AG/791

APPELS EN FAVEUR D'UNE SOLIDARITE RENFORCEE POUR FAIRE FACE AUX DANGERS DE LA MONDIALISATION, AU TERRORISME ET AUX CONFLITS PERSISTANTS

21 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/791


APPELS EN FAVEUR D'UNE SOLIDARITE RENFORCEE POUR FAIRE FACE AUX DANGERS DE LA MONDIALISATION, AU TERRORISME ET AUX CONFLITS PERSISTANTS

19980921 L'Assemblée générale entame son débat général

L'ouverture du débat général de la 53ème session de l'Assemblée générale, réunie ce matin sous la présidence de M. Didier Opertti (Uruguay) a été marquée par l'unanimité des orateurs à dénoncer les dangers de la mondialisation, le terrorisme et des conflits persistants.

Partant du constat que des millions de personnes continuent de vivre en marge de l'économie mondiale et perçoivent la mondialisation comme une force de destabilisation et de destruction, en particulier depuis l'émergence de la crise asiatique, les orateurs ont appelé à une répartition plus équilibrée des richesses aussi bien entre Nations qu'à l'intérieur de chaque pays. La mondialisation doit donc s'engager sur la voie de la solidarité et à cette fin, la communauté internationale devra intervenir sur tous les fronts, financiers et économiques, social et politique, à la fois aux niveaux local et mondial. L'ONU, institution internationale par excellence, doit participer aux discussions sur la nouvelle architecture financière mondiale, a indiqué le Secrétaire général, M. Kofi Annan. La même solidarité a été prônée dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Pour le Président des Etats-Unis, M. Clinton, la responsabilité de la lutte contre ce fléau incombe au monde entier. Cette responsabilité partagée doit se manifester dans le refus de tout appui aux terroristes, dans l'exercice de pressions sur les Etats qui les soutiennent ou encore dans la conclusion d'accords mutuels d'extradition.

La poursuite de conflits et l'émergence de nouveaux foyers de tensions dans le monde ont suscité des appels en faveur de mécanismes de prévention plus systématiques qui tiennent compte des réalités locales et s'appuient sur les organisations régionales existantes. Pour le Président de l'Afrique du Sud, M. Nelson Mandela, il importe de vaincre la tendance primaire à la glorification des armes, l'adulation de la force, qui résultent de l'illusion que l'injustice peut être perpétuée par la capacité à tuer ou que les différends peuvent être résolus par le recours à la force.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/791 21 septembre 1998

Le Premier Ministre du Royaume-Uni, M. Tony Blair, a invité la communauté internationale à envoyer un message clair au Président Milosevic, encourager les parties à négocier de façon réaliste et répondre aux besoins humanitaires des réfugiés du Kosovo.

L'Assemblée générale a entendu une allocution des Chefs d'Etat et de Gouvernement suivants : Président des Etats-Unis, M. William J. Clinton, M. Nelson Rolihlahla Mandela, Président de la République sud-africaine; M. Blaise Compaoré, Président du Burkina Faso; M. Julio Maria Sanguinetti, Président de l'Uruguay; Mme Chandrika Bandaranaike Kumaratunga (Sri Lanka); et M. Tony Blair, Premier Ministre du Royaume-Uni. Le Ministre des affaires étrangères du Brésil, M. Luiz Felipe Lampreia, a ouvert le débat général.

Au cours de sa prochaine séance, qui se tiendra cet après-midi, à 15 heures, la plénière entendra les déclarations du Président de la République de Lettonie, M. Guntis Ulmanis, et de M. Seyed Mohammad Khatami, Président de la République islamique d'Iran, avant de poursuivre son débat général auquel participeront les Premiers Ministres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Japon, ainsi que les ministres des affaires étrangères de l'Argentine, de l'Indonésie, du Costa Rica, de la Norvège, de la Côte d'Ivoire et du Yémen.

Déclaration du Secrétaire général

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies : cette session de l'Assemblée générale pourra être une source d'inspiration et pourra fournir de nouvelles ouvertures pour l'Organisation et pour le monde, pour autant que l'on ait le courage d'affronter l'avenir les yeux grands ouverts. La réforme des Nations Unies reste fondamentale si l'Organisation veut jouer son rôle dans cette nouvelle ère. Aujourd'hui, je peux dire avec satisfaction que la "révolution tranquille" est en cours. La famille des Nations Unies a commencé à agir avec une plus grande unité d'objectif et davantage de cohérence dans ses efforts. On ne peut toutefois pas se reposer sur ses lauriers. La réforme est un processus continu, et je ne cesserai de travailler pour trouver les moyens d'améliorer nos performances. J'espère que les Etats Membres feront avancer ce processus en adoptant de nouvelles mesures en vue d'améliorer ou de réexaminer les aspects de l'Organisation que eux seuls ont le pouvoir de modifier. Le carcan financier dans lequel nous sommes obligés de travailler constitue le plus grand obstacle à l'amélioration des performances. La rigueur est une chose, un régime de famine en est une autre. J'appelle à nouveau les quelques Etats Membres qui sont en retard dans leurs contributions à suivre le bon exemple des autres. Il ne peut y avoir de substitut au versement complet et à temps de ce qui est dû.

