RECONNAISSANCE A L'ASSEMBLEE GENERALE QUE DEMOCRATIE ET PAIX SONT TRIBUTAIRES DE L'ERADICATION DE LA PAUVRETE
Communiqué de Presse
AG/794
RECONNAISSANCE A L'ASSEMBLEE GENERALE QUE DEMOCRATIE ET PAIX SONT TRIBUTAIRES DE L'ERADICATION DE LA PAUVRETE
19980922 Au cours de la reprise, cet après-midi, du débat à l'Assemblée générale, les intervenants ont particulièrement insisté sur les questions relatives à la réforme du Conseil de sécurité, le maintien de la paix et de la sécurité internationale, le développement économique et social et le rôle des organisations régionales.Le Président de la Lituanie a souligné que les Nations Unies devraient poursuivre leurs efforts de promotion de la démocratie et du développement durable. Rejoignant ce propos, la Présidente du Guyana a affirmé qu'il y va de l'intérêt de la communauté internationale d'aider au renforcement du système démocratique, en ajoutant que la pauvreté constitue le véritable obstacle à la paix et la sécurité internationales. Son élimination à l'échelle mondiale exige une intensification des efforts de développement économique et social durable dans un contexte difficile de mondialisation de l'économie. Afin de mieux appréhender ce phénomène de la mondialisation, le Président du Paraguay s'est prononcé en faveur de la création de mécanismes de coopération internationale efficaces et solidaires. Selon le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, ces mécanismes sont d'autant plus utiles que, dans une économie mondialisée, la persistance d'une pauvreté extrême dans les pays en développement continuera de représenter une menace pour les économies des pays développés.
La plupart des intervenants ont abordé la réforme des Nations Unies et en particulier celle du Conseil de sécurité. Ils partagent l'opinion selon laquelle la composition du Conseil de sécurité doit être plus représentative du monde d'aujourd'hui, ce qui lui permettra de jouir de la confiance et du soutien de tous les états. Dans le domaine du maintien de la paix, le constat des changements rapides de la nature même des conflits qui éclatent dans le monde, a conduit les participants à préconiser des changements dans la conception des missions de maintien de la paix. Celle-ci doit désormais s'inscrire dans une approche plus large que l'option militaire et s'appuyer sur la diplomatie préventive et l'assistance humanitaire.
(à suivre 1a)
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La situation difficile sur le continent africain, et en particulier en Angola et dans la République démocratique du Congo, a également fait l'objet de nombreuses interventions. Les Ministres de affaires étrangères du Zimbabwe et de la Namibie ont notamment lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle appuie les initiatives africaines dans la région des Grands Lacs.
Ont participé cet après-midi au débat général : le Président de la République de Lituanie, M. Valdas Adamkus; le Président de la République de Guyane, Mme Janet Jagan; le Président de la République du Paraguay, M. Raúl Cubas Grau; le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, M. Isack Mudenge; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Lao, M. Somsavat Lengsavad; le Ministre des affaires étrangères du Danemark, M. Niels Helveg Petersen; le Ministre des affaires étrangères de Belgique, M. Erik Derycke; le Ministre des affaires étrangères de la Finlande, Mme Tarja Halonen; le Ministre des affaires étrangères de la Namibie, M. Theo-Ben Gurirab; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, M. Leonardo Santos Simao et le Représentant permanent du Panama, M. Aquilino Boyd.
En début de séance, le Président a informé l'Assemblée générale que le Togo a effectué le versement nécessaire pour ramener le montant des ses arriérés en deça de la limite spécifiée à l'Article 19 de la Charte.
L'Assemblée poursuivra son débat général demain matin à 10 heures en entendant notamment M. Andrés Pastrana Arango, Président de la République de Colombie et M. Jules Wijdenbosch, Président de la République du Suriname.
