ASSEMBLEE GENERALE : CONSTAT DU PROCESSUS IRREVERSIBLE DE LA MONDIALISATION ET APPEL A UNE REFLEXION SUR LES MOYENS DE PREVENIR LES RISQUES POTENTIELS
Communiqué de Presse
AG/786
ASSEMBLEE GENERALE : CONSTAT DU PROCESSUS IRREVERSIBLE DE LA MONDIALISATION ET APPEL A UNE REFLEXION SUR LES MOYENS DE PREVENIR LES RISQUES POTENTIELS
19980917 L'Assemblée générale a entamé ce matin un dialogue de haut niveau sur le thème des répercussions économiques et sociales de la mondialisation et de l'interdépendance et de leurs incidences politiques. Ce dialogue se tient dans le cadre de l'examen du point intitulé "Développement durable et coopération économique internationale : relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat".Ouvrant le dialogue, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette a estimé que les réponses aux défis de la mondialisation ne peuvent naître que de la coopération. La vraie question n'est pas de savoir s'il faut embrasser ou rejeter la mondialisation mais de savoir comment profiter des forces génératrices de croissance des marchés, tout en réduisant les effets destructeurs de l'instabilité. Mme Fréchette a fixé comme priorité la réduction de la pauvreté en insistant sur l'aide publique au développement.
Dans son introduction, le Président de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, M. Didier Opertti Banán, a déclaré que, compte tenu du contexte économique mondial, et notamment de la crise en Asie du sud-est et en Russie, le dialogue de haut niveau avait lieu à un moment particulièrement opportun. Cette Assemblée, qui est une sorte de parlement mondial, a pour responsabilité, selon lui, de donner une voix à tous les pays. Constatant que jusqu'à présent le monde a assisté à des réponses spontanées ou institutionnelles de la part de certains pays ou groupes de pays touchés, M. Opertti considère que les mécanismes financiers internationaux n'ont pas su faire face de manière efficace aux effets négatifs internationaux de la mondialisation. Il a déclaré qu'il faut réfléchir ensemble aux ajustements nécessaires sur la scène internationale et dans cette tâches, les Nations Unies ont un rôle important à jouer.
Le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, M. Ali Alatas s'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a pour sa part estimé que le nouveau concept de développement comme partie importante du système d'aide multilatérale s'est vu remplacé par une approche de "laissez-faire" qui caractérise aujourd'hui l'économie mondialisée. Tout en reconnaissant les avantages de la mondialisation, il a mis en garde contre son corollaire,
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l'effet de contagion des crises financières comme l'a confirmé la crise asiatique. Il a donc plaidé pour la création d'un mécanisme visant à amoindrir l'imprévisibilité des paramètres de la mondialisation et assurer une répartition équitable de ses bénéfices. Le représentant a préconisé en fait l'institution d'un mécanisme de contrôle des marchés des capitaux et des opérations financières internationales. Il a aussi appelé de ses voeux une "gouvernance mondiale" pour relever les défis de la mondialisation qui exige une ONU réformée, démocratisée et jouissant d'un véritable pouvoir de décisions.
Le Directeur du Département de la coopération au développement de l'Autriche, M. Georg Lennkh, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a affirmé que le défi à relever est de profiter des retombées positives de la mondialisation tout en en répartissant équitablement les bienfaits. Dans cette optique, l'Union européenne s'engage à soutenir les pays en développement dans leurs efforts d'intégration dans l'économie mondiale.
Ont également pris la parole ce matin, le Ministre d'Etat et Membre de la Commission de la planification de l'Inde, le Ministre d'Etat de l'Allemagne, l'Administrateur de l'Agence internationale pour le développement des Etats-Unis, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Japon, le Vice-Ministre du commerce et de l'industrie du Ghana, le Conseiller du Ministre des affaires étrangères du Mexique, le Secrétaire d'Etat à la coopération internationale et aux droits de l'homme de la Norvège, le Président de l'Agence internationale de développement du Canada, le Ministre de la santé de Cuba et le Représentant des Pays-Bas.
Dans le cadre du dialogue de haut niveau, deux tables rondes ministérielles auront lieu le vendredi 18 septembre sur le thème de "l'impact social et économique de la mondialisation", la première étant consacrée à "la réaction des Etats" et la seconde aux "réactions internationales". MM. Helmut Shäfer, Ministre d'Etat de l'Allemagne et Percy Metsing Mangoaela (Lesotho) ont été nommés respectivement Président et Rapporteur de la première table ronde et MM. Ali Alatas, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie et Janis Priedklans (Lituanie), Président et Rapporteur de la deuxième table ronde. Lors de la séance plénière de clôture, les rapporteurs désignés présenteront leurs rapports de synthèse et tous les ministres participants seront invités à participer au débat final. À l'issue de la séance, un résumé du Président sera publié. Il est prévu que le Secrétaire général fasse une déclaration de clôture.
