LE CONSEIL DE SECURITE EST APPELE A AGIR RAPIDEMENT FACE AUX RISQUES D'EXTENSION DES CONFLITS EN AFGHANISTAN, AU KOSOVO ET DANS PLUSIEURS PAYS D'AFRIQUE
Communiqué de Presse
AG/804
LE CONSEIL DE SECURITE EST APPELE A AGIR RAPIDEMENT FACE AUX RISQUES D'EXTENSION DES CONFLITS EN AFGHANISTAN, AU KOSOVO ET DANS PLUSIEURS PAYS D'AFRIQUE
19980929 L'Assemblée générale proroge le mandat du Haut Commissaire pour les réfugiés pour une période de deux ans allant du 1er janvier 1999 au 31 décembre 2000Des avertissements ont été lancés cet après-midi, dans le cadre du débat général de l'Assemblée générale, face aux risques sérieux d'extension des conflits en Afghanistan, au Kosovo et dans divers pays d'Afrique à des régions entières et le Conseil de sécurité a été appelé à prendre des mesures urgentes en vue de favoriser le règlement pacifique de ces conflits. Ainsi, le Vice- Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, M. Abdullah Abdullah, a dénoncé le triangle maléfique, composé des services de renseignements militaires du Pakistan, des terroristes et trafiquants de drogue internationaux opérant à partir de l'Afghanistan, et des mercenaires Taliban à la solde du Pakistan, qui hante son pays et menace de contaminer la région tout entière. Il a appelé le Conseil de sécurité à établir qu'il y a violation de la paix et acte d'agression de la part du Pakistan, et à prendre des mesures appropriées à l'encontre des coupables. L'urgence de la situation requiert une action décisive, a-t-il déclaré. Le Ministre a proposé l'ouverture d'un dialogue entre Afghans sans délai et sans conditions préalables. Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, M. János Martonyi, a dit craindre que, faute d'un engagement international résolu, le conflit au Kosovo ne s'étende entraînant de graves conséquences pour la région. Il a plaidé en faveur d'un règlement pacifique qui accorde une large autonomie au Kosovo, tout en préservant l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie. Afin de prévenir l'émergence et la propagation des conflits en Afrique, M. Godhana Adhi Bonaya, Ministre des affaires étrangères du Kenya, a plaidé de son côté en faveur d'un plus grand rôle des institutions régionales dans la restauration et le maintien de la paix. Il a cité le rôle positif joué par la CEDEAO dans la résolution des conflits en Sierra Leone et au Libéria, par la MISAB en Centrafrique et celui de la SADC dans la résolution du conflit en République démocratique du Congo.
Ont participé au débat les Ministres et Vice-Ministres suivants : M. Sailaja Acharya, Vice-Premier Ministre et Ministre des ressources en eau du Népal; Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie; M. Kolawolé Idji, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin; M. János Martonyi, Ministre des
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affaires étrangères de la Hongrie; M. Albert Pintat Santolària, Ministre des affaires étrangères d'Andorre; M. Bonaya Godana, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya; M. Nizar Madani, Vice-Ministre des affaires étrangères d'Arabie saoudite; M. Abdullah Abdullah, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan. Les représentants de Samoa et de la Barbade ont aussi pris part au débat.
Les représentants des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de la Jamahirya arabe libyenne ont exercé leur droit de réponse.
En début de réunion, l'Assemblée générale avait, sur proposition du Secrétaire général, prorogé par acclamation le mandat de Mme Sadako Ogata en tant que Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés pour une période de deux ans, commençant le 1er janvier 1999 et devant s'achever le 31 décembre 2000. Elle répondait ainsi au voeu exprimé par Mme Ogata de ne pas aller, pour des raisons de convenance personnelle, jusqu'au terme d'un nouveau mandat de cinq ans. Le mandat actuel de Mme Ogata s'achève le 31 décembre 1998. L'Assemblée était saisie à ce titre d'une note du Secrétaire général relative à l'élection du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (A/53/389).
Les représentants des pays suivants ont félicité Mme Ogata et salué son dévouement à la direction du HCR. Ils ont unanimement assuré le Haut Commissaire de leur soutien dans son travail et dans la recherche d'une solution durable au problème des réfugiés : Japon, Autriche (au nom de l'Union européenne), Etats-Unis, Cuba, Mongolie (au nom du Groupe des Etats d'Asie), Australie (au nom de la Nouvelle-Zélande et du Canada), Rwanda (au nom du Groupe des Etats d'Afrique) et République de Moldova (au nom des Etats d'Europe orientale).
L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi, à partir de 10 heures.
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Suite du débat général
Mme SHAILAJA ACHARYA, Vice-Premier Ministre et Ministre des ressources en eau du Népal, : le Népal tient a exprimer son soutien aux peuples du Bangladesh et de la Chine suite aux récentes inondations ainsi qu'aux victimes de l'ouragan Georges. L'importance de la célébration du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme permet de renouveler l'engagement de la communauté internationale à cet égard. Malgré un faible niveau économique, le Népal accorde une grande importance au respect des droits de l'homme et des principes démocratiques. Il aspire à améliorer le niveau du développement économique et social de sa population afin de garantir son bien être. Le Népal est un petit pays avec un héritage très riche. Sa tradition a été la défense de la paix et de la fraternité entre les peuples. Le peuple du Népal a lutté pendant de nombreuses années pour établir des institutions démocratiques et défendre les droits de l'homme. Il est déterminé dans ses efforts pour contribuer à la défense des nobles idéaux des Nations Unies. Le Népal appelle les nations développées à soutenir et à coopérer avec lui afin que puissent être préservées sa dignité et sa souveraineté. Il est important que tous les systèmes financier et politique soient décentralisés. Le pouvoir doit être transféré au peuple. La promotion des femmes est une question essentielle. Pourtant, il est clair que changer les hiérarchies entre les sexes, sans changer les hiérarchies sociales et économiques, est impossible. Les relations entre les sexes sont influencées par les systèmes sociaux, économiques et politiques. La participation des femmes à la vie politique népalaise a augmenté et devrait permettre d'importants changements.