Allocution de M. Valdas Adamkus, Président de la République de Lituanie
M. VALDAS ADAMKUS, Président de la République de Lituanie : cette année marque le cinquantième anniversaire de l'adoption par les Nations Unies de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Cet instrument essentiel a établi la volonté des peuples du monde d'établir une compréhension universelle des libertés individuelles, et de l'égalité et de la dignité qui sont indivisibles et ne peuvent pas être réduites. Nous devrions aujourd'hui être concernés par l'importance qu'occupent dans notre vie quotidienne les principes déclarés par les Nations Unies au courant des 50 dernières années. Il serait approprié aussi de se demander dans quelle mesure les Nations Unies sont-elles devenues une assemblée de Nations plutôt que d'Etats du monde. Dans l'univers contemporain de communications avancées, les échanges d'idées et de valeurs se font à très grande vitesse, et il n'est donc pas surprenant que la liberté, la justice et le bien-être de la personne humaine aient le même sens aussi bien en Europe qu'en Asie, en Afrique et en Amérique. Je pense que nous nous approchons d'un dénominateur commun de la notion de démocratie, de manière qu'elle ne soit pas seulement l'exclusivité de l'Occident et synonyme d'un développement économique rapide, qui ne soit pas seulement de certaines régions du monde. L'histoire a prouvé que les Etats démocratiques et prospères fournissent le meilleur environnement à l'expression des activités humaines. Les Nations Unies devraient donc continuer leurs efforts de promotion de la démocratie et du développement durable, et la réforme actuelle de l'Organisation pourrait servir ces objectifs.
La Haute Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, a noté que les violations des droits de l'homme actuelles sont les causes des conflits de demain. La Bosnie, ravagée hier par les conflits, et le Kosovo aujourd'hui en flammes, sont une douloureuse illustration de ces paroles. La Lituanie accueille favorablement l'initiative du Secrétaire général, M. Kofi Annan, d'intégrer la protection des droits de l'homme au cadre étendu des activités de l'Organisation. Une des réussites récentes les plus remarquables de l'Organisation est l'adoption des statuts du Tribunal criminel international. En prenant cette décision la communauté internationale a démontré sa disponibilité pour un pas positif en avant dans les relations internationales basé sur le système effectif de la justice internationale; un instrument conçu pour compléter les systèmes juridiques nationaux et pour encourager leur continuel développement. Il est encourageant que le Tribunal ait reçu le pouvoir de poursuivre les individus coupables des crimes les plus graves: génocides, crimes de guerre, et crimes contre l'humanité. Cette initiative montre notre résolution à lutter contre les horreurs contre lesquelles il n'y a ni limite idéologique, ni frontière politique.
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Allocution de Mme Janet Jagan, Présidente de la République du Guyana
Mme JANET JAGAN, Présidente de la République du Guyana : le système démocratique a émergé comme une forme populaire de gouvernement pour beaucoup d'Etats Membres des Nations Unies et le Guyana a rejoint cette majorité après trente années de régime non-démocratique. Il faut donc que la communauté internationale et les Nations Unies renouvellent leur soutien à notre égard afin que nous puissions parvenir à une meilleure gouvernance, et garantir le respect des droits de l'homme à tous nos citoyens. Il est regrettable qu'un certain nombre de nos démocraties se trouvent limitées en termes de ressources propres pour satisfaire ces besoins fondamentaux et nous sommes convaincus qu'il y va de l'intérêt de la communauté internationale d'aider au renforcement du système démocratique dans ces pays, seul moyen de prévenir la résurgence de régimes autoritaires. Il va sans dire que la démocratisation au sein d'un état doit s'accompagner de la démocratie entre les états. Ce principe constitue le pilier sur lequel la coopération internationale a été construite et il faut que les organisations et institutions internationales deviennent le lieu où tous les états peuvent exprimer leurs points de vue, et en particulier les pays en développement. A cet égard, nous attachons une grande importance à la réforme du Conseil de sécurité qui permettra à cet organe de jouir de la confiance et du soutien de tous les états. Il est évident que l'organe qui a été créé au lendemain de la deuxième guerre mondiale n'est plus adapté aux conditions du monde actuel. Nous avons besoin d'un Conseil plus représentatif et transparent, qui soit plus à même de faire face aux nouvelles menaces contre la paix et la sécurité internationales. De nos jours, il existe plus de missions de maintien de la paix que la communauté internationale ne semble vouloir ou pouvoir soutenir. La plupart d'entre- elles semblent interminables et connaissent peu de succès tangibles. Par conséquent, nous ne pouvons qu'arriver au constat que le maintien de la paix est insuffisant en soi et qu'il faut davantage recourir à la diplomatie préventive et à la construction de la paix afin de réellement s'attaquer et remédier aux causes des conflits.
Malgré la disparition des tensions Est-Ouest, il ne fait pas de doute que les dangers d'une catastrophe nucléaire persistent. Seule une interdiction complète de ce type d'armes, qui lie tous les états, pourrait réduire ce risque de catastrophe nucléaire. Par conséquent, mon Gouvernement appelle la communauté internationale à s'orienter vers une élimination totale des armes nucléaires et à l'arrêt de leur production. Il faut mettre en place un système de garanties collectives sur lequel tous les états puissent se reposer pour leur protection. L'expérience a montré que le nouveau genre de conflits auquel nous devons faire face nécessite une action concertée de la part de la communauté internationale.
