AG/792

NOMBREUX APPELS A L'ASSEMBLEE GENERALE EN FAVEUR DE LA MISE EN OEUVRE DILIGENTE DE TOUS LES INSTRUMENTS JURIDIQUES EN MATIERE DE DESARMEMENT

21 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/792


NOMBREUX APPELS A L'ASSEMBLEE GENERALE EN FAVEUR DE LA MISE EN OEUVRE DILIGENTE DE TOUS LES INSTRUMENTS JURIDIQUES EN MATIERE DE DESARMEMENT

19980921 Le Président iranien demande à l'ONU de désigner l'année 2001 "Année du dialogue entre les civilisations"

L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi, sous la présidence de M. Didier Opertti (Uruguay), son débat général dans le cadre de sa cinquante- troisième session. La plupart des intervenants ont insisté sur la nécessité de poursuivre des efforts de désarmement et à cette fin, ils ont appelé les Etats Membres à mettre en oeuvre les différents traités qui visent à éliminer les armes nucléaires et de destruction massive, les mines terrestres antipersonnel et à interdire les essais nucléaires. Ils ont vivement encouragé ceux qui ne sont pas encore parties à ces instruments à y adhérer de toute urgence. Des appels ont été lancés afin que des efforts concertés soient fait dans le cadre de la coopération internationale pour venir à bout du terrorisme qui met en péril les valeurs de toute démocratie.

En ce qui concerne le processus de réforme en cours au sein de l'Organisation, les intervenants ont plaidé en faveur de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité, qui doit mieux refléter les nouvelles réalités politiques internationales. Le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie a estimé qu'il fallait augmenter le nombre des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité afin que les pays en développement soient plus équitablement représentés. Quant à la Ministre des affaires étrangères du Mexique, elle s'est déclarée favorable à l'augmentation du nombre des membres non permanents du Conseil et non pas de celui des membres permanents afin de préserver l'efficacité du Conseil.

Dans le même contexte de la réforme des Nations Unies, le Président de la République islamique d'Iran a proposé que l'Organisation désigne l'an 2001 "l'année du dialogue entre les civilisations" et a exprimé l'espoir qu'avec un tel dialogue, la justice universelle et la liberté pourront voir le jour.

L'Assemblée générale a entendu une allocution des chefs d'Etat et de gouvernement suivants: M. Guntis Ulmanis, Président de la République de Lettonie; M. Seyed Mohammad Khatami, Président de la République islamique d'Iran; M. William Skate, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; M. Keizo Obuchi, Premier Ministre du Japon. M. Abdul-Qader Ba-Jammal,

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Vice Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yemen et M. Amara d'Essy, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères de la Côte d'Ivoire ainsi que les Ministres des affaires étrangères suivants sont également intervenus : Mme Rosario Green (Mexique), M. Guido Di Tella (Argentine), M. Ali Alatas (Indonésie), M. Roberto Roja (Costa Rica) et M. Knut Vollebaek (Norvège).

En fin de réunion, les représentants de la République populaire démocratique de Corée, du Royaume-Uni et de l'Argentine ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain à 10 heures. Elle entendra des allocutions des Présidents du Burundi et du Ghana, des Vice Premiers Ministres et Ministres des affaires étrangères de l'Allemagne et de l'Autriche, des Ministres des affaires étrangères de la Fédération de Russie, du Bangladesh et du Pérou ainsi que du chef de la délégation de l'Australie.

Débat général

M. GUNTIS ULMANIS, Président de la Lettonie : Au moment de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme, la Lettonie était sous occupation soviétique, ce qui n'a pas permis à la population de bénéficier pleinement les mécanismes de protection des droits de l'homme. La situation a changé depuis l'accession à l'indépendance immédiatement suivie du retrait, avec l'appui de l'ONU, des forces militaires étrangères. Il y a moins d'un mois, la dernière installation militaire russe en Lettonie a été fermée. Cet événement illustre dans quelle mesure les institutions internationales peuvent contribuer à l'application des accords bilatéraux. Aujourd'hui, la Lettonie concentre ses efforts sur le développement économique et social. Le pays connaît une croissance économique saine et a l'un des taux de croissance les plus élevés et un des taux d'inflation les plus bas parmi les candidats à l'adhésion à l'Union européenne ce qui suscite un optimisme justifié quant à ce processus. Le développement d'une société intégrée constitue une priorité nationale. D'ici à la fin de l'année, le Gouvernement aura terminé l'élaboration d'un programme visant, notamment, à stimuler le développement de la société civile et à permettre aux Lettons de participer davantage à la vie publique et civile. La Lettonie offre d'ores et déjà de larges opportunités pour le développement de la culture des divers groupes ethniques et l'éducation dans les langues maternelles.

La Lettonie qui sera membre de la Commission des droits de l'homme pour la première fois l'année prochaine, estime que le rang de priorité élevé accordé aux droits de l'homme requiert des ressources accrues. Pour sa part, elle a décidé de continuer à appuyer financièrement la création d'une institution nationale pour les droits de l'homme. Le Gouvernement va, en outre, ouvrir une "Maison des Nations Unies". La meilleure protection des droits de l'homme est un monde où règnent la paix et la sécurité. Le monde bipolaire qui menaçait la paix et la sécurité s'est effondré et pourtant, le monde n'est pas encore sûr. Le terrorisme et le crime international sont en hausse; l'accès aux armes de destruction massive devient de plus en plus facile; il y a des conflits ethniques et de plus en plus de menaces sur l'écologie de notre planète. Pour résoudre ces problèmes, il faut renforcer la participation de l'ONU, y compris le Conseil de sécurité. Pour jouer pleinement son rôle ce dernier doit refléter l'équilibre réel de la puissance économique et sociale mondiale et utiliser avec compétence les ressources disponibles. La Lettonie réitère son appui continu à un élargissement du Conseil qui assurerait une représentation équitable des petits Etats et de tous les groupes régionaux. L'ONU doit devenir une organisation universelle. Elle ne gardera sa crédibilité aux yeux du monde que si les résultats de ses efforts sont évidents. L'une des conditions de cette crédibilité est la capacité de condamner et traduire en justice ceux qui ont violé les normes de comportement acceptées internationalement. L'ONU a montré qu'elle en était capable à diverses occasions. Il est temps que la société mondiale évalue l'un des régimes les plus inhumains de ce siècle, le totalitarisme soviétique. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux peuples qui en ont été victimes de ce totalitarisme pour qu'ils joignent leurs efforts en vue

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d'évaluer cet héritage. La population de Lettonie a souffert des horreurs des occupations soviétique et nazi. C'est pourquoi, elle est en droit d'appeler le monde à faire tout son possible pour prévenir la résurgence de fléaux similaires à l'avenir. J'espère que les travaux de la 53ème session de l'Assemblée générale constitueront un investissement durable dans la restructuration des Nations Unies pour le prochain millénaire.

