En cours au Siège de l'ONU

AG/793

ASSEMBLEE GENERALE : APPELS AU RENFORCEMENT DU ROLE DE L'ONU DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET A UN RESSEREMENT DES LIENS AVEC LES ORGANISATIONS REGIONALES

22 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/793


ASSEMBLEE GENERALE : APPELS AU RENFORCEMENT DU ROLE DE L'ONU DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET A UN RESSEREMENT DES LIENS AVEC LES ORGANISATIONS REGIONALES

19980922 L'Assemblée générale a poursuivi ce matin son débat général au cours duquel les orateurs ont notamment mis l'accent sur les questions de la paix et de la sécurité internationales, des relations entre les Nations Unies et les organisations régionales et du rôle du Conseil de sécurité compte tenu de la situation dans la région des Grands Lacs, au Moyen-Orient, au Kosovo et en Afghanistan.

Le débat a offert l'occasion au Président du Burundi, M. Pierre Buyoya d'esquisser un aperçu de l'évolution du processus de paix dans son pays et de contester le bien fondé du maintien de l'embargo décrété contre son pays alors même que les conditions de sa levée sont réunies. Le Président a enfin évoqué le conflit de la région des Grands Lacs pour d'abord nier toute implication de son pays et pour ensuite appeler à une meilleure coordination entre l'ONU et et l'OUA, étant donné les insuffisances des organisations régionales. A ce propos, les Ministres des affaires étrangères de la Fédération de Russie et de l'Allemagne ont plaidé en faveur du renforcement des capacités des organisations régionales afin qu'elles soient en mesure d'appuyer les Nations Unies dans leurs efforts de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Constatant l'échec des tentatives de coordination entre l'ONU et les organisations africaines, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de la Russie a souhaité que le Conseil de sécurité se penche sur la question au cours de la réunion ministérielle sur la situation en Afrique qui doit se tenir le 24 septembre prochain.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Autriche, parlant au nom de l'Union européenne, a invité la communauté internationale à réaffirmer le rôle central de l'Organisation des Nations Unies, forum de coopération internationale, en matière de règlement des conflits dans le monde. Le Président du Ghana a, pour sa part, fustigé les retards et la sélectivité du Conseil de sécurité dans le traitement de certains conflits, en particulier en Afrique comme ce fut le cas pour le Rwanda, le Libéria ou encore la Sierra Leone.

(à suivre 1a)

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Le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a en particulier, mis en garde contre les prises de décisions du Conseil de sécurité qui ne reflètent pas l'esprit d'universalité de l'ONU. Poursuivant sur ce thème, le Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne a souhaité une réforme du Conseil qui, à son avis, ne tient toujours pas compte des statuts nouveaux de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine et en particulier du Japon et de l'Allemagne. Les questions de la lutte contre le terrorisme et du désarmement nucléaire ont également été évoquées. Des appels à une adhésion complète aux traités pertinents en la matière ont été lancés.

Participaient aux délibérations de ce matin : le Président du Burundi, M. Pierre Buyoya, le Président du Ghana, M. Jerry John Rawlings, le Vice- Chancelier et le Ministre des affaires étrangères de l'Autriche, au nom de l'Union européenne, le Vice-Chancelier et Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, M. Klaus Kinkel, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, le Ministre des affaires étrangères du Bangladesh, M. Alhaj Abdus Samad Azad, le Ministre des affaires étrangères du Pérou, M. Eduardo Ferrero Costa et la Représentante de l'Australie.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet aprés-midi à 15 heures, en entendant notamment le Président de la Lituanie, le Président de Guyana et le Président du Paraguay.

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Allocution de M. Pierre Buyoya, Président de la République du Burundi.

M. PIERRE BUYOYA, Président du Burundi : la conception d'un projet de processus de paix au Burundi repose sur le constat que malgré la tournure ethnique prise par les violences, le fond de la crise burundaise est d'essence politique. C'est pourquoi, nous concentrons tous nos efforts à la recherche d'une solution politique. Au niveau interne, le processus de paix a abouti à un accord de partenariat politique. Aujourd'hui, une constitution provisoire régit les institutions de la République, principalement le Gouvernement et l'Assemblée nationale. Un gouvernement négocié regroupant les principales forces politiques du pays est en place et fonctionne depuis trois mois. L'Assemblée nationale élue en 1993 a été élargie aux représentants d'autres partis politiques et de la société civile. Les questions importantes de la démocratie, de la justice, de la sécurité et du développement figureront en bonne place dans le programme que le Gouvernement va soumettre au parlement au cours de sa session d'octobre prochain. C'est ce même partenariat politique qui a rendu possibles les négociations d'Arusha, entamées le 15 juin 1998, regroupant les Barundi de l'intérieur et de l'extérieur. La seconde session des négociations a eu lieu le 20 juillet et la troisième est programmée pour le 12 octobre prochain.