Il faut utiliser les deux années qui nous séparent du prochain millénaire pour réfléchir soigneusement à ce que nous devons faire, identifier certains problèmes mondiaux les plus urgents et fixer un programme précis et réalisable en vue d'y apporter des solutions. Une grande partie, sinon tout ce programme s'inscrit dans le cadre de la mondialisation. A long terme, celle-ci sera positive. Hélas, aujourd'hui, ses avantages sont loin d'être ressentis par tous de la même manière. Des millions de personnes continuent de vivre en marge de l'économie mondiale et de ressentir la mondialisation comme une force de déstabilisation et de destruction : une attaque contre leur niveau de vie et leurs traditions. Ceux qui ressentent la mondialisation de cette manière sont de plus en plus nombreux. Le déclin en Asie a déclenché une crise économique mondiale aux conséquences dévastatrices. Ce sont les groupes les plus vulnérables qui sont frappés le plus durement. La crise s'est étendue à la Russie et même les marchés d'Amérique du Nord et d'Europe ne sont pas à l'abri. Nous devons nous réunir pour trouver des réponses, mais qui s'assoira autour de la table ? Le jour n'est plus où les sept grandes puissances industrielles pouvaient seules assumer cette tâche. Tous les constituants du système international doivent être réunis pour trouver des solutions mondiales à cette crise mondiale. Il faut être sur tous les fronts, financier et économique, social et politique, à la fois, au niveau local et mondialement. C'est pourquoi l'ONU, institution internationale par excellence, a un devoir auquel elle ne saurait se soustraire et doit participer aux discussions sur la nouvelle "architecture financière" mondiale, comme l'a suggéré le Président Clinton.

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Il faut des stratégies économiques et financières, mais aussi un cadre politique. Il faut en outre s'assurer que les laissez-pour compte de la mondialisation ne soient plus longtemps oubliés. Notre responsabilité est de remettre le développement à la place centrale qui lui incombe dans la stratégie économique mondiale. On ne peut pas oublier que la crise actuelle trouve, en partie, son origine dans la négligence de certains facteurs politiques. Dans l'exubérance d'une croissance rapide des richesses, on a parfois oublié qu'à long terme, une économie saine dépend d'une politique saine : une bonne gouvernance, la justice sociale et la règle du droit. Bien entendu, un modèle politique à taille unique ne constitue pas la panacée. Les traditions et les circonstances locales doivent être prises en considération mais certains principes sont communs à tous, comme un gouvernement responsable et non corrompu, le respect des droits de l'homme et des minorités, la liberté d'expression et le droit à un jugement équitable.

En ce qui concerne les activités de l'Organisation au cours de l'année écoulée, ce qui me réjouit le plus, c'est la coopération fructueuse entre l'ONU et les acteurs non étatiques qui forment l'embryon de la société civile mondiale. Cette coopération a constitué la force motrice qui a abouti à la Convention sur les mines antipersonnel et à la création d'une Cour criminelle internationale. Petit à petit, avec l'aide de la société civile, l'ONU et ses membres renforcent l'ordre juridique international. Il y a toutefois, à côté de cela, une société non civile : des réseaux de terroristes et de trafiquants qui font peser une menace mondiale exigeant une réponse mondiale. Il y a eu aussi, cette année, un nombre croissant d'attaques contre le personnel de l'ONU, ce qui demande que l'on réfléchisse aux conditions dans lesquelles travaillent les civils dans les zones de conflits. Parmi les échecs, il y a la poursuite du conflit en Afghanistan et l'impuissance de la communauté internationale au Kosovo. J'espère que le Conseil de sécurité trouvera les moyens de rappeler les parties à leurs obligations. En Afrique, il y a eu des succès, notamment la restauration du Gouvernement démocratiquement élu en Sierra Leone. Hélas ! non seulement des conflits se poursuivent, mais de nouveaux conflits ont éclaté. A côté de l'effondrement apparent du processus de paix en Angola, le pire est le nouveau conflit en République démocratique du Congo dans lequel les forces d'au moins cinq autres pays sont impliquées. Un effort spécial de la communauté internationale est indispensable pour mettre fin aux souffrances de la population. Si nous décidons vraiment de mettre ensemble nos ressources, de laisser de côté nos différences et de travailler ensemble, rien n'est impossible. Nous devons, en particulier, redécouvrir le lien entre la paix et la sécurité économique.

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Ouverture du débat général

M. LUIZ FELIPE LAMPREIA, Ministre des relations extérieures du Brésil : l'instabilité des marchés financiers internationaux témoigne d'un décalage grave entre une interdépendance financière accrue et l'efficacité modeste des mécanismes internationaux de dialogue et de coordination. Depuis le début de son mandat, le Président brésilien, M. Fernando Henrique Cardoso, a attiré l'attention des autres dirigeants politiques sur la nécessité de stabiliser et de rendre plus prévisible le système international financier. Le message qu'il a transmis lors de la réunion du G7 en 1995 portait sur la nécessité d'accroître la coopération parmi les autorités monétaires internationales, d'étendre la coordination des politiques macro-économiques des pays qui exercent une influence sur le monde de la finance, d'améliorer les capacités du mécanisme de surveillance internationale des politiques macro-économiques nationales, et de renforcer les mécanismes destinés à stabiliser les devises qui font l'objet d'attaques spéculatives. Jusqu'à présent, la volonté politique n'a pas été à la mesure de l'ampleur et de la gravité de la situation. Nous devons affronter cette crise ensemble. Les progrès dans les domaines des relations internationales dépendent de la perception que l'on a de la scène internationale. Celle-ci doit être vue non pas comme une source de menaces mais comme un environnement favorable à la réduction des risques et des obstacles grâce à la mise en commun des volontés politiques et des ressources. L'interdépendance accrue met en lumière la nécessité de disposer d'une gouvernance efficace au niveau international. Il s'agit là d'un défi politique qui va plus loin que la simple modernisation des processus de décision et des structures administratives. Il s'agit en fait d'accorder la priorité au traitement multilatéral des questions à notre ordre du jour.