La mondialisation de l'économie a contribué à agrandir l'écart entre les pays riches et les pays pauvres. Le niveau peu élevé de développement économique causé par le manque de ressources financières et technologiques fait obstacle au progrès et à la prospérité des pays en développement. Ces derniers n'ont pas suffisamment accès au marché international et il est nécessaire d'accroître leur capacité à pouvoir s'intégrer et tirer parti de l'économie mondiale. Les pays en développement constituent 85% de l'humanité et plus d'un tiers de ceux-ci font partie des pays les moins avancés. Parmi les pays les plus vulnérables sont les pays enclavés qui, de par leur situation géographique, ont des handicaps importants. Il est important que les intérêts de tous les pays soient pris en compte. Le développement durable n'est pas seulement un phénomène économique et écologique mais nécessite la participation des femmes ainsi que la promotion de l'égalité et de la justice. Beaucoup de problèmes tels que la pauvreté, la dégradation de l'environnement, l'inégalité entre les sexes, sont liés au développement économique. Des solutions à ces problèmes peuvent être trouvées grâce à une coopération régionale et sous-régionale. A ce sujet, le Népal estime que le développement d'une stratégie régionale, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources en eau, est la clef de la prospérité future de la région. Il est
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important de prendre en compte, lorsqu'il est question de développement, la dimension humaine de la société. Les changements structuraux de l'économie doivent s'accompagner d'un changement des individus.
La réforme de l'ONU est nécessaire et le Népal soutient les efforts du Secrétaire général à ce sujet. Il est regrettable que les Etats Membres ne soient pas arrivés à un compromis en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité. La composition de celui-ci doit être élargie afin de mieux refléter la réalité politique internationale. Le Népal souligne l'importance de l'Assemblée générale, organe le plus démocratique qui soit puisqu'il permet à chaque pays d'exprimer son opinion. Un financement adéquat de l'Organisation est nécessaire à son bon fonctionnement. Il est essentiel que tous les Etats Membres règlent sans retard et sans conditions leurs contributions. Le Népal souligne l'importance du rôle joué par les Nations Unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Au cours de ces dernières années, le Népal a contribué de façon importante, à plusieurs missions de maintien de la paix et a signé un accord de déploiement rapide avec les Nations Unies. Le Népal s'est engagé à déployer 2 000 hommes de troupes, formant des unités médicales et d'ingénierie, des observateurs militaires et du personnel, ainsi que 200 officiers de police. Ces hommes ont été dépêchés dans des délais très courts, sur simple demande des Nations Unies. Le Népal accorde une grande importance au désarmement nucléaire et se félicite des déclarations faites par les premiers ministres de l'Inde et du Pakistan en ce qui concerne la mise en oeuvre du Traité d'interdiction totale des essais nucléaires. Le Népal tient a rappeler que son pays accueille le siège du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement. Le Népal condamne le terrorisme ainsi que le trafic de drogue et souligne l'importance du renforcement des efforts de l'ensemble de la communauté internationale à cet égard.
M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa) : nous tenons d'abord à exprimer notre sympathie et nos condoléances aux victimes de l'ouragan Georges et nous nous associons aux appels pour qu'une aide leur soit donnée. Pour les petits Etats insulaires, ces catastrophes sont de plus en plus fréquentes et pourraient être reliées à la niña qui fait pendant à el niño.
A L'issue de cinq ans de programme d'action mis en oeuvre suite à la Conférence de la Barbade en 1994 consacrée au développement durable des petits Etats insulaires, nous continuons toujours à accorder un rang de priorité élevé à l'élaboration d'un indice de vulnérabilité. Le fait que les petits Etats insulaires constituent un cas particulier est reconnu par le rapport soumis à l'ECOSOC cette année et qui les déclare comme plus vulnérables que les autres pays en développement. Ainsi nous accueillons favorablement l'élection du Ministre de l'environnement de la Nouvelle Zélande, M. Simpson Upton à la tête de la Commission pour un développement durable (CSD). A l'ordre du jour de la Commission figurent notamment les océans, un tourisme maîtrisé et nos habitudes de consommation. Nous espérons que les Etats
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sauront tirer profit du dialogue constructif que permet le travail de cette Commission et prendront des engagements pour la mise en oeuvre d'un programme d'action et l'exploration de nouvelles initiatives.
En ce qui concerne les changements climatiques et l'élévation du niveau de la mer, les petits Etats insulaires sont également particulièrement vulnérables, comme l'affirme le Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques. Nous préconisons une action internationale concertée sur ce sujet. Les efforts accomplis pour la mise en oeuvre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques et les Accords adoptés à Kyoto l'année dernière visant la réduction des émissions de gaz à effets de serre dans l'atmosphère sont loin d'être suffisants. Les pays développés sont les premiers responsables de ces émissions de gaz à effet de serre et doivent les premiers prendre la responsabilité de remédier à la situation. Les petits Etats insulaires ont fait à ce sujet des propositions en préparation de la quatrième Conférence des Etats Membres des Accords de Kyoto qui se tiendra à Buenos Aires. Bien que les découvertes de la science en ce domaine soient encore incomplètes, les changements climatiques sont un problème trop sérieux pour ne pas être pris en compte par la communauté internationale dans son entier.
En ce qui concerne la réforme de l'Organisation entreprise par le Secrétaire général, nous tenons, comme de nombreux gouvernements avant nous, à demander le paiement des arriérés de contributions. Nous sommes cependant inquiets par l'échec de la tentative d'élargissement de la composition du Conseil de sécurité afin qu'elle reflète les réalités actuelles et que son efficacité soit renforcée. Samoa est convaincu de la capacité des Etats d'adhérer à des règles de droit international, notamment en matière de développement social et de non-prolifération des armes nucléaires. Dans cet esprit, Samoa a ratifié la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel qui prendra bientôt effet. Ces règles de conduite internationales constituent la meilleure protection des petits Etats qui doivent ainsi prendre une part active à leur élaboration. Ainsi Samoa a pris part à la rédaction des statuts de la Cour pénale internationale et nous espérons que la Cour sera en mesure de jouer un rôle efficace pour la répression des crimes contre l'humanité.
