AG/787

ASSEMBLEE GENERALE : PLAIDOYER POUR UNE MONDIALISATION DE LA SOLIDARITE PLUTOT QUE CELLE DE LA MARGINALISATION

17 septembre 1998


Communiqué de Presse
AG/787


ASSEMBLEE GENERALE : PLAIDOYER POUR UNE MONDIALISATION DE LA SOLIDARITE PLUTOT QUE CELLE DE LA MARGINALISATION

19980917 L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi son dialogue de haut niveau sur le thème des répercussions économiques et sociales de la mondialisation et de l'interdépendance et de leurs incidences politiques.

Les participants au dialogue ont reconnu les avantages de la mondialisation qui ont été bien souvent à l'origine de la croissance économique et sociale de certains pays. En revanche, pour d'autres pays en particulier les pays en développement, la difficulté de l'accès aux marchés commerciaux internationaux, la répartition inéquitable des investissements privés étrangers, le déclin de l'aide publique au développement, le poids de la dette extérieure, l'opacité des marchés monétaires internationaux et le non accès aux nouvelles technologies sont autant d'obstacles qui empêchent de tirer parti des avantages de la mondialisation. Le monde se divise donc aujourd'hui entre les bénéficiaires et les laissez pour compte de la mondialisation dont la situation se caractérise par l'effondrement économique et la désintégration sociale. En outre, les crises financières de l'Asie et de la Fédération de Russie ont mis en évidence les risques inhérents à la mondialisation qui a accentué l'effet de contagion des crises en raison de la volatilité accrue des capitaux. La nécessité est donc apparue de gérer au mieux cette mondialisation en créant au niveau national comme au niveau international un environnement permettant d'en atténuer les dangers.

Au niveau national, un cadre institutionnel sain, un système bancaire réglementé et une politique sociale vigoureuse ont été évoqués comme conditions préalables à une bonne participation au processus économique internationale. Au niveau international, une bonne gestion de la mondialisation exige un multilatéralisme renforcé propre à assurer l'accès aux marchés des biens et services, la transparence et la réglementation des marchés financiers et l'intensification de la coopération internationale en matière de développement. Il s'agit, a-t-il été précisé, de passer d'une mondialisation de l'exclusion à une mondialisation de la solidarité. Dans ce contexte, une Organisation des Nations Unies réformée et démocratique ainsi que des institutions financières internationales rénovées ont un rôle important à jouer. L'Algérie a d'ailleurs proposé la convocation d'une conférence des Nations Unies sur le financement du développement.

(à suivre 1a)

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Les représentants des pays suivants ont participé au débat de cet après- midi : Bangladesh, Sénégal, Pakistan, République de Corée, Jamaïque, Kazakhstan, Kenya, Chine, Thaïlande, Algérie, Iran, Turquie, Maldives, Bélarus, Brésil, Maroc, Vietnam, Philippines, Fédération de Russie, Malaisie, Bolivie, Ukraine et Tanzanie.

Demain vendredi 18 septembre à 11 heures, une table ronde ministérielle aura lieu sur le thème de l'impact social et économique de la mondialisation et la réaction des Etats.

L'Assemblée générale achèvera son dialogue de haut niveau en séance plénière demain à 17 heures.

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M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) déplore le fait que la mondialisation et la libéralisation autrefois présentées comme la panacée universelle n'aient pas profité de façon égale aux pays développés et aux pays en développement. Au contraire, il semblerait même que seuls les pays en développement en aient supporté les coûts. C'est ainsi que la crise financière provient principalement, à son avis, d'une libéralisation économique trop hâtive. Un grand nombre de pays ont ouvert leurs économies à l'afflux de capitaux sans disposer du développement institutionnel adéquat et il constate que l'intégration financière s'avère beaucoup plus compliquée que la libéralisation du commerce. C'est pourquoi, le représentant a encouragé l'Assemblée à se pencher avec plus d'attention sur la question du financement du développement.

Le représentant a également souhaité que des programmes d'action d'urgence destinés plus particulièrement aux pays les moins avancés soient mis en place pour atténuer les effets de la mondialisation. Ces mesures incluent l'assistance d'urgence aux parties les plus vulnérables de la population, une augmentation de l'aide au développement, une réduction de la dette extérieure, des mesures compensatoires ainsi que la suppression immédiate des barrières douanières affectant les pays les moins avancés (PAM). Le représentant a préconisé l'élaboration de choix politiques qui tiennent compte de ces priorités.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que la mondialisation apparaît comme un processus qui se développe avec des tendances opposées. L'une est porteuse d'opportunités tandis que l'autre comporte des risques de marginalisation et d'exclusion pour une grande majorité des pays en développement. Pour beaucoup de ces pays, la mondialisation demeure encore une inconnue, une source d'appréhension, voire un mal nécessaire. Pour ces pays en effet, a expliqué le représentant, les risques de la mondialisation doivent être partagés, alors que les opportunités qu'elle offre ne sont pas équitablement distribuées. Concernant le domaine des échanges commerciaux, le représentant a évoqué les nombreuses barrières tarifaires et non tarifaires. Il a noté que le rapport sur la situation économique dans le monde pour 1998, les ajustements du commerce dans plusieurs pays, loin de faire augmenter les revenus et l'emploi, ont provoqué leur contraction. Il en est de même pour la répartition des capitaux privés étrangers. Dans un contexte marqué par une baisse sans précédent de l'Aide publique au développement, les investissements privés étrangers dont 95 % sont concentrés dans 26 pays, ne constituent pas pour tous un outil de stimulation de la croissance économique soutenue et du développement durable. Le représentant a également évoqué le recul de la coopération internationale, le problème de la dette et le non-respect des engagements financiers pour la mise en oeuvre des plan d'action issus des Grandes conférences internationales.

