AG/790

PAR SON UNIVERSALITE, L'ONU EST L'INSTANCE INDIQUEE POUR APPORTER UNE REPONSE GLOBALE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION, DECLARE M. KOFI ANNAN

18 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/790


PAR SON UNIVERSALITE, L'ONU EST L'INSTANCE INDIQUEE POUR APPORTER UNE REPONSE GLOBALE AUX DEFIS DE LA MONDIALISATION, DECLARE M. KOFI ANNAN

19980918 L'Assemblée générale a achevé, cet après-midi, son dialogue de haut niveau, entamé hier, sur le thème des répercussions économiques et sociales de la mondialisation et de l'interdépendance et de leurs incidences politiques. Le dialogue s'est tenu dans le cadre de l'examen du point de l'ordre du jour de l'Assemblée intitulé "développement durable et coopération économique internationale : relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat."

Dans sa déclaration de clôture, le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan a déclaré que, face à la crise économique que traverse actuellement le monde, les Nations Unies ont un rôle unique à jouer pour trouver une réponse globale à la crise, et une responsabilité particulière en ce qui concerne la protection des intérêts de ceux qui sont le plus touchés. M. Annan a estimé que la crise ne saurait être résolue sans que les nations industrialisées n'assument pleinement leurs responsabilités et ne décident de travailler de concert avec les pays en développement en vue de trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts de tous.

Le Président de l'Assemblée générale, le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, le représentant de l'Autriche, au nom de l'Union européenne et le représentant des Etats-Unis se sont également exprimés pour se féliciter des résultats du dialogue de haut niveau.

L'Assemblée générale a en outre entendu la présentation des rapports des deux tables rondes ministérielles qui ont eu lieu aujourd'hui sur la réaction des Etats et celle de la communauté internationale face à l'impact social et économique de la mondialisation. Ces deux tables rondes ont été présidées par MM. Helmut Schafer, Ministre d'Etat de l'Allemagne et Ali Alatas, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie.*

Auparavant, les représentants des pays suivants avaient fait des déclarations : Lesotho, ex-République yougoslave de Macédoine, Colombie, Uruguay, Yémen, Nigéria et El Salvador.

(à suivre - 1a)

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Le dialogue de haut niveau a également fourni l'occasion de tenir deux réunions-débats sur l'impact social et économique de la mondialisation.

Le point relatif à la relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique avait été inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée générale lors de la quarante-huitième session. L'idée d'un dialogue de haut niveau de deux jours sur les répercussions économiques et sociales de la mondialisation est née deux ans plus tard. En effet en 1995, l'Assemblée a reconnu que tout en présentant des risques, la mondialisation offre aussi des occasions de dialogues sur la coopération internationale. Cette année, sur recommandation de la Deuxième Commission, l'Assemblée a décidé que le moment le plus opportun pour engager le premier dialogue de haut niveau est la période précédant immédiatement l'ouverture de son débat général, soit les 17 et 18 septembre 1998.

* voir communiqués de presse AG/798 et 799.

Fin du débat

M. PERCY MANGOAELA (Lesotho) a rappelé que les pays les moins avancés (PMA), dont son pays fait partie, font face à des contraintes énormes qui obèrent leurs efforts visant à tirer partie des avantages de la mondialisation de l'économie et de la libéralisation des marchés. Ces problèmes sont aggravés par celui de la dette extérieure, auquel s'ajoute la baisse de l'aide publique au développement. Compte tenu de cette situation, M. Mangoaela a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle réserve un meilleur traitement aux PMA, faute de quoi, a-t-il mis en garde, ces pays n'auront pas accès aux bienfaits de la mondialisation et seront marginalisés, ce qui est contraire aux intérêts de l'économie mondiale. En dépit de l'évolution positive du commerce international, force est de constater que ses retombées sur les économies des pays les moins avancés restent insignifiantes confrontées qu'elles sont des difficultés d'accès aux marchés et d'exportation de leurs produits. A cela s'ajoute la difficulté de respecter certaines normes à cause des différences de niveaux technologiques.

