettra, à travers la coopération avec les forces inter-afghanes, d'élaborer non seulement les conditions d'un armistice mais également les mesures nécessaires pour restaurer l'Etat ainsi que son économie. Les développements récents en Afghanistan ont confirmé que l'une des conditions les plus importantes pour le retour de la paix dans l'Etat islamique d'Afghanistan est de parvenir sous l'égide des Nations Unies à un consensus entre les pays de la région et les Etats influents. Les problèmes qui affectent les intérêts vitaux de l'Ouzbékistan font partie des questions qui pourraient être réglées sous l'égide des Nations Unies.

Les mécanismes internationaux de lutte contre le terrorisme n'ont pas apporté de résultats satisfaisants. Aujourd'hui nous avons besoin d'actions coordonnées à l'échelle de la communauté internationale. L'Ouzbékistan met en oeuvre une initiative pour établir dans le cadre des Nations Unies, une commission de prévention et de lutte contre les activités terroristes. Si les Etats Membres des Nations Unies soutiennent cette initiative, l'Ouzbékistan prendra une part active à sa réalisation. L'Ouzbékistan a constamment pris des mesures visant à assurer la paix et à renforcer la sécurité dans la région. Nous pouvons ici nous référer à la création sur notre initiative d'une zone dénucléarisée en Asie centrale. Des progrès considérables ont été accomplis depuis. Au niveau national, nous accordons une attention particulière à l'écologie et à la protection de l'environnement. Beaucoup de décisions ont été prises concernant la mer d'Aral.

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Malheureusement, elles n'ont pas été suivies de mesures pratiques. La communauté internationale considère que la crise en mer d'Aral peut être résolue au moyen d'opérations humanitaires, mais ce n'est pas le cas. Ce problème nécessite l'établissement d'une commission régionale traitant spécifiquement de l'écologie de la mer d'Aral dans le cadre des Nations Unies.

M. DOMINGO FEREIRA (Sao Tomé-et-Principe) : en dépit de certains développements positifs en Afrique, nous sommes témoins de violents conflits armés, notamment au Soudan, en Somalie, en République démocratique du Congo, en Angola, dans la région des Grands Lacs, en Guinée-Bissau et en Erythrée. Cette situation requiert l'attention de tous afin de créer un environnement favorable au dialogue et à la réconciliation s'appuyant sur des principes démocratiques, de bonne gestion et de respect des droits de l'homme et des minorités.

Concernant la situation en Guinée-Bissau, en tant que membre de la communauté des Etats lusophones (CPLP), nous avons participé avec la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) à des négociations qui ont abouti à un cessez-le-feu. Nous exhortons les deux parties à établir un environnement favorable à la paix et à la stabilité, à rétablir le fonctionnement des institutions démocratiques et à respecter la constitution. Pour ce qui est de la situation en Angola, nous en appelons à la communauté internationale pour qu'elle contribue à éviter une nouvelle guerre dans ce pays. Nous engageons également l'UNITA et le gouvernement de réconciliation nationale dont l'UNITA est l'un des membres constitutifs à respecter les obligations du Protocole de Lusaka et à oeuvrer pour la paix et le développement. La situation en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs est la plus alarmante de notre continent et, alors que cette sous- région brûle, la situation peut déborder sur d'autres pays. Notre souhait est de rechercher une solution en collaboration avec la communauté internationale et les pays de la sous-région.

Au-delà du continent africain, nous rappelons le conflit du Timor oriental, où la population souffre de l'occupation étrangère et lutte pour son autodétermination en accord avec la Charte des Nations Unies. En déniant à ce peuple ce droit fondamental, nous sommes en contradiction avec les principes de notre organisation. C'est pourquoi nous réaffirmons notre soutien au peuple de Maubere dans sa lutte et en appelons à la communauté internationale et aux Nations Unies pour qu'elles continuent de soutenir les négociations en vue d'aboutir à un règlement pacifique du conflit.

Sao Tome-et-Principe souhaite par ailleurs attirer l'attention de l'Assemblée sur la résolution 2758 adoptée au cours de sa 26ème session en 1971 qui nie les droits de 21,8 millions de personnes à une représentation internationale et contrevient au principe d'universalité contenu dans la Charte des Nations Unies.

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La coexistence pacifique de la République de Chine à Taïwan et de la Chine au sein de notre organisation devrait servir de catalyseur pour venir à bout de l'une des plus grande source d'instabilité en Asie. Compte tenu des changements survenus dans les relations internationales, nous en appelons à l'Assemblée générale afin qu'elle amende la résolution 2758.

