AG/806

A CAUSE DE SON HISTOIRE ET DE SA VOCATION, L'AFRIQUE A SA PLACE AU CONSEIL DE SECURITE, DECLARE LE SENEGAL

30 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/806


A CAUSE DE SON HISTOIRE ET DE SA VOCATION, L'AFRIQUE A SA PLACE AU CONSEIL DE SECURITE, DECLARE LE SENEGAL

19980930 Mise en garde répétée contre l'ingérence dans les affaires des Etats sous prétexte de règlement des conflits

"La réforme du Conseil de sécurité représente un élément fondamental de la réforme globale de l'ONU et, dans le cadre de cette réforme, l'Afrique a sa place, une place qui doit lui être reconnue au regard de son histoire et de sa vocation de continent d'avenir parce que espace de croissance continue", a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Sénégal et des Sénégalais de l'extérieur, qui a pris la parole cet après-midi à l'Assemblée générale. Il a regretté l'absence jusqu'à présent d'un consensus sur les points tels que l'expansion du Conseil, sa composition et l'usage du droit de veto. Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères du Myanmar considère que ce droit de veto est un anachronisme injuste et que son élimination ultime serait la conclusion la plus logique.

Outre une allocution du Premier Ministre de la Slovénie, l'Assemblée générale a entendu les Ministres des affaires étrangères des Bahamas, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de Saint-Kitts-et-Nevis et de Vanuatu. Les ministres des affaires étrangères du Cap-Vert et de la Zambie ont plaidé en faveur d'un règlement pacifique en Angola et en Guinée-Bissau et ont engagé la Communauté pour le développement de l'Afrique (SADC) à rechercher avec l'appui de la communauté internationale une solution durable et pacifique au conflit en République démocratique du Congo.

Les représentants du Chili, de la Croatie, de la Bolivie et du Bélarus ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général, demain jeudi 1er octobre, à partir de 10 heures.

Suite du débat général :

M. JACQUES BAUDIN, Ministre des affaires étrangères du Sénégal et des Sénégalais de l'extérieur : la mondialisation est devenue un phénomène planétaire, les révolutions de l'informatique et de l'information, la lutte contre la drogue et le terrorisme sont devenus également des phénomènes transnationaux qui appellent des réformes à l'échelle planétaire et une parfaite solidarité internationale. Au même moment, au plan national, des fractures se multiplient et des différences s'affirment, engendrant ainsi des situations de guerres civiles, de conflits ethniques et tribaux qui mettent trop souvent en péril les structures de nos Etats. L'Organisation des Nations Unies, dépositaire de la conscience universelle, doit s'adapter à ces réalités changeantes et avoir la capacité d'agir, souvent dans l'urgence, au service de la paix. La Conférence diplomatique de Rome aura été une rencontre historique en ce que, pour la première fois, les Nations du monde ont trouvé, ensemble, un moyen légal de dissuader ceux qui seraient tentés de commettre des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et de génocide, de les juger, s'il y a lieu, et de les condamner lorsque leur responsabilité pénale est établie.

La réforme du Conseil de sécurité représente un élément fondamental de la réforme globale de l'ONU. Nous convenons tous de la nécessité de moderniser et de démocratiser cet organe essentiel des Nations Unies, mais nous éprouvons de la difficulté à trouver un consensus sur des points tels que l'expansion, la composition, l'usage du droit de veto. Dans cette réforme, l'Afrique a sa place, une place qui doit lui être reconnue au regard de son histoire et de sa vocation de continent d'avenir parce que espace de croissance continue. La montée des violences ethniques ou intercommunautaires, constituent des sources de préoccupation majeure pour nos pays, singulièrement ceux d'Afrique. Je voudrais rappeler, du haut de cette tribune, que l'engagement du Sénégal en Guinée-Bissau est uniquement destiné à aider à la restauration de l'ordre constitutionnel, à concourir à écarter les menaces sur la sécurité des populations civiles et étrangères et, enfin, à contribuer au renforcement de la stabilité et de la sécurité dans la sous- région et en Afrique.

Les gouvernements frères d'Ethiopie et d'Erythrée devraient accepter de s'asseoir autour de la table de négociations et essayer de trouver, avec les concours d'autres bonnes volontés, les voies et moyens de parvenir à une solution pacifique. Ailleurs sur le continent, en Angola comme en Somalie, la voie de la paix demeure encore incertaine : parce que tortueuse ou à tout le moins sinueuse.

C'est au nom du principe de l'humanité que le Sénégal appuie, sans ambiguïté, la demande de la République de Chine à rejoindre le concert des nations libres et à être admise au sein de notre Organisation et de ses institutions spécialisées. Au cours de la présente décennie, la série

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des grandes conférences des Nations Unies a permis à la communauté internationale d'adopter au plus haut niveau politique un ensemble de plans d'action consensuels, fondements conceptuels d'un nouveau partenariat mondial pour le développement basé sur le principe de la responsabilité nationale et l'impératif de solidarité internationale. Ces plans d'action, quel que soit leur degré de pertinence, constituent, tout au plus, une série d'engagements formulés sur des mesures qu'il convient de prendre ensemble.

