LES PAYS EN DEVELOPPEMENT PRECONISENT UNE REFORME DU CONSEIL DE SECURITE QUI LEUR ASSURE UNE REPRESENTATION EQUITABLE
Communiqué de Presse
AG/796
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT PRECONISENT UNE REFORME DU CONSEIL DE SECURITE QUI LEUR ASSURE UNE REPRESENTATION EQUITABLE
19980923 Appel à une coexistence internationale fondée sur le respect des droits de l'homme, la justice et la solidaritéAu cours de la poursuite, cet après-midi, du débat général de l'Assemblée générale, la plupart des participants ont estimé que la réforme de l'Organisation devait se poursuivre avec pour objectif de garantir une représentation équitable des pays en développement au Conseil de sécurité. Si beaucoup se sont prononcés en faveur d'une augmentation du nombre des membres permanents, le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne a, en revanche, fait valoir qu'en l'absence d'un large consensus, il n'y avait pour l'instant pas d'alternatives sérieuses à la seule augmentation du nombre de sièges non permanents.
Un grand nombre d'intervenants ont en outre réaffirmé leur attachement aux droits de l'homme et leur conviction que le respect des droits de l'homme est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité aussi bien nationales qu'internationales. Ainsi, le Nicaragua s'est-il engagé dans un processus de consolidation de la paix dans la voie d'une démocratie qui repose sur le plein respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Dans le même sens, les intervenants ont souligné qu'il ne saurait y avoir de paix sans développement et ont insisté sur le renforcement de la coopération et de la solidarité, en particulier à l'égard des pays en développement et afin d'éviter le danger d'une marginalisation totale des pays les moins avancés.
S'agissant du désarmement, les participants au débat ont exprimé leur préoccupation à la suite des récents essais nucléaires, qui prouvent, selon le Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, l'urgence de l'entrée en vigueur des traités internationaux en la matière. A ce sujet, le Premier Ministre du Pakistan s'est déclaré prêt à adhérer au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Il a toutefois estimé que les essais menés par son pays en réponse à ceux de l'Inde, ont servi la cause de la paix et de la stabilité dans la région en rétablissant l'équilibre de la dissuasion.
L'Assemblée générale a entendu les allocutions des chefs d'Etats et de gouvernements suivants: M. Hassan Gouled Aptidon, Président de la République du Djibouti; M. Ibrahim Maïnassara Baré, Président de la République du Niger;
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M. Arnoldo Aleman Lacayo, Président du Nicaragua et M. Mohammad Nawaz Sharif, Premier ministre de la République islamique du Pakistan. Elle a en outre entendu les Ministres des affaires étrangères suivants: M. Jaime Gama (Portugal), M. Borys Tarasyuk (Ukraine), M. José Miguel Insulza (Chili), M. Abel Matutes (Espagne), M. Jan Kavan (République Tchèque), Mme Lena Hjelm-Wallén (Suède), M. David Andrews (Irlande) ainsi que M. Eduardo Latorre, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la République dominicaine.
En début de séance, le Président a indiqué que le Burundi et la République de Moldova avaient ramené le niveau de leurs arriérés en-deçà de la limite fixée par l'Article 19 de la Charte.
En fin de réunion, les représentants du Rwanda, de l'Ouganda, de l'Iran, du Royaume-Uni, de la République démocratique du Congo et des Emirats arabes unis ont exercé leurs droits de réponse.
L'Assemblée générale poursuivra son débat général, demain, jeudi 24 septembre, à partir de 10 heures et entendra notamment les allocutions des représentants des pays suivants: Etats fédérés de Micronésie, République du Honduras, République du Venezuela, Israël, Inde, Pologne, Turquie et Bulgarie.
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Allocution de M. Hassan Gouled Aptidon, Président de la République de Djibouti
M. HASSAN GOULED APTIDON, Président de la République de Djibouti : au début du mois d'août dernier, l'Afrique australe a été plongée dans un état de choc profond et de chagrin à la suite des attentats à la bombe simultanés à Nairobi et Dar es-Salaam, dans lesquels plus de 260 personnes ont trouvé la mort. Djibouti condamne sans réserve ces actes terroristes ignobles. Djibouti tient aussi à exprimer son inquiétude face à l'initiative prise récemment par les Etats-Unis au Soudan. Des doutes de plus en plus profonds subsistent quant à la justification de cette attaque aérienne ayant détruit l'usine pharmaceutique de El-Shifa. Il incombe donc aux Etats-Unis de produire d'autres preuves pour appuyer leurs accusations. Nous demandons également aux Nations Unies d'entreprendre une enquête indépendante pour déterminer si l'usine fabriquait vraiment des armes chimiques comme on l'a prétendu.
Il y a un peu plus de 50 ans, le monde a entrepris de mettre fin au fléau de la guerre, d'éliminer la pauvreté et de créer un monde de liberté et de justice pour tous. Certes, de grands succès ont été remportés, mais cette décennie a aussi été témoin d'une tendance à la fragmentation des sociétés, de la propagation des troubles et des conflits civils et du resserrement du piège de la pauvreté. Nous constatons aussi que des violations des droits de l'homme continuent d'être perpétrées et nous nous inquiétons sans cesse de savoir si les Nations Unies seront dotées des compétences, des ressources et des mandats qui leur permettront d'intervenir en temps voulu en cas de violations flagrantes de ces droits. Les mesures visant à prévenir les violences les plus abominables ne doivent pas uniquement être circonscrites à la résolution des conflits ethniques et politiques, mais inclure également le problème social que pose le sous-développement chronique. Si la Charte demeure un document valable, les Nations Unies d'aujourd'hui doivent viser à s'insérer dans les réalités du nouveau millénaire. Des structures anachroniques et un mode de pensée désuet ne peuvent coexister avec les besoins et les perceptions d'aujourd'hui. Le Conseil de sécurité, en particulier, doit se résoudre à subir une transformation profonde tant en termes de structure que de fonctions, pour rendre plus équitable la représentation géographique des pays en développement et des pays développés.
Les hostilités qui ont soudain éclaté entre nos voisins, l'Ethiopie et l'Erythrée, nous ont profondément consternés et les signes tangibles nous permettant d'espérer pouvoir sortir de l'impasse sont rares. Aujourd'hui, je prie instamment les dirigeants de ces deux pays de donner sa chance à la paix.
S'il ne fait aucun doute que la rapidité de la mondialisation, ainsi que de l'intégration de l'économie internationale sont synonymes d'immenses avantages pour de nombreux pays, plusieurs autres et leurs populations, en particulier dans le monde en développement, se retrouvent cependant marginalisés et sont incapables de s'adapter au rythme rapide de
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l'intégration. Il convient en particulier d'accorder une attention spéciale aux pays les moins avancés, afin d'éviter qu'ils ne sombrent de plus en plus profondément dans l'abîme de la pauvreté et de la désintégration. Malgré la reprise économique enregistrée récemment, l'Afrique doit encore s'attaquer à une perception erronée de la part des pays développés, selon laquelle le flux des investissements privés peut se substituer à l'aide publique au développement. Le danger d'une marginalisation prolongée et indéfinie est bien réel. La politique tant vantée, qui consiste à apporter des "solutions africaines aux problèmes africains", l'un des précurseurs du désengagement de l'Occident, semble s'appuyer sur un certain nombre de prémisses pour le moins ténues. Le fait est que l'Afrique ne peut pas s'en sortir seule, elle a besoin de l'engagement sérieux et indéfectible des pays industrialisés, ainsi que de la volonté d'endiguer et de résoudre les conflits. A cet égard, nous sommes attristés par la résurgence des hostilités dans la République démocratique du Congo. L'intégrité territoriale de ce pays doit être respectée et aucun pays de la région ou tout autre région de l'Afrique ne devrait essayer de mettre l'un de ses voisins sous sa botte.
