En cours au Siège de l'ONU

AG/807

L'AFRIQUE CENTRALE RECOMMANDE LA CREATION D'UN PARLEMENT SOUS-REGIONAL CHARGE DE RENFORCER LES MESURES DE CONFIANCE ET DE PAIX

1er octobre 1998


Communiqué de Presse
AG/807


L'AFRIQUE CENTRALE RECOMMANDE LA CREATION D'UN PARLEMENT SOUS-REGIONAL CHARGE DE RENFORCER LES MESURES DE CONFIANCE ET DE PAIX

19981001 L'Assemblée demande aux Etats d'apporter assistance au Bangladesh dévasté par les inondations

Les questions de la paix et de la sécurité en Afrique ont été au coeur du débat général que l'Assemblée générale a poursuivi ce matin avec les interventions du Tchad, du Lesotho, du Congo, de l'Ouganda, de la Sierra Leone et du Gabon. Des délégations ont expliqué que de nombreux conflits en Afrique sont dûs notamment au bas niveau de développement économique et social, au non-respect de la règle de droit, aux insuffisances démocratiques ou encore à la prolifération des armes. D'autres intervenants, comme le Ministre des affaires étrangère et de la coopération du Gabon, ont avancé d'autres arguments. Selon le Gabon, en effet, la question des populations transnationales, communautés réparties entre plusieurs Etats, doit être citée parmi les sources de tensions. La résurgence des nationalismes et les mauvaises utilisations des droits des peuples mènent inévitablement au "désordre des nations". Il a mis l'accent sur l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation, principe inscrit dans la Charte de l'OUA.

Les intervenants se sont attardés sur la situation dans la région des Grands Lacs, en particulier, dans la République démocratique du Congo, pour rejeter, comme l'a fait le Ministre des affaires étrangères du Congo, les allégations faisant état d'un accord entre Kinshasa et Brazzaville pour transférer les déplacés rwandais afin qu'ils prennent part à la guerre. Le Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda a, quant à lui, expliqué que la position de son pays par rapport à cette crise est directement liée à la nécessité d'assurer la sécurité de ses frontières et de ses ressortissants. Attirant l'attention sur l'accord de coopération militaire signé entre Kinshasa et Kampala en ce sens, il a affirmé que l'Ouganda n'a pas d'objectif territorial en République démocratique du Congo. Il s'est opposé à toute intervention unilatérale dans ce pays pour appuyer une opération régionale dans un contexte d'initiatives pacifiques.

(à suivre 1a)

- 1a - AG/807 1er ocotbre 1998

A cet égard, le Ministre des affaires étrangères du Gabon a fait part des résultats du Sommet sur la situation dans la République démocratique du Congo, tenu à Libreville le 24 septembre dernier, qui a permis aux participants d'appeler notamment au retrait des forces étrangères d'agression et au respect de l'intégrité territoriale. Ils ont aussi décidé de créer un comité de suivi et de concertation du Sommet présidé par le Gabon. Par ailleurs, les Ministres de la défense et de l'intérieur des pays membres du "Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale", ont appelé à la création d'un mécanisme d'alerte rapide et à celle d'un parlement sous-régional d'Afrique centrale chargé des questions d'intérêt commun visant à renforcer les mesures de confiance et la paix sous-régionale.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine a demandé que la FORDEPRONU demeure dans son pays jusqu'au règlement des conflits en Albanie et au Kosovo. Il a en outre fait part de la présentation d'un projet de résolution relatif à la prévention de la désintégration violente des Etats. Le Ministre des affaires étrangères de la Sierra Leone a lui aussi demandé que la communauté internationale maintienne sa présence dans la région, jusqu'à ce que soit créée une nouvelle armée nationale. Le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie a, quant à lui, lancé un appel à Israël pour qu'il lève tous les obstacles à un accord sur la question du redéploiement.

Ont participé au débat, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Tchad, le Ministre des affaires étrangères de la Jordanie, le Ministre des affaires étrangères du Lesotho, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Congo, le Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine, le Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone et le Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Gabon.