M. SEYED MOHAMMAD KHATAMI, Président de la République islamique d'Iran: En dépit de l'avènement des Nations Unies, la paix véritable fondée sur la justice fait défaut. La situation des pays en développement semble désespérée, puisqu'un nombre important de personnes souffrent de l'analphabétisation, de maladies et de la famine. Ces personnes sont à la merci des dirigeants qui ne prennent même pas la peine de prétendre respecter la démocratie et apprécier le soutien de leur peuple. Ceux qui empêchent leur peuple de jouir de la démocratie sont ceux dont les services secrets se targuent d'avoir renversé des gouvernements populaires et de soutenir ceux qui ne bénéficient pas du soutien de leur peuple. L'image de notre monde est donc sombre et répugnante. Néanmoins, au-delà de l'obscurité, une réelle beauté existe dans les couches les plus profondes de l'histoire. Les luttes anticoloniales, les mouvements d'indépendance de nombreuses nations témoignent de cette éclosion et du progrès de l'humanité. L'effondrement du monde bipolaire et la marche rapide du monde vers la diversité conjuguée à une affirmation renouvelée de l'identité des nations sur la scène internationale, sont autant de réalisations positives. Je suis sûr que les nations puissantes, notamment le peuple américain, n'accepteront pas que leur nom, leur prestige national et international soient exploités par des politiciens à la recherche d'un monde bipolaire. L'évolution de l'opinion publique occidentale en faveur de relations pacifiques sur la base du respect mutuel en témoigne.

Je viens de la noble terre d'Iran reconnue pour sa civilisation et sa contribution au fondement et à l'expansion de la civilisation islamique. Cette nation a survécu aux vents violents du despotisme, des réactionnaires et de la soumission. Cette nation a été pionnière en créant en Orient une société civile et un gouvernement constitutionnel au cours de son histoire contemporaine même si, elle a parfois failli en raison des ingérences étrangères et des défaillances nationales. Cette nation a été au premier plan de la lutte contre le colonialisme bien que son mouvement national ait été réprimé par un coup d'Etat orchestré par des forces étrangères. Au cours de son existence, l'Iran a été victime d'une guerre qui a duré huit ans et d'un terrorisme sinistre et omniprésent. Aujourd'hui, la nation iranienne tire les leçons de son passé pour envisager un avenir meilleur. Elle défie les tendances réactionnaires et s'appuie sur ses principes et idéaux qui trouvent leurs racines dans son héritage religieux, national, historique et révolutionnaire.

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L'histoire de l'humanité est l'histoire de la liberté. Seule cette interprétation qui décrit l'histoire comme la manifestation de la liberté peut fournir une ouverture sur le passé pour le bienfait de l'humanité. La création et le fonctionnement continu des Nations Unies témoigne de la voie progressive sur laquelle l'humanité est engagée. Espérons qu'au cours du siècle à venir, le recours à la violence et à la force ne sera pas glorifié et que l'essence du pouvoir se mesurera à l'aune de la compassion, de la justice et du dialogue entre civilisations. La question qui se pose maintenant est de savoir comment les Nations Unies peuvent prendre les mesures nécessaires pour répondre à l'évolution générale de l'humanité. Je propose que l'ONU, comme première étape, désigne l'an 2001 "L'année du dialogue parmi les civilisations" en espérant qu'avec un tel dialogue, la justice universelle et la liberté pourront voir le jour. Parmi les réalisations de ce siècle, figurent la nécessité du dialogue et le rejet de la force, la promotion de la compréhension dans les domaines culturel, économique, politique et le renforcement des fondations sur lesquelles reposent la liberté, la justice et les droits de l'homme. Au même moment, il est important que nous les membres des Nations Unies, revisitions l'histoire et la création des Nations Unies en vue de sa réforme grâce à des échanges de vue rationnels. Bien des choses ont changé et l'occasion se présente pour restructurer cette Organisation et, en particulier, le Conseil de sécurité. Les pays islamiques qui représentent un milliard et plusieurs millions d'habitants, devraient acquérir un siège permanent au Conseil de sécurité. Il est également grand temps de rejeter le droit de veto.

La paix et la sécurité au Moyen-Orient ne seront obtenues qu'avec la reconnaissance du droit de tous les Palestiniens à exercer leur souveraineté sur leur terre ancestrale. La ville occupée d'Al-Qods Al-Sharif devrait être le lieu du dialogue et de la compréhension. Les grandes religions monothéistes peuvent y vivre en paix mais ce sont les lois israéliennes qui rendent cette coexistence impossible. La Palestine est la terre de tous les Palestiniens, Musulmans, Chrétiens et Juifs mais elle n'est pas un laboratoire pour les visées violentes des sionistes. En Afghanistan, il n'existe pas de solution militaire à la situation que connaît le pays. La mort tragique de diplomates iraniens et d'un journaliste et la détention de personnel humanitaire iranien demandent une analyse sobre et une action rapide pour traduire les coupables devant la justice. La terre d'Afghanistan est maintenant devenue un haut lieu de violence, de terrorisme, de production et de trafic de drogues. Le peuple afghan a le droit de déterminer son destin et le droit d'avoir d'un gouvernement représentatif, qui comprendra tous les groupes ethniques, les communautés et tendances. C'est la seule manière de restaurer la tranquillité dans ce pays. A cet égard, la coopération déterminée de la communauté internationale est nécessaire pour mettre un terme à la production et au trafic de drogues, au trafic illégal d'armes, et au terrorisme. Les Nations Unies, en coopération avec l'Organisation de la conférence islamique et les Etats concernés, devraient amener les parties à la

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table des négociations. Au même moment, l'Organisation devrait planifier la mobilisation de l'aide de la communauté internationale pour la reconstruction de l'Afghanistan, une fois que la situation politique le permettra. Au Kosovo, les droits légitimes du peuple opprimé devraient être reconnus.

