AG/801

LES ORATEURS INSISTENT SUR LA NECESSITE DE RESTRUCTURER ET REVITALISER LES INSTITUTIONS FINANCIERES INTERNATIONALES

28 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/801


LES ORATEURS INSISTENT SUR LA NECESSITE DE RESTRUCTURER ET REVITALISER LES INSTITUTIONS FINANCIERES INTERNATIONALES

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Au débat général qui s'est poursuivi ce matin à l'Assemblée générale, la plupart des participants ont abordé le problème de la crise économique en Asie du Sud-Est et ont souligné la nécessité, tout en poursuivant sur la voie de la mondialisation, de trouver les moyens d'en atténuer les effets délétères au niveau social et politique. Rappelant que la crise économique a engendré une misère sociale, une instabilité politique et un chaos économique, le Ministre des affaires étrangères de la Malaisie a appelé à une réforme d'urgence du système financier international et à une véritable relance d'un dialogue Nord- Sud. Le Ministre des affaires étrangères de Singapour, quant à lui, a rappelé que la mondialisation a apporté, au cours de ces deux décennies, une prospérité sans précédent en Asie du Sud-Est et qui a permis de jeter les bases d'une stabilité intérieure, d'une paix et d'une sécurité régionale et internationale. Pour lui, il faut surtout trouver des solutions aux vulnérabilités engendrées par la mondialisation, notamment par la mise en oeuvre de politiques macro-économiques saines, par un partenariat renforcé entre pays développés et pays en développement et par la réforme et la revitalisation des institutions multinationales.

Un grand nombre d'intervenants ont en outre réaffirmé la nécessité d'assurer le développement humain et de considérer le droit au développement comme un des droits fondamentaux de l'homme. Le Ministre des affaires étrangères du Brunéi Darussalam a ainsi souligné l'importance d'orienter les politiques nationales, régionales et internationales dans l'intérêt réel des populations et de mettre l'être humain au centre de la prise de décision politique.

Certains orateurs ont par ailleurs rappelé que les conflits éthniques régionaux, qui entravent les progrès pacifiques de l'humanité, ont pour cause le fait qu'une minorité de pays contrôlent la plus grande partie des ressources, ce qui favorise entre autres l'émergence du terrorisme. Pour relever ces défis, la Tunisie préconise l'instauration d'un ordre économique international fondé sur l'égalité et la solidarité entre pays développés et pays en développement. A l'instar notamment des Philippines, elle demande la restructuration du Conseil de sécurité afin d'assurer une représentativité globale qui prenne en compte les intérêts des pays en développement.

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L'Assemblée générale a entendu les allocutions du Premier ministre et Ministre des affaires étrangères et des finances du Bélize, M. Said Musa, ainsi que des Ministres des affaires étrangères suivants: Prince Mohammed Bolkiah (Brunéi Darussalam), M. Abdullah Haji Ahmad Badawi (Malaisie), M. Domingo Siazon (Philippines), M. Youssef Bin Alawi Bin Abdullah (Oman), M. Shanmgam Jayakumar (Singapour), M. Gabriele Gatti (Saint-Marin) et M. Saïd Ben Mustapha (Tunisie).

L'Assemblée générale poursuivra son débat général, cette après-midi, à partir de 15 heures et entendra notamment les allocutions des représentants des pays suivants: Seychelles, République-Unie de Tanzanie, Antigua-et- Barbuda, Kazakhstan, Algérie, Gambie, Kirghizistan, République populaire démocratique de Corée, Croatie, Bélarus, ainsi que celle du Président de l'Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat.