Soulignant la dimension interne du débat, le représentant a estimé qu'un effort d'adaptation au plan national était nécessaire pour tirer parti des opportunités de la mondialisation. La paix et la stabilité politique en sont certes des conditions essentielles mais elles sont insuffisantes. Il faut en

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même temps définir un cadre macro-économique compétitif, sain et transparent, garantir la primauté de la règle du droit, simplifier les procédures administratives, moderniser l'appareil d'Etat et les infrastructures de transport et de communication. La réponse aux défis de la mondialisation serait peut-être dans la recherche d'une voie médiane qui combine à la fois la force du secteur public et la vitalité du secteur privé. Le représentant a souligné à cet égard le rôle historique de l'Etat dans les domaines relatifs à la lutte contre la pauvreté, à la protection des couches sociales vulnérables et à la fourniture de services sociaux de base. Aux niveaux régional et sous- régional, il a estimé que la création et le renforcement de grands ensembles économiques offriraient une solution crédible face à l'exiguïté de beaucoup de marchés nationaux. Tous ces efforts devraient être soutenus par des mesures concrètes visant le rééquilibrage des échanges commerciaux, le règlement global et durable de la crise de la dette et le relèvement de l'Aide publique au développement. Le représentant a appelé à une lecture plus correcte des réalités africaines et il a attiré l'attention sur la "majorité paisible des Etats africains politiquement stables et économiquement crédibles".

M. AHMAD KAMAL (Pakistan) a noté les effets positifs de la mondialisation et de la libéralisation sur la croissance du commerce et des investissements tout en indiquant les défis sérieux qu'elles lancent aux pays en développement qui n'en profitent pas toujours, ou qui en retirent une prospérité fragile. De plus, la mondialisation a accentué les disparités de revenus entre les pays et à l'intérieur même de ces pays, tout en ne les aidant pas dans leurs efforts d'intégration dans l'économie mondiale, efforts par ailleurs fort coûteux. Il a exprimé ses craintes face à la création de nouvelles divisions au niveau de la prospérité, des valeurs, et des risques découlant de l'économie mondiale engendrant ainsi des fissures importantes aux niveaux social et économique.

Il a souhaité une réponse d'ensemble ayant pour but d'inclure tout le monde dans le processus de gestion de la mondialisation, d'optimiser ses bénéfices pour tous et de réduire ses effets négatifs. Il a suggéré l'ouverture d'un dialogue auquel doit prendre part l'ensemble de la communauté internationale afin de mettre en oeuvre l'Agenda pour le développement. Il a mis en valeur les priorités suivantes: le renforcement de la capacité des institutions multilatérales à répondre aux questions de commerce, de finance et de développement de manière intégrée; l'amélioration de la transparence et de la démocratie au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT); le renforcement de l'effort pour répondre aux questions de la dette, de l'accès à la technologie et du financement du développement; la prise en compte de la disparité des possibilités à être compétitifs sur le marché mondial. Le représentant a exprimé le souhait que ce dialogue permette de mettre la mondialisation au service du développement, de la paix et de la prospérité de tous. A cet effet, il a proposé une réunion réduite de la 53ème Assemblée générale au niveau ministériel.

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M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a mis en garde contre les risques de marginalisation que fait peser la mondialisation sur les pays en développement et a insisté sur la nécessité d'un nouveau modèle de coopération internationale en faveur du développement. A cet égard, il a rappelé qu'une des clés de la mondialisation est l'intégration financière. Mais, si l'intégration est un passage inévitable pour les pays en développement pour qu'ils prennent leur place dans le processus de mondialisation, il apparait nécessaire, à la lumière de la récente crise asiatique, de réexaminer les promesses de la libéralisation économique et l'adéquation de l'architecture financière internationale, a estimé le représentant coréen.