La lutte contre le terrorisme constitue une autre priorité du Gouvernement iranien. L'élimination du terrorisme doit passer par l'établissement d'une coopération internationale transparente et par des efforts redoublés pour l'obtention de la justice. A l'aube du prochain millénaire, le monde doit également être exempt de la menace de l'arme nucléaire et des armes de destruction massive. L'obtention de la sécurité grâce à l'acquisition d'armes est une illusion. La création de zones exemptes d'armes nucléaires est un bon pas dans cette direction. La sécurité, le développement et la prospérité dans le tiers monde exigent la promotion de la coopération et le recours à des accords et mécanismes d'édification de la confiance. Le huitième Sommet de la Conférence islamique a établi un tel dialogue parmi les Etats islamiques. J'invite nos voisins de la région du Golfe à établir un système de sécurité et de coopération. Les efforts au niveau international pour renforcer les droits des femmes exigent une lecture critique des points de vue traditionnels que nous avons sur celles-ci. La vision traditionnelle qui repose sur une notion erronée de supériorité de l'homme sur la femme est une cause d'injustice pour l'humanité tout entière.

MME ROSARIO GREEN, Secrétaire aux relations extérieures du Mexique : La semaine dernière, le Gouvernement mexicain a présenté au parlement pour ratification, la Convention des Nations Unies sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles. Dès le début des négociations, le Mexique a insisté sur l'importance d'un tel instrument. Pour le Mexique, l'objectif visant à éliminer les armes de destruction massive est réaliste et viable. Le désarmement nucléaire peut à lui seul contribuer à éliminer les armes nucléaires. Le Mexique condamne, par principe et par conviction, tous les essais nucléaires. Ces essais contribuent à encourager la course aux armements nucléaires. La prolifération des armes légères et leurs liens avec les organisations criminelles et les narcotrafiquants, constituent un fléau important pour la majorité des pays. La lutte contre ce phénomène est en tête des priorités du Mexique. La Convention interaméricaine contre la fabrication et le trafic illicite des armes, des munitions, des explosifs et d'autres matériaux connexes - résultant d'une initiative mexicaine - est d'une importance mondiale.

Par ailleurs, le Mexique estime que les Nations Unies doivent procéder à une réforme afin de devenir le point focal des efforts collectifs. La consolidation d'une structure véritablement démocratique, transparente et équilibrée qui corresponde aux principes énoncés par la Charte des Nations Unies, doit constituer notre objectif commun. Dans ce contexte, la réforme du Conseil de sécurité mérite d'être soulignée, dans la mesure, où elle permettra d'en garantir la légitimité, la représentativité, l'efficacité et la transparence. Il est indispensable de combler les lacunes existantes. Le Conseil de sécurité doit refléter et la diversité des Etats membres des

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Nations Unies. Le Mexique s'oppose à l'augmentation des sièges permanents car il considère que l'efficacité du Conseil de sécurité ne réside pas dans l'exercice du droit de veto. Le Conseil de sécurité doit correspondre à une réalité fondamentalement démocratique. Le Mexique qui participe activement aux travaux du Groupe de travail sur la réforme du Conseil de sécurité, envisage de présenter à l'Assemblée générale une proposition qui reflète véritablement les aspirations communes de tous les Etats Membres.

Face à la crise financière internationale actuelle, les pays d'Amérique latine réaffirment leur engagement en faveur d'une gestion responsable des mécanismes de politique économique qui garantissent leur stabilité et leur croissance. Ils exigent toutefois des actions concertées de la part de tous les pays et des institutions financières internationales. Les chefs d'Etat et de gouvernement du Groupe de Rio, réunis à Panama les 4 et 5 septembre, ont appelé les pays confrontés à la crise financière, à adopter des mesures concrètes pour rétablir l'équilibre. Pour sa part, le Groupe des 7 doit prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour rétablir la stabilité des marchés financiers et pour garantir la croissance de l'économie mondiale. Il faudrait également examiner des solutions qui permettront d'éviter à l'avenir les crises financières. Il faut réfléchir à la mise en place d'un système d'alerte rapide et tirer les leçons des expériences passées afin de mieux répondre à d'éventuelles crises financières. C'est grâce à cette forme de diplomatie préventive que l'on pourra éviter les répercussions négatives de ces crises. L'ONU est l'instance appropriée pour explorer les voies et les moyens de régler proprement et efficacement les problèmes internationaux.

M. BILL SKATE, Premier Ministre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée : La Papouasie-Nouvelle-Guinée a été victime l'année dernière de toute une série de catastrophes naturelles. La sécheresse provoquée par El Niño a été suivie de gelées, de pénuries alimentaires, d'inondations et de glissements de terrain qui ont provoqué la mort de nombreuses personnes et d'importantes destructions matérielles. L'aide généreuse des pays voisins qui ont rapidement réagi aux catastrophes qui ont frappé la Papouasie-Nouvelle-Guinée a montré qu'il existait un réel partenariat. Le Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle- Guinée, tout comme les autres pays en développement, doit faire face à de nombreux défis. En effet, outre les catastrophes naturelles, le pays doit poursuivre un programme d'ajustement structurel. Les ressources du secteur public sont utilisées de la façon la plus rationnelle et efficace possible et les initiatives privées, qui contribuent au bien-être de la population et au développement national, sont encouragées. Ces mesures ont permis à l'économie de se stabiliser, malgré l'impact négatif qu'ont sur le commerce et les investissements sur les crises économiques de nombreux pays asiatiques voisins. La leçon qu'il faut tirer de ces différentes crises est que dans le contexte de la mondialisation de l'économie, seuls de solides partenariats peuvent permettre de gérer, voire de changer, ce type de situation. Le développement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée est directement tributaire du commerce mondial. Le pays souffre actuellement des crises économiques que connaissent ses plus importants partenaires commerciaux. Les institutions financières internationales doivent aider la Papouasie-Nouvelle-Guinée à

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restructurer son économie. Le pays a besoin d'un appui financier extérieur afin de pouvoir mettre en oeuvre les différentes réformes engagées. Il faut un nouveau partenariat mondial entre les pays développés et en développement afin de pouvoir améliorer de façon durable les conditions de vie de l'ensemble de la planète. En ce qui concerne le maintien de la paix, le Gouvernement s'est fixé comme objectif prioritaire de trouver une solution au conflit concernant Bougainville qui dure déjà depuis neuf ans et a causé d'importantes pertes en vie humaines et matérielles. Un groupe d'observateurs de la paix a été créé afin de permettre de consolider la paix. A la suite de négociations, il a été convenu d'un accord de cessez-le-feu devant prendre effet le 30 avril 1998. La réaction du Conseil de sécurité à cet égard a été satisfaisante et une mission d'observation a pu être mise en place à Bougainville. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pris des mesures pour renforcer l'autorité civile, notamment en formant les forces de police. Toutefois, comme le processus de paix reste fragile, la Papouasie-Nouvelle-Guinée continue à avoir besoin du soutien de la communauté internationale.