Depuis le départ de l'ONU de la Somalie au milieu des années 90, la communauté internationale ne garde que le souvenir d'une opération ratée et d'un Etat qui a échoué, or cet Etat a besoin du réengagement des Nations Unies. La Somalie mérite davantage d'intérêt et d'attention, car la Somalie continue à être une catastrophe internationale. Après sept ans de querelles, les chefs de faction n'ont rien de nouveau à offrir. Donnez au peuple somalien la chance, avec l'appui de la communauté internationale, d'élire, sans être soumis aux menaces et au chantage, les dirigeants de son choix.
La communauté internationale a souvent eu recours aux sanctions pour s'opposer aux violations du droit international ou pour réprimer des comportements criminels non contrôlés. Or, en pratique, les sanctions souffrent souvent d'une application trop générale et trop large et c'est l'ensemble d'une population innocente qui en souffre. Sans fixer des limites, sans objectifs à atteindre et sans esprit d'équité, l'exercice devient alors futile et contre-productif.
Derrière les grands problèmes mondiaux auxquels est confrontée notre planète se cachent des zones et pays spécifiques qui méritent une attention particulière. La crise économique et financière qui sévit en Asie et ses conséquences pour le reste du monde préoccupent l'ensemble de la planète. Bon nombre de pays risquent d'être confrontés à une forte récession. Cette expérience prouve que la libre circulation des capitaux internationaux comporte de réels dangers. Il est également préoccupant de voir qu'une telle portion des ressources du Fonds monétaire international est utilisée pour porter secours aux grandes banques et institutions financières internationales, qui ont placé imprudemment et de plein gré leurs fonds. Djibouti s'associe à l'appel écrasant pour une révision complète du FMI et de la Banque mondiale, de telle sorte qu'ils puissent répondre de la manière la
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plus adéquate à la calamité financière que nous traversons. Ils devront également être équipés pour s'attaquer à la pauvreté et au sous-développement endémique.
Allocution de M. Ibrahim Maïnassara Baré, Président de la République du Niger
M. IBRAHIM MAINASSARA BARE, Président de la République du Niger : l'Afrique restant la région du globe la plus touchée par des conflits, nous exprimons l'espoir que le rapport du Secrétaire général à son sujet contribuera à éveiller les consciences, pour amener la communauté internationale à accompagner davantage les efforts des pays africains dans leur quête incessante de paix et de prospérité. L'exemplarité de l'intervention de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) dans la sous-région ouest-africaine témoigne de l'opportunité de responsabiliser davantage les organisations sous-régionales et régionales dans la prévention et la gestion des conflits. Leur connaissance du terrain pourrait en effet être harmonieusement conjuguée, à l'occasion, avec l'apport logistique et l'expertise des Nations Unies. Malgré les progrès réalisés, des conflits agitent encore plusieurs sous-régions africaines, telles que la Somalie, ou la région des Grands Lacs. Nous demandons instamment aux pays concernés de faire preuve de retenue et d'accéder aux offres de médiation pour un règlement pacifique des litiges qui les opposent, conformément aux dispositions des Chartes des Nations Unies et de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA), auxquelles ils ont librement souscrits.
De plus, nous réaffirmons notre ferme condamnation du terrorisme et de tout usage de la violence dans les rapports entre les peuples et entre les Etats. A cet égard, le Niger a explicitement et fermement condamné les lâches attentats perpétrés en août contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya. De la même manière, il désapprouve le recours unilatéral à la force militaire contre des pays souverains. Le Niger déplore l'attaque de l'usine pharmaceutique d'Al Shifa à Khartoum. Aussi, le Niger qui a eu le privilège en mai dernier, de visiter le site de l'usine, estime-t-il nécessaire l'envoi sur place d'une mission internationale d'enquête conformément au voeu des autorités soudanaises. Au sujet du Proche-Orient, nous formons le voeu que la Palestine soit reconnue comme membre à part entière dans la communauté des Etats. Il est par ailleurs urgent de convoquer une nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations Unies consacrée au désarmement, et en particulier pour avancer dans la réglementation des armes légères et de petits calibres.
En ce qui concerne le développement de l'Afrique, nous attendons beaucoup de la deuxième Conférence internationale de Tokyo prévue en octobre 1998. Nous souhaitons qu'elle explore de nouvelles stratégies de mobilisation de l'aide publique au développement, et qu'elle réaffirme l'engagement de la Communauté internationale à inscrire le développement de l'Afrique parmi ses priorités. Il est indispensable d'alléger, voire d'annuler la dette extérieure des pays les plus pauvres, et d'instituer un mécanisme
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international susceptible d'assurer une intégration plus poussée des pays en développement dans l'économie mondiale. Dans ce cadre, le Niger, qui se trouve au bas de l'échelle mondiale des indices de développement humain, a élaboré un Programme-cadre national de lutte contre la pauvreté qui constitue la composante essentielle du Programme dit de Relance économique adopté par notre Assemblée Nationale en Juillet 1997. De plus, le processus démocratique fait son chemin au Niger, et il deviendra irréversible sous mon impulsion. Il se traduit par un multipartisme intégral, une presse privée libre, une société civile jouant un rôle de premier plan, et un système judiciaire indépendant. Une attention particulière est accordée au renforcement des corps intermédiaires. Mon gouvernement est résolument engagé à consolider ces acquis démocratiques, comme en témoignera la tenue, le 22 novembre prochain, d'élections locales, consacrant la politique de décentralisation que nous avons choisie pour promouvoir une participation populaire au développement et une bonne gouvernance au Niger. Mon gouvernement réaffirme son attachement au respect des droits de l'homme.
Allocution de M. Arnoldo Alemán Lacayo, Président de la République du Nicaragua
M. ARNOLDO ALEMAN LACAYO, Président de la République du Nicaragua : le Nicaragua tient tout d'abord à exprimer sa solidarité avec les populations des nations des Caraïbes qui ont été éprouvées par l'ouragan Georges. Les efforts pour réformer l'Organisation sont positifs et doivent permettre de renforcer et de promouvoir son rôle en matière de coopération internationale et de développement durable. A propos du Conseil de sécurité, la question de la représentation équitable des Etats Membres est primordiale. La mondialisation et la libéralisation de l'économie constituent un nouveau défi. Le Nicaragua partage l'avis du Secrétaire général qui déclare, dans son rapport annuel, qu'il faut réorienter les actions et les efforts afin de garantir à tous les pays une transition satisfaisante vers une économie mondiale. Des solutions novatrices doivent être trouvées afin que l'humanité puisse avancer dans la bonne direction, une direction où la science et la technologie peuvent permettre de promouvoir le développement des pays. La transformation actuelle de l'économie mondiale a contribué à augmenter les inégalités entre les pays et il est nécessaire de réduire ses incidences négatives. Le Nicaragua s'est engagé dans un processus de consolidation d'une paix et d'une démocratie qui repose sur le plein respect des droits de l'homme et des libertés individuelles. Parallèlement, le Nicaragua s'efforce d'atteindre un plus haut niveau de développement économique et social. Le développement durable, la lutte contre la pauvreté et le chômage sont des questions prioritaires pour le Nicaragua.