M. Mangoaela a estimé que les accords de coopération économique et technique entre pays en développement (CEPD/CTPD) pourraient leur permettre de tirer profit de la mondialisation dans la mesure où il existe une certaine homogénéité des normes dans les mécanismes de coopération aux niveaux régional et sous-régional, qui pourrait servir d'exemple applicable sur le plan international. Il considère que la coopération Sud-Sud offre un cadre approprié aux intérêts de l'économie mondiale, et, par conséquent, que les pays du Nord devraient fournir un soutien plus important aux efforts de développement Sud-Sud, en particulier à travers une coopération triangulaire. M. Mangoaela a regretté la baisse de l'aide publique au développement, dont il souhaite l'augmentation dans les meilleurs délais afin de permettre aux PMA de persévérer sur la voie des réformes structurelles et économiques en cours.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine) s'est associé à la déclaration faite au nom de l'Union européenne par le représentant de l'Autriche. Il estime qu'il serait important que le Secrétariat fasse une analyse du suivi de ce dialogue de haut niveau. Constatant la nature "vivante" du processus de mondialisation, il estime que le monde continuera à découvrir, sur une période plus ou moins longue, ses implications, positives ou négatives, sur les économies nationales et sur la coopération internationale. Il a remarqué que, si l'objectif est d'améliorer la coopération économique internationale, l'une des tâches prioritaires de l'Assemblée générale devrait consister à éviter la marginalisation des petites économies qui ne sont pas en mesure de faire face toutes seules aux dangers d'une telle marginalisation. Il estime que les problèmes actuels de l'économie mondiale sont largement dûs au fait que la mondialisation de l'économie ne s'accompagne pas de la mondialisation des relations politiques internationales. Par conséquent, une action globale et notamment des Nations Unies apparait nécessaire pour changer et gérer les priorités actuelles.

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Selon M. Calovski la première priorité pour les Nations Unies consiste à prévenir les conflits et à trouver des solutions à ceux en cours. La seconde devrait être l'adoption par les Etats Membres de politiques étrangères de frontières ouvertes. Il ne devrait plus y avoir, selon lui, de restriction à la libre circulation des capitaux, des biens, des services et des personnes. En outre, la libéralisation du commerce international et de la coopération économique devrait s'accompagner de la libéralisation des relations politiques internationales. Pour son pays, ainsi que pour les autres pays de la région, il est primordial que leurs économies soient pleinement intégrées dans celles de l'Union européenne et dans les institutions euro-atlantiques.

M. Calovski a également remis, en annexe de sa déclaration, un projet de résolution que sa délégation, au nom de plusieurs autres délégations, a l'intention de soumettre à la Deuxième Commission de l'Assemblée générale.

M. JAIRO MONTOYA (Colombie) a mis l'accent sur l'importance que son pays attache à un dialogue politique efficace, sous l'égide des Nations Unies, permettant de promouvoir une coopération économique internationale menée dans un esprit de partenariat réciproque. Il espère surtout l'adoption de mesures pratiques qui pourront pallier aux incidences économiques et sociales de la mondialisation.

Selon le représentant, l'Organisation des Nations Unies offre le cadre le plus approprié pour examiner la question de la mondialisation dans son ensemble, y compris ses dimensions politiques économiques, sociales, environnementales et culturelles. Il s'agit d'abord de voir si la mondialisation offre les conditions durables pour stimuler la croissance, diminuer le taux de chômage et réduire la pauvreté. Il s'agit ensuite d’étudier si la mondialisation est compatible avec les notions d'identité nationale et de diversité culturelle; si elle peut faciliter la protection de l’environnement; et enfin comment elle est susceptible de promouvoir un processus de prise de décisions démocratique et participatif dans les domaines de l'économie et du développement. Il convient, a-t-il souligné, de supprimer les facteurs extérieurs qui limitent le champ de la mondialisation tels que les restrictions en ce qui concerne la liberté des travailleurs de traverser les frontières, les régulations sur le travail comme préconditions dans le commerce international. Pour enrayer la crise financière actuelle, la Colombie souhaite l'établissement de mécanismes internationaux prévisibles, transparents et coordonnés, ainsi que l'allocation de ressources à des domaines d’activités et d'infrastructures productives, ceci afin de corriger le caractère spéculatif de la mondialisation.

M. JORGE PEREZ OTERMIN (Uruguay) a estimé que la mondialisation est la résultante des trois puissantes forces que sont : la technologie appliquée à la recherche et à la transmission de l'information, la formation de zones de libre-échange et de blocs économiques intégrés et en dernier lieu l'interdépendance croissante des marchés financiers à l'échelle planétaire.