La Papouasie-Nouvelle-Guinée s'est engagée à respecter les principes de la Charte des Nations Unies. Elle s'efforce d'assimiler les déclarations et plans d'action de l'ONU, notamment ceux qui visent à promouvoir les droits des femmes et des enfants, dans sa législation nationale et dans la politique qu'elle mène. La Papouasie-Nouvelle-Guinée estime qu'il est nécessaire de réformer le Conseil de sécurité, notamment en élargissant sa composition. A propos du processus de décolonisation, qui est un des grands succès de l'Organisation, la Papouasie-Nouvelle-Guinée est d'avis que celui-ci ne sera achevé que lorsque les 17 territoires restants exerceront leur droit inaliénable à l'autodétermination. Les Nations Unies continuent à avoir un rôle clé à jouer à cet égard. Ni la taille ni l'éloignement géographique des territoires en question ne peut justifier la limitation de leurs droits. La protection de l'environnement est prioritaire et il est capital de respecter les principes d'Action 21 lorsqu'il est question de promouvoir le développement. Il faut tout faire pour protéger les ressources naturelles de tous les pays afin d'assurer une bonne qualité de vie aux générations futures. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a pris de nombreuses mesures dans ce sens. Afin de limiter les effets négatifs des changements climatiques, il est nécessaire que les pays développés réduisent de façon urgente et concrète l'émission de gaz à effet de serre et encouragent les autres Etats à en faire de même. En cette "Année des océans", il est nécessaire de prendre des mesures pour qu'il y ait une utilisation durable des ressources provenant des océans. La Papouasie-Nouvelle-Guinée estime que les objectifs des traités relatifs à la non prolifération des armes nucléaires et à l'interdiction des essais nucléaires doivent absolument être respectés. Il est nécessaire d'éliminer entièrement les armes nucléaires ainsi que les armes de destruction massive. En ce qui concerne le maintien de la paix, la Papouasie-Nouvelle-Guinée continue à croire que la diplomatie est le meilleur moyen d'opérer des changements nécessaires permettant de promouvoir la paix, le développement et la justice.

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M. KEIZO OBUCHI, Premier Ministre du Japon : il est indispensable de ne plus autoriser la prolifération nucléaire et d'assurer un fondement solide au régime de non-prolifération. A cette fin, il importe que le régime de non-prolifération devienne plus universel et que les Etats, qui ne l'ont pas encore fait, adhèrent au Traité de non-prolifération nucléaire rapidement et sans condition. Il faut contrôler strictement les exportations d'équipements, de matériel et de technologies liés aux armes nucléaires et aux missiles; empêcher tout nouvel essai nucléaire; poursuivre le démantèlement des arsenaux nucléaires; et parvenir à un accord sur un traité de réduction des matières fissiles. Le Japon prendra des initiatives pour promouvoir ces cinq objectifs au cours de la présente session de l'Assemblée générale. Il ne faut pas se limiter aux armes nucléaires mais se pencher aussi sur les autres armes de destruction massive comme les armes biologiques et chimiques, ainsi que les vecteurs de lancement. Le lancement récent d'un missile par la République démocratique populaire de Corée, même s'il s'agissait d'une tentative de placer un satellite sur orbite, pose un problème sérieux, qui touche directement la sécurité nationale du Japon et la paix et la stabilité dans la région. Le Japon appelle à nouveau la République démocratique populaire de Corée à ne pas récidiver. Les conflits donnent lieu à des crimes intolérables contre l'humanité, tel le génocide. L'adoption des statuts de la Cour criminelle internationale est un acte d'importance historique. Mais la coopération de la communauté internationale dans son ensemble est indispensable pour que cette Cour mène à des résultats efficaces.

Face au nombre croissant de situations dans lesquelles les personnes innocentes deviennent les cibles de la violence des belligérants, l'ONU doit trouver les moyens d'assurer la sécurité de son personnel et celle des organisations humanitaires. Pour sa part, le Japon fera une contribution d'environ un million de dollars à l'ONU pour appuyer les mesures de sécurité en faveur du personnel de l'organisation. L'une des causes principales des conflits résulte des problèmes liés au développement économique et social. Le Japon a prôné une nouvelle stratégie du développement dont le concept a été approuvé par l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) en 1996. Cette stratégie est fondée sur la philosophie selon laquelle la communauté internationale ne devrait faire aucune distinction entre les pays donateurs et les pays bénéficiaires, et devrait traiter les questions de développement comme le problème de tous. Cette stratégie attache une grande importance au rôle actif et responsable que devraient jouer les pays en développement dans leur propre développement et met l'accent sur une coopération positive. C'est en se fondant sur ces principes que se déroulera la seconde conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique en octobre prochain. Le Japon a également fortement contribué au développement de l'Asie en prenant des mesures de soutien aux pays de la région pour un montant global d'environ 43 milliards de dollars. La relance rapide de notre propre économie constitue, à notre avis, la meilleure contribution que nous puissions faire en faveur des économies de l'Asie et du monde.

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Pour relever les défis de la paix et du développement, il est urgent de réformer les Nations Unies et de renforcer ses fonctions. Nous devons faire de notre mieux pour assurer une base financière saine, ce qui veut dire que chaque Etat Membre doit s'acquitter de ses obligations en versant sa contribution. La contribution du Japon excédera 20 % et celle de quatre des membres permanents du Conseil de sécurité, à l'exception des Etats-Unis. Il est regrettable que les discussions sur la réforme du Conseil n'aient pas abouti. Il est urgent de réformer le Conseil en vue de renforcer sa légitimité et son efficacité. Le Japon, avec le soutien de nombreux pays, est prêt à assumer de plus grandes responsabilités en tant que membre permanent du Conseil de sécurité. Il est temps que chaque pays prenne une décision d'ordre politique. Nous pouvons nous mettre d'accord sur un ensemble de mesures qui répondent aux intérêts de toute la communauté internationale et aux préoccupations légitimes de la majorité des pays. Sans la volonté de décider et d'agir, nous ne pourrons pas répondre de manière efficace aux défis du prochain siècle. Le Japon appelle instamment tous les pays à prendre une décision politique audacieuse en vue du renforcement de l'ONU pour que nous puissions parvenir à un accord sur le cadre des réformes au cours de la présente session de l'Assemblée générale.

