En cours au Siège de l'ONU

AG/800

DEMOCRATIE ET DROITS DE L'HOMME RECONNUS A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME CIMENT DE LA SOCIETE ET MOTEUR DU PROGRES ECONOMIQUE ET SOCIAL

25 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/800


DEMOCRATIE ET DROITS DE L'HOMME RECONNUS A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME CIMENT DE LA SOCIETE ET MOTEUR DU PROGRES ECONOMIQUE ET SOCIAL

19980925 La poursuite du débat général de l'Assemblée générale, cet après-midi, a été l'occasion pour les participants de citer parmi les défis de cette fin de siècle les violations des droits de l'homme, le terrorisme, les effets délétères de la mondialisation de l'économie et la dégradation de l'environnement.

Ainsi le Ministre des affaires étrangères du Libéria a souligné que la protection des droits de l'homme est une des pierres angulaires de la politique intérieure de son pays dont la stabilité dépend avant tout de la réconciliation entre Libériens. Le Ministre des affaires étrangères de la Roumanie a également attiré l'attention sur la consolidation de la démocratie dans son pays et dans sa région. Il a cependant regretté que les différends locaux soient plus connus que les réussites.

Le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande a pour sa part indiqué que la démocratie et les droits de l'homme ne sont pas un luxe mais une nécessité et que la crise asiatique a donné un nouvel élan à la lutte en faveur de ces deux principes. Il a souligné que le processus de démocratisation est par définition un processus devant être impulsée par la dynamique interne de chaque pays. Pour le Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, le 10 décembre doit être une journée de réaffirmation des principes et des normes de la Déclaration universelle des droits de l'homme.

Le terrorisme ayant été cité comme l'ennemi de la démocratie et des droits de l'homme, le Ministre des affaires étrangères du Bahreïn a souligné la nécessité de convoquer une conférence internationale au plus haut niveau possible pour peaufiner la lutte contre ce fléau.

Le Ministre des affaires étrangères du Koweït a lancé un appel à l'Iran et à l'Afghanistan pour qu'ils recherchent les moyens de régler leurs différends par le dialogue et la négociation; quant au Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, il faut se félicité du rapprochement entre l'Iran et les pays du Golfe persique. Contrairement au Koweït, le Ministre des affaires étrangères du Qatar a demandé la levée de l'embargo imposé à l'Iraq.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/800 25 septembre 1998

La question de l'environnement a retenu l'attention du Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande a estimé que l'Année internationale des océans doit conduire à une mise en oeuvre efficace du Programme d'action mondiale de Washington. Il a appelé de ses voeux la mise au point d'ici l'an 2000, d'un instrument juridique contraignant pour lutter contre la pollution entraînée par les produits organiques persistants.

Ont participé au débat, le Premier Ministre du Swaziland, M. Barnabas Sibusiso Dlamini, le Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, M. Sabah Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, le Ministre des affaires étrangères du Libéria, M. Monie Captan, le Ministre des affaires étrangères du Bahreïn, M. Mohammed Bin Mubarak Al-Khalifa, le Ministre des affaires étrangères de la Roumanie, M. Andrei Gabriel Plesu, le Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, M. Surin Pitsuwan, le Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. Hamad bin Jassem bin Jabr Al-Thani, le Ministre des affaires étrangères, de la culture, de la jeunesse et des sports du Liechtenstein, Mme Andrea Willi et le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, M. Halldor Asgrimsson.

Les représentants des Etats-Unis, de la République populaire démocratique de Corée, de l'Iraq, de Cuba et du Koweït ont exercé leur droit de réponse.

Au début de la séance de cet après-midi le Président de l'Assemblée générale a annoncé que le Vanuatu a effectué le versement nécessaire pour ramener le montant de ses arriérés en deçà de la limite spécifiée à l'Article 19 de la Charte.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général lundi 28 septembre 1998 à 10 heures.

Suite du débat général

M. MONIE R. CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria : la situation politique internationale continue d'être caractérisée par des efforts soutenus en vue de maintenir la paix et la sécurité internationales. Bien qu'il n'y ait pas eu de conflit militaire entre Etats, les conflits intraétatiques et les guerres civiles en Angola, en République démocratique du Congo, en Guinée-Bissau, au Soudan, au Kosovo, et les disputes territoriales entre l'Ethiopie et l'Erythrée, ont demandé l'attention d'organisations régionales et sous-régionales comme la Communauté de développement des Etats de l'Afrique australe, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord, l'Union européenne et l'Organisation de l'unité africaine. Ces organisations et institutions régionales mènent, avec le concours des Nations Unies, des tâches visant à atteindre des solutions négociées et à minimiser les crises humanitaires, les flots de réfugiés et les déplacements internes créés par les guerres et les conflits. La montée des actes de terrorisme menace l'indépendance, la souveraineté, la liberté, l'économie et le développement social des Etats. On ne dira jamais assez que le terrorisme n'a pas de justification comme moyen de résoudre les différends politiques. Le Gouvernement du Libéria par conséquent condamne les attentats à la bombe de Dar es-Salaam, en Tanzanie, et de Nairobi au Kenya. Il est impératif d'agir de manière concertée pour combattre ce fléau qui ne connaît aucune frontière. Le Libéria appuie la proposition du Président égyptien envisageant la convocation d'une conférence internationale sur la question.

Les années 90 ont été celles de la mondialisation, mais la croissance rapide du commerce et des échanges financiers a affecté beaucoup d'économies de manière profonde. La mondialisation menace les faibles et les vulnérables en les marginalisant. Pour la plupart des pays en développement, le poids de la dette et la participation inégale dans la régulation des prix des matières premières, le déclin de l'aide publique au développement et les capitaux sont des problèmes persistants qui menacent leur essor économique et leur intégration dans l'économie mondiale. Le Libéria se joint donc à l'appel lancé aux pays industrialisés leur demandant une plus grande justice dans la régulation des marchés et des transferts financiers. Le Libéria réaffirme aussi son soutien à la position des pays non alignés lors du sommet de Durban, qui ont prié les pays développés d'accélérer la révision du système financier international, en s'assurant que les flots de capitaux viennent en soutien à l'expansion du commerce, de l'emploi, et du développement, et nous accueillons favorablement la récente décision du Conseil économique et social et de son Communiqué ministériel sur la question de l'accès aux marchés des exportations des pays les moins développés, de même que les questions touchant au développement des capacités et aux infrastructures de développement. Ma délégation dans ce cadre participera à la réunion ministérielle qui aura lieu à Tokyo, après l'importante initiative du Japon de traiter des problèmes de développement de l'Afrique.