La République de Corée qui a été frappée de plein fouet par la crise asiatique est bien au fait des avantages et des dangers de la mondialisation. Elle s'est d'ailleurs engagée dans un processus de réforme qui loin de tourner le dos à la mondialisation et à la libéralisation économique, vise à mettre en place des bases solides permettant de retrouver une stabilité durable. En outre, la crise, par ces conséquences sociales, notamment l'augmentation dramatique du chômage, a révélé la nécessité de faire profiter de plus larges couches de la population des bénéfices de la mondialisation et à cette fin, d'accroître les investissements dans les domaines de l'éducation, des services sociaux et des infrastructures et, d'une façon plus générale, de développer le système de protection sociale. Le rôle que devra assumer l'Etat a estimé M. Lee, est plus important que jamais et il doit, tout en garantissant un environnement juste, transparent et ordonné afin que les marchés puissent fonctionner efficacement, être également capable d'assurer une surveillance des excès du marché et protéger sa population dans son ensemble. Cette logique qui s'applique à l'Etat vaut aussi pour la communauté internationale dans ses efforts pour faire face au défis du développement dans une ère de mondialisation, a conclu M. Lee.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a insisté sur l'importance des questions sociales et humaines et a constaté la tendance irréversible de la mondialisation. Elle a également évoqué l'inquiétude des pays des Caraïbes face au renforcement du protectionnisme, en dépit de la mondialisation. Pour la représentante, les investissements dans le développement des ressources humaines, notamment dans l'éducation et l'information technologique constituent une priorité dans la mesure où ils favorisent la réduction des inégalités qui empêchent les pays en développement de s'intégrer pleinement à l'économie mondiale.

Mme Patricia Durrant a estimé que la coopération internationale devrait être renforcée afin de permettre un meilleur accès aux marchés financiers et une meilleure répartition du flux des capitaux. A cette fin, elle a recommandé que la structure des institutions financières internationales soit revue pour faciliter la surveillance des mouvements de capitaux surtout ceux à court terme et réduire ainsi la vulnérabilité des pays en développement.

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De la même manière, la communauté internationale devrait faire en sorte que les pays en développement bénéficient d'un soutien technique et financier adéquat. La mondialisation, a-t-elle rappelé, doit permettre une croissance économique durable et une meilleure distribution des revenus.

M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a insisté sur les conséquences à la fois positives et négatives de la mondialisation. Il a indiqué que le Kazakhstan a adopté un programme d'action conjointe avec trois pays d'Asie centrale dans le but d'harmoniser leurs législations nationales et de créer une zone de libre-échange. Le Kazakhstan a lancé des programmes de réhabilitation de la Mer d'Aral et de l'ancien centre d'essais nucléaires de Semipalatinsk. Il a indiqué que son pays a signé les documents approuvé par la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement et ratifié la Convention sur la protection de la biodiversité et celle contre la désertification. Son pays a accueilli favorablement la décision de financer par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) un projet expérimental à grande échelle afin d'assister les pays en transition à garantir la sécurité biologique.

M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a apporté le soutien de son pays à la déclaration faite par le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a souligné que l'importance croissante de la coopération internationale pour le développement durable est largement due au processus de mondialisation, qui s'accompagne de la libéralisation de l'économie mondiale. De nombreux pays en développement, y compris le Kenya, ne sont pas encore suffisamment préparés pour faire face à ce processus. Il est donc important de déployer tous les efforts possibles afin de mettre en place un partenariat international positif ayant pour objectif l'éradication de la pauvreté dans les pays en développement. Cela suppose une coopération internationale accrue afin de veiller à ce que les avantages de la mondialisation soient répartis équitablement à l'échelle internationale, sans quoi on ne pourra éviter la marginalisation croissante des pays en développement pauvres.

Soulignant que l'endettement externe continue à être un obstacle majeur au développement de l'Afrique et des pays les moins avancés, M. Mahugu a plaidé en faveur de mesures d'allégement de la dette de ces pays. Rappelant la position unique des Nations Unies pour gérer les défis liés à la promotion du développement dans un contexte de mondialisation de l'économie et de l'interdépendance croissante entre les nations, il a déclaré que l'Organisation se devait de jouer un rôle plus efficace en définissant des directives claires pour la coopération internationale pour le développement. M. Mahugu a rappelé que, au niveau sous-régional, le Kenya, en collaboration avec des états voisins, s'est engagé dans la revitalisation des Accords de coopération de l'Afrique de l'Est.

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M. QIN HUAUAN (Chine) a souligné le caractère imprévisible de l'économie mondiale qui nécessite aujourd'hui que les Nations Unies réfléchissent aux défis lancés par la mondialisation. Dans le monde actuel, aucun pays ne peut développer sa propre économie en demeurant isolé du reste du monde. Seule une intégration aux marchés permet aujourd'hui la croissance. Toutefois, une mondialisation mal gérée peut avoir les conséquences les plus graves comme le montre la marginalisation croissante du monde en développement et les crises en Asie. La Chine a participé aux programmes d'assistance aux pays asiatiques touchés par la crise au sein des institutions internationales. Elle s'est notamment engagée à ne pas dévaluer sa monnaie et à maintenir un niveau relativement élevé de croissance. Les pays développés doivent adopter des mesures politiques constructives pour contribuer à la relance de l'économie dans la région. La crise en Asie a montré à suffisance les effets négatifs de la mondialisation. Ce monde demeure un monde diversifié et les pays ne peuvent suivre un seul modèle de réforme. Ils doivent, au contraire, continuer à prendre en compte leurs propres réalités afin d'assurer une véritable croissance économique et sociale. La réforme d'un pays et son ouverture au monde doivent se faire de manière progressive et ordonnée. L'expérience de la Chine a montré qu'il s'agit d'un long processus.