Suite du débat général

PRINCE MOHAMED BOLKIAH, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam : pour des millions de gens dans les pays en développement, la fin de ce siècle est un temps d'immense souffrance humaine. En ce temps où le progrès technologique représente une chance sans précédent de développement humain, où la puissance de la mondialisation offre une chance unique de travailler ensemble, comment en est-il ainsi? En essayant de répondre à cette question, le Mouvement des non-alignés a estimé qu'il fallait faire entendre la voix de la souffrance des milliards d'individus qu'il représente. Pour cela, cette assemblée reste le seul forum où cette voix peut se faire entendre avec la force et l'écho qu'elle mérite. Une autre réponse peut résider dans l'appel lancé par le Secrétaire général en faveur d'une direction politique pour mettre fin aux hostilités, enclencher le processus de paix et, surtout orienter les politiques nationales, régionales et internationales dans l'intérêt réel des peuples. La direction politique doit viser deux objectifs: encourager la tolérance et le respect de la différence ainsi que la résolution pacifique des différends. Il s'agit avant tout de mettre l'être humain au centre de la prise des décisions politiques. Il nous faut répondre aux besoins essentiels des populations : emploi, éducation, alimentation et sécurité. A cet égard, le travail des Nations Unies sur le terrain revêt une importance capitale pour des millions de gens. C'est la principale raison d'être des Nations Unies aujourd'hui, une organisation fondée au nom des "peuples des Nations Unies". Je voudrais apporter mon soutien sans réserve aux efforts du Secrétaire général pour répondre aux besoins des peuples en ce qui concerne la prospérité économique et le développement social. Rien ne peut être résolu, dans l'intérêt des gens, par la violence et la guerre. Si malgré tout, il faut exercer une violence, que ce soit pour lutter contre le désespoir et faire la guerre à la souffrance.

M. DATO' SERI ABDULLAH HAJI AHMAD BADAWI, Ministre des affaires étrangères de la Malaisie : nous réalisons que la menace qui pèse sur notre région, aujourd'hui, n'est pas d'ordre politique, idéologique ou militaire mais économique. Il est clair que la crise économique qui s'est abattue sur les pays d'Asie de l'Est a engendré une misère sociale, une instabilité politique et un chaos économique. Désormais, des millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le droit à une vie décente exempte du fléau de la pauvreté a été piétiné par les manipulateurs des marchés financiers. En fait, les pays riches ont appauvri les pays pauvres. Cette situation est d'autant plus ironique qu'elle intervient au moment où nous célébrons le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Bien que les pays touchés par la crise se soient conformés aux exigences du Fonds monétaire international, leurs économies ne se sont pas remises. Bien au contraire, un phénomène de contagion a touché d'autres régions et nous pourrions nous diriger vers une récession à l'échelle mondiale. Nous serions même à la veille d'une dépression mondiale si des mesures urgentes ne sont pas prises immédiatement par la biais de la coopération internationale. Nous savons que ce chaos a été alimenté par des attaques spéculatives sur les devises des pays d'Asie du Sud-Est. Cette crise révèle de graves défauts dans

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les mécanismes des marchés internationaux et soulève la question de savoir quels sont les bénéfices réels de la libéralisation et de la mondialisation. La communauté internationale doit s'attaquer d'urgence à la réforme du système financier international.

Le marché financier international manque de transparence. Les échanges financiers ne répondent pas à des règles claires. Il n'existe ni système de surveillance, ni autorité de régulation. Il faut réaliser des progrès significatifs pour réformer l'architecture internationale. Cela fait un an que la Malaisie plaide en faveur du changement et il est clair que la situation devient de plus en plus incertaine. Il nous faut élaborer des règles qui encouragent plus de transparence. Les opérateurs financiers doivent respecter certaines normes internationales ainsi qu'une plus grande supervision. Nous devons déployer immédiatement des efforts communs pour trouver une solution réaliste à ce problème mondial. Les pays en développement ne peuvent pas résoudre ce problème seuls tandis que les pays développés ne seront pas en mesure de rester riches, si plus des deux tiers des pays de la planète demeurent instables politiquement et socialement. Il est temps de lancer un réel dialogue Nord-Sud sur des questions qui présentent un intérêt commun.

La Malaisie accueille avec satisfaction la proposition du Président des Etats-Unis visant une rencontre extraordinaire à Washington sur la crise financière mondiale. Entre temps, et en l'absence de mesures de réforme, la Malaisie a pris des mesures en vue d'imposer un contrôle sur ses devises afin de protéger son économie des incertitudes financières tout en étant active sur les marchés internationaux. Il est important que les pays en développement tirent une leçon de cette expérience et que la communauté internationale s'accorde sur la nécessité de formuler des règles pour contrôler les spéculateurs financiers rapaces et les manipulateurs, dont le seul objectif est de réaliser des bénéfices. Pour que les pays en développement tirent avantage des retombées positives de la mondialisation, il faut que ceux-ci aient suffisamment de temps pour ériger des structures solides. Dans le cas contraire, la mondialisation consacrera l'exploitation des riches sur les pauvres.

