En cours au Siège de l'ONU

AG/808

L'ASSEMBLEE GENERALE EVOQUE LES SITUATIONS DE CONFLIT DANS LE MONDE ET LES REPONSES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

1er octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/808


L'ASSEMBLEE GENERALE EVOQUE LES SITUATIONS DE CONFLIT DANS LE MONDE ET LES REPONSES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

19981001 Au cours du débat général à l'Assemblée cet après-midi, les délégations ont évoqué le cinquantième anniversaire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et commenté les réponses apportées par la communauté internationale aux menaces à la paix et à la sécurité dans le monde. Des appels ont été lancés exhortant la communauté internationale à apporter son concours aux organisations régionales, en particulier à l'OUA et à son Mécanisme de prévention, de gestion et de prévention des conflits. Pour le Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, la communauté internationale devrait réagir à l'agression de son pays par l'Erythrée. Si elle ne dénonce pas le caractère intolérable de cette agression, l'instabilité ne fera que s'accroître et pourrait donner naissance à un conflit interminable dans la sous-région avec tout ce que cela comporte comme implications graves pour la paix dans le continent. Quand il s'agit de condamner les violations du droit international, il faut le faire avec fermeté et indignation.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Bosnie- Herzégovine a attiré l'attention sur la situation du Kosovo en mettant en garde contre l'effet de contagion qu'elle pourrait avoir sur son pays. La communauté internationale doit tirer les leçons de son expérience en Bosnie- Herzégovine pour régler cette crise. Les droits de l'homme, les droits nationaux et démocratiques de toutes les parties doivent être respectés tout comme l'intégrité territoriale de tous les Etats de la région. Le Ministre des affaires étrangères a également affirmé que trois ans après la signature des Accords de paix, le processus de paix et de reconstruction en Bosnie- Herzégovine est entré dans une nouvelle ère prometteuse.

Le Ministre des affaires étrangères du Guatemala a, quant à lui, rendu hommage à la contribution des Nations Unies dans la réalisation de la paix dans son pays. Faisant part des progrès accomplis dans cette voie, il a appuyé fermement la recommandation du Secrétaire général d'autoriser la prorogation du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies jusqu'au 31 décembre 1999. Pour sa part, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine a lancé un appel au Conseil de sécurité pour que soit prorogé le mandat de la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA), déployée à Bangui depuis le 15 avril 1998. Les efforts de consolidation de la paix sont en cours et la présence et la coopération de la Mission restent indispensables.

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Les personnalités suivantes ont pris la parole au cours du débat : le Ministre des affaires étrangères des Maldives, le Ministre des affaires étrangères de l'Ethiopie, le Ministre des affaires étrangères de la Bosnie- Herzégovine, le Ministre des affaires étrangères du Guatemala, le Ministre des affaires étrangères du Malawi, le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, le Ministre de la justice et des affaires juridiques des îles Salomon et le représentant de la Grenade.

Les représentants de la République démocratique du Congo et de l'Ouganda ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain vendredi 2 octobre à 10 heures.

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Suite du débat général

M. EDMUND ANDRESEN, Ministre de la justice et des affaires juridiques des Iles Salomon : le manque de ressources en capital, la dette écrasante, les crises économiques externes et la baisse de l'aide publique au développement retardent la croissance économique de nombreux pays en développement. La mondialisation met en évidence la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement face aux crises économiques extérieures. Nous sommes dangereusement exposés aux évolutions économiques et technologiques extérieures. Notre incapacité d'assumer les conséquences de la crise financière asiatique démontre toute notre faiblesse. La chute des exportations de mon pays a accentué ses difficultés financières et économiques. Il faut donc élaborer des règles et des normes internationales pour mieux gérer le flux des capitaux et le secteur financier privé. Sans de telles mesures, les pays les moins développés ne pourront pas bénéficier des effets de la mondialisation et de la libéralisation économique. Afin de stimuler le secteur privé et la participation active des habitants des Iles Salomon, le Gouvernement a lancé un programme de réformes économiques axées sur des pratiques bancaires et financières pouvant nous conduire à une croissance économique et à la stabilité.