Sans une mobilisation conséquente de ressources nouvelles et additionnelles, les actes concrets attendus de ces nobles initiatives risquent de se traduire en des lendemains d'espoirs déçus, ou fortement compromis. Cependant l'aide publique au développement a atteint aujourd'hui son niveau le plus bas depuis vingt-cinq ans. De quelles valeurs l'humanité peut-elle encore se prévaloir lorsqu'à l'aube du 3ème millénaire, plus d'un milliard d'hommes et de femmes sont privés du minimum de conditions de vie décentes ? Des mesures vigoureuses s'imposent, aujourd'hui plus que jamais, pour donner un souffle nouveau aux échanges nord-sud. En cette fin de siècle, promouvoir, consolider et étendre les fondements de l'Etat de droit partout dans le monde, renforcer les institutions nationales de défense des droits de l'homme, intégrer les droits de l'homme dans les principales activités du système des Nations Unies, promouvoir le droit au développement, nous semblent être les axes essentiels de la politique mondiale en matière de droits de l'homme et des libertés.

Le nouveau contexte international ainsi que le caractère multidimensionnel des défis à affronter exigent que nous ayons une Organisation des Nations Unies, restructurée, modernisée et dotée des capacités essentielles d'intervention pour nous aider à résoudre nos différends, à éliminer les injustices et les disparités, à éviter les exclusions et les égoïsmes. Il suffit que nous le voulions car nous en avons les ressources et les capacités. L'humanité a déjà relevé, au cours de son histoire mouvementée, bien des défis pour que nous puissions douter qu'elle ne soit capable de relever ceux du troisième millénaire.

M. JANEZ DRNOVSEK, Premier Ministre de la Slovénie : des Balkans à l'Afrique centrale et à l'Asie centrale, les populations civiles sont devenues les cibles principales et parfois uniques des conflits. Les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire ainsi que les pires atrocités deviennent les conséquences habituelles des conflits. Il nous faut lutter tous ensemble avec détermination pour garantir que ces violations ne resteront pas impunies.

En Bosnie-Herzégovine, le processus de paix s'impose lentement mais sûrement. Il n'est toutefois pas encore irréversible et la communauté internationale a encore un rôle important à jouer en ce qui concerne la gestion de la situation d'après-guerre, pour assurer la reconstruction

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économique et fournir l'aide adéquate. La Slovénie participe activement à ces efforts. De nombreux problèmes restent à résoudre, en particulier concernant le retour des réfugiés. La démocratisation et la réconciliation sont des éléments essentiels à l'établissement d'une paix durable en Bosnie- Herzégovine. Mais il ne peut y avoir de réconciliation avant que les criminels de guerre ne soient traduits en justice. La situation au Kosovo a également et légitimement attiré l'attention de la communauté internationale. Depuis plusieurs années des violations des droits de l'homme sont régulièrement rapportées et ces derniers mois, la population du Kosovo a subi une véritable campagne de terreur. La communauté internationale doit prévenir une nouvelle catastrophe humanitaire et mettre toutes les parties au conflit face à leurs responsabilités.

Les Nations Unies sont en mesure d'organiser une action internationale efficace pour maintenir la paix. La Slovénie, fière de siéger actuellement au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent, contribue de son mieux aux efforts communs pour garantir que la paix sera maintenue, la justice rendue et que des vies innocentes seront sauvées. Cela étant, la Slovénie partage l'opinion de la majorité des Etats Membres qui considèrent que le Conseil de sécurité doit également être réformé afin de devenir plus représentatif - par l'augmentation du nombre de sièges permanents et non permanents - et plus efficace et transparent dans ses méthodes de travail.

Nous sommes en outre convaincus que la défense des droits de l'homme demeure un sujet de préoccupation légitime pour la communauté internationale et qu'il est nécessaire de renforcer la coopération internationale en la matière. La Slovénie soutient activement les travaux des tribunaux pénaux internationaux pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda et se réjouit du premier verdict jamais rendu par une cour criminelle internationale contre le crime de génocide. Nous espérons de même que l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale aidera à faire justice aux victimes, à limiter l'impunité et à dissuader les actes de génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre au siècle prochain.

La Slovénie se félicite également de la signature de la Convention d'Ottawa qui constitue un pas essentiel vers une interdiction complète des mines antipersonnel. Elle a pour sa part mis en place un Fonds d'affectation international pour le déminage et l'assistance aux victimes en Bosnie- Herzégovine. Elle a en outre démontré sa détermination à contribuer au désarmement nucléaire et s'est jointe à huit autres pays pour lancer la Déclaration "vers un monde exempt d'armes nucléaires : nécessité d'un nouvel ordre du jour".

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Mme JANET G. BOSTWICK, Ministre des affaires étrangères des Bahamas : au cours des dernières décennies, les Bahamas ont fait preuve de succès dans les domaines de la défense de la démocratie, la protection des droits de l'homme, la promotion des femmes et la promotion du développement social et de la justice. De trop nombreux pays en développement souffrent encore de la pauvreté, de la détérioration de leur environnement, de niveaux de santé insuffisants, de taux de chômage élevés, de malnutrition, d'inflation galopante, de criminalité et d'un nombre croissant de personnes sans abri et déplacées. Il s'agit là de domaines critiques dans lesquels les Nations Unies pourraient faire changer le cours des choses, en particulier dans les pays en développement. Elles pourraient également agir sur le sort des femmes et des enfants victimes de trafic en adoptant des mesures concrètes pour contrecarrer ce phénomène.