Il faut regretter que des obstacles aient été érigés sur le chemin de la construction d'une paix durable; le principal étant les sanctions économiques imposées au Burundi depuis le 31 juillet 1996. Du fait de ces sanctions, le taux de scolarisation est passé de 70% à 43%, le taux de vaccination a chuté de 80% à 40% et celui de la malnutrition des enfants de moins de cinq ans est de 43%. Bien que toutes les conditions posées par ses initiateurs aient été remplies, l'embargo imposé au Burundi est toujours maintenu. Le Burundi lance un appel aux pays de la sous-région et au médiateur qui organise les négociations d'Arusha pour qu'ils lèvent l'embargo avant que celui-ci ne compromette le projet de paix. Cet appel va aussi à la communauté internationale pour qu'elle appuie les efforts burundais de construction de la paix en appuyant les appels à la levée de l'embargo. L'autre obstacle à la paix est la persistance d'actions violentes perpétrées par des factions armées à partir des pays voisins. Le Burundi invite ces pays à assumer leurs responsabilités car on ne peut pas à la fois exiger des négociations et tolérer des actions terroristes de groupes engagés dans les négociations de paix.

A ce stade, le souhait du Burundi est de voir la coopération internationale reprendre sans plus tarder. Il faut s'abstenir de continuer à spéculer sur l'engagement du Burundi, et sa volonté de faire la paix chez lui par le dialogue. Les faits parlent d'eux-mêmes; les autorités sont en négociations avec tous les Barundis qui ont des revendications politiques à faire valoir. S'agissant de la sécurité dans la sous-région, le Burundi réaffirme qu'il n'est nullement impliqué dans le conflit de la République démocratique du Congo et demeure préoccupé par un certain discours qui risque

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d'opposer les populations et générer un risque de génocide sur base ethnique dans la région. L'ONU et l'OUA pourraient mieux coordonner leurs efforts dans la recherche d'une solution à la crise en République démocratique du Congo surtout lorsque l'on observe les limites des organisations régionales.

Allocution du Capitaine Jerry John Rawlings, Président de la République du Ghana.

Le capitaine JERRY JOHN RAWLINGS, Président de la République du Ghana : la commémoration, cette année, du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme nous donne l'occasion de faire un bilan de ce qui a été accompli au cours de ces dernières années pour l'amélioration de la qualité de la vie des peuples et pour la promotion et la protection effective de leurs droits fondamentaux. Les droits des femmes doivent se situer au coeur de ce processus, et nous devrions nous concentrer sur leur promotion et leur protection au niveau de toute la planète. Cinquante ans après la Déclaration des droits de l'homme, 12 millions d'enfants de moins de 5 ans continuent de mourir, chaque année, de maladies que l'on pourrait prévenir, 200 millions d'entre eux sont mal nourris et, 110 millions n'ont pas accès à un enseignement de base. 800 millions de personnes n'ont pas de soins de santé primaires et 1,3 milliard d'êtres humains vivent dans un état de pauvreté abject. La situation économique critique de l'Afrique devrait retenir l'attention de la communauté internationale et devrait nous appeler à en trouver les causes et y apporter des solutions. De nombreux Etats du continent, notamment les plus pauvres, continuent de souffrir du fardeau d'une dette très lourde dont les obligations, en détournant du développement des ressources qui devraient y être dirigées, nous empêchent de fournir à nos populations les services dont elles ont besoin dans des domaines cruciaux comme l'éducation et la santé. La dette réduit notre capacité à devenir compétitifs au sein de l'économie mondiale. A cet égard, nous soulignons le besoin de mettre en place des mesures d'allégement de la dette à travers une assistance financière concessionnelle, ceci dans le but de pousser et d'améliorer la mise en exécution des réformes économiques et de créer un environnement stable qui permette aux pays de se sortir du piège de la dette.

La récente crise financière en Asie et ses conséquences démontrent qu'aucun pays ne peut s'en sortir seul ou ne peut jouer en dehors des règles établies. L'approche actuelle de certains pays industrialisés, qui demandent aux pays en développement de mettre en application des règles politiques qu'ils n'observent pas eux-mêmes, constitue un test sur l'état des relations entre le monde développé et le monde en développement au cours du siècle à venir. Bien qu'il soit clair depuis un certain temps qu'on ne peut aboutir au développement durable sans tenir compte de l'équité dans les relations économiques entre le Sud et le Nord, les pays tirant avantage de l'ordre économique injuste actuel, ont choisi, à cause de considérations à court terme, d'ignorer les impacts sérieux et négatifs de cette situation sur le mode de vie des populations dans la plupart des régions du monde.