Les transformations macro-économiques nécessitent des réformes importantes du système financier ainsi qu'une meilleure protection de l'environnement. Il faudrait que le monde prenne conscience de la nécessité d'utiliser de façon rationnelle les ressources naturelles. Le Nicaragua espère que, lors de la prochaine Conférence des Etats parties à la Convention
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cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Buenos Aires en novembre prochain, des mécanismes pour faciliter un développement plus respectueux de l'environnement et une réduction des gaz à effets de serre seront adoptés. Le trafic des drogues continue de préoccuper l'ensemble de la communauté internationale. Le Nicaragua soutient activement la mise en oeuvre de la Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illégal des armes, des munitions, des explosifs et des matières qui s'y rapportent, qui a été approuvée le 12 novembre 1997 dans le cadre de l'Organisation des Etats américains (OEA). Le Nicaragua condamne fermement le terrorisme et toutes formes de crime organisé. Il est capital d'accroître la coopération internationale afin de faire face à ces activités cruelles et illégales qui menacent la sécurité de tous les pays. Le Nicaragua sera en l'an 2000 le pays d'Amérique centrale dont l'économie sera la plus ouverte. Il a signé un Traité de libre-échange avec le Mexique et la République dominicaine et travaille à signer ce type de traité avec le Chili et le Panama. Le Nicaragua croit fermement dans les bénéfices du libre-échange. Face à la mondialisation de l'économie, il faut à la fois faire preuve d'imagination et de réalisme, d'audace et de prudence. La mondialisation doit permettre de promouvoir l'unité au niveau international. La vulnérabilité des pays dont les économies sont plus faibles face aux crises des marchés financiers doit être prise en compte. Le Nicaragua fait d'énormes efforts pour réduire sa dette extérieure et renforcer son économie.
Débat général
M. MOHAMMAD NAWAZ SHARIF, Premier Ministre de la République islamique du Pakistan : en cette époque de changements et de bouleversements, le credo doit être un partenariat pour la paix et le développement. La crise récente en Asie a ébranlé la confiance dans le commerce international et la libéralisation financière et avec eux, les espoirs de mettre fin à la faim, aux maladies et à l'ignorance. De nouveaux conflits sont apparus tandis que d'anciens persistent. Les peuples du Cachemire et de Palestine continuent à souffrir, le Kosovo, après la Bosnie, se dirige vers une confrontation brutale, l'Afrique est décimée par les conflits internes. L'Afghanistan ne s'est pas encore remis des ravages du conflit qui l'a affecté, la paix demeure incertaine au Moyen-Orient, les tensions s'exacerbent en Asie du Sud, on assiste de plus en plus souvent à l'usage unilatéral de la force et à des actions arbitraires contre des nations plus petites. La multiplication des conflits et de la souffrance dans le monde exerce une demande de plus en plus forte sur les Nations Unies.
Nous sommes attristés par la tragédie persistante qui affecte la Palestine. Les promesses de la paix sont devenues sources de désespoir. Il ne peut y avoir de paix sans exercice du droit à l'autodétermination des Palestiniens et de réponse à leurs aspirations à avoir un Etat. Dix-sept ans de guerre ont détruit l'Afghanistan, son économie, sa société et sa politique. Le Pakistan a, plus qu'aucun autre pays, subi les conséquences des turbulences et des souffrances de l'Afghanistan. Nous avons un intérêt vital à la
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restauration de la paix et de la stabilité dans ce pays. A cet égard, le Pakistan est extrêmement préoccupé par les tensions présentes entre l'Iran et l'Afghanistan. Les responsables de l'horrible tuerie des diplomates iraniens à Mazar-e-Sharif doivent être poursuivis et punis. Nous appelons à la libération de tous les Iraniens et des autres prisonniers en Afghanistan et nous soutenons l'envoi d'une mission d'enquête conjointe de l'ONU et de l'Organisation de la conférence islamique. Nous appelons également à la réconciliation nationale à travers un compromis réaliste et un arrangement mutuel, ainsi qu'à un engagement international et à un dialogue avec l'Afghanistan pour promouvoir les objectifs humanitaires, les droits de l'homme et la paix, tout en rappelant notre attachement au respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays et des principes de non- ingérence.
Cette année, le nuage nucléaire a étendu son ombre noire au-dessus de l'Asie du Sud. Notre voisin, l'Inde, a toujours considéré l'arme nucléaire comme la clé du statut de grande puissance et de l'entrée au Conseil de sécurité. Le Pakistan pour sa part, même après avoir rétabli l'équilibre, a toujours milité en faveur d'une zone exempte d'armes nucléaires et de missiles ainsi que d'une réduction des armements conventionnels en Asie du Sud. L'Inde a toujours rejeté ces initiatives. Les essais nucléaires de l'Inde ne sont pas une surprise. Mais, par la suite, l'Inde a adopté une posture belliqueuse à l'encontre du Pakistan. Le monde doit reconnaître que le Pakistan n'a pas pris l'initiative des essais nucléaires. Mais face à la menace de l'Inde, il était nécessaire de rétablir la dissuasion nucléaire par mesure d'auto- défense. Malheureusement des pays amis nous ont imposé des sanctions. Celles-ci sont injustes. Pourquoi le Pakistan devrait-il encourir des mesures punitives? Les essais nucléaires pakistanais n'avaient pas pour but de défier le régime de non-prolifération en vigueur, mais de répondre à la menace d'un usage de la force contre nous. Nos essais, en réponse à ceux de l'Inde ont donc servi la cause de la paix et de la stabilité dans la région. Toutefois, nous sommes opposés à une course aux armements et nous avons proposé un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires. En outre, le Pakistan est prêt à adhérer au Traité d'interdiction totale des essais nucléaires. A cet égard, nous espérons que les restrictions imposées au Pakistan par les institutions multilatérales ainsi que les sanctions discriminatoires seront rapidement levées et que la communauté internationale apportera son soutien à une solution juste au différend sur le Jammu-e-Kashmir. En effet, une paix durable entre l'Inde et le Pakistan dépend étroitement de la résolution de ce problème. Depuis plus de cinquante ans, le peuple du Jammu-e-Kashmir attend d'exercer son droit à l'autodétermination conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Toutefois, l'Inde a toujours refusé d'honorer ses engagements. Nous sommes déterminés à résoudre nos problèmes avec l'Inde par le dialogue et je suis heureux d'annoncer que le Premier Ministre indien et moi-même sommes parvenus à un accord visant à renouer ce dialogue. Les nations Unies et la communauté internationale ont la responsabilité de soutenir et de faciliter la recherche d'une solution au Cachemire.
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Face à la crise économique et financière asiatique, la communauté internationale doit adopter une démarche cohérente. A court terme, il convient de soutenir la croissance économique partout dans le monde. Les institutions financières doivent assouplir leurs exigences et des mécanismes doivent être mis en place pour drainer d'avantage d'investissements vers les pays en développement, tandis que les marchés devront être plus largement ouverts et accessibles aux pays en développement. Pour cela, il faut d'abord que les décisions sur les moyens de gérer la mondialisation soient prises collectivement; ensuite, les politiques doivent procéder de la nécessité d'assurer la croissance dans l'équité; enfin, le Nord et le Sud doivent agir de concert car leur prospérité est indissociable. Cela nécessite donc une action concertée de la communauté internationale, intégrant un renforcement des institutions multilatérales pour qu'elles puissent efficacement "gérer la mondialisation"; une correction des inégalités du système commercial international en faveur des pays en développement; la résolution du problème éternel de la dette, du financement du développement et de l'accès à la technologie. Un nouveau concept de "communauté mondiale" devient essentiel, une communauté où tous les être humains ont droit à une vie digne et au développement. A cet égard, le concept de l'oumma islamique pourrait offrir un modèle pour la réalisation d'une telle communauté mondiale.
M. JAIME GAMA, Ministre des affaires étrangères du Portugal : lors de la publication de son rapport sur les causes des conflits en Afrique, le Secrétaire général n'a pas hésité à qualifier de "colossale" l'ampleur de la tragédie humaine qui persiste sur ce continent. Dans la limite de ses moyens et en accord avec les liens historiques, culturels et sociaux développés avec de nombreux pays et régions d'Afrique, le Portugal poursuit ses efforts en vue de contribuer, par des moyens pacifiques, à la résolution des conflits qui y sévissent et d'oeuvrer en faveur du développement économique, du progrès social et de la bonne gouvernance, afin de prévenir la résurgence des tensions. Le Portugal tient à exprimer sa grande préoccupation devant la situation en Angola, pays avec lequel il a des liens très étroits. Les signes d'une rupture du processus de paix, déjà difficile, y sont de plus en plus évidents. Le refus de l'UNITA de respecter de manière complète les dispositions du Protocole de Lusaka, en ce qui concerne sa démilitarisation et sa transformation en un parti politique notamment, favorise le recours à des options militaires en dehors du cadre de recherche d'une solution négociée adopté par la communauté internationale. Membre de la troïka des pays observateurs du processus de paix, le Portugal est pleinement conscient que les efforts diplomatiques resteront vains si les responsables angolais n'ont pas la volonté nécessaire pour conclure la paix. Le Gouvernement, de même que l'UNITA doivent assumer leurs responsabilités envers le peuple angolais, dont les droits légitimes à la paix, à la sécurité et au bien-être. Nous lançons de nouveau un appel pour que le Protocole de Lusaka soit respecté et en particulier pour que l'UNITA en assure immédiatement la pleine mise en oeuvre.