( suivre)

- 4 - AG/800 25 septembre 1998

Sur le plan intérieur, le Président Charles Taylor sait que la stabilité du Libéria dépend d'une véritable réconciliation entre Libériens. Une Commission des droits de l'homme mise en place depuis l'entrée en fonction du gouvernement opère sans heurt, et la protection de ces droits demeurera une des pierres d'angle de la politique intérieure de mon pays qui a pris les mesures juridiques nécessaires pour ratifier et accéder à tous les instruments relatifs au droits de l'homme. Convaincu que la démocratie est indispensable pour le développement, nous avons aussi pris des mesures pratiques pour construire des institutions qui permettront de consolider le processus démocratique au Libéria. Nous consultons régulièrement les treize partis politiques qui ont participé aux élections sur les questions d'intérêt national. La guerre civile s'est achevée en 1997 par un règlement négocié, le désarmement, la démobilisation des combattants, et la tenue d'élections libres et justes. Après ces élections, la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest a levé les sanctions et l'embargo imposés au Libéria en 1992, et a demandé à la communauté internationale de faire de même. Depuis, le gouvernement de mon pays a appelé le Conseil de sécurité à lever l'embargo sur les armes, appel qui n'a pas été entendu. Le Gouvernement du Libéria a une responsabilité constitutionnelle et un droit souverain de défendre, protéger et préserver l'indépendance et l'intégrité territoriale de la République, et nous pensons que l'embargo toujours en place est profondément injuste, puisqu'il n'a pas de limite dans le temps et ne donne pas de critères pour sa levée, contrairement aux autres sanctions du même type.

M. MOHAMED BIN MUBARAK AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères du Bahreïn : les événements récents intervenus dans différentes parties du monde ont montré qu'aucune Nation n'est à l'abri de l'instabilité qui sévit dans le monde à moins que les situations de toutes les parties du monde ne soient traitées de manière unifiée, concordante et juste en tenant compte des causes profondes sans double standard et solutions partiales et temporaires. L'échec de la communauté internationale à tirer avantage de la fin de la guerre froide a conduit à des phénomènes telles que la course aux armements nucléaires en Asie, à l'impasse du processus de paix au Moyen-Orient, à la montée du terrorisme et à l'aggravation des crises économiques dans plusieurs régions du monde. La gravité croissante du phénomène du terrorisme et la divergence de vue le concernant soulignent la nécessité d'une plus grande compréhension et d'une coordination efficace. Elle souligne donc l'urgence qu'il y a à convoquer une conférence internationale au plus haut niveau possible. Il est illogique de condamner le terrorisme d'un côté, et, de l'autre, offrir un abri aux terroristes. Dans ce contexte, l'ONU apparaît comme l'organe indiqué pour relever les défis du monde actuel. Quelles que soient les considérations théoriques et intellectuelles, le fait est que les Nations Unies demeurent l'institution clé capable d'affronter les problèmes de la mondialisation. L'Organisation doit s'y atteler, étant seule capable de transcender l'expression "choc des civilisations" et de la remplacer par l'harmonie et le dialogue. Il est évident que l'ONU ne sera pas en mesure de relever ces défis historiques sans l'appui financier et politique des Etats Membres.

( suivre)

- 5 - AG/800 25 septembre 1998

En ce qui concerne les crises actuelles, le Bahreïn réitère la nécessité pour l'Iraq d'honorer ses obligations internationales concernant l'élimination des armes de destruction massive et la libération des prisonniers koweïtiens et des autres prisonniers de guerre et détenus. L'occupation continue par l'Iran de trois îles appartenant aux Emirats arabes unis demeure une source de préoccupation pour le Bahreïn et les autres du Conseil pour la coopération dans le Golfe. Il faut espérer que les contacts pris par les parties conduiront à un règlement de la question. A cet égard, Bahreïn accueille avec satisfaction l'apaisement des tensions et les progrès enregistrés dans le rapprochement entre les Etats membres du Conseil de coopération et l'Iran. S'agissant du processus de paix au Moyen-Orient, le Bahreïn est profondément préoccupé par l'impasse dans lequel il se trouve. Il lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle intensifie ses efforts afin de réaliser une paix fondée sur le principe de la paix contre la terre, la restitution de tous les territoires palestiniens aux Palestiniens et le retrait sans condition d'Israël du Golan syrien occupé et du Sud-Liban. Il faut souligner que la non-adhésion d'Israël au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires peut conduire d'autres Etats à entrer dans la courses aux armements comme l'ont montrés les événements en Asie du Sud et dans d'autres régions.

M. BARNABAS SIBUSISO DLAMINI, Premier Ministre du Royaume de Swaziland : le Swaziland se félicite des progrès accomplis dans le cadre du programme de réforme de l'Organisation des Nations Unies et rappelle l'obligation qu'ont les Etats à s'acquitter de leurs obligations financières.

Nous nous inquiétons cependant de la lenteur des débats sur l'élargissement du Conseil de sécurité d'autant plus qu'un consensus a été atteint au sujet d'une meilleure représentation des pays en développement. Ce thème s'est trouvé au centre des discussions au sommet du Mouvement des pays non alignés ainsi que dans les débats de l'OUA. Le Swaziland se rallie à la position africaine qui réclame une répartition géographique plus équitable des sièges. L'Afrique demande l'attribution de deux sièges permanents avec droit de vote et droit de veto au même titre que les membres permanents actuels. Toutefois, à plus long terme, nous devrons nous pencher sur la question du droit de veto que nous ne considérons pas comme reflétant les pratiques de la démocratie.

