En cours au Siège de l'ONU

AG/798

ASSEMBLEE GENERALE : LE MAINTIEN DE LA PAIX, LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE ET DES DROITS DE L'HOMME AINSI QUE LA MONDIALISATION ONT RETENU L'ATTENTION

24 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/798


ASSEMBLEE GENERALE : LE MAINTIEN DE LA PAIX, LA PROMOTION DE LA DEMOCRATIE ET DES DROITS DE L'HOMME AINSI QUE LA MONDIALISATION ONT RETENU L'ATTENTION

19980924 Le Nigéria indique qu'il tiendra des élections présidentielles en 1999

De tous les thèmes abordés par les délégations, cet après-midi, au cours du débat général de l'Assemblée générale, le maintien et le renforcement de la paix, la promotion de la démocratie et le respect des droits de l'homme ainsi que les effets pervers de la mondialisation ont retenu l'attention. C'est ainsi que le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a estimé que le maintien de la paix devra constituer une réponse de la communauté internationale à la nécessité de gérer les conflits. Il existe un continuum entre la prévention, le maintien de la paix la reconstruction et le développement, a-t-il ajouté. Le Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie a, quant à lui, appuyé les efforts visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans le domaine de la diplomatie préventive et du système d'alerte rapide.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Guinée a plaidé en faveur de l'adoption, par la communauté internationale, de mesures de consolidation de la paix et de la promotion de la démocratie en Afrique telles que l'adoption de normes plus contraignantes interdisant toute prise de pouvoir par la force et banissant au plan international, régional et sous- régional les auteurs de tels coups d'Etat. Le Président du Nigéria, rappelant le rôle que son pays a joué dans la prévention et la gestion des conflits, sous les auspices de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a confirmé l'engagement de son pays en faveur de la promotion des droits de l'homme et du déroulement d'un processus démocratique au Nigéria qui sera sanctionné le 27 février 1999 par des élections présidentielles.

Evoquant l'impasse du processus de paix israélo-palestinien, le Premier Ministre du Liban a souligné que les négociations en vue d'aboutir à une paix juste et durable ne pourront se dérouler que sur les bases retenues par la Conférence de Madrid, notamment le principe de la terre contre la paix. Ce point de vue a été exprimé également par le Ministre des affaires étrangères du Maroc qui a estimé que toute solution de la question de Palestine doit dûment tenir compte du respect des accords conclus entre les parties.

(à suivre - 1a)

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Les effets pervers de la mondialisation ont été évoqués par plusieurs intervenants, notamment, le Président de la République de Moldova, le Ministre des affaires étrangères de la Grèce, le Prince Albert de Monaco, le Ministre des affaires étrangères de Cuba et le Président d'El Salvador. Ce dernier, constatant que l'interdépendance économique offre des possibilités nouvelles que certains pays ne sont pas en mesure de saisir, a sollicité l'aide des pays développés et plus particulièrement un accroissement de l'aide publique au développement. Le Ministre des affaires étrangères de Cuba a, quant à lui, estimé que la mondialisation n'a fait que fragiliser les économies des pays en développement. Il s'est insurgé contre la dictature économique imposée par les partisans du néolibéralisme.

Le représentant de l'Iraq, de la Turquie, de l'Iran, de l'Espagne et l'Observateur permanent de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

Allocution de M. Armando Calderon Sol, Président de la République d'El Salvador

M. ARMANDO CALDERON SOL, Président de la République d'El Salvador : en El Salvador, de profondes transformations se sont produites. L'établissement de la paix et la signature des Accords de paix ont permis de renforcer l'Etat de droit et de lancer une stratégie de développement économique qui met l'accent sur l'éradication des causes de la pauvreté. Nous avons engagé avec succès un plan de modernisation qui vise entre autres l'élimination des monopoles publiques. Notre politique économique vise à promouvoir les investissements étrangers pour que nous puissions profiter de l'ouverture des marchés internationaux. Nous avons élaboré un projet d'accord de base dit "Le Plan de la Nation" sur lequel se poursuivent des consultations et qui devrait mobiliser toutes les couches de la nation sans distinction. Ce sera le deuxième grand accord après les Accords de paix. Nous sommes également des ardents défenseurs de l'intégration centraméricaine et à cet effet, nous renforçons nos institutions et actualisons nos instruments juridiques. Nous avons donné notre appui aux plans d'action et sommets des conférences internationales et nous assumons nos responsabilités en ce qui concerne les droits de l'homme, les droits de la femme, des enfants, la lutte contre le trafic illicite des drogues ou encore l'environnement.

Les profondes modifications sur la scène internationale ont mené à un consensus sur la nécessité de reformer l'Organisation. Nous sommes convaincus que les Etats Membres doivent conjuguer leurs efforts pour opérer les changements dont l'Organisation a besoin pour remplir son mandat. La réforme du Conseil de sécurité requiert un changement d'attitude. Il faut faire du Conseil un organe plus transparent et plus démocratique. Si nous observons avec satisfaction certains progrès enregistrés sur la scène politique internationale, nous sommes néanmoins préoccupés par la persistance des conflits, le non-respect des accords, les actes de terrorisme et la méfiance entre les Etats. Il est regrettable que les Etats Membres ne soient pas disposés à adopter l'attitude qui permettrait de réaliser nos objectifs communs. Pourtant le Préambule de la Charte des Nations Unies indique clairement que les "peuples des Nations Unies sont résolus à préserver les générations futures du fléau de la guerre". Pour sa part, El Salvador a déposé au début de ce mois l'instrument de ratification du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Le terrorisme est une insulte aux principes d'une société civilisée. Nous condamnons les attentas terroristes perpétrés au Kenya, en Afrique du Sud, en Tanzanie et en Irlande du Nord et nous apportons notre soutien à la résolution 1189 du Conseil de sécurité qui appelle à la coopération entre les Etats dans la lutte contre le terrorisme. Nous soutenons également les efforts de la communauté internationale dans sa lutte contre le trafic des drogues.