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La fin de la guerre froide a révélé des nouvelles menaces à la paix mondiale et régionale. Des conflits à l'intérieur des Etats, tirant leurs origines de causes ethniques et d'intolérance raciale et religieuse, posent une menace à la sécurité de nombreux Etats et régions. Les retards et la sélectivité de la communauté internationale dans le traitement de certains de ces conflits, ont parfois été embarrassants et ont miné le concept même de sécurité collective contenu dans la Charte de l'ONU, dont l'article 24, non seulement donne au Conseil de sécurité la responsabilité première en ce qui concerne le maintien de la paix, mais stipule en outre une intervention "rapide et efficace" quand surviennent des violations. Ce qui nous amène à nous demander, dans notre partie du monde, où était le Conseil de sécurité quand le Rwanda s'enflammait? Où était-il quand le Libéria sombrait dans la tourmente? Où était donc cette "action rapide" quand le peuple de la Sierra Leone agonisait sous les coups d'une brutale dictature? Face aux pratiques sélectives du Conseil, nous avons dû, malgré nos ressources limitées, nous confier à nos propres initiatives au niveau sous-régional pour répondre aux conflits internes qui déchiraient certain de nos pays. Nous accueillons favorablement l'adoption, l'an dernier, de la Convention sur l'interdiction de l'usage et du stockage des mines terrestres antipersonnel, dont nous espérons qu'elle sera universelle dans un futur proche pour débarrasser la planète de ces armes inhumaines qui continuent de faire des victimes civiles innocentes. La communauté internationale devrait, dans ce cadre, se pencher davantage sur le problème du déminage et sur la réhabilitation des personnes et le redressement des pays affectés par les mines.

Suite du débat général

M. WOLFGANG SCHUSSEL, Président du Conseil de l'Union européenne et Ministre des affaires étrangères de l'Autriche : a souligné que la crise financière internationale ne peut être résolue que de manière globale, en tenant compte de ses causes politiques, financières et économiques. Il est impératif que soit élaborée une stratégie commune et que soient formulées des règles pour les transactions financières. Les remèdes à court terme ne sont pas suffisants. Des politiques à long terme sont désormais requises. Le modèle européen d'économie de marché sociale a su aménager la mondialisation en respectant les intérêts et les souhaits des gens, en étant solidaire à l'égard des pauvres et des défavorisés et en combattant le chômage. L'Europe a répondu aux défis de la mondialisation par l'introduction de l'Euro et l'élargissement de l'Union. Ces deux éléments sont susceptibles, d'une part, de stabiliser l'environnement économique international, et d'autre part, d'assurer la stabilité politique dans la région. La stabilité politique et économique en Russie est l'une des préoccupations majeures de l'Union européenne. Nous espérons que le nouveau gouvernement réussira à restaurer la confiance des Russes et de la communauté financière internationale.

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La communauté internationale doit faire face à un nombre sans cesse croissant de conflits aux origines différentes. Outre les opérations de préventions, nous devons porter notre attention aux racines des conflits, comme le non-respect des droits des minorités. Une politique active est requise et nous soutenons les efforts des Nations Unies qui vont dans ce sens. Les progrès en matière de désarmement, contrôle des armes et non-prolifération constituent également un élément clé de maintien la paix et de renforcement de la sécurité au niveau international. Dans cette optique, l'Union européenne considère que les essais nucléaires en Inde et au Pakistan en mai 1998 représentent une grave menace à la paix et à la sécurité dans le monde et appelle les deux pays à engager le dialogue. A l'approche du nouveau millénaire, l'éradication de la pauvreté doit être placée au coeur des préoccupations de la communauté internationale, par le biais de la coopération entre les pays développés, les pays en développement, les institutions multinationales et la société civile. En reconnaissant le rôle central d'un environnement sain pour améliorer la qualité de la vie, l'Union européenne attache une grande importance à l'intégration de l'environnement dans tous les secteurs de la vie politique. Nous sommes donc favorables à une plus grande coopération dans ce domaine. L'Union européenne soutient également le combat mené contre les drogues, le crime et le terrorisme ainsi que les décisions prises lors de la Conférence pour l'établissement d'une Cour Criminelle Internationale.

L'escalade des tensions au Kosovo, l'application des accords de Dayton en Bosnie-Herzégovine, la montée de la violence en Albanie, les tensions incessantes et l'instabilité dans la région des Grands lacs, ainsi que les combats en Afghanistan constituent des préoccupations majeures de l'Union européenne, qui soutient les efforts des Nations Unies une fois que des opérations sont engagées.