Dans la même veine, la paix et le développement sont de plus en plus interdépendants. Un monde affaibli par l'instabilité économique et le désespoir ne peut constituer un environnement sain, exempt de conflits et de violence. Mais le contraire est également vrai. Le progrès social et matériel présuppose des conditions minimales de sécurité. Nous devons faire des progrès sur ces deux fronts en travaillant à l'instauration d'un climat de confiance dans le domaine des stratégies politiques. Le Brésil a réitéré sa disponibilité pour jouer un rôle plus actif dans l'établissement d'un nouvel ordre mondial propice à la paix et au développement. Nous avons ratifié le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et avons accédé au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) qui a été approuvé par le Congrès national en juillet dernier. Nous appelons donc les Etats dotés de l'arme nucléaire de prendre des mesures décisives en vue du désarmement. Le 9 juin dernier, le Brésil a signé, avec sept autres pays, la Déclaration pour un monde exempt de l'arme nucléaire. Nous avons l'intention au cours de cette session, de présenter un projet de résolution visant à accélérer les efforts en vue de l'élimination complète et définitive des armes nucléaires.

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Par ailleurs, la consolidation de la démocratie en Amérique du Sud est un des fers de lance de la politique étrangères du Brésil qui accorde une importance particulière à la promotion des droits de l'homme. Mais alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il subsiste toujours un fossé entre les principes, les règles du droit international et les réalités de notre monde. Le Gouvernement brésilien est décidé à lutter pour combler ce fossé et à cet égard, le Président Cardoso a demandé au Congrès national de reconnaître la juridiction de la Cour interaméricaine des droits de l'homme. Les efforts de paix du Brésil dépassent ses frontières nationales. En Angola, les Nations Unies doivent insister fermement pour que l'UNITA respecte ses engagements en vertu du Protocole de Lusaka. Le Gouvernement brésilien, de concert avec la Communauté des pays lusophones, travaille également à la recherche d'une solution à la grave crise que connaît la Guinée-Bissau. Au Timor oriental, le Brésil accueille positivement le nouvel esprit qui règne au sein des négociations tripartites entre les gouvernements portugais et indonésien, sous les auspices du Secrétaire général des Nations Unies.

Depuis l'avènement de la stabilité économique en 1994, le Brésil a fait preuve d'un dynamisme renouvelé grâce au renforcement de son marché national et la promotion de la justice sociale. Mais le développement du Brésil n'est pas vu sous l'angle du protectionnisme. Nous savons que l'avenir de notre économie est de plus en plus lié à celui des économies de nos voisins et partenaires. Le Brésil a réalisé des progrès considérables dans les domaines social, de l'éducation, de la santé, de la lutte contre la pauvreté et de la réduction des inégalités au cours des deux dernières décennies. Le Brésil continuera de lutter en faveur de la répartition équilibrée des retombées bénéfiques de l'interdépendance économique. Comme l'a dit le Président Cardoso, nous devons abandonner la voie de la mondialisation de l'exclusion pour nous engager sur la voie de la mondialisation de la solidarité. La réforme et le renforcement des Nations Unies sont essentiels si l'on veut réaliser cet objectif. Réformer l'Organisation des Nations Unies implique nécessairement l'amélioration du fonctionnement et l'élargissement du Conseil de sécurité. Les lacunes en matière de légitimité, de représentativité et d'efficacité doivent être éliminées.

WILLIAM JEFFERSON CLINTON, Président des Etats-Unis d'Amérique : Il y a cinquante ans, on signait un des instruments les plus importants du XXème siècle : la Déclaration universelle des droits de l'homme. Les droits qui y sont énoncés ne sont pas encore aussi universels qu'ils devraient l'être mais on peut déjà se féliciter qu'ils sont mieux interprétés et davantage respectés qu'ils ne l'ont jamais été. Les hommes et les femmes qui ont élaboré cet instrument devraient se réjouir des progrès réalisés et devraient exiger de nous de faire encore plus au cours des prochaines 50 années. Malheureusement, les promesses de notre temps sont compromises par un véritable péril.