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Les transformations observées sur la scène internationale depuis la fin de la guerre froide n'ont malheureusement pas comblé le fossé entre pays en développement et pays développés. L'interdépendance et la mondialisation de l'économie qui caractérisent le nouvel ordre international constituent un défi et offrent des possibilités nouvelles que certains pays ne sont pas en mesure de saisir en raison de leurs limitations. Cette situation ne peut être surmontée qu'avec l'aide des pays développés. A cet égard, il faut regretter la baisse constante du volume de l'aide publique au développement. Nous lançons un appel pour que les pays donateurs accroissent leur aide publique au développement et facilitent l'accès des économies des pays en développement à leurs marchés. Ainsi, pour un monde sans drogues, sans pauvreté et sans violence, il nous faut trouver des moyens d'action communs.

Allocution de M. Petru Lucinschi, Président de la République de Moldova

M. PETRU LUCINSCHI, Président de la République de Moldova : les mutations profondes de la vie internationale de cette fin de siècle ont mis leurs empreintes sur l'activité de l'ONU. C'est pourquoi il est nécessaire de renforcer et perfectionner le système de l'ONU pour rénover et adapter l'Organisation aux exigences accrues de la coopération internationale. La délégation de la République de Moldova salue les progrès enregistrés dans le processus de la réforme de l'Organisation, en particulier dans le domaine économique et social, et appuie les mesures susceptibles de rationaliser et de rendre plus efficace l'activité de l'Organisation. Nous considérons que le fusionnement de certaines structures, ainsi que la décentralisation et le transfert de compétences vers les bureaux du terrain, contribueront essentiellement à l'adaptation de l'ONU aux nouvelles exigences.

L'augmentation du nombre de membres du Conseil de sécurité est au centre de la réforme générale de l'ONU. En tenant compte de la nécessité d'assurer une meilleure représentation des Etats Membres de l'ONU au Conseil de Sécurité, la République de Moldova est en faveur d'un élargissement modéré du nombre de membres du Conseil. De nouveaux sièges permanents devraient être attribués aux pays développés tels que l'Allemagne et le Japon, que la République de Moldova a soutenus plusieurs fois aux sessions antérieures de l'Assemblée générale, ainsi qu'éventuellement aux pays en développement. En ce qui concerne le nombre de sièges non permanents, la République de Moldova est favorable à une augmentation raisonnable du nombre de ces sièges, conformément au principe de la représentation géographique équitable, afin de refléter les intérêts de tous les groupes régionaux.

Le rôle du système des Nations Unies dans les domaines économique et social prend de nouvelles dimensions. L'ONU doit rester le cadre de la coopération internationale de toutes les nations. Engagée dans la voie de la démocratie, la République de Moldova fait des efforts soutenus pour créer les institutions fondamentales de l'Etat de droit et le cadre législatif

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nécessaire à la transition vers l'économie de marché. Elle a réussi à stabiliser la situation au niveau macro-économique et à réduire l'inflation annuelle au niveau de 12%.

Le déclin économique de l'Asie a engendré une crise économique mondiale aux conséquences dévastatrices. La gestion de la crise et des effets de la mondialisation a aussi une importance particulière pour les pays à économie de transition. Ces Etats se trouvent dans une période spécifique de passage à l'économie de marché.

La République de Moldova accorde une importance particulière à la promotion et à la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales. La République de Moldova a adhéré aux principaux instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l'homme, adoptés dans le cadre de l'Organisation des Nations Unies, du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe.

Le conflit de la partie de l'est de la République de Moldova de l'été 92, qui n'a pas été réglé définitivement, constitue un obstacle dans le processus de démocratisation de la société, ainsi que pour la promotion des réformes économiques. Les violations graves des droits de l'homme persistent dans la partie orientale de la République de Moldova. Nous considérons que le retrait immédiat de quantités énormes d'armements et de munitions renforcerait considérablement la stabilité dans la région, tout en facilitant le processus de règlement de cette crise. La République de Moldova reste ouverte au dialogue et poursuivra la voie de la solution pacifique de ce conflit.

La République de Moldova est disposée à coopérer avec tous les Etats Membres pour renforcer la capacité de notre Organisation afin de mieux répondre aux défis du prochain millénaire.

Allocution de M. Abdulsalami Abubakar, Chef d'Etat, Commandant en chef des forces armées de la République fédérale du Nigéria

M. ABDULSALAMI ABUBAKAR, Président et Commandant en chef des forces armées du Nigéria : son pays est fermement convaincu que la question de la réforme et de la démocratisation des Nations Unies doit demeurer au centre des priorités. Processus continu, la réforme doit être adaptée aux changements rapides intervenus dans le monde et aux mesures visant à réaliser des objectifs communs avec la plus grande efficacité et la plus grande souplesse. Les Nations Unies seraient inutiles si elles manquaient d'adapter leurs structures et leur mode de gestion aux réalités actuelles. Toutefois, des progrès importants ont pu être réalisés, avec lenteur il est vrai, en raison des positions récalcitrantes que certaines délégations ou groupes régionaux ont adoptées à propos de questions fondamentales. C'est pourquoi, le Nigéria invite tous les Etats Membres à faire preuve, sans plus tarder, de volonté politique pour rénover l'Organisation, au seuil du nouveau millénaire,

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en adoptant des compromis mutuellement acceptables, susceptibles de faire progresser le processus de réforme. Concernant la réforme du Conseil de sécurité, le Nigéria regrette profondément qu'aucun progrès n'ait été accompli depuis la création du Groupe de travail chargé de la question, il y a cinq ans. La méfiance entre les Etats a compromis tout progrès dans cette voie. Le statu quo ne profite pas à l'intérêt de la majorité des Etats Membres.

Le Conseil de sécurité mérite d'être restructuré en augmentant aussi bien le nombre de sièges permanents que celui de sièges non permanents. Ses méthodes de travail et ses procédures de prises de décisions devraient être améliorées en vue de garantir une plus grande démocratisation, nécessaire au renforcement de la légitimité et de l'efficacité de ses décisions sur les questions de paix et de sécurité dans le monde. Il est indispensable, a ajouté le chef de l'Etat que des sièges permanents au sein du Conseil de sécurité soient attribués au continent africain. Il a rappelé à cet égard, la décision de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), proposant l'attribution de deux sièges permanents à l'Afrique.