Bien que les défis auxquels nous devrons faire face au XXIème siècle soient différents de ceux auxquels nous sommes habitués, nous sommes persuadés que les Nations Unies seront de plus en plus indispensables en tant que forum de la coopération mondiale. Face à la crise financière que vivent actuellement les Nations Unies, il est indispensable que tous les Etats Membres, sans exception pour les Etats-Unis, honorent leurs obligations.

M. KLAUS KINKEL, Ministre des affaires étrangères de l'Allemagne : il est de plus en plus clair à quel point l'humanité est liée par une destinée commune et doit faire face à des défis communs. Les crises économiques en Russie et en Asie ont secoué l'économie mondiale, et des fléaux tels que les drogues, le crime organisé et le terrorisme touchent désormais le monde entier. Aucun Etat, qu'il s'agisse d'une superpuissance ou d'une petite île, ne peut à lui seul faire face à ces défis mondiaux, et personne ne peut y échapper. Ce n'est que grâce à des efforts entrepris en commun qu'il sera possible de gérer notre avenir. C'est pourquoi nous avons besoin d'une action globale et d'une gestion globale pour faire face aux défis mondiaux du 21ème siècle. Il s'agit en l'occurrence d'une épreuve à la fois pour les gouvernements et pour les autres acteurs mondiaux, à savoir les organisations non gouvernementales et les sociétés multinationales.

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L'ère de la mondialisation est aussi celle des Nations Unies. En effet, l'ONU est le forum dans lequel les nations du monde entier se rencontrent, et c'est par conséquent ici qu'il sera possible de trouver des solutions communes aux problèmes mondiaux d'aujourd'hui et de demain. C'est la raison pour laquelle l'Allemagne apportera toute son aide aux Nations Unies pour mieux se préparer à affronter le 21ème siècle. Nous apportons au Secrétaire général, M. Kofi Annan, tout notre soutien pour ses propositions de réformes de l'Organisation. Il appartient maintenant aux Etats Membres de prendre le relais.

Tel qu'il est constitué aujourd'hui, le Conseil de sécurité est le reflet du monde tel qu'il se présentait à la fin de la seconde guerre mondiale; il ne tient pas compte des situations nouvelles qui caractérisent l'Asie, l'Afrique et l'Amérique latine. De même, le Japon et l'Allemagne ont pris une importance accrue. L'Allemagne remercie tous les Etats Membres qui sont en faveur d'un siège permanent pour l'Allemagne au sein du Conseil de sécurité. La réforme du Conseil de sécurité ne saurait être reportée plus longtemps.

Devant faire face à des responsabilités de plus en plus lourdes depuis la fin de la guerre froide, les Nations Unies devraient pouvoir disposer d'institutions efficaces. C'est pourquoi, l'Organisation devrait pouvoir compter sur ses Etats Membres pour qu'ils s'acquittent de leurs obligations financières en temps voulu; cela est particulièrement vrai pour les Etats Membres les plus grands. Devenue le troisième plus important contributeur financier de l'Organisation, l'Allemagne continuera à honorer ses obligations à son égard.

Les organisations régionales telles que l'OUA et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), doivent aujourd'hui contribuer à alléger les responsabilités assumées jusqu'ici par les Nations Unies. En effet, si ces dernières parviennent à régler des conflits au niveau local, le Conseil de sécurité n'aura plus à en être saisi.

Par ailleurs, l'impact des crise économiques en Russie et en Asie prouve qu'il faut créer un cadre fiable pour l'économie mondiale. Cela ne signifie pas pour autant qu'il faille une autorité financière mondiale, ni des taux de change fixes ou des mesures protectionnistes, mais plutôt des mécanismes d'alerte rapide, davantage de transparence et des systèmes financiers plus efficaces, en particulier dans les économies émergentes. C'est la raison pour laquelle l'Allemagne soutient l'initiative américaine pour un dialogue entre le G8 et les nouvelles économies émergentes sur une nouvelle architecture du système financier international.

Gérer la mondialisation signifie également un réseau de partenariats entre les grands groupements régionaux et les grandes puissances. En effet, les groupements régionaux représentent les composantes d'un nouvel ordre mondial sous les auspices des Nations Unies. Dans ce contexte, les partenariats entre l'Union européenne et des organisations régionales telles

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que le Marché commun du Sud (Mercosur), l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) prouvent que l'Union se trouve sur la bonne voie. L'OTAN s'ouvre également à la participation de nouvelles démocraties.

