AG/805

L'IRAQ EST FAVORABLE A UN REEXAMEN D'ENSEMBLE DE SON DIFFEREND AVEC LE CONSEIL DE SECURITE SOUS LES AUSPICES DU SECRETAIRE GENERAL

30 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/805


L'IRAQ EST FAVORABLE A UN REEXAMEN D'ENSEMBLE DE SON DIFFEREND AVEC LE CONSEIL DE SECURITE SOUS LES AUSPICES DU SECRETAIRE GENERAL

19980930 Les petits Etats insulaires suggèrent la création d'un fonds pour les pays victimes de catastrophes naturelles

"L'Iraq a accueilli favorablement la proposition du Secrétaire général de réexaminer dans son ensemble la situation relative au désarmement et au blocus dont est toujours victime l'Iraq", a déclaré le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, M. Al-Sahaf, devant l'Assemblée générale, ce matin. Le Ministre a indiqué que cet examen devra se faire sous la conduite personnelle du Secrétaire général des Nations Unies afin de lui garantir un caractère impartial et juste et devra être limité dans le temps. Un tel réexamen permettra à l'Iraq d'exprimer clairement sa position sur toutes les questions pertinentes et pourra avoir pour objectif la levée des sanctions économiques et autres qui frappent l'Iraq.

L'Assemblée générale, outre le Ministre iraquien, a entendu les Ministres des affaires étrangères de la Dominique, de la Jamaïque, de Sainte- Lucie, du Bhoutan, du Cameroun, de la Bolivie et du Tadjikistan, qui ont évoqué les effets de la mondialisation sur l'économie des pays en développement en général, et sur celle des petits Etats insulaires en particulier. Les représentants des petits Etats insulaires ont demandé, dans ce contexte, la création d'un fonds pour les pays insulaires victimes de catastrophes naturelles. Ils ont évoqué le droit au développement qui, ont- ils dit, doit faire partie des droits fondamentaux de l'homme.

L'Assemblée générale poursuivra cet après-midi son débat général à 15 heures.

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Suite du débat général

M. EDISON JAMES, Premier Ministre du Commonwealth de la Dominique : la région des Caraïbes continue de démontrer son attachement au processus de démocratisation, mais la pérennité de la démocratie ne signifie pas pour autant que tout va bien dans notre région. Il y a quelques jours à peine, les Caraïbes ont été durement frappées par le passage du cyclone Georges qui a causé des dégâts considérables notamment à Saint-Kitts-et-Névis, Antigua et Barbuda, en République dominicaine et en Haïti. En leur nom, je demande solennellement à cette assemblée de répondre avec générosité à leurs besoins et de les aider pour leur reconstruction. Au delà, il faut reconnaître l'extrême vulnérabilité des petits Etats insulaires face aux catastrophes naturelles et les moyens limités dont ils disposent pour y faire face et en atténuer les conséquences. En conséquence, nous proposons de mettre en place un fonds de reconstruction après les catastophes naturelles sous les auspices des Nations Unies afin de répondre rapidement et efficacement aux besoins des petits Etats après un tel désastre. Plus encore, il faut mettre un terme aux effets du réchauffement de la planète et de l'effet de serre.

Parmi les points inscrits à l'ordre du jour de cette session, plusieurs questions sont particulièrement importantes pour la Dominique et la communauté des Caraïbes, notamment les questions de politique macroéconomique en matière de commerce, de développement et de coopération entre l'ONU et la Communauté des Caraïbes. Nous insistons plus que jamais sur la nécessaire coopération pour appuyer l'intégrité de notre marché des bananes, en particulier contre certaines puissances qui semblent déterminées à entraver notre démocratie, à freiner nos efforts pour éradiquer la pauvreté et à mettre en péril la paix et la sécurité dans région. Nous sommes convaincus que la mondialisation et la libéralisation économique ne doivent pas conduire à la marginalisation et à la désintégration économique des petits Etats en développement. Nous préférons nous engager avec détermination dans le commerce et le développement sur un terrain où les règles de la concurrence sont égales pour tous plutôt que de dépendre indéfiniment de l'aide. Nous sommes activement engagés dans un processus de diversification de notre économie, nous avons augmenté les chances de nos enfants d'accéder à une éducation, secondaire et supérieure, nous préservons notre environnement, tout cela dans un climat de stabilité sociale et politique. Mais certains signaux alarmants se font entendre dus notamment à l'expulsion vers nos pays de dangereux criminels ainsi qu'à la dislocation des familles résultant de lois d'immigration inhumaines.