Toujours dans le cadre du dialogue de haut niveau, deux réunions-débats informelles auront également lieu qui seront consacrées à "l'impact économique de la mondialisation" et à "l'impact social de la mondialisation".
Le débat général du dialogue de haut niveau se poursuivra cet après-midi à 16 heures.
Informations de base
Le dialogue de haut niveau se déroule dans le cadre de l'examen du point 93d de l'ordre du jour de l'Assemblée générale relatif au développement durable et à la coopération économique internationale : relance du dialogue sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat. Depuis l'inscription de ce point à l'ordre du jour de l'Assemblée générale, il est examiné par la Commission économique et financière (Deuxième Commission).
A sa quarante-huitième session en 1993, sur recommandation de la Deuxième Commission, l'Assemblée générale a adopté une résolution par laquelle elle s'est déclarée convaincue que l'engagement en faveur de la coopération et du partenariat comme l'ont notamment confirmé le nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 et la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, constitue un bon point de départ pour stimuler et promouvoir la coopération économique pour le développement. Elle s'est, en conséquence, déclarée convaincue qu'il importe de continuer à tirer parti de l'esprit de coopération et de partenariat pour le développement grâce à un dialogue entre tous les pays, en particulier entre pays développés et pays en développement, afin de promouvoir un environnement économique international favorable à un développement durable.
L'année suivante, l'Assemblée générale a adopté la résolution A/49/95 par laquelle elle a pris note avec intérêt des rapports du Secrétaire général sur un agenda pour le développement et a invité le groupe de travail sur l'agenda pour le développement à examiner la proposition du Secrétaire général tendant à profiter de la présence de représentants de haut niveau au début des sessions de l'Assemblée générale pour tenir un dialogue sur les thèmes définis dans l'agenda pour le développement. Aux termes de la résolution A/50/122 adoptée en 1995, l'Assemblée générale a reconnu la tendance à un resserrement de l'interdépendance des pays et à une mondialisation croissante des questions et problèmes économiques qui tout en présentant des risques mais offre aussi des occasions de dialogues sur la coopération économique internationale. Elle a donc décidé d'organiser pendant deux jours à sa cinquante et unième session un dialogue de haut niveau sur les répercussions économiques et sociales de cette mondialisation.
Elle a toutefois décidé, par sa résolution A/51/174, de reporter à sa cinquante-deuxième session la tenue de ce dialogue de haut niveau. Le dialogue de haut niveau n'ayant toujours pas eu lieu, en 1997 l'Assemblée générale par sa résolution A/52/186, a prié son Président d'engager des consultations avec les Etats Membres en vue de parvenir à une décision sur les modalités, les axes de réflexions et la date du dialogue de haut niveau, d'une durée de deux jours, sur le thème des répercussions économiques et sociales de la mondialisation et de l'interdépendance et de leurs incidences politiques.
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Par une lettre datée du 13 mars 1998, adressée au Président de l'Assemblée générale, le Président de la Deuxième Commission a indiqué que, compte tenu du fait que cette rencontre avait déjà été reportée à plusieurs reprises, le moment le plus opportun pour engager le premier dialogue de haut niveau était la période précédant immédiatement l'ouverture du débat général de la cinquante-troisième session de l'Assemblée générale, à savoir les 17 et 18 septembre 1998.
M. DIDIER OPERTTI BANAN (Uruguay), Président de l'Assemblée générale, a rappelé que l'Assemblée générale examine aujourd'hui, dans le cadre de ce "dialogue de haut niveau sur les répercussions économiques et sociales de la mondialisation et de l'interdépendance et de leurs incidences politiques", une question très importante dans la mesure où les incidences de la mondialisation sur chaque pays sont très différentes. Cette Assemblée, qui est une sorte de parlement mondial, selon M. Opertti, a pour responsabilité de donner une voix à tous les pays participant à ce dialogue. Il a noté que, aujourd'hui plus que jamais, on observe que les effets tangibles de la crise économique que traversent certains pays sont dûs à la fois à des facteurs internes et externes aux états concernés. Il en a déduit qu'il apparaît donc clairement que la mondialisation des marchés, dont les acquis semblent indubitables, risque aussi d'avoir des effets négatifs. La crise récente en Asie du sud-est illustre ce phénomène puisque, partant d'un problème national, cette crise s'est transformée en un problème régional pour finir par toucher le monde entier. M. Opertti a souligné que cette crise n'est pas que financière et qu'elle affecte les économies du monde entier à différents niveaux et que même les économies d'états importants sur la scène mondiale n'ont pas réussi à se protéger contre les effets négatifs de cette crise.