Le Swaziland a commencé une série de réformes internes, dans le but d'atteindre l'objectif d'un développement durable. La réforme se fait en deux temps, à savoir : en premier lieu un calendrier de réformes économiques et sociales pour le court-terme et, dans un deuxième temps, une stratégie de développement national avec un plan d'action s'étendant sur les vingt-cinq années à venir. De plus, le Swaziland s'apprête à réexaminer sa Constitution, un travail qui sera confié à une Commission spéciale.

( suivre)

- 6 - AG/800 25 septembre 1998

Face à la détérioration de la situation économique dans le monde et à la dégradation des conditions de vie dans les pays en développement, le Swaziland a réagi en adoptant des mesures propices à l'investissement des ressources intérieures et extérieures. A cet effet nous avons créé une agence nationale de promotion de l'investissement. Le Swaziland a pris conscience de l'importance qu'il y a à agir au niveau international, à travailler en partenariat avec les autres nations.

Nous sommes tout aussi alarmés par les crises qui traversent notre continent, notamment la région de la corne de l'Afrique mais surtout la République démocratique du Congo, l'Angola, le Lesotho. Nous exhortons les Nations Unies à jouer leur rôle de maintien de la paix dans la région et de s'associer aux efforts de la SADCC et de l'OUA.

Le Swaziland s'inquiète de la multiplication des arsenaux d'armes de destruction massive et s'associe à la majorité des pays membres des Nations Unies pour réclamer un désarmement global et enjoindre les Nations, qui ne l'ont pas encore fait, à signer le TNP.

M. ANDREI GABRIEL PLESU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie : la Roumanie considère que le rôle de l'ONU dans la vie internationale contemporaine reste essentiel vu que, devant les nouveaux types de défis qui visent la sécurité internationale, nous ne pouvons réagir de manière cohérente et efficace que par rapport à un système unique de valeurs, telle la Charte des Nations Unies, généralement accepté et dont la validité reste incontestable. Le rôle bénéfique de la diplomatie préventive de l'ONU, ainsi que les nouvelles approches sur les opérations d'assistance humanitaire, de maintien de la paix et de reconstruction post-conflictuelle témoignent de l'utilité des démarches collectives, coordonnées sur le plan international. La volonté politique de la Roumanie d'agir en faveur de la stabilité sur le plan international s'est manifestée lors de la signature, hier, du Mémorandum d'entente avec l'ONU sur les accords relatifs aux forces en attente. L'expérience acquise dans le domaine du maintien de la paix a démontré la nécessité des actions de tous les Etats Membres en faveur de la consolidation de la capacité de réaction rapide de l'ONU.

La Roumanie suit avec préoccupation les situations conflictuelles à l'ordre du jour du Conseil de sécurité et se prononce une fois de plus en faveur du dialogue entre les parties intéressées, dans le but d'arriver à des solutions négociées par ceux qui sont directement impliqués. L'essentiel est de ne pas rater le moment propice du dialogue à même de conduire à la paix. Il est toujours un temps privilégié pour la paix. De notre point de vue, le Moyen-Orient, par exemple, se trouve à présent face à une unique opportunité de paix. Si les parties n'en profitent pas, la crise risque de se prolonger indéfiniment. Nous avons aussi été à un pas de réagir trop tard en Bosnie, en Irlande et il existe le risque d'un "trop tard" au Kosovo.

( suivre)

- 7 - AG/800 25 septembre 1998

Nous nous prononçons en faveur d'une solution pacifique du conflit et nous estimons que les pays de la région doivent être constamment consultés sur les mesures qui seront prises. Les Balkans et plus généralement l'Europe du sud-est sont confrontés à un problème d'image. L'inventaire des disputes locales a plus d'audience que l'inventaire des réelles réussites. Nous oublions qu'il s'agit d'un nombre de pays qui ont réussi à passer de la dictature et de l'économie centralisée, à la démocratie et l'économie de marché.

La dimension économique et sociale de l'activité de l'ONU offre encore des opportunités pour gérer d'une manière cohérente et efficace le dialogue et la coopération sur des thèmes économiques et sociaux d'intérêt global. Le dialogue de haut niveau sur l'impact économique et social de la mondialisation, qui a récemment eu lieu ici-même, attire de nouveau l'attention sur la nécessité d'une approche coordonnée des interdépendances économiques et des autres dimensions de la sécurité internationale. La réponse aux défis présents exige nécessairement la réponse de tous les Etats, des institutions financières et commerciales en vue d'aboutir à un nouvel équilibre financier global.

Le cinquantième anniversaire, cette année, de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme offre l'heureuse opportunité de faire référence à la dimension humaine de nos efforts. Nous ne pouvons pas nous permettre le luxe de remplacer l'action efficace par le débat interminable, ni la compassion par le jugement méprisant. Nous devons condamner le terrorisme sans parler de peuples ou de pays terroristes. Nous devons condamner le fanatisme sans prétendre qu'il y aurait des religions ou des confessions fanatiques. On ne doit pas juger les Etats pour les actes indignes de certains de leurs citoyens. Redoutons d'utiliser le nom de la démocratie pour encourager la confusion entre les domaines public et privé, entre l'honnêteté et la démagogie. C'est dans ce contexte que la Roumanie réaffirme son attachement aux concepts de multiculturalisme et de tolérance sous toutes leurs formes. La Roumanie, en tant que Président en exercice de la troisième Conférence générale internationale des démocraties nouvelles ou rétablies à l'intention de présenter à l'Assemblée un projet de résolution sur la question.

En ce qui concerne la coopération sous-régionale, notre expérience prouve que les situations de crise sont, en général, analysées surtout du point de vue politique, militaire et parfois humanitaire, mais beaucoup moins du point de vue économique et de la perspective de la société civile. L'Europe du sud-est manque par exemple de grands projets intégrateurs économiques, assistés par les institutions internationales de poids. En l'absence de pareils projets, notre politique est plutôt réactive. Nous devrions mieux utiliser le cadre offert par le système de l'ONU pour élaborer des stratégies politiques de développement, surtout économique.