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La Guinée-Bissau, avec laquelle le Portugal a également de nombreuses affinités, est depuis juin, elle aussi, le théâtre d'un conflit, lourd de conséquences humaines, économiques et sociales pour sa population. A la demande expresse des parties prenantes, le Portugal et la Communauté des pays lusophones, constituée pour l'essentiel d'Etats africains, ont entrepris une démarche médiatrice afin de mettre un terme aux affrontements, de parvenir à une solution négociée et de fournir une aide humanitaire. Pour ce qui est des événements en République démocratique du Congo, le Portugal se prononce sans équivoque pour le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de ce vaste pays, dont la stabilité est indispensable à toute la région qui l'entoure. Malgré ces difficultés, nous continuons de croire en un futur démocratique et prospère pour l'Afrique. A cet égard, le Portugal se réjouit que son initiative en faveur de la tenue d'un sommet entre l'Union européenne et l'Organisation de l'unité africaine (OUA), prévu désormais en l'an 2000, ait été récemment acceptée lors du Sommet de l'OUA à Ouagadougou.
Le Portugal se félicite de l'esprit constructif qui a régné lors des dernières discussions ministérielles sur la question du Timor oriental, placées sous les auspices du Secrétaire général de l'ONU. Pour la première fois, il semble possible d'affirmer que des avancées réelles et prometteuses ont été effectuées, créant les conditions d'une solution globale et juste, acceptable par tous et respectant pleinement les droits légitimes du peuple timorais, la Charte des Nations Unies et les résolutions pertinentes de l'Organisation. Il a ainsi été convenu de négocier pour le Timor oriental une large autonomie, reposant, nous l'espérons, sur une participation démocratique de la population. Il a également été convenu d'associer davantage la population timoraise, dont la volonté, librement exprimée, et le droit à l'autodétermination seront indispensables à la validation de toute solution définitive, quelle qu'elle soit. Il est aujourd'hui indispensable de faire des progrès tangibles sur certains problèmes sérieux sur le terrain, tels la réduction de la présence militaire indonésienne, la remise en liberté des prisonniers politiques timorais, y compris Xanana Gusmao, et le contrôle par les Nations Unies de l'évolution de la situation sur place. Aucun accord véritable n'a cependant encore été défini ou garanti, et c'est pourquoi la communauté internationale doit continuer de suivre avec attention l'évolution du processus.
Le Portugal est jusqu'à la fin de l'année membre non permanent du Conseil de sécurité et ce faisant, il s'est efforcé de contribuer efficacement au renforcement de l'autorité de cet organe. Il est essentiel d'améliorer la transparente et les procédures démocratiques de son fonctionnement. Pour cela, il faut absolument permettre aux Etats non membres de mieux suivre les travaux du Conseil. En cette année de célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, nul ne peut prétendre défendre le droit international et la légitimité, sans respecter pleinement ces droits fondamentaux. Pour sa part, le Portugal est candidat à la Commission des droits de l'homme, pour un mandat débutant en janvier 2000,
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date concomitante à la présidence portugaise de l'Union européenne. En cette ère de mondialisation, nous avons le devoir d'inclure la mondialisation des droits de l'homme dans l'ordre du jour international. C'est le meilleur des hommages à rendre à la Déclaration universelle adoptée il y a 50 ans.
M. BORYS TARASYUK, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine : la mondialisation, offre la possibilité de résoudre des problèmes nationaux et régionaux en profitant des expériences mondiales et des méthodes qui se révèlent les plus efficaces. Cependant certaines expériences récentes ont mis en évidences ses conséquences négatives. En conséquence, l'Ukraine estime que son impact socio-économique doit se voir accorder un rang de priorité élevé par la communauté internationale. Dans ce cadre, je rappelle et réitère la proposition du président de l'Ukraine de 1995, visant à établir un nouveau Conseil de Sécurité économique des Nations Unies.
Au sujet de la non-prolifération nucléaire, les essais nucléaires récents prouvent l'urgence de l'entrée en vigueur des accords internationaux en la matière, ainsi que l'interdiction de tous autres types d'armes de destruction massive. A cet égard, nous devons revitaliser les efforts des Nations Unies et de l'IAEA dans ce sens. L'Ukraine appelle également tous les états à signer et à appliquer sans délai le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. En outre, nous considérons l'élaboration d'un programme global de désarmement nucléaire et d'accord multilatéral afin de donner des garanties de sécurité aux nations qui ne sont pas dotées d'armes nucléaires comme des priorités de la Conférence sur le Désarmement. D'autre part, de nouveaux défis sont apparus et doivent être considérés par les Nations Unies dans le domaine de la sécurité internationale, en particulier les conflits locaux, souvent interethniques, qui débouchent parfois sur des guerres. La prévention des conflits nécessite le renforcement du mécanisme de surveillance mondiale et d'alerte rapide des Nations Unies pour faciliter le travail du Conseil de Sécurité. De plus, le mécanisme de prise de sanction doit être amélioré et doit notamment prévoir des compensations pour les pertes subies par les pays qui les observent. L'Ukraine demande également le renforcement du rôle de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dans le cadre d'une collaboration avec les Nations Unies. Enfin, l'Ukraine aspire à être élue l'année prochaine comme membre non- permanent du Conseil de Sécurité pour la période 2000-2001.
Dans le cadre de la commémoration du cinquantième anniversaire des activités de maintien de la paix des Nations Unies, j'ai l'honneur de proposer l'adoption le 6 octobre de la Déclaration en mémoire de ceux qui ont participé aux activités de maintien de la paix des Nations Unies. J'aimerais répéter la nécessité de renforcer les capacités de réaction rapide de L'ONU en améliorant les Accords relatifs aux forces en attente. Nous appelons les états qui ne l'ont pas encore fait à signer la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Parmi les événements liés à la célébration du cinquantième anniversaire de la Déclaration Universelle des droits de l'homme, l'un des plus important a été la conférence internationale
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organisée à Yalta ce mois par notre gouvernement en collaboration avec la programme de développement des Nations Unies. L'Ukraine soutient également les propositions visant à renforcer de la Cour Internationale de Justice, ainsi que la mise en place de la Cour pénale internationale. Enfin, l'Ukraine soutient l'effort de réforme entrepris au sein des Nations Unies et insiste sur la question clé de la réforme du Conseil de Sécurité.