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Les attentats perpétrés le mois dernier en Afrique, en Irlande du Nord, ainsi que les tragédies en cours en Algérie, en Afghanistan et au Moyen- Orient, font apparaître que le terrorisme ne s'estompera pas avec les autres problèmes du XXème siècle. Les Nations Unies devraient se féliciter qu'il y a peu de guerre à grande échelle entre les Etats mais on ne peut fermer les yeux devant les innombrables actes de violence opposant de petits groupes à l'ensemble de la population. Dans tous les pays, le terrorisme viole un droit de l'homme sacré, énoncé par l'Article 3 de la Déclaration universelle, aux termes duquel "toute personne a le droit à la vie, à la liberté et à la sécurité". Le terrorisme est de toute évidence une question qui préoccupe profondément les Etats-Unis. Au cours des 50 dernières années, les Américains ont été de manière constante la cible des attaques terroristes. A Beyrouth, au-dessus de Lockerbie, en Arabie saoudite, et même ici à New York, au sein d'un des bâtiments publics les plus importants. Et plus récemment, le 7 août dernier, à Nairobi et à Dar es-Salaam, où des personnes qui se dévouent pour rapprocher les nations sont mortes à cause d'une campagne de haine contre les Etats-Unis. Les Etats-Unis sont visés par ces attaques également pour d'autres raisons. Parce qu'il s'agit d'un pays riche, doté d'une force militaire puissante et active dans le monde pour encourager la paix et la sécurité. Les Américains sont convaincus qu'un moindre engagement des Etats- Unis, c'est-à-dire une réduction de leur représentation diplomatique et de leurs troupes dans les zones de conflit et l'affaiblissement de leur lutte contre le terrorisme - serait offrir - la victoire aux ennemis de la paix - une victoire qu'ils ne remporteront jamais. Le terrorisme ne constitue pas seulement une question propre aux Etats-Unis. Il constitue un risque clair et actuel pour toutes les sociétés tolérantes et toutes les populations innocentes dans le monde. Aucun Etat n'est épargné. Le terrorisme montre aujourd'hui un nouveau visage. La révolution en matière d'information et de technologie rapproche les Etats et améliore la vie de chacun de différentes manières. Mais les terroristes profitent de cette ouverture pour mieux se déplacer dans le monde et acquérir des moyens dangereux, notamment ceux qui permettent de fabriquer des armes de destruction massive, parfois des armes chimiques puissantes comme le gaz sarin utilisé dans le métro de Tokyo. La nouvelle technologie de la terreur, et sa disponibilité accrue, placent chacun d'entre nous dans la catégorie de victimes potentielles. Au-delà du préjudice physique causé par chaque attaque, il existe des conséquences plus lourdes du préjudice psychologique. Dans chaque coin du monde, grâce à l'appui des institutions spécialisées, les peuples luttent pour bâtir un meilleur avenir fondé sur l'entente avec leurs voisins, leurs partenaires et les investisseurs des autres pays. L'idéologie, la religion et les mobiles politiques ne justifient pas les brutalités indescriptibles. De profonds changements, parfois inéquitables, de l'économie mondiale, associés à des progrès presque inexistants en matière de démocratie, ont créé des classes entières de jeunes désoeuvrés susceptibles de succomber aux appels du terrorisme. Tuer des personnes innocentes ne nourrit pas l'espoir. La lutte contre le terrorisme incombe au monde entier.

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Les pays en développement doivent distribuer de manière équitable les nouvelles richesses, créer de nouvelles opportunités et instaurer des économies de marché. Il est faux de croire que le terrorisme est causé par un affrontement de civilisations - et en particulier un conflit entre les valeurs occidentales et l'Islam. Les Etats-Unis ont un respect considérable pour cette grande religion, qui est pratiquée par un quart de la population mondiale. Les Etats-Unis sont fermement convaincus que le dialogue permet d'établir la confiance et ils comptent demeurer fidèles à leur amitié et au respect pour le monde musulman. Quand il s'agit de terrorisme, il ne devrait y avoir aucune distinction entre Musulmans et Juifs, Protestants et Catholiques, Serbes et Albanais, pays développés et économies en développement. La seule ligne de fracture est celle qui oppose ceux qui pratiquent, appuient ou tolèrent la terreur et ceux qui qualifient le terrorisme de meurtre pur et simple.

En tant que communauté internationale, nous avons des responsabilités communes dans le refus de tout appui aux terroristes pour exercer des pressions sur les Etats qui les soutiennent, agir ensemble pour engager des poursuites et pour extrader les terroristes, signer les instruments de lutte contre le terrorisme, renforcer la Convention sur les armes biologiques et faire entrer en vigueur la Convention sur les armes chimiques, encourager le renforcement des législations nationales en matière d'explosifs et en matière de contrôle et de sécurité dans les aéroports. Les autorités américaines compétentes oeuvrent activement et en étroite coopération avec d'autres gouvernements pour traquer les réseaux terroristes. Je demanderai au Congrès d'autoriser des crédits d'urgence pour financer la réparation des ambassades détruites récemment par des attaques terroristes, pour améliorer la sécurité des locaux diplomatiques et pour renforcer la lutte mondiale contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme ne sera pas une tâche facile, mais le prochain siècle mérite que nous renouvelions ces efforts. Comme l'avait souligné Eleanor Roosevelt - ancienne Première Dame des Etats-Unis et un des auteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme -, "tous les accords, et toutes les paix sont fondés sur la confiance. Vous ne pouvez avoir la paix et vous entendre avec les autres peuples dans le monde si vous ne leur faites pas confiance".

M. NELSON MANDELA, Président de la République sud-africaine : cette 53ème session de l'Assemblée générale célèbre le 50ème anniversaire de l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme. La Déclaration avait nourri les espoirs des sociétés. Pour ceux qui ont dû lutter pour leur émancipation, comme nous qui avons dû, avec votre aide, nous libérer du système criminel de l'apartheid, la Déclaration a servi de témoin de la justice de notre cause, tout en représentant un défi. Une fois notre liberté conquise, il fallait se consacrer à mettre en oeuvre cette Déclaration.