M. GUIDO DI TELLA, Ministre des affaires étrangères de l'Argentine : dans un contexte de mondialisation, la paix et la sécurité, la stabilité économique et la croissance sont plus que jamais indissociables. Afin d'éviter les effets négatifs qu'elle entraîne, la mondialisation exige des politiques en matière d'éducation, dans les domaines social et de l'environnement qui profiteraient à tous. Nous estimons qu'il serait négatif de succomber à la tentation d'imposer des restrictions sur le commerce international afin de contrecarrer la propagation de la crise économique ou d'entraver les flux des ressources financières pour atténuer leur volatilité. En Amérique latine, les pays comme l'Argentine ont déployé des efforts soutenus pour consolider leur situation financière, contenir le déficit budgétaire, et fournir des assurances aux investisseurs privés en aidant à créer un environnement économique solide pour la région. Aujourd'hui, le MERCOSUR est un modèle économique dont les fondations reposent sur la liberté, la démocratie et où la coopération joue un rôle central.

L'Agentine a fait pression pour l'adoption de la déclaration politique du MERCOSUR en juillet dernier faisant de la Bolivie et du Chili une zone de paix. En juillet dernier également, nous avons adopté la Déclaration d'Ushuaia qui a fait du MERCOSUR une zone exempte d'armes de destruction massive. Pour ce qui est des armes conventionnelles, nous soutenons pleinement le Registre d'armes des Nations Unies auquel nous fournissons des informations régulièrement. Nous soutenons également les initiatives lancées récemment dans le cadre de l'Organisation des Etats américains telle que la Convention qui interdit la production et le trafic illicite d'armes, de munitions, et de matériel connexe. Les armes de petits calibres sont une

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autre source de préoccupation et à cet égard, des séminaires régionaux et internationaux ont eu lieu à Buenos Aires récemment. En 1995, l'Argentine a établi un moratoire sur l'exportation des mines et plus récemment en décembre 1997 à Ottawa, j'ai signé la Convention sur l'interdiction des mines anti-personnel.

La résurgence du terrorisme nous rappelle qu'aucun état n'est à l'abri de cette menace. Nous soutenons fermement les initiatives en cours en vue de compléter avec de nouvelles conventions, l'arsenal juridique anti-terroriste ce qui mènerait à une coopération internationale accrue. Le Gouvernement argentin continue de déployer tous les efforts pour faire la lumière sur les actes de terrorisme commis à l'encontre de l'Ambassade israélienne et du AMIA à Buenos Aires. Le deux septembre 1998, l'Argentine a signé la Convention sur la répression des attaques terroristes.

L'intérêt naturel que porte l'Argentine à l'Atlantique Sud s'est traduit dans sa participation à une zone de paix et de coopération qui a réuni plus de vingt-quatre pays africains et d'Amérique du Sud. Je suis fier d'annoncer que les 21 et 22 octobre, l'Argentine accueillera la Cinquième réunion ministérielle des Pays Membres de la Zone de paix et de coopération. Malheureusement, un problème touchant à l'Atlantique Sud n'a toujours pas obtenu de solution. Il s'agit du conflit de souveraineté entre l'Argentine et le Royaume Uni sur les îles Malvinas. Je réitère avec la même conviction le caractère légitime et les droits de l'Argentine dans ce différend. Je demande instamment au Royaume Uni de respecter les résolutions des Nations Unies qui appellent les deux gouvernements à reprendre les négociations sur tous les aspects de la question. Nous avons reconstruit nos relations bilatérales et nous avons renforcé nos échanges politiques et culturels. La visite que le Président Menem doit faire au Royaume Uni en octobre prochain en est un exemple.

M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie : Au lieu de contribuer à unir l'humanité pour s'attaquer aux problèmes persistants de notre époque, l'énorme force de la mondialisation est gaspillée et utilisée par les forts contre les faibles, entraînant ainsi un élargissement du fossé entre les pays développés et les pays en développement. Toutefois, si les Nations Unies n'ont pas encore permis d'instaurer une paix mondiale, elles nous ont épargné les atrocités d'une autre guerre mondiale et peut-être d'un holocauste nucléaire. Il est impératif que ce joyau imparfait de la raison humaine continue à fonctionner de manière efficace au cours du prochain siècle. Par le biais de ses organes compétents, il est encore possible de faire obstacle à la menace de la guerre et d'exorciser le spectre de la pauvreté. Par le biais de ses consultations et de ses délibérations, on peut élargir l'esprit qui s'accommode des actions prises par l'ensemble des membres. Grâce à la coopération et à la confiance entre les Etats Membres et les innombrables individus et institutions qui participent à ses travaux, il est possible d'avoir une vision commune de la société civile mondiale. Avant tout, il faut procéder à la réforme de l'Organisation pour la rendre plus démocratique et efficace. Les Nations Unies en tant que catalyseur et

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mécanisme central pour la coopération multilatérale doit être en mesure de jouer son rôle dans les domaines du maintien de la paix et de la sécurité et du développement. Il est donc essentiel de la doter des ressources nécessaires pour lui permettre de s'acquitter efficacement de son mandat. Le processus de réforme actuel doit être intensifié, notamment en ce qui concerne le Conseil de sécurité, en tenant compte des voeux exprimés par tous les Etats Membres de participer à ses travaux et des réalités politiques, économiques et démographiques actuelles. Les pays en développement sont sous-représentés au sein du Conseil de sécurité. Aussi, faudrait-il augmenter leur nombre en leur attribuant aussi bien des sièges permanents que des sièges non permanents. La légitimité, la crédibilité et l'efficacité de ses travaux dépendront de son caractère représentatif.

Le monde est à la veille d'une récession. Il y a un an, les perspectives paraissaient prometteuses. En Asie, la forte croissance économique qui a marqué de nombreuses décennies avait transformé une grande partie de la région en puissance économique. Aujourd'hui, plusieurs de ces mêmes économies dynamiques se sont écroulées. Dans les pays affectés, notamment l'Indonésie, les troubles économiques ont atteint un niveau dévastateur, plongeant leurs économies dans la récession et leurs populations à la limite de leur endurance. Le chômage s'est accru et un nombre considérable de personnes vit au seuil de la pauvreté. L'expérience des pays d'Asie du Sud-est a montré que même les économies les plus dynamiques sont vulnérables. La leçon de cette débâcle est que le marché est animé tant par des sentiments que par des principes. Les conséquences négatives de la mondialisation ont considérablement altéré la coopération multilatérale pour le développement. La notion de développement, a été largement remplacée par l'approche du laissez-faire à l'égard de l'économie mondiale. Cela a résulté entre autres en la réduction sensible des ressources financières destinées au développement de la majorité des pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés. La dette extérieure a augmenté de manière vertigineuse et le protectionnisme en matière de commerce international a été considérablement renforcé. Cette situation aura certainement des répercussions sur la mise en oeuvre des programmes d'action adoptés par les grandes conférences mondiales. L'ordre mondial a été régi par les intérêts des pays développés en créant des opportunités pour les investissements étrangers, les flux de capitaux privés - souvent de simples spéculations - et des exportations de leurs entreprises. Face à ces réalités, il faudrait renforcer la solidarité et la coopération internationales. La communauté internationale doit renforcer son rôle en matière de gestion de l'économie mondiale, notamment dans les domaines monétaire et financier. Ceci est essentiel pour éviter de nouvelles crises financières, pour atténuer les répercussions négatives de la mondialisation et pour en maximiser les profits.