Les aspirations légitimes des peuples doivent être au centre de nos débats et à cet égard, nous soutenons les aspirations légitimes des 21 millions d'habitants de la République de Chine à Taïwan à se voir repésentés dans cette institution.

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M.SEYMOUR MULLINGS, Membre du Parlement, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires extérieures et du commerce extérieur de la Jamaïque : nous reconnaissons l'universalité de nombreux problèmes, et notre appartenance aux Nations Unies traduit notre conviction que ces problèmes doivent être résolus grâce à une action collective. Cela devrait nous pousser à réaffirmer notre soutien au multilatéralisme, en particulier grâce à notre paiement à temps et sans conditions de nos obligations financières à l'égard de l'Organisation. Au cours des dernières décennies, la communauté internationale a été témoin de nombreux conflits internes et intranationaux et, en dépit de l'intervention des Nations Unies, on ne constate pas de réels progrès dans leur règlement. Ces conflits compromettent les cadres politique, économique et social des Etats concernés. Il devient par conséquent essentiel pour la communauté internationale de renforcer sa détermination pour la résolution de ces conflits par des règlements politiques négociés. Il faut également renforcer la capacité de la diplomatie préventive et d'alerte rapide des Nations Unies. La Jamaïque est inquiète face à la tendance actuelle de prise de décisions unilatérales par les Etats en cas de conflit, sans l'accord du Conseil de sécurité. Elle réaffirme sa confiance dans le principe de sécurité collective, et par conséquent est en faveur d'un processus de réforme démocratique du Conseil de sécurité afin de lui garantir la confiance des Etats Membres et de lui permettre de faire face aux défis d'un monde en constante mutation. La Jamaïque se félicite de l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale.

Il ne fait pas de doute que la paix et la sécurité sont des conditions préalables au développement durable. Toutefois, il est également vrai que là où des problèmes économiques et sociaux existent, il ne peut y avoir de réelle paix. La Jamaïque considère, par conséquent, que le droit au développement fait intégralement partie des droits fondamentaux de l'homme. Le monde persiste à regarder en direction des Nations Unies pour soutenir les efforts de développement. L'élimination de la pauvreté, la promotion de la protection de l'environnement et le développement durable constituent les clefs de l'amélioration des conditions de vie de nos peuples. Il faut, pour y parvenir, renforcer nos cadres institutionnels, investir dans le développement humain, mettre en oeuvre des politiques qui permettent de répartir équitablement les bénéfices de la croissance au niveau de tout le tissu social. La Jamaïque partage l'opinion selon laquelle il ne peut y avoir de développement durable sans développement humain, opinion qui a été confirmée dans la Déclaration de Montego Bay de 1997 des Etats Membres du Caricom. La question du développement durable des petits Etats insulaires représente une importance particulière pour la Jamaïque. Il y va de la survie d'un groupe d'Etats insulaires dont la viabilité économique et le développement dépendent de la fragilité de leur écosystème et le risque de catastrophes naturelles. La Jamaïque saisit cette opportunité pour lancer un appel à la communauté internationale pour apporter une aide humanitaire urgente et généreuse aux Etats qui ont été victimes de l'ouragan Georges. Le succès de l'initiative de petits Etats insulaires en développement dépendra des négociations favorables entre les acteurs nationaux et des partenariats avec les pays donateurs.