M. NIZAR MADANI, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Arabie saoudite : le Royaume d'Arabie saoudite, s'attachant aux objectifs qu'il s'est donnés de respecter la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient, a soutenu le processus de paix dès le début et a participé comme observateur à la Conférence de Madrid. Il a en outre pris part aux négociations multilatérales et continuera de soutenir ce processus dans ses activités et contacts internationaux. Les pays arabes, dans le respect du Sommet arabe tenu au Caire en juin 1996, ont adopté à l'unanimité une position ferme stipulant que la paix est une option stratégique, et qu'ils maintiennent cette option. Mais il est regrettable que le Gouvernement israélien qui s'était engagé sur les principes de la Conférence de Madrid, des résolutions des Nations Unies et du principe de l'échange de la terre contre la paix, adopte
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aujourd'hui des attitudes qui sont en retrait par rapport aux principes du processus de paix décidé à Madrid, et des accords signés avec l'Autorité nationale palestinienne, et refuse de reprendre les négociations avec la Syrie à partir du point où elles étaient auparavant parvenues. Dans ses efforts de destruction du processus de paix, le Gouvernement israélien a poursuivi sa politique d'implantation de colonies de peuplement dans le but d'en modifier l'identité et de créer de nouvelles réalités. Il a aussi adopté une politique de judaïsation de Jérusalem en y planifiant plus d'implantations et en peuplant certaines zones de colons juifs, de même qu'il les vide de leur résidents arabes. Ces pratiques israéliennes ont fait échouer les efforts de la communauté internationale visant à atteindre une paix juste et globale basée sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et sur le principe de la terre contre la paix. S'il n'est pas mis fin à ces pratiques pour obliger Israël à respecter entièrement ses accords avec les Palestiniens, à respecter les principes fondamentaux du processus de paix, à aborder des négociations sérieuses avec les Palestiniens, la Syrie et avec le Liban, on pourrait en déduire avec raison que tous les efforts accomplis jusqu'ici ont été vains. Nous appelons la communauté internationale et, en particulier, les Etats-Unis d'Amérique à continuer d'exercer des efforts pour sauver le processus de paix et d'agir résolument pour arrêter l'agression israélienne contre Jérusalem.
Concernant l'Iraq, la position de l'Arabie saoudite est basée sur deux principes fondamentaux dont le premier est de garantir le respect total, indivisible et non sélectif par l'Iraq des résolutions de la légalité internationale; le deuxième étant la préservation de la souveraineté, de l'indépendance, de l'unité, et de l'intégrité territoriale de l'Iraq, ainsi que le soulagement des souffrances du peuple iraquien qui viennent exclusivement des refus du Gouvernement iraquien de respecter la mise en application des résolutions du Conseil de sécurité.
L'Arabie saoudite et les membres du Conseil de coopération du Golfe espèrent établir de meilleures relations avec la République islamique d'Iran. Nous avons été particulièrement heureux de voir les signes positifs venant du Gouvernement iranien, signes qui pourraient avoir un impact positif sur les relations entre l'Iran et les pays du Golfe et sur la paix et la sécurité de la région. A cet égard nous accueillons les indications positives contenues dans le discours du Président Mohamed Khatami, la semaine dernière, devant l'Assemblée générale, aussi bien sur les relations dans le Golfe que sur la question des armements.
CHEIKH EL AVIA OULD MOHAMED KHOUNA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, : la Mauritanie soutient les propositions visant à élargir la représentation au sein du Conseil de sécurité, conformément aux règles de la démocratie, de la transparence et de la justice, en vue d'assurer une répartition géographique équitable qui reflète le caractère universel de l'Organisation. Le fléau de la drogue et des substances psychotropes, ainsi que les ravages qui résultent de leur
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consommation, leur commercialisation et leur distribution comptent parmi les défis les plus graves auxquels l'homme est confronté aujourd'hui. La paix et la sécurité internationales d'une part, la croissance économique et sociale et l'éradication de la pauvreté d'autre part, sont intimement liées. A cet égard, la Mauritanie estime qu'il reste à traduire les nombreux programmes et recommandations issus des conférences internationales dans les faits, au moyen d'une mobilisation nouvelle, fondée sur le partenariat et la solidarité, en commençant par affecter à ces objectifs les énormes ressources consacrées à la production, au développement et à l'acquisition des armes de destruction massive. Il conviendra de donner aux pays en développement l'opportunité d'accélérer leur rythme de croissance. A cet effet, les pays donateurs sont appelés à accroître leur aide au développement, à augmenter le flux des investissements, à mettre fin à la détérioration des termes de l'échange, et à ouvrir leurs marchés au libre accès des produits des pays en développement. De même, la dette qui constitue un lourd fardeau pour les économies des pays en développement mérite qu'on lui accorde un traitement approprié. En effet, le service de la dette absorbe en moyenne le cinquième des recettes à l'exportation des pays en développement, et la Mauritanie espère que les initiatives prises au sujet de la dette extérieure des pays pauvres surendettés permettront de trouver une solution radicale à ce problème qui anéantit les efforts de développement de ces pays.
La Mauritanie a franchi des étapes importantes sur la voie du développement intégral qui vise à relever le niveau de vie du citoyen et à consolider la démocratie et l'Etat de droit dans un climat de paix, de sécurité et de stabilité. Au plan politique, la démocratie pluraliste est entrée dans sa phase de maturité avec l'organisation le 12 décembre 1997 d'élections présidentielles pluralistes, les 2èmes du genre, auxquelles ont participé plusieurs candidats dans un esprit de saine concurrence et un climat de démocratie et de libre expression. Les troisièmes élections municipales qui sont prévues pour la fin de cette année, se préparent dans de bonnes conditions. Parallèlement à ce processus démocratique, la Mauritanie mène un combat décisif visant à éradiquer la pauvreté et à lutter contre l'analphabétisme et la marginalisation. C'est dans cet esprit qu'un Commissariat aux droits de l'homme, à la lutte contre la pauvreté et à l'insertion a été créé. Les crédits alloués aux dépenses sociales représentent 37 % de l'ensemble des dépenses publiques, soit près du double du niveau recommandé par le Sommet mondial pour le développement social.