Les Bahamas continuent à faire face à une immigration clandestine importante, un problème qui n'est pas suffisamment reconnu par la communauté internationale en dépit des coûts financiers qui y sont associés pour le pays d'accueil. Nous lançons par conséquent un appel à cette Assemblée pour demander une révision du mandat du Haut Commissaire aux réfugiés des Nations Unies afin qu'il réponde mieux aux réalités actuelles. Les Bahamas accueillent favorablement les propositions relatives à l'Assemblée du millénaire et au Forum du millénaire afin de renforcer le partenariat avec la société civile. Nous sommes également en faveur d'une réforme du Conseil de sécurité pour qu'il devienne plus représentatif de la réalité internationale actuelle.

Dans le domaine du désarmement, le Gouvernement des Bahamas a signé la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel et demeure très inquiet au sujet du problème des armes de petits calibres qui sont introduites clandestinement dans les petits Etats insulaires en développement. Les Bahamas lancent par conséquent un appel aux pays producteurs de ce type d'armes pour assumer leurs responsabilités en ce qui concerne leur vente et leur exportation, et pour renforcer la coopération internationale dans la lutte contre ce problème. De même, en ce qui concerne les activités illégales liées au trafic de drogue, les Bahamas ont le regret d'annoncer qu'elles sont de nouveau confrontées à ce problème et que la coopération internationale est impérative pour faire face à cette menace.

Face à la mondialisation de l'économie et des flux de capitaux, il est plus que jamais nécessaire de mettre en place des cadres internationaux durables et équitables pour réglementer le fonctionnement des marchés globaux intégrés, faute de quoi les bénéfices de la mondialisation ne sauraient être équitablement répartis. En matière de sources de financement du développement, il ne faudrait pas pour autant compter sur les flux de capitaux privés. A cet égard, les Bahamas soutiennent l'appel pour la convocation d'une conférence internationale sur le financement du développement.

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M. U OHN GYAW, Ministre des affaires étrangères du Myanmar : à l'instar des autres pays, le Myanmar est convaincu que l'élargissement de manière équilibrée de la composition du Conseil de sécurité constitue l'un des aspects essentiels de l'ensemble du processus de réforme des Nations Unies. Le Myanmar se rallie à la position du Mouvement des pays non alignés sur cette question. L'objectif du processus de réforme du Conseil de sécurité ne consiste pas à ajouter deux sièges permanents. Le Myanmar est favorable à l'octroi de sièges permanents à des pays capables de contribuer de manière efficace au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le Gouvernement du Myanmar est également favorable à l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité tant en ce qui concerne les sièges permanents que les sièges non permanents. L'idée de procéder à la rotation de nouveaux membres permanents, que l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a décidé d'appliquer aux pays africains, est très pertinente. C'est une notion présentée par une région donnée pour les pays qui la composent et elle ne vise pas à être exportée vers d'autres régions. Il est vital que l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité dans les deux catégories de sièges s'applique en même temps pour toutes les régions. Cette idée permettrait aux puissances émergentes, en mesure de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales, d'occuper un siège au sein du Conseil de sécurité pendant de nombreuses années en leur qualité de membres permanents régionaux. En outre, comme le statut de membre permanent devra permettre la rotation entre d'autres pays aussi capables dans la région, cette mesure sera plus démocratique. Comme de plus en plus de pays participent au processus de décision en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, la légitimité des décisions du Conseil de sécurité sera renforcée et ne sera jamais mise en doute. Si le système de rotation des sièges permanents est adopté, le Myanmar suggère notamment de permettre aux régions de déterminer les modalités particulières de son application et de limiter la rotation à un seul mandat. Le rôle qu'un pays joue et continue de jouer dans sa région en matière de maintien de la paix et de la sécurité devra servir de critère de sélection pour les sièges permanents. Le Myanmar figure parmi les 74 Etats Membres de l'Organisation qui n'ont jamais siégé au Conseil de sécurité. Pour renforcer le rôle des membres non permanents, il faudrait explorer les moyens visant à améliorer ses méthodes de travail. Il est inévitable que les membres permanents devront oeuvrer de manière active au sein d'un Conseil de sécurité élargi pour forger l'appui nécessaire concernant une question qui les intéresse particulièrement.

La question du veto est étroitement liée à l'augmentation des sièges permanents du Conseil de sécurité. Le débat sur la question se poursuit depuis la création de l'Organisation des Nations Unies. Toutefois, on note que peu de progrès ont été réalisés pour rétablir l'équilibre. Etant donné l'état actuel des délibérations, cette question continuera à nous hanter pendant longtemps. Pour le Myanmar, le droit de veto est injuste et anachronique, et son élimination ultime en est la conclusion la plus logique.

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Toutefois, tout en admettant qu'il n'est pas réaliste de mettre fin actuellement au veto, le Myanmar estime qu'il est donc injuste et discriminatoire de refuser le veto aux nouveaux membres permanents. Les nouveaux membres devraient être dotés des mêmes droits et prérogatives que les membres permanents actuels. Il est crucial de renforcer les relations entre le futur Conseil de sécurité et l'Assemblée générale, notamment par le biais du rapport annuel du Conseil de sécurité à l'Assemblée générale. Soulignant l'importance des principes de règlement des différends internationaux par des moyens pacifiques, du non-recours à la force et de la non-ingérence dans les affaires intérieures, le Myanmar estime que seules des nations unies véritablement démocratiques garantiraient que ces principes ne soient ni violés ni modifiés pour satisfaire les intérêts politiques propres à certains pays.