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Le processus de mondialisation a accentué les écarts de développement entre les pays développés et ceux en développement et il n'y a pas de mondialisation des bénéfices. Les pays en développement souffrent du poids de la dette extérieure, qui résulte en des flux de capitaux inversés du Sud vers le Nord, à un moment où les ressources financières font souvent défaut pour permettre de faire face aux défis de la mondialisation. Compte tenu de cette situation, la Jamaïque s'associe à l'appel pour la convocation d'une Conférence sur le financement du développement au plus tôt.

La Jamaïque est également particulièrement inquiète par l'ampleur croissante du trafic illégal des drogues et du problème des petites armes qui va de pair. Ces problèmes compromettent la viabilité économique de nos pays et constituent une menace pour la société civile. Un renforcement des processus bilatéraux, régionaux et de la coopération internationale en matière de lutte contre ces activités illicites s'impose. La Jamaïque condamne les attentats terroristes commis à Dar Es-Salaam et à Naïrobi, et se prononce en faveur de l'adoption d'une approche multilatérale en tant que meilleur moyen pour combattre le phénomène du terrorisme.

Les états des Caraïbes sont fermement engagés à protéger les océans, et en particulier des fonds marins dans la région des Caraïbes. Ils ont décidé de développer à cet effet un programme global de gestion des côtes pour l'an 2000.

M. JIGMI YOSER THINLEY, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan : son pays a procédé il y a trois mois à des réformes institutionnelles importantes, s'ajoutant à celles qui ont renforcé la participation au processus de décision à tous les niveaux. Le Roi du Bhoutan a lui-même encouragé l'Assemblée nationale à introduire un mécanisme visant à faire abdiquer un souverain par le biais d'un vote de confiance. Ces changements en cours ont davantage renforcé l'Etat de droit, ainsi que la participation directe du peuple au processus de développement et à la direction du pays. La crise en Asie, qui menace aujourd'hui l'économie mondiale et affaiblit déjà la stabilité sociale et politique de certains pays, constitue un nouveau défi qui aggrave les vulnérabilités de la société humaine. Comme le commerce, la technologie et la réalité de l'interdépendance force les Etats à coopérer dans un monde où l'espace et les ressources naturelles sont de plus en plus réduits, et où les pays sont déchirés par le fanatisme, l'intolérance et la haine. Le terrorisme est à son apogée, nos enfants sont victimes de la drogue et du crime et même les pays les plus riches peuvent difficilement faire face aux coûts imposés par l'augmentation de la population carcérale. A cela s'ajoute le spectre de l'holocauste nucléaire qui continue de hanter la planète. A moins d'envisager l'avenir et de gérer le processus de mondialisation avec un plus grand sens de spiritualité et de conscience sociale, le "village mondial" ne sera pas en mesure de garantir le bien-être auquel nous aspirons tous.

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Le terrorisme, sous toutes ses formes, est injustifiable, quels qu'en soient les motifs. Il doit être condamné de manière très ferme. Il faut dénoncer le recours à la terreur ou à la menace de la terreur à l'encontre des personnes innocentes. Les objectifs sont clairs : susciter une psychose de peur lorsque les objectifs ne sont pas atteints. Ces crimes odieux contre l'humanité ne doivent pas demeurer impunis. On ne peut plus ignorer l'appel de ceux qui subissent constamment la violation de leurs droits de l'homme, les plus fondamentaux, notamment le droit de vivre à l'abri de la peur. L'adoption d'une convention internationale globale et efficace sur le terrorisme contribuera à lutter contre ce fléau. En tant que petit pays avide de paix, le Bhoutan a toujours condamné l'armement nucléaire et a plaidé en faveur de l'élimination complète et globale de toutes les armes nucléaires et autres armes de destruction massive. Le Bhoutan exhorte tous les participants au processus de désarmement à envisager une évaluation plus réaliste de l'accord mondial en matière de sécurité. A moins que l'on accélère le processus de dénucléarisation complète et globale au-delà du Traité de non prolifération des armes nucléaires (TNP) et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), le monde doit être prêt à faire face à l'éventualité d'un club nucléaire qui perdra de son exclusivité. L'interdépendance active est fondamentale pour promouvoir le progrès. Il est indéniable que la prospérité dans une région du monde ne peut durer si ailleurs la pauvreté règne à l'état endémique.