La Mauritanie, tout en réitérant son plein appui au processus de paix, estime qu'il ne saurait y avoir aucune paix juste et durable au Moyen-Orient tant qu'Israël ne se sera pas retiré de tous les territoires palestiniens occupés, ainsi que du Golan syrien et des territoires libanais, et tant que le peuple palestinien ne recouvre pas son droit à créer son Etat indépendant sur son territoire avec El Qods pour capitale. Dans la région du Golfe, la Mauritanie réitère son rejet de tout ce qui pourrait porter atteinte à
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l'indépendance du Koweit et à son intégrité territoriale et rejette toute mesure de nature à menacer l'unité de l'Iraq et l'intégrité de son territoire. La Mauritanie demande la levée de l'embargo qui frappe le peuple iraquien.
En ce qui concerne le Maghreb arabe, la Mauritanie agit en coordination avec les pays de l'Union du Maghreb arabe en vue de développer la coopération et la concertation pour répondre aux aspirations des peuples maghrébins. Au sujet du Sahara occidental, la Mauritanie, tout en se félicitant des progrès réalisés dans le cadre du plan de règlement des Nations Unies, réaffirme sa disponibilité à faire tout ce qui est en son pouvoir en vue de favoriser sa mise en oeuvre. La Mauritanie demande aussi la levée de l'embargo qui frappe la Jamahiriya arabe libyenne. La Mauritanie est également préoccupée par les conflits et les guerres civiles dans de nombreuses régions du continent africain. Face au phénomène du terrorisme qu'elle condamne sous toutes ses formes et quelle qu'en soit l'origine, la Mauritanie appelle au renforcement de la coopération et de la concertation internationales pour faire face à ce fléau avec détermination et fermeté.
M. KOLAWOLE IDJI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin : le Bénin n'est peut-être qu'un trait sur la carte, mais il se veut le trait d'union, non seulement en Afrique, mais pour toute la communauté internationale. Le Gouvernement du Bénin s'attache à construire la paix, en cultivant la tolérance et l'esprit de partage. Le peuple béninois, après plusieurs années de restrictions des libertés politiques, a courageusement fait le choix de l'exercice intégral du multipartisme, c'est-à-dire de la paix et de la tolérance. L'esprit de partage est essentiel. Il n'y aura pas de paix dans le monde si une petite portion de l'humanité navigue sur Internet et explore les espaces interstellaires pendant que les autres pataugent dans les marécages à la recherche d'une maigre pitance ou en quête d'un abri sûr pour fuir des guerres dont l'origine se situe dans la volonté de garder pour soi le pouvoir, le pouvoir de contrôle sur les terres, sur l'or, sur le pétrole, sur le diamant, sur les ressources naturelles qui ne profitent dès lors qu'aux seuls marchands de canon. L'esprit de tolérance et de partage a amené le Gouvernement du Bénin à développer la notion de "minimum social commun" qui signifie que chaque béninois, où qu'il se trouve, devrait pouvoir se nourrir, se loger, se vêtir, se soigner et s'instruire. Il est souhaitable qu'un "minimum social commun" soit proclamé à l'échelle du monde comme un objectif essentiel.
Le Bénin salue les efforts et les sacrifices importants consentis par divers gouvernements et organisations internationales, en particulier l'Organisation de l'unité africaine (OUA), la CEDEAO, l'ECOMOG ainsi que l'ONU pour que la paix revienne au Libéria, en Sierra Leone, en Angola, entre l'Ethiopie et l'Erythrée, et en République démocratique du Congo. Le Bénin se félicite du rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits en Afrique. L'appel du Secrétaire général mérite d'être entendu et appuyé, non seulement par les Africains, mais également par tous ceux dont les décisions politiques, économiques ou financières influencent l'avenir de l'Afrique. Le
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Bénin souligne l'importance de la poursuite du processus de paix au Moyen-Orient. Il est par ailleurs favorable au renforcement du régime de non-prolifération des armes et de l'interdiction des essais nucléaires. L'humanité continuera d'être menacée tant que les armes nucléaires en stock actuellement ne seront pas détruites. Si les armes nucléaires constituent pour tous les pays un danger permanent, les armes légères favorisent au Bénin l'insécurité permanente et freinent les efforts de développement économique du pays. Le Bénin appuie les conclusions de la Conférence internationale sur le contrôle du flux des armes de petits calibres qui s'est tenue à Oslo en Norvège, les 1er et 2 avril 1998, visant à l'adoption d'un moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication des armes légères.
L'affirmation des droits de l'homme, en ce cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, doit aller de pair avec l'élimination de la pauvreté. Il faut que des mesures courageuses et vigoureuses soient prises, surtout par les pays les plus nantis, pour donner une chance aux pays que la mondialisation laisse inexorablement sur le bord du chemin. Ces mesures doivent concerner en particulier la question de la dette et l'allocation de ressources supplémentaires en vue du développement. Les réformes et les efforts entrepris doivent tout d'abord exprimer la volonté des Etats en développement de se prendre en charge et de sortir du sous- développement et de la misère. Le Bénin accorde une grande importance aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies visant à permettre aux bénéficiaires de prendre en main leur propre développement. La diminution des contributions aux ressources de base des fonds et programmes comme le PNUD, l'UNICEF et le FNUAP est, pour les pays en développement, un handicap plein de danger. Le Bénin formule le souhait que les pays donateurs fassent preuve de plus de solidarité en augmentant les ressources qu'ils accordent à ces institutions. Le Bénin réaffirme l'importance de la réforme des Nations Unies qui s'est amorcée sur l'action courageuse du Secrétaire général. Celle-ci mérite d'être soutenue et développée afin de garantir les conditions indispensables à la poursuite harmonieuse du processus de démocratisation des relations internationales à l'aube du prochain millénaire. Il faut tout mettre en oeuvre pour accorder une plus grande attention au principe de partenariat mondial et au devoir de solidarité qu'implique nécessairement le nouvel ordre mondial.