L'Assemblée générale a, en outre, adopté sans vote une résolution relative à l'assistance au Bangladesh dévasté par les inondations, présenté par l'Indonésie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, dans le cadre du point intitulé "Renforcement de la coordination de l'aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par l'Organisation des Nations Unies, y compris l'assistance économique spéciale : assistance économique spéciale à certains pays." Par ce texte, l'Assemblée demande aux Etats Membres, aux institutions spécialisées et aux autres organes et organismes du système des Nations Unies, ainsi qu'aux institutions financières et organisations non gouvernementales internationales d'apporter au Bangladesh une assistance généreuse à l'appui des opérations et programmes de secours, de relèvement et de reconstruction. Les représentants de l'Autriche, au nom de l'Union européenne et du Japon, ont apporté leur appui à la résolution. Le représentant du Bangladesh, soulignant que l'étendue des inondations a été sans précédent, a estimé que la résolution ne manquera pas d'harmoniser les efforts déployés pour venir en aide au Bangladesh.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après-midi à 15 heures.

- 2 - AG/807 1er octobre 1998

Assistance au Bangladesh dévasté par les inondations (A/53/L.1)

L'Assemblée générale a adopté sans vote une résolution relative à l'assistance au Bangladesh dévasté par les inondations qui a été présentée par l'Indonésie. Aux termes de ce texte, l'Assemblée générale, gravement préoccupée par les pertes en vies humaines et la destruction sans précédent de biens et d'infrastructures causées ces dernières semaines par les inondations les plus graves qu'ait jamais subies le Bangladesh, demande à tous les Etats Membres, aux institutions spécialisées et aux autres organes et organismes du système des Nations Unies, ainsi qu'aux institutions financières et organisations non gouvernementales internationales d'apporter au Bangladesh une assistance généreuse à l'appui des opérations et programmes de secours, de relèvement et de reconstruction qu'il a mis en oeuvre afin de faire face à la dévastation sans précédent qui frappe le pays. Elle demande également aux organismes et aux organes compétents du système des Nations Unies, ainsi qu'aux autres organisations multilatérales de prendre toutes les mesures nécessaires pour aider le Bangladesh à renforcer sa capacité de planification préalable aux catastrophes et ses programmes de prévention, ainsi qu'à mettre en oeuvre ses plans et programmes visant à remédier de façon durable et efficace aux problèmes causés par les inondations et autres catastrophes naturelles.

Suite du débat général

M. MAHAMAT SALEH ANNADIF, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Tchad : l'effort du Tchad pour participer aux travaux de l'Assemblée générale et pour payer les contributions sont possibles grâce à la stabilisation de la situation au Tchad. En effet, l'Etat de droit est un fait palpable fondé sur la constitution adoptée par référendum le 31 mars 1996. Pour parachever cette oeuvre, d'autres institutions sont mises en place : lois sur la Cour suprême et le Conseil supérieur de la magistrature, et celle du conseil constitutionnel. Sur le plan économique, des réformes sont en cours. Un programme d'ajustement structurel a été élaboré avec l'appui du Fonds monétaire international. Outre les ressources traditionnelles, le pétrole tchadien est devenue une ressource qui occupe un rang de priorité élevée dans l'économie de mon pays : les revenus du pétrole serviront à la lutte contre la pauvreté et pour le financement des équipements sanitaires et socio-éducatifs. En dépit de ces avancées politiques et économiques, nous sommes le sujet d'une campagne mensongère sur le plan international. Un net progrès a été accompli en matière des droits de l'homme. Au vu de ces avancées, nous demandons le soutien de la communauté internationale pour le développement économique et social auquel le peuple tchadien a droit. A cet effet, nous invitons les pays amis, et toutes les institutions concernées à participer massivement à la table ronde dite de Genève IV prévue les 20, 21 et 22 octobre 1998 sur les options stratégiques du développement du Tchad pour les années 1998-2001. Notre environnement nécessite également une aide pour le million de mines qui infestent une grande partie de notre territoire national et qui empêchent toute action de développement.