Mais nous ne pouvons pas réussir sans l'aide bilatérale et multilatérale. L'expérience d'autres économies qui ont pris les mêmes directions démontrent que les réformes peuvent s'avérer efficaces sur des marchés traditionnels mais aussi sur de nouveaux marchés. Les institutions multilatérales telles que l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel et le Programme des Nations Unies pour le développement peuvent apporter une assistance très efficace en matière de compétitivité. Les télécommunications et technologies de l'information sont indispensables au renouveau économique, surtout pour les Iles Salomon et les petits Etats insulaires éloignés des grands marchés et des centres économiques et financiers. Mon gouvernement a entrepris de renforcer son réseau de télécommunications efficace mais coûteux.

Pour mon gouvernement, un développement soutenu, accompagné d'une gestion scientifique de nos forêts et de nos ressources maritimes restent des priorités. Les Iles Salomon sont composées de 922 îles et atolls qui s'étendent sur plus de 1,35 millions de km2 d'océan où la pèche est l'activité économique principale. La protection de l'écosystème marin demeure une préoccupation majeure. Avec l'assistance du PNUD, une étude devrait bientôt souligner tout le danger potentiel que représente pour l'environnement sous- marin l'énorme quantité de navires coulés pendant la seconde guerre mondiale. La session extraordinaire de l'Assemblé générale qui se déroulera l'année prochaine pour faire le bilan des progrès réalisés par le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires promet d'être une occasion importante d'évaluation des progrès accomplis au cours des cinq dernières années en matière d'environnement.

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Les catastrophes naturelles restent la plus grande menace environnementale que redoutent les habitants des petits Etats insulaires. Une coopération internationale en faveur de systèmes de prévention et de gestion des catastrophes est nécessaire. Nous soutenons sans réserve le renouvellement de la décennie des Nations Unies pour la réduction des catastrophes et les initiatives qui l'accompagnent. Les changements climatiques demandent aussi une attention toute particulière de la communauté internationale. Le Protocole de Kyoto que les Iles Salomon viennent de signer, il y a à peine quelques jours, est une avancée positive.

La prolifération nucléaire est un autre point qui préoccupe mon gouvernement. Ces instruments de terreur créent l'insécurité dans notre région. Nous sommes engagés dans le processus d'élimination des armes nucléaires, biologiques et chimiques. L'entrée en vigueur au mois de mars prochain du Traité d'Ottawa sur l'interdiction de l'utilisation, de la fabrication, du stockage et du transfert des mines antipersonnel et leur destruction est une excellente nouvelle.

Nous condamnons dans les termes les plus forts les actes de terrorisme perpétrés à Nairobi et Dar es-Salaam ainsi que le terrorisme international sous toutes ses formes. Mais il ne faut pas perdre de vue que les actes désespérés d'hommes et de femmes naissent de causes désespérées. La coopération internationale est nécessaire pour combattre le trafic mondial de drogues et mon gouvernement fait ce qu'il faut pour lutter au niveau national mais, demande davantage de soutien pratique.

Une fois encore, nous demandons la participation et la représentation de la République chinoise de Taïwan aux Nations Unies et dans ses institutions spécialisées. Que ce sujet n'ait pas obtenu une place dans l'ordre du jour de l'Assemblée générale revient à dénier aux 22 millions de Taïwanais leurs droits inscrits dans la Charte de cette Organisation. Mon gouvernement continuera à faire entendre sa voix sur le droit légitime de la République chinoise de Taïwan à avoir une place dans l'arène internationale.

M. ANTONIO DEINDE FERNANDEZ, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine : si l'Organisation de l'unité africaine a su faire la preuve de son engagement à prendre le devant en ce concerne le règlement des conflits, le fait est que la mise en place de son Mécanisme pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits demandera du temps et nécessitera des ressources non disponibles actuellement en Afrique. De plus, les efforts des organisations sous-régionales, qui prennent de plus en plus d'initiatives dans leurs régions respectives, doivent recevoir un appui suffisant de la part de la communauté internationale. La République centrafricaine a bénéficié d'une telle initiative, menée par un groupe de pays africains, à la suite des mutineries de l'armée en 1996. La Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (MISAB) a été déployée à Bangui de janvier 1997 à avril 1998, avec l'appui de la France. Par la suite et à la demande de la République centrafricaine, le Conseil de sécurité a

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autorisé le déploiement d'une opération de maintien de la paix en remplacement de la MISAB. La Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA), implantée à Bangui depuis le 15 avril 1998, est la première mission de prévention de l'ONU. Elle a contribué de manière significative à restaurer une paix et une sécurité durables comme elle a soutenu les efforts de consolidation de la paix. L'organisation d'élections législatives libres marque une étape importante dans le rétablissement des institutions étatiques du pays.