Le Bhoutan estime que l'objectif de consacrer 0,7% du PNB à l'aide publique au développement n'a été réalisé que par un petit nombre de pays, et même réduit de 0,25 % au cours de ces dernières années. Il est essentiel de faire preuve de volonté politique pour renverser cette tendance et injecter une nouvelle vitalité à la coopération internationale pour le développement.

Concernant la revitalisation et la réforme des Nations Unies, le Bhoutan souligne la nécessité de renforcer le rôle de l'Organisation dans la promotion du développement. A cet égard, il se félicite des accords de coopération interinstitutions qui ont déjà permis de réaliser des progrès substantiels en matière de coordination et d'efficacité. Le Bhoutan fait sienne la position du Mouvement des pays non alignés en ce qui concerne l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité. Les membres permanents actuels doivent mieux répondre aux appels à la réforme aux aspects multiples du Conseil de sécurité. Le Japon, en raison de son importante contribution au financement des activités de l'ONU, et l'Inde, dont la population représente le sixième de la population mondiale, méritent un siège permanent au sein du Conseil de sécurité.

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M. AUGUSTIN KONTCHOU KOUOMEGNI, Ministre d'Etat chargé des relations extérieures du Cameroun : la présente session de l'Assemblée générale prend encore plus d'importance, car elle coïncide avec une double célébration : celle du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et celle du cinquantenaire des opérations de maintien de la paix. Les droits de l'homme sont d'abord et avant tout une question de dignité. Cette quête de la dignité est l'idéal commun vers lequel doivent tendre toutes les actions et activités de promotion des droits de l'homme. On oublie trop souvent que les droits civils et politiques, qui mobilisent tant la communauté internationale, ne peuvent s'épanouir pleinement que si les droits économiques, sociaux et culturels sont également garantis. Les expériences récentes des processus de démocratisation en Afrique sont là pour nous rappeler, par leur fragilité, la réalité incontournable de l'indivisibilité, de l'universalité et de l'interdépendance des droits de l'homme.

La pauvreté constitue aujourd'hui la menace la plus grave à la dignité humaine, particulièrement en Afrique. La solidarité nord-sud devrait concrètement se manifester par la reconsidération, voire l'annulation de la dette des pays africains ainsi que par une nouvelle conception de l'aide publique au développement. Cette aide est indispensable pour la mise en place des infrastructures de développement dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Les flux privés ou ceux canalisés par les ONG ne peuvent jouer entièrement ce rôle, sinon la mondialisation signifierait enrichissement des uns et paupérisation des autres. Ce serait vider de son sens la Déclaration universelle des droits de l'homme. Il nous faut remettre l'homme au centre du développement. Le Cameroun a commencé à apporter sa contribution à cette oeuvre exaltante.

Le présent cinquantenaire des opérations de maintien de la paix doit nous permettre de réfléchir à certaines questions liées à leur poursuite : problèmes de financement, sécurité des personnes engagées dans ces opérations, efficacité, problèmes d'éthique. Le Cameroun pense qu'il est temps d'élaborer un code de conduite afin que les personnes participant aux opérations de maintien de la paix demeurent avant tout des protecteurs des droits de l'homme. Compte tenu des multiples tâches attendues desdites opérations, il y aurait lieu d'en revoir le champ, l'étendue et les modalités. Malheureusement les conflits n'en finissent pas d'anéantir des vies et d'hypothéquer l'avenir des jeunes générations dans toutes les régions du monde. La recrudescence du terrorisme complète ce tableau, comme viennent de nous le rappeler les attentats perpétrés contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es- Salaam, ainsi que celui commis à Omagh. Le Cameroun tient à condamner fermement ces dérapages qui montrent qu'il nous faut redoubler d'efforts pour mettre un terme à la violence aveugle.

Il s'agit de faire taire les armes, de prévenir les différends et par dessus tout de créer les conditions d'une paix véritable qui n'est pas simplement l'absence de conflits armés, mais davantage une vie collective dans la concorde.