Le Nigéria se déclare convaincu qu'un monde sans les Nations Unies serait inconcevable, surtout depuis la multiplication des conflits dans différentes régions du monde. Les tragédies humaines résultant de conflits internes ou entre nations africaines ont pris des proportions alarmantes. Le Nigéria salue les efforts louables du Conseil de sécurité visant à promouvoir la paix et la stabilité en Afrique. Le rôle que le Nigéria déploie dans le domaine du maintien et de la restauration de la paix est bien connu, notamment au Libéria et en Sierra Leone. Pour la première fois dans l'histoire récente de l'Afrique, un régime démocratiquement élu - en Sierra Leone - renversé par un coup d'Etat, a pu être restauré grâce à une action collective dans la sous- région. En sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Nigéria se réjouit d'avoir assuré la direction du Groupe de contrôle de la CEDEAO pour les efforts déployés dans la sous-région. Par le biais de son Comité des sept, le Groupe sous-régional participe activement à la restauration de la paix en Guinée-Bissau, où un groupe de rebelles a pris les armes contre le gouvernement démocratiquement élu. Agissant avec les groupes modérés, il a été possible de conclure, il y a quelques semaines, un cessez-le-feu. Le Nigéria a également contribué à créer au sein de l'OUA un mécanisme régional pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. La communauté internationale et les autres organes intéressés sont invités à apporter leur appui à ces efforts. Exprimant son inquiétude face à l'escalade des activités terroristes dans de nombreuses régions du monde, le Gouvernement nigérian condamne les attaques tragiques commises au Kenya et en Tanzanie. Le terrorisme constitue un des crimes les plus odieux contre l'humanité et une menace grave à la paix et à la sécurité internationales. C'est pourquoi, il est impératif de renforcer la coopération internationale pour combattre et éliminer le terrorisme sous toutes ses formes.

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Fermement engagé à mettre en place un régime civil qui sera démocratiquement élu le 29 mai 1999, le Nigéria a créé la Commission électorale nationale indépendante le 1er août dernier, dotée de pleins pouvoirs pour organiser et gérer librement les différentes étapes du processus électoral. Il n'existe aucune restriction à la formation des partis politiques et de nombreux groupes ont déjà procédé à la préparation de listes électorales. Chaque étape des élections pourrait être librement observée par des observateurs internationaux des Nations Unies, du Commonwealth et d'autres institutions.

D'autre part, conscient du respect des droits de l'homme, le Nigéria s'est fixé pour objectif de garantir, avec la coopération de la communauté internationale, le plein respect des droits fondamentaux de l'homme, la bonne gouvernance et l'Etat de droit. Le Ministre de la justice, avec la participation du Ministre de l'intérieur et de la Commission nationale nigériane des droits de l'homme, a mobilisé le pays pour décongestionner les prisons.

Suite du débat général

Son Altesse Sérénissime le Prince ALBERT de MONACO : la géographie dicte souvent le destin d'une nation. Cela est particulièrement vrai pour la Principauté de Monaco dont la vie et le développement dépendent depuis des siècles de la mer. Monaco accueille notamment plusieurs institutions internationales consacrées à l'environnement marin. Nous nous devons d'encourager les études climatologiques afin de prévenir, autant que faire se peut, des inondations aussi dramatiques que celles qui sévissent aujourd'hui au Bangladesh, en Chine et dans les régions du Chiapas au Mexique, sans parler de l'ouragan Georges qui frappe actuellement les Caraïbes.

L'Académie de la paix et de la sécurité internationale, qui se réunit régulièrement à Monaco, a consacré ses travaux cette année au thème de la mondialisation et la sécurité internationale. Ses recommandations et conclusions traitent pour l'essentiel des risques de tensions et de conflits que la mondialisation de l'économie porte en germe et des moyens les mieux appropriés pour les maîtriser. La communauté internationale commémore cette année le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cette commémoration devrait être l'occasion d'un examen de conscience collectif. La forte compétition internationale actuelle qui aggrave les déséquilibres macro-économiques n'est pas sans conséquences sur leur réalisation. En effet, les droits économiques et culturels qui sont le substrat du droit au développement ne connaissent que de rares et modestes avancées quand ils ne subissent pas des régressions. La crise financière que nous connaissons prive des millions d'hommes et de femmes de leurs droits fondamentaux or les droits de l'homme sont indissociables. Ils doivent universellement bénéficier à tous. Une réflexion s'impose et le Gouvernement Princier est parfaitement conscient que des mesures urgentes et concrètes

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doivent être encouragées tant au niveau national que mondial. La principauté de Monaco apporte son soutien total au Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, à l'action menée par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi qu'à l'action humanitaire des Nations Unies et ses efforts pour éliminer les mines terrestres antipersonnel.

Le sort des enfants peut malheureusement être dramatique dans le contexte des conflits armés, comme en dehors de ce contexte. Le Gouvernement monégasque s'est employé, depuis 1996, à procéder à la réforme de sa législation pénale pour la rendre conforme aux engagements pris à la suite du Congrès mondial de Stockholm contre l'exploitation sexuelle des enfants. La Principauté de Monaco se félicite par ailleurs de la création de la Cour pénale internationale, qui représente une mutation profonde de l'ordre international, favorable au respect des principes essentiels du droit humanitaire.

L'Afrique et l'Europe ont récemment connu une série tragique d'attentats terroristes, ce qui a entraîné une escalade inéluctable de l'emploi de la force et un risque accru de conflits. La Principauté de Monaco adhère, sans réserve, à la position du Conseil de sécurité qui a condamné fermement les actes de terrorisme. Mon pays est plus que jamais convaincu de la nécessité de renforcer la collaboration internationale en vue de lutter encore plus efficacement contre ce fléau qui représente une grave régression dans les relations entre les hommes, les Nations et les peuples. Le Gouvernement princier examine actuellement la possibilité d'adhérer à la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif.