Au cours des dernières années, le Gouvernement du Myanmar avait restauré la stabilité dans le pays. La paix et la tranquillité prévalent presque sur l'ensemble du territoire. Cette stabilité a été rétablie grâce à des efforts nationaux. Le Myanmar n'a imposé aucun fardeau à la communauté internationale. Le pays a opté pour la voie de la démocratie. Il est également ironique de constater qu'au moment où le Myanmar a déclaré ouvertement et à plusieurs reprises qu'il s'engage dans un processus de véritable démocratisation avec une économie de marché, des pressions politiques ont été exercées sur le gouvernement par ceux qui souhaitent que le Myanmar adopte leur propre modèle de démocratie. Le Myanmar est convaincu que la voie qu'il a choisie est la plus appropriée à ses traditions, culture et surtout aux aspirations de son peuple.

M. JOSE LUIS JESUS, Ministre des affaires étrangères du Cap-Vert : les efforts accomplis, au cours de ces dernières années, par la communauté internationale, l'OUA, les organisations sous-régionales et les Etats Membres en vue du règlement des conflits sur le continent africain, ont porté leurs fruits, parfois de façon remarquable, allant même jusqu'à rétablir la paix et la normalité dans certaines régions. Mais d'anciens conflits ont repris, que l'on croyait réglés, d'autres sont apparus et tous constituent une menace grave contre la paix au-delà même des frontières nationales. De graves conséquences sont à craindre, non seulement pour les populations concernées, mais pour le développement économique et social cependant si nécessaire. Le Cap-Vert en appelle à la coopération effective de la communauté internationale en vue du règlement des conflits armés en Afrique.

Ces conflits naissent faute, pour certains individus ou certains groupes, de pouvoir légitimement exercer leurs droits ou formuler leurs revendications par le biais d'institutions pacifiques et démocratiques. L'absence de dialogue, de tolérance et d'institutions judiciaires fiables sur lesquels s'appuyer pour régler les différends mènent droit aux conflits armés.

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Dans son dernier rapport à ce sujet adressé au Conseil de Sécurité, le Secrétaire général a remarquablement contribué à la compréhension des causes de conflits sur le continent africain et leur lien intrinsèque avec le développement, la bonne gouvernance, la démocratie et les droits de l'homme.

Le maintien de la paix est une tâche difficile. Cette difficulté est accrue du fait des écarts sociaux grandissants, et la survenue de situations où la majorité de la population a du mal à satisfaire ses besoins essentiels, ou bien, quand les droits fondamentaux d'une population ou d'une partie de celle-ci ne sont pas reconnus ou respectés, ou encore quand des citoyens on des groupes de citoyens font l'objet de discriminations sur la base de considérations ethniques, culturelles, religieuses ou politiques.

De plus, la situation est aggravée par l'ingérence extérieure visant à imposer des politiques ou à influencer les gouvernements.

On assiste en Afrique à de violents conflits qui placent les populations en situation de précarité. Celles-ci sont victimes du non-respect des droits les plus fondamentaux. Ces circonstances sont aggravées par la famine, l'analphabétisme, l'ignorance, la maladie et l'oppression. Quand la dignité humaine et les droits et les principes de la démocratie ne sont pas respectés, alors la stabilité, la paix et le progrès sont remis en question.

L'ONU a un rôle essentiel à jouer pour aider l'Afrique à faire face à ses besoins, à surmonter la situation de sous-développement et d'intolérance qui y prévaut. Il appartient aux dirigeants africains et à la société civile d'assumer leurs responsabilités du point de vue de la gestion saine des ressources, de la consolidation des institutions démocratiques, du respect des droits des citoyens; bref de créer un climat de tolérance dans le respect de la liberté et de la dignité des personnes.

La Guinée-Bissau a connu ces deux derniers mois un conflit armé interne. Le Cap-Vert partage avec ce pays une histoire séculaire commune, et, à ce titre, a suivi avec une attention toute particulière l'évolution de cette situation en essayant d'y remédier par une solution politique négociée. Avec la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), dont il assure la coordination, le Cap-Vert déploie des efforts en vue d'une résolution pacifique du conflit et espère y parvenir avec l'aide de la médiation de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CDAO). Elle espère que les parties respecteront les accords de cessez-le-feu signés à Praia en août, ce qui permettrait à la société Bissau-guinéenne de connaître enfin la réconciliation.

La situation en Angola, cet autre pays frère, réclame un engagement sérieux de la part de la communauté internationale de façon à restaurer le respect des obligations souscrites au titre des Accords du Protocole de Lusaka

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et les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité. Le Cap-Vert est préoccupé par le spectre de nouveaux affrontements, dû au comportement regrettable de l'UNITA. L'Angola a droit à la paix, à la stabilité politique et à la réconciliation nationale.

La crise financière actuelle est préoccupante et remet en cause les espoirs de prospérité antérieurs. Cet optimisme a été condamné par des revers financiers récents, principalement en Asie. La dégradation rapide des économies laisse penser que de nombreux pays seront touchés, et surtout les pays en développement. De ce fait, l'équilibre mondial tout entier est en péril. L'instabilité pourrait s'instaurer et pourrait ne pas être contenue à l'intérieur des limites des frontières des pays en développement. Les conséquences seront communes, et il importe donc de trouver des solutions efficaces collectives ainsi qu'un rythme de développement social et économique durable.