Les récentes crises l'ont prouvé, la mondialisation économique accroît l'interdépendance entre les nations et l'effet de contagion des crises. Le développement économique ne peut donc se faire sans une coopération internationale renforcée. La mise en oeuvre de politique économique responsable est essentielle. Il faut reconnaître que les pays en développement s'efforcent de participer à la mondialisation avec une faible capacité de surmonter les problèmes financiers mondiaux. Les nouvelles règles du jeu ne reflètent pas de manière objective les intérêts du monde en développement. Il faut garantir une participation efficace des pays en développement aux marchés mondiaux. L'assistance financière et technique doit donc être renforcée et il est temps d'honorer les engagements pris en matière d'aide au développement.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a fait un parallèle entre l'univers financier actuel et un concours de tango où les danseuses ne sauraient pas danser, les danseurs ne sauraient pas diriger leurs partenaires, le sol serait glissant et ne serait pas à niveau, où le gérant de la salle, également désigné comme juge par les sept plus influents et uniques spectateurs, n'aurait pas les moyens ni les compétences pour remédier à la situation catastrophique qui découle de tout cela. Au terme de cette allégorie, le représentant a rappelé qu'il est commun de dire que la mondialisation présente autant d'opportunités que de défis. Toutefois, a-t-il ajouté, jusqu'à présent, l'histoire de la débâcle pendant le concours de tango montre que les opportunités demeurent pour les forts et que les défis sont le lot des faibles, sur un terrain inégal où ceux qui peuvent effectivement influer sur

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le cours des choses détournent la tête. Peut-être vont-ils faire quelque chose, à présent que les "carottes sont cuites", a-t-il souhaité. Entre temps, bons élèves du gérant de la salle de danse, nous attendons que quelqu'un vienne nous réinviter à danser, a-t-il conclu, mais cela revient à attendre...Godot.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie), estime que l'ordre mondial en train de se mettre en place à la faveur de la mondialisation, se fait sans les exclus d'hier et conduirait, si on n'y prend garde, à l'exclusion d'un nombre encore plus grand de pays. Par ailleurs, le marasme qui caractérise actuellement les marchés financiers ne devrait pas servir de prétexte aux institutions financières internationales et à ceux qui les financent pour fuir leurs responsabilités à l'égard des pays en développement. M. Baali a déclaré que l'ampleur des moyens financiers et économiques généreux déployés par les pays industrialisés, avec une rapidité exceptionnelle pour venir en aide aux économies en situation de détresse, contraste singulièrement avec l'insuffisance de l'assistance économique et financière que ces pays octroient aux pays du Sud. L'impasse dans laquelle se trouve la question de l'endettement extérieur de la majeur partie des pays du Sud, les nouvelles restrictions commerciales et financières, la baisse préoccupante de l'aide publique au développement, conjuguées au effets de la crise financière internationale, sont autant de réalités symptomatiques d'un système économique international qui est demeuré inique dans son essence et sa structure. M. Baali a estimé qu'en soutenant les efforts des pays du Sud, les pays industrialisés contribueront à favoriser le progrès dans ces pays et à créer des perspectives d'investissement prometteuses pour leurs propres pays. M. Baali estime que, si une leçon doit être tirée de la crise financière actuelle, c'est l'inadaptation des marchés de capitaux privés à servir d'instruments de financement à long terme du développement. La mise en place de mécanismes de surveillance de l'économie mondiale ne peut être dissociée de la nécessité de favoriser une plus grande solidarité internationale et une réelle démocratisation des instances de prise de décision des institutions de Bretton Woods.

M. MOHAMAD JAVAD ZARIF, Ministre-adjoint des affaires étrangères pour les affaires internationales et juridiques de République islamique d'Iran, a déclaré que bien qu'il faille encore attendre pour avoir réellement une compréhension complète des mécanismes et des conséquences internes du processus de la mondialisation, on peut déjà en vivre les douleurs et les angoisses dans différentes parties du monde. Tout le monde est conscient des puissantes forces transnationales qui sont en train de remodeler les aspects les plus importants des marchés mondiaux de capitaux, de biens, de services et des conditions de travail et d'évolution et des utilisations de la technologie. On est conscient du fait que les processus conjugués de la mondialisation et de la libéralisation ont étendu et approfondi l'interdépendance des sociétés humaines, phénomène qui en retour, a accru les

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potentialités de coopération et d'interaction au niveau international. Des intérêts, groupes et nations du monde en développement font certes parties des bénéficiaires de ce phénomène. Mais c'est aussi le noyau de ce monde en développement, notamment les pays les moins avancés qui en pâtit le plus.