Observant que, jusqu'à présent on a assisté à des réponses spontanées ou institutionnelles de la part de certains pays ou groupes de pays, M. Opertti a déclaré que les mécanismes financiers internationaux n'ont pas su faire face de manière efficace aux effets négatifs internationaux de ces crises, en particulier les institutions de Bretton Woods. C'est pourquoi, a ajouté M. Opertti, ce dialogue de haut niveau vient à point nommé car le défi qui nous est lancé est d'adopter des mesures concertées pour pallier les conséquences négatives de la mondialisation. Il faut réfléchir ensemble aux ajustements nécessaires sur la scène internationale et dans cette entreprises les Nations Unies ont un rôle important à jouer. De toute évidence, ce besoin de trouver de nouveaux instruments pour réguler le fonctionnement du système financier international ne diffère guère de la dynamique en cours pour réformer le fonctionnement et la composition du Conseil de sécurité.
Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale de Nations Unies, a souligné l'importance du rôle des autorités nationales pour faire face à la crise financière. Toutefois, a-t-elle rappelé, l'efficacité des mesures prises pour enrayer cette crise dépend essentiellement des actions entreprises par les premières puissances économiques du monde. Les réponses aux défis qui nous concernent tous, ne peuvent naître que de la coopération, a-t-elle insisté, indiquant que le plus urgent à ce stade critique, est de restaurer la
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confiance des marchés, de stabiliser les marchés financiers, de soutenir la croissance, de donner aux institutions financières internationales les moyens qu'elles demandent et, surtout, d'offrir une protection immédiate aux plus vulnérables. Mme Fréchette a fait observer que les problèmes qui se posent aux états ne sont plus nationaux, ni régionaux, mais mondiaux et cette nouvelle réalité d'un monde de plus en plus interdépendant est le défi majeur qu'il faut relever.
Dans ces moments d'insécurité, certains sont tentés de voir la mondialisation comme la source de la crise et de l'insécurité, voire la matérialisation du mal social et économique a poursuivi la Vice-Secrétaire générale. Or la mondialisation a apporté autant de bénéfices qu'elle a engendré de risques. Notre capacité à surmonter cette crise dépend pour beaucoup de l'ouverture des marchés et, particulièrement pour les pays en développement, il est essentiel que les marchés du monde industrialisé restent ouverts. De ce fait, la vrai question n'est pas de savoir s'il faut embrasser ou rejeter la mondialisation mais d'abord, de savoir comment nous pouvons profiter et maintenir les forces génératrices de croissance des marchés, tout en réduisant les effets destructeurs de l'instabilité; de savoir également, comment on peut étendre les bénéfices de la mondialisation aux individus et aux groupes qui restent pour l'instant en marge.
La coopération multilatérale, l'existence de règles mondiales efficaces et un environnement où le faible est protégé du fort, sont des conditions indispensables pour assurer la diffusion des bénéfices et limiter les risques, a affirmé Mme Fréchette, qui estime par ailleurs qu'il appartenait à notre génération d'imaginer de nouveaux mécanismes ou d'adapter les institutions existantes aux nouvelles réalités, car le succès et la permanence des approches basées sur les marchés ne peut être mesuré qu'au regard de la réalisations des objectifs fixés par la Charte, à savoir atteindre au progrès social, à un meilleur niveau de vie et une liberté réelle pour l'ensemble de l'humanité. Or, un des effets les plus tragique de la crise actuelle est que les groupes les plus vulnérables ont été le plus durement touchés, a déploré Mme Fréchette.
Soulignant que réforme institutionnelle, accroissement de la responsabilité et de la transparence, et règne de la loi sont des conditions indispensables aux marchés pour générer la croissance, la Vice-Secrétaire générale a déclaré qu'une priorité claire devrait être accordée à la réduction de la pauvreté. A cet égard, elle a insisté sur la nécessité de l'aide internationale et, en particulier l'importance de l'aide publique au développement qui constitue pour beaucoup de pays, un élément essentiel de leur stratégie de développement.
M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a indiqué que depuis cinq décennies, les Nations Unies et le Groupe des 77 n'ont épargné aucun effort pour promouvoir le développement et lutter contre la pauvreté. Compte tenu de sa nature universelle, l'Organisation s'est montrée particulièrement efficace dans la
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promotion d'une coopération internationale pour le développement. C'est donc sur la base de ce nouveau concept de développement que la communauté internationale a négocié et adopté l'Agenda pour le développement et s'est engagée à revitaliser l'ordre du jour économique et social des Nations Unies afin qu'il demeure un instrument efficace de la coopération internationale pour le développement.