Touché par la sécheresse, le Cap-Vert s'intéresse à l'environnement et aux conditions de la vie sur terre. Il faut une action concertée efficace et rapide, une stratégie mondiale pour maintenir l'équilibre des écosystèmes et assurer de meilleures conditions de vie pour la population mondiale. Une telle démarche, qui s'inscrit dans le contexte du développement économique et social, vise aussi à éliminer la pauvreté.

La fin de la guerre froide semblait promettre la fin de la pauvreté. L'esprit de solidarité qui avait présidé au Sommet de Copenhague doit se concrétiser par des mesures concrètes de développement durable. Le Cap-Vert lutte contre la pauvreté mais il lui faut le soutien de la communauté internationale. La réunion extraordinaire de suivi qui se tiendra en l'an 2000 procédera à un examen minutieux de la situation et des moyens d'application concrets des résolutions prises lors du Sommet. Le Cap-Vert connaît les problèmes propres aux petits Etats insulaires. Ce problème sera soumis à évaluation l'an prochain car il figure au titre du plan d'action de la Barbade.

Le peuple du Timor oriental est privé du droit inaliénable de décider de son propre destin. Le Cap-Vert encourage le droit à l'auto-détermination de ce peuple qu'il soutient dans sa lutte et en appelle aux pays membres pour une solution internationale.

M. ALLAN CRUICKSHANK, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint-Vincent-et-les Grenadines : l'éradication de la pauvreté demeure une priorité pour les pays en développement et le Gouvernement de Saint-Vincent-et-les Grenadines est résolu à élever le niveau de vie des segments les plus désavantagés de notre société. A cet égard, il a mis en place une politique spécifique visant à promouvoir la croissance économique et le développement. Dans ce but, nous souhaitons la création

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d'un environnement international propice et nous appelons les pays développés à respecter leurs engagements et à fournir davantage de ressources pour la lutte contre la pauvreté. Je tiens ici à remercier particulièrement l'Union européenne pour leur soutien indéfectible et les décisions récentes prises dans le cadre des Accords de Lomé pour la coopération économique, le commerce et le développement avec les pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, au sujet du commerce de la banane. Ces nouveaux accords, compatibles avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), permettront à cette industrie régionale importante d'atteindre un niveau de croissance durable. Ils permettent également de créer un environnement propice pour la survie d'une industrie de la banane restructurée et compétitive. Il est en revanche assez inquiétant d'entendre que les Etats-Unis et certains pays amis d'Amérique latine s'apprêtent à combattre ces nouveaux accords et, de fait, ma délégation est fort surprise par la position aveugle et apathique des Etats-Unis sur ce sujet. D'ailleurs, comment pourra-t-on convaincre nos citoyens de la nécessité de combattre la production, l'usage et le trafic des drogues illicites, si notre industrie bananière est détruite? En dépit des difficultés particulières auxquelles sont confrontés les petits Etats insulaires en développement, nous remplissons toutes nos obligations internationales et nous avons adhéré aux divers programmes bilatéraux et multilatéraux concernant l'éradication des drogues illicites. Nous avons la volonté de combattre ce fléau mais les pays amis devraient également comprendre notre vulnérabilité.

Le Gouvernement de Saint-Vincent-et-les Grenadines est en outre scrupuleusement attaché à la défense et au renforcement de la démocratie. Les démocraties des Caraïbes sont notamment basées sur le respect des droits de l'homme, la création d'opportunités économiques et autres favorisant le développement personnel et la tenue d'élections libres et justes, conformément à notre Constitution. Au sein des nations de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), l'avènement du nouveau millénaire nous met en demeure d'affirmer notre indépendance et de démontrer notre maturité en optant pour des dispositions constitutionnelles adaptées à notre évolution historique, culturelle et politique propre. Saint-Vincent-et-les Grenadines est engagé dans ce processus d'élaboration d'une constitution pour la gouvernance du vingt et unième siècle.

En tant que membre de l'Association des petits Etats insulaires, Saint-Vincent-et-les Grenadines soutient vigoureusement les initiatives en faveur de la protection de l'environnement. Les effets du réchauffement de la planète sont une menace sérieuse pour ces Etats dont les côtes pourraient être submergées et dont les récifs caucasiens pourraient disparaître. De plus, notre région continue de subir des cyclones de plus en plus fréquents et violents. Le cyclone Georges a ainsi dévasté plusieurs îles des Caraïbes avant de s'attaquer à la côte américaine, nous rappelant bien que les forces

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de la nature ne connaissent pas de frontières. Saint-Vincent-et-les Grenadines a d'ailleurs, malgré ses ressources limitées, initié un programme d'aide à ses îles soeurs des Caraïbes. Les îles, écologiquement vulnérables, sont aussi menacées par le danger des déchets jetés à la mer.

Le problème du développement durable des petits Etats insulaires nécessite un véritable partenariat avec les pays développés. Nous aussi souffrons des problèmes liés à la mondialisation, en particulier le chômage. Nous sommes particulièrement inquiets des lois draconiennes en matière d'immigration adoptées par plusieurs pays et qui menacent le bien-être social et économique des peuples des Caraïbes.