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Pourtant, en fin de compte, les êtres humains continuent d'être affectés par les guerres et les conflits violents. Nombre d'entre eux ne sont toujours pas en mesure d'exercer leurs droits démocratiques fondamentaux et inaliénables qui leur permettraient de participer à la détermination du destin de leur pays, de leur famille et de leurs enfants et de se protéger de la tyrannie et de la dictature. Même le droit d'être est nié quotidiennement à des centaines de milliers de personnes en raison de la pauvreté, de la non- satisfaction des besoins de base, comme la nourriture, le travail, l'eau, le logement, l'éducation, la santé et un environnement non pollué. Cet échec à mettre en oeuvre la Déclaration est consacré dans le contraste flagrant entre richesse et pauvreté qui caractérise la scission entre les pays du Nord et les pays du Sud, ainsi qu'à l'intérieur des pays des deux hémisphères. Or, cette situation est le résultat d'actes de commission ou d'omission, en particulier de la part de ceux qui occupent des postes de responsabilité. Tous ces fléaux sociaux qui représentent un outrage à la Déclaration des droits de l'homme, sont la conséquence de décisions prises par des hommes ou des femmes, ou qu'ils refusent de prendre, alors qu'ils n'hésitent pas à faire part de leur appui dévoué à cette Déclaration. Par la force des choses, les valeurs de joie, de justice, de dignité humaine, de paix et de prospérité sont universelles car chacun y a droit. De la même manière, aucun peuple ne peut dire qu'il connaît la joie, la paix et la prospérité lorsque d'autres, tout aussi humain, continuent d'être affectés par la misère, les conflits armés, le terrorisme et la privation. Le défi pour les 50 prochaines années, en particulier pour ceux qui occupent des positions de responsabilité, sera d'avoir le courage d'édifier un monde conforme aux dispositions de cette Déclaration et des autres instruments relatifs aux droits de l'homme. L'ONU, et en particulier le Conseil de sécurité, ont pour responsabilité d'agir avec détermination pour mettre un terme aux conflits destructeurs. Il faut vaincre la tendance primaire à la glorification des armes, l'adulation de la force, qui résultent de l'illusion que l'injustice peut être perpétuée par la capacité à tuer ou que les différends peuvent être résolus par le recours à la force.

Après maintes initiatives et résolutions, il n'y a toujours pas de clair engagement de la part des Etats disposant des capacités nucléaires, en vue d'une élimination rapide, définitive et totale des armes et des capacités nucléaires. Pourquoi ces pays ont-ils besoin de ces armes de destruction massive ? En réalité, aucune réponse rationnelle ne peut être donnée pour expliquer ce qui est un résidu de l'inertie de la guerre froide et de la poursuite de l'attachement à la force brute pour assurer la suprématie. Des mesures urgentes sont également requises en vue d'aboutir à une paix juste et permanente au Moyen-Orient. Il faut aussi une solution aux questions du Sahara occidental et du Timor oriental en répondant aux intérêts de tous les peuples concernés.

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L'Afrique du Sud se réjouit des mesures audacieuses prises par le Gouvernement du Nigéria pour permettre le retour à la démocratie et un système de gouvernance visant à servir les intérêts de tout le peuple. Il faut faire face au trafic de drogue, au crime transnational organisé et au terrorisme international.

Le monde est en proie à une crise économique qui a plongé des millions de personnes dans la pauvreté. La tragédie va toutefois plus loin car la pauvreté a été et continue de constituer le quotidien d'un plus grande nombre encore de travailleurs ordinaires dans le monde. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans une situation dans laquelle l'accumulation des richesses, plutôt que de contribuer à l'amélioration du niveau de vie de l'humanité, a provoqué une augmentation de la pauvreté à un rythme inquiétant. Il est impératif d'agir et de traiter toutes les questions pertinentes, y compris l'afflux de capitaux à long terme, les termes de l'échange, l'élimination de la dette, les transferts de technologies, le développement des ressources humaines, l'émancipation des femmes et le développement de la jeunesse, l'élimination de la pauvreté, la protection de l'environnement, et la consolidation des institutions financières ou autres. L'ONU, elle même, doit passer par son propre processus de réforme pour mieux servir les intérêts des peuples du monde.

Ces questions ont été longuement discutées lors du Sommet des Non- Alignés à Durban. Les décisions qui ont été adoptées accentueront la contribution des pays du Sud à la recherche de solutions aux problèmes que connaît le monde. C'est probablement la dernière fois que j'ai l'honneur de prendre la parole à cette tribune. Quittant la vie publique alors que le monde célèbre le 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme pour me retirer dans le village où je suis né, je continuerai à espérer l'émergence de dirigeants qui ne permettront que personne ne soit privé de sa liberté comme nous l'étions, que personne ne devienne réfugié, comme nous l'étions, que personne ne soit condamné à la faim, comme nous l'étions, et que personne ne soit privé de sa dignité comme nous l'étions. Je continuerai à espérer que la renaissance de l'Afrique prendra racine et fleurira. Alors je connaîtrai la paix et la tranquillité.

M. BLAISE COMPAORE, Président du Burkina Faso et Président en exercice de l'Organisation de l'unité africaine : promouvoir la paix et la sécurité, tel est le message qu'au nom de l'Afrique je vous apporte. L'échec de la communauté internationale à restaurer la paix en Somalie et à prévenir le génocide au Rwanda aura révélé à l'Afrique les limites de l'Organisation des Nations Unies. Le constat est que l'Organisation des Nations Unies à laquelle l'Afrique a tant donné, ne peut pas tout apporter au continent dans son combat pour éteindre les multiples foyers de tension et assurer son développement. La conclusion à tirer de cet état de fait s'impose d'elle-même et veut que l'Afrique s'assume.

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Au cours du 34ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA du 8 au 10 juin 1998, ceux-ci ont consacré l'essentiel de leur réflexion à cette nouvelle réalité qui impose à l'Afrique de se prendre en charge. Les chefs d'Etat ont affirmé leur volonté commune de s'investir pleinement dans la prévention, la gestion et le règlement des conflits africains plus qu'ils ne l'ont fait par le passé. Cet engagement donnera plus de visibilité aussi bien à l'OUA qu'aux différentes organisations sous-régionales du continent.