Le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et les valeurs inhérentes à ce texte sont menacées par les effets de la mondialisation de l'économie et le peu d'attention porté aux droits économiques, sociaux et culturels. Le déséquilibre entre droits politiques, droits civils, d'une part, et droits sociaux et culturels, d'autre part, doit être atténué pour parvenir à la jouissance effective des droits de l'homme. Le droit au développement n'est pas mis en oeuvre et il n'existe aucune coopération internationale permettant de créer un environnement propice à des relations économiques équilibrées. Pour ce qui est de la réforme des Nations Unies, le manque de progrès de la réforme du Conseil de sécurité est décevant. Toutes les propositions formulées par de nombreux pays en vue de faire du Conseil un organe plus démocratique et plus transparent n'ont pas reçu le consensus souhaité. Ce qui manque, ce ne sont pas des idées mais la volonté

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politique. Nous réitérons notre appel en faveur d'une réforme générale du Conseil et nous plaidons en faveur de son élargissement dans les catégories de membres permanents et non permanents. Nous demandons également la limitation de l'utilisation, sinon l'abolition du droit de veto.

M. DOMINGO SIAZON, Secrétaire aux affaires étrangères des Philippines : il y a trois mois, les Philippines commémoraient le centenaire de la naissance de la première république asiatique. Et juste un mois auparavant, le peuple philippin élisait démocratiquement ses dirigeants nationaux. Le Président Joseph Ejecricto Estrada a la tâche de conduire le peuple philippin dans un climat très difficile. La crise économique asiatique est mondiale. Les Philippines ont déjà été gravement touchées mais le pays à la volonté d'aller de l'avant. Il n'a pas d'autres choix. Les Philippines veulent rester sur la voie des réformes économiques et renforcer des secteurs banquiers et financiers.

Comme les autres Etats ici représentés, les Philippines poursuivent une politique étrangère qui leur permet de promouvoir la sécurité nationale et le développement. Mais la paix et la sécurité de mon pays dépendent de la stabilité et de la croissance des pays voisins. Elles dépendent aussi de la façon dont nous partageons les objectifs définis à l'échelle internationale comme la liberté, l'ouverture, la paix, la prospérité et la justice. Dans ce contexte, les Philippines tournent leur regard vers les Nations Unies qu'elles ont aidé à créer il y a 53 ans comme le partenaire le plus important pour la coopération en matière de sécurité et développement. La région Asie Pacifique, est le lieu d'une coopération régionale grandissante coexistant avec des tensions. Ainsi, la paix dans la péninsule Coréenne est essentielle. Les Philippines soutiennent le dialogue quadripartite visant à améliorer les relations entre les deux Corée. La paix dans la mer de Chine est également cruciale pour la stabilité et la prospérité dans l'Asie orientale. Nous encourageons toutes les parties à observer scrupuleusement les principes contenus dans la Déclaration de l'ASEAN sur la mer de Chine en 1992.

Le nombre croissant de signatures et de ratifications des traités sur l'interdiction complète des essais nucléaires et sur la non-prolifération des armes nucléaires laissant espérer que les armes nucléaires deviennent obsolètes. Nous appelons tous les Etats et particulièrement les Etats nucléaires à travailler à la mise en oeuvre de ces traités. Le Traité sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires en Asie du Sud-Est qui est entré en vigueur l'année dernière est une évolution positive. Nous continuons à encourager les puissances nucléaires à appuyer ce traité et à en devenir parties. L'époque des grandes puissances est révolue : il faut maintenant faire place au développement économique et social comme priorité sur notre ordre du jour. L'instabilité politique et l'effondrement de l'ordre et de la paix dans n'importe quel pays ont des effets délétères y compris pour la sécurité d'autres pays. C'est pour cette raison que les Philippines, lorsqu'elles le peuvent, contribuent à établir ou à restaurer la stabilité

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dans d'autres pays et, notamment, pour promouvoir la démocratie. La paix et l'ordre sont menacés par la résurgence du terrorisme. C'est pourquoi les Philippines saluent l'adoption du statut de la Cour pénale internationale afin de connaître des crimes les plus graves qui mettent en péril la paix.