Mon pays traverse un moment difficile de son histoire et l'économie de Sao Tome-et-Principe en est bouleversée. Cependant, les statistiques attestent d'une amélioration significative, l'inflation baisse, le système fiscal s'améliore et la valeur du "Dobras" monte. Le taux de change du dobras par rapport au dollar avait baissé de 146% l'année dernière alors qu'au cours des sept premiers mois de cette année notre monnaie est remontée de 5%. Bien que notre gouvernement se soit efforcé d'obtenir des résultats positifs en matière de réduction de la pauvreté et de développement, nous demeurons inquiets face au problème de notre dette extérieure, estimée à 270 millions de dollars des Etats-Unis, ce qui représente 54 fois le montant de nos exportations. Ces chiffres sont tragiques et il est indispensable que Sao Tome-et-Principe bénéficie de l'effacement de sa dette extérieure.

Droits de réponse

Le représentant de l'Ethiopie, répondant à l'Erythrée, a déclaré que la litanie habituelle de mensonges équivaut à une tentative futile du Gouvernement érythréen de justifier son agression et l'occupation du territoire frontalier de l'Est par la force en violation du droit international. Cela relève de l'arrogance et représente une insulte à l'intelligence de la communauté internationale d'entendre dire que l'Erythrée est attachée au règlement pacifique des conflits. L'Erythrée prétend que l'attaque du 6 mai est à l'origine du conflit mais la proposition de base des Etats-Unis et du Rwanda est que l'Erythrée doit se retirer du territoire de l'Ethiopie qu'elle a occupé le 6 mai 1998. L'Erythrée a nié, à plusieurs reprises, que ses troupes traversaient les frontières établies par les tierces parties. Il a été dit que l'Ethiopie traçait un portrait belligérant de l'Erythrée mais il n'a y eu aucune tentative de propagande contre l'Erythrée. Nous n'avons jamais refusé les propositions des tierces parties alors que l'Erythrée a fait preuve de prévarication. De nombreux Ethiopiens demeurent sous occupation érythréenne et souffrent de traitements inhumains. Il y a eu des bombardements au napalm de cibles civiles. La cause de la crise actuelle est due aux caprices d'un dictateur. Dans ce contexte, nous ne voyons pas comment cette crise peut trouver une solution.

Le représentant de la République démocratique du Congo a déclaré que son pays ne dira jamais assez que le Rwanda est à la base de l'agression que subit son pays, agression qu'il entretient pour des raisons inavouées et les raisons qu'il avance ne servent qu'à masquer ses appétits de domination. Nous faisons face à un pourrissement de la situation depuis que le Rwanda occupe le Kivu. Le pillage, le viol et la déportation sont monnaie courante dans le territoire sous occupation rwandaise.

- 12 - AG/810 2 octobre 1998

Un bon nombre de dirigeants du Rwanda ont pourtant vécu paisiblement dans notre pays où ils se sont livrés à des activités pastorales sans être inquiétés. Nous affirmons qu'il n'y a pas de problèmes internes mais une agression de notre territoire par le Rwanda soutenu par son complice ougandais. Le Rwanda a cherché à assurer la suprématie d'une ethnie sur une autre ce qui est contraire aux valeurs du peuple congolais. Il s'agit d'une culture génocidaire qui a justifié la création d'un Tribunal pour juger les crimes de génocides au Rwanda. Nous formulons le voeu de voir le point additionnel, évoqué lors de cette session, inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée générale.

Le représentant de l'Espagne, répondant aux propos de la Guinée Equatoriale, a souligné que son Gouvernement condamne fermement tout acte de terrorisme quel que soit l'endroit où ils sont commis et quels qu'en soient les auteurs. Comme l'a dit le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, lors du débat général, le terrorisme constitue une grave menace pour la sécurité intérieure et internationale, pour les relations pacifiques entre les Etats et pour l'exercice des droits de l'homme. Nous appuyons le renforcement des mécanismes de lutte contre le terrorisme.

Le représentant de l'Erythrée a évoqué le refus plein et entier du gouvernement Ethiopien de se retirer des zones qui font l'objet de litige.

Le représentant du Rwanda a évoqué la situation tragique et inquiétante dans son pays, situation à laquelle la communauté internationale n'a pas pu faire face. Il s'est dit heureux que le représentant de la République démocratique du Congo n'ait pas été en mesure de renier les allégations de haine ethnique formulées à son encontre. Il a cité le Herald Tribune qui dit que "ce qui est le plus dangereux en République démocratique du Congo, c'est de ressembler à un Tutsi. On a demandé aux Congolais d'attaquer les Tutsis ". Le groupe des droits de l'homme au Congo a fait état d'incitation à la haine raciale par le Gouvernement de Kabila.