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La convocation d'une conférence des Nations Unies sur le financement du développement permettrait d'explorer différentes options pour la stabilité financière et le développement. La coopération sud-sud doit être renforcée. A cet égard, les partenaires du monde développé et les institutions financières peuvent jouer un rôle central en participant à des accords tripartites.

M. ROBERTO ROJAS, Ministre des affaires étrangères du Costa Rica : la promotion des droits de l'homme a toujours été prioritaire pour le Costa Rica. Le pays accueille aujourd'hui le siège de la Cour interaméricaine des droits de l'homme, de l'Institut interaméricain des droits de l'homme et de l'Université des Nations Unies pour la paix. La question des droits de l'homme est universelle. Malgré tous les instruments juridiques établis, beaucoup reste à faire en ce qui concerne les droits de l'homme. Il est regrettable que l'intolérance et la violence persistent et qu'il existe toujours des formes de discrimination, qu'elles soient ethniques, religieuses, culturelles, nationales, idéologiques ou fondées sur le sexe. Le Costa Rica se félicite des travaux qui ont été faits pour établir une Cour criminelle internationale ainsi que de l'adoption du Statut de la Cour dans lequel la communauté internationale rejette et condamne les crimes odieux commis contre la conscience universelle. Le Costa Rica se félicite que la Conférence de Rome ait inclus les violations du droit international humanitaire dans sa définition des crimes. Il estime qu'il faudrait établir, d'ici à l'an 2000, une commission qui préparera les conditions d'entrée en vigueur du Statut. Mis à part le cinquantième anniversaire des droits de l'homme, le Costa Rica célèbre, cette année, le cinquantième anniversaire de l'abolition de son armée, décrétée le 1er décembre 1948. L'objectif que s'est fixé le Costa Rica a été d'ajuster sa politique intérieure et internationale à un système de valeur qui respecte les droits fondamentaux des individus. Le Costa Rica s'est prononcé en faveur du désarmement, de l'interdiction des armes de destruction massive et a vivement condamné les essais nucléaires. Il prie instamment les pays, qui ne l'ont, pas encore fait d'adhérer, pleinement et sans condition, au Traité d'interdiction des essais nucléaires. En ce qui concerne le terrorisme, la communauté internationale doit s'efforcer de prendre les mesures qui s'imposent pour l'éliminer. Le Costa Rica se félicite des récentes négociations relatives à la Convention pour la suppression des bombardements terroristes et appelle les Etats Membres à la soutenir. La Convention relative aux mines terrestres antipersonnel participe aux efforts de désarmement de la communauté internationale.

Il est encourageant de voir que, malgré les conflits auxquels ils ont eu à faire face au cours de la dernière décennie, les pays d'Amérique centrale ont réussi à réduire de façon significative leurs dépenses militaires. La communauté internationale devrait reconnaître les progrès qui ont été faits dans ce sens. Le Costa Rica aimerait proposer la création d'un Fonds spécial pour l'Amérique centrale qui serait alimenté par des contributions de pays développés et d'organisations suivant le principe selon lequel, pour chaque dollar économisé dans les budgets militaires, les donateurs contribueraient, pour un montant égal, à des programmes de développement social visant à

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renforcer le système démocratique dans la région. Les pays d'Amérique centrale ont oeuvré avec acharnement pour libéraliser leur économie et mieux l'intégrer dans l'économie mondiale. D'importants progrès ont été réalisés, notamment en matière d'ajustement structurel et afin d'établir une zone de libre échange en Amérique latine. Des efforts ont également été faits pour adapter l'économie du Costa Rica aux exigences du marché mondial. Le Costa Rica est préoccupé de voir se créer des blocs commerciaux économiques qui tendent à établir de nouvelles formes de discrimination vis-à-vis des pays en développement. Il faudra établir un environnement international favorable au progrès économique de tous les pays et plus particulièrement des pays en développement. Le Costa Rica demande instamment aux nations industrialisées de coopérer afin de renforcer les institutions financières internationales qui permettent de garantir une stabilité du système financier mondial. Le Costa Rica tient également à souligner l'importance de problèmes tels que le contrôle des drogues ou encore la protection de l'environnement. Il est nécessaire de trouver des solutions mondiales à ces questions qui touchent l'ensemble de la planète. L'établissement d'un nouveau partenariat et le développement d'une meilleure coopération entre les Etats Membres est nécessaire pour que des solutions durables aux problèmes auxquels est confrontée la communauté internationale puissent être trouvées.

M. KNUT VOLLEBAEK, Ministre des affaires étrangères de la Norvège : l'un des défis les plus important à l'aube du prochain siècle, est l'humanisation de notre monde. La démocratie, la transparence et la bonne gouvernance sont les conditions de la croissance économique, du développement durable et de la stabilité politique. La quête d'un monde meilleur exige de nouvelles approches et de nouveaux instruments. A cet égard, le processus qui a abouti, en moins de deux ans, à la Convention d'Ottawa sur les mines antipersonnel a montré ce que peut faire une nouvelle diplomatie allant au-delà des relations entre les Etats et s'appuyant sur l'engagement d'individus et d'organisations non gouvernementales. La Norvège a déjà affecté 120 millions de dollars aux programmes de déminage pour les cinq prochaines années. Le partenariat entre les gouvernements, les organisations internationales et la société civile doit se poursuivre dans le cadre des efforts visant à limiter les armes de petit calibre, qui constituent un obstacle important au règlement des conflits violents et à la consolidation de la paix, à la stabilité politique et à la reconstruction des sociétés ravagées par la guerre. La Norvège a alloué des ressources importantes pour des mesures urgentes destinées à aider les populations victimes de conflits. Pour renforcer les efforts mondiaux dans ce domaine, elle propose la création d'un fonds d'affectation spéciale pour la lutte contre la prolifération et l'utilisation illégale des armes de petit calibre. La Norvège annonce une contribution d'environ 2 millions de dollars pour la création d'un tel fonds et propose que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) soit chargé de sa gestion. Gravement préoccupée par les essais nucléaires récents de l'Inde et du Pakistan, la Norvège appelle tous les pays qui ne l'ont pas encore fait à adhérer aux traités pertinents et estime que l'ONU devrait servir de forum à un dialogue renforcé et à un échange d'informations sur la non-prolifération et le désarmement nucléaire contribuant ainsi à plus de transparence et de confiance sur ces questions.