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Par ailleurs, une véritable paix ne peut se réaliser que dans la mesure où elle se base sur un développement social et économique sain. Le plus grand obstacle à la paix étant la pauvreté, il est essentiel que ce problème soit abordé par les Nations Unies en vue d'y remédier à l'horizon 2015, ce qui nécessitera une action concertée entre les pays développés et les pays en développement. En dépit de son endettement extérieur, le Guyana a fait de grands progrès dans sa lutte contre la pauvreté, mais il dépend encore beaucoup de l'aide externe pour notre développement économique. C'est la raison pour laquelle nous sommes inquiets face à la baisse des ressources financières, à la fois bilatérales et multilatérales pour le développement, car, si les capitaux privés jouent un rôle important dans le processus de développement, ils restent trop sélectifs pour profiter aux économies les plus faibles. Un réel besoin de consensus global existe pour aider les pays en développement à achever leur transition et leur permettre de devenir des acteurs à part entière dans le processus de mondialisation.
La paix et la sécurité internationales sont également exposées aux menaces posées à notre environnement. A cet égard, mon pays reste déterminé à préserver l'environnement, ainsi que le développement durable de ses ressources. Les quatre piliers que j'ai mentionnés ici, à savoir la démocratie, le développement économique et social, les droits de l'homme et l'élimination de la pauvreté sont indispensables à la construction de la paix.
Allocution de M. Raúl Cubas Grau, Président de la République du Paraguay
M. RAUL CUBAS GRAU, Président du Paraguay : le Paraguay a recouvré la démocratie après quatre décennies de dictature. Pour la première fois en cinquante ans, un civil a succédé à un autre civil à la présidence. L'engagement du peuple paraguayen en faveur du processus démocratique restera fragile s'il n'est appuyé par la solidarité et la coopération des pays amis. Le Gouvernement paraguayen s'est fixé les priorités suivantes : faire renaître la confiance du peuple vis-à-vis de ses dirigeants, lutter contre la pauvreté par l'élimination des privilèges, réactiver l'économie au moyen de programmes sociaux et de l'amélioration des infrastructures physiques, et lutter contre la délinquance en mettant l'accent sur le contrôle du trafic des drogues. Une autre question prioritaire est celle de la lutte contre l'impunité qui demande une application rigoureuse des lois. Le Paraguay espère que ces mesures assorties d'incitations aux investissements étrangers mèneront au développement durable souhaité.
La réforme des organes principaux des Nations Unies revêt une importance particulière pour le Paraguay, notamment en ce qui concerne l'augmentation des membres du Conseil de sécurité et ce, dans les deux catégories des membres permanents et non permanents. Le Paraguay, par ailleurs, suit avec beaucoup d'intérêt les efforts des Nations Unies dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Il souligne que toute action de portée internationale dans ce sens doit être conforme au droit international.
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Un autre fléau mondial est celui du trafic des drogues. Il doit être abordé sous l'angle d'une responsabilité partagée entre les pays producteurs, les pays de transit ou les pays consommateurs. Le Paraguay se félicite, d'autre part, de l'initiative concernant la coopération économique horizontale et d'autres types de coopération Sud-Sud. Il estime néanmoins que l'ONU doit faciliter l'intégration des pays du sud de façon plus efficace notamment par le biais d'une coopération économique et technique efficace. Le Paraguay appuiera toute mesure visant à intégrer tous les acteurs économiques au processus du développement, en particulier ceux du secteur privé.
Sur le plan international, les succès du Marché commun du Cône Sud (MERCOSUR), créé en 1991, remplissent de fierté les pays concernés et les poussent à redoubler d'efforts. Les pays en question sont certains que leur volonté politique les aidera à consolider l'union douanière pour passer à des étapes d'intégration supérieures. Le MERCOSUR n'est pas un cercle fermé. Il a montré sa capacité de dialogue en particulier vis-à-vis des pays d'Amérique latine. Dans cet esprit, nous attachons une importance spéciale aux négociations sur la création d'une zone de libre-échange dans l'hémisphère ainsi qu'aux futures négociations avec l'Union européenne. Un nouveau millénaire est sur le point de commencer. Les recommandations de l'Assemblée générale peuvent avoir une pertinence fondamentale pour l'avenir immédiat. Les problèmes résultant de la mondialisation et les changements rapides qui caractérisent ce monde exigent la création d'un mécanisme de coopération internationale efficace et solidaire. Il faut espérer que les Nations Unies seront à la hauteur de la tâche.