La création de la Cour criminelle internationale constitue un pas important vers un ordre mondial dans lequel prévaudra la force de la loi, et non pas la loi de la force. Je lance un appel à tous les pays pour qu'ils signent et ratifient les statuts de cette Cour.

L'Allemagne est aujourd'hui le pays qui accueille le deuxième nombre le plus important de réfugiés. La misère des réfugiés représente un défi humanitaire et politique pour la communauté internationale et il est nécessaire aujourd'hui d'établir une politique mondiale des réfugiés. Nous avons besoin d'une politique globale à l'intention des réfugiés et les Nations Unies pourraient apporter leur contribution dans ce domaine, ce qui pourrait se traduire concrètement par une répartition plus équitable des réfugiés, des efforts plus importants pour s'attaquer aux causes de la fuite, de l'expulsion et des migrations de personnes, ainsi que par une diplomatie préventive plus efficace permettant d'éviter la dégradation de la situation dans les pays concernés par ce phénomène. S'attaquer aux causes des migrations de populations signifie également éliminer les causes économiques, sociales et écologiques. Le fossé se creuse entre riches et pauvres, et il est impératif de remédier à cette situation car toute personne devrait pouvoir vivre dans la dignité, de même que toutes les nations devraient avoir de bonnes chances dans la compétition mondiale, surtout quant il s'agit des plus pauvres. Par conséquent, il appartient aux pays les plus riches d'aider les plus pauvres dans leurs efforts de développement. Dans ce contexte, l'Allemagne préconise une économie mondiale sociale et souligne à cet égard qu'elle ne se désintéressera pas du continent africain. D'autre part, l'Allemagne continuera à soutenir le processus de paix au Moyen-Orient. Les actes de terrorisme ont débouché dans une impasse au Moyen-Orient et nous avons la responsabilité partagée de tarir les sources du terrorisme, à savoir la pauvreté, les conflits ethniques et l'intégrisme. Cependant, combattre le terrorisme ne signifie pas combattre l'Islam. Nous sommes en faveur d'un dialogue entre les cultures, les religions et en particulier avec l'Islam car il existe des valeurs humanitaires qui nous unissent tous.

Nous avons tous espéré qu'avec la fin de la confrontation entre l'est et l'ouest, le risque de prolifération nucléaire allait disparaître à jamais. Force est toutefois de constater qu'il n'en est rien, le risque de prolifération des armes de destruction massive planant toujours sur l'humanité tout entière. Pour cette raison, nous sommes d'avis que toutes les nations devraient signer le Traité de non-prolifération nucléaire et les Conventions qui condamnent les armes chimiques et biologiques. De même, tous les pays devraient signer la Convention sur les mines antipersonnel.

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Par ailleurs, nous devons également repenser notre comportement vis-à- vis de la nature. A cet égard, les victimes des inondations récentes en Chine et au Bangladesh sont en alerte. Si nous voulons sauver notre planète et son écosystème, c'est ensemble que nous devons agir et l'Allemagne a l'intention de rester à l'avant-garde de la campagne internationale de protection de l'environnement.

M. IGOR S. IVANOV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie : le pays est déterminé à rester fidèle au processus de réforme et entend n'épargner aucun effort pour sortir de cette phase critique avec dignité afin de préserver les acquis démocratiques et en récolter d'autres. De même, la politique étrangère de la Fédération de Russie continuera d'être aussi cohérente et constructive qu'auparavant. La Fédération de Russie est plus que jamais déterminée à bâtir un monde démocratique multipolaire permettant une interaction entre Etats. Les problèmes auxquels le monde est confronté ne pourront être résolus que dans le strict respect du droit international et grâce à une étroite collaboration entre Etats, et à cet égard, les organisations et mécanismes multilatéraux régionaux ont un rôle particulier à jouer. Ils doivent appuyer l'action des Nations Unies. Il est du ressort de la communauté internationale de développer un arsenal unique d'instruments politiques et diplomatiques pour résoudre les problèmes internationaux. Dans cette perspective, le recours à la force doit demeurer une mesure exceptionnelle de dernier recours. Le règlement, l'année dernière, de la crise iraquienne montre à l'évidence le potentiel d'une diplomatie active et constructive.

Il ne fait aucun doute aujourd'hui que l'Iraq doit poursuivre sa coopération avec les Nations Unies. Cependant, il est important que le Conseil de sécurité réévalue la situation et réponde sans ambiguïté à la question de savoir si, après sept ans d'activités de l'Iraq (UNSCOM) représente toujours une menace pour la sécurité de la région et celle du monde. La logique politique doit également prévaloir au Kosovo tant il est vrai qu'elle est le seul moyen de résoudre le conflit de la région, règlement exigeant l'octroi d'une grande autonomie tout en assurant l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie. Il en va de même pour la situation actuelle en Afghanistan qui ne peut être réglée que par une solution politique sous les auspices des Nation Unies.