M. DENZIL L. DOUGLAS, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Saint-Kitts-et-Nevis : les droits de l'homme ne se mesurent pas uniquement par le droit de vote, mais également par le droit à l'autodéveloppement dans un sens holistique. A la veille du nouveau millénaire, je suis relativement insatisfait par le degré d'attention qu'accorde la communauté internationale aux problèmes économiques, environnementaux et politiques qui menacent les petits Etats insulaires en développement. Cette année encore, Saint-Kitts-et-Nevis a été victime d'un ouragan, qui a littéralement effacé les progrès réalisés au cours des dernières années. De larges secteurs de nos communautés rurales en sont réduits à une situation de grande pauvreté. Telle est la réalité des petits Etats insulaires, et, dans ce contexte, nous ne tolérons plus que les bureaucrates et les institutions financières nous dictent quels sont les niveaux de développement acceptables. Notre Gouvernement lance un appel urgent à la communauté internationale pour venir en aide à nos pays. A cet égard, un projet de résolution sera soumis à cette Assemblée concernant les pays des Caraïbes victimes de l'ouragan Georges. Nous demandons aux Etats Membres de soutenir le projet en se portant coauteurs. Les petits Etats insulaires ont besoin d'une assistance technique, matérielle et financière continue. Notre Gouvernement se sent obligé de rappeler les problèmes de nos pays, d'autant plus que nous faisons l'objet de plaintes auprès de l'Organisation mondiale du commerce au sujet de nos exportations de bananes et de canne à sucre. Cependant, en termes de pourcentage, nos exportations ne peuvent pas représenter une réelle menace aux grands producteurs internationaux.

En matière de droits de l'homme, il est irréaliste de séparer les droits des personnes de leur droit au développement. De plus, afin que le processus démocratique puisse se développer, il faut veiller au respect des droits fondamentaux de l'homme. Tout espoir pour un nouveau millénaire pacifique et équitable dépend de l'évolution de notre réflexion sur les droits de l'homme et d'autres questions critiques concernant les petits Etats insulaires. L'un des plus grands défis sera de remédier à un développement économique inégal au sein du système actuel. Les Bahamas ne soulèvent pas la question de

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la vulnérabilité des Etats insulaires pour revendiquer des traitements privilégiés pour la région, mais pour que la communauté internationale prenne conscience des circonstances particulières qui la caractérisent. Ces Etats sont contraints de libéraliser leurs économies et de s'intégrer dans le système économique mondial qui les a toujours relégués à sa périphérie. Il est un fait que dans les Caraïbes, nous sommes beaucoup plus familiarisés avec les risques de la mondialisation qu'avec ses opportunités. Nous accueillons favorablement les initiatives lancées pour la mobilisation de ressources pour financer le développement, l'allégement de la dette extérieure et la bonne gouvernance du système monétaire et financier international.

M. DONALD KALPOKAS MASIKEVANUA, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Vanuatu : la communauté internationale doit coopérer pour lutter contre l'escalade continue de crimes internationaux de toutes sortes, tels que le trafic illicite des stupéfiants, le blanchiment de l'argent, le terrorisme, les crimes organisés et tout autre activité visant à mettre en danger la souveraineté et l'intégrité territoriales des petits pays insulaires. Vanuatu estime que le monde ne rend ni justice à lui-même, ni aux principes fondamentaux de paix et de prospérité économique consacrés par la Charte des Nations Unies, si l'on n'observe pas l'appel de la communauté internationale en faveur du désarmement nucléaire et, en matière d'armes de destruction massive. La sécurité internationale ne peut être garantie, si l'on n'accordait pas la priorité et les ressources nécessaires à l'éducation et à la santé de l'humanité et à sa survie au cours du prochain millénaire. L'élan donné à l'occasion du Cinquantième anniversaire de l'Organisation, les leçons tirées des erreurs du passé et la réaffirmation de notre engagement doivent nous guider à garantir un monde meilleur où, par le biais des Nations Unies, il sera possible de rétablir la confiance mutuelle et un véritable dialogue pour réduire les tensions politiques et la crise économique dans toutes les régions et les sous-régions de la planète. Confrontés à ces défis, de nombreux pays dans la région du Pacifique, notamment le Vanuatu, n'ont guère de choix, à la fin de ce siècle, que de s'engager dans des programmes difficiles de réforme à la fois de leurs gouvernements, que de leurs sociétés. L'année dernière, Vanuatu a lancé un programme global de réforme, avec l'assistance des institutions multilatérales et des donateurs bilatéraux. Toutefois, pour garantir le succès de ce programme et pour répondre aux besoins de la population nationale dont 80% vivent dans les zones rurales, Vanuatu continuera de solliciter l'appui particulier qui lui a été consenti au titre de pays le moins avancé. Les Nations Unies doivent faire figurer à leur ordre du jour concernant le processus de réforme une évaluation complète et la reconnaissance des particularités inhérentes aux petits Etats insulaires, comme le Vanuatu, et les répercussions de la crise économique internationale sur leur propre économie et sur la durabilité de leur stabilité politique.