M. JANOS MARTONYI, Ministre des affaires étrangères de la Hongrie : les événements qui ont ébranlé l'environnement sécuritaire et économique international nous rappellent les complexités de la période post-guerre froide et soulignent les effets néfastes de la mondialisation. Dans ce contexte, les Nations Unies ne seront ni un spectateur passif ni un gouvernement mondial mais resteront une organisation unique avec des responsabilités spéciales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Afin d'assurer le succès de leur mission nous devons tous faire des efforts sérieux pour redonner de la vigueur au processus de réforme de l'ONU. A cet égard, notre position n'a pas changé, nous continuons à préconiser l'expansion du Conseil de sécurité dans toutes les deux catégories et l'inclusion, entre autres, de
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l'Allemagne et du Japon dans la catégorie des membres permanents. Toutefois les réformes d'ordre organisationnel et structurel devraient être assorties d'efforts visant la stabilité financière de l'Organisation.
Après la transition démocratique qui a eu lieu en Hongrie au début des années 1990 et la période éprouvante qui a suivi, notre nouveau gouvernement a l'intention de demeurer un facteur de stabilité et de sécurité dans la région de l'Europe centrale. Ensemble, avec nos futurs alliés au sein de l'OTAN et ses partenaires de l'Union européenne, nous sommes prêts à contribuer aux efforts de la communauté internationale visant à faire respecter les obligations internationales. Nos efforts pour que la Hongrie rejoigne les structures d'intégration euro-atlantique sont motivés par notre quête de sécurité et de prospérité économique. Ainsi les problèmes tels que la criminalité et le terrorisme internationaux, la prolifération des armes, le trafic de stupéfiants, les questions relatives à la migration ou à la pollution de l'environnement exigent des actions aux niveaux national, régional, et international.
La Hongrie est très attachée au développement de la coopération régionale et sous-régionale. En parlant de la partie orientale de notre continent, je soulignerai qu'il est impossible de transformer cette région sans prendre en compte son passé et les aspirations légitimes des minorités nationales, conformément aux normes adoptées par les organisations internationales compétentes et à la pratique des Etats démocratiques. Nous nous opposons résolument à la politique de nettoyage ethnique, de séparation forcée et à la création d'une nouvelle sorte de ségrégation ethnique ou religieuse en Europe. La Hongrie est profondément préoccupée par la détérioration de la situation au Kosovo et pense que sans un engagement international résolu, le conflit risque de se répandre avec des conséquences incalculables pour toute la région et pour l'Europe. La Hongrie souhaite que des négociations en vue d'un règlement pacifique commencent sans tarder et conduisent à un règlement durable qui accorde une large autonomie au Kosovo, tout en préservant l'intégrité territoriale de la république Fédérale de Yougoslavie. Mon pays se tient prêt, dans la mesure de ses possibilités, à contribuer aux activités de la communauté internationale dans ce sens.
Nous suivons également avec attention les développements en Bosnie- Herzégovine et notre objectif premier est d'assister à la mise en oeuvre des Accords de Dayton. Bien que le processus envisagé par ces Accords pourrait s'avérer plus fragile et plus long, et l'emprise des attitudes ethnocentriques plus enracinée qu'on ne le pensait au départ, nous prenons une part active dans l'entreprise internationale qui vise à aider ce pays à se remettre sur pied.
En cette année anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de nouvelles mesures doivent être prises en vue de l'application des normes universelles contenues dans la Déclaration, afin de permettre aux Nations Unies d'être un instrument efficace au service de toutes les victimes
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des violations des droits de l'homme. Dans cette optique, nous nous félicitons de l'institution d'un Haut Commissariat des Nations Unies pour les droits de l'homme et de la création de la Cour pénale internationale. A l'heure où nous sommes témoins d'abus graves commis à l'échelle du monde, la question se pose de savoir si la communauté internationale a fait tout ce qu'il fallait pour prévenir ces événements à temps. Si l'on veut que la paix soit durable, elle doit être soutenue par la démocratie, c'est pourquoi nous appuyons l'introduction de l'élément des droits de l'homme dans toutes les sphères de l'activité de l'ONU et nous insistons pour que tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité dans les conflits des Grands Lacs et de l'Ex-Yougoslavie soient traduits en justice.
M. ALBERT PINTAT SANTOLARIA, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d'Andorre : Andorre a été admise aux Nations Unies il y a cinq ans, après qu'une Constitution moderne fut adoptée par le peuple andorran. Cette Constitution faisait d'Andorre un Etat souverain et renouvelait aussi les textes du XIIIème siècle sur la base desquels Andorre avait été une entité indépendante et neutre pendant plus de sept siècles. Cette neutralité n'a cependant pas été pour Andorre une raison d'isolationnisme; bien au contraire, durant les guerres qui eurent lieu en Europe, Andorre ouvrit ses portes pour accueillir ceux qui fuyaient la violence et la terreur.
Notre adhésion aux Nations Unies nous permet aujourd'hui de nous faire entendre et, par solidarité, de nous exprimer sur les idéaux de paix, de liberté et de plein respect des droits de l'homme. La Déclaration universelle des droits de l'homme est incluse dans l'Article 5 de notre Constitution. Malheureusement les droits de l'homme, dans de nombreux Etats à travers le monde, restent encore une utopie. A l'échelle mondiale, personne ne peut en effet ignorer au cours de ce siècle les paradoxes entre les progrès matériels d'un côté, et de l'autre, les abus, les agressions et les cruautés sans limite que le monde a pu vivre. Nous savons tous ce qui se passe de nos jours à travers le monde, et nous ne pouvons plus invoquer le prétexte de l'ignorance pour nous cacher la face. Comment pouvons-nous faire respecter les droits fondamentaux des individus alors que le racisme, la xénophobie, la marginalisation et les conflits armés sont partout? La tolérance et le respect ne sont pas des mots nouveaux, mais des concepts clefs qu'il faudra réinventer et auxquels il faudra redonner une signification plus durable et applicable à une échelle vraiment universelle. Trop souvent en effet, on a confondu tolérance avec condescendance et respect avec simple formalisme bureaucratique.