Suite du débat général
M. ISACK MUDENGE, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe : les propositions de réforme faites en 1997 par le Secrétaire général ont pour objectif de donner plus de cohérence au système des Nations Unies en les rapprochant des nouvelles réalités géopolitiques. Nous soutenons notamment la convocation d'une Assemblée du millénium, afin que l'on se mette d'accord sur les grandes lignes que poursuivra l'Organisation au cours du siècle à venir. Nous devons continuer à utiliser de façon efficace le Compte pour le développement. La crise financière s'aggrave, c'est pourquoi, il est indispensable que tous les Etats Membres paient leurs cotisations. Mon gouvernement est déçu par les questions de la représentation équitable et de l'accroissement du nombre des membres du Conseil de sécurité, qui n'ont pas réellement progressées. La démocratisation du système des Nations Unies est pourtant nécessaire pour assurer sa légitimité. Le Mouvement des Non-Alignés continue de s'opposer à la procédure du veto, qu'il tient pour anachronique et anti-démocratique.
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L'Afrique a connu la paix et la stabilité avec le retour de la démocratie au Libéria et en Sierra Leone. Il faudrait d'ailleurs se féliciter de ces avancées. Toutefois, ces réussites ne vont pas sans déception. La situation ne cesse de se détériorer en Angola, notamment. Les dirigeants de l'UNITA doivent donner une chance à la paix. Les pays de la communauté internationale, qui ont de l'influence sur l'UNITA, devraient les en convaincre. Le respect de la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance des Etats constituent les principes fondamentaux du droit international, inclus dans la Charte des Nations Unies. Ces principes ne peuvent être pris à la légère. La République démocratique du Congo a récemment été victime de violations de ces principes. La Namibie, l'Angola et le Zimbabwe ont répondu à l'appel du gouvernement légitime, qui subissait le siège de rebelles soutenus par des troupes étrangères. Mon pays reste attaché à la quête d'une solution négociée à cette crise, en accord avec les Chartes des Nations Unies, de l'OUA et de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe. Nous lançons un appel à la communauté internationale pour qu'elle appuie les initiatives de l'Afrique dans la région des Grands Lacs. La situation dans la corne de l'Afrique, au Sahara occidental, les bombardements des ambassades américaines de Nairobi et de Dar es-Salaam, le processus de paix au Moyen-Orient, ainsi que l'assassinat des diplomates iraniens en Afghanistan nous préoccupent beaucoup.
Les programmes mis en oeuvre par les pays africains pour répondre à la mondialisation ont eu des répercussions négatives sur l'Etat-providence dans ces pays. Les conditions de vie de la majorité des Africains se sont dégradées. Le problème de la dette doit être pris en compte par les pays développés de manière globale et coordonnée. Les flux d'aide en direction des pays en développement doivent être accrus, que ce soit sous la forme d'aide officielle ou d'investissement étranger direct.
En matière de désarmement, ma délégation a été déçue par l'absence de point d'accord au terme de la Commission spéciale des Nations Unies sur la question cette année, et constate le peu de moyens dont disposent les Nations Unies face au terrorisme international.
M. SOMSAVAT LENGSAVSD, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République démocratique populaire lao : Au cours de l'année écoulée, la situation mondiale a continué de subir des changements plus profonds et plus complexes qu'au cours des années précédentes, et la paix mondiale reste fragile. Dans plusieurs régions du monde, des guerres civiles, des conflits entre Etats, des affrontements frontaliers, des confrontations ethniques, tribales et religieuses persistent encore. Certains de ces conflits n'offrent point de signe d'apaisement, tandis que d'autres sont créés en violation de la souveraineté d'Etats indépendants. A l'approche du troisième millénaire, les Etats et les peuples du monde devraient ensemble s'efforcer de poser les bases appropriées et solides permettant d'ériger une nouvelle ère de relations basées sur la paix, la justice sociale et l'égalité.
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En Asie du Sud-Est, une coopération multiforme mutuellement bénéfique entre les Etats de la région se poursuit dans de bonnes conditions, malgré les difficultés économiques sans précédent survenues après la crise financière de l'an dernier. Les pays touchés, grâce à des efforts nationaux et à la coopération régionale et internationale, procèdent à la restructuration de leurs économies par des programmes d'ajustement structurel. Sur le plan politique, la tenue d'élections au Cambodge en juillet dernier, a été reconnue et approuvée par la communauté internationale, et la République démocratique populaire lao espère que les partis politiques cambodgiens concernés parviendront le plus tôt possible à la formation d'un gouvernement de coalition, qui ramènerait la concorde nationale dans ce pays, la paix et la stabilité dans la région.