- 3 - AG/807 1er octobre 1998

En Afrique, des progrès ont été accomplis sur la voie des règlements de conflits par la négociation. La communauté internationale doit soutenir ces efforts. Nous déplorons cependant la situation de guerre persistante dans la région des Grands Lacs, et en particulier dans la République démocratique du Congo et en Angola. Dans la corne de l'Afrique et en Somalie, la guerre peut éclater d'un moment à l'autre. Ces conflits ont pour conséquence d'engendrer un grand nombre de réfugiés et de victimes innocentes. Les même défis nous sont posés en Bosnie, où les Accords de Dayton doivent être soutenus. En Afghanistan et au Moyen-Orient, la paix doit pouvoir s'installer définitivement. S'agissant de l'affaire Lokerbie, nous lançons un appel pour que des négociations avec la Libye soient engagées afin de conclure un arrangement pour la mise en oeuvre de la résolution 1192 du Conseil de sécurité, et arrêter les modalités du déroulement du jugement, y compris les mesures de sécurité et de garantie pour les suspects. Ceci dit, nous condamnons sans réserve le terrorisme sous toutes ses formes.

En ce qui concerne les relations économiques internationales, nous sommes inquiets de leur inégalité; les déséquilibres entre Etats riches et Etats pauvres sont de plus en plus criants; aux problèmes de la dette et de la détérioration des termes de l'échange, sont venus s'ajouter le problème de la marginalisation croissante des pays en développement, en particulier ceux de notre continent africain, par rapport aux circuits économiques internationaux. Il est urgent que des mesures concrètes soient adoptées pour permettre à l'Afrique de connaître une croissance soutenue devant conduire à son développement réel.

Au sujet de la réforme nécessaire du Conseil de sécurité, elle doit passer par la recomposition et la révision de son mode de prise de décisions, en particulier du droit de veto dont on use, et abuse. De plus le continent africain doit y être équitablement représenté.

M. ABDEL-ELAH KHATIB, Ministre des affaires étrangères de la Jordanie : depuis des décennies, la Jordanie n'a jamais cessé d'encourager le processus de paix dans le conflit israélo-arabe. Le processus de paix reste pourtant dans l'impasse en dépit de tous les efforts déployés pour aller de l'avant, comme l'initiative des Etats-Unis. Nous demandons au Gouvernement israélien de déclarer son soutien à l'initiative américaine, de montrer son engagement aux accords et de lever tous les obstacles qui entravent un accord notamment sur la question du redéploiement. Les arguments de sécurité avancés, pour empêcher un véritable progrès risquent de conduire à une dégradation plus importante de la sécurité pour toutes les parties de la région. La question de l'occupation de Jérusalem est un point crucial du conflit israélo-arabe. Il s'agit d'une partie des territoires arabes occupés depuis 1967 à laquelle s'applique aussi la résolution 242. Nous demandons à Israël d'interrompre, et même d'inverser, toutes les actions qui modifieraient le statut de la Ville sainte. Toute action unilatérale prise avant la conclusion des négociations et des Accords d'Oslo constitue une violation de ces accords et de toutes les résolutions internationales.

- 4 - AG/807 1er octobre 1998

Toutes les restrictions qui empêchent le développement économique palestinien doivent être levées afin de permettre au peuple palestinien d'établir des relations économiques normales avec le monde extérieur et d'être libéré de tout contrôle et de toute hégémonie. Nous souhaitons évoquer la question des réfugiés palestiniens et l'attachement de la Jordanie à l'existence de l'Office pour les secours et les travaux des Nations Unies aux réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Nous appelons tous les pays donateurs à maintenir leurs contributions en faveur de l'UNRWA, voire de les augmenter proportionnellement à l'accroissement du nombre de réfugiés et à leurs besoins fondamentaux. Nous soulignons que toute suspension de l'aide à l'UNRWA poserait un obstacle supplémentaire dans le processus de paix et constituerait une sérieuse cause d'instabilité.

Quant aux questions des droits de l'homme, nous souhaitons évoquer la souffrance du peuple iraquien victime de sanctions économiques depuis huit ans. Nous demandons au Gouvernement iraquien de respecter pleinement et scrupuleusement toutes les résolutions du Conseil de sécurité, de coopérer, de façon constructive, avec les Nations Unies et de s'engager à rapatrier tous les prisonniers de guerre koweitiens. Et nous demandons à la communauté internationale de libérer le peuple iraquien de ses souffrances. Nous voulons insister sur l'indépendance, la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Iraq et du Koweït.