Le Troisième livre du Pentateuque, le Lévitique, dit : "tu n'exploiteras pas ton prochain; tu n'exploiteras pas l'étranger; tu aimeras ton prochain comme toi-même". Beaucoup d'indicateurs montrent que l'application des droits de l'homme n'est pas encore arrivée. Nos amis et voisins de la Méditerranée meurent noyés à la frontière sud-européenne. Ceux qui survivent sont déportés par l'opulente Europe, leurs rêves d'une vie meilleure, brisés. La
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Méditerranée n'est plus cet espace d'union qu'elle fut, mais elle est devenue une frontière inexpugnable entre le Nord riche et habité par des populations vieillissantes et le Sud, qui, comme Prométhée, vit enchaîné à la misère, mais avec une population jeune dont la moitié n'a pas 18 ans, et qui lutte. Face à cette situation, ne pouvons-nous pas dire qu'un conflit déjà s'annonce? Aujourd'hui personne n'est innocent, nous partageons les responsabilités. C'est pourquoi Andorre veut participer activement à bâtir une meilleure époque dans un monde imparfait où les peuples de la terre sont de plus en plus interdépendants et nous demandent d'avantage de détermination et de courage dans l'application des droits de la personne humaine.
M. ABUDLLAH ABDULLAH, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan : il y a un triangle maléfique qui hante notre région. Il a emprisonné et terrorisé une nation tout entière et a quasiment entraîné la région dans ce qui risque de déboucher sur une confrontation majeure. La propagation, comme la peste, de ce triangle maléfique est sur le point de contaminer toute la région. Ce triangle maléfique est composé des Services de renseignements militaires pakistanais (ISI), les terroristes et trafiquants de drogue internationaux opérant à partir de l'Afghanistan et la milice infâme des Taliban. Les événements récents qui ont choqué le monde, comme les attentats de Nairobi et de Dar es-Salaam, l'assassinat de neuf diplomates iraniens et d'un journaliste, le massacre de milliers de civils d'origine Hazara à Mazar-e-Sharif et l'assassinat, le 21 août dernier, du Lieutenant- colonel Carmine Calo, conseiller militaire de la Mission spéciale de l'ONU en Afghanistan par des terroristes pakistanais détachés à Kaboul, ont un point commun : la réalisation d'un agenda socio-politique anachronique par la force destructrice, la violence et l'hégémonie aventureuse de l'armée pakistanaise dans la région qui fait peser une menace directe à la paix et la sécurité régionales.
Le terrorisme, les drogues et les violations des droits de l'homme ont leur origine dans les zones aux mains des Taliban, mais les instigateurs se trouvent au-delà de la frontière. Les Taliban sont des mercenaires pakistanais. La réponse des mercenaires Taliban et de leurs protecteurs à la résolution adoptée par le Conseil de sécurité le 28 août dernier, a été de se déclarer à nouveau résolus à poursuivre leur agenda militaire et de lancer le 14 septembre une attaque majeure dans la vallée de Bamyan au cours de laquelle les actes les plus atroces ont été commis contre la population civile. A l'heure actuelle, le seul pays qui s'enorgueillit de reconnaître les Taliban reste le Pakistan. L'ingérence du Pakistan en Afghanistan, qui a des conséquences directes pour le Pakistan et pour la région tout entière, a été soulignée dans de nombreux articles de presse.
Au cours des trois dernières années, l'Afghanistan a alerté la communauté internationale, à plusieurs reprises, des menaces grandissantes à la paix et la sécurité régionales que font peser les services de renseignements militaires pakistanais et leurs mercenaires. Malheureusement, ces avertissements n'ont pas été entendus. Aujourd'hui, on ne peut s'étonner
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de l'exacerbation de la situation et de ses implications dangereuses pour la région. La communauté internationale doit reconnaître qu'elle a fait trop peu face à l'agressivité croissante des services de renseignement militaires pakistanais envers l'Afghanistan et qu'elle est allée trop loin dans sa politique d'apaisement envers les Taliban. Le Conseil de sécurité doit établir qu'il y a menace à la paix, violation de la paix et acte d'agression de la part du Pakistan et devrait prendre les mesures appropriées contre leurs auteurs. La situation alarmante en Afghanistan exige une action décisive du Conseil de sécurité. Il est temps de mettre fin à la présence de quelque 28 000 Pakistanais armés en Afghanistan conformément à la Charte des Nations Unies. La paix ne figure pas à l'ordre du jour des Taliban. Leur intransigeance vient de leur conviction que l'option militaire constitue la seule solution, ainsi que de leurs mentors pakistanais qui sont déterminés à dominer l'Afghanistan. C'est pourquoi, ils ont rejeté tous les efforts en faveur d'une solution durable. Or, il n'y a pas de solution militaire au conflit en Afghanistan. Le retrait du personnel militaire et armé étranger et le retour de l'opposition à la table de négociations dans le cadre d'un dialogue politique visant à trouver une solution politique durable au conflit et à former un gouvernement largement représentatif et multi-ethnique contribueraient à créer les conditions de la paix en Afghanistan et dans la région tout entière.
Nous proposons l'ouverture d'un dialogue entre Afghans sans délai et sans conditions préalables sur la base des principes de l'Islam, de la démocratie et du pluralisme, du respect des droits de l'homme, de la décentralisation de l'autorité vers des gouvernements locaux élus, et de la neutralité permanente et de l'indépendance du pays. L'Afghanistan se félicite de la réunion du groupe des "six plus deux" au niveau des Ministres des affaires étrangères, qui s'est tenue à New York le 21 septembre 1998. Il appuie pleinement les "points d'accord commun" et exprime son ferme soutien à la décision du Secrétaire général d'envoyer son Envoyé spécial, l'Ambassadeur Lakhdar Brahimi, dans la région. L'Afghanistan reste déterminé à coopérer totalement à sa mission.