La mondialisation a permis d'accroître la prospérité économique, malheureusement la majeure partie des pays en développement restent à la traîne. La crise asiatique qui s'est propagée dans d'autres régions reste un sujet de graves préoccupations. Les Nations Unies ont un rôle important à jouer à cet égard. Ensemble, nous devons combattre le protectionnisme, les économies développées devraient démanteler les barrières érigées contre les exportations des pays en développement. Le monde continue à souffrir de l'intolérance culturelle. La protection et la promotion des droits des femmes et des enfants est un point important dans le programme de développement des Philippines qui sont déterminées à combattre toute forme de discrimination concernant les femmes et se déclarent en faveur de toute mesure visant à prévenir toute forme de violence à leur encontre.

Les nouveaux défis à l'échelle mondiale requièrent une action et une coopération internationales. Nous estimons qu'il faut réformer les Nations Unies pour s'adapter à ces changements et aux besoins des Etats Membres. Les problèmes concernant le développement doivent figurer de nouveau au centre des priorités. L'Assemblé générale doit être renforcée pour que le soient les voix des pays en développement. Le Conseil de Sécurité doit également être élargi aux pays en développement.

Les Philippines restent convaincues que les efforts mondiaux de coopération en vue de la paix, la prospérité et le développement ne seront couronnés de succès que s'ils sont enracinés dans la démocratie.

M. YOUSIF BIN ALAWI ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères d'Oman : il apparaît clairement aujourd'hui que les Nations Unies n'ont pas toujours été en mesure de résoudre certains conflits régionaux qui ont éclaté après la guerre froide. Cela est largement dû au fait que les Etats Membres n'ont pas suffisamment recours aux moyens disponibles dans l'Organisation et n'agissent pas en conformité avec la Charte. Les mécanismes conventionnels de gestion de conflits ne permettent pas une approche globale des problèmes, et notamment de leurs causes profondes. Pour parvenir à cet objectif, la communauté internationale doit soutenir davantage les Nations Unies afin d'éviter l'émergence de nouveaux conflits à l'avenir.

Malgré les progrès limités du Groupe de travail de haut niveau sur la restructuration des Nations Unies, en particulier en ce qui concerne les réformes du Conseil de sécurité, les Etats Membres doivent encourager le Groupe de travail à redoubler d'effort pour parvenir à achever sa mission en adoptant une approche juste et équitable qui tienne compte des attentes de la communauté internationale.

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La stagnation économique et le terrorisme constituent les plus grands défis qui compromettent les progrès réalisés jusque là par la communauté internationale. L'impact de la crise en Asie sur l'économie mondiale a montré qu'il est indispensable de déployer des efforts globaux concertés pour pouvoir rétablir un ordre économique mondial, juste et équitable, et une certaine stabilité à l'échelle internationale.

Le Sultanat d'Oman condamne fermement les attaques terroristes qui ont eu lieu récemment sur des ambassades américaines, ainsi que l'assassinat de diplomates iraniens en Afghanistan. Cette nouvelle vague de terrorisme nous pousse à collaborer de manière plus responsable et efficace afin de préserver la paix et la stabilité. Dans ce contexte, le Sultanat soutient la proposition faite par l'Egypte, et appuyée par le Mouvement des non-alignés, de tenir une conférence internationale, sous les auspices des Nations Unies, pour parvenir aux arrangements qui s'imposent en tenant compte des réactions de la communauté internationale et de ses inquiétudes à l'égard des divers aspects de ce problème.

Il est certain que les conflits ethniques régionaux entravent les progrès pacifiques de l'humanité. Toutefois, si nous examinons de près les causes de ces conflits, il apparaît clairement qu'elles sont liées au fait qu'une minorité de pays contrôlent la plus grande partie des ressources. Ainsi naissent les conflits sociaux, ethniques et politiques auxquels nous assistons aujourd'hui, et qui favorisent l'émergence du terrorisme.