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Il importe de mieux comprendre et de mieux gérer l'économie mondiale car, bien que le processus de mondialisation ait procuré de nouvelles opportunités économiques pour certains, un grand nombre de pays en développement sont laissés à la traîne. Il n'y a pas d'alternative aux efforts de coopération multilatérale si l'on veut maximiser les effets positifs de la mondialisation tout en minimisant ses aspects négatifs. Pour ce faire, il faut développer un nouveau partenariat fondé sur des politiques orientées vers des résultats concrets dans les pays en développement et un engagement de la part des pays développés à respecter l'objectif qui consiste à consacrer 0,7 % de leur PNB au développement. La Norvège qui a dépassé cet objectif depuis des dizaines d'années, a l'intention, pour sa part, d'augmenter son aide publique au développement dans les prochaines années.

Face à un monde en mutation, l'ONU doit opérer sa propre mutation. Beaucoup a déjà été fait. Il appartient maintenant aux Etats Membres de promouvoir ce processus de réforme à travers tout le système. Mais on ne peut pas demander à l'Organisation de faire mieux, tout en réduisant les ressources à sa disposition. Tous les Etats Membres devraient au minimum honorer leurs engagements et payer la totalité de leur contribution, à temps et sans conditions. Des mesures urgentes sont, en outre, nécessaires pour éliminer la dette insupportable des pays les plus pauvres. Pour sa part, la Norvège va lancer une stratégie mondiale d'allègement de la dette. Elle estime que l'ONU doit s'impliquer davantage dans la prévention des conflits, la gestion des crises et les efforts d'établissement de la paix. La capacité de l'Organisation dans ce domaine doit être renforcée, en particulier sa capacité à réagir rapidement aux conflits armés. La Norvège encourage les pays à contribuer au fonds d'affectation pour l'action préventive qu'elle a pris l'initiative de créer il y a deux ans et qui permet à l'ONU d'entreprendre des missions préventives et des initiatives diplomatiques. Pour permettre au Conseil de sécurité de s'acquitter au mieux de sa tâche, il faut renforcer sa légitimité sans compromettre son efficacité et trouver une solution la plus acceptable possible qui reflète mieux les réalités politiques actuelles. La prévention des conflits, la gestion des crises et l'établissement de la paix requièrent une approche coordonnée, une meilleure unité d'objectif et l'intégration des efforts de l'ONU en faveur de la paix à ceux des parties concernées. Une plus grande implication de l'ONU et des organisations régionales dans les efforts visant à empêcher l'éclatement des conflits latents est également d'une grande importance. Ainsi, au Kosovo, il faut d'urgence parvenir à un cessez-le-feu, garantir l'accès des organisations humanitaires internationales à toutes les régions du Kosovo et renforcer l'implication de la communauté internationale afin de faciliter une solution politique. S'agissant du conflit au Proche-Orient, la Norvège appelle les parties à renforcer la confiance et la coopération et à s'abstenir de toutes mesures et actions unilatérales qui préjugeraient du résultat des négociations sur le statut final des territoires.

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M. AMARA ESSY, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères de la Côte d'Ivoire : renforcer la coopération pour le développement et promouvoir la démocratisation et le pluralisme sont les deux axes de l'action que la communauté internationale doit s'assigner pour faire progresser la paix et la sécurité qui constituent la mission fondamentale de l'ONU. Le Comité directeur de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique - réuni à Abidjan les 17 et 18 septembre derniers - a réaffirmé que l'industrialisation demeurait une voie incontournable pour le décollage économique de l'Afrique, et constituait pour elle le seul moyen de transformer son économie en vue de l'intégrer positivement dans le contexte actuel de mondialisation. Pour son développement industriel, l'Afrique continuera de compter sur l'appui de partenaires des pays amis. A cet égard, la Côte d'Ivoire salue l'initiative des Etats-Unis sur le partenariat et la croissance économique de l'Afrique qui vise notamment à permettre l'accès en franchise sur le marché américain de nombreux produits africains, ainsi que la convocation par le Japon de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (TICAD II) prévue en octobre prochain. Consciente du fait que notre monde est devenu un village planétaire, la Côte d'Ivoire a poursuivi sans relâche ses efforts à l'intérieur du pays tout en s'investissant de plus en plus dans la promotion de la santé au plan international. Plusieurs événements récents et de haute portée attestent de cet engagement, notamment des initiatives en matière de lutte contre le Sida et certaines maladies tropicales.

C'est pour se prémunir contre tout conflit régional ou local susceptible d'affecter la société internationale tout entière et se donner tous les moyens de réagir que la Charte de 1945 a pris en compte dans son Chapitre VIII le caractère régional de la sécurité collective. Ce mécanisme régional a pour vocation de prolonger et de renforcer l'action de la communauté internationale dans le domaine du maintien de la paix, sans pour autant que soit remise en cause, de quelque manière que ce soit, la prééminence du Conseil de sécurité. Ce dernier dûment informé des initiatives que prendraient les Etats liés par un accord régional est seul habilité, dans le principe, à autoriser l'usage de la coercition. C'est dans cet esprit et en prenant toujours soin d'en référer au préalable au Conseil de sécurité que le système de sécurité régionale a toujours fonctionné, que ce soit en Afrique ou en Europe, même si avec l'implication de l'Alliance atlantique dans l'ex-Yougoslavie, le jeu était quelque peu différent. C'est face à une Afrique déchirée par les conflits que les Ministres des affaires étrangères, de la défense, de l'intérieur et de la sécurité de la CEDEAO se sont réunis récemment à Yamoussoukro et à Banjul pour jeter les bases d'un mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité. Ce mécanisme sous- régional s'intégrera dans le système général de la Charte de l'ONU et dans le système régional de l'OUA. Tous les aspects de la sécurité, y compris les catastrophes naturelles, seront couverts par ce mécanisme. En effet, toute stratégie en cas d'intervention, vise en premier lieu, le désarmement, la réintégration des combattants ou des personnes déplacées, mais aussi une réhabilitation des infrastructures et surtout la reconstruction de la société, avec pour maître mot la démocratie.