M. CARLSTON BOUCHER (Barbade) : la Barbade soutient fermement les propositions de réforme du Secrétaire général qui visent à améliorer l'efficacité de l'Organisation. Cependant, elle estime qu'il faut se garder d'entendre par réformes la simple réduction du personnel ou celle dictée par des contraintes budgétaires car il ne faut en aucun cas mettre en péril la mise en oeuvre des programmes d'action des conférences mondiales organisées par l'ONU et qui sont prioritaires pour les Etats Membres. Il faut que les Etats Membres qui ne l'ont pas encore fait règlent, rapidement et sans conditions, leurs arriérés afin de garantir à l'Organisation une assise financière stable. La réforme du Conseil de sécurité doit viser à ce que sa composition reflète davantage l'ensemble des Etats Membres. Le Conseil doit en outre travailler de façon plus transparente. La recrudescence des conflits qui menacent la paix et la sécurité internationales exige une modernisation du mécanisme de maintien de la paix des Nations Unies. La Barbade se félicite de
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l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale qui constitue un complément parfait de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont on célèbre le cinquantenaire cette année.
Les conflits ont fragilisé la situation politique de la plupart des pays en développement en les conduisant à recourir aux ressources qui étaient destinées à leur développement économique et à la réduction de la pauvreté. La Barbade s'est associée aux 121 Etats qui se sont réunis en décembre dernier à Ottawa pour signer la Convention sur l'interdiction de l'utilisation et de la production des mines terrestres antipersonnel. La Barbade reconnait le danger croissant auquel est exposé le personnel des opérations de maintien de la paix et appelle toutes les parties aux conflits à respecter sa neutralité. La Barbade estime que le terrorisme, le trafic illégal des drogues et des armes constitue une grave menace contre la démocratie des petits Etats. Elle continuera à défendre les objectifs de non-prolifération des armes nucléaires et à condamner les actes de terrorisme. La Barbade travaillera, en coopération avec ses partenaires régionaux et la communauté internationale, à mettre en oeuvre le Programme d'action de la Barbade pour combattre le trafic de drogue.
Dans le contexte de la mondialisation de l'économie, il est capital de souligner l'importance du droit au développement, particulièrement pour les pays les plus pauvres. La Barbade se félicite à ce titre du récent Dialogue de haut niveau de l'Assemblée générale sur l'impact social et économique de la mondialisation. Il convient de faire en sorte que les pays en développement puissent tirer profit, au même titre que les pays développés, de la mondialisation de l'économie. Certaines mesures doivent être prises afin de protéger les groupes les plus pauvres et les plus vulnérables.
La mondialisation a des conséquences importantes sur les petits Etats insulaires en développement qui sont particulièrement vulnérables. L'ouragan Georges a rappelé, récemment, à la communauté internationale cette dure réalité. La Barbade s'inquiète, avec les pays en développement, de l'impact de la mondialisation sur les pays en développement du fait de leur manque de ressources financières et techniques. La Barbade a entrepris de mettre en oeuvre un vaste programme de réforme sociale, économique et institutionnelle et de renforcer son intégration dans l'économie régionale, en particulier celle de la Communauté des Caraïbes (CARICOM). Le CARICOM a entamé des négociations visant à établir une Zone de libre échange dans les Amériques en 2005. La Barbade a été heureuse d'accueillir en mai 1998 la soixante-septième session du Conseil des ministres Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP) ainsi que la réunion du 23ème Conseil des ministres conjoint ACP-Union européenne (UE). Ces consultations ont permis de renforcer les relations ACP-UE. Malgré cela, la Barbade continue à s'inquiéter du problème relatif à l'exportation de bananes du CARICOM vers l'Union européenne. La décision de l'Organisation internationale du commerce, si elle est mise en oeuvre, aura un impact négatif sur les économies et les populations des pays concernés. Le CARICOM espère
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qu'une solution satisfaisante à ce problème pourra être trouvée. La Barbade se félicite de la tenue, en septembre 1999, d'une Session spéciale de l'Assemblée générale consacrée à l'examen du Programme d'action de la Barbade.
M. BONAYA ADHI GODANA, Ministre des affaires étrangères du Kenya : le Kenya exprime fermement sa condamnation des actes criminels et injustifiés de terrorisme qui se sont produits presque simultanément à Nairobi et Dar es-Salaam le 7 août 1998. L'attentat de Nairobi a fait à ce jour 250 victimes et le nombre de décès continue d'augmenter. Les deux attentats ont causé panique et terreur dans deux pays qui se croyaient à l'abri des actes aveugles de terrorisme, ce qui démontre qu'en fait, personne n'est sauf face à ces actes haineux qui démontrent la menace grandissante que posent les auteurs d'attentats terroristes. Le Kenya accueille donc favorablement l'adoption de la Convention pour la suppression des actes terroristes adoptée cette année, et appelle à plus de coopération internationale pour lutter contre ce fléau.
La tenue d'une séance extraordinaire du Conseil de sécurité sur les conflits et la promotion du développement durable en Afrique souligne le besoin d'efforts internationaux concertés pour promouvoir la paix et la sécurité sur le continent. Durant la séance extraordinaire sur l'Afrique de juin 1997 et son suivi de septembre 1998, le Conseil de sécurité a constaté que, malgré les projets enregistrés par certains Etats Membres africains, le nombre et l'intensité des conflits sur le continent demeurent un grave sujet de préoccupation. Nous partageons les vues du Secrétaire général selon lesquelles la paix durable et le développement économique vont de pair. Alors que la tendance générale va vers la coopération politique et l'intégration régionale, l'unité et la stabilité de certains Etats sont menacées par les conflits ethniques et sociaux. La région des Grands Lacs, la Somalie, le Sud Soudan et plus récemment le conflit entre l'Ethiopie et l'Erithrée nous causent des soucis majeurs. Le Kenya soutient la légitimisation et le renforcement des institutions régionales pour le maintien de la paix. L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest sous les auspices de l'OUA, sont des exemples d'organisations régionales qui ont contribué au rétablissement et au maintien de la paix dans des situations de conflits. Le Groupe de contrôle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG) a ainsi réinstallé au pouvoir le gouvernement démocratiquement élu de M. Ahmed Tejan Kabbah, Président de la Sierra Leone, et a restauré l'ordre constitutionnel au Libéria. Le rôle de la MISAB en République centrafricaine mérite d'être salué et, il est intéressant d'observer celui joué par la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour régler le conflit en République démocratique du Congo. Les organisations régionales doivent recevoir le soutien dont elles ont besoin dans la conduite de ces tâches.