A la veille du nouveau millénaire, le processus de paix au Moyen-Orient est en danger. La stagnation politique, due au non-respect des accords pertinents par le Gouvernement israélien, a bloqué les efforts internationaux et régionaux et compromis les principes de co-existence pacifique entre Arabes et Israéliens. Les pays arabes ont fait preuve jusque là de flexibilité à l'égard de toutes les propositions pour un Moyen-Orient pacifique. En dépit de cela, le Gouvernement israélien persiste à occuper et à confisquer des terres en Cisjordanie. Nous considérons ces agissements comme inacceptables et comme allant à l'encontre de la protection des droits des Palestiniens. Les Nations Unies et les promoteurs du processus de paix peuvent-ils accepter cela? Le temps est venu pour toutes les nations éprises de paix de lancer un appel pressant en faveur du respect de la Déclaration des droits de l'homme, et, dans ce contexte, de la cause palestinienne. Les conditions nécessaires au rétablissement de la paix au Moyen-Orient résident dans le respect par Israël de toutes ses obligations légales envers l'Autorité palestinienne, la reprise des négociations avec le Gouvernement syrien et le retrait des troupes israéliennes du Sud-Liban. Le Sultanat d'Oman apporte tout son soutien aux promoteurs du processus de paix au Moyen-Orient et se félicite du rôle joué par l'Union européenne pour ce qui est du soutien économique à l'Autorité palestinienne. La décision prise par les Etats arabes de poursuivre dans la voie de la paix constitue une option stratégique, et traduit l'opinion selon laquelle la paix est essentielle pour tous les peuples de la région, y compris Israël, et pour la stabilité et la prospérité du Moyen-Orient.

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Le Sultanat d'Oman appelle l'Iraq à respecter intégralement toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et exhorte la communauté internationale à alléger le fardeau qui pèse sur la population iraquienne, suite à l'embargo international en vigueur.

Dans le domaine du désarmement, les Nations Unies ont joué un rôle important dans la lutte contre les armes de destruction massive. Le Sultanat d'Oman, en faveur de la création d'une zone exempte d'arme nucléaire au Moyen- Orient, a signé la Convention sur les armes chimiques, le Traité de non- prolifération nucléaire et a l'intention de signer le Traité d'interdiction totale des essais nucléaires.

M. SHANMUGAM JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour : des Amériques à l'Europe, au Moyen-Orient, à l'Afrique en passant par l'Asie, aucun pays n'est à l'abri des forces de la mondialisation. Ainsi que l'a souligné le Secrétaire général au cours du Dialogue de haut niveau sur les effets de la mondialisation qui s'est tenu dernièrement, aucun sujet n'est plus important que la mondialisation. Les bénéfices à long terme de la libéralisation du commerce des biens et des services et des flux de capitaux et d'information sont généralement reconnus. Cependant, au cours de cette année, la nécessité d'une plus grande libéralisation des flux de capitaux a été sérieusement remise en question. Lorsque la crise monétaire en Asie du Sud-Est s'est déclenchée, certains ont pensé qu'elle serait rapidement surmontée. Ce ne fut malheureusement pas le cas et les problèmes économiques se sont rapidement traduits en problèmes sociaux qui, à leur tour, se sont transformés en problèmes politiques. Depuis, la crise s'est répandue du Sud- Est asiatique au Nord-Est asiatique, à la Russie, à l'Amérique du Sud et jusqu'à l'Europe et à l'Amérique. Ce qui n'était au début qu'un problème national est devenu un problème régional et menace rapidement de devenir une crise internationale.

Les Nations Unies ne peuvent ignorer la mondialisation. Le défi pour nous tous est de savoir si nous serions en mesure de tirer les leçons appropriées des récents événements. La mondialisation a été globalement bénéfique. L'Asie du Sud-Est a bénéficié de deux décennies de croissance sans précédent. Le dialogue et la coopération entre les pays s'est développé à mesure que les pays trouvaient des questions d'intérêt commun et des aires d'interdépendance de plus en plus nombreuses. Des économies isolées se sont unies pour former des regroupements économiques régionaux et promouvoir la prospérité de leur région. Une force essentielle de la mondialisation, l'Internet, nous a rassemblés, comme une famille mondiale. Cela étant, à l'instar de tout phénomène créé par l'homme, la mondialisation sécrète inévitablement des problèmes. L'ouverture de leurs économies au marché mondial a rendu de nombreux pays plus vulnérables. Le contrôle est passé aux mains de quelques milliers d'agents de change qui peuvent déplacer des milliards de dollars à travers les frontières au moyen d'un simple click de leurs souris d'ordinateurs. Dans le monde d'aujourd'hui, les images en direct

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sont transmises d'un bout à l'autre de la planète à mesure que les événements se déroulent (CNN). Les perceptions peuvent être changées, les émotions stockées, et la confiance irrémédiablement ébranlée en quelques secondes. Tout cela exerce une pression énorme sur les gouvernements, le monde des affaires et les peuples, qui doivent réagir rationnellement ou non.