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Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, nul ne peut concevoir la mondialisation sans apprendre au préalable à reconnaître le rôle fondamental du développement scientifique et technologique comme moteur de croissance et générateur de bien-être. Bien plus, le succès en matière de compétition internationale dépend de la capacité d'innover et dans ce contexte, il a rappelé que la mondialisation doit être perçue avant tout comme un phénomène culturel. Le représentant a d'autre part insisté sur l'importance des blocs économiques pour répondre aux nouveaux défis de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie et c'est dans cet esprit que l'Uruguay était devenu membre du MERCOSUR.

Par ailleurs, M. Perez Otermin a rappelé que, dans ses efforts pour sortir de la crise qui a frappé l'Uruguay au début des années 1980, son gouvernement a suivi un processus de réglementation financière qui a permis à son pays de jouir aujourd'hui d'un système financier sain et solvable.

M. Perez Otermin a indiqué que la mondialisation et surtout les récentes crises financières avaient sérieusement affecté l'économie de l'Uruguay et des autres pays de la région, rendant plus difficile pour l'Amérique latine la possibilité d'attirer l'investissement international direct dont elle a besoin pour maintenir son niveau de croissance. La crise asiatique et la crise financière de la Fédération de Russie, risquant de relancer le cercle vicieux des dévaluations et de l'inflation, ont entamé la confiance non seulement dans ces pays mais dans tous les marchés émergents.

M. ABDUL-QADER BA-JAMMAL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yémen : la mondialisation est une question qui préoccupe la vie des Etats et les relations les nations. Personne ne peut affirmer que la mondialisation est une philosophie permettant d'atteindre le bien-être pour tous. Il faut instaurer un dialogue approfondi pour cerner toutes les dimensions du phénomène. Pour les pays les moins avancés, la mondialisation est un bien puisque l'isolement ou la marginalisation compromet le progrès. Il est pourtant nécessaire de définir des orientations éthiques en ce qui concerne le système économique et financier mondial. Au Yémen, le processus de mondialisation a conduit à une réforme en profondeur des institutions. Il est important de veiller à la régulation des flux financiers et d'encourager les institutions de Bretton Woods à ne plus se contenter de gérer les crises mais de tout mettre en oeuvre pour développer un système de prévention des crises et s'impliquer plus avant dans les programmes de développement. Il faut que le système international soit un véritable partenariat.

M. AUSTIN PETER ETANOMARE OSIO (Nigéria) a noté l'impossibilité, dans laquelle se trouvent actuellement les pays, de se développer sans relation avec l'extérieur. L'interdépendance devient de plus en plus inévitable. Tout en reconnaissant les bienfaits de la mondialisation le représentant a néanmoins observé que celle-ci se fait au détriment des hommes qu'elle est pourtant censée servir. L'exemple de la crise financière en Asie est à cet égard édifiant.

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Pour leur part, les pays pauvres dont les efforts n'ont pas égalé ceux des pays asiatiques en matière de libéralisation, n'ont pas connu un destin plus brillant. Ils souffrent notamment de la baisse des prix et du bas niveau des exportations. Si aucune décision politique n'intervient à terme pour annuler leur dette, les efforts de ces pays pour participer à la mondialisation seront réduits à néant.

Dans un monde aussi interdépendant que le notre, aucune nation ne devrait être marginalisée et les pays devraient s'entraider pour supprimer les obstacles tarifaires et non tarifaires. La mondialisation devrait toujours conserver un visage humain et profiter le plus possible aux pays et citoyens concernés.

M. RICARDO G. CASTANEDA-CORNEJO (El Salvador) s'est associé à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. Il a rappelé que la mondialisation et la libéralisation des marchés ont généré d'importants progrès pour la communauté internationale, notamment en matière de réduction de la pauvreté, de circulation des capitaux privés, et de circulation de l'information. Il n'en demeure pas moins que la répartition de ces avancées ne se fait pas de manière équitable entre tous les pays. Ainsi dans les pays dont l'économie est de petite taille, les secteurs les plus vulnérables de la société se trouvent marginalisés. D'autre part, les écarts entre les pays ou à l'intérieur même d'un pays ne cessent de grandir. Il est donc indispensable que la communauté internationale, dans un esprit de coopération, recherche les solutions permettant d'inverser cette tendance. Les récentes crises économiques et financières, affectant différentes régions du monde, montrent clairement les risques liés à l'interdépendance croissante, à tel point qu'aujourd'hui le spectre d'une récession mondiale se profile à l'horizon. C'est pourquoi, il est important de créer des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de contrôle des flux de capitaux, en particulier pour ceux placés à court terme, afin d'éviter les mouvements massifs qui entraînent destabilisation et crise financière. Parallèlement, il est indispensable d'établir des systèmes d'aide sociale pour protéger les parties les plus vulnérables de la société.