La République centrafricaine attend donc avec intérêt la décision du Conseil de sécurité devant permettre à la MINURCA de fournir une assistance accrue au processus électoral. Elle lance un appel au Conseil de sécurité pour qu'il empêche un retrait prématuré de la Mission. Le pays a déployé des efforts importants pour satisfaire aux engagements en faveur de la transparence et de la responsabilité. La réponse positive des institutions de Bretton Woods a conduit à la conclusion d'un accord sur la facilité d'ajustement structurel renforcé. Ceci n'aurait pas été possible sans les garanties de sécurité fournies par la présence et par les activités de la MINURCA. Il reste beaucoup à faire et la présence et la coopération de la Mission restent indispensables. En outre, la poursuite du programme de la MINURCA sur la restructuration des forces de sécurité civiles et militaires contribuera à mettre en valeur l'apport des efforts de consolidation de la paix des Nations Unies dans le pays. Le programme de formation de la police civile étant devenu un élément essentiel des opérations de maintien de la paix de l'ONU, l'Afrique ne pourrait en être privée.

La restructuration des forces armées a commencé avec la participation de la MINURCA. Le comité mixte composé de représentants du Gouvernement et de la MINURCA doit élaborer le dispositif juridique qui constituera une référence de base pour la police de défense et les forces armées ainsi qu'un programme pour la mise en place d'une force nationale.

M. FATHULLA JAMEEL, Ministre des affaires étrangères des Maldives : des feux de forêts en Asie du Sud-Est, en Europe et en Amérique du Nord, aux inondations terribles et sécheresses en Asie, en Afrique et dans les Amériques, nous avons été les témoins d'un fort accroissement des désastres naturels, qui ont entraîné des pertes en vies humaines et en biens matériels. El Niño et La Niña ont eu des répercussions mortelles sur les quatre continents. Mon pays a, en outre, enregistré des températures record au début de l'année, mettant en péril l'écosystème qui entoure nos îles minuscules. Nous craignons que les Maldives ne soient englouties dans les eaux de l'océan Indien qui les entourent. Nous sommes obligés de nous demander ce qui arriverait si des désastres comme ceux qu'ont connus la Papouasie-Nouvelle- Guinée et le Bangladesh nous frappaient. Maintenant que les réalités du réchauffement planétaire sont reconnues par les milieux scientifiques, il est nécessaire que la communauté internationale et en particulier les pays industrialisés honorent leurs engagements sans plus de délai. Il faut que le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires

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soit appliqué sans conditions et même si nous ne sommes pas entièrement satisfaits par les résultats de la Conférence de Kyoto, nous faisons appel à tous les Etats pour qu'ils deviennent parties au Protocole de Kyoto et en appliquent les objectifs.

Dans nos petites îles, l'environnement et l'économie sont étroitement liés. Le tourisme représente plus de 40% du PNB. Toutefois, le réchauffement planétaire a pour effet de mettre en péril, à long terme, la viabilité de notre industrie touristique. Nous sommes donc convaincus que si nous n'obtenons pas davantage de ressources financières, ne bénéficions pas de transfert de technologies écologiquement propres et de fonds pour le développement de nos ressources humaines, nous n'avons aucune chance de survivre. Nous faisons appel aux principaux acteurs du jeu économique mondial pour qu'ils soutiennent les efforts déployés par les petites îles et les pays les moins avancés en général et s'intègrent dans l'économie mondiale.