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En Afrique, le principe de l'intangibilité des frontières a une importance capitale que l'OUA a mise en exergue depuis sa création. Les turbulences que connaît la région des Grands Lacs doivent être réglées en conformité avec ce principe. Il faut en outre décourager et mettre au ban de la société internationale les régimes qui bafouent les principes les plus élémentaires de la démocratie. Il est fondamental de renforcer la paix internationale par la définition claire des mandats respectifs de l'ONU et des organisations régionales. A cet égard, on peut saluer l'harmonie des efforts engagés dans le cadre de l'ONU, du mouvement des pays non alignés, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) pour mettre un terme à la nouvelle crise que connaît la République démocratique du Congo.

M. ABDULKADER ABDULRAHMAN BAJAMMAL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yémen : le Yémen réalise l'importance capitale que revêtent les réformes dans les domaines politique, économique, financier et administratif. La mise en oeuvre de certaines réformes pouvant avoir un impact négatif sur le domaine social, il est impératif que le processus de réforme économique soit accompagné d'un filet de sécurité social afin d'assurer un équilibre social et économique et diminuer l'impact des changements sur les groupes vulnérables. Dans ce contexte, les institutions financières internationales doivent reconnaître leurs responsabilités et intensifier leurs programmes de développement. Il convient de renforcer la coopération internationale et augmenter le flux des investissements afin de combler le fossé structurel et permettre à la société yéménite de renforcer sa contribution au développement durable. Dans le contexte de la mondialisation, le Yémen demande l'octroi d'une assistance aux pays en développement et aux pays les moins avancés afin de leur permettre de minimiser l'impact négatif de la mondialisation sur leurs économies nationales. La démocratie, la justice sociale, les droits de l'homme, les réformes économiques et politiques ainsi que la coopération régionale ne peuvent être réalisés sans la paix, la stabilité et la sécurité. La nature instable dans la région du Moyen-Orient - due à l'intransigeance du Gouvernement israélien - est donc une source de grande préoccupation.

La construction de nouvelles colonies de peuplement et les modifications apportées à l'héritage historique de Jérusalem-est, aux réalités historiques et à la démographie témoignent de l'obstination flagrante du Gouvernement israélien actuel. Le Yémen demande qu'il soit mis fin à ces pratiques qui représentent des obstacles supplémentaires au processus de paix. La communauté internationale doit prendre les mesures nécessaires pour obliger Israël à honorer ses obligations conformément aux résolutions internationales et à tous les autres accords pertinents. Concernant l'imposition des sanctions contre un Etat, le Yémen estime qu'il convient de réévaluer l'impact des sanctions sur les populations et réaffirmer ainsi les valeurs humanitaires. Les sanctions ne sont plus un instrument utile à la réalisation des objectifs politiques. Il faut d'abord engager un dialogue pacifique et

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établir un calendrier et des critères avant l'imposition de sanctions. Il faut s'assurer que les secteurs les plus pauvres de la société n'en seront pas les premières victimes comme cela est actuellement le cas en Iraq et en Libye. Le Yémen réitère la nécessité de lever les sanctions à l'encontre de ces deux pays.

S'agissant de la situation en Somalie, le Yémen souligne qu'il est le seul pays à avoir accueilli des vagues de réfugiés fuyant la Somalie et d'autres pays aux prises avec des conflits ou de mauvaises conditions économiques. Le Yémen a payé le prix fort du fait de sa proximité avec la Corne de l'Afrique et continue de souffrir de sa situation géographique. Les réfugiés ont exacerbé les difficultés nationales et continuent de représenter un fardeau économique et social intolérable. Le Yémen lance un appel à l'aide aussi bien à la communauté internationale qu'aux protagonistes de la Corne de l'Afrique ou aux parties arabes intéressées dans la recherche de solutions réalistes aux crises actuelles.

Droits de réponse

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, répondant à l'intervention du Premier Ministre du Japon, a estimé que les autorité japonaises, par leurs déclarations, exacerbent la situation dans la région à la suite du lancement du satellite qui ne relève, pourtant, que de la souveraineté de la République populaire démocratique de Corée. Tout pays qui en a la capacité peut lancer des satellites. Le Japon qui dit que ce lancement constituait une menace à la sécurité dans la région, a insulté les citoyens de mon pays. Les autorités demandent des frappes contre des installations militaires en République populaire démocratique de Corée. Elles nous accusent de ne pas les avoir prévenues à l'avance, ce qu'elles n'ont, pour leur part, jamais fait. Le Japon utilise notre lancement comme une excuse pour réaliser ses ambitions bélligéreuses. Nous sommes habitués aux sanctions. Nous subissons un blocus japonais et américain depuis environ 50 ans. Il importe que le Japon réalise que ses actes hostiles constituent une menace à la paix et à la sécurité. Le Représentant a affirmé que son pays ne tolérerait pas une telle arrogance. La République démocratique populaire de Corée va prendre des mesures de rétorsion et répondre comme il se doit à ces critiques, a-t-il déclaré.

Le représentant du Royaume-Uni s'est félicité des références faites par le Ministre des affaires étrangères argentin au Sommet de haut niveau qui s'est tenu entre le Royaume-Uni et l'Argentine et atteste des relations diplomatiques entre les deux pays. Le Gouvernement britannique espère sincèrement que les progrès accomplis seront développés. Toutefois, le Royaume-Uni ne partage pas les vues défendues par l'Argentine en matière de souveraineté. Le Gouvernement britannique n'émet aucun doute sur sa souveraineté sur les îles Falkland et les autres dépendances britanniques dans l'Atlantique Sud. Dans les îles Falkand, le Gouvernement britannique entend respecter les voeux exprimés par les populations de ces îles. Leurs représentants élus ont clairement exprimé leurs vues lors de leur

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participation au débat du Comité des 24 des Nations Unies, le 6 juillet dernier. Ils ont demandé au Comité de leur reconnaître le droit à l'autodétermination. En tant que voix démocratique du peuple des ìles Falkland, ils ont réitéré leur souhait de ne pas être intégrés à l'Argentine. En dépit des divergences avec l'Argentine sur la question de la souveraineté, le Royaume-Uni maintient un dialogue constructif avec le Gouvernement argentin sur les questions telles que le développement des hydrocarbones et les pêcheries dans l'Atlantique Sud.

La représentante de l'Argentine a appuyé la position exprimée par le Ministre des affaires étrangères argentin.

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