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Il nous faut commencer par reconnaître et accepter les différences, pratiquer la tolérance et le dialogue. Il s'agit en particulier d'opter pour le règlement pacifique des différends entre Etats, de privilégier le recours à la Cour internationale de justice, rouage essentiel, non seulement du mécanisme de règlement pacifique des différends mais aussi du système général du maintien de la paix et de la sécurité internationales. C'est pour cela que le Cameroun a saisi la Cour internationale de justice de La Haye dans l'affaire de la frontière terrestre et maritime qui l'oppose au Nigéria. Dans ce contexte, le Cameroun profite de la présente occasion pour lancer un appel pressant à la communauté internationale et spécialement à l'ONU en vue d'aider à maintenir la paix entre les deux pays avant, pendant et après le verdict de la Cour.

Un autre danger apparu dans certaines sous-régions d'Afrique, est celui de la prolifération d'armes de petit calibre et leur circulation illicite. Ce phénomène mérite d'être circonscrit rapidement, tant il est porteur de germes de conflits. Les conclusions du dernier séminaire organisé à Yaoundé du 27 au 31 juillet 1998 par le Secrétariat général des Nations Unies dans le cadre du Comité consultatif permanent pour les questions de sécurité en Afrique centrale sont particulièrement révélatrices à cet égard et doivent être mises en oeuvre. D'autre part, le Cameroun se réjouit d'être parmi les premiers signataires du statut de la Cour pénale internationale.

M. MOHAMMED SAID AL-SAHAF, Ministre des affaires étrangères de l'Iraq : depuis presque neuf ans, l'Iraq est soumis à un blocus général et inhumain qui entraîne chaque mois la mort de milliers d'Iraquiens par manque de soins et de nourriture et également à cause de la dégradation des infrastructures industrielles, agricoles, de santé, d'éducation et de services. Il faut dénoncer avec fermeté ceux qui insistent pour des raisons politiques obscures, sur le maintien de ce blocus destructeur dont les conséquences tragiques équivalent à un acte de génocide. Au cours des sept dernières années, l'Iraq a coopéré avec le Conseil de sécurité, la Commission spéciale et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et a rempli toutes les conditions et obligations qu'on lui a faites en signe de bonne foi et afin que le blocus imposé à sa population soit levé, comme le prévoit le paragraphe 22 de la résolution 687 (1991) du Conseil de sécurité. Toutes les armes interdites ont été détruites, ainsi que des centaines d'usines, d'installations et d'équipements, de façon tellement vengeresse que des équipements n'ayant rien à voir avec ces armes prohibées ont également été détruits. Depuis 1994, la Commission spéciale et l'AIEA ont mis en place un système général de surveillance strict. En dépit du fait que l'Iraq s'est dégagé de toutes les exigences du Conseil de sécurité au titre de la résolution 687, celui-ci n'a rien fait pour s'acquitter de ses propres obligations à l'égard de l'Iraq. La question qui se pose alors est de savoir pourquoi l'Iraq devrait-il subir toutes ces charges et ces pertes quand le blocus est maintenu sine die? Quel est le sens et l'utilité de poursuivre la coopération?