Le critère du produit national brut (PNB) pour mesurer le développement d'un pays est insatisfaisant car il peut donner l'impression que les petites îles en développement sont des Etats prospères. Il a notamment eu pour effet de faire radier les Maldives de la liste des pays les moins avancés, alors que nous avons besoin de l'assistance réservée à ces pays.

Les Maldives restent fermement engagées dans la cause de la promotion et la protection des droits de l'homme. Je suis heureux de faire savoir que, cette année, une nouvelle constitution est entrée en vigueur, qui assure les libertés civiles et les droits fondamentaux de la population, et renforce les fondements de la démocratie. Des progrès ont également été réalisés dans le domaine des droits sociaux, économiques et culturels.

Nous sommes satisfaits des progrès considérables réalisés par la communauté internationale en matière de contrôle des armes et de désarmement. Pour les petits Etats, aux menaces que constitue le terrorisme, s'ajoutent celles liées aux activités des trafiquants de drogue, de blanchiment d'argent et d'autres manifestations de crime organisé. La communauté internationale doit pouvoir protéger les petits Etats qui sont sur la ligne de front dans la lutte de ces maux. Mon pays soutient l'établissement de la Cour pénale internationale parce que les seules garanties légales de la paix et de la justice résident dans la force et la détermination de la communauté internationale, et non dans la force et la détermination d'un seul pays.

M. SEYOUM MESFIN, Ministre des affaires étrangères de la République fédérale démocratique d'Ethiopie : l'Afrique a montré sa détermination à créer le climat nécessaire au développement économique. Malgré des résultats encourageants, nous faisons face aux limitations bien connues dans le domaine de la coopération économique internationale et dans celui du poids de la dette.

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Nous avons également fait tous les efforts possibles pour travailler à la paix et prévenir les conflits, notamment grâce aux organisations sous-régionales. Dans notre sous-région, nous avons soutenu les efforts nécessaires pour restaurer la paix au Soudan, et pour parvenir en Somalie à une réconciliation nationale et à l'installation d'un gouvernement représentatif. Pour ce qui est des dangers dans la région des Grands Lacs, nous espérons que des solutions seront trouvées dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de tous les pays de la région, y compris la République démocratique du Congo.

L'agression de l'Ethiopie par l'Erythrée, le 12 mai 1998, peut dégénérer en guerre entre les deux pays en raison de l'intransigeance de l'agresseur. La communauté internationale ne doit pas donner la fausse impression que l'agression peut rester impunie. Cette agression est sans précédent non seulement parce qu'elle est dirigée contre un pays ami à l'époque où elle a eu lieu, mais aussi parce qu'elle a pour but d'imposer la volonté politique de l'Erythrée à un pays qui n'est certainement pas fait pour être à sa merci. L'Ethiopie fait tout ce qui en son pouvoir pour qu'une solution pacifique soit trouvée à cette crise créée par l'Erythrée. Il s'agit d'une agression non provoquée qui constitue une violation flagrante du droit international.

Cette situation s'explique par le fait que l'Erythrée ne s'est pas dotée des institutions propres à un véritable Etat. L'Erythrée ne fait rien pour la paix et il est par conséquent difficile que l'Ethiopie assume, à elle seule, la responsabilité d'une normalisation de la situation. De plus, la communauté internationale ne doit pas ignorer que l'agression de l'Erythrée contre l'Ethiopie aura des conséquences graves pour le droit international et l'avenir de notre sous-région. Si nous ne sommes pas fermes avec les autorités de ce pays, pour leur signifier que leur attitude ne peut être tolérée plus longtemps, le résultat sera une instabilité accrue et un conflit interminable dans la sous-région, avec de graves implications pour la paix dans notre continent. L'Ethiopie espère que l'épisode honteux de 1936 ne se reproduira pas et que la communauté internationale aujourd'hui ne laissera pas l'agression de l'Erythrée impunie.

Nous demandons par ailleurs aux Nations Unies de faire le maximum d'efforts pour sauver la situation fragile en Angola afin d'y établir une paix durable. Nous souhaitons également que la paix s'installe au Moyen-Orient et au Sahara occidental.