Toutefois la voie à suivre n'est pas de tourner le dos à la mondialisation. Renier la mondialisation ne peut qu'obérer nos perspectives de croissance à long terme. Il y a un large consensus entre les économistes qui affirment qu'il faut aller de l'avant en dépit de la réapparition de l'horrible face du protectionnisme. Si nous tournions le dos au commerce libre, la conséquence ne sera pas seulement intérieure, ni seulement économique. Les pressions politiques intérieures ont des prolongements régionaux et internationaux. La prospérité engendrée par l'ouverture des marchés a permis de jeter les bases d'une stabilité intérieure, d'une paix et d'une sécurité régionales et internationales. Si les pays ne peuvent avoir accès aux matières premières, aux biens, aux services dont ils ont besoin, grâce à une compétition ouverte et pacifique, ils auront recours à d'autres moyens. Alors, les objectifs essentiels des Nations Unies, le maintien de la paix et de la sécurité, peuvent être mis en danger. Le seul moyen d'aller de l'avant est de trouver des solutions aux vulnérabilités engendrées par la mondialisation. A cet égard, au niveau intérieur, nous devons renforcer nos cadres réglementaires et de surveillance, améliorer la gouvernance des entreprises, accroître la transparence et diminuer l'ingérence des gouvernements dans les décisions des marchés. Il faut mettre en place des politiques macro-économiques saines et des structures de régulation solides pour rendre nos économies plus résistantes. Sur le plan international, les Nations Unies ont un rôle essentiel à jouer pour aider les pays à jouir des profits de la mondialisation. Nous devons encourager les pays développés à assumer la responsabilité première de sortir le monde de la crise. Il devrait y avoir un dialogue et un partenariat plus forts entre pays développés et pays en développement. La mondialisation doit apporter sécurité et confiance et non une plus grande vulnérabilité aux peuples. Les Etats Membres ont un intérêt commun à réformer et à revitaliser les institutions multilatérales et notamment, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l'Organisation mondiale du commerce. Elles doivent être réformées mais non détruites.

M. SAID W. MUSA, Premier Ministre et Ministre des finances et des affaires étrangères du Belize : le peuple de Belize a prouvé sa maturité politique quand il s'est déplacé en masse aux urnes pour élire un gouvernement qui s'est engagé à mettre en place des normes élevées de bonne gouvernance. La Déclaration universelle des droits de l'homme a peut-être constitué l'instrument le plus puissant pour la promotion de la démocratie à Belize. Belize a lancé une politique sociale et économique qui favorise le développement de nos enfants, la création d'opportunités pour nos jeunes, la promotion du respect de la dignité et de l'appartenance à une communauté. Notre gouvernement est pleinement conscient de la valeur de l'éducation pour la promotion de l'égalité entre les sexes et de l'amélioration de la situation

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économique des femmes. Notre gouvernement oeuvre sérieusement à l'amélioration des conditions de vie de la population autochtone et engagera des négociations sur des sujets qui la préoccupent tels que la terre et les ressources naturelles.

Le programme de décolonisation des Nations Unies a constitué l'un des succès majeurs des Nations Unies et Belize continue à soutenir pleinement le travail du Comité spécial de la décolonisation. Le Belize est préoccupé par le fait qu'une nation soeur des Caraïbes continue de souffrir des conséquences d'une politique qui vise à l'isoler et qui continue même a être la cible d'attaques terroristes. Les droits fondamentaux du peuple cubain sont violés et nous demandons instamment à tous ceux qui sont préoccupés par cette situation de joindre leurs efforts à ceux de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour y mettre un terme. Le Belize soutient également les efforts déployés par la République de Chine à Taïwan en vue de participer aux travaux des Nations Unies. Il est temps de respecter la volonté souveraine de la population taïwanaise.