On ne peut pas aborder le thème de la mondialisation sans évoquer la question de la coopération pour le développement, a poursuivi M. Castaneda- Cornejo. Le commerce international et les investissements privés jouent chaque jour un rôle de plus en plus important dans la croissance économique et le développement durable des pays en développement. Mais là aussi, les investissements ne sont pas répartis équitablement entre les pays. De plus, l'aide publique au développement (APD) n'a cessé de diminuer ces dernières années, alors qu'elle demeure un élément essentiel à la mise en oeuvre de programmes orientés vers le développement humain durable, par exemple dans les secteurs de l'éducation, la santé ou les infrastructures de base, qui traditionnellement n'attirent guère les investisseurs privés.

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Conscient de l'importance de s'intégrer à l'économie mondiale, El Salvador a multiplié les efforts pour stabiliser son économie et parvenir à une croissance durable. L'un des piliers de sa politique d'ouverture est la promotion des investissements nationaux et étrangers. Or, en raison de la concurrence croissante dans ce domaine, le pays a beaucoup de mal à attirer les investissements directs. C'est pourquoi, le représentant a insisté sur la nécessité pour les Nations Unies de continuer à encourager le dialogue en faveur de la coopération au développement. Parallèlement aux efforts qu'ils déploient pour s'intégrer au marché mondial, les pays en développement devraient pouvoir écouler leurs produits sur les marchés étrangers, sans condition préalable ni restriction. De même, ils devraient pouvoir bénéficier d'une part, d'un transfert des technologies respectant les règles de la propriété intellectuelle et d'autre part, d'une bonne répartition des flux de capitaux privés tenant tout particulièrement compte des particularités des petites économie

Présentation des rapports des deux tables rondes sur la réaction des Etats et celle de la communauté internationale face à l'impact social et économique de la mondialisation

M. PERCY METSING MANGOAELA (Lesotho), Rapporteur de la table ronde ministérielle sur la réaction des Etats face à l'impact social et économique de la mondialisation, a fait part du consensus auquel sont parvenus les participants à la table ronde sur la nécessité pour les politiques nationales des pays développés comme des pays en développement de faciliter la participation de ces derniers au processus économique mondial et de protéger les groupes les plus vulnérables. Tous les participants ont admis d'emblée le caractère inévitable du processus de mondialisation et les opportunités qu'il offre. La question a été plutôt de savoir comment réagir aux effets délétères de cette mondialisation. Partant l'importance de règles communes propres à assurer une répartition équitable des fruits de la mondialisation a été soulignée. Les participants sont partis du constat que les pays en développement ne disposent pas des structures institutionnelles et humaines permettant leur intégration dans l'économie mondiale. Pour les laissez-pour- compte de la mondialisation, les coûts paraissent plus élevés que les avantages.

La gestion de la mondialisation a donc été considérée comme une question fondamentale. Un appel a été lancé aux Etats pour qu'ils coordonnent leur réaction en fonction des circonstances locales et établissent un équilibre entre les opportunités de la mondialisation et ses risques potentiels. Il a été suggéré aux pays en développement de mettre au point des politiques macroéconomiques saines, de renforcer leur cadre institutionnel, de consolider leurs secteurs public et privé et d'assurer davantage de transparence dans la gestion des affaires publiques. Dans l'immédiat, il est urgent de réduire la dette du secteur public et de créer des filets de sécurité sociale pour les protéger les populations des conséquences néfastes de ce phénomène.

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Les politiques nationales ne pouvant réussir sans un accompagnement international, un plaidoyer a été fait en faveur de l'accroissement de l'aide publique au développement, de l'allégement de la dette extérieure, d'une aide à la création d'un filet de protection sociale et d'un flux plus important mais stable des capitaux privés.