M. LAMIME KAMARA, Ministre des affaires étrangères de la République de Guinée : il n'est pas besoin de rappeler les nombreux conflits internes survenus en Afrique au cours des dernières années. Dans la région Ouest africaine, le fait pour les Etats membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) d'avoir pris collectivement conscience qu'il fallait faire de notre sous-région une zone de paix et de sécurité a contribué à restaurer la paix au Libéria et a permis le retour à une vie constitutionnelle en Sierra Leone. Ces succès, qui sont les résultats de la volonté unanime de nos peuples de gérer leurs propres affaires, attestent de la viabilité de nos institutions d'intégration, comme instruments indispensables de prévention, de gestion et de règlement des conflits. J'appelle l'attention de la communauté internationale sur la nécessité de renforcer la coopération et l'assistance accordée aux mécanismes de maintien de la paix mis en place par les organisations sous-régionales. Pour consolider la paix et la sécurité dans la sous-région Ouest africaine, la communauté internationale doit également aider les économies du Libéria et de la Sierra Leone à retrouver le chemin de la croissance. Le Gouvernement guinéen a exprimé, dès le début du conflit en Guinée Bissau, sa vive préoccupation en raison des liens géographiques, historiques et

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socio-culturels qui unissent les deux pays. L'existence d'un Accord d'assistance mutuelle de défense signé le 25 janvier 1980 et l'invitation expresse lancée par le Président démocratiquement élu justifient l'envoi d'un contingent guinéen en Guinée Bissau. Nous sommes persuadés que l'action complémentaire de la CEDEAO et du Groupe de contact de la Communauté des pays lusophones permettra d'atteindre les objectifs visés que sont la cessation du conflit et la restauration de la paix et de la sécurité en Guinée Bissau.

La préservation des acquis de la démocratisation en Afrique commande à la communauté internationale l'adoption de nouvelles normes plus contraignantes interdisant toute prise de pouvoir par la force et bannissant au plan international, régional et sous-régional, leurs auteurs. La mise en oeuvre de telles mesures contribuera à la consolidation de la diplomatie préventive et permettra, dans le respect des droits de l'homme, de sauvegarder la paix et la sécurité à l'intérieur de nos Etats. Au sujet des réfugiés et des personnes déplacées, je renouvelle l'appel du Gouvernement guinéen en faveur d'une assistance substantielle en vue d'aider la République de Guinée à mieux supporter le poids de la présence des réfugiés. Nous saluons l'heureuse initiative du Secrétaire général des Nations Unies qui a organisé du 9 au 10 juillet 1998 à New York, une consultation spéciale sur la République de Guinée. Nous exhortons tous les partenaires à poursuivre avec nous l'action engagée en faveur de la Guinée, tout particulièrement dans le domaine de l'environnement qui a été fortement dégradé par la présence massive des réfugiés. Nous suivons avec une attention particulière les derniers développements de la situation politique dans la région des Grands Lacs et notamment la crise en République démocratique du Congo. Nous lançons un appel pressant aux parties en conflit afin qu'ils observent un cessez-le-feu et respectent l'intégrité territoriale de la République démocratique du Congo.

Pour ce qui est de la promotion du droit au développement, les Etats africains restent toujours confrontés au défi du développement, de l'endettement et aux effets négatifs d'une mondialisation qui n'est pas encore maîtrisée. Cette situation aggravée, par les conséquences néfastes des conflits, affaiblit nos Etats et les expose à de nouvelles et dangereuses convoitises étrangères. La mise en oeuvre d'une politique concourant à réduire progressivement les déséquilibres entre pays nantis et pays en développement, contribuerait à l'émergence d'un véritable marché planétaire par la création de pôle de développement sur tous les continents. Il s'agit, en fait, de favoriser l'insertion de chaque pays dans le flux des échanges mondiaux. Si des mesures urgentes et appropriées ne sont pas adoptées, les sacrifices consentis risquent d'être vains. Nous souhaitons qu'une attention particulière soit accordée à la situation du continent africain et nous lançons un appel à la communauté internationale et aux pays développés pour qu'ils maintiennent et accroissent l'aide publique au développement. A cet égard, l'Agenda pour le développement mérite d'être vivement soutenu afin de favoriser sa mise en oeuvre effective.

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Par ailleurs, la question du désarmement et de la non prolifération des armes de destruction massive reste toujours un sujet de préoccupation. Seul un désarmement général et complet serait à même de prévenir tout risque de prolifération. Dans la sous-région africaine, la circulation illicite d'armes légères met en péril l'équilibre interne de nos Etats. Dans le cadre de la prévention des conflits en Afrique de l'Ouest, une coopération sous-régionale est en cours de réalisation pour éradiquer ce fléau. Nous invitons les autres régions de l'Afrique à soutenir cette initiative et à oeuvrer à la mise en place de structures appropriées en vue d'endiguer la circulation illicite des armes légères et faire de l'Afrique une zone de paix et de sécurité.

M. RAFIC HARIRI, Premier Ministre et Président du Conseil des ministres de la République libanaise : à l'aube du XXIe siècle, il faut parachever le processus de réforme de l'Organisation des Nations Unies engagé par le Secrétaire général avec, entre autres, un élargissement de la composition et de la représentativité du Conseil de Sécurité qui permettrait à un plus grand nombre - notamment aux petits Etats - de participer à l'élaboration des décisions relatives à la paix et à la sécurité internationale.

Le temps est venu de résoudre les problèmes en suspens, en particulier ceux du Moyen-Orient. Une solution doit par exemple être trouvée concernant la question des trois îles du Golfe opposant les Emirats arabes unis à l'Iran, de manière à rendre leur droit à leurs détenteurs légitimes. Dans le souci de promouvoir la paix et la sécurité, nous réclamons l'instauration d'une zone dénucléarisée et d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient.

J'ai toujours affirmé que le Liban était très attaché aux principes de démocratie, de liberté et aux droits de l'homme. Dans ce contexte, nous voudrions réaffirmer notre condamnation du terrorisme sous toutes ses formes - politique, économique ou culturel - et quels qu'en soient les auteurs - terrorisme des individus ou terrorisme des Etats. Le Liban condamne les attentats contre les civils et les ambassades ou missions diplomatiques, ainsi que les actes de piraterie aérienne et toute atteinte portée aux civils. Toutefois, le droit des peuples à résister aux forces d'occupation étrangères ne doit pas être assimilé à une action terroriste.

La poursuite de l'occupation israélienne d'une partie du Sud-Liban et de la Békaa-Ouest nous conduit à réaffirmer la nécessité de la mise en oeuvre, par Israël, de la résolution 425 du Conseil de Sécurité, lui enjoignant de se retirer complètement et inconditionnellement du territoire libanais et ce, jusqu'aux frontières internationalement reconnues. Nous en appelons aux organisations internationales pour qu'elles garantissent avec plus d'efficacité la mise en oeuvre des résolutions représentant la légalité internationale et qu'elles fassent peser les pressions nécessaires sur l'agresseur. Les négociations en vue d'aboutir à la paix juste et globale, auxquelles nous avons toujours donné notre aval, ne pourront se dérouler

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que sur les bases retenues par la Conférence de Madrid, notamment sur la base du principe de la terre en échange de la paix. Elles devront emprunter deux voies interdépendantes, parallèles et inséparables : celle des négociations entre le Liban et la Syrie d'une part, et les négociations entre la Syrie et Israël d'autre part.