La Jordanie est préoccupée par les essais nucléaires récents en Asie du Sud-Est et encourage tous les Etats Membres à adhérer au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Sur ce point, nous soulignons l'inquiétude que suscite en nous la menace des armes de destruction massive, en particulier si l'on se rend à l'évidence qu'Israël possède et développe un arsenal d'armes nucléaires. Nous demandons à ce qu'un mécanisme de sécurité régionale soit établi et que l'on engage des pourparlers sur la question. Nous reconnaissons également l'importance du Traité d'interdiction des mines antipersonnel auquel la Jordanie a décidé d'adhérer.

M. THOMAS MOTSOAHAE THABANE, Ministre des affaires étrangères du Lesotho : les événements récents au Lesotho confirment dans une large mesure le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits en Afrique, selon lequel l'absence de transparence des régimes, la non-adhésion à la règle du droit, l'absence de moyens pacifiques pour remplacer ceux qui sont au pouvoir et le non-respect des droits de l'homme ont pour effet d'accroître de manière excessive le pouvoir politique. Notre expérience récente, acquise lors des élections générales du 23 mai 1998, montre que même si les gouvernements sont conscients de ces éléments, l'instabilité est susceptible de naître si les autres parties du jeu politique ne s'engagent pas de la même façon. Ainsi, trois des partis d'opposition ont refusé le résultat des élections, même après que la Commission d'investigation ait prouvé qu'il n'y avait pas eu d'irrégularités.

- 5 - AG/807 1er octobre 1998

C'est dans ces circonstances de coup d'Etat virtuel que le Premier Ministre du Lesotho a fait appel à l'assistance militaire du Botswana, du Mozambique, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe. Pendant que les troupes des Etats de la Communauté de développement de l'Afrique australe neutralisaient la mutinerie de l'armée, les militants des partis d'opposition pillaient le centre de Maserv. Les dommages causés par ces actions s'élèvent au premier abord à 200 millions de dollars. Le gouvernement du Lesotho fait appel à la communauté internationale pour qu'elle l'aide à reconstruire l'infrastructure économique qui a été détruite. Il est urgent que l'armée au Lesotho soit réorganisée avec l'aide de la communauté internationale comme cela l'a été en Haïti. En outre, il faut que s'engage un dialogue qui prenne en compte les besoins de tous les partis politiques, afin de souligner la responsabilité de tous les acteurs politiques dans le système démocratique.

Comme en témoignent les récents événements au Lesotho, il est nécessaire que soit contrôlée avec plus de rigueur la possession illégale des armes légères et de petit calibre. Bien que cela commence à changer, il n'y a pour l'instant aucune réglementation pour ce type d'armes. Il faut qu'une solution soit trouvée à ce problème au niveau international.

Le gouvernement du Lesotho est déçu de constater que ses efforts pour construire et consolider une culture de gouvernance démocratique ont été mis à mal. La bataille pour rendre les droits de l'homme vraiment universels n'a pas encore été gagnée, même si nous sommes sur la bonne voix.

Dans la période de l'après guerre froide, l'attention a été presque exclusivement concentrée sur les droits politiques et civils. Il faut rappeler que ces droits sont inséparables du développement. Les effets des Accords de l'Uruguay Round ne sont pas clairs pour les pays les moins développés. Il existe encore de nombreux obstacles à l'accès de leurs exportations aux marchés.

En ce qui concerne la situation en Angola, le Lesotho soutient les décisions prises au cours du récent Sommet de la SADC à l'Ile Maurice, qui font de Savimbi un criminel politique. Nous soutenons les initiatives de la SADC pour promouvoir la paix en République démocratique du Congo.

M. RODOLPHE ADADA, Ministre des affaires étrangères du Congo : il y a un an, le Congo se trouvait plongé dans une guerre civile pendant cinq longs mois. La communauté internationale et en particulier l'ONU s'est investie malheureusement en vain dans la recherche d'une solution négociée à ce conflit. Il est clair que le respect de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance demeure, dans un environnement économique sain, la condition fondamentale du bien-être des peuples. C'est faute de l'avoir intériorisé que la classe dirigeante d'hier a imposé aux citoyens congolais deux guerres civiles en cinq ans dont la dernière de 1997 a été la plus dévastatrice.