M. JOSE MIGUEL INSULZA, Ministre des affaires étrangères du Chili : la mondialisation de l'économie et l'intégration régionale sont des phénomènes qui caractérisent les réalités internationales d'aujourd'hui. L'expérience de nombreux pays, telle que celle du Chili, montre qu'une plus grande participation de tous les Etats à l'économie mondiale peut constituer un élément clef pour leur croissance économique et leur prospérité. Toutefois, les effets de la mondialisation paraissent ambivalents, comme en témoigne la crise financière qui a démarré dans la région de l'Asie et du Pacifique. Il est nécessaire que les principales puissances économiques internationales et les institutions spécialisées aient une action plus efficace et concertée afin de trouver une solution aux crises financières qui affectent l'ensemble du monde. Les structures actuelles du système financier mondial doivent être revues et adaptées aux nouveaux défis liés à l'internationalisation. Il est capital de saisir l'ampleur et l'interdépendance des problèmes économiques afin de pouvoir définir de nouvelles politiques permettant de les résoudre. L'ensemble de la communauté internationale doit participer à ce processus. Les pays d'Amérique latine ont agi de façon responsable afin d'établir des économies solides grâce à de faibles niveaux d'inflation, une réduction progressive de leurs déficits financiers, de leur endettement et du chômage. En un peu plus d'une dizaine d'années, le Chili a doublé la taille de son économie. 1998 marque la douzième année de croissance ininterrompue du Chili. Pendant huit ans, le Chili a réduit de façon régulière l'inflation et le chômage. Ceci a été fait dans le contexte d'une grande ouverture par rapport au monde extérieur et d'intégration régionale. Malgré ces progrès importants, le Chili a eu à faire face, au cours des derniers mois, aux problèmes auxquels l'ensemble de la région est confrontée et qui découlent des crises financières mondiales. Le Gouvernement chilien a adopté des mesures d'ajustement structurel afin de réduire les dépenses publiques et privées, éviter l'inflation, maintenir l'investissement social et protéger l'emploi. Il est nécessaire que les institutions financières internationales réagissent plus rapidement et plus efficacement aux crises. Il faut par ailleurs éviter de prendre des demi-mesures qui ne résolvent rien afin que les crises en question ne se reproduisent pas et n'accentuent pas les inégalités du système international actuel. Il faut trouver une solution mondiale aux problèmes mondiaux.
Les droits de l'homme sont devenus universels et aucun gouvernement ne peut en faire abstraction. En cette année du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est clair que les Nations Unies ont une grande responsabilité dans le domaine de la promotion et de la protection des droits de l'homme. La protection de l'environnement est également une
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question qui a une dimension internationale et il est urgent de trouver une solution mondiale aux problèmes des changements climatiques, de la pollution et de la surexploitation des mers, de la diminution de la couche d'ozone et de la désertification. La signature à Rome du Statut de la Cour pénale internationale est un grand pas en avant et contribuera au développement progressif du droit humanitaire international et à la prévention des violations des droits de l'homme. La question du désarmement reste au coeur des préoccupations de la communauté internationale. Il faut oeuvrer pour garantir l'application du Traité sur la non-prolifération et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le Chili appelle tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait à signer et ratifier les instruments juridiques internationaux visant à éliminer la menace nucléaire. La campagne contre la drogue et les autres formes de crime organisé ne peut être pleinement efficace que si elle se fait dans le cadre d'une réelle coopération régionale et internationale. Le Chili soutient à ce titre la mise en oeuvre des décisions adoptées lors de la 20ème session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème de la drogue. Il appelle à une coopération internationale plus efficace pour combattre le terrorisme. Le Chili estime par ailleurs qu'il est nécessaire de réformer et de démocratiser les structures de l'ONU qui est amenée à répondre à des défis de plus en plus complexes. L'adoption de la résolution 52/12 de l'Assemblée générale constitue une importante étape dans le processus de réforme de l'Organisation. La réforme et la démocratisation du Conseil de sécurité sont capitales. La composition du Conseil doit refléter les nouvelles réalités internationales et il est clair qu'elle doit être élargie. Il est nécessaire que l'on arrive à un consensus à ce sujet. Le Conseil doit travailler de façon plus transparente. Le Chili estime que le mécanisme du veto a des incidences négatives et qu'il devrait être progressivement réduit en vue d'être par la suite éliminé. Le Chili accorde une grande importance au développement qui doit être durable tant aux niveaux économique, social qu'au niveau de l'environnement. L'élimination de la pauvreté doit continuer à être un objectif central des Nations Unies.
M. ABEL MATUTES (Espagne) : les réformes essentielles en cours permettront à l'Organisation des Nations Unies de continuer à être le principal forum pour la coopération internationale, le dialogue, la promotion et le respect des droits de l'homme et le développement du droit international. L'Organisation a renforcé son rôle premier de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Toutefois, un élément essentiel du processus de renforcement des Nations Unies en cours est la reconnaissance de ses limites. Malgré tout, le processus de réforme initié par le Secrétaire général a renouvelé la confiance dans ses capacités. Le débat sur l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité mérite une attention particulière et l'Espagne, à l'instar d'autres pays, a souligné les difficultés que pose l'accroissement du nombre des membres permanents. La réforme doit refléter autant que possible un large consensus et il faut reconnaître que jusqu'à présent, il ne semble pas y avoir d'alternative réaliste à l'élargissement de la catégorie des membres non permanents. La
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situation financière de l'Organisation continue d'être très préoccupante et l'Espagne, qui sera l'année prochaine le huitième plus gros contributeur, continuera d'étudier les moyens d'assurer une sécurité financière aux Nations Unies.
Avec la fin proche de la décennie de la décolonisation, il est important de rappeler le travail historique fourni par l'ONU qui ne peut, toutefois, être considéré comme achevé, tant que des situations coloniales perdurent, telle celle de Gibraltar. A cet égard, l'Assemblée générale renouvelle chaque année son appel au Royaume-Uni et à l'Espagne à poursuivre leurs négociations en vue de résoudre ce problème. En 1997, j'ai soumis une proposition qui permettrait à l'Espagne de recouvrir sa souveraineté sur Gibraltar, tout en garantissant à la population, au sein du cadre politique espagnol, un degré d'autonomie plus important que celui dont ils jouissent actuellement. Le respect des droits de l'homme est essentiel au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le fait que des situations de violations systématiques des droits de l'homme perdurent, exige que nous intensifions nos efforts pour y mettre un terme. La célébration du Cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme peut à cet égard donner un élan aux efforts visant le développement d'instruments de défense des droits de l'homme. Dans le même sens, l'Espagne se félicite de l'adoption à Rome, du Statut de la Cour criminelle internationale. Le terrorisme fait en revanche peser une grave menace sur la sécurité intérieure et internationale, les relations pacifiques entre Etats, le développement et le fonctionnement d'institutions démocratiques dans le monde et l'exercice des droits de l'homme. L'Espagne est profondément convaincue de la nécessité de renforcer la coopération internationale et de mettre en place des instruments collectifs et des réponse communes. De même, l'Espagne fait de la lutte contre le trafic de drogue une priorité. La coopération multilatérale pour le développement et l'éradication de la pauvreté sont également essentielles à l'établissement d'une coexistence internationale pacifique, basée sur le respect des droits de l'homme. Mon pays participe à l'étude de nouvelles formules de financement pour permettre à la coopération pour le développement d'avoir des ressources suffisantes. Mon pays pourrait envisager une augmentation de ses contributions volontaires dans les années à venir.
Au sujet du désarmement, l'Espagne ratifiera bientôt la Convention d'Ottawa sur les mines terrestres anti-personnel. Dans le même sens, il serait de la plus haute importance que nous puissions conclure les négociations sur le Protocole de vérification des armes biologiques. Quant aux armes nucléaires, je ne peux qu'exprimer une fois encore ma préoccupation au regard des essais nucléaires effectués par l'Inde et le Pakistan. L'objectif premier de notre Organisation est toujours le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Dans ce sens, les Nations Unies font de plus en plus appel aux moyens mis à leur disposition par les organisations régionales ou des groupes d'Etats. Le résultat en est une réponse plus flexible aux différentes crises et une légitimité plus accrue du rôle des Nations Unies. Je souhaite réitérer l'engagement de l'Espagne au maintien de
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la paix et rappeler que plus de 2 000 Espagnols servent dans les opérations de maintien de la paix. Les opérations d'assistance humanitaire jouent aussi un rôle de plus en plus important. La situation en Afrique est particulièrement préoccupante et justifie l'attention particulière de l'Organisation. Au Sahara occidental, les parties doivent faire preuve de bonne volonté pour que le référendum d'autodétermination puisse avoir lieu. L'Espagne est aussi particulièrement préoccupée par la situation au Kosovo et suit avec attention les efforts de réconciliation en Amérique latine. L'arrêt du processus de paix au Moyen-Orient et la situation en Afghanistan sont également des sujets d'inquiétude. Il est temps pour l'ONU d'aller de l'avant dans la création d'une coexistence internationale basée sur le respect des droits de l'homme, la justice et la solidarité.