Tant que l'occupation durera et tant que les attaques se poursuivront, nous ne nous départirons pas de notre droit à résister et à utiliser tous les moyens légitimes utilisés avant nous par d'autres peuples qui s'étaient trouvés sous l'occupation. La résistance libanaise au Sud-Liban et dans la Békaa-Ouest est un droit légitime que le peuple libanais appuie dans sa totalité. Nous oeuvrons inlassablement, aidés en cela par des pays frères ou amis et par l'efficacité de l'Organisation de la Croix-Rouge, à la libération de tous les Libanais actuellement détenus dans les prisons israéliennes. Nous demandons aux Nations Unies est aux organisations humanitaires d'accorder à cette question une importance prioritaire.

Le Liban aujourd'hui est victime d'une double injustice: il est, d'une part, constamment en butte aux attaques israéliennes que rien ne saurait justifier si ce n'est la logique de l'occupation et le prétexte boiteux de la sécurité israélienne. Et, d'autre part, l'impuissance de la communauté internationale à affirmer le droit qui lui revient, en mettant en oeuvre les résolutions justes adoptées par l'Organisation des Nations Unies, notamment la résolution 425. Il est du droit du Liban de réclamer à la communauté internationale et à l'Organisation des Nations Unies qui représente la légalité internationale, de faire respecter ses résolutions et de garantir le retrait par Israël de notre territoire.

Pour conclure, j'aimerais m'adresser au peuple israélien pour lui dire que les Arabes et plus précisément le Liban et la Syrie, ont pris une décision stratégique en optant pour la paix. C'est le choix difficile, mais c'est le choix stratégique auquel nous nous tenons, pour lequel nous oeuvrons, pour le devenir de notre Nation et l'avenir de nos enfants. A Israël aussi de s'engager sur cette voie, pour l'avenir de ses enfants.

Mme ZDENKA KRAMPLOVA, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie : dans le cadre général des questions liées à la paix et à la sécurité internationales, la Slovaquie place au centre de ses priorités les questions du contrôle des armes et du désarmement. La Slovaquie appuie l'idée de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins exclusivement pacifiques et est un fervent défenseur du respect inconditionnel et universel du Traité de non-prolifération des armes nucléaires et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. La Slovaquie participe activement aux travaux du Comité préparatoire de la Sixième Conférence d'examen du TNP et, à cet égard, appuie pleinement l'universalité de ces deux Traités. En mars dernier, le Gouvernement slovaque a achevé le processus de ratification du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. La Slovaquie appuie pleinement

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l'expertise qualifiée et objective de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à la fois dans le domaine de l'élimination de la menace nucléaire et de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. En outre, la Slovaquie qui attache une grande importance à la question des mines terrestres anti-personnel, a signé en décembre 1997, la Convention d'Ottawa. La procédure de ratification de la Convention est en cours. L'ouverture des négociations sur l'interdiction complète des mines terrestres anti-personnel à la Conférence sur le désarmement pourrait constituer une étape très importante vers l'élimination complète de ces armes. Le processus d'Ottawa et la Conférence sur le désarmement sont complémentaires. La Slovaquie qui possède une expérience en matière de déminage souhaite jouer un rôle actif dans le processus d'élimination totale des mines terrestres anti-personnel. Dans le domaine des armes chimiques et biologiques, la République slovaque appuie l'amélioration du système de vérification de ces armes et également l'élimination du transfert illégal de ces armes. La Slovaquie envisage de renforcer la transparence dans le contrôle des armes et, à cet égard, le renforcement du rôle du Registre des Nations Unies des armes conventionnelles.

Concernant le règlement des conflits, la Slovaquie appuie les efforts visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans le domaine de la diplomatie préventive, du système d'alerte rapide et de l'utilisation efficace des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. La participation active de la Slovaquie dans les opérations de maintien de la paix atteste de son engagement continu. La participation des contingents slovaques aux opérations de maintien de la paix en ex-Yougoslavie a été appréciée dans de nombreuses instances. Le Gouvernement slovaque appuie les efforts des Nations Unies visant à renforcer son rôle pour un déploiement rapide des forces de maintien de la paix des Nations Unies, notamment la Mission de déploiement rapide. Dans le processus de reconstruction et de restauration post-conflit, il est de la plus haute importance qu'une approche multifonctionnelle, en étroite coopération avec les institutions régionales, les organisations non gouvernementales et les institutions humanitaires, soit observée.

Dans le cadre de la coopération régionale, la Slovaquie souligne l'importance de respecter les besoins propres à chaque région. Les activités des commissions régionales des Nations Unies doivent être étroitement coordonnées avec les activités des autres institutions régionales extérieures au système des Nations Unies. Conformément à la résolution 52/201 de l'Assemblée générale, le Gouvernement slovaque a accueilli, à Bratislava du 4 au 15 mai 1998, la quatrième session de la Conférence des Etats Parties à la Convention sur la diversité biologique. Au total, 169 Etats Parties à la Convention ont participé à la Conférence, sous la présidence du Ministre slovaque de l'environnement. La Slovaquie souligne que l'assistance humanitaire internationale constitue une des pierres angulaires de la responsabilité de la communauté internationale.