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La Commission spéciale, chargée de s'assurer que l'Iraq a rempli ses obligations en matière de désarmement, s'abstient de rendre compte au Conseil de sécurité des faits prouvant le plein respect par l'Iraq de ses obligations et la raison en est politique. La Commission spéciale, comme son président, agit sous l'influence d'un Etat puissant et arrogant, animé de visées politiques contre l'Iraq qui n'ont rien à voir avec les décisions du Conseil de sécurité. Pour des raisons politiques, la Commission spéciale et son président ont omis de rendre compte au Conseil de sécurité que l'Iraq était dépourvu de toute arme prohibée, qu'elle soit balistique, chimique ou biologique, que toutes les usines, équipements, et installations signalés par la Commission comme étant en relation avec la production de telles armes, avaient été détruits et que les usines, équipements et installations susceptibles d'un "double usage" étaient sous une surveillance étroite. Ils ont également omis de dire que depuis la mise en place du système de surveillance en 1994, aucune violation de la part de l'Iraq n'avait été rapportée. Cette attitude biaisée nous a conduits à une impasse et nous a entraînés dans un cercle vicieux dont le résultat est le maintien inacceptable du blocus imposé au peuple iraquien. L'Iraq a accueilli favorablement les propositions du Secrétaire général en faveur d'un examen d'ensemble de la situation et estime qu'il constitue une obligation légale et morale pour le Conseil de sécurité. Toutefois, les examens entrepris jusqu'à présent n'ont été que de pure forme, arbitraires et loin d'être complets. Nous espérons que cet examen sera général, honnête et juste et que l'Iraq aura l'occasion d'exprimer son point de vue sur toutes les questions soulevées. Nous espérons que cet examen sera conduit sous la supervision personnelle du Secrétaire général et que celui-ci veillera à ce qu'il s'inscrive dans des délais définis pour ne pas devenir un processus inutile et sans fin. Enfin, nous réaffirmons le droit de l'Iraq à espérer que le Conseil de sécurité lèvera les sanctions inhumaines imposées à son peuple.

M. JAVIER MURILLO, Ministre des affaires étrangères et du culte de la Bolivie : la situation actuelle augure d'une récession dangereuse pour l'Asie et l'Amérique latine, et reflète à quel point le système économique mondial est devenu interdépendant. L'importance et les conséquences de cette interdépendance étaient inconcevables il y a un an. Il existe un aspect injuste de la mondialisation qui mérite d'être souligné ici, à savoir que les pays ne paient plus uniquement pour leurs propres erreurs, mais aussi pour les choix de politiques et économiques erronés, ainsi que pour les négligences des autres. La Bolivie, qui connaît des difficultés structurelles importantes, et qui a déployé de grands efforts en vue de venir à bout de l'hyperinflation, rétablir son équilibre macroéconomique et mettre en place un système démocratique, risque de voir ses réalisations compromises pour des raisons qui dépassent son contrôle et ne relèvent pas de sa responsabilité. Mon pays a fait ce qu'il avait à faire, et l'a bien fait et personne ne souhaite revenir en arrière.

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La situation présente a mis en évidence tant de lacunes dans le système international, en particulier dans le domaine des flux financiers internationaux, qu'il n'est pas souhaitable de garder les choses en l'état. Une réunion des Ministres des finances du G-7 est prévue pour le mois prochain au cours de laquelle il sera décidé de notre avenir, et je ne suis pas certain que notre voix sera entendue. Il revient à cette Assemblée des peuples de faire passer un message clair au G-7 afin que se développe une concertation entre pays développés et pays en développement pour atténuer l'instabilité des marchés financiers et augmenter les ressources financières publiques du FMI et d'autres institutions internationales afin de compenser les effets négatifs de la mondialisation sur les économies en développement. Il est également nécessaire d'adapter la structure et le rôle du FMI et de la Banque mondiale dont la philosophie, les méthodes et les ressources ont fait l'objet d'importantes critiques en Amérique latine. Nous avons mondialisé la crise, la pauvreté et le chômage, mondialisons notre détermination à en venir à bout.

Je souhaite soulever à nouveau le problème maritime de la Bolivie, qui a perdu son accès à la mer au siècle dernier, ce qui représente une condition essentielle pour son existence et pour son rôle géopolitique dans la région. Le coût estimé de cette perte d'accès à la mer s'élève à quatre milliards de dollars par décennie, un montant équivalent à notre dette extérieure. Mon pays n'a jamais accepté ce statut d'isolement qui lui a été imposé et n'aura de cesse de porter cet anachronisme devant tous les forums tant que justice ne lui sera pas faite. La Bolivie a une culture très ancienne et une patience infinie. Malgré de nombreuses manifestations de solidarité et des négociations bilatérales, ce problème attend toujours de trouver une solution pour dépasser ce statu quo. Le moment est venu pour une intégration économique et opter pour des solutions politiques qui donnent à la Bolivie accès à l'océan sans confrontation. La communauté internationale a un rôle important à jouer à cet égard pour aider la Bolivie et le Chili. De même, le conseil de pays amis de nos deux pays, à travers le processus d'intégration régionale peut jouer le rôle de catalyseur pour amorcer le dialogue, amener les diplomates à la table de négociation, et rapprocher nos peuples.