M. JAN KAVAN, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque : la présente Assemblée générale a lieu au moment où le monde est secoué par de nombreux problèmes majeurs, parmi lesquels la chute des marchés boursiers de par le monde, la poursuite de nombreux conflits, la menace du terrorisme, la dégradation de l'environnement et l'élargissement du fossé entre les riches et les pauvres. La coopération internationale est indispensable pour surmonter ces problèmes et les Nations Unies demeurent l'organisation la mieux appropriée pour conjuguer les efforts et les ressources nécessaires à cette tâche. Il s'agit pour l'ONU de défis gigantesques, auxquels elle doit répondre en faisant preuve de flexibilité et de réalisme.
L'aggravation de la catastrophe humanitaire au Kosovo, en raison du conflit qui y sévit, mérite une réponse urgente. Il faut signifier avec fermeté aux autorités de Belgrade qu'elles ont dépassé les limites du tolérable. La République tchèque est favorable à l'adoption, par le Conseil de sécurité, d'une résolution qui, conformément au chapitre VII de la Charte, enjoindrait aux parties à cesser les violences, exigerait un cessez-le-feu et l'amorce d'un dialogue pour la recherche de solutions raisonnables à ce conflit. La République tchèque estime également qu'il faut s'attaquer vigoureusement au fléau du terrorisme. Forte de son caractère universel, l'ONU devrait assumer pleinement ses responsabilités dans ce domaine.
La République tchèque soutient le désarmement nucléaire et aspire à l'élimination complète des arsenaux nucléaires. C'est pourquoi, elle déplore les essais menés en mai dernier par des pays considérés pourtant comme des puissances non-nucléaires. Le respect universel du Traité de non prolifération, ainsi que la mise en oeuvre rapide du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires sont les étapes logiques vers le désarmement nucléaire. La République tchèque se félicite également des travaux effectués par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques et elle soutient les efforts en vue d'accélérer la négociation sur le protocole de vérification, destiné à renforcer la Convention sur les armes biologiques.
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Elle estime que la signature par près de 100 pays de la Convention d'Ottawa sur l'interdiction complète des mines terrestres antipersonnel est un grand succès.
En matière de paix et de sécurité, le Conseil de sécurité continue d'avoir le maître mot. La République tchèque soutient l'élargissement du nombre de ses membres tant permanents que non permanents, ce qui garantirait une représentation géographique équitable. Il est malheureusement décevant de constater qu'après cinq années d'efforts et de consultations, aucun résultat concret n'ait pu être obtenu. Sur ce point, comme sur celui de l'amélioration des méthodes de travail du Conseil, il semble même que les Etats membres maintiennent des positions de plus en plus éloignées. Le Groupe de travail créé à cet effet devrait poursuivre ses travaux en ayant pour but de parvenir à un accord d'ensemble d'ici à la fin du siècle.
Parallèlement à la construction de la paix et de la sécurité, la coopération dans les domaines social, économique et humanitaire devrait être l'une des préoccupations majeures des Nations Unies. A cet égard, la République tchèque se félicite de la réforme prometteuse entreprise par le Conseil économique et social. Pour la République tchèque, comme pour de nombreux autres pays, dont les économies connaissent des transformations profondes, il est particulièrement difficile de faire face aux conséquences de la mondialisation. C'est pourquoi, il serait bon que les Nations Unies aient un ordre du jour clair sur ce point.
Nous nous réjouissons des résultats obtenus par le plan de réforme du Secrétaire général, même si de nombreux aspects de ce plan font toujours l'objet de négociations. La République tchèque tient cependant à souligner que même les meilleures propositions restent vaines si l'on ne dispose pas des ressources nécessaires à leur mise en oeuvre. Or, la situation financière de l'Organisation demeure alarmante et il faut insister sur le fait que chacun doit faire preuve de discipline lorsqu'il s'agit de régler sa contribution. La République tchèque attend également beaucoup de l'Assemblée du millénaire, prévue en l'an 2000. Nous croyons fermement au succès du processus de réforme de l'Organisation, qui devrait en sortir renforcée et plus à même de résoudre les problèmes du monde contemporain.
Mme LENA HJELM-WALLEN, Ministre des affaires étrangères de la Suède : malgré les aspects positifs de la mondialisation, qui offre les meilleures opportunités de réaliser la paix, la démocratie et le développement, cette session de l'Assemblée générale se déroule sur un fond de menace de résurgence de l'isolationnisme. C'est pour cette raison que la Suède soutient sans réserve les efforts de réforme des Nations Unies effectués par le Secrétaire général - efforts qui ne peuvent aboutir si la menace d'une crise politique et financière n'est pas levée. Tous les débiteurs doivent payer la totalité de leur contribution, à temps et sans condition.
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Nous devons renforcer la coopération pour éliminer la pauvreté. Pour ce faire, il faut établir un partenariat avec les personnes concernées, mais aussi faire appel à la solidarité internationale. Ainsi, je regrette que seuls quatre pays, dont la Suède, aient atteint l'objectif de 0.7% du PNB fixé par l'ONU au titre de l'aide publique au développement. De plus, les barrières qui empêchent les pays pauvres d'utiliser leurs avantages comparatifs doivent être abolies. Les politiques commerciales des pays industrialisés devraient également faciliter la coopération régionale entre les pays en développement. Par conséquent, l'initiative pour les pays pauvres hautement endettés doit être renforcée.
Nous devons également renforcer la coopération en vue de promouvoir les droits de l'homme. Ainsi, la majorité des Etats Membres ont aboli la peine de mort. Une convention sur le travail des enfants devrait être élaborée à la prochaine Conférence internationale du travail. Des mesures nationales et internationales devraient être prises pour combattre la forme d'exploitation la plus scandaleuse : la prostitution des enfants. Enfin, il faut élaborer des normes internationales acceptables en matière d'enrôlement d'enfants comme soldats. Enfin, l'adoption du Statut de Rome pour la Cour pénale internationale constitue une étape dans la lutte contre le génocide, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Dans le cadre du renforcement de la démocratie, les Nations Unies devraient progressivement jouer un rôle de premier plan. Il est en effet vital de développer des sociétés ouvertes, de promouvoir la participation égale de tous les hommes et de toutes les femmes à la vie politique, d'assurer l'indépendance des médias et la liberté d'expression.
En ce qui concerne le désarmement, les huit nations participantes à la Déclaration ministérielle commune pour un monde sans armes nucléaires, à savoir la Suède, le Brésil, l'Egypte, l'Irlande, le Mexique, la Nouvelle- Zélande, la Slovénie et l'Afrique du Sud, proposeront une résolution à cette session de l'Assemblée générale. Nous invitons tous les Etats Membres à se joindre à nous pour soutenir cette résolution qui appelle à l'adhésion de tous les Etats au Traité sur la non-prolifération et au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires, l'entrée en vigueur de START II et le début des négociations de START III, le désamorçage des armes nucléaires et le retrait des armes nucléaires non stratégiques. La menace de l'utilisation d'armes de destruction massive par le terrorisme ne fait qu'augmenter l'urgence de ces décisions, ainsi que celles concernant les armes légères. En conséquence, le Gouvernement suédois soutient l'initiative du Mali pour un moratoire ouest-africain sur de telles armes.
Nous devons enfin renforcer la coopération visant à prévenir les conflits armés. Des instruments préventifs doivent être élaborés et perfectionnés, et relèvent de la responsabilité aussi bien nationale qu'internationale. Pour être efficaces, les Nations Unies, et en particulier
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le Conseil de sécurité, doivent agir rapidement et en accord avec les acteurs régionaux. Mais en l'absence d'une autorité régionale, les Nations Unies doivent être prêtes à prendre le relais.