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M. JOZIAS VAN AARSTEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas : les Pays-Bas sont candidats aux élections à venir des membres non permanents du Conseil de sécurité. Par conséquent, il semble approprié d'expliquer ici nos positions sur certaines questions clefs auxquelles se trouvent confrontées les Nations Unies aujourd'hui. Les Pays-Bas pourraient être qualifiés de "nation qui répond" aux demandes et attentes du monde, une nation qui a des opinions tranchées mais également un grand coeur. Nous prenons au sérieux nos engagements en vertu de la Charte des Nations Unies et, au cours des années, nous avons poursuivi les buts et objectifs des Nations Unies. Dans le domaine de la paix et de la sécurité, les Pays-Bas ont participé jusqu'ici à vingt opérations de maintien de la paix, dont trois sont en cours et plus de 1650 soldats hollandais sont actuellement engagés dans des missions de maintien de la paix et de supervision internationale. Cependant le maintien de la paix devrait constituer une réponse de la communauté internationale à la nécessité de gérer les conflits et, pour notre part, nous croyons en un continuum entre la prévention, le maintien, la reconstruction et le développement. La plupart des conflits prenant place dans les pays en développement, le monde développé ne saurait se détourner de ces pays une fois que les armes se sont tues. L'aide d'urgence et les initiatives politiques devraient être intégrées à une planification à long terme du développement, de la reconstruction et de la réconciliation. Notre ferme volonté d'interdire les armes de destruction massive constitue un autre pilier de la politique étrangère hollandaise, notre objectif étant de renforcer le régime de la non-prolifération.

Dans le domaine du développement de relations amicales entre les nations, autre objectif des Nations Unies, les Pays-Bas entretiennent de bonnes relations avec des pays du monde entier. L'Afrique se trouve en tête de liste de l'agenda politique et de développement des Pays-Bas avec notamment plus de 600 millions de dollars d'aide l'année dernière. Nous encourageons les pays africains à consolider la paix, la stabilité et la démocratie. Les relations entre les Pays-Bas et l'Asie remontent au 16ème siècle, ce qui se traduit de nos jours par des mécanismes multilatéraux et des initiatives européennes et asiatiques pour aider l'Asie à faire face à la crise qui la frappe. Les Pays-Bas sont également déterminés à aider les pays de l'Europe centrale dans leur transition vers l'économie de marché et vers la démocratie. Pour ce qui est du monde arabe, nous persistons notamment à apporter un soutien important au peuple palestinien.

L'élimination de la pauvreté constitue la priorité absolue des politiques d'aide au développement des Pays-Bas qui recherche, ce faisant, un équilibre entre l'aide économique, sociale et environnementale. Nous sommes en faveur d'un développement durable à la fois en termes de besoins fondamentaux humains, de respect des droits de l'homme et de construction des capacités humaines. Les Pays-Bas occupaient la troisième place des pays donateurs en 1997 pour ce qui est de l'aide au développement en termes absolus. Le nouveau Gouvernement des Pays-Bas est plus que jamais convaincu

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de l'importance de la coopération multilatérale pour le développement et se propose d'augmenter davantage le montant de son aide multilatérale, y compris envers le système des Nations Unies, au cours des prochaines années.

Dans l'hypothèse ou les Pays-Bas seront un membre non permanent du Conseil de sécurité pour les deux années à venir, notre objectif sera de faire prévaloir le droit international, d'intensifier les relations avec les pays qui ne sont pas membres du Conseil, et de veiller à la transparence.

M. THEODOROS PANGALOS, Ministre des affaires étrangères de la Grèce : la restructuration et l'élargissement du Conseil de sécurité à de nouveaux membres intéresse particulièrement la Grèce. L'élargissement du Conseil de sécurité doit être conforme à la fois à la Charte des Nations Unies et répondre aux nouvelles réalités du monde actuel.

Pour ce qui est de l'économie mondiale, la mondialisation nous procure de nouvelles opportunités et offre des avantages potentiels. Elle comporte néanmoins des risques. La communauté internationale doit se servir de façon optimale des instruments et des institutions financières internationales afin de résoudre les crises et répondre aux défis de la mondialisation.

Afin de parvenir à une meilleure intégration des pays en voie de développement à l'économie mondiale, deux aspects méritent notre considération. Tout d'abord une extension rapide et déterminée de l'allégement de la dette. Ensuite, un meilleur accès au marché afin que les pays en voie de développement puissent effectivement profiter des avantages commerciaux offerts par le Cycle de l'Uruguay.

Il y a un an, je formulais ici même le voeu de voir la Turquie abandonner sa politique intransigeante à propos de Chypre. En vain. Les efforts du Secrétaire général, M. Kofi Annan, et de son Conseiller spécial, M. Cordovez, pour relancer le dialogue entre communautés ont été contrariés. Vingt-quatre ans après son invasion, Chypre reste une île divisée et les forces d'occupation turques renforcent leur présence. Il est temps pour la communauté internationale de soutenir les efforts du Secrétaire général, dans l'application de son mandat, pour amener les deux communautés autour d'une table de négociation et lancer un dialogue à propos d'un désarmement progressif dans le but de parvenir à la démilitarisation totale de l'île.

La Grèce souhaite établir des relations de bon voisinage avec la Turquie, fondées sur les principes du droit international et le respect des traités internationaux.

La Grèce accorde une attention toute particulière à ses relations avec l'Albanie. Elle considère qu'il est de son devoir d'aider l'Albanie à surmonter les difficultés auxquelles elle fait face. La Grèce s'inquiète de la situation dans la République fédérale de Yougoslavie et plus

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particulièrement dans la région du Kosovo, où la situation est critique. La Grèce entend continuer à se joindre à tous les efforts internationaux pour trouver une solution pacifique au Kosovo. La Grèce note avec satisfaction les progrès enregistrés en Bosnie dans la mise en oeuvre des accords de Dayton. Elles soutient l'élargissement de l'Union européenne aux dix pays de l'Europe centrale et de l'Est qui ont présenté leur candidature ainsi qu'à Chypre. Elle est en faveur d'un processus d'intégration global pour tous les candidats.

A propos des Jeux olympiques, qui auront lieu en Grèce en 2004, nous proposons la création d'un Centre international pour la trêve olympique sur le site historique de l'Olympe, ainsi que la création des premiers Jeux olympiques culturels. Le travail préparatoire a déjà commencé entre le Comité international olympique, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Gouvernement grec.

Je propose la candidature de mon pays en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité pour la période 1999-2000.

Nous condamnons le terrorisme sous toutes ses formes.