La plupart des pays en développement et notamment les moins avancés d'entre eux, sont très largement marginalisés en cette ère de mondialisation et de libéralisation de l'économie. Les pays développés doivent, par conséquent, tout mettre en oeuvre, pour donner aux pays les moins avancés les moyens dont ils ont besoin pour rattraper leur retard et être à la hauteur des progrès de l'époque actuelle. Face aux multiples défis du monde actuel, dont font partie le sous-développement, la pauvreté, la faim et la maladie, l'ONU est la seule instance multilatérale qui puisse fournir une contribution importante dans la recherche de solutions. Pour y arriver, elle a besoin de se restructurer et de se réorganiser de façon à devenir plus efficace. Nous exprimons dans ce cadre tout notre soutien au Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour les initiatives de réformes qu'il a présentées l'an dernier. Ces réformes ont besoin d'une solide assise financière pour réussir et nous appelons, conformément à la Charte de l'Organisation, tous les pays membres et notamment les principaux contributeurs, à remplir leurs obligations financières intégralement et dans les délais impartis.
M.NIELS HELVEG PETERSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark : avant tout, je m'associe à la déclaration faite au nom de l'Union européenne par mon collègue, le Ministre des affaires étrangères de l'Autriche.
Nous devons chercher à maintenir la paix et la sécurité internationales, et le respect des droits de l'homme. Cela suppose que la règle du droit prévaut, ce qui n'est pas toujours le cas dans le contexte international. Nous célébrons cette année le cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, qui a eu un impact important sur la définition des normes au sein des Nations Unies et au niveau des états. Il est clair qu'en matière de droits de l'homme, la situation diffère d'un pays à un autre. Il n'en demeure pas moins que les bases des droits de l'homme sont les mêmes partout et universelles. Cependant, nous ne disposons toujours pas d'un mécanisme international efficace permettant de garantir l'application de toutes les règles du droit international. Je tiens à rendre hommage aux nombreux défenseurs des droits de l'homme de par le monde et considère qu'il serait approprié que les Nations Unies adoptent cette année une Déclaration pour la protection des défenseurs des droits de l'homme.
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L'adoption, cette année, des statuts de la Cour criminelle internationale constitue une autre contribution importante en ce sens puisque l'un de ses objectifs est précisément de restaurer la règle du droit et de mettre fin à l'impunité. Le Danemark appelle tous les états à ratifier les statuts de la Cour. De même, en ce qui concerne le droit humanitaire international, le Danemark se félicite de l'entrée en vigueur en mars 1999 de la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel.
Les attaques terroristes constituent l'un des facteurs le plus déstabilisateur dans l'ordre international légal. La communauté internationale doit persévérer à condamner toute forme de terrorisme et à renforcer la coopération internationale pour combattre et prévenir toutes ses manifestations.
Les essais nucléaires effectués par l'Inde et le Pakistan cette année constituent une source légitime d'inquiétudes pour la communauté internationale. Je lance un appel à tous les pays, y compris à l'Inde et au Pakistan, pour qu'ils signent et ratifient le Traité sur la non-prolifération nucléaire et le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires.
Cette année est également marquée par le cinquantenaire des missions de maintien de la paix des Nations Unies. A cet égard on ne peut que constater que les défis actuels du maintien de la paix diffèrent de ceux des dernières décennies et que par conséquent, les Nations Unies doivent s'adapter à ces nouvelles donnes. Le Danemark a activement participé à ce processus, notamment dans les domaines de la mise en place des capacités de réaction rapide. Cependant le maintien de la paix va au delà des opérations militaires et doit désormais s'inscrire dans une approche plus large et plus intégrée qui comprend la police civile, la diplomatie préventive et l'assistance humanitaire. En tant que Membres des Nations Unies, nous devons être prêts à honorer nos obligations et notamment à doter l'Organisation des instruments nécessaires pour faire face à ces défis. Nous constatons de plus en plus le rôle accru des organisations régionales en matière de gestion de conflits. Toutefois, il faut qu'il y ait une répartition claire des tâches entre les organisations afin de ne pas travailler dans la confusion. Les Nations Unies doivent garder leur rôle central dans les efforts internationaux de maintien de la paix.