M. DAVID ANDREWS, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande : la paix et la sécurité ne peuvent exister sans développement. Ceci demande un plus grand engagement de la communauté internationale fondé sur un partenariat solide. Il faudra aider les pays en développement à participer à l'économie mondiale. L'Irlande accorde une importance particulière au développement de son programme de coopération. Le Gouvernement irlandais s'est engagé à atteindre l'objectif fixé par les Nations Unies en ce qui concerne l'aide publique au développement, soit 0,7% de son PNB. La semaine dernière, le Gouvernement irlandais a décidé de prendre une série de mesures pour permettre d'alléger la dette des pays en développement. L'Irlande a toujours activement plaidé en faveur du désarmement nucléaire. Elle s'est associée cette année à sept pays ayant les mêmes convictions, à savoir le Brésil, l'Egypte, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Slovénie, l'Afrique du Sud et la Suède, pour lancer une Déclaration "pour un monde libéré d'armes nucléaires - un nouvel ordre du jour". Ce qui est demandé dans ce nouvel ordre du jour est un engagement clair des cinq puissances nucléaires de participer à des négociations visant un désarmement nucléaire. Des engagements similaires sont demandés aux trois Etats possédant l'arme nucléaire qui ne sont pas partie au Traité de non-prolifération nucléaire. Il faudra éliminer intégralement les armes nucléaires ainsi que les mines terrestres antipersonnel. En cette année du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est essentiel de réaffirmer l'engagement de la communauté internationale à promouvoir le respect de ces droits et des libertés fondamentales en prenant des mesures concrètes, aux niveaux national et international, afin d'assurer leur plein respect. Une question d'importance en matière de droits de l'homme est celle de l'abus de la peine capitale. L'Irlande travaille dans le sens de son élimination universelle. Elle se félicite, par ailleurs, de l'adoption à Rome en juillet dernier du Statut de la Cour criminelle internationale et espère que celui-ci entrera rapidement en vigueur.
Le maintien de la paix et de la sécurité internationales reste une responsabilité fondamentale de l'ONU. La catastrophe humanitaire au Kosovo ne devrait pas reproduire les horreurs de la Bosnie. La communauté internationale doit agir de façon urgente et efficace, dans le cadre des Nations Unies, pour empêcher une nouvelle tragédie. En ce qui concerne le désastre humanitaire au Soudan, il n'est pas non plus acceptable de laisser se poursuivre cette tragédie. Il est capital de s'attaquer aux racines des conflits et d'examiner leur complexité. L'Irlande soutient le renforcement de la diplomatie préventive. L'Irlande, qui est à l'heure actuelle un des plus importants pays contributeurs de troupes, estime que le monde continue d'avoir besoin des capacités de maintien de la paix des Nations Unies mais reste convaincue que les opérations doivent avoir des mandats bien définis et un soutien politique et financier solide. L'Organisation des Nations Unies doit être renforcée et il est de ce fait nécessaire de lui assurer des ressources
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économiques adéquates. L'Irlande estime que le processus de réforme de l'ONU ne devrait pas être envisagé comme un exercice visant uniquement à réduire le coût de son fonctionnement. Le processus de réforme doit avant tout s'efforcer de rendre l'Organisation plus efficace dans les domaines économique, social et humanitaire. La réforme du Conseil de sécurité doit rendre compte des nouvelles réalités politiques actuelles. Il est nécessaire que la composition du Conseil, qui doit travailler de façon plus transparente, soit élargie afin d'assurer une représentation plus équitable de l'ensemble des Etats Membres.
L'Irlande se félicite des progrès qui ont pu être faits récemment pour promouvoir la paix en Irlande du Nord. L'Accord qui a été signé par les gouvernements britannique et irlandais ainsi que par huit parties d'Irlande du Nord à Belfast le 10 avril dernier, constitue une étape d'une extrême importance. Il s'agit d'un événement historique qui marque un nouveau départ dans les relations entre l'Irlande et la Grande-Bretagne. L'Accord est un document complexe qui prend en compte l'éventail complexe des problèmes et des points de vue qui sont profondément enracinés dans l'histoire. L'Accord a été entériné par les peuples irlandais du Nord et du Sud dans un référendum qui s'est tenu le même jour. Le processus vital de sa mise en oeuvre est le prochain défi à relever. Certains éléments de l'Accord ont déjà été mis en oeuvre. Une nouvelle Assemblée de l'Irlande du Nord a été élue, et ses 108 membres occupent déjà leur siège. Il faudra concevoir une nouvelle politique qui soit fondée sur une détermination à travailler d'une nouvelle façon pour le bien de tous, le respect mutuel et une plus grande compréhension de l'autre.
M. EDUARDO LATORRE, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la République dominicaine : la République dominicaine adresse ses remerciements aux pays amis pour les manifestations de solidarité dont ils ont fait montre à l'occasion du terrible ouragan qui a frappé le pays hier. Elle appelle à la générosité de la communauté internationale pour répondre aux besoins urgents de la population touchée et pour entamer le processus de relèvement national.
Les changements intervenus dans la réalité mondiale rendent nécessaire une modification de la politique internationale. Dans ce contexte, l'Organisation des Nations Unies, forum universel, doit être à la fois renforcée et rénovée et doit accroître ses activités dans les domaines de la paix et de la sécurité, de la défense des droits de l'homme et de l'environnement, ainsi que de la coopération en vue du développement économique, social et culturel. Tout en restant fidèle à ses principes, elle doit continuer d'approfondir un programme de réforme qui prendrait en compte la complexité de la situation actuelle, mais également du développement futur des normes permettant d'atténuer les problèmes de la marginalisation sociale, et des tensions ethniques ou religieuses qui menacent les objectifs suprêmes de paix et de développement des peuples.
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La sécurité doit être atteinte sur la base de la coopération politique, économique, sociale et écologique. C'est pourquoi, le principe de l'égalité souveraine entre les Etats et la conviction que les conflits d'intérêts doivent être résolus de manière pacifique exigent aussi la coopération de tous. Cette tâche revient essentiellement au Conseil de sécurité. A cet égard, la République dominicaine juge nécessaire d'élargir le Conseil, en acceptant en son sein de nouveaux membres issus de l'Amérique latine, de l'Asie et de l'Afrique.
Pour la République dominicaine, la paix et la sécurité internationales sont les conditions préalables à un futur sûr de l'humanité. La démocratie et le respect des droits de l'homme, associés à la justice et au respect de la loi, sont les moyens les plus appropriés de préserver la paix. L'acceptation universelle de ces principes ne peut être imposée, mais elle peut être activement promue. La République dominicaine soutient sans réserve le processus de désarmement et elle ne peut qu'émettre les protestations les plus énergiques contre les essais nucléaires effectués récemment. Elle tient à réaffirmer son appui total à tous les traités internationaux visant la non-prolifération des armes nucléaires et l'interdiction complète des essais. Les pays déjà dotés de ces armes doivent faire preuve de responsabilité. La préservation de la paix exige également des membres des Nations Unies qu'ils établissent de nouvelles zones exemptes d'armes nucléaires. La poursuite du trafic illégal des armes constitue une autre menace pour la paix et la sécurité internationales et il faut impérativement mettre un terme à la course aux armements classiques.
Le règlement pacifique des conflits, grâce au dialogue et à la concertation, est le meilleur moyen d'éliminer le recours à la force dans les relations politiques entre et au sein des pays. C'est pourquoi, la République dominicaine appuie le renforcement des mécanismes internationaux de justice. Les instruments de préservation de la paix doivent être utilisés avant que les conflits ne surgissent. Pour leur part, les Nations Unies doivent prendre des mesures préventives et réagir rapidement et efficacement afin d'éviter toutes aggravations ultérieures. A cet égard, la Convention pour l'élimination des mines terrestres antipersonnel représente un pas important vers la consolidation des mécanismes de paix.