M. ABDELLATIF FILALI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc : le conflit du Moyen-Orient demeure l'un des foyers de tension les plus importants et les plus complexes qui menace la paix et la sécurité dans le monde. Les multiples résolutions des Nations Unies n'ont guère réussi à résoudre ce problème et à rétablir le peuple palestinien dans ses droits inaliénables et légitimes, ni à amener Israël à évacuer les territoires palestiniens, y compris la Ville sainte d'Al-Qods, et les autres territoires arabes occupés au Golan syrien et au Sud Liban. Bien plus, Israël s'est obstiné à opposer refus et défi à ces résolutions. A cet égard, le gouvernement israélien actuel renie les accords conclus dans le cadre du processus de paix issu de la Conférence de Madrid et les rencontres d'Oslo. Cette politique a déçu grandement tous les espoirs et replongé la région dans le désespoir et l'instabilité. Cette remise en cause apparaît clairement à travers les atermoiements d'Israël et ses tentatives d'imposer la politique du fait accompli par la construction de nouvelles colonies de peuplement dans les territoires occupés, violant ainsi le droit international et la pratique établie. La situation s'est sensiblement détériorée ces derniers temps du fait de l'application par Israël d'une politique de judaïsation de la Ville sainte d'Al-Qods, en modifiant ses réalités "civilisationnelles" et humaines et l'encerclant par des colonies de peuplement. C'est dans ce contexte que s'inscrit la dernière mesure administrative prise par le Gouvernement israélien, en juin dernier, visant l'extension de la juridiction de la municipalité d'Al-Qods dans le cadre du projet du "Grand Jérusalem". Le monde islamique dans son ensemble condamne et rejette catégoriquement ces mesures qui modifient le statut de la Ville d'Al-Qods en tant que partie intégrante

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des territoires palestiniens occupés depuis 1967 et les considère nulles et non avenues. Cette position a été réaffirmée par le Comité Al-Qods de l'Organisation de la Conférence islamique qui s'est réuni sous la présidence du Roi Hassan II, en juillet dernier. Le Maroc demeure convaincu que toute solution à cette crise est tributaire du respect de la lettre et de l'esprit des accords conclus entre les parties ainsi que de l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité garantissant au peuple palestinien son droit à l'autodétermination et à l'établissement d'un Etat indépendant avec Al-Qods pour capitale et le retour de tous les autres territoires arabes occupés à leur pays d'origine.

Pays riverain de la Méditerranée et situé aux portes de l'Europe, le Maroc accorde toujours une attention particulière à la consolidation de la coopération euro-méditerranéenne. Le Maroc regrette profondément la persistance de la situation des villes marocaines de Sebta, Melilla et les îles avoisinantes qui demeurent sous domination espagnole alors que l'ère de la colonisation est révolue et exprime sa préoccupation à ce sujet. Le Roi du Maroc avait suggéré la création d'une cellule de réflexion maroco-espagnole devant constituer le cadre approprié pour trouver une solution qui préserve la souveraineté marocaine sur ces territoires tout en tenant compte des intérêts économiques de l'Espagne. Bien que les autorités espagnoles n'aient pas encore réagi à cette revendication légitime, le Maroc demeure convaincu que les liens historiques séculaires et les impératifs économiques qui le lient à son voisin espagnol sont de nature à conduire les deux pays à trouver une formule permettant de régler définitivement ce problème. S'agissant de l'évolution du processus référendaire dans les provinces du Sud du Maroc, ou ce que l'on appelle le Sahara occidental, il subsiste encore des difficultés. Depuis le début, le processus d'identification avait été bloqué parce que l'autre partie, bien qu'elle n'en ait pas le droit, avait refusé de participer à l'identification d'un grand nombre de candidats. Pourtant, ces candidats répondaient aux critères convenus et avaient été enregistrés par la MINURSO. Le Maroc se trouve face au refus de l'autre partie de participer à l'identification de ces mêmes candidats, qui s'étaient pourtant présentés conformément aux Accords de Houston et qui avaient été acceptés par l'autre partie. Ces accords confirmaient le droit des candidats à l'identification et réaffirmaient la validité du témoignage oral. S'ils étaient respectés, le problème des Sahraouis authentiques qui n'avaient pu exercer un droit reconnu depuis longtemps par l'ONU, aurait été résolu définitivement. L'insistance acharnée sur l'exclusion d'une importante partie des Sahraouis de la participation au référendum crée de plus en plus de doutes sur la volonté de l'autre partie d'assurer les conditions nécessaires à la tenue d'un référendum juste et transparent.

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M. ROBERTO ROBAINA GONZALEZ, Ministre des affaires étrangères de Cuba : dans une de ses moitiés, le monde chancelle sous les effondrements qui secouent ses bourses de valeur, dans l'autre moitié, nous chancelons aussi, non pas à cause de bourses de valeurs que nous n'avons pas, mais parce que tout le poids du krach financier mondial s'abat sur nous d'une manière impitoyable. L'inévitable mondialisation à laquelle nous aurions dû parvenir sur un chemin de fraternité, de solidarité et de coopération, fait irruption aujourd'hui, si néolibéralisée, que jusqu'à la pensée économique libérale qui lui a servi de fondement ne se reconnaîtrait pas dans ce nouveau dogme. Cette mondialisation de l'économie mondiale a multiplié les avantages dont jouissent les pays développés, au détriment des économies en sous-développement croissant, les rendant ainsi plus vulnérables à des facteurs extérieurs qui échappent à leur contrôle, tels que la dette extérieure, l'aggravation des termes de l'échange, l'élargissement de l'écart technologique et l'érosion continue des cours des produits de base. La coopération internationale et l'aide publique au développement qui passent par différentes organisations du système des Nations Unies ont tendance à diminuer, ce qui a des répercussions sur l'efficacité du travail de celui-ci dans le domaine du développement. Pis encore, nous sommes témoins de tentatives visant à la conditionner toujours plus à des exigences politiques qui bafouent les Etats nationaux, sapent la souveraineté de pays et de peuples et portent atteinte à la gouvernance démocratique. On nous demande avec insistance pourquoi nous exigeons une démocratisation des Nations Unies et une réforme profonde de ses institutions. Le Dow Jones s'effondre, les pays font faillite, des millions d'être humains souffrent de la faim et de maladies, et nous devrions pourtant accepter dans cette Assemblée que ceux qui ont déclenché cette folie nous détruisent le seul espace vraiment démocratique où nous pouvons agir unis. Jusqu'à quand permettrons-nous en plus qu'ils nous empêchent de mettre fin à la dictature du Conseil de sécurité qui refuse non seulement d'être élargi, mais encore de renoncer au veto. Tant que cet organe ne sera pas plus équitable, tant que tous ses membres ne jouiront pas de droits identiques, tant que notre tiers monde n'y sera pas dûment représenté, on ne pourra pas parler d'un Conseil source de légitimité et de sécurité.