Des résultats encourageants ont été enregistrés dans la gestion et le règlement de certains conflits. La tâche n'est donc pas au-dessus des capacités des Africains. Je forme le voeu que cette expérience soit étendue à l'ensemble du continent. Du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, l'Afrique doit désormais et de manière plus systématique s'impliquer dans la gestion et le règlement des conflits, dès lors que la prévention n'a pas suffi à garantir la paix. Pour ce faire, des initiatives en vue de renforcer les capacités de réaction rapide du continent sont nées des Africains eux-mêmes. Elles ont l'avantage sur toutes les autres qu'elles sont africaines. Elles ont besoin d'un appui franc de la communauté internationale. Les mécanismes de prévention doivent être adaptés aux conditions locales. Les Nations Unies et les organisations régionales, telle que l'OUA, peuvent apporter beaucoup en la matière. L'OUA par exemple dispose d'un mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits africains. Comme je l'ai dit au 34ème Sommet de l'OUA, la question de la sécurité et de la paix en Afrique relève au premier chef des Africains. Aucun mécanisme ne peut prétendre à une efficacité durable s'il prétend s'imposer de l'extérieur. Mais bien entendu, la solidarité extérieure, si elle est sincère, sera toujours la bienvenue. J'en appelle à l'Organisation des Nations Unies pour que, forte de son expérience, elle contribue non seulement à renforcer structurellement le mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits en Afrique, mais nous appuie également sur les plans technique et logistique.

Aux années de stagnation et de tâtonnements a succédé en Afrique une nouvelle ère marquée par une reprise économique certaine consécutive à des réformes courageuses. Ce mouvement vers la transparence de la gestion et la bonne gouvernance s'accompagne par la constitution d'espaces sous-régionaux homogènes dont l'ultime objectif est l'établissement de la Communauté économique africaine au cours de la première moitié du 21ème siècle. Les défis de l'Afrique sont de deux ordres: la paix et la stabilité politique d'une part, le développement durable d'autre part. Il est donc regrettable que des agences des Nations Unies qui sont au coeur de la lutte pour la sécurité humaine en Afrique comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou l'UNICEF, voient leurs ressources s'amenuiser lentement. J'appelle toutes les bonnes volontés à apporter au système opérationnel de développement des Nations Unies les ressources dont il a besoin pour aider l'Afrique à faire face aux défis de la paix et du développement. Il serait également souhaitable que les pays éligibles bénéficient de l'allégement de la dette.

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Pour ce qui est de la mondialisation qui offre les moyens de remporter les paris les plus audacieux, il est nécessaire de repenser la responsabilité des institutions internationales dans la régulation de l'économie globalisée pour assurer l'équilibre entre la croissance économique et la prospérité sociale. Pour ce faire, il est indispensable de procéder à la restructuration de l'Organisation des Nations Unies et plus particulièrement du Conseil de sécurité pour en faire véritablement un instrument appliquant les principes de justice, d'équité et de démocratie. L'Afrique représentant plus du tiers des Etats Membres des Nations Unies, il est inacceptable que tout un continent soit absent de l'organe permanent du Conseil de sécurité qui, paradoxalement, traite de problèmes qui sont pour la plupart africains. Si les Nations Unies appliquaient le principe d'équité, les sanctions contre la Libye continueraient-elles de sévir au mépris des avis de la Cour Internationale de justice et surtout des décisions et résolutions de l'Organisation de l'unité africaine, de la Ligue des Etats arabes, de l'Organisation de la Conférence islamique et du Mouvement des non alignés qui demandent leur levée. L'Afrique espère en outre que le Soudan obtiendra du Conseil de sécurité l'envoi d'une mission d'enquête suite au bombardement de l'usine pharmaceutique de Khartoum. Dans le même ordre d'idées, l'ONU peut-elle continuer d'ignorer la réalité juridique et internationale d'un Etat comme la République de Chine à Taïwan dont 22 millions de femmes et d'hommes sont exclus de toute contribution aux activités de notre organisation ?

M. JULIO MARIA SANGUINETTI, Président de l'Uruguay : membre fondateur des Nations Unies, l'Uruguay a participé activement aux activités de l'Organisation, notamment en fournissant des contingents aux opérations de maintien de la paix. Le rêve qui a longtemps inspiré l'Uruguay était de servir de pays modèle. Malheureusement, l'Uruguay n'a pas été épargné par la guerre froide. Au cours de cette période, une tendance aux coups d'Etat a mis en jeu la démocratie.

La crise financière mondiale actuelle affecte tous les pays. Comme le disait Anatole France, "la vie est une lutte de forces dont on ignore quelle est la plus forte". Et c'est souvent la peur qui domine. Shakespeare disait, quant à lui, que c'est le destin qui donne les cartes mais c'est nous qui jouons. Au cours des années 80, l'Amérique latine a connu une crise économique très profonde. Tirant des leçons de cette crise, les pays de la région ont déployé des efforts considérables, notamment en matière d'intégration régionale. Aujourd'hui, les pays de la région sont de nouveau confrontés à la crise financière qui a commencé en Asie. Les déséquilibres macro-économiques sont à l'origine de cette situation. Comme le Ministre brésilien des affaires étrangères le recommandait ce matin, il faut réagir immédiatement pour faire obstacle aux conséquences déstabilisatrices de la crise financière. L'on ne peut prévoir la durée de cette crise. Ce qui ne doit pas être imprévisible, c'est la conduite des Etats. Il ne faut pas commettre les mêmes erreurs que dans le passé et éviter le néo- protectionnisme.