- 6 - AG/807 1er octobre 1998

Aujourd'hui, la guerre est finie et le Congo se tourne résolument vers l'avenir qui est la réconciliation nationale, la reconstruction du pays et la relance du processus démocratique. Du 5 au 14 janvier 1998, un Forum national s'est tenu à Brazzaville pour étudier les modalités pratiques. Ce Forum, qui a regroupé plus de 1400 participants, représentant toutes les tendances de la société congolaise, a mis en place un parlement de transition et fixé la durée de cette transition à trois ans. Etant donné les résultats obtenus, il est possible d'affirmer que le calendrier de la transition sera tenu. Ces résultats sont encore à consolider et le Congo reste fragile dans un contexte sous-régional perturbé.

A cet égard, le Congo réaffirme son attachement au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo. Le Congo ne servira jamais de base arrière pour la déstabilisation de ce pays frère. Il s'est d'ailleurs investi dans des contacts directs avec tous les Etats de la sous-région. D'autre part, le Congo dément solennellement les allégations fallacieuses faisant état d'un prétendu accord entre les deux Congo pour transférer les déplacés rwandais séjournant au Congo-Brazzaville vers le Congo-Kinshasa en vue de prendre part à la guerre. Les déplacés rwandais séjournant au Congo-Brazzaville sont en effet sous le contrôle du HCR, et tout mouvement de ces personnes vers le Congo-Kinshasa s'effectue sans l'aval du Gouvernement qui décline toute responsabilité devant les conséquences qui en résulteraient. En Angola, l'espoir suscité par le Protocole de Lusaka est continuellement mis à mal par la mauvaise foi et les volte-face de Jonas Savimbi.

L'instauration d'une paix durable exige une réelle prise en compte des facteurs déstabilisants assortie de vraies solutions aux problèmes du développement. Après un demi-siècle d'existence, l'ONU semble s'éloigner progressivement et dangereusement de la vision de ses fondateurs. La solidarité a laissé la place à un égocentrisme qui ne dit pas son nom. La panacée aujourd'hui semble être la mondialisation selon la philosophie de la libéralisation intégrale. Comment s'en convaincre lorsque les possibilités d'exportation des pays en développement se trouvent neutralisées par un protectionnisme à visage nouveau, au travers de prétextes de normes techniques, de préoccupations environnementales, sociales ou liées aux droits de l'homme. Comment s'en convaincre alors que baisse régulièrement l'aide au développement et que les économies les plus faibles ploient sous le fardeau de la dette. En ce qui concerne l'Afrique, c'est par l'intégration qu'il sera possible d'atténuer les effets indésirables de la mondialisation. C'est par une plus grande solidarité que nous pouvons espérer relever les défis qui sont devant nous.

- 7 - AG/807 1er octobre 1998

M. BLAGOJ HANDZISKI, Ministre des affaires étrangères de l'ex-République Yougoslave de Macédoine : la République de Macédoine a accompli beaucoup, aux niveaux politique, économique et social depuis son indépendance dans une région dont l'instabilité est notoire en raison des crises en Bosnie, au Kosovo et en Albanie, mais aussi à cause du trafic illicite de drogues, du terrorisme, de la prolifération des armes de destruction massive, etc... La République de Macédoine attache beaucoup d'importance à ces questions complexes, à la mondialisation et aux questions de réforme de l'Organisation. Elle espère que les décisions qui seront prises renforceront la coopération et le rôle des Nations Unies. Face aux nouveaux défis, nous sommes favorables à une augmentation du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité. Pour répondre aux problèmes de la mondialisation, la République de Macédoine a apporté sa modeste contribution en proposant un projet de résolution pour la prévention de la marginalisation des petites économies affaiblies des pays en développement et des économies en transition.