( suivre)

- 8 - AG/800 25 septembre 1998

Sheikh SABAH AL-AHMAD AL-JABER AL-SABAH, Premier Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït : le monde actuel voit l'émergence d'une multitude de problèmes dont les implications transcendent les frontières nationales. Le terrorisme, la course aux armements, le trafic illicite des drogues, la dégradation de l'environnement, la pauvreté, la violation des droits de l'homme et le génocide sont tous des défis qu'il faudra relever en cette fin de siècle. Le Koweït souhaite réaffirmer son rejet catégorique du terrorisme et son appui aux efforts de la communauté internationale pour lutter contre ce phénomène. Il se félicite, en revanche, des progrès enregistrés en matière de désarmement lui a qui a dû consentir à des dépenses colossales pour procéder au déminage de ses régions truffées de millions de mines antipersonnel posées par les Iraquiens. Le Koweït lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle poursuive ses efforts en vue de l'élimination de ces mines. Le Koweït encourage également les efforts tendant à arrêter la course aux armements et à élaborer des règles de contrôle qui contribueront sans aucun doute à apaiser la tension dans les régions à situation volatile comme le Moyen-Orient, l'Asie du Sud et le sous-continent indien.

Cette année, le Koweït a l'honneur de présider la session du Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe persique qui est d'ailleurs saisie de la question de la mise en oeuvre par l'Iraq de toutes les obligations établies par les résolutions du Conseil de sécurité relatives à l'invasion du Koweït. Le Conseil a, cette année, fixé les conditions que l'Iraq doit réunir pour recouvrer une place normale sur la scène internationale. Cette position a été appuyée par le Sommet du Mouvement des non alignés qui s'est tenu à Durban ainsi que par les Etats islamiques qui se sont réunis à Téhéran. En dépit de ses appels, l'Iraq continue d'orchestrer des crises avec la communauté internationale dans une tentative désespérée de déroger à ses obligations. Le Koweït appelle donc la communauté internationale à maintenir ses pressions et à contraindre l'Iraq à respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. L'Iraq doit libérer tous les prisonniers et otages koweïtiens et donner des informations sur les personnes disparues.

De la même façon, le Koweït est convaincu du droit inaliénable des Emirats arabes unis sur les trois îles occupées par l'Iran. Il réaffirme son appui à la Déclaration finale du Sommet du Conseil de coopération publiée au mois de décembre dernier. En ce qui concerne le processus de paix au Moyen- Orient, le Koweït craint que l'approche provocatrice d'Israël ne compromette non seulement le processus de paix mais crée un sentiment de désespoir et de frustration porteur de confrontation et de tension. Israël doit mettre en oeuvre toutes les résolutions des Nations Unies, remplir ses promesses et respecter les accords signés avec l'Autorité palestinienne en vue de réaliser les droits légitimes des Palestiniens, y compris les droits à l'autodétermination et la création d'un Etat indépendant sur le territoire national palestinien avec Jérusalem pour capitale.

( suivre)

- 9 - AG/800 25 septembre 1998

Le Koweït renouvelle son appel aux coparrains du processus de paix, en particulier aux Etats-Unis, pour qu'ils redoublent d'efforts, sauvent le processus de paix et contraignent Israël à reprendre les négociations avec la Syrie en vue de son retrait du Golan syrien. Israël doit aussi se retirer complètement et sans conditions du Sud-Liban et de l'ouest de la Bekaa au Liban. Sur un autre front, le Koweït appelle l'Iran et l'Afghanistan à s'abstenir de faire monter la pression, à recourir à l'auto-discipline et à rechercher à régler les différends actuels par le dialogue et la négociation plutôt que par la confrontation.

M. RINCHINNYAMIN AMARJARGAL, Membre du Parlement et Ministre en exercice des relations extérieures de la République de Mongolie : au nombre des questions urgentes qui se posent à l'humanité aujourd'hui se trouvent la mondialisation, de l'interdépendance croissante des Etats, et de leurs effets sur les relations internationales. Ces processus détermineront en grande partie la nature des relations internationales au siècle prochain. Après des décennies d'isolement virtuel, la Mongolie prend des mesures actives pour intégrer l'économie mondiale en misant sur tout avantage comparatif qu'elle peut avoir. Nous pensons que la communauté internationale devrait prêter plus d'attention à la situation des pays en développement enclavés. Ils sont handicapés par leur situation géographique et leur éloignement des marchés mondiaux, comme le constatent les experts, fait qui diminue de 1% à 3% leur taux de croissance annuelle. Ce n'est pas une surprise que parmi les 30 pays enclavés de la planète, 16 font partie des pays les plus pauvres, dont le revenu par tête d'habitant est de moins de 400 dollars par an. La marginalisation croissante de ces pays ne fait pas de doute quand leurs 300 millions d'habitants ne se partagent que 0,5% du commerce mondial, cette courbe étant par ailleurs à la baisse. Pour s'en sortir, la Mongolie prend des mesures pour coopérer étroitement avec ses voisins qui lui servent de pays de transit; elle conclura ainsi des accords de transit avec la Russie et la Chine, qui aideront les trois pays au niveau sous-régional.

La stabilité politique est essentielle au développement économique et à une coopération fructueuse, et la fin de la guerre froide a été une étape importante dans les relations internationales en suscitant les espoirs d'un renforcement de la paix, de la sécurité et de la coopération entre Etats. La Mongolie est en faveur d'un règlement des conflits par la négociation, et sans recours à la menace de la force, et dans cette optique, nous aimerions réitérer que la péninsule coréenne devrait devenir une zone de paix, de stabilité et de prospérité dans l'intérêt des peuples coréens et de la paix et de la sécurité de l'Asie du nord-est. En Asie du sud, la communauté internationale a été frappée par des essais nucléaires qui pourraient exacerber les tensions et miner le régime actuel de non-prolifération et celui d'interdiction des essais. Située entre deux puissances nucléaires, la Mongolie est contre tout essai, et regrette profondément ceux qui ont eu lieu cette année.