Il faut d'autre part regretter l'échec des tentatives de coordination entre les Nations Unies et les organisations régionales africaines. C'est pourquoi, la réunion ministérielle du Conseil de sécurité doit se concentrer sur la manière de renverser la dynamique négative du cours des événements en Afrique. En matière de paix et de sécurité internationales, la Fédération de Russie est fermement déterminée à poursuivre sa politique de réduction des arsenaux nucléaires. Dans ce contexte, elle attache une attention particulière à l'interaction avec les Etats-Unis dans le domaine de la réduction des armes stratégiques offensives. Le Premier Ministre, M. Primakov a d'ailleurs exprimé son intention de parvenir à une ratification rapide du Traité START 2. Il est donc important que les Etats-Unis ratifient tous les documents relatifs à ce traité.

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Le terrorisme nucléaire est devenu une menace pour l'humanité montrant la pertinence qu'il y a à finaliser les travaux concernant le projet de convention sur la lutte contre le terrorisme nucléaire présenté par la Fédération de Russie. La lutte contre le terrorisme nucléaire ne pourra être gagnée que par une action concertée et non par des coups de force unilatéraux. Par ailleurs, le militantisme séparatiste est devenu un autre facteur de déstabilisation des Etats. Plus de 2 500 minorités nationales vivent dans 150 pays et il est facile d'imaginer la catastrophe qui s'ensuivrait si chacune d'elles demandait à créer son propre Etat. Les partisans du séparatisme devraient y songer plus souvent. A l'occasion du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la communauté internationale doit renouveler son engagement commun de mettre en oeuvre les dispositions de cet instrument juridique international. A ce propos, la Fédération de Russie ne restera pas indifférente au sort des centaines de milliers de russophones victimes de la répression en Lettonie et en Estonie. La communauté internationale et surtout l'OCDE doivent suivre la question de près.

La Fédération de Russie se félicite du cours des réformes de l'ONU tout en mettant en garde contre la tendance dangereuse qui consiste à adapter les Nations Unies aux voeux d'un Etat ou à tout simplement les remplacer dans certains cas comme pour les opérations de rétablissement de la paix. La Fédération de Russie dénonce les tentatives de faire fi du pouvoir du Conseil de sécurité stipulé par la Charte pour adopter des mesures coercitives. Il faut éviter de créer un précédent en permettant le recours à la force dans une situation de crise sans le consentement du Conseil de sécurité. Il est évident que de telles actions conduiraient à une érosion grave du système des relations internationales existant dont les Nations Unies constituent l'élément central. La procédure d'imposition des sanctions exige également une approche hautement équilibrée. Elle ne doit pas devenir un instrument de lutte contre un régime abhorré par un Etat. Il est temps d'affiner le mécanisme régissant l'imposition des sanctions, leur durée et les procédures d'allégement et de levée des sanctions.

Mme PENNY WENSLEY, (Australie) : les progrès accomplis par la communauté internationale dans le domaine du contrôle de armements et du désarmement ont été remarquables au cours des dernières décennies, et ont été accélérés par la fin de la guerre froide. De nombreux accords bilatéraux, régionaux et internationaux ont été conclus, contribuant à rendre le monde plus sûr; et ces accomplissements ont abouti au fait que nous devons travailler avec détermination à mettre en place un univers où le droit à l'autodéfense, qui est reconnu à chaque nation par la Charte des Nations Unies, doit être assuré avec le niveau le plus bas de détention d'armements conventionnels et sans recours à des armes de destruction massive. Un traité bannissant toute une catégorie d'armes de destruction massive, la Convention sur les armes chimiques, a été négocié avec succès en recueillant un large soutien des Etats Membres, et des efforts sont en cours pour renforcer la Convention sur les armes biologiques. Un traité majeur sur l'interdiction totale des essais nucléaires, qui interdit tout test atomique existe aussi, et le CTBT comme on

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l'appelle, a été signé par 150 nations. Le système international de contrôle et de sauvegarde nucléaires a été renforcé, rehaussant la confiance internationale dans l'intégrité de ce régime et dans sa capacité à repérer et à dissuader les violations vis-à-vis des obligations de la non-prolifération nucléaire.