M. JANIS PRIELDKANS (Lettonie), Rapporteur de la seconde table ronde ministérielle sur les réponses internationales à la mondialisation, a noté que face aux défis de la mondialisation et, en particulier face à ses effets pervers, des mesures internationales efficaces sont indispensables pour que ne s'approfondisse inexorablement le fossé entre pays qui tirent le meilleur profit de ce phénomène et ceux qui en pâtissent. A cet égard, il a fait observer que les participants sont tombés d'accord pour reconnaître que les défis posés transcendent la sphère économique et que toute réponse devait également intégrer la dimension culturelle afin d'assurer une pleine participation de tous. Il est également apparu qu'il fallait améliorer la gouvernance au niveau mondial, notamment par une réglementation des flux des capitaux et du taux des changes, tant il est vrai que les fluctuations erratiques du cours des devises représentent un danger considérable pour les économies nationales. Enfin, il apparait plus que jamais nécessaire d'anticiper et de prévenir les crises et pour cela d'adapter les institutions financières internationales, mais aussi de définir des normes et principes pour que la mondialisation ne se fasse pas au détriment du développement humain. A cet égard, le rôle des Nations Unies a été reconnu déterminant. Progrès social et progrès économique doivent aller de pair. Il incombe aux institutions internationales, de par leur position et leur expérience, de forger un appareil normatif qui favorise ce développement parallèle.

Déclarations de clôture

M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné le caractère décisif que revêt la mondialisation pour les pays en développement. Il s'est félicité de la convergence de vues entre les participants au dialogue de haut niveau qui ont tous souligné l'effet de contagion des crises comme l'ont démontré les crises asiatiques. La communauté internationale est maintenant appelée à prendre des mesures urgentes pour maximiser les bénéfices de la mondialisation et en minimiser les risques. Le représentant a rappelé que le Mouvement des non alignés avait demandé la tenue de ce dialogue il y a quatre an déjà dans l'espoir de renforcer la coopération économique internationale. Aujourd'hui, le Groupe des 77 et la Chine expriment l'espoir que ce premier dialogue donnera lieu à d'autres dialogues sur toutes les questions intéressant les pays en développement comme les pays développés.

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M. GEORG LENNKH (Autriche), au nom de l'Union européenne, s'est félicité de la façon dont ce dialogue a été organisé, et en particulier de la tenue des tables rondes ministérielles et des réunions de groupes d'experts. Il a estimé que la discussion a été constructive et que de nombreuses idées en avaient émergé, réunissant un large consensus. Au nombre de celles-ci, il a cité la nécessité de réponses politiques au niveau national qui prennent en compte la dimension sociale et assurent une meilleure redistribution des dividendes de la mondialisation; mais surtout la nécessité d'aider les pays en développement, notamment à travers une aide au développement accrue, pour qu'ils puissent eux aussi en retirer les fruits. Il est apparu enfin qu'un large consensus a émergé en ce qui concerne la nécessité de renforcer le système international. A cet égard, les Nations Unies sont une instance unique pour définir les normes et principes nécessaires pour tirer le meilleur avantage de la mondialisation. Le moment est donc venu de réfléchir à des réponses communes grâce à un véritable partenariat où toutes les voix pourront se faire entendre.

M. MICHAEL SOUTHWICK, Vice-Secrétaire d'Etat chargé des organisations internationales des Etats-Unis, qui a pris la parole au nom de M. Brian Atwood, administrateur de l'Agence américaine pour le développement international, a réitéré l'engagement pris par les Etats-Unis par la voix du Président Clinton, à oeuvrer, de concert avec leurs partenaires internationaux, pour limiter les effets de la crise financière actuelle et intensifier les efforts visant à réformer les institutions commerciales et financières afin de les rendre plus aptes à répondre aux nouveaux défis. Il a rappelé qu'il était inacceptable que les turbulences économiques plongent soudainement des millions de personnes dans la misère.

Le représentant a estimé que le dialogue de ces deux derniers jours avait été exceptionnellement franc et constructif. Il a mis en évidence la nécessité pour tous de lutter contre la pauvreté et de renforcer les institutions de coopération. Par ailleurs, ce dialogue a montré que des remèdes existent, non pas dans une résistance impossible et indésirable à la mondialisation, mais bien plutôt grâce à un environnement qui favorise les réformes, l'accès aux marchés et aux ressources pour le développement, ainsi que la participation au progrès technologique. Pour cela, il faut pousser les réformes indispensables au sein des Nations Unies, des institutions commerciales et financières internationales, autant que celles des politiques et des institutions nationales. Il a également rappelé que les pays qui s'étaient attaqués aux causes structurelles de la pauvreté, notamment en investissant dans les ressources humaines, en développant la démocratie et en mettant en place des politiques de l'emploi saines, n'avaient pas à faire face aux mêmes problèmes.