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Une responsabilité particulière incombe aux économies puissantes. Il faut oeuvrer pour des marchés plus ouverts et plus transparents, en espérant qu'ainsi les subventions, notamment les subventions agricoles, disparaîtront. La crise actuelle est à la fois financière et économique et a des répercussions sur la démocratie. Il ne faudrait pas tomber dans le simplicisme en pensant que l'on peut rétablir la situation grâce à un miracle. Il est nécessaire de réaffirmer les principes fondamentaux, notamment la démocratie. Il faut lutter contre le terrorisme. La démocratie nécessite un Etat efficace car seul un Etat efficace peut être solidaire. De même, seule une économie de marché avec des normes solides pourra permettre aux pays de s'intégrer pleinement dans l'économie mondiale. Le trafic illicite des stupéfiants a affaibli sensiblement les fondements d'une société démocratique et de la cellule familiale. Il appartient donc à tous les Etats de lutter ensemble contre le terrorisme et le trafic des stupéfiants. La civilisation n'est pas un port mais un voyage. Il faut déterminer très clairement les étoiles qui guideront les Etats dans leur navigation.

Mme CHANDRIKA BANDARANAIKE KUMARATUNGA, Présidente de la République socialiste démocratique de Sri Lanka : le Sri Lanka a célébré cette année le cinquantième anniversaire de son indépendance après près de cinq siècles de domination coloniale. Le Sri Lanka, qui est une société multiethnique et multiculturelle et qui lutte depuis toujours pour le respect des principes démocratiques, s'est doté d'un système judiciaire et d'une presse indépendants. La protection des droits de l'homme et de la dignité humaine est une des priorités du Sri Lanka ainsi que la promotion des droits économiques et sociaux de sa population. Cinquante ans après la signature de la Charte des Nations Unies, il est regrettable de devoir constater qu'en matière de sécurité, le monde d'aujourd'hui ne soit pas dans une meilleure situation. Le désarmement nucléaire mondial reste "un rêve éloigné". Les armes nucléaires continuent de proliférer malgré la signature du Traité de non prolifération nucléaire et d'interdiction des essais nucléaires. Les Nations Unies ont la responsabilité de redoubler d'efforts en faveur d'un désarmement total. Chaque nation et chaque individu a droit à la paix. Les pays non alignés, particulièrement préoccupés par le problème du désarmement, ont demandé à ce qu'une session spéciale de l'Assemblée générale sur le désarmement soit organisée. Ils ont également demandé à la Conférence sur le désarmement d'établir, de façon prioritaire, un comité spécial chargé d'engager des négociations pour l'élaboration d'un programme pour l'élimination complète des armes nucléaires.

La coopération régionale est essentielle. Les pays membres de l'Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale, actuellement présidée par le Sri Lanka, sont déterminés à surmonter leurs différends et à unir leurs efforts pour promouvoir la coopération économique, technologique, sociale et scientifique.

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Ils gardent à l'esprit que les pays en développement ont bien évidemment des besoins économiques particuliers et qu'aucun Etat, aussi puissant soit-il, n'est protégé des graves problèmes découlant de la mondialisation de l'économie. Les Nations Unies ont un rôle clef à jouer dans la promotion d'une coopération internationale permettant un développement équitable. Les mécanismes monétaires internationaux se sont avérés incapables de régler les crises économiques récentes et doivent par conséquent être modifiés. Des réformes radicales sont nécessaires afin de pouvoir anticiper les problèmes qui pourront surgir à l'avenir. Un dialogue constructif entre pays développés et nations en développement doit être établi et des consultations entre les différents groupes doivent être encouragés. Des institutions, comme l'Organisation internationale du commerce, doivent faciliter un système commercial transparent permettant une croissance stable. Le développement n'est pas seulement une question de croissance économique mais doit permettre d'atteindre les objectifs prioritaires du développement social. Le Sri Lanka attache une grande importance à la promotion et à la défense des droits des femmes et des enfants. Plusieurs mesures ont été prises et des lois ont même été promulguées à cet égard. Le Sri Lanka est conscient de l'importance du problème de la prostitution et de la pornographie touchant les enfants. Une Charte des enfants et un Plan national d'action garantissant la protection de ceux-ci ont été élaborés. Le Sri Lanka tient toutefois à rappeler à la communauté internationale que celle-ci doit également renforcer ses lois afin d'assurer que le trafic international ne puisse continuer à contribuer à l'aggravation de ce problème.

Le Sri Lanka accorde une grande importance au respect de la diversité ethnique de sa population et le Gouvernement a établi un processus de négociations avec les communautés ethniques et les différents partis politiques qui les représentent. Il est toutefois regrettable que certains groupes, comme les "Tigres de libération de Tamil Eelam", qui prétendent être une organisation de libération, rejettent les processus démocratiques de consultation mis en place et utilisent la violence pour déstabiliser le pays. En ce qui concerne le terrorisme international, le Sri Lanka estime qu'il est nécessaire d'avoir une action internationale collective. Il se félicite de l'adoption de la Convention des Nations Unies sur la suppression des bombardements terroristes et espère que sa mise en oeuvre sera accélérée par la mise en place de législations au niveau national dans tous les pays. A propos du rôle fondamental que joue le système des Nations Unies, le Sri Lanka se réjouit des réformes proposées par le Secrétaire général et pour la plupart mises en oeuvre. Dans le contexte des réformes de l'ONU, il est cependant regrettable qu'il n'y ait toujours pas de consensus en ce qui concerne la composition du Conseil de sécurité. Il est nécessaire que le Conseil soit plus transparent et démocratique afin de mieux pouvoir répondre aux préoccupations de tous les Etats Membres.