( suivre)

- 10 - AG/800 25 septembre 1998

Par conséquent, nous accueillons favorablement la déclaration de la République populaire de Chine de ne pas reprendre ses essais et espérons que les derniers signaux encourageants envoyés par l'Inde et le Pakistan renforceront le régime de non-prolifération et nous mènerons plus près de l'objectif du désarmement nucléaire. Nous espérons, en soutenant la déclaration des 8 puissances sur "Un monde libre d'armes nucléaires; vers un nouvel agenda", que les négociations sur l'interdiction de la production des matières fissiles mèneront à la conclusion d'un traité international vérifiable. Les Etats non nucléaires pouvant, à leur manière, renforcer la sécurité internationale, la Mongolie soutient l'établissement d'une zone exempt d'armes nucléaires en Asie centrale, se préparant elle-même de son côté, à instituer son statut d'Etat exempt d'armes nucléaires, qui transformerait son territoire en une zone de paix, de stabilité, et de prévisibilité. Nous sommes satisfaits que tous les Etats nucléaires et le mouvement des Non-alignés soutiennent pleinement la Mongolie dans ses efforts d'institutionnaliser son statut d'Etat exempt d'armes nucléaires.

M. SURIN PITSUWAN, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande : lorsque nous nous penchons sur la question d'une réforme de l'Organisation des Nations Unies et autres points importants à l'ordre du jour, il convient de définir le cadre de ce que nous voulons accomplir et les voies et les moyens d'y parvenir. L'Organisation des Nations Unies doit s'efforcer de correspondre comme l'indique son nom à une communauté de nations, unie dans une vision commune et un objectif commun. La crise économique à laquelle nous faisons face met en évidence la nécessité de penser désormais en termes de communauté internationale ayant le sens de ses responsabilités. Les Nations Unies ne peuvent être que ce que nous en faisons. Le Secrétaire général a accompli la tâche que nous lui avions assigné et a entamé le processus de réforme. Nous devons à présent remplir notre part du contrat et doter l'Organisation des moyens d'accomplir les réformes et entre autres des moyens financiers. Nous ne sommes pas en mesure de prédire les défis à venir alors qu'il y a tout lieu de penser qu'ils seront plus complexes que jamais surtout dans des domaines difficiles comme la mondialisation, les droits de l'homme, le désarmement et le trafic illicite des drogues.

A la fin des années 80, nous n'avons pris en considération que les aspects positifs de la mondialisation à savoir l'ouverture des marchés ainsi que la circulation rapide des idées et de l'information. Or au cours de l'année passée la Thaïlande et d'autres pays de plus en plus nombreux ont été victimes de la mondialisation des marchés financiers. Nous avons assumé nos responsabilités et reconnaissons que la politique économique interne était inadéquate. Des réformes ont été mises en place.

( suivre)

- 11 - AG/800 25 septembre 1998

A présent que la planète entière est au bords de la récession, les pays industrialisés en agissant afin d'endiguer la crise économique n'accomplissent pas un acte de charité mais un acte de sauvetage de leur propre économies. Nous sommes en faveurs de la création d'un organisme chargé du contrôle des transactions financières internationales, telle que l'idée a été avancée par le Comité de la planification du développement.

Nous nous félicitons des efforts que déploie l'Organisation dans le domaine de la promotion des droits de l'homme et rappelons que la lutte pour le respect des droits de l'homme a été une lutte sanglante dans notre pays.

La Thaïlande trouve alarmante la prolifération des armes de destruction massive et rappelle son soutien à une politique de désarmement multilatérale. Nous nous félicitons de la création du Département des affaires du désarmement, conformément au programme de réforme, sous l'égide de M. Jayantha Dhanapala, Secrétaire général adjoint. Malgré nos difficultés, nous continuons à apporter notre appui financier aux activités du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Asie et dans le Pacifique.

La Thaïlande avec neuf autres pays de l'Asie du sud-est a signé le Traité établissant une zone exempte d'arme nucléaire en Asie du sud-est. La Thaïlande aspire à une Asie du sud-est également exempte de mines terrestres antipersonnel et se félicite de la Convention d'Ottawa qui entrera en vigueur dans moins de six mois et que la Thaïlande a déjà signé et qu'elle se propose de ratifier.

Nous trouvons également alarmante la prolifération des stupéfiants et souhaitons la mise en place d'une politique concertée de lutte contre le trafic illicite des drogues. Nous rappelons à cet égard que lors de la 20ème session spéciale de l'Assemblée générale en juin, la Thaïlande a rejoint le rang des pays signataires d'un protocole d'Accord sur le contrôle des drogues. Au mois de juillet de cette année, la Thaïlande de concert avec les pays membres de l'ANASE a publié une déclaration conjointe sur leur intention de créer une zone exempte de drogue.

La Thaïlande se félicite de son combat contre le trafic de l'opium. Elle tient cependant à préciser qu'un contrôle effectif du trafic de drogues nécessite un contrôle de la demande. Nous rappelons à la communauté internationale que l'accent doit être mis sur le contrôle des amphétamines.

SHEIKH HAMAD BIN JASSEM BIN JABR AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar : au cours des quatre derniers mois, nous avons tous suivi l'évolution de la crise économique et monétaire née en Asie du sud-est. Les perspectives d'extension de ces turbulences à d'autres Etats et régions du monde sont préoccupantes pour tous et notamment pour les Etats du Golfe et du Moyen-Orient, en raison de la chute concomitante des prix du pétrole.

( suivre)

- 12 - AG/800 25 septembre 1998

Il nous faut donc gérer cette crise à l'échelle mondiale, loin de toute tentation isolationniste et sur la base d'un partenariat international mû par la nécessité de justice sociale, de développement et d'un partage équitable des ressources.