M. JADRANKO PRLIC, Ministre des affaires étrangères de Bosnie- Herzégovine : nous venons il y a quelques jours de rendre publics les résultats des récentes élections générales. Et nous sommes satisfaits de ce que ces importantes élections, conduites sous les auspices de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), se soient, dans l'ensemble, déroulées sans incidents. Selon le sentiment général des observateurs locaux et internationaux, nous avons tenu des élections libres et justes. Un nouveau chapitre va donc s'ouvrir dans la vie politique de la

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Bosnie-Herzégovine. Le nouveau Parlement et le nouveau Gouvernement devront sans délai se pencher sur un certain nombre de questions d'importance vitale pour notre pays. Ce n'est que grâce à un respect scrupuleux de l'égalité des droits et de participation équitable de toutes les parties de Bosnie- Herzégovine au pouvoir que nous pourrons atteindre les objectifs suivants qui ne laissent aucune autre alternative à savoir: un état moderne fondé sur le respect de la loi; la démocratie parlementaire; le respect des droits de l'homme; et l'économie de marché. C'est le seul moyen de nous garantir de cette manière l'ouverture des portes des institutions européennes et transatlantiques. Le signe le plus encourageant à cet égard est la récente Déclaration de soutien faite par l'Union européenne avec la création de la Force commune Union européenne/Bosnie-Herzégovine.

Quant à l'avenir de mon pays, il tient en une donnée simple: peu importe la formation à la tête des affaires de Bosnie-Herzégovine, elle devra appliquer pleinement et sans condition les accords conclus à Dayton. Mais cela ne va pas de soi; tout dépendra de la volonté politique, du sens de la responsabilité historique et la détermination de chaque intervenant dans la structure complexe de l'Etat.

Trois ans après la signature des Accords de paix, le processus de paix et de reconstruction en Bosnie-Herzégovine est entré dans une nouvelle ère. En dépit de nombreuses critiques, souvent justifiées, concernant la lenteur des progrès, on ne doit pas oublier certaines avancées importantes comme: un seul drapeau, une monnaie commune, des plaques d'immatriculation normalisées, des passeports, soit des résultats significatifs qui reflètent une amélioration globale de la liberté de circulation. Pourtant, le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers d'origine, le fonctionnement des institutions publiques, un système judiciaire indépendant, et la protection des droits de l'homme restent des problèmes majeurs en Bosnie-Herzégovine. Mais avec les élections derrière nous, la nouvelle force politique doit s'attacher à trouver des solutions à tous ces problèmes afin de parvenir aux objectifs fixés. Une Bosnie- Herzégovine multiéthnique, multiculturelle à l'intérieur même de ses frontières, le respect mutuel, la coopération entre les groupes ethniques différents, c'est ce que nous pouvons opposer de mieux aux théories superficielles sur les confrontations inévitables entre les cultures et les civilisations.

La présence constante de la communauté internationale en Bosnie- Herzégovine est, de toute évidence, nécessaire. Mais le temps est venu de transformer cette relation en un projet de société plus concret, proche d'une entreprise commune.

La tragique situation du Kosovo pourrait avoir des effets de contagion sur la Bosnie-Herzégovine, du moins psychologiquement. En tout cas, la situation mérite d'être examinée et de s'y impliquer quels que puissent être ses impacts sur la Bosnie et sur les autres. Les leçons de l'attitude adoptée par la communauté internationale au moment de la crise en Bosnie- Herzégovine

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sont à retenir. Les droits de l'homme et les droits nationaux et démocratiques de toutes les parties doivent être respectés, tout comme l'intégrité territoriale de tous les Etats de la région.

La Bosnie-Herzégovine a ratifié la Convention pour l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel. Nous devons à présent poursuivre nos efforts dans le déminage de notre propre sol et là encore nous avons besoin de l'aide de la communauté internationale. Notre pays avait une position critique par rapport à la récente adoption du statut de la Cour pénale internationale de Rome. Nous avons joué un rôle important car nous sommes convaincus que la justice, la réconciliation légale et la paix sont intimement liées. Nous sommes aussi convaincus que les responsables de graves violations du droit humanitaire international devraient être conduits devant la justice quelle que soit l'ethnie des victimes ou des agresseurs. Nous avons appris nos leçons, nous savons que nous devons partager avec la communauté internationale notre part de devoir humanitaire. Nous nous le devons à nous-mêmes comme à nos enfants.