La crise dans la région des Balkans a montré que l'Organisation doit d'abord se concentrer sur l'identification des causes des conflits, puis tenter de les prévenir; elle doit ensuite développer une diplomatie préventive et enfin déployer des forces préventives dans les régions avoisinantes pour éviter une extension du conflit. A cet égard, nous sommes convaincus que dans le contexte des crises, en Albanie l'année dernière, et au Kosovo à présent, le déploiement de la force préventive des Nations Unies (FORDEPRONU) a permis de limiter les conséquences négatives qu'elles auraient pu avoir sur la paix et la stabilité dans la région. Il faut donc que la FORDEPRONU reste en République de Macédoine jusqu'à ce que les situations en Albanie et au Kosovo soient apaisées. Dans la crise du Kosovo, nous pensons que la solution intérimaire proposée par le diplomate américain Christopher Hill et le groupe de contact mènera à la paix. Cependant, nous sommes préoccupés par la possibilité de la création de vagues de réfugiés en cas de poursuite du conflit, ce qui déstabiliserait la région.

A cette session, nous avons présenté un projet de résolution à l'Assemblée sur la prévention de la désintégration violente des Etats, participant ainsi concrètement aux efforts des Nations Unies visant à prévenir les conflits. La République de Macédoine considère la création de la Cour pénale internationale comme un événement historique, et demande à ce qu'elle entre en fonction rapidement. En signant la Convention d'Ottawa, nous avons également réaffirmé notre engagement pour l'élimination des mines antipersonnel. Dans le cadre du cinquantième anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme, la République de Macédoine, dont la Constitution a aboli la peine de mort, soutient les projets de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, et ceux de la Convention contre la torture.

Nous rappelons que chaque Etat Membre des Nations Unies, quel que soit sa taille et son potentiel humain, doit contribuer aux efforts que déploie l'Organisation afin que tous puissent bénéficier du processus de mondialisation.

- 8 - AG/807 1er octobre 1998

M. ERIYA KATEGAYA, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda : de nombreuses délégations ont exprimé leur inquiétude face à la situation qui prévaut dans la région des Grands Lacs, notamment la crise que traverse la République démocratique du Congo. Mon pays est accusé d'y être impliqué, c'est la raison pour laquelle nous saisissons cette occasion, aujourd'hui, pour clarifier les choses. L'Ouganda a besoin d'assurer une sécurité totale à ses frontières et la protection de ses ressortissants et de leurs biens. L'Ouganda souhaite un maximum de stabilité dans la région des Grands Lacs, car l'instabilité chez nos voisins affecte directement notre propre sécurité et notre économie. Notre position dans cette crise est directement liée à la poursuite de ces intérêts.

Avec l'accession au pouvoir du Président Laurent Kabila, nous avions communément décidé que nos deux armées opéreraient ensemble dans l'Est de la République démocratique du Congo pour contenir et débarrasser la zone de ces coupeurs de route qui menacent la stabilité de l'Ouganda. Notre pays n'a pas d'objectif territorial en République démocratique du Congo. Mais tout bouleversement politique dans ce pays qui ne semble pas garantir une sécurité légitime à ses voisins nous préoccupe. L'intervention unilatérale dans ce pays n'est pas acceptable. Si une intervention était nécessaire, il faudrait alors qu'elle soit régionale, notamment par le biais de la SADC.COMESA, de l'OUA ou même des Nations Unies dans un contexte d'initiatives pacifiques.

Au jour le jour, des crimes monstrueux sont commis contre le peuple ougandais par le Lord's Resistance Army (LRA) avec l'assistance de parrains qui ne croient pas à la liberté et au respect des droits de l'homme. Le monde s'est réveillé sur un de ces horribles crimes, le jour de la 54ème session de la Commission des Nations Unies sur les droits de l'homme, au moment même où l'on votait la résolution E CN.4-1998L.40 qui appelle la LRA et ses parrains à libérer immédiatement et inconditionnellement tous les enfants détenus. Ma délégation croit fermement que sans soutien extérieur, la LRA ne pourrait pas commettre ces atrocités et défier la communauté internationale. Nous demandons à la communauté internationale d'intensifier la pression sur les pays qui soutiennent ces terroristes.