Pour sa part, la République dominicaine n'a eu de cesse de renforcer les relations avec ses voisins, dont dernièrement avec Haïti et Cuba. Elle poursuit également sa participation aux organisations régionales, en signant par exemple des traités de libre-échange avec les pays d'Amérique centrale et avec ceux de la communauté des Caraïbes (CARICOM).
Les droits de l'homme et les libertés fondamentales ne seront pleinement respectés et garantis que le jour où chaque citoyen aura une espérance de vie raisonnable, un bon accès aux soins de santé et à l'éducation dans un environnement sain. Pour atteindre ces objectifs, d'énormes investissements publics sont nécessaires. Or, le poids de la dette extérieure et la crise
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financière qui frappe actuellement plusieurs pays du globe, dont certains en Amérique latine, sont autant d'obstacles à la réalisation de ces objectifs. Le problème fondamental que doit régler la communauté internationale est donc l'important déséquilibre économique et social auquel sont confrontés de nombreux Etats Membres, le fossé entre les pays riches et les pays pauvres et l'aggravation de la pauvreté mondiale. A cette fin, il faut renforcer le rôle des Nations Unies dans l'élaboration et la coordination des politiques de coopération et en matière de fourniture d'assistance technique et financière aux pays en développement. En cette ère de mutation de l'ordre politique et économique international, les ressources humaines, et notamment les femmes, ont également un rôle prépondérant à jouer.
Droit de réponse
Le représentant du Rwanda a rejeté catégoriquement les accusations inacceptables portées ce matin contre le Rwanda et l'Ouganda par le Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC). Le Rwanda ne s'attendait pas à de telles accusations. Il dément tout ce qui a été dit concernant l'implication du Rwanda. Le véritable problème en RDC n'est pas dû aux supposées agressions extérieures. Ceci est un alibi pour masquer la politique d'exclusion et de mauvaise gestion qui a caractérisé les régimes de la RDC. Le régime de Mobutu était un terreau de corruption et de déstabilisation pour les pays voisins. De nombreux pays ont contribué à l'espoir de voir un changement positif en RDC. Il n'y a pas eu de lune de miel, même brève, à la suite de la prise de pouvoir par le Président Laurent Désiré Kabila. En moins de 12 mois le Président Kabila a détruit l'alliance politique. Il a fait de la direction du Congo un domaine personnel réservé et a placé les personnes de sa famille à des postes de responsabilité. La corruption en RDC est évidente et c'est elle qui a amené la rébellion actuelle de l'armée. Les dirigeants congolais ne peuvent pas nier l'existence d'une rébellion interne. Le Rwanda s'attendait à ce que le Ministre congolais tienne compte des conseils qui lui ont été prodigués au cours de ce débat général. Malheureusement, les autorités congolaises ont intensifié les messages de haine à la radio et à la télévision afin d'encourager le massacre des Tutsi du Rwanda. Le 25 août, le Président de la RDC a répété ces déclarations qui ne visent qu'à justifier la direction périlleuse que le peuple du Congo rejette. Le Rwanda lance un appel au secours pour que les personnes menacées soient sauvées.
Le représentant de l'Ouganda a déclaré que la semaine prochaine le Président de l'Ouganda prendra la parole devant l'Assemblée générale. Il a rejeté les attaques sans aucun fondement de la RDC contre l'Ouganda . Au cours des 12 derniers mois, il y a eu des incursions répétées en Ouganda en l'absence de tout contrôle gouvernemental dans l'Est du Congo. Celles-ci ont abouti à des massacres de femmes et d'enfants ougandais. Aucun gouvernement ne peut rester indifférent face à ces atrocités. Le résultat est que le Gouvernement ougandais a dû riposter et envoyer son armée pour mettre un terme aux activités de banditisme transfrontalier. Le Gouvernement de l'Ouganda n'a
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aucun désir de rester une journée de plus en RDC. L'Ouganda, qui est profondément préoccupé par la situation, quittera la RDC à condition qu'elle mette fin aux incursions et aux activités de banditisme. L'Ouganda souhaite réaffirmer qu'il respecte l'intégrité territoriale de la RDC et a soutenu toutes les initiatives prises depuis le mois d'août, encouragées par le Président de l'Afrique du Sud et visant à mettre fin au conflit. L'Ouganda fera tout ce qui est en son pouvoir pour aider la RDC à maîtriser ses problèmes internes.
Le représentant de la République islamique d'Iran a souhaité répondre à la déclaration faite ce matin par le représentant des Emirats arabes unis, qu'il a jugé inacceptable. les questions évoquées dans cette déclaration doivent être abordées et réglées de bonne foi dans le cadre de négociations bilatérales. L'Iran est disposée à entamer des négociations sur la base des faits historiques et du droit international. Conformément aux principes de la révolution islamique, l'Iran est déterminée à entretenir des relations cordiales avec ses voisins. Elle encourage toute initiative visant à renforcer la confiance dans le Golfe persique et à cet égard elle compte sur la bonne volonté des Emirats arabes unis. L'heure est venue de mettre en place un mécanisme pour encourager le dialogue entre les pays islamiques.
Le représentant du Royaume-Uni, en réponse aux remarques faites par le Ministre des affaires étrangères espagnol au sujet de Gibraltar, a rappelé la position de son pays, à savoir que la souveraineté britannique sur Gibraltar a été clairement établie par le Traité d'Utrecht. De plus, le Gouvernement britannique est lié par un engagement à l'égard du peuple de Gibraltar aux termes du préambule de la Constitution de Gibraltar de 1969, qui établit que le Royaume-Uni ne peut conclure d'accords supposant un transfert de souveraineté à un autre pays, sans que les habitants de Gibraltar ne puissent exprimer leur volonté librement et démocratiquement. Ainsi, la réintégration à l'Espagne, proposée par M. Matutes, ne peut se faire sans l'accord librement et démocratiquement exprimé du peuple de Gibraltar. Le Gouvernement britannique considère que les questions relatives à Gibraltar ne peuvent être résolues qu'à travers des pourparlers directs et, à cet égard, il est attaché à la poursuite du dialogue avec l'Espagne comme moyen de parvenir à un règlement des différends.
Le représentant de la République démocratique du Congo (RDC) a déclaré que bon nombre d'intervenants du débat général ont appelé les parties impliquées à respecter les idéaux poursuivis par l'ONU. Un règlement pacifique a été demandé. Il est inquiétant d'entendre les interventions des représentants du Rwanda et de l'Ouganda qui ont déclaré que leur présence en RDC répond à un besoin de protéger la sécurité de leur pays. Le représentant a rappelé que le génocide a frappé également la population Hutu. Si la RDC a inculpé ses voisins c'est qu'elle a des raisons suffisantes pour le faire. La présence des armées régulières du Rwanda et de l'Ouganda montre leur implication dans le conflit. L'élément de sécurité est un subterfuge. Seules les frontières avec le Rwanda et l'Ouganda continuent à connaître
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l'insécurité. Pour la délégation congolaise la paix et la sécurité en RDC nécessite un retrait sans condition des troupes rwandaise et ougandaise, le respect de la diversité et la pratique de l'inclusion ethnique et non de l'exclusion. La RDC réfute les interventions des représentants du Rwanda et de l'Ouganda.
Le représentant des Emirats arabes unis a indiqué que l'intervention de l'Iran n'explique pas l'occupation de la Grande- et Petite-Tumb et de l'île d'Abou Moussa par l'Iran depuis 1971. Les Emirats arabes unis ont à plusieurs reprises pris des initiatives de paix, conformes à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international, et appuyées par des Etats amis au plan régional et international. Ces initiatives visaient le règlement du différend en le portant devant la Cour internationale de Justice. Il faut espérer que la République islamique d'Iran répondra positivement à ces propositions et qu'ainsi les Emirats arabes unis recouvreront leur souveraienté sur les trois îles susmentionnées.
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