M. EDUARDO STEIN BARILLAS, Ministre des affaires étrangères du Guatemala : c'est la deuxième fois que le Guatemala s'adresse à l'Assemblée générale depuis la signature des Accords de paix. Les Nations Unies, le Gouvernement et le peuple du Guatemala ont travaillé ensemble à la mise en oeuvre de ces Accords. Sous la surpervision de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA), le pays s'est résolument engagé sur la voie de la paix et a l'honneur d'annoncer aujourd'hui que le calendrier établi est respecté. C'est la raison pour laquelle le Guatemala appuie fermement la recommandation du Secrétaire général d'autoriser la prorogation du mandat de la Mission jusqu'au 31 décembre 1999. Aujourd'hui au Guatemala, multilatéralisme, organisations régionales, pays frères et engagements internationaux ne sont plus de vains mots. Ainsi l'implication du pays dans les initiatives de coopération régionale, telles que le processus d'intégration en Amérique centrale, s'est accélérée. Le Guatemala a également participé activement à la consolidation des activités de l'Association des Etats des Caraïbes qui regroupe 25 Etats.

Pour le Guatemala, il faut particulièrement rendre hommage à la tâche de modernisation de l'ONU entreprise par le Secrétaire général. En juillet dernier, ce dernier s'est rendu au Guatemala et a montré à tous sa détermination et son engagement en faveur du renforcement de l'Organisation à l'aube du nouveau millénaire. A cet égard, dans le contexte d'une société de plus en plus interdépendante, le Guatemala appelle de ses voeux l'instauration d'un ordre commercial plus équitable et plus juste fondé sur l'égalité des chances entre toutes les régions et tous les pays du monde. Le Guatemala part du constat qu'il est de plus en plus difficile de répondre aux exigences des institutions internationales de financement du développement sans sacrifier la vie des peuples qui se débattent déjà dans la pauvreté.

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Au moment où les pays d'Amérique centrale déploient tous les efforts pour assurer leur intégration, libéraliser leurs économies et s'adapter aux exigences des marchés mondiaux, il faudrait garantir, à leurs produits, un accès sans discrimination aux marchés et reconnaître ces pays comme une destination de choix pour les investissements. Les Nations Unies, créées en 1945 par la nécessité de maintenir la paix dans le monde et de faire coexister toutes les nations sur la base du respect mutuel, demeurent la plus haute expression de la représentativité de tous les peuples du monde. Pourtant, 53 ans après leur création, il existe encore des territoires dont les citoyens ne sont pas représentés. Le Guatemala veut parler ici de la situation des 22 millions de citoyens de la République de Chine à Taïwan, de l'importance et de la santé de leur économie dans un contexte régional d'instabilité financière.

M. ROBERT E. MILLETTE, (Grenade) : notre délégation, par le biais de citations de Thomas d'Aquin, William Wordsworth, Platon et Michel de Jouvenal, souhaite amener l'Assemblée à réfléchir sur les interactions humaines, entre les sociétés humaines, ainsi qu'entre les nations. Nous voudrions poser la question suivante: pourquoi ne pas étudier l'histoire pour apprendre la prudence en politique? Est-il possible que certains d'entre nous souscrivent à l'idée selon laquelle la richesse donne droit à la jouissance de privilèges particuliers, au détriment des moins fortunés? Est-il possible qu'un tel principe continue de fournir des arguments quand il s'agit de discuter la composition du Conseil de sécurité et le problème du droit de veto?

C'est avec beaucoup d'humilité que la Grenade suggère que la paix parmi les hommes et entre les nations sera réalisée uniquement si les droits de l'homme sont vraiment respectés et honorés universellement. Un seul énoncé pourrait suffire pour le dire: le droit à la réalisation de la plénitude de la dignité humaine pour tout individu. La pauvreté est l'une des causes de la dégradation de la dignité humaine. C'est pourquoi la Grenade soutient l'appel à l'éradication de la pauvreté de notre monde et demande que cet objectif soit poursuivi rapidement. La Grenade est particulièrement préoccupée par les sanctions imposées par l'Organisation des Nations Unies, et par les embargos commerciaux, qui incluent les produits alimentaires et les médicaments. La Grenade demande que ces pratiques soient revues rapidement.