On a souvent dit que les différences ethniques sont à l'origine des causes de conflit en Afrique. Ma délégation ne soutient pas ce point de vue. Nous pensons au contraire que la pauvreté et le faible niveau de développement économique dans la région sont les principaux problèmes. Les autorités de la région doivent définir et analyser les causes de ces difficultés et établir des priorités claires. Il est également impératif d'encourager un programme de développement et de redressement économique en Afrique. Des efforts concertés doivent permettre la réduction et l'élimination de la pauvreté dans le monde.

- 9 - AG/807 1er octobre 1998

M. SAMA BANYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone : la situation cauchemardesque que vivait la Sierra Leone l'année dernière est désormais derrière nous. Grâce à la détermination de l'ensemble de la population civile, encouragée et soutenue par la communauté internationale, je représente aujourd'hui le gouvernement légitime rétabli en Sierra Leone. Au cours de son règne qui a duré neuf mois, la junte a commis des atrocités : viols, meurtres, mutilations, vandalisme et mise à feu de villages entiers. La crise humanitaire qui en découle - réfugiés et personnes déplacées - est immense. Nous faisons à nouveau appel à la communauté internationale pour nous aider. La restauration de la paix au Libéria et le retour à la démocratie en Sierra Leone grâce à l'action de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) montrent clairement ce qu'une organisation régionale peut faire lorsque la détermination et la volonté politique existent. Pour agir, le groupe de contrôle de la CEDEAO, l'ECOMOG, a besoin des outils que seule la communauté internationale peut fournir.

Il est dans l'intérêt de la population de la Sierra Leone que la communauté internationale maintienne sa présence dans la région, jusqu'à ce que soit créée une nouvelle armée nationale. Le Nigéria a accepté de détacher le commandant de la mission de l'ECOMOG en Sierra Leone pour nous aider dans cette tâche. A ce propos, je voudrais indiquer ici que le Gouvernement de la République de la Sierra Leone est engagé dans un processus de démobilisation, de désarmement et d'intégration de tous les ex-combattants, malgré l'absence de bonne foi démontrée par le Front Révolutionnaire Unifié (RUF) et la junte dans ce domaine.

Le vif désir du Gouvernement de la Sierra Leone de se conformer aux principes de la démocratie et de la bonne gouvernance le pousse à mettre l'accent sur la règle de droit, les droits de l'homme et la liberté d'expression. Malgré ce qui a été affirmé par la propagande, aucun journaliste n'a été poursuivi dans l'exercice de sa profession. Il n'y a pas eu de violations des droits de l'homme depuis que le Président Kabbah est au pouvoir.

Le Président Kabbah et l'ECOMOG ont informé, lors de la Conférence spéciale sur la Sierra Leone, que la sécurité était assurée sur plus de 90% du territoire national. Certains éléments de la junte/RUF cependant se trouvent toujours dans quelques régions du Nord et du Nord-Est. Ils demeurent en mesure d'opérer seulement parce qu'un pays voisin leur offre refuge. Nous faisons tous les efforts pour éliminer leur présence.

- 10 - AG/807 1er octobre 1998

Les procès des civils et des ex-membres accusés de trahison se déroulent conformément aux lois en existence depuis notre indépendance. Notre constitution consacre la séparation des pouvoirs. Le Président ne peut intervenir aussi longtemps que les procès sont en cours. Au regard des rébellions armées en République démocratique du Congo, et des guerres impliquant des rebelles en Angola et au Soudan, nous faisons appel à toutes les parties pour qu'elles déposent les armes et donnent une chance à la paix. Nous sommes satisfaits de l'attention qui est portée aux dangers des mines antipersonnel. Il est urgent que des efforts soient fournis pour rapatrier les réfugiés de notre pays qui vivent en ce moment dans des camps de pays voisins.

Les réserves naturelles de la Sierra Leone contiennent une grande diversité de mammifères et d'oiseaux, dont certaines espèces sont menacées, ainsi que d'invertébrés. Malheureusement la forêt vierge est mise en danger par l'augmentation de la population et des pratiques agricoles qui impliquent du déboisement. Nous devons réussir à augmenter la production de nourriture à partir d'une même parcelle de terre, comme cela se fait dans les pays industrialisés.