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Le Secrétaire général des Nations Unies, M. KOFI ANNAN, a souligné que, ce qui a commencé l'année dernière comme une crise asiatique, est en train de se transformer en une crise mondiale qui affecte tous les pays de différentes manières. Cette crise représente le risque majeur de voir le fossé entre riches et pauvres se creuser davantage, à la fois au niveau des pays et au niveau international. Dans une certaine mesure, il s'agit là de la première grande crise de la mondialisation. Constatant que la mondialisation est une réalité de notre époque et qu'il n'y a aucun espoir d'inverser cette tendance, le Secrétaire général a estimé par conséquent qu'il est aujourd'hui essentiel de trouver des moyens pour mieux la gérer, pour en maximiser les retombées positives et pour protéger ceux qui risquent d'en être victimes.

M. Annan s'est félicité que les pays en développement, malgré les difficultés qu'ils ont connues cette année, n'ont pas eu recours aux mauvaises solutions que représentent le nationalisme et le populisme. Il estime que, ce qui posait problème jusque-là, c'est précisément le fait que les pays en développement ont trop souvent été des participants passifs, plutôt qu'actifs, dans la recherche d'une réponse collective à la mondialisation. En effet, dans la plupart des institutions qui prennent des décisions qui affectent l'économie internationale - notamment le G7 et les institutions de Bretton Woods- les voix les plus fortes sont traditionnellement celles des pays qui ont déjà connu le succès économique. M. Annan a déclaré que, face à cette crise, les Nations Unies ont un rôle unique et indispensable à jouer pour trouver une réponse globale à la crise, et la responsabilité particulière d'insister sur la nécessité de solutions globales, fondées sur des règles équitables pour tout le monde. Les Nations Unies doivent veiller à ce que les états ne se détournent pas les uns des autres, mais au contraire recherchent ensemble des solutions à la crise qui soient basées sur les principes fondateurs qu'ils partagent tous. Elles ont en outre la responsabilité d'éviter que les intérêts de ceux qui sont le plus touchés par la crise ne soient oubliés. Pour cela, M. Annan a préconisé les mesures suivantes: un accroissement de l'aide publique et un allègement du poids de la dette des pays les moins avancés.

M. Annan a constaté que les dirigeants du monde industrialisé, en dépit du fait que la crise ne les a pas affectés, commencent à prendre conscience que cette situation ne peut plus durer. Il estime que la crise ne saurait être résolue sans que les nations industrialisées n'assument pleinement leur responsabilité et ne décident de travailler avec les autres en vue de trouver des solutions qui tiennent compte des intérêts de tous les pays. Dans ce cas de figure, même cette crise difficile pourrait avoir des effets secondaires positifs selon lui. En effet, elle pourrait représenter une opportunité pour le monde d'aborder en définitive des problèmes mondiaux dans un esprit mondial.

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M. DIDIER OPERTTI, Président de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, a estimé que le dialogue de haut niveau a permis un échange de vues fructueux sur les politiques adoptées sur les plans national et international pour maximiser les bénéfices de la mondialisation et prévenir ses dangers. Il s'est félicité de l'esprit constructif et de coopération tout au long du dialogue. L'interaction qu'il a entraînée a permis d'identifier les domaines dans lesquels de nouvelles mesures s'imposent. La mondialisation est inévitable, mais elle doit être gérée tant sur le plan national qu'international. Il est important d'établir des politiques macroéconomiques saines, de consolider les cadres institutionnels des pays et de renforcer la coopération internationale. Il revient à la communauté internationale de corriger les déséquilibres du marché et de réviser le système économique et financier international. Il faut introduire plus de transparence et établir un principe fondé sur la responsabilité partagée et le principe de la participation de tous les pays. Les Nations Unies et les institutions de Bretton-Woods doivent travailler de concert pour appuyer les efforts nationaux.

Il est important que l'ONU collabore avec l'Organisation mondiale du commerce pour assurer la participation des pays en développement dans le commerce international. Il faut enfin souligner que le flux des capitaux ne saurait se substituer à l'aide publique au développement. L'augmentation de l'aide publique au développement, l'allégement de la dette et l'augmentation des prêts à long terme à des taux préférentiels sont toutes des tâches auxquelles il faut s'atteler. A cet égard, les excédents des balances de paiement peuvent être transformés en prêts, a suggéré le Président de l'Assemblée générale.

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