La drogue constitue un autre élément qui met en péril la dignité humaine. La Grenade demande à l'Organisation des Nations Unies d'accroître ses campagnes contre les trafics de drogue et de soutenir les programmes nationaux qui visent à éliminer la consommation des drogues illicites parmi les élèves et les étudiants de nos écoles, et bien sûr les jeunes du monde entier.

La dignité humaine est aussi victime des désastres économiques, comme en témoignent les récentes expériences en Extrême-Orient et, actuellement, au Nord-Est. A cet égard, il est nécessaire que l'Organisation des Nations Unies revoit le concept de mondialisation. Si les échanges commerciaux ne se

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soucient pas de l'humanité, ils ne promeuvent pas le bien-être humain. Il faut que notre monde soit centré sur des préoccupations humaines et soit bon à l'égard de l'humanité. Il est urgent que nous organisions les nombreux systèmes qui, ensemble, constituent les interactions du monde. La Grenade souhaite attirer l'attention sur les observations d'un comité international des organisations non gouvernementales sur les droits de l'homme en matière de commerce et d'investissement. Comme ce comité l'a montré, les accords d'investissement multilatéraux et ceux de l'OMC peuvent constituer des menaces pour la jouissance des droits de l'homme.

Nous avons tous la responsabilité de protéger notre planète. Chaque nation a le droit de développer ses ressources sur son propre territoire, mais elle ne doit pas le faire au détriment des peuples des autres nations. Ainsi transporter des déchets nucléaires vers d'autres pays, que ce soit par terre ou par mer, constitue une violation des droits de l'homme des peuples de ces pays. Il en va de même pour tous les déchets toxiques.

Une autre violation des droits de l'homme résulte du refus de donner aux habitants de la République de Chine à Taïwan, qui sont 22 millions, le droit d'exercer leur choix. C'est pourquoi la Grenade demande que soit attribuée à la République de Chine à Taïwan une forme appropriée de participation, qui lui permettrait de participer à l'OMS, à l'OMC, et à la Banque caraïbéenne de développement.

M. MAPOPA CHIPETA, Ministre des affaires étrangères du Malawi : le Malawi attache une importante particulière à la coopération en matière de prévention et de règlement des conflits. Le travail remarquable du Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits de l'OUA doit être salué. Compte tenu de l'ampleur et de la complexité des problèmes auxquels il est confronté, cet organe devrait bénéficier d'un appui accru de la communauté internationale. Le Malawi est préoccupé par l'évolution de la situation en Angola et juge très inquétants les retards enregistrés dans la mise en oeuvre des Accords de paix de Lusaka et le non-respect des résolutions du Conseil de sécurité. Le Malawi lance un appel urgent à l'UNITA pour qu'il facilite la mise en oeuvre des questions en suspens des Accords et donne au peuple angolais une chance de paix et de sécurité. De la même manière, le Malawi est préoccupé par l'évolution de la situation dans la République démocratique du Congo. Il appuie les décisions prises par les pays de la SADC lors de son dernier Sommet de Maurice. Au Burundi, en République du Congo, en République centrafricaine, aux Comores, en Guinée-Bissau et entre l'Ethiopie et l'Erythrée, le dialogue doit prévaloir dans la recherche de solutions.

L'année prochaine, le Malawi organisera des élections générales qui suivront les élections multipartites tenues en 1994, premières élections tenues depuis 30 ans. Pendant cette élection, le Front uni démocratique a pris les rênes du pouvoir à l'issue d'un processus électoral libre, juste et crédible. Le changement entrepris au Malawi est irréversible et toutes les mesures seront prises pour consolider la présente situation. Le Malawi invite

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la communauté internationale à venir observer les élections et demande en particulier aux partenaires du développement, pour qu'ils lui apportent un appui logistique, financier et en ressources humaines. Le Malawi attend des Nations Unies qu'elles jouent un rôle critique dans cette entreprise que le peuple du Malawi appelle de ses voeux.