En effet, alors que les promesses des potentialités à réaliser tardent à s'accomplir, en ce qui concerne la plupart des pays en développement, les conséquences négatives et perturbatrices de la mondialisation, font, elles, déjà partie de leur paysage sociopolitique et économique. Au delà des remèdes immédiats et à court terme, que ce soit au niveau national, régional ou mondial, ce dont le monde a aujourd'hui besoin, c'est d'un réveil de l'esprit de Rio et de son idée de "partenariat mondial", dont les fondements sont déjà posés dans le cadre de l'Agenda pour le développement, et dont le but final serait d'établir un ordre économique international plus équilibré et plus juste. Au mois de juillet, l'importante question, a été discuté au sein de l'ECOSOC de l'accès aux marchés, et on est tombé d'accord sur le fait que seul un système de commerce international juste, multilatéral et basé sur des règles claires, répondrait aux besoins des pays en développement et aiderait leur développement à long terme.

M. VOLKAN VURAL (Turquie) a observé que l'extension des conséquences sociales, de l'activité économique associée à l'accélération des progrès technologiques a rendu plus décisif que jamais la coordination des politiques économiques au plan international. Pou ce faire il a estimé, qu'il serait utile de réfléchir à l'importance internationale des politiques de stabilisation macroéconomique et assurer un environnement international favorable à la reprise de la croissance et des investissements. Il faut en outre faire en sorte que les politiques destinées à encourager les investissements directs visent également à contrôler le niveau de l'inflation.

M. Vural a insisté sur la nécessité de maîtriser la volatilité des flux financiers tout en garantissant le fonctionnement du système. A cet égard il a recommandé l'adoption des innovations nécessaires à apporter aux institutions financières actuelles en vue de renforcer et d'améliorer l'architecture du système financier international.

Afin d'éviter l'exclusion d'une part considérable de la population mondiale, M. Vural a recommandé que soient examinés les divers moyens d'améliorer les mécanismes institutionnels relatifs aux technologies de l'information et de la communication, notamment en ce qui concerne le développement du commerce électronique. Il a insisté pour qu'une attention particulière soit portée à l'intégration des pays en développement et s'est réjoui de la reprise du dialogue au sein des Nations Unies, ce qui permettrait de répartir les bénéfices de la mondialisation tout en limitant ses risques.

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M. HUSSAIN SHIHAB (Maldives) a noté que la mondialisation n'a pas profité à tous de la même façon. Les plus handicapés sont les petits Etats, et plus particulièrement les pays les moins avancés (PAM), en raison de leur état de sous-développement et des contraintes imposées par leur taille. Les pays en développement ne disposent pas d'une technologie de production avancée et les PAM ne sont pas en mesure d'offrir la perspective d'un marché national lucratif propre à attirer les transferts de technologie.

Il a noté les conclusions du Comité de la Planification du développement à sa 31ème session en 1997 et s'est inquiété que les petits Etats doivent faire face aux plus grandes contraintes : diversification des exportations et problèmes d'infrastructures et de ressources humaines, etc. Cela équivaut à pénaliser les Maldives, un pays qui a fait de réels progrès aux niveaux social et économique. Le représentant s'est déclaré en faveur de la poursuite d'une plus grande régionalisation à travers l'Association pour la Coopération Régionale en Asie du Sud. Le représentant s'est montré confiant dans le fait que les Maldives arriveront à terme à s'intégrer dans l'économie mondiale.

M. ALYAKSANDR SYCHOU (Belarus) a noté que l'impact social et économique de la mondialisation croissante ne comporte pas seulement des aspects positifs, ses effets négatifs nécessitant une attention constante et des mesures coordonnées de la part de la communauté internationale. Il s'est associé aux critiques formulées à l'égard des institutions de Bretton-Woods lors de la réunion spéciale du Conseil économique et social (ECOSOC) en avril, regrettant leur incapacité à maîtriser les mouvements de capitaux à court terme, ce qui est souvent à l'origine des crises. Il a souhaité que les institutions de Bretton-Woods établissent un mécanisme précis d'interaction avec les gouvernements nationaux dans les situations de crise. Quand bien même, ces gouvernements doivent être tenus responsables de l'escalade des crises, tous les pays ne peuvent fonctionner en économie mondiale ouverte, a- t-il souligné tout en invoquant leur différent degré de vulnérabilité. C'est pourquoi il réclame un soutien international pour ces groupes des pays afin de leur permettre de formuler une politique économique et sociale qui tienne compte d'un équilibre entre les secteurs privé et public, d'une stimulation et d'une protection des investissements, d'un contrôle du marché financier et d'un encouragement de l'engagement de tous les groupes sociaux dans la vie économique. Il a toutefois estimé que ces mesures n'étaient pas suffisantes pour aboutir à un développement durable de tous les pays. Des mesures additionnelles sont nécessaires. Il a rappelé que l'intégration complète et juste des pays en développement et des pays à économie en transition dans le système multilatéral du commerce international constitue le facteur du développement.