Outre ces problèmes mondiaux, les crises régionales n'ont guère connu d'amélioration. La paix à laquelle nous aspirons tous au Proche et au Moyen- Orient demeure, à notre plus grand regret, un mirage. Il est profondément démoralisant de constater l'échec de plusieurs années de négociations et de médiation en vue de parvenir à une paix juste et durable dans la région. Depuis l'entrée en fonction du nouveau Gouvernement israélien, le processus de paix a plutôt connu de graves revers. Le Premier Ministre israélien est en fait en train de renoncer aux principes, notamment celui de la "terre contre la paix" qui constituent le fondement de ce processus et des accords conclus entre son prédécesseur et les Etats arabes voisins. Notre plus grand souhait est de pouvoir croire qu'hier dans son discours M. Netanyahu a été sincère, lorsqu'il a déclaré que son objectif est d'accorder la paix et la sécurité aux enfants palestiniens aussi bien qu'aux siens propres. L'amère réalité pour l'heure est que les enfants palestiniens et leurs familles continuent de vivre dans des conditions tragiques. Nous devons raffermir encore notre volonté d'intensifier nos efforts pour parvenir à une solution juste, qui permettrait au peuple palestinien de recouvrer ses droits légitimes, notamment son droit à disposer d'un Etat indépendant avec Al Quods pour capitale, et qui garantirait le retrait total d'Israël de tous les territoires arabes occupés. Le Qatar se félicite de la décision prise par l'Assemblée générale en juillet dernier d'accorder à l'Observateur de la Palestine la possibilité de participer davantage aux sessions et aux délibérations de l'Assemblée. Cette décision constitue une avancée vers l'attribution à la Palestine du statut d'Etat Membre.

La consolidation de la paix et de la sécurité, le règlement pacifique des différends et l'engagement en faveur des principes du droit international sont les fondements de la politique du Qatar, notamment dans ses relations avec ses voisins. C'est pourquoi, nous plaidons pour un règlement pacifique du différend territorial qui oppose les Emirats arabes unis à la République islamique d'Iran, en ce qui concerne la Grande et la Petite Tumb ainsi qu'Abou Moussa. La crise iraquienne demeure depuis plusieurs années sans solution et tout en réaffirmant la nécessité de respecter sans réserve les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, nous formons le voeu que l'embargo imposé à l'Iraq sera levé afin d'alléger les souffrances terribles ainsi infligées à la population iraquienne. Nous estimons que la levée de l'embargo imposée à la Jamahiriya arabe libyenne est également justifiée, compte tenu de l'évolution positive récente en ce qui concerne le différend qui l'oppose aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

( suivre)

- 13 - AG/800 25 septembre 1998

Nous espérons que la formule diplomatique et juridique élaborée sera couronnée de succès et mettra un terme à la "question de Lockerbie". Le Qatar tient également à demander à l'Iran et à l'Afghanistan de s'abstenir de toute action qui entraînerait une escalade du différend qui les oppose.

La question de la prolifération des armes de destruction massive, et notamment des armes chimiques et biologiques et des armes nucléaires, est particulièrement préoccupante. Nous demandons à tous les Etats sans exception de signer rapidement les traités sur l'interdiction complète des essais nucléaires et sur la non-prolifération et d'examiner les moyens de parvenir à leur élimination totale. Il convient de rappeler, à cet égard, qu'Israël est la seule puissance nucléaire de la région et est le seul pays à avoir refuser de signer les traités susmentionnés. Si elle persiste, cette situation mènerait irrémédiablement à des tensions en raison du déséquilibre des forces en présence. Conscient des véritables tragédies infligées à des civils innocents, le Qatar, quant à lui, a signé la convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines terrestres antipersonnel.

Mme ANDREA WILLI, Ministre des affaires étrangères de la Principauté du Liechtenstein : nous demeurons attachés au processus de réforme de l'ONU et espérons que les changements en cours mèneront à l'amélioration tant souhaitée de sa situation financière. Nous partageons les profondes inquiétudes du Secrétaire général sur la sécurité du personnel des Nations Unies travaillant dans des opérations sur le terrain et partageons l'avis selon lequel une action déterminée de l'Assemblée générale s'impose pour pouvoir trouver une solution à ce problème qui est une menace à beaucoup d'actions de fond de l'ONU. Sur une note positive, nous nous réjouissons de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction des mines terrestres antipersonnel, et nous informons que le Liechtenstein déposera ses propres instruments de ratification bientôt. Nous célébrons cette année à la fois l'adoption du Programme et de la Déclaration de Vienne il y a 5 ans, et l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, en 1948. Nous espérons que cet événement enverra un puissant message au monde sur le fait que les Nations Unies et ses Etats Membres sont conscients du besoin de politiques nationales et d'une coopération internationale authentiques en vue d'atteindre les normes établies dans ce domaine par l'Organisation des Nations Unies. La Déclaration universelle est un jalon dans l'histoire de l'humanité et des activités des droits de l'homme, et elle est la base des réussites à atteindre en ce domaine au cours des temps à venir. Nous pensons donc qu'il faudrait réaffirmer le 10 décembre prochain de manière sans équivoque le contenu de cette déclaration et notre engagement à pleinement exécuter ses termes pour que tous les individus à travers le monde jouissent des normes qu'elle a définies.

( suivre)

- 14 - AG/800 25 septembre 1998

Un moment important pour la cause des droits de l'homme et le droit humanitaire international a été celui de la création d'une Cour criminelle internationale cet été, à Rome. Bien qu'elle ne soit pas un "tribunal des droits de l'homme", nous considérons le Statut de Rome comme une très importante contribution à l'année des droits de l'homme. Nous considérons ce qui s'est passé à Rome comme une réussite de dimension historique et le Processus d'Ottawa, comme un exemple de ce que la société civile peut faire dans un processus de négociations intergouvernementales de haute complexité. Bien que nous aurions aimé donner à la Cour criminelle internationale un champ de compétences beaucoup plus étendu, nous sommes cependant heureux de constater que ce qui ne semblait qu'un rêve il y a quelques années, a aujourd'hui des chances de devenir une réalité.