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Les répercussions de la crise économique en Asie et les conséquences dévastatrices des fréquentes catastrophes naturelles - telles que les cyclones tropicaux et le réchauffement de la planète sur l'économie nationale - devraient être pleinement évaluées. Axé sur l'environnement, le premier chapitre du Programme d'Action de la Barbade stipule clairement que les petits Etats insulaires sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques et à la marée haute. C'est pourquoi, le Vanuatu suggère que, dans le cadre de la réforme, les indicateurs relatifs au développement utilisés par les Nations Unies pour déterminer le statut de chaque Etat Membre, soient révisés entièrement en étroite consultation avec les Etats Membres et les autres organisations régionales et multilatérales, notamment le Forum du Pacifique Sud et le Commonwealth. C'est un exercice important à un moment où le Vanuatu devra procéder à l'ajustement des structures administratives nationales et de son cadre juridique en vue de répondre progressivement aux exigences de la mondialisation. La procédure d'admission à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) devrait tenir compte de la capacité du régime politique et économique de chaque pays de s'adapter sans affecter la cohésion sociale. Le Vanuatu, engagé en faveur du principe de la libéralisation du commerce mondial, demande à la communauté internationale de lui permettre d'y être intégré progressivement, en tenant compte de sa capacité de répondre aux formalités et de s'adapter au nouvel environnement. C'est dans ce même esprit que le Gouvernement de Vanuatu se félicite de la décision de l'Assemblée générale adoptée, à sa 52ème session, de convoquer en 2001 la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA). Dans ce contexte, le Vanuatu appuie la Déclaration du huitième sommet des PMA, adoptée le 28 septembre 1998.

Le Vanuatu réaffirme que le principe de l'indivisibilité des droits civils, sociaux, politiques et culturels, universellement reconnus, doit constituer une partie intégrante de l'approche commune en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Le programme de réforme en cours au Vanuatu tient pleinement compte de ces principes et de l'engagement du Gouvernement à cet égard, notamment en ce qui concerne une reconnaissance plus vaste des droits et du rôle des femmes. La création d'un mécanisme pour établir un dialogue constructif entre le Gouvernement, le Conseil national des femmes et d'autres organisations non gouvernementales illustre cet engagement.

M. KELI WALUBITA, Ministre des affaires étrangères de la Zambie : la Zambie a été active dans les efforts régionaux pour rechercher une solution durable et pacifique à la situation en République démocratique du Congo. Les dirigeants de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et autres responsables de la région ont joué un rôle remarquable dans ce sens. Il ne fait pas de doute que si la situation en République démocratique du Congo n'est pas résolue, elle fera peser une menace non seulement sur les pays de la région, mais également, sur la paix et la sécurité internationales.

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Les efforts de médiation de la SADC doivent donc recevoir l'appui de la communauté internationale. De même, la Zambie, en tant que pays voisin et hôte des pourparlers de paix qui ont abouti à la signature du Protocole de Lusaka, est extrêmement préoccupée par le recul du processus de paix en Angola. On ne peut pas abandonner ce processus et la communauté internationale doit réaffirmer son autorité et user de son immense sagesse pour le remettre sur les rails. La Zambie apporte également son soutien plein et entier aux efforts de la SADC pour trouver une issue pacifique aux derniers événements au Lesotho et demande que la communauté internationale appuie ces efforts de manière appropriée.

L'Afrique dans son ensemble a fait des progrès économiques et politiques substantiels ces dernières années. Malheureusement, ceux-ci sont souvent mis en péril par les conflits persistants. Dans le domaine du maintien de la paix, l'Afrique a mis en place un mécanisme de prévention, de gestion et de résolution des conflits, et nous encourageons la communauté internationale à lui apporter le soutien nécessaire pour qu'il fonctionne efficacement.

En ce qui concerne la mondialisation et la libéralisation de l'économie à laquelle nous assistons, les Nations Unies ont la lourde responsabilité de trouver des moyens d'en faire bénéficier l'ensemble des nations car un processus qui mettrait en danger le développement ne peut en aucun cas être dans l'intérêt de la communauté internationale. Parallèlement, l'accès restreint aux marchés pour les pays en développement et surtout le poids de la dette extérieure sont des freins au développement économique et social de nombreux d'entre eux.

Pour l'Afrique, qui sort à peine de la décennie perdue des années 80, les nouveaux bouleversements économiques mondiaux ajoutent de nouvelles contraintes au processus de promotion de la croissance économique et de développement. On voit d'ailleurs clairement que les craintes exprimées face à la crise ne font qu'à peine mention des défis auxquels l'Afrique est confrontée, indiquant bien par là sa marginalisation dans l'économie mondiale. Dans un esprit d'interdépendance, nous demandons à la communauté internationale de prendre en compte les problèmes de l'Afrique, car celle-ci a besoin d'un environnement international propice pour résoudre ses problèmes. Il devient de plus en plus urgent de mettre en oeuvre l'Agenda pour le développement.

Pour sa part, la Zambie, a mis en oeuvre un programme d'ajustement structurel basé sur la stabilisation macro-économique, la privatisation et le développement du commerce. Les politiques menées ont permis de lancer et de maintenir la croissance économique et le développement de façon décisive. La Zambie a connu ces dernières années une transformation radicale, avec une économie ouverte menée par le secteur privé. L'objectif de la deuxième génération de réformes dans laquelle nous somme engagés, est à présent de réduire la pauvreté de moitié d'ici l'an 2004.