M. CELSO AMORIM (Brésil) a déclaré que, à la lumière des événements récents, le monde s'est rendu compte que le processus de mondialisation engendre aussi des problèmes, comme par exemple la marginalisation de certains pays. Il s'est également rendu compte qu'il faut d'urgence faire face aux faiblesses structurelles de ce processus. M. Amorim, citant les paroles de

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son Président, a déclaré que le défi auquel le monde est confronté, que ce soit en termes pratiques ou en termes conceptuels, consiste à passer d'une mondialisation de l'exclusion à une mondialisation de la solidarité. Il a rappelé que l'ampleur récente des mouvements de capitaux à court terme a mis en évidence la vulnérabilité des économies émergentes face aux comportements prédateurs des marchés financiers et a engendré une crise économique et des problèmes sociaux dans plusieurs parties du monde. Dans ce contexte, la communauté internationale a pris conscience de la nécessité d'apporter des changements fondamentaux à la manière dont les institutions financières internationales répondent aux risques de la mondialisation. Les méthodes traditionnelles auxquelles ont eu recours ces institutions par le passé doivent être révisées, les politiques fiscales et monétaires nationales doivent devenir plus flexibles, les coûts liés aux crises financières doivent être équitablement répartis et il faut veiller à préserver les intérêts des couches les plus vulnérables de la population. M. Amorim a également insisté sur le fait que la réponse internationale aux faiblesses structurelles de la prévention et de la gestion de crises financières doit se fonder sur un large consensus auquel les pays en développement participent pleinement. Il a ensuite illustré la manière dont le Brésil essaye de s'adapter aux défis qui lui sont posés par la mondialisation, notamment par la poursuite de la stabilisation de sa situation macro-économique, et par un vaste programme de privatisations qui s'accompagne de réformes sociales et administratives. M. Amorim est d'avis que la réforme du système financier international nécessite un engagement ferme en faveur d'une plus grande coopération financière internationale. L'objectif à atteindre pour cette fin de millénaire consiste à mettre en place une architecture plus démocratique du système financier international, a-t-il déclaré.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc) a déploré que malgré les efforts consentis par les pays pour s'intégrer à l'économie mondiale, l'avenir reste incertain. En effet, a-t-il rappelé, les flux financiers privés peuvent porter des coups sévères aux pays qui les attirent, si par malheur il leur arrive de perdre confiance dans la viabilité des économies bénéficiaires. En outre, le commerce international, même s'il est devenu plus libre depuis les Accords de Marrakech, portant naissance de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'est moins pour les produits des pays en développement, au premier rang desquels, les produits agricoles, les métaux et le textile. Parallèlement, les flux d'aide publique au développement qui constituent une source importante de financement pour beaucoup de pays africains, sont tombés a des niveaux très bas.

Pour M. Snoussi, sans soutien de la communauté internationale, les risques de marginalisation, les crises financières le fardeau de la dette extérieure et l'ampleur du chômage, finiront par assombrir les perspectives d'avenir et entamer la volonté d'ajustement des pays les plus sérieux. A cet égard, l'avenir du multilatéralisme économique à l'ONU sera lié à notre capacité de trouver des actions concrètes et concertée pour remédier aux problèmes des pays les moins nantis de la communauté internationale, a-t-il noté. La crédibilité de l'ONU aux yeux des populations qui composent notre

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planète sera rapportée à sa capacité de dépasser le niveau de la rhétorique et de faire en sorte que les délibérations de ses organes soient suivies d'action dont l'effet peut être senti aux échelles nationales et locales, a-t-il ajouté. Pour conclure, le représentant marocain, a attiré l'attention de la communauté internationale sur la situation dramatique du continent africain, accablé par les conflits, la pauvreté et les problèmes sociaux et il a réitéré l'appel lancé par le roi Hassan II en faveur de l'adoption et de la mise en oeuvre d'un Plan Marshall international susceptible de faire sortir l'Afrique de sa crise endémique.

M. NGO QUANG XUAN (Viet Nam) a rappelé que la globalisation crée des conditions favorables à la croissance économique, mais que l'accès aux marchés reste néanmoins difficile pour les pays à faible compétitivité. Le représentant a remarqué que libéralisation du commerce et des investissements est propice à des mouvements de capitaux et des transferts de technologie. Néanmoins, le représentant a invité à prendre la récente crise financière et monétaire comme un exemple de capital mal utilisé. Il a noté que la mondialisation a des conséquences sociales, en particulier le chômage. Pour le représentant, les effets négatifs de la libéralisation des échanges sur l'emploi devraient être résolus grâce à une redistribution des ressources humaines dans le secteur économique. En ce qui concerne les différences de revenus, le représentant a estimé qu'une politique sociale juste, tenant compte des intérêts des différentes couches sociales est essentielle pour assurer l'égalité entre les personnes et alléger les éventuels conséquences néfastes de la libéralisation. Concernant l'environnement, le représentant a estimé que les ressources de chaque pays doivent être exploitées d'une façon raisonnable et équilibrée dans le cadre d'une stratégie à long terme afin d'éviter d'épuiser les ressources et de polluer l'environnement.

Le représentant rappelle que le Viet Nam reconnaît les progrès engendrés par la globalisation de l'économie tout en étant conscient des défis que cela représente. Le Viet Nam souhaite continuer, dans cet esprit, sa politique de "rénovation" et d'intégration à l'économie mondiale.