Face à ces efforts, des défis sérieux ont été posés aux mesures de désarmement et de non-prolifération par l'Iraq et la République populaire et démocratique de Corée, et, les progrès pour des règles universelles de non- prolifération nucléaire et d'interdiction des essais ont eu à subir des épisodes sporadiques où des tests ont été menés, dont les derniers en date sont ceux du Pakistan et de l'Inde. Des tensions non résolues en Asie du Sud et au Moyen-Orient continuent de poser des obstacles à une adhésion universelle au Traité de non-prolifération (TNP).

Il est dans l'intérêt de l'Australie, mais aussi dans l'intérêt de la sécurité régionale et internationale, de maintenir les régimes et les politiques de non-prolifération et aussi de mettre au point des mesures effectives de réduction et d'élimination de la menace posée par les armes de destruction massive. L'existence même du Traité de non-prolifération et son universalité presque établie, met en lumière l'inacceptabilité de la mise en place de programmes nucléaires dans le monde d'aujourd'hui. Dans la même optique, c'est l'existence d'un traité sur l'interdiction totale de tout test qui a rendu plus fort et plus étendu le désaveu et le refus manifestés envers les tests qui ont eu lieu au début de cette année. Il reste encore beaucoup à faire pour que le Traité puisse devenir véritablement universel. Les récents défis qui lui ont été posés feront de la sixième Conférence de revue, prévue en l'an 2000, une des plus significatives de l'histoire du Traité. A ceux qui persistent dans le refrain tant de fois entendu que le TNP est un traité discriminatoire, nous disons oui, et ce, pour une bonne raison. Le TNP permet le maintien d'une situation provisoire de discrimination entre les Etats nucléaires et les nôtres qui en sont dépourvus, simplement parce que la solution alternative était et reste trop horrible à envisager. Nous pouvons, du fait de la fin de la guerre froide, nous plaindre que cette discrimination n'a que trop duré, mais nous ne pouvons pas dire que la situation alternative aurait rendu le monde plus sûr qu'il n'est aujourd'hui; et il serait pervers, au moment où les arsenaux accumulés par les Etats nucléaires pendant la guerre froide sont en voie de réduction rapide, d'aller contre le courant du désarmement et de vouloir poursuivre l'option du nucléaire. Concernant le débat sur la réforme de l'ONU, l'Australie est inquiète que les discussions sur la réforme du Conseil de sécurité traînent. Il serait temps d'aller au- delà des discussions d'ordre général et d'entamer des négociations sérieuses sur une série de réformes qui aboutiraient à un Conseil de sécurité plus représentatif, plus transparent et plus adapté au nouveau millénaire qui s'annonce. Ceci demande plus d'engagement et de flexibilité de la part des Etats Membres, et l'Australie reste ouverte et engagée à trouver les moyens de faire avancer le débat sur ce point crucial.

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M. ABDUS SAMAD AZARD, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh : Les inondations sans précédent de cette année ont touché les deux tiers de notre pays, soit presque 31 millions de personnes. Le coût de la réhabilitation et des reconstructions a été estimé à environ 900 millions de dollars. Les Nations Unies, de même que nos partenaires et pays amis, ont répondu à nos requêtes et à nos besoins. Je réitère ici l'appel du Président Sheikh Hasina à la générosité et au soutien continu de la communauté internationale en faveur du Bangladesh dans les semaines à venir. Les causes des inondations, cette année, sont complexes. Le Rapport 1998 sur le développement humain a indiqué que le réchauffement général de la planète pourrait entraîner des inondations permanentes sur certaines régions et ravager les moissons. Les répercussions humaines pourraient également être dévastatrices pour des pays pauvres comme le Bangladesh. Celui-ci pourrait voir ses terres réduites de 17% si le niveau de la mer s'élevait d'un mètre. Beaucoup de progrès ont été effectués depuis le Sommet de Rio, et pourtant, les fruits récoltés sont peu nombreux en raison de l'absence de nouvelles ressources.

Depuis l'élection de notre gouvernement en juin 1996, nous avons essayé de mettre en place et de renforcer les institutions et les lois garantes de la démocratie et d'une bonne gouvernance. Nous croyons en l'importance du droit au développement dans un régime de respect des droits de l'homme. C'est pourquoi nous sommes satisfaits du soutien que les chefs d'Etat et de gouvernement ont apporté, lors du récent Sommet des non-alignés, aux propositions de notre Premier Ministre en faveur de la préparation d'une Convention sur le droit au développement. En matière d'aide au développement, nous faisons appel aux pays développés pour qu'ils atteignent l'objectif de 0,7% en faveur des pays en développement et entre 0,15 et 0,2% pour les pays les moins avancés, de préférence avant l'an 2000. Des efforts doivent également être fournis pour assurer aux pays les moins avancés l'accès aux marchés, des barrières tarifaires tendant vers zéro, ainsi qu'un traitement préférentiel. Tous ces points doivent être préparés en prévision de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés en l'an 2001.