Il est insensé de parler des droits de l'homme sans oeuvrer à l'élimination de la pauvreté. L'instabilité des marchés financiers internationaux constitue une preuve qu'une mondialisation débridée peut avoir des conséquences graves sur les pays développés comme sur les pays en développement. Nous devons absolument créer un nouveau régime de gestion juste de l'économie mondiale et nous soutenons à cet effet la proposition visant à tenir une conférence sur le financement du développement qui devrait tenir compte des facteurs sociaux et mener à une réforme générale du système financier international. Notre administration a hérité d'un pays dont 40 % de la population vit au dessous du seuil de pauvreté. La moitié des enfants ne termine pas l'école primaire tandis que les maladies qui pourraient être prévenues et la mortalité infantile augmentent. Nous avons lancé un programme intensif intégré de lutte contre la pauvreté qui repose sur la croissance économique. Mais nous ne pouvons pas affronter cette dure réalité seuls. A cet égard, nous appuyons l'appel lancé à Durban lors du Sommet du Mouvement des non-alignés en vue de l'octroi du flux financier à des conditions de faveur aux pays en développement endettés, en plus de l'annulation de leur dette. Compte tenu de la baisse de l'aide aux pays en développement et de l'ampleur des dépenses en études inutiles, qui se chiffrent à plusieurs millions de dollars, nous devons prendre des mesures urgentes.

Nous soutenons le travail réalisé par le Programme des Nations Unies pour le développement dans le domaine de la protection de l'environnement. De nos ressources naturelles dépend la survie de notre population. Nous assistons malheureusement à la destruction de nos forêts par les multinationales. Par ailleurs, non seulement nous devons faire face aux effets déséquilibrés de la mondialisation de l'économie, mais nous devons faire face au phénomène mondial et destructif du crime, de la violence, du trafic de drogues et du blanchiment d'argent. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour combattre ces fléau et nous joindre aux efforts régionaux et internationaux.

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M. GABRIELE GATTI, Ministre des affaires étrangères de Saint-Marin : l'année 1998 représente une date historique pour notre Organisation : celle du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. La République de Saint-Marin a toujours été en faveur de la promotion du respect des droits de l'homme pendant ses seize siècles d'existence. Pour cette raison, mon Gouvernement a décidé de financer le projet du Haut-Commissaire au droits de l'homme, à savoir : "La diffusion mondiale de la Déclaration des droits de l'homme" afin que ce texte soit accessible et compréhensible au plus grand nombre. L'expérience a démontré qu'il n'y a pas de respect des droits de l'homme sans la paix. Les Nations Unies doivent donc jouer un rôle actif dans le maintien de la paix, et une responsabilité personnelle incombe à chaque être humain d'exercer ses devoirs au sein de la communauté internationale. Malheureusement, nous avons récemment dû faire face à un problème dramatique : celui du terrorisme. Nous devons tous agir afin qu'il ne puisse pas se propager.

Les Nations Unies devraient, à la tête de la communauté internationale, oeuvrer pour le renforcement des instruments susceptibles de prévenir et de punir les crimes graves qui jusqu'à présent ont à peine fait l'objet d'une condamnation morale. Dans ce contexte, notre République a pris part à la Conférence diplomatique pour la mise en place d'un Tribunal pénal international à Rome en juin et juillet derniers.

Saint-Marin suit avec une attention particulière le débat sur la peine de mort ayant été le premier Etat d'Europe à abolir la peine capitale en 1865. Le Gouvernement et le peuple de Saint-Marin croient fermement que la mort imposée par la loi ne peut pas représenter une protection valable pour notre société ni dissuader le crime. La République de Saint-Marin est en faveur de toutes les initiatives qui, comme la résolution adoptée cette année par la Commission des doits de l'homme vise à l'abolition ou à la limitation de la peine de mort. Tous les pays du monde ont une responsabilité envers les jeunes. Dans cette perspective, Saint-Marin considère le développement moral et professionnel des jeunes comme étant une priorité. Saint Marin est persuadé que le Groupe de travail chargé de la réforme du Conseil de sécurité parviendra à une solution équitable dans un esprit d'unanimité, selon les principes de la Charte.

Nous sommes convaincus que la tâche des Nations Unies doit être encouragée avec détermination, courage et humilité au nom d'un intérêt supérieur qui englobe tous les pays et les peuples de la communauté internationale.