Sur le plan économique, les pays en développement, surtout ceux d'Afrique subsaharienne, ont fait beaucoup d'efforts au cours des dernières décennies pour pouvoir attirer les transferts directs de capitaux étrangers. Mais ces efforts n'ont servi à rien. Le Kenya rappelle le besoin d'un accès
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des pays en développement aux marchés financiers internationaux permettant d'obtenir des financements à des termes concessionnaires. A ce propos, le Kenya attache une grande importance à la convocation d'une conférence internationale sur le financement du développement sous l'égide des Nations Unies. Le problème de la dette des pays à faible revenu demeure non résolu. La communauté internationale doit prendre des actions visant à trouver des solutions durables à ce problème. Concernant la dette bilatérale officielle, le Kenya se félicite de l'adoption des Termes du Club de Naples par le Club de Paris bien que la lenteur de leur mise en exécution demeure un problème. Le Kenya souhaite que les procédures d'éligibilité soient revues de façon à inclure les pays à faible revenu.
Droit de réponse
Le représentant des Etats-Unis, répondant à l'intervention du représentant de la Jamahiriya arabe libyenne ce matin, en appelle à la Jamahiriya arabe libyenne pour qu'elle remplisse ses obligations particulièrement celles prescrites en vertu du chapitre VII de la Charte, en donnant une réponse claire aux résolutions 731, 748, 883 et 1192 du Conseil du sécurité. Les Etats-Unis et le Conseil de sécurité ont lancé leur initiative après avis de l'Organisation de l'unité africaine, de la Ligue arabe, du Mouvement des pays non alignés et de la Jamahiriya arabe libyenne elle-même. Cependant la Jamahiriya arabe libyenne a, au lieu d'apporter une réponse claire, lancé une rhétorique acerbe et posé de nouvelles conditions. La Jamahiriya arabe libyenne n'a pris aucune mesure alors que d'autres pays ont modifié leurs propres lois pour accommoder les dispositions de la résolution 1192. En revanche, la Jamahiriya arabe libyenne a retardé le processus et même violé le régime de sanctions à plusieurs reprises depuis l'adoption de la résolution 1192.
Le représentant des Etats-Unis a exhorté la Jamahiriya arabe libyenne à se conformer aux dispositions de la résolution 1192. Un tel effort résulterait en la levée des sanctions, un résultat que les Etats-Unis et la communauté internationale accueilleraient favorablement. Il a noté que la Jamahiriya arabe libyenne a déclaré ce matin qu'elle accepterait "un procès des deux suspects devant un tribunal écossais qui siègerait aux Pays-Bas," ce qui est expressément proposé. Le représentant des Etats-Unis a demandé instamment à la Jamahiriya arabe libyenne de prendre des mesures rapides en vue de l'application de cette décision.
Le représentant du Royaume Uni, répondant à l'intervention faite par le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne ce matin, a rappelé que la décision de son pays de modifier ses règles de droit afin de permettre que le procès des deux ressortissants libyens ait lieu devant une cour écossaise qui siègerait aux Pays-Bas a été prise de bonne foi en vue d'apporter justice aux familles des victimes du vol Pan Am 103. Toute suggestion que le Royaume-Uni
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veut que ce procès ait lieu en Ecosse ou aux Etats-Unis est erronée, a-t-il déclaré. La Jamahiriya arabe libyenne a soulevé de nombreux points eu égard à la procédure à laquelle le Conseil de sécurité aurait pu répondre.
Le représentant en a appelé à la Jamahiriya arabe libyenne pour qu'elle respecte ses obligations conformément à la résolution 1192 du Conseil de sécurité qui assure que les deux accusés seront transférés aux Pays-Bas afin que le procès ait lieu sous le régime du droit écossais. Le représentant a appelé tous les Etats qui avaient exhorté le Royaume-Uni et les Etats-Unis à accepter que le procès se tienne aux Pays-Bas à amener la Jamahiriya arabe libyenne à se comporter raisonnablement afin que justice puisse être rendue.
Le représentant de la France, répondant à la même intervention, a relevé que le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a déclaré que le drame du vol UTA 770, dans lequel 170 personnes ont trouvé la mort, n'avait rien à voir avec le sujet traité par la résolution 1192. Le représentant de la France a souligné que le paragraphe 8 de la résolution 1192 modifie les conditions de la suspension des sanctions dans l'affaire de Lockerbie. C'est là une démarche que nous avons soutenue en ce qu'elle maintient la disposition de la résolution 883 relative à l'affaire UTA. Sur ce sujet, le Secrétaire général et le Conseil seront tenus informés par les autorités françaises.
Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a tenu à répondre aux observations qui ont été faites. Il a précisé que la Jamahiriya arabe libyenne a déclaré qu'elle acceptait la tenue d'un procès de ses ressortissants aux Pays-Bas. Elle a demandé la conclusion d'un accord entre toutes les parties concernées au sujet des questions qui ont été soulevées. Au cas où le tribunal condamnerait les suspects suite au procès, la Libye demande que des garanties soient fournies pour que les condamnés ne soient pas extradés vers les Etats-Unis ou le Royaume-Uni. Il est nécessaire d'avoir un accord en ce qui concerne le transfert des condamnés, leur séjour aux Pays Bas jusqu'à leur retour en Libye. Les parties intéressées doivent se mettre d'accord sur le procès et sur les aspects pratiques de celui-ci. Le représentant a souligné l'importance du procès qui doit aboutir à la levée des sanctions et permettre de tourner la page. La Libye condamne le terrorisme international et soutient la tenue d'une session spéciale de l'Assemblée générale sur cette question. Elle encourage les Etats-Unis et le Royaume-Uni à n'épargner aucun effort pour régler cette question, conformément au droit international.
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