M. EMILIO R. ESPINOSA (Philippines) a souligné les aspects positifs de la mondialisation. Le développement rapide du commerce, des investissements et de la finance au niveau mondial a permis l'accroissement de la prospérité. Le représentant a observé que la mondialisation a toutefois profité de manière inégale aux différents pays. Désormais, même les pays en développement dont les économies sont performantes commencent à douter de son bienfait. Cette incertitude résulte en partie de la crise financière en Asie qui a effacé les gains économiques et sociaux accumulés laborieusement. Il est certain que cette crise engendrera une hausse du chômage, qui réduira encore un peu plus le revenu moyen des ménages et par conséquent leur niveau de consommation. Il est probable que cette crise entraîne l'économie mondiale dans une récession.

Le représentant a indiqué que la mondialisation est un processus irréversible et qu'il est impossible qu'il prenne fin. Pour en maximiser les profits, les pays doivent investir davantage dans le développement des

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ressources humaines, créer une infrastructure appropriée, développer les capacités technologiques et d'organisation, et établir des institutions destinées à réguler les marchés financiers. Si des mesures ne sont pas prises individuellement et collectivement, la mondialisation engendrera un développement inégal entre les pays. Comme l'a souligné M. Rubens Ricupero, Secrétaire général de la CNUCED, la mondialisation doit prendre en compte les aspirations légitimes des gouvernements à protéger leur stabilité financière et leur droit à maîtriser leur propre développement. Le représentant espère également que la communauté internationale soutiendra de manière concrète les pays en développement.

M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a souligné l'importance que son pays attache à l'examen de la question de la mondialisation par l'Assemblée générale. Cette discussion, a-t-il fait observer, se produit au moment où la crise en Asie prend une dimension transcontinentale et où la stabilité du marché financier et celui des biens et des services s'effritent. Le processus de mondialisation a été considéré comme un phénomène positif susceptible de contribuer à la croissance économique et à une utilisation plus efficace des ressources. Force est de constater aujourd'hui que les risques ont été sous-estimés surtout pour les économies en développement. La situation en Asie du sud-est et ses conséquences régionales montrent que la mondialisation exige un renforcement de la coopération internationale. La Fédération de Russie appuie, en conséquence, les efforts des institutions financières pour stabiliser les économies frappées par la crise.

Les crises asiatiques et celle de la Fédération de Russie exigent que l'ONU et la communauté internationale élaborent un programme anti-crise efficace. Les institutions financières doivent pouvoir prévenir les ruptures d'équilibre et assurer une régulation des marchés financiers d'une manière plus efficace. Les mesures de stabilisation des marchés doivent comprendre l'attribution d'un rôle actif aux gouvernements afin d'encourager les courants d'investissements nationaux et étrangers. L'ONU doit jouer un rôle plus actif en ce qui concerne la création d'un système d'alerte rapide et orienter l'action des institutions financières internationales dans ce sens. La communauté internationale doit aussi accorder une attention plus grande à la question du financement du développement. Les crises actuelles nous obligent à regarder d'un oeil nouveau les dividendes de l'interdépendance du monde contemporain et de reconnaître que la prospérité de tous passe par le bien- être de chacun.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré que la crise financière actuelle en Asie met clairement en évidence certaines conséquences négatives de la mondialisation. Les défenseurs de la mondialisation et de la libéralisation tendraient à soutenir qu'il faut accorder les pleins pouvoirs aux mains invisibles dans un marché international libre et ouvert pour promouvoir la croissance et une répartition optimale des ressources. Pour ces défenseurs, le rôle des gouvernements devrait simplement être de faciliter l'instauration d'un climat propice aux forces du marché. Les gouvernements ne devraient pas intervenir et bouleverser l'équilibre. Il faut cependant réaliser qu'un

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gouvernement a l'obligation de protéger sa population et de défendre ses intérêts. Au cours de cette dernière année, de nombreux gouvernements ont eu à intervenir pour défendre leur pays contre des spéculateurs opérant sous le couvert de la mondialisation et de la libéralisation sur les marchés boursiers et préserver la valeur des monnaies. La Malaisie a été gravement affectée. En quelques mois, son PNB est passé de 5 000 dollars à 1 500 dollars. La croissance économique du pays qui était en moyenne de 8% au cours de ces dernières années est devenue soudain négative. Le pays est en récession pour la première fois depuis 13 ans.

Le Gouvernement de Malaisie dispose de moyens limités pour agir de manière urgente. Il s'est fixé pour priorité de protéger l'économie et retrouver son indépendance économique. Les temps difficiles exigent donc des mesures draconiennes. Il incombe à la Malaisie de relancer son économie. Ces mesures seront bénéfiques autant pour le pays lui-même que pour ses voisins. Le Gouvernement malaisien protège simplement son économie de toute spéculation et manipulation futures de sa monnaie contre les spéculateurs financiers. Il est clair que les efforts visant à restaurer la stabilité exigent non seulement des efforts sur le plan national mais également des efforts concertés de la part de la communauté internationale. La Malaisie a besoin d'une plus grande coopération internationale pour faire face aux risques et défis associés à ce nouveau climat. Bien que les économies affectées aient entrepris des réformes économiques et financières énergiques, les responsables des institutions financières mondiales ne semblent pas être animés par le même esprit d'urgence. En l'absence de toute intervention urgente de ces responsables, la crise économique pourrait s'aggraver et il faudra que les pays en développement prennent des mesures visant à se protéger contre les effets destabilisateurs de la volatilité des marchés financiers et ce jusqu'à ce que des solutions viables soient trouvées. La Malaisie réitère son appel à la communauté internationale afin qu'elle réexamine d'urgence le mécanisme international des marchés financiers. La réglementation internationale devrait être développée afin que les parties concernées puissent gérer efficacement toute crise future.