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Il et essentiel que les pays en développement et les régions du monde où ils prédominent soient représentés de façon permanente au Conseil de sécurité afin que les intérêts de tous puissent être défendus. Par ailleurs, il est urgent de trouver une solution à la crise financière de l'Organisation. Les pays qui n'ont pas encore réglé leurs arriérés doivent le faire sans plus attendre et sans conditions.

M. TONY BLAIR, Premier Ministre du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord : il est évident que, pour poursuivre, prospérer et mieux répondre aux nouveaux défis du monde d'aujourd'hui, la communauté internationale doit travailler en partenariat. Les conflits régionaux, les menaces que représentent la drogue et le terrorisme affectent l'ensemble de la communauté internationale. Puisque les défis sont internationaux, la réponse doit être internationale. De nouveaux partenariats doivent être créés et les institutions qui permettent à la communauté internationale de coopérer et de travailler de concert doivent être modifiées. L'Organisation des Nations Unies n'est pas le seul forum permettant d'y arriver. Les groupes régionaux ont en effet un rôle important à jouer, notamment en ce qui concerne le développement. Il est urgent de moderniser l'ONU pour qu'elle puisse fonctionner plus efficacement. Une meilleure gestion s'impose ainsi qu'une meilleure coordination de l'ensemble de ses activités. Il est essentiel de soutenir le Secrétaire général dans ses efforts pour réformer l'Organisation. Il est besoin de renforcer le rôle du Conseil de sécurité. Pour cela, il faudra élargir sa composition. De nouveaux sièges permanents doivent être attribués aux pays en développement, ainsi qu'à l'Allemagne et au Japon. Augmenter le nombre des sièges non permanents serait un compromis inacceptable. Il est temps de prendre des décisions à ce sujet.

En ce qui concerne les défis offerts par la mondialisation de l'économie, il ne s'agit pas d'imposer une nouvelle panoplie de contrôle des mouvements internationaux des capitaux. Par contre, il faudrait établir de nouveaux mécanismes permettant d'obtenir une plus grande transparence dans les transactions financières internationales et nationales. En dotant les institutions financières internationales de ressources supplémentaires, on règlerait les problèmes à court terme. Nous pensons par ailleurs que les programmes de réformes structurelles pour les pays en difficulté doivent tenir compte des effets sociaux de la restructuration. Dans ce domainem une meilleure coopération internationale et une plus grande volonté politique sont nécessaires. En ce qui concerne le développement, il faut créer les conditions permettant un développement durable dans tous les pays. La pauvreté doit certes être éliminée mais il est aussi nécessaire de s'assurer que les pays les moins développés peuvent bénéficier de la mondialisation de l'économie.

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Il est évident que les programmes de développement ne peuvent être véritablement efficaces que dans de bonnes conditions. Le poids de la dette des pays les plus pauvres doit être allégé. Dans le domaine écologique, il est clair que la promotion du développement ne doit pas se faire au détriment de l'environnement. La Conférence de Kyoto a permis de progresser dans la bonne direction.

En ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationale, l'ONU joue un rôle clé. Toutefois, l'Organisation ne devrait pas intervenir dans les cas où les organisations régionales sont mieux à même de régler un conflit régional. Cependant, la prévention des conflits reste la meilleure option. Les Nations Unies ont besoin d'un plus grand soutien pour être plus efficace dans ce domaine. Dans le cas où les forces de maintien de la paix doivent intervenir, il est essentiel que l'ONU reçoive des directives claires ainsi qu'un mandat qui puisse être rempli. Ce qui s'est passé en Bosnie ne doit jamais se reproduire. Il est également essentiel que les Nations Unies puissent agir rapidement afin de pouvoir empêcher l'escalade des conflits. Par ailleurs, il est clair que le maintien de la paix doit être accompagné d'activités de reconstruction afin que la justice, les droits de l'homme et les institutions démocratiques puissent être restaurés. Trop souvent le Conseil de sécurité s'occupe des symptômes des conflits et non de ses causes. Le rôle des Nations Unies dans toutes les régions du monde éprouvées par la guerre reste central. Qu'il s'agisse de conflits dans des pays africains, au Moyen-Orient, ou encore au Kosovo, il est possible de trouver une solution durable. Au Kosovo, les forces de sécurité du Président Milosevic continuent d'ignorer la volonté de la communauté internationale et à infliger des mesures de répression à la population. Les actions de ladite Armée de libération du Kosovo sont inacceptables et rien ne peut justifier les actions qui ont eu des conséquences désastreuses. La communauté internationale a trois responsabilités à ce sujet. Elle doit envoyer un message clair, encourager les parties à négocier de façon réaliste pour atteindre une solution qui leur soit acceptable, et répondre aux besoins humanitaires des réfugiés du Kosovo. Une nouvelle résolution du Conseil de sécurité devrait être adoptée cette semaine demandant expressément un cessez- le-feu immédiat que le Président Milosevic ne pourra ignorer sans se mettre en péril. Une réponse de la communauté internationale aux besoins humanitaires des victimes des conflits est nécessaire. A propos des drogues et du terrorisme, la communauté internationale doit continuer à oeuvrer ensemble et à prendre les mesures qui s'imposent afin de trouver une solution durable à ces fléaux mondiaux.

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