Le respect de la règle du droit dans les relations internationales ne peut être garanti que dans la mesure où l'action de la communauté internationale et des Nations Unies est fondée sur les instruments internationaux en vigueur et une volonté commune d'agir. A cet égard, nous regrettons de devoir constater une certaine paralysie au cours des dernières années face à des situations d'urgence et des conflits dans le domaine humanitaire. Des désaccords entre certains Membres des Nations Unies ne devraient pas mener à une paralysie totale de toute action.
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Au sein du Conseil de sécurité, si les Membres ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la création ou non d'une mission de maintien de la paix, il faut recourir à d'autres possibilités d'action. L'option ne devrait pas être, agir ou ne pas agir, mais plutôt quelle est la ligne d'action à adopter, ce qui se résume à une question de choix et de volonté politique. Une réforme du Conseil de sécurité peut contribuer à renforcer son autorité, mais, en fin de compte tout dépendra de la volonté de ses Membres d'agir et d'appliquer les mêmes normes dans tous les cas de figure.
M. AQUILINO E.BOYD (Panama) : il faut, pour sortir de la crise économique actuelle, adopter des politiques de rétablissement de la confiance vis-à-vis des marchés, de stabilisation des marchés et d'appui à la croissance. Il faut aussi que les institutions financières disposent des ressources adéquates et que l'on réfléchisse aux moyens d'assurer une protection sociale aux groupes vulnérables. La mondialisation de l'économie doit également conduire à un resserrement des liens entre les Nations Unies et la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, l'Organisation internationale du commerce, la Banque interaméricaine du développement et d'organes tels que le PNUD ou l'UNICEF. Par ailleurs, le Panama plaide pour l'annulation pure et simple de la dette extérieure qui continue de compromettre le développement de nombreux pays. Le développement économique durable du Panama est passé par la mise en oeuvre d'Agenda 21 qui a donné lieu à une loi sur l'environnement et à la promotion d'un processus de participation de l'ensemble de la société panaméenne.
A l'occasion du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Panama invite les Nations Unies à renforcer son action pour la défense de ces droits. Le pays a d'ailleurs concentré ses efforts sur la protection des droits des enfants. Le Panama appelle, par ailleurs, à un renforcement du cadre juridique et politique de la lutte contre le terrorisme et une intensification de la coopération tant au niveau bilatéral qu'au niveau multilatéral. En matière de politique intérieure, le Panama souligne qu'après le 31 décembre 1999, il ne renoncera plus jamais au contrôle du canal, symbole des aspirations des Panaméens qui ont voulu que le canal fasse partie intégrante d'une nation libre, indépendante et souveraine. Le transfert du canal se fera sans exclusion ni sectarisme.
M. ERIK DERYCKE, Ministre des affaires étrangères de la Belgique : l'heure est venue de repenser la façon dont les institutions et les gouvernements nationaux font face aux tensions et aux contraintes issues de la mondialisation. Il nous faut établir un cadre de référence commun, qui assure la coexistence pacifique des Etats et de leurs citoyens, dans le respect de leur diversité. Pour l'instant, les réponses apportées par la communauté internationale sont insuffisantes. L'Organisation des Nations Unies reste toutefois le lieu privilégié pour formuler des normes universellement reconnues avec le concours du plus grand nombre d'Etats. Le pouvoir économique et financier domine le monde, mais il a montré qu'il est incapable de le diriger.
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L'emprise de la logique du marché sur la personne humaine tend à lui conférer un rôle subalterne dans le système international. Internet et les marchés financiers ne peuvent être le seul ciment de la communauté internationale. Les faits imposent la mise en place de nouvelles solidarités et de nouveaux moyens d'action. Seule une organisation internationale politique forte peut constituer un contrepoids aux forces des marchés financiers. Nous devons donc donner plus de poids à l'autorité publique mondiale, par le biais, dans un premier temps, d'un dialogue renforcé entre les Nations Unies et les institutions de Bretton-Woods. Mon pays soutient également les mesures mises au point par l'Union européenne dans l'esprit d'un "fair trade".