M. SAID BEN MUSTAPHA, Ministre des affaires étrangères de la Tunisie : l'Orientation nouvelle empruntée par la communauté internationale dans le cadre de l'action de réforme des structures onusiennes et de leurs domaines d'activité offre l'occasion propice pour la consécration du principe de démocratie dans les rapports entre les Etats. Dans ce cadre, la Tunisie accorde une importance particulière au renforcement du rôle et des prérogatives de l'Assemblée générale, qui doit aller de pair avec la réforme du Conseil de sécurité dans le cadre de la consécration des principes de

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transparence, de démocratie et du pluralisme. La Tunisie insiste sur la nécessité de conférer au Conseil de sécurité un caractère représentatif global qui prenne en considération les intérêts des pays en développement et reflète la réalité de la situation dans le monde de l'après-guerre froide, et ce, par son élargissement pour tenir compte de la représentativité de tous les groupes régionaux. A cet égard, nous réitérons l'appui de la Tunisie à la proposition de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à ce sujet. En plus de sa restructuration, il s'agit aussi de rationaliser les méthodes de travail du Conseil de sécurité et de réexaminer notamment le droit de veto et les régimes de sanction pratiqués par le Conseil. Il convient de fixer un calendrier précis pour la mise en vigueur des sanctions et leur levée. A ce propos, la Tunisie réitère son attachement au respect de la souveraineté de l'Iraq, de son intégrité territoriale mais aussi, la nécessité d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité relatives aux prisonniers et disparus koweïtiens.

En ce qui concerne le processus de paix au Proche-Orient, la Tunisie exprime sa profonde préoccupation face à la situation qui prévaut actuellement, en particulier la persistance d'Israël à imposer la politique du fait accompli et à refuser d'honorer ses engagements et d'appliquer les accords conclus. Partant de son soutien à la juste cause palestinienne, la Tunisie se félicite du renforcement du statut de l'Observateur de la Palestine au sein de l'ONU et espère que cet acte sera suivi dans un proche avenir par la reconnaissance internationale de l'Etat palestinien, avec pour capitale Al Qods.

L'intensification des efforts internationaux en vue de consacrer l'établissement de rapports démocratiques entre les Etats, ainsi que le renforcement de la légalité internationale sont une nécessité impérieuse dans l'instauration des fondements d'un ordre international juste, garantissant une vie meilleure aux générations futures et garantissant les conditions propres à assurer la stabilité dans ses dimensions économique, sécuritaire et sociale. Sur le plan de la sécurité, nombre de régions continuent d'être déchirées par les guerres et conflits. C'est là que la diplomatie préventive pourrait jouer son meilleur rôle en anticipant les crises et en permettant d'en enrayer les causes. Le continent africain demeure en butte à des difficultés multiples qui l'accablent et gènent ses efforts pour la stabilité et le développement. La Tunisie s'est félicitée à ce propos, de l'initiative du Conseil de sécurité ayant trait à la situation en Afrique. Il est évident que l'instauration d'une paix durable ne saurait se réaliser sans un démantèlement intégral des armes de destruction massive. Tout en oeuvrant à la réalisation du principe de l'interdiction totale des armes nucléaires, la communauté internationale se doit d'agir avec détermination pour garantir la sécurité des Etats non nucléaires. Il est également nécessaire de créer des zones dénucléarisées et, dans ce contexte, la Tunisie appelle à la dénucléarisation urgente du Moyen- Orient, d'autant que l'ensemble des Etats de la région, hormis Israël, a adhéré au Traité de non-prolifération nucléaire. La Tunisie a également décidé d'adhérer à la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.

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- 12 - AG/801 28 septembre 1998

Sans la réalisation du développement économique et social, l'instauration de la paix et de la sécurité dans le monde ne sauraient se concrétiser. Relever les grands défis des pays en développement commence par l'instauration d'un ordre économique international fondé sur l'égalité et la solidarité, de manière à permettre à ces derniers de s'intégrer dans l'économie mondiale et de leur garantir le flux de capitaux nécessaires et des investissements directs pour soutenir leurs efforts de développement. Tout en appelant la communauté internationale et les organismes onusiens, en collaboration avec les institutions de Bretton Woods, à oeuvrer pour la mise en place de dispositions permettant de remédier aux insuffisances de la mondialisation, la Tunisie apporte son soutien à l'identification de mécanismes efficients et multilatéraux pour assurer le contrôle des flux de capitaux internationaux et des fluctuations monétaires, afin de garantir la concurrence loyale. Dans ce cadre, la Tunisie appuie l'initiative du Mouvement des pays non-alignés pour mettre en place un mécanisme de concertation au niveau le plus élevé entre le Mouvement et le Groupe des huit pays les plus industrialisés.

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