Pour le Bangladesh, le désarmement général et total constitue un engagement constitutionnel. Les visites personnelles du Premier Ministre de notre pays en Asie du Sud, pour minimiser les tensions dans la région et appeler au renforcement de la paix, ont été largement soutenues. Nous attachons une grande importance aux relations que nous entretenons avec nos voisins. Nous pensons que le Traité sur la non-prolifération, ainsi que le Traité pour l'interdiction complète des essais nucléaires fournissent un cadre approprié pour mettre en place un monde sans armes nucléaires. Il est toutefois regrettable qu'aucun consensus n'ait été atteint, lors de la Conférence sur le désarmement, sur l'établissement d'une Commission spéciale sur le désarmement nucléaire.

- 12 - AG/793 22 septembre 1998

M. EDUARDO FERRERO COSTA, Ministre des affaires étrangères du Pérou : il y a de cela seulement dix ans, la communauté des nations aspirait à bâtir un nouvel ordre mondial pacifique, démocratique, équitable et multilatéral. Aujourd'hui, nous assistons à l'apparition de nouveaux phénomènes négatifs qui menacent d'induire une période d'incertitudes marquée par des défis nouveaux pour nos institutions multilatérales et nécessitant d'urgence la mise en oeuvre de stratégies nouvelles pour y faire face. La crise financière mondiale affecte les bases mêmes du système international, et, alors que des mesures financières d'urgence peuvent aider des pays pris individuellement, elles ne contribuent pas pour autant à l'amélioration de la santé du système international dans son ensemble. Cela traduit les imperfections des mécanismes de contrôle existants, d'où la nécessité d'une réévaluation des institutions de Bretton Woods et en particulier de leur capacité de s'adapter aux réalités actuelles. De plus, les déséquilibres croissants entre pays sur les plans économique et social constituent un autre facteur d'inquiétude. Toutes ces réalités appellent la communauté internationale à s'orienter résolument vers la promotion du développement humain durable à l'échelle de la planète, et à l'intérieur même des pays qui luttent pour l'éradication de la pauvreté.

La persistance de nouvelles menaces non militaires telles que le terrorisme international et le crime organisé, la corruption et le problème des stupéfiants vient s'ajouter à la gravité de la situation internationale actuelle. Le Pérou, pour avoir souffert du terrorisme, le condamne catégoriquement dans toutes ses formes, et appelle la communauté internationale à le combattre. De plus, le Pérou considère que les cas de terrorisme international doivent être combattus dans le cadre du droit international.

Pour ce qui est de la lutte contre la drogue, nous devons conjuguer nos efforts nationaux avec le soutien international car il s'agit là d'une question de responsabilités partagées. Pour sa part, le Pérou a la ferme intention de continuer à lutter contre le trafic de drogues et ses effets jusqu'à son éradication. Cependant, la communauté internationale doit également intensifier ses efforts en ce sens.

Compte tenu du fait que le Pérou a traversé une crise pendant les dix dernières années, nous faisons face à des problèmes importants dûs aux déplacements internes de population. Nous assistons à un accroissement considérable du nombre de personnes victimes de ce type de déplacements à l'échelle internationale, ce qui rend l'action des Nations Unies dans ce domaine plus importante que jamais. Par conséquent, nous déclarons devant cette Assemblée, qu'il est urgent de réviser et d'étendre les mandats, programmes et sources de financement des institutions spécialisées du système des Nations Unies en vue d'accorder une priorité à l'aide aux pays qui sont touchés par ce problème.

- 13 - AG/793 22 septembre 1998

Le Pérou est en faveur d'un désarmement total sous stricte contrôle international. Il s'agit à la fois d'une condition nécessaire pour la paix et d'une tâche permanente de notre organisation. Nous sommes convaincus que le Centre régional des Nations Unies pour le désarmement, la paix et le développement, dont le siège se trouve à Lima, pourrait largement contribuer à promouvoir une culture de la paix et renforcer les efforts en faveur du désarmement dans la région.

Le processus de réformes structurelles et fonctionnelles du système des Nations Unies, qui est devenu un impératif dans un contexte de mondialisation et de changements à l'échelle internationale, suppose que soit garantie la cohérence des programmes et activités afin de transformer l'Organisation en un acteur du développement durable humain. A cet égard, nous considérons qu'il est adéquat et opportun de poursuivre nos efforts en vue de définir les critères qui devraient guider la réforme du Conseil de sécurité. Les modifications que nous souhaitons vont dans le sens d'une Organisation plus représentative et plus efficace.

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