La crise dans la région des Grands Lacs est pour les Nations Unies un défi moral. Elle impose un devoir de solidarité. Ensemble, les organisations régionales et sous-régionales et les Nations Unies doivent s'investir dans une initiative permettant de restaurer le dialogue dans la région et de mettre en place des mesures de confiance. Une conférence sur la sécurité et la paix dans la région, si elle est conçue comme un processus et non comme un événement unique, peut être le véhicule d'une stabilisation de la région. Par ailleurs, la Belgique propose que la 53ème session de l'Assemblée générale développe les acquis dans la définition des normes pour la protection des enfants. Une priorité du Gouvernement belge est la lutte contre les formes les plus répugnantes d'exploitation. Une initiative sera prise à l'occasion du dixième anniversaire de la Convention des droits de l'enfant qui consistera à organiser en Belgique en 1999, de concert avec l'UNICEF et tous les pays intéressés, une réunion permettant de partager les expériences quant aux législations respectives. En ce qui concerne la réforme de l'ONU, la Belgique fait partie de la majorité des pays qui plaident pour un renforcement de l'autorité du Conseil de sécurité. Elle a clairement exposé sa position en faveur d'un élargissement égal du nombre des membres permanents et non permanents, d'une meilleure représentativité des différentes régions et d'une autolimitation de l'usage du droit de veto dans des conditions prévues préalablement.
Mme TARJA HALONEN, Ministre des affaires étrangères de la Finlande : la Déclaration universelle des droits de l'homme est, et restera la base du développement des droits de la personne humaine, et nous devrions la célébrer au quotidien dans les activités de nos gouvernements et dans celles des institutions internationales. Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a souligné que les droits de l'homme constituent le fondement du développement humain et du développement durable de toute communauté. Nous partageons son point de vue et soutenons l'objectif qu'il a, d'intégrer les droits de l'homme à toutes les activités de l'ONU. Des ressources adéquates devraient être consacrées à ce processus. La nature universelle des droits de l'homme doit être placée au-dessus de tous les doutes, et tous les hommes et femmes jouissant ou demandant à bénéficier de ces droits doivent être jugés égaux, quelque soit leur nationalité et leur identité culturelle.
- 11 - AG/794 22 septembre 1998
Les défenseurs des droits de l'homme et les organisations non gouvernementales jouent un rôle vital pour leur promotion, et ont donc besoin d'une protection spéciale. Celle-ci leur sera assurée et renforcée quand la "déclaration sur les défenseurs de droits de l'homme" sera adoptée.
La Finlande accueille chaleureusement l'annonce par la Chine, qu'elle signera bientôt le Pacte international sur les droits civils et politiques. Bien que la Chine ait encore un long chemin à parcourir, cette signature représente un pas important pour atteindre l'objectif de l'universalité des pactes. Les arrangements régionaux complètent le système international dans la promotion et la protection des droits de l'homme. L'Union européenne, le Conseil de l'Europe et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe travaillent dans ce sens en ce qui concerne l'Europe, et nous sommes heureux d'avoir appris que des évolutions similaires ont lieu en Amérique latine. La Finlande se félicite de l'accord portant création d'un tribunal pénal international, processus qu'elle avait toujours soutenu. La Finlande continuera à s'y impliquer activement et souhaite que le Tribunal soit mis en place dans les meilleurs délais. Elle appelle toutes les nations à signer et ratifier urgemment le Statut de Rome. Cette cour pénale deviendra un mécanisme efficace de jugement des criminels de guerre et un moyen de dissuasion réelle contre les génocides, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre. Il est important que des clauses spéciales en faveur de la protection des femmes et des enfants soient incluses dans la définition des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité dans le statut du Tribunal. Une expertise spéciale est requise dans ce domaine, comme l'ont démontré les deux tribunaux spéciaux existant. La Finlande soutient aussi fermement la finalisation d'un protocole spécial sur les enfants dans les conflits armés portant à 18 ans la limite d'âge de recrutement. Il est en effet temps d'agir face aux souffrances intolérables imposées aux enfants par les conflits armés.
M. THEO-BEN GURIRAB, Ministre des affaires étrangères de la Namibie : les questions de l'élimination de la pauvreté, de la mise en valeur des ressources humaines, de l'égalité entre les sexes, du transfert des techniques et des ressources pour le développement des pays riches vers les pays pauvres doivent demeurer au coeur des préoccupations. Aujourd'hui encore, les maigres ressources existantes sont dirigées vers les entreprises militaro- industrielles des nations riches et puissantes perpétuant ainsi l'appauvrissement des nations et des peuples du tiers-monde. En ce qui concerne le commerce multilatéral, il appartient aux pays en développement d'élaborer un ordre du jour constructif spécifique au sud. Ils doivent adopter une position commune notamment sur la question de savoir si un nouveau cycle de négociations sur l'Organisation mondiale du commerce serait nécessaire ou si l'adoption d'une approche sectorielle serait préférable. Le lourd fardeau de la dette extérieure continuant d'épuiser la capacité des nations pauvres, en particulier en Afrique, l'annulation pure et simple de la dette extérieure apparaît comme la décision la plus humaine qu'il y a lieu de prendre dans les circonstances actuelles.