M. ROBERTO JORDAN PANDO (Bolivie) a regretté que la communauté internationale se borne aujourd'hui à prôner un développement théorique en renonçant en quelque sorte à son engagement d'assurer le développement pour tous. La mondialisation telle que nous la voyons aujourd'hui n'a qu'une connotation marchande puisque son application a surtout conduit à la fusion des entreprises les plus puissantes. Elle ne profite donc qu'aux pays les plus développés économiquement tout en marginalisant les autres. Aujourd'hui la tâche de développement doit consister à vieller à une double mondialisation, celle des pays développés comme des pays en développement. La commission économique de l'Amérique latine et des Caraïbes a formulé un concept d'économie de solidarité qui assure une redistribution équitable des richesses, condition préalable à la réduction de la pauvreté et du chômage. En ce qui concerne le financement pour le développement, il faut regretter que le PNUD se contente d'un rôle d'administration des dons. Cette situation est d'autant plus regrettable que les donateurs ne consentent à financer le

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développement que là où leurs intérêts sont servis. Cela explique pourquoi la capacité de financement des pays industrialisés n'a jamais conduit à la réalisation de l'objectif de 0,7% du PNB. Le dialogue de l'Assemblée générale montre que la conjoncture économique est dans une impasse et qu'il convient de réformer le système actuel.

M. OLEKSANDR BRODSKY (Ukraine) a déclaré que l'émergence de nouveaux états indépendants tels que l'Ukraine a beaucoup contribué à la mondialisation de l'économie. Néanmoins, l'Ukraine et d'autres pays, ont rencontré des difficultés dans le cadre du processus de mondialisation telles que les barrières douanières et les pratiques commerciales déloyales. L'Ukraine a également eu à faire face à des obstacles internes à la libéralisation du commerce. En réponse à ces entraves, le gouvernement a adopté une série de réformes en vue d'améliorer la coordination des différentes parties de son économie. L'Ukraine a également connu une recrudescence du chômage et des problèmes liés au trafic de drogues et à la criminalité organisée. M. Brodsky a ajouté que parmi les initiatives nationales visant à libéraliser l'économie se trouve des mesures de privatisation de petites et moyennes entreprises.

M. Brodsky a souligné que l'Ukraine s'engage activement dans la voie de l'intégration européenne ce qui contribuera à stabiliser sa situation politique, son harmonie sociale et son développement économique. Il a ajouté que l'Ukraine a également donné un nouvel élan à l'interaction au niveau régional pour renforcer la coopération avec les pays voisins. D'autres mesures au niveau international ont permis à l'Ukraine de gagner un statut de partenaire économique fiable. M. Brodsky a déclaré que l'objectif de la communauté internationale devrait être de sauvegarder les acquis des pays en transition et d'arrêter la tendance négative de la marginalisation des pays les plus pauvres. Les Nations Unies doivent aborder de manière efficace les problèmes liés à la mondialisation.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a affirmé que la mondialisation n'est pas un phénomène nouveau mais qu'elle a changé de forme. Les firmes transnationales, qui dominent l'investissement, la production et le commerce dans l'économie mondiale, ainsi que les institutions financières internationales, qui contrôlent le monde de la finance, sont les deux nouveaux acteurs clés. Les pays développés comme les pays en développement ne peuvent plus vivre dans l'isolement. Mais, parce que mondialisation est synonyme de compétition, elle engendre des inégalités et laisse de côté de nombreux pays, surtout parmi les moins développés.

La demande à la baisse des produits de première nécessité dans le commerce mondial ainsi que le déclin des ressources, notamment des aides officielles au développement, mettent les pays en développement dans une situation de faiblesse pour bénéficier des fruits de la mondialisation. Si les investissements étrangers directs croissent sans cesse, ils bénéficient de manière inéquitable aux différents pays. Pire encore, les règles en matière de transfert de technologie privent les pays en développement de l'adoption de

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technologies modernes. Pour tous les pays dont les capacités d'investissement restent faibles, la mondialisation constitue un risque de marginalisation: les pays en développement sont devenus de plus en plus dépendants de leurs emprunts, ce qui explique que le problème de la dette n'a pas cessé de s'aggraver.

Il est indispensable que la communauté internationale mette en place un mécanisme qui prenne en charge les problèmes résultant de l'interdépendance croissante. Ce mécanisme doit veiller à ce que les pays en développement ne soient pas marginalisés.

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