M. TALBAK NAZAROV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan : la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) et son personnel sont hautement respectés par le gouvernement, qui réaffirme son engagement en faveur d'une coopération plus étroite avec les Nations Unies dans la mise en oeuvre des accords de paix et pour la reconstruction ultérieure du pays. Les autorités tadjikes ont pris des mesures concrètes, d'une part, pour empêcher que les attaques perpétrées contre le personnel de la MONUT ne se répètent et, d'autre part, pour garantir une meilleure sécurité au personnel des organisations internationales présentes au Tadjikistan. Tout en exprimant sa profonde sympathie au peuple afghan, le Tadjikistan, tout comme ses proches voisins et la Fédération de Russie, se déclarent gravement préoccupés par la menace - émanant de l'Afghanistan - de déstabiliser la situation dans l'Asie centrale tout entière. Ils s'inquiètent aussi de l'éventualité de flux massifs et spontanés de réfugiés afghans, ainsi que des risques de terrorisme, de trafic d'armes et de stupéfiants.

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Le Tadjikistan, particulièrement alarmé par la menace du développement de l'extrémisme religieux, se rallie ainsi à la Fédération de Russie et à l'Ouzbekistan pour y faire face. En tant que membre du "Groupe de voisins et amis de l'Afghanistan" - Groupe des "six plus deux" - le Tadjikistan se déclare fermement opposé à toute ingérence extérieure dans les affaires intérieures de l'Afghanistan, notamment à l'envoi d'armes et de personnel militaire. Il souhaite, en revanche, qu'une solution de tous les aspects de la situation en Afghanistan soit trouvée sur la base des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité.

Notant le rôle important des Nations Unies en matière de désarmement et de renforcement du régime de non-prolifération des armes de destruction massive, le Tadjikistan s'est rallié à une initiative lancée par ses voisins en vue de créer une zone de dénucléarisation en Asie centrale. La création d'une telle zone exige, au préalable, des actions de la part des futures parties à un traité pertinent qui implique l'examen des questions de délimitation géographique définitive de cette zone, les garanties offertes aux parties par les puissances nucléaires, l'approche adoptée pour le transit des armes nucléaires, ainsi que le contrôle. Le Tadjikistan appuie pleinement l'appel urgent lancé par le Conseil de sécurité à l'Inde et le Pakistan pour adhérer aux traités de non-prolifération des armes nucléaires et d'interdiction complète des essais nucléaires, et estime que ces deux pays doivent, en étroite coopération avec la communauté internationale, opter pour la voie de la prévention d'une prolifération d'armes nucléaires.

S'agissant de la question de la mondialisation et de la libéralisation, le Tadjikistan est d'avis que les mesures nationales visant à développer la situation économique et sociale des pays en développement et des pays en transition doivent être appuyées par la communauté internationale, notamment les Nations Unies et d'autres institutions multilatérales. Il faudrait accorder la priorité à la création d'un climat international propice au libre accès aux marchés, aux ressources financières et aux technologies modernes, à l'assistance pour éliminer la pauvreté, à la protection de l'environnement, ainsi qu'à la mise en oeuvre des réformes économiques. Ce n'est qu'en réglant ces problèmes qu'il sera possible d'intégrer pleinement les pays en transition à l'économie mondiale. Pour le Tadjikistan, ces problèmes sont de la plus haute importance dans la mesure où le pays a été marqué par une longue période de confrontation militaire, ainsi que par les défis liés directement au processus de règlement pacifique de ce conflit. Il s'agit notamment des besoins humanitaires d'un nombre important de groupes vulnérables dans le pays; de la réhabilitation de l'infrastructure vitale, comme l'eau potable; et l'assistance aux réfugiés et personnes déplacées, la démobilisation et la réintégration des forces de l'opposition. Le Tadjikistan émet l'espoir que l'Assemblée générale adoptera, à sa présente session, une résolution reflétant pleinement les besoins urgents du pays, notamment les questions liées à la mise en oeuvre de l'Accord général de paix.