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Il incombe aux institutions de Bretton Woods de réexaminer leur manière "cruelle" de conditionner les flux des capitaux officiels et les programmes d'allégement de la dette en privilégiant plutôt les approches visant la stimulation de la croissance économique et de la productivité qui consolideront assurément la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. De l'avis de la Namibie, le succès de la mondialisation et de la libéralisation dépend de la qualité du dialogue nord-sud qui doit être ouvert et constructif et se dérouler dans un esprit de partenariat dénué de confrontation et de chantage. En ce qui concerne la paix et la sécurité internationales, il faut notamment regretter la situation en Angola et les retards enregistrés dans la mise en oeuvre des dispositions en suspens du Protocole de Lusaka du fait de l'UNITA. Le dernier Sommet de l'OUA a d'ailleurs condamné sans équivoques l'UNITA et son dirigeant. Une autre situation préoccupante est celle du Lesotho qui se voit une nouvelle fois menacé par une grave déstabilisation et un désordre social à cause de certains politiciens, qui ayant perdu les dernières élections, ont pris la règle du droit en otage. Ailleurs, des individus malavisés mus par une ambition aveugle et un certain appétit d'affrontements inutiles ont choisi de plonger la République démocratique du Congo dans une guerre destructive qui a débouchée sur une confrontation interafricaine.
La Namibie s'est jointe aux efforts des autres Etats Membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), à l'invitation expresse du Président congolais et de son gouvernement légitime, dans le seul but de prévenir la désintégration de l'appareil d'Etat et la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale d'un pays membre de la SADC, agressé par les armées d'invasion et leurs alliés. La Namibie a présenté sa candidature à la présidence de la cinquante-quatrième session de l'Assemblée générale et lors de son Sommet au mois de juin dernier à Ouagadougou, l'OUA l'a entérinée comme seule candidate de l'Afrique. L'appui des Etats Membres de l'ONU ne sera pas seulement un honneur pour la Namibie mais la réalisation des voeux du continent africain tout entier.
M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique : le processus de démocratisation, la bonne gestion et les règles de droit se renforcent dans mon pays. Il en va de même pour les réformes économiques et structurelles. Ainsi le Mozambique devient un partenaire de valeur dans le système international. L'intégration régionale, par le biais de la Communauté de développement pour l'intégration de l'Afrique australe (SADC), progresse également. Toutefois, nous sommes toujours confrontés à des problèmes auxquels il est indispensable de trouver une solution. Mon gouvernement a accueilli favorablement la décision prise en avril dernier par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) de rendre le Mozambique éligible au programme d'allégement de la dette. Mais nous encourageons les pays créditeurs et donateurs à continuer à prendre en considération la question de l'annulation de la dette extérieure, afin que les pays les moins développés puissent utiliser leurs maigres ressources en faveur de programmes sociaux.
- 13 - AG/794 22 septembre 1998
Le problème des mines antipersonnel reste une menace de taille. C'est pourquoi nous avons signé et ratifié la Convention sur l'interdiction de l'utilisation, le stockage, la production, le transfert et la destruction des mines antipersonnel. Dans cette optique, nous avons offert d'accueillir à Maputo, l'année prochaine, la première réunion des Etats parties à la Convention d'Ottawa, et nous espérons que cette réunion débouchera sur l'adoption de résolutions allant dans le sens de la coopération et de l'aide internationales.
Les conflits régionaux constituent une préoccupation majeure dans le calendrier des Nations Unies. Nous pensons qu'avec de la bonne volonté, une solution peut être trouvée dans la région des Grands Lacs. En Angola, la réticence de M. Savimbi à mettre en oeuvre d'une part les engagements pris dans le cadre du Protocole de Lusaka, et d'autre part les résolutions du Conseil de Sécurité.
Cette année, nous célébrons le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Nous devons faire en sorte qu'à travers des actions concrètes les horreurs et les incertitudes du passé ne se reproduisent pas. La mise en place d'une Cour criminelle internationale, à Rome, en juillet dernier, représente une avancée importante dans le sens de la protection et de la promotion des droits de l'homme dans le monde. Nous devons faire tout notre possible pour en accroître les compétences et en améliorer le fonctionnement.
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