Le Malawi s'est fermement engagé dans les réformes économiques et est convaincu du rôle du secteur privé comme moteur de la croissance économique et de celui du gouvernement comme promoteur d'un environnement favorable. Il s'est embarqué, à cet égard, dans un processus de privatisation. Toutefois, les réformes économiques et financières dans lesquelles le pays s'est embarqué ne peuvent réussir que si elles reçoivent un appui approprié de la part de la communauté internationale. Il est donc préoccupant de constater l'hostilité du commerce et des finances dans le monde pour des pays comme le Malawi. Les effets délétères de la mondialisation et de la libéralisation, en particulier sur les économies faibles, doivent être examinés de manière globale et dans le but de les atténuer. Les questions de la dette extérieure, de la détérioration des termes de l'échange, de la difficulté de l'accès aux marchés internationaux, du déclin de l'aide publique au développement, des effets négatifs des programmes d'ajustement structurel sont des questions qui méritent une attention accrue.

Droit de réponse

Le représentant de la République démocratique du Congo, répondant aux propos tenus ce matin par le Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, a rappelé que lorsqu'au début de l'agression de son pays, Kinshasa avait dénoncé la présence d'éléments armés ougandais, l'Ouganda a continué de nier l'évidence. Aujourd'hui la communauté internationale sait, par la bouche du Président Museveni questionné par son Parlement, que l'armée ougandaise a bien violé les frontières congolaises et occupé plusieurs villes de l'Est du pays. La République démocratique du Congo estime que, quand bien même il existerait un accord de coopération en matière de sécurité entre l'Ouganda et la République démocratique du Congo, cela ne donne pas droit à Kampala d'attaquer une ville située à plusieurs centaines de kilomètres de ses frontières. Plus encore, des éléments armés ougandais ont été reconnus dans les villes de l'Ouest à quelque 5000 kilomètres. Il est intéressant de voir l'Ouganda faire valoir un accord de coopération qui a fait l'objet d'un décret présidentiel y mettant fin. Cette décision a été prise en accord avec l'Ouganda et le Rwanda. Il faut se demander aujourd'hui ce qui permet à l'Ouganda de s'impliquer dans un conflit contre un ancien partenaire. L'Ouganda et le Rwanda continuent de justifier leur position en invoquant des raisons de sécurité. Comment expliquer alors que les troupes ougandaises, présentes sur le territoire congolais, ne s'attaquent pas aux "infiltrations" faites dans leur territoire à partir de la République démocratique du Congo. L'Ouganda évite de dire que ses troupes se livrent à diverses violations des droits de l'homme qui ne sauraient en aucun cas promouvoir la stabilité dans la région. Les élucubrations ougandaises doivent cesser. Le règlement de la situation

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passe par le retrait sans conditions des troupes ougandaises d'invasion. Il faut persuader le pouvoir et les armées monoéthniques de favoriser la culture de l'intégration par la démocratisation et l'organisation d'élections libres et transparentes.

Le représentant de l'Ouganda a souligné que contrairement aux allégations congolaises, l'Ouganda n'a jamais envahi la République démocratique du Congo. L'Ouganda n'a pas non plus commis d'agression contre son voisin. Le conflit congolais est une affaire interne et en tant que voisin, Kampala ne peut qu'être préoccupé pour la paix et la sécurité en Ouganda comme dans la sous-région. La position de l'Ouganda est claire. Kinshasa et Kampala ont convenu de fonctionner conjointement dans la partie orientale de la République démocratique du Congo pour lutter contre les groupes armés massés à la frontière entre ces deux pays. Conformément à l'accord de coopération en matière de sécurité, Kinshasa a d'ailleurs maintenu une présence militaire dans la région orientale. L'Ouganda n'a pas de visées territoriales sur la République démocratique du Congo et n'entend dicter aucune politique dans ce pays. Cependant, toute disposition qui ne tient pas compte des préoccupations de sécurité sera l'objet d'une réelle préoccupation de la part de l'Ouganda. L'Ouganda, qui n'est pas impliqué dans le conflit interne de la République démocratique du Congo a, au contraire, fourni un appui à toutes les forces de progrès de ce pays et continue d'accueillir sur son territoire des réfugiés congolais.

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