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M. WILLIAM GEORGE ODLUM, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte-Lucie : à l'heure du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il convient de rappeler ses articles 23 et 28 respectivement. L'un stipule que toute personne a droit au travail, et au libre choix de son travail et à la protection contre le chômage, l'autre mentionne le droit à un ordre social et international assurant à chacun l'exercice de ses droits et libertés fondamentales. Toutefois l'évolution de l'environnement international va à l'encontre de l'esprit de la Déclaration.

Qu'en est-il de l'application des principes liés au droit au développement ? Le phénomène de la mondialisation qui caractérise le nouvel ordre international, par l'intégration des systèmes de production des systèmes financiers et d'échanges et par la libération des marchés, a indiscutablement promu la croissance et l'essor économique, comme l'indique le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNU) pour 1997. Certains pays favorisés ont vu leur commerce occuper une plus large part de leur produit national brut. Mais 44 pays en développement on en réalité fait les frais de ce processus.

La reprise financière s'est, en gros, confinée aux systèmes boursiers des pays développés. Les économies asiatiques qui s'étaient rapidement développées, se sont écroulées en 1997, trois ans après le cas du Mexique, ce qui tend à faire penser que le processus de mondialisation rend l'économie mondiale plus volatile et plus instable. La mondialisation aggrave la vulnérabilité de certaines économies et les capitaux étrangers disparaissent aussi vite qu'ils sont venus.

Sainte-Lucie est prise dans la spirale de la mondialisation et de la libéralisation des échanges, et l'Organisation mondiale du commerce promouvant cette dernière, ne nous a pas gâtés. L'année dernière, notre Premier Ministre Dr. Kenny Anthony, s'est plaint, lors de la 52ème session de l'Assemblée générale, d'une décision de l'OMC concernant le régime européen du marché des bananes, menaçant directement l'économie de Sainte-Lucie et de petits Etats des Caraïbes. Cette décision, prise à l'instigation d'Etats américains, remet gravement en question le traitement préférentiel dont nous jouissions jusqu'ici, dans un domaine vital de notre économie, sans compter ses conséquences sur le développement, l'environnement et la société.

L'Union européenne a, cette année et à notre satisfaction, accepté d'amender, en vertu de la Convention de Lomé, le règlement de l'OMC et de nous garantir l'accès à ses marchés, ce qui nous permettra de survivre de façon autonome et de poursuivre notre développement dans le contexte de l'économie mondiale. Mais, malgré cette mesure positive allant pour nous dans le sens d'un ajustement au phénomène de la mondialisation, les Etats-Unis et certains pays d'Amérique centrale persistent à attaquer notre commerce de bananes, en violation directe de la Déclaration du droit au développement de 1986. Nous en appelons aux Etats-Unis, dans le contexte du dialogue engagé pour résoudre ce problème, à faire preuve de coopération.

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Enfin, l'objectif d'élimination de la pauvreté devrait être réalisé en 2006, à la fin de la Décennie consacrée à l'éradication de la pauvreté. En effet, une personne sur trois dans les pays de développement vit en dessous du seuil d'extrême pauvreté, principalement en Asie, et le nombre total des démunis va s'accroissant. De plus, certains petits pays insulaires tels Sainte-Lucie sont particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles. Nous appelons, la communauté internationale à se montrer généreuse envers les pays des Caraïbes touchés par l'ouragan Georges. Les actes de terrorisme comme les actes unilatéraux de contre-terrorisme nous répugnent et nous en appelons à une action internationale concertée contre ces fléaux. Sainte- Lucie soutient la réforme de l'ONU. En ce qui concerne la mondialisation, elle appuie la déclaration du Groupe des 77 demandant une gestion globale des problèmes de finance et de commerce. Ceci nécessite, entre autres, de prendre en compte les facteurs liés à l'environnement, la population et le logement.

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