Sur le plan de la sécurité, la crise dans l'ex-Yougoslavie a affecté pendant plusieurs années notre région. Nous avons tous applaudi l'Accord de paix de Dayton, mais demeurons soucieux face à la lenteur de leur mise en exécution. L'année 1998 a créé une crise de dimensions alarmantes au Kosovo, et le Liechtenstein condamne les violations répétées du droit humanitaire au cours de ce conflit. Nous demeurons concernés par la souffrance des populations civiles et par l'impact potentiel de ce conflit sur la stabilité régionale. La prévention d'une plus grande dégradation des conditions humanitaires et la recherche d'une solution politique viable sont les deux plus importantes questions de la résolution de la crise du Kosovo. Les Nations Unies doivent beaucoup plus développer le concept de prévention et le traduire en termes concrets; et nous sommes prêts à apporter notre contribution. Je voudrais rappeler ici notre initiative sur le droit à l'autodétermination. Nous sommes convaincus aujourd'hui qu'une application plus innovatrice et souple de ce concept à la capacité de désamorcer les tensions et de prévenir les conflits à l'intérieur des Etats, c'est à dire le genre de conflits auxquels nous faisons le plus face aujourd'hui.

M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande : en cette Année internationale des océans, je saisis l'occasion pour attirer l'attention de l'Assemblée générale sur le fait que les océans sont la plus grande source de protéines de la planète et sont une partie cruciale de l'écosystème. Il nous faut prendre pleinement conscience que les océans ont des richesses limitées et qu'ils ne sont pas un réceptacle sans fond pour les déchets humains et la pollution. Une mise en oeuvre efficace du Programme d'action mondiale de Washington permettrait sans aucun doute une amélioration sensible dans ce domaine. La pollution entraînée par les produits organiques persistants est un autre sujet de préoccupation et la mise au point rapide, d'ici à l'an 2000, d'un instrument juridiquement contraignant, prenant en compte certains de ces produits serait un pas important vers la réduction puis, à terme, l'élimination de ce type de pollution.

( suivre)

- 15 - AG/800 25 septembre 1998

Les accidents au cours desquels des déchets radioactifs ont été rejetés dans la mer démontrent clairement les dangers des usines de retraitement des déchets nucléaires, qui ne devraient en aucun cas être implantées près des côtes.

De l'avis de l'Islande, les Etats partageant des intérêts communs devraient faire tous les efforts possibles pour parvenir à des accords assurant le partage et la gestion raisonnables des stocks de poissons et des pêcheries en haute mer. Il faut garantir la continuité des récoltes de ces ressources marines et conjuguer à la fois le développement économique et leur conservation. Afin de garantir un secteur de la pêche industrielle florissant, les Etats doivent y introduire les principes de l'entreprenariat privé et faire en sorte que leurs produits se livrent concurrence sur des marchés libres. Les stocks de poissons de la Zone économique exclusive qui s'étend autour de l'Islande ont connu une croissance continue depuis la mise en oeuvre d'un système individuel de quotas transférables, mais ce n'est pas le cas pour le reste du monde. Cette situation est, à notre avis, liée au fait que les gouvernements accordent trop de subventions publiques à ce secteur qui favorisent des capacités de pêche disproportionnées et déstabilisent les principes du marché.

Cette année, la session de fond du Conseil économique et social a clairement démontré que les pays industrialisés doivent renforcer leurs efforts en vue de lever les barrières douanières et d'intégrer les pays en développement au marché mondial. Nombre de ces pays en développement disposent désormais d'un secteur privé florissant et compétitif à l'échelle mondiale. Il faut néanmoins souligner qu'en parallèle de la privatisation de l'économie, il est nécessaire d'accroître les ressources destinées au renforcement des services sociaux, sanitaires et éducatifs. L'Islande a la ferme intention d'augmenter le montant de son aide publique au développement accordée à ses partenaires d'Afrique.

Les défis auxquels l'Organisation des Nations Unies doit faire aujourd'hui face dans le domaine du maintien de la paix sont d'une rare urgence. Les récents conflits qui ont éclaté dans plusieurs pays montrent que nous devons faire preuve d'une vigilance sans faille. L'Islande demande à tous les Etats Membres d'adhérer au Traité de non-prolifération et au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Le maintien de la paix exige des mesures de plus en plus rigoureuses, parmi lesquelles le renforcement des institutions démocratiques, la promotion de la bonne gouvernance, le contrôle des élections, la création de systèmes judiciaires et le suivi des droits de l'homme. A cet égard, en ce cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, on ne saurait accepter que la religion et les pratiques coutumières servent d'excuse aux violations les plus flagrantes des droits de l'homme.

( suivre)

- 16 - AG/800 25 septembre 1998

Nous demandons également à tous les pays de signer et de ratifier, de manière urgente, toutes les conventions relatives à la lutte contre le terrorisme, ainsi que le Statut de la Cour criminelle internationale, adopté récemment à Rome. L'Islande soutient fermement l'initiative de la Norvège et du Canada visant à contrôler la prolifération des armes de petits calibres, qui devrait être aujourd'hui l'un des principaux sujets de préoccupation de la communauté internationale.

Droits de réponse

Le représentant des Etats-Unis a déclaré que l'intervention du Ministre des affaires étrangères cubain amène les Etats-Unis à se poser la question de savoir quand Cuba libérera les prisonniers qui croupissent dans ses geôles. Nous souhaitons que les peuples de chaque nation déterminent eux-mêmes leur destin, et nous ne prétendons pas imposer à qui que ce soit une quelconque dictature. Ces remarques ne font que démontrer la peur qu'a le gouvernement cubain de tout processus de transition démocratique. Comme l'a dit le Secrétaire d'Etat Mme Madeleine Albright, les Etats-Unis ne font que promouvoir la démocratie, la liberté et le respect des droits de l'homme.

Les politiques erronées menées par Cuba ont infligé des souffrances indescriptibles au peuple cubain. Il y a eu des dizaines de milliers de visites de citoyens cubains aux USA au cours des dernières années, et la communauté de ce pays aux Etats Unis a fait parvenir des dizaines de millions de dollars dans son pays d'origine. Il est temps que le gouvernement cubain respecte ce qu'a dit le fameux poète cubain José Marti, qui a affirmé que la liberté, c'est le droit qu'a tout homme de penser et de parler sans hypocrisie.