Le représentant de l'Indonésie a évoqué la déclaration de Sao Tome-et- Principe sur le Timor oriental. Le peuple du Timor oriental a déjà exercé démocratiquement son droit à l'autodétermination. Les Nations Unies ont été pleinement informées de toutes les étapes de ce processus et l'Indonésie a toujours fait preuve de bonne foi en ce qui concerne un dialogue tripartite sous les auspices du Secrétaire général des Nations Unies. L'Indonésie a proposé un statut d'autonomie locale et cette proposition reflète sa volonté sincère de régler la question du Timor oriental. Nous sommes engagés aux côtés du peuple du Timor oriental.

Le représentant de la République démocratique du Congo a déclaré qu'il était difficile pour des gens intègres de comprendre les mensonges. Que le Rwanda se retire de la RDC au lieu de s'obstiner à répandre des mensonges, ce qui ne paye pas à la longue.

- 13 - AG/810 2 octobre 1998

Déclaration de clôture de M. Didier Opertti, Président de l'Assemblée générale

A la lumière de la mutation incessante des situations qui font l'objet du débat général de l'Assemblée générale, il n'est plus possible pour nos gouvernements de garder une vision statique des réalités internationales. Ce débat permet un processus d'enrichissement mutuel de s'accomplir, dont nous bénéficions tous et je tiens à remercier tous les intervenants.

Personnellement, je considère que ce débat a offert une occasion unique de voir comment les gouvernements des Etats Membres voient le monde en cette fin de siècle, et quels problèmes, selon eux, ont un impact sur la paix, la sécurité et la prospérité des Nations, de même que les orientations devant être prises par la communauté pour les résoudre. Au cours de ce débat 179 Etats Membres et un observateur se sont adressés à l'Assemblée générale, dont 26 chefs d'Etat, un vice-président, 15 premiers ministres, 14 vice-premier ministres/ministres des affaires étrangères, 105 ministres des affaires étrangères et autres.

La plupart des interventions ont souligné de manière implicite ou explicite l'inquiétude des Gouvernements face aux inégalités économiques profondes dans le monde et face au processus rapide de mondialisation de l'économie. Il existe un intérêt croissant à mieux comprendre ce processus afin que la communauté internationale puisse prendre des mesures lui permettant de gérer ses effets et de faire en sorte que la mondialisation ne profite pas seulement à une minorité pendant qu'elle nuit aux plus vulnérables. Il est intéressant de noter cependant que la mondialisation semble avoir permis une prise de conscience plus grande de la nécessité de trouver ensemble des solutions aux problèmes internationaux.

Le débat général nous a également permis de passer en revue les situations qui menacent ou mettent en danger la paix et la sécurité internationales dans différentes régions de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe. Malheureusement ces situations sont multiples et de nombreuses délégations ont fait allusion à la nécessité de renforcer les mécanismes qui permettraient aux Nations Unies de jouer plus efficacement son rôle de prévention des conflits. Il apparaît clairement en outre que l'Assemblée souhaite accorder une attention particulière à la situation en Afrique et j'espère que cela permettra de déterminer par quelles voies les Nations Unies pourraient apporter une aide rapide et efficace aux pays africains.

Ce débat a montré que la communauté internationale commence à devenir impatiente face au manque de progrès réalisés dans la recherche de solutions à certains conflits dont la prolongation représente une menace grave contre la sécurité mondiale. Nous avons aussi vu certains signes encourageants qui auront, je l'espère, un impact positif sur la situation au Moyen-Orient.

- 14 - AG/810 2 octobre 1998

Le débat a inévitablement révélé qu'une grande inquiétude persiste en ce qui concerne la prolifération des armes de destruction massive. Il va falloir trouver ensemble les moyens de renforcer les cadres juridiques nécessaires pour mettre fin à la course aux armements et à la prolifération des armes et des essais nucléaires.

Le problème du terrorisme a été fréquemment évoqué par les intervenants. Il ressort du débat que les gouvernements attendent des Nations Unies qu'elles poursuivent la lutte contre le terrorisme en élargissant le cadre juridique existant.

Les participants ont également gardé présent à l'esprit que cette année marque le 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, dont les violations flagrantes affectent des pans entiers de l'humanité. Tout au long du débat des références ont été faites aux Nations Unies à comme l'un des instruments le mieux à même d'aborder les problèmes et les défis internationaux. C'est pour cette raison que l'Organisation se doit d'être au diapason des réalités actuelles et que le sujet de la réforme des Nations Unies a été repris fréquemment dans les déclarations.

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