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M. IVAN ANTONOVICH, Ministre des affaire étrangères du Bélarus : le monde traverse une période de transformations continues, et les activités des Nations Unies devraient s'adapter à ces changements, en particulier en matière d'objectifs à long terme et de directives pour la coopération internationale. Il existe un réel besoin de développer pour l'Organisation les cadres juridiques, économiques et politiques qui permettraient à l'humanité d'avoir l'opportunité de travailler et de vivre dans la paix et la liberté dans le prochain millénaire. Partant du constat que la plupart des problèmes internationaux persistent et résistent aux approches anciennes, il faut trouver de nouvelles solutions et passer des accords qui permettent de venir à bout de ces problèmes par des moyens non conventionnels. A cet égard, la réforme des Nations Unies constitue une opportunité importante pour la communauté internationale. Il est donc indispensable de renforcer le système des Nations Unies et réformer le Conseil de sécurité sur la base d'une représentation juste et équitable des groupes régionaux.

Compte tenu de ce que des conflits inter et intranationaux persistent dans le monde, le Bélarus considère que les principes d'un règlement pacifique des conflits et de la non-ingérence dans les affaires internes devraient être respectés dans le cadre des initiatives de conciliation en matière de conflits régionaux ou domestiques. Toute mesure coercitive ne pouvant être décidée que par le Conseil de sécurité, le recours à la force par des Etats particuliers ou des organisations régionales à leur propre discrétion est inadmissible. C'est la raison pour laquelle le Bélarus ne comprend pas qu'il puisse y avoir des discussions sur la question yougoslave. Le simple recours à la force représente en effet une menace pour la paix et la stabilité de l'Europe. Le Bélarus souhaite que la République fédérative de Yougoslavie réintègre son siège aux Nations Unies.

L'interdépendance écologique ne fait pas encore parti des sujets auxquels la communauté internationale accorde une grande importance, et en particulier en ce qui concerne les effets à posteriori de la catastrophe de Tchernobyl. Le Bélarus, qui a absorbé plus de 70% des retombées radioactives de Tchernobyl, dépense annuellement un cinquième de son budget pour en éliminer les conséquences. Les Nations Unies ont mis en place un programme d'aide internationale interinstitutions aux régions touchées par la catastrophe de Tchernobyl, et le Bélarus souhaite lancer ici un appel aux pays donateurs, aux organisations internationales et nongouvernementales pour considérer toutes les possibilités de participation au financement de ce Programme.

Dans le domaine du désarmement, le Bélarus a été le premier pays à renoncer volontairement et sans conditions à son arsenal nucléaire, et a été suivi par la suite par l'Ukraine et le Kazakhstan. Il existe cependant toujours une résistance à la création de zones dénucléarisées dans

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les hémisphères Sud et Nord et par conséquent l'initiative du Bélarus de créer une telle zone en Europe centrale et occidentale est bloquée. Le Bélarus appelle tous les Etats Membres à signer les TNP et le CTBT et estime qu'une approche plus constructive en matière de désarmement et de limitation des armes s'impose.

Droits de réponse

Le représentant du Chili a déclaré qu'il se trouvait dans l'obligation d'intervenir en réponse à l'intervention de la Bolivie. Il a affirmé qu'il n'existe pas de contentieux frontalier, ni de problème de souveraineté en suspens entre le Chili et la Bolivie. Les problèmes territoriaux ont été réglés une fois pour toute par le Traité de 1904 et le Chili continuera à garantir à la Bolivie l'accès au littoral chilien. En outre, le Chili ne voit aucun inconvénient à la reprise des relations diplomatiques que la Bolivie avait unilatéralement interrompues il y a vingt ans. Le Chili, a-t-il ajouté, rappelle que le projet de résolution présenté il y a vingt ans à l'Organisation des Etats américains (OEA) et la proposition de la Bolivie au Sommet du Mouvement des pays non alignés auxquelles la Bolivie a fait référence n'avaient pas reçu de soutien. Le Chili partage l'avis selon lequel le cours à suivre dans la région est celui de l'intégration mais pour que ce processus puisse progresser il faut pouvoir compter sur une volonté commune. Le Gouvernement chilien reste disposé à poursuivre un dialogue bilatéral constructif sans nécessité de tutelle ce qui reste impossible en l'absence de volonté politique de la part de la Bolivie.

La représentante de la Croatie, en réponse à la proposition du Bélarus d'octroyer à nouveau le statut d'Etat Membre à la Yougoslavie, a rappelé que la République fédérative de Yougoslavie n'était pas le successeur de l'ex- Yougoslavie et de ce fait devait suivre la procédure normale d'adhésion des nouveaux membres à l'Organisation des Nations Unies.

Le représentant de la Bolivie, en réponse à l'intervention du Chili, a rappelé que le Traité de 1904 a scellé le caractère enclavé de la Bolivie qui a été contrainte de le signer compte tenu du fait que le Chili occupait militairement le littoral à cette époque là. Par conséquent, il est impossible de dire que ce Traité n'a pas été signé sous la contrainte. Le Chili a finalement accepté de céder le droit d'accès au littoral à la Bolivie mais la liberté d'accès et de circulation est soumise à des entraves constantes. Depuis 1979, onze résolutions consécutives ont été soumises à l'OEA en faveur du règlement du contentieux entre la Bolivie et le Chili. Finalement cette question été inscrite de façon permanente à son ordre du jour.

Le représentant du Bélarus s'est déclaré surpris par l'intervention de la Croatie car son Ministre des affaires étrangères n'a pas évoqué la question de la qualité d'Etat Membre de la Yougoslavie.

Le représentant du Chili a estimé que la Bolivie cherche à déformer les faits et que si le Gouvernement bolivien souhaitait véritablement avancer sur la voie de l'intégration, le Chili sera toujours disposé à l'y suivre.

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