M. CASIMIR OYE MBA, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Gabon : la paix est une condition sine qua non pour assurer le développement et le progrès des peuples et des nations mais l'application de cette vérité est rendue complexe par le jeu des intérêts à l'intérieur des Etats, souvent conjugués avec des interférences extérieures. L'Afrique en a fait, et continue d'en faire, l'amère expérience. Dans le même temps, un grand nombre de pays africains se sont courageusement lancés dans la voie de la réforme politique et de la restructuration économique. La stabilité étant indispensable à cette évolution, les questions de paix et de sécurité internationales sont les préoccupations importantes du moment, et plus précisément en Afrique centrale. C'est pourquoi un Sommet sur la situation en République démocratique du Congo s'est tenu le 24 septembre 1998 à Libreville. Cette réunion a donné l'occasion aux chefs d'Etat et de délégation d'apporter leur appui au Président Kabila et de condamner l'agression contre son pays et les ingérences dans ses affaires intérieures. Ils ont appelé au retrait des forces étrangères d'agression, à un cessez-le- feu, au respect de son intégrité territoriale et à la poursuite du processus de démocratisation engagé par le Gouvernement de ce pays.

Les chefs d'Etat et de délégation, ont également souligné la nécessité d'une action concertée entre les pays de l'Afrique centrale, les Etats membres de la SADC, l'OUA et l'ONU. Ils ont ainsi décidé de créer un Comité de suivi et de concertation du Sommet placé sous la présidence du Président gabonais et réaffirmé le bien-fondé d'une force régionale de maintien de la paix.

- 11 - AG/807 1er octobre 1998

Se félicitant du rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les causes des conflits en Afrique, le Gabon signale une des causes des conflits porteuses de multiples dangers pour la stabilité du continent africain, à savoir la question des populations transnationales, communautés qui se trouvent réparties entre plusieurs Etats à la suite de circonstances historiques diverses. Conscients de ces risques, en Afrique, les pères fondateurs de l'OUA ont inscrit dans la Charte de l'OUA le principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Malheureusement aujourd'hui, l'inévitable solidarité sociologique qui lie un même peuple réparti entre plusieurs Etats a tendance à prendre le pas sur le lien juridique et politique qui rattache le citoyen à son pays. Au total, la résurgence des nationalismes et les mauvais appréciations et utilisations des droits des peuples amènent inévitablement au "désordre des nations" avec son cortège de difficultés meurtrières.

En ce qui concerne la prévention des conflits, les Ministres de la défense et de l'intérieur des pays membres du "Comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale", réunis à Libreville du 28 au 30 avril 1998, ont réexaminé le projet d'établissement d'un mécanisme d'alerte rapide comme instrument de prévention des crises et des conflits. Le Gabon qui en assume la présidence met actuellement tout en oeuvre pour réunir les conditions logistiques permettant d'abriter à Libreville le siège de ce mécanisme. Le Comité a tenu pour la première fois à Bata, en Guinée équatoriale du 18 au 21 mai 1998, une Conférence sur la problématique des rapports existants entre les "institutions démocratiques et la paix en Afrique centrale". Les participants ont principalement recommandé la création d'un parlement sous-régional d'Afrique centrale qui serait chargé des questions d'intérêt commun visant à renforcer les mesures de confiance et paix sous-régionale. L'action se situe dans le prolongement du mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits de l'OUA.

Le constat de cette fin de siècle oblige la communauté internationale de s'occuper du développement et du social. Pour le Gabon, il faut relancer l'idée d'un nouveau partenariat basé sur l'équité. Le pays, qui reste tributaire de la vente de trois principales matières premières, le pétrole, le bois et le manganèse, voit baisser le cours de ces produits depuis plusieurs mois. La diminution des recettes est, en outre, accentuée par la chute du dollar américain. Cette donne ne constitue pas le seul handicap au développement du Gabon, compte tenu du fait que la dette et son service absorbent près de 45% des ressources budgétaires. En dépit de ces faits, les institutions financières internationales continuent à classer le Gabon comme "pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure" interdisant ainsi son accès aux guichets à conditions souples. Les pays en développement sollicitent des institutions financières internationales de nouveaux critères d'appréciation et surtout un traitement plus adéquat du fardeau de la dette afin de libérer les capacités productives. Cela profiterait non seulement aux Gabonais mais aussi aux partenaires extérieures.

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