Le représentant de la République populaire et démocratique de Corée (RPDC) a évoqué la politique du "rayon de soleil" proposée par la République de Corée, qui fait ainsi croire que des changements radicaux interviendront dans les relations coréennes nord-sud. En vérité, la République de Corée fait tout ce qu'elle peut pour étouffer la RPDC, soutenue en cela par les Etats- Unis. La RPDC a mis en oeuvre l'accord cadre sur la dénucléarisation, alors que la République de Corée continue de la vilipender sur ce sujet. Certes la RPDC n'est pas partie à la convention sur les armes chimiques, mais c'est son droit souverain. Comment la République de Corée peut-elle élever la voix à ce sujet alors que l'on sait bien qu'elle a, elle-même, eu recours à ce type d'armes, s'est interrogé le représentant. Malheureusement, la République de Corée, en collusion avec les Etats-Unis et le Japon, exerce des pressions pour empêcher le lancement du premier satellite nord-coréen. Un événement qui devrait être fêté par le monde entier, a estimé le représentant. Toutes les tentatives de la République de Corée pour étouffer la RPDC, avec le soutien de puissances étrangères, n'est que trahison.

( suivre)

- 17 - AG/800 25 septembre 1998

La "politique du rayon de soleil" ne vise en réalité qu'à éliminer la RPDC. Il est grand temps de régler la crise économique en se fiant aux forces de la péninsule plutôt qu'en s'en remettant à des capitaux étrangers. La République de Corée ne devrait pas se contenter de belles paroles; elle doit prendre rapidement des mesures concrètes.

Le représentant de l'Iraq a regretté le manque d'objectivité dont a fait preuve le Ministre des affaires étrangères du Koweït cet après-midi. Il convient de rappeler que l'Iraq a effectivement satisfait à toutes les obligations résultant des résolutions du Conseil de sécurité. Si, M. Butler, le Président de l'UNSCOM, n'a pas eu le courage de dire cette vérité, c'est qu'il est victime de pressions. En ce qui concerne les soi-disant prisonniers ou otages détenus en Iraq, il est parfaitement connu que l'Iraq n'en détient aucun. Le Koweït quant à lui ne répond pas aux demandes d'informations iraquiennes sur le sort des prisonniers qu'il détient. Le Koweït continue d'avoir une attitude inamicale vis-a-vis de l'Iraq, afin de faire pression sur la communauté international pour que l'embargo persiste. Si le Koweït cherche réellement la sécurité, il faut qu'il renonce à sa politique de conspiration et qu'il respecte les faits de l'histoire et de la géographie. Si le Koweït continue d'acheter et d'importer de l'étranger sa sécurité, cette voie ne mènera à aucun résultat positif et ne contribuera qu'à la ruine du peuple koweïtien frère. L'histoire est riche en de telles leçons. L'Iraq est tout à fait prête à régler par la négociation les questions en suspens. Le dialogue et la compréhension sont irremplaçables et si nous demeurons prisonniers du passé, nous gaspillerons l'avenir de nos enfants, a mis en garde le représentant.

Le représentant de Cuba répondant au délégué des Etats-Unis a déclaré que son pays n'avait pas besoin d'attendre 24 heures pour répondre au cynisme américain. Les agressions américaines contre Cuba se poursuivent, démontrant l'arrogance sans limite de ce pays. Cuba a atteint la démocratie, et son peuple est prêt à défendre cette démocratie dans le sang. Assez d'hypocrisie, il faut simplement que les Etats-Unis lèvent l'embargo. On a refusé l'entrée à Cuba de produits médicaux destinés à des malades dans un état grave. Les Etats-Unis, ont été responsables d'actes mercenaires et d'attentats terroristes contre Cuba. C'est un pays où on s'attaque aux passagers d'appareils civils en plein vol. Qu'on ne nous parle pas de mercantilisme, venant d'un pays ou le commerce a été élevé en sacro-sainte valeur. Que ce pays qui est le champion du deux poids et deux mesures ne nous parle pas de morale, lui qui abrite 40 millions de personnes sans couverture sociale, où de nombreux détenus souffrent du SIDA , où il y a plus de jeunes Noirs en prison qu'à l'université, où la population noire gagne 60% de ce que gagne les Blancs, et où on tire trois coups de fusil sur un jeune Noir du seul fait de la couleur de sa peau. José Marti, notre poète a dit: " ce que je fais aujourd'hui, c'est pour que les Etats-Unis ne nous tombent pas un jour sur la tête..."

( suivre)

- 18 - AG/800 25 septembre 1998

Le représentant du Koweït a indiqué que les faits, établis par le Comité international de la Croix Rouge qui préside la commission tripartite, démontrent clairement que l'Iraq détient des prisonniers koweïtiens. D'ailleurs alors qu'elle a toujours nié leur existence, l'Iraq n'a t-elle pas libéré 126 prisonniers l'an passé. Si les sanctions sont maintenues, c'est que l'Iraq n'a pas encore pleinement satisfait aux résolutions du Conseil, qui, faut-il le rappeler, procède à un examen régulier de la situation. Le Koweït est un petit pays qui n'exerce aucune pression sur les membres du Conseil. Le Mouvement des non alignés lors de son dernier sommet a demandé à l'Iraq de satisfaire aux exigences du Conseil, de même que l'Organisation de la Conférence islamique. Ont-ils tous tort et l'Iraq est-elle seule à avoir raison?

Le représentant des Etats-Unis a qualifié les observations du représentant de Cuba de diatribe fondamentalement mensongère. Il a fait observer que dès que l'occasion se présente, la population cubaine fuit Cuba pour connaître ailleurs et en particulier aux Etats-Unis, la liberté et la prospérité. Les Etats-Unis autorisent depuis 1992 une aide humanitaire à destination de Cuba qui s'élève à ce jour à deux milliards de dollars.

Le représentant de Cuba a traité de leçon de morale à deux vitesses la déclaration des Etats-Unis. Ce pays ne paye pas ses contributions aux Nations Unies mais il veut régenter l'Organisation, il parle des droits de l'homme mais il viole ceux de sa population vulnérable et ceux d'autres pays en imposant des sanctions unilatérales, il lance des missiles mais il prend des mesures de sécurité ridicules quand il s'agit d'entrer aux Nations Unies. Il faut cesser cette morale à deux vitesses qui risquerait de prolonger inutilement le débat. Pour sa part, Cuba n'a d'autres choix que d'assurer sa souveraineté.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.