Pour Cuba, la seule chose loyale et sincère est de mettre en garde le monde et de lutter pour des valeurs de liberté, de justice, de dignité et d'humanisme. C'est à cela qu'il faudrait utiliser les ressources des Nations Unies. C'en est assez de politiser les budgets au nom d'une prétendue efficacité, comme si les millions d'enfants qui meurent en Afrique de maladies curables, ou les millions d'analphabètes en Amérique latine étaient des boulons ou du combustible surconsommé. Qu'on honore toutes ses dettes, qu'on défende le barème des quotes-parts actuel et qu'on renforce l'action de l'OMS, de l'UNICEF et d'autres institutions spécialisées qui ont vraiment travaillé.

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Cuba, qui a souffert du terrorisme, ne peut pas ne pas condamner ces actes, ces méthodes et ces pratiques, et censurer en tout premier lieu ceux qui fomentent, soutiennent, financent ou tolèrent ces actions. Tout en défendant les valeurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme, nous devons avoir le courage d'en reconnaître les limitations historiques et conceptuelles qui indiquent que le moment est venu pour rédiger une nouvelle Charte internationale des droits de l'homme, à la mesure des besoins du nouveau millénaire. Cette Charte reconnaîtra notamment le droit au développement comme un droit de l'homme fondamental, universel et inaliénable et qui tiendra compte des particularités nationales et régionales.

Défiant ouvertement la communauté internationale, les paladins de la fin des idéologies et des marchés ouverts ont adopté de nouvelles mesures extraterritoriales visant à renforcer leur blocus contre Cuba, malgré six appels consécutifs de cette Assemblée générale à mettre fin à ce qu'on a qualifié de violation la plus grave des droits de l'homme d'un peuple entier. Cuba fait partie des rares membres de cette Organisation qui ont présenté sans faute et à temps périodiques aux organes de traités auxquels elle est partie. Aussi, tout en dénonçant de nouvelles visées et en tentant d'éviter à cette Assemblée des exercices inutiles, renouvelons-nous la pleine disposition de Cuba au dialogue et à la coopération multilatérale et bilatérale avec tous les Etats. Aucun diktat ne règlera les problèmes. La communauté internationale ne devrait jamais permettre qu'une cause aussi noble et aussi urgente que les droits de l'homme serve d'otage à de vils intérêts politiques.

Nous les pauvres nous sommes si nombreux et notre pauvreté est telle que si nous nous unissons, l'union de notre pauvreté sera notre plus grande richesse et que nous aurons dès lors plus de pauvreté qu'il n'en faut pour devenir immensément riches. Oublions nos différences, chargeons-nous du salut de l'humanité et faisons en sorte que le monde puisse compter sur notre sincère vote de pauvres, et, en tout état de cause, également sur notre veto.

Droits de réponse

L'Observateur permanent de la Palestine a fait observer que, dans son allocution de ce matin, le Premier Ministre israélien n'a nullement fait allusion à la résolution des Nations Unies qui envisageait la création d'un Etat palestinien, ni même aux résolutions qu'Israël n'a pas respectées. Le Premier Ministre a omis de préciser que 100% des Palestiniens, dans les territoires occupés, ne peuvent pas se déplacer librement pour se rendre d'un point à l'autre à l'intérieur de ces territoires. Israël parle de transfert d'argent aux Palestiniens tout en oubliant de reconnaître que cet argent appartient aux Palestiniens eux-mêmes. Les accords de transition expirent en 1999. Les Palestiniens vivent dans une zone isolée et sont privés de leurs droits. Ils subissent le même sort que dans un régime d'apartheid. Le représentant a rappelé que les Palestiniens sont un peuple fier qui mérite de jouir de ses droits fondamentaux.

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Le représentant de l'Iraq a estimé que les propos du Premier Ministre israélien, tenus ce matin, constituent une négation du respect du droit. Il a rappelé que le Premier Ministre israélien a été formé au sein même d'un groupe terroriste redoutable. L'histoire de son pays est connue. Le monde entier sait qu'Israël possède plus de 200 têtes d'ogives nucléaires. Israël refuse d'adhérer au Traité de non-prolifération des armes nucléaires. En outre, Israël continue de violer l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale du Sud-Liban.

Le représentant de la Turquie a déclaré que, suite aux accusations faites par le Ministre des affaires étrangères grec à l'égard de la Turquie, il faut rectifier les erreurs et éviter que des informations erronées circulent librement. Pour ce qui est des relations entre la Grèce et la Turquie, le Ministre grec a une mémoire sélective. Il ne s'agit pas de faire de la méditerranée un lac grec. Permettez-moi de rappeler que notre Premier ministre, ce matin même, a appelé les deux parties à reprendre le dialogue et j'exhorte la partie grecque à y donner suite. En ce qui concerne la question de Chypre, les Chypriotes se rappellent du nettoyage ethnique dont ils ont été victimes de la part des Chypriotes grecs. La Grèce continue de faire obstacle à une réconciliation entre les deux parties de l'Ile. La Turquie continue d'avoir la volonté de protéger les Chypriotes qui souffrent des efforts de nettoyage ethnique de la part de la Grèce.

Le représentant de l'Iran a souligné que dans l'une des déclarations faites ce matin, on a parlé de la capacité militaire de la République islamique d'Iran. L'Iran souhaite rappeler sa position en la matière. La seule menace à la stabilité du Moyen-Orient vient de la capacité nucléaire israélienne et de son accès à des technologies avancées en matière de missiles. La tentative d'Israël de recourir à des affirmations gratuites et non fondées relève d'une manoeuvre politique. L'Iran, qui est victime des armes de destruction massive, est partisante d'une zone démilitarisée, exempte de ce type d'armes au Moyen-Orient. Le Président Khatami est intervenu à l'Assemblée dans ce sens. En tant que victime, et consciente des terribles effets produits par les armes de destruction massive, l'Iran veut être au nombre des Etats qui ont encouragé leur disparition. La République islamique d'Iran est déterminée à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Le représentant de l'Espagne, faisant référence aux villes de Ceuta et Melilla, a fait remarquer que ces lieux font partie intégrante du territoire espagnol et sont représentés au Parlement espagnol au même titre que les autres régions du pays.

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