En dépit de ces mesures constructives, force est de constater aujourd'hui que le concept de développement comme partie importante du système d'aide multilatérale a fait place à une approche de "laissez-faire" qui caractérise l'économie mondialisée. Si la mondialisation a engendré d'énormes opportunités, il semble que ses avantages sont allés aux économies les plus fortes, les plus aptes à tirer parti de ces opportunités. Même les économies en développement les plus dynamiques, qui se sont employées à s'intégrer dans l'économie mondialisée par le biais de politiques macro-économiques judicieuses et de programmes d'ajustement structurel douloureux, ont vu leurs acquis s'effondrer en quelques semaines. La crise asiatique doit servir de leçon et la leçon la plus importante est sans doute qu'aucun pays ne peut prétendre être à l'abri des dangers de la mondialisation. L'effet de contagion de toute crise financière et économique menacera toujours la stabilité financière et économique de chaque pays et de chaque région. La menace d'une récession mondiale ou d'une dépression mondiale est bien réelle.
Le défi que doit relever la communauté internationale est donc de rechercher les sources de la crise et d'adopter des mesures de prévention. De l'avis du Groupe des 77, il faut adopter des mesures de régulation des marchés monétaires internationaux pour les rendre plus ouverts et transparents. Il faut créer un mécanisme pour amoindrir l'imprévisibilité des paramètres de la mondialisation et pour assurer une répartition équitable de ses bénéfices. Un tel mécanisme serait à même d'exercer un contrôle sur le marché des capitaux et sur les opérations financières internationales. Un mécanisme similaire existe déjà dans le domaine du commerce international; l'Organisation mondiale du commerce. Dans ce contexte, il faudrait, de façon prioritaire, procéder à une étude approfondie du système monétaire et financier mondial sous l'angle du développement et de ses exigences. Ce faisant, les questions qui se posent sont de savoir comment promouvoir l'industrialisation des pays en développement et comment assurer une corrélation entre industrie, développement et commerce. De quelle manière, la mondialisation peut-elle servir la création d'emplois ou la lutte contre la pauvreté ? Comment lutter contre ses aspects les plus pernicieux pour éviter de porter préjudice aux plus vulnérables et faire en sorte que les avantages de la mondialisation ne se traduisent pas par l'érosion des précieuses valeurs et traditions culturelles ? La seule réponse à ces questions vitales consisterait à travailler à l'établissement d'une "gouvernance mondiale" à la mesure des défis de la mondialisation et cette "gouvernance mondiale" n'est possible qu'au sein d'une Organisation des Nations Unies réformée, démocratisée et jouissant d'un véritable pouvoir de décisions.
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M. GEORG LENNKH, Ministre d'Etat de l'Autriche, au nom de l'Union européenne, a souligné le rôle déterminant que les Nations Unies peuvent jouer dans la prise de conscience de l'interdépendance entre les différentes aires politiques et dans l'identification des intérêts communs et des moyens d'une action concertée.
Le représentant a fait état des apports de la libéralisation et de la mondialisation pour le développement de l'économie mondiale. Il a néanmoins évoqué les risques qui y sont liés en donnant l'exemple de l'instabilité financière qui rend les pays vulnérables au moindre changement dans l'orientation du marché. Ces risques, a-t-il reconnu, marginalisent certains pays qui sont précisément ceux qui ont le plus besoin du commerce, des investissements et de la croissance que l'intégration mondiale pourrait engendrer. Le représentant regrette le fossé grandissant qui sépare les pays qui tirent profit de la mondialisation de ceux qui ont du mal à y participer.
Le défi auquel nous sommes confrontés aux niveaux national et international est de savoir profiter des retombées positives de la mondialisation et d'en répartir les bienfaits plus largement et plus équitablement, notamment au profit des plus pauvres. Dans cette optique, l'intégration européenne devrait être considérée comme un moyen utilisé par les pays européens et leurs citoyens pour tirer parti au mieux de la mondialisation. L'Union européenne signifie également ouverture. C'est pourquoi elle soutiendra les pays en développement dans leurs efforts, en fonction de leurs choix et de leurs moyens, pour s'intégrer dans l'économie mondiale. Elle soutiendra également les efforts de ces pays pour qu'ils améliorent leur mode de gouvernement et assurent le règne du droit.
Le représentant a préconisé la tenue d'une discussion au niveau mondial et à cet égard, il a indiqué que l'ECOSOC peut jouer un rôle important, en tant que mécanisme central des Nations Unies dans les domaines économiques et sociaux.
M. MONTEK SINGH AHLUWALIA (Inde) s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que les forces de la mondialisation ont largement contribué à une meilleure intégration des pays en développement dans l'économie mondiale, ce qui représente une évolution positive. Néanmoins, il a déploré que le développement à long terme d'un grand nombre de ces pays n'ait pas été suffisamment soutenu par le système international. Evoquant la crise financière en Asie du Sud Est et ses conséquences, il a déploré les disfonctionnements du système et son incapacité à assurer la stabilité. A cet égard, M. Ahlawalia a rappelé que si certains pays en développement, particulièrement en Asie du Sud Est, ont atteint des taux de croissance très élevés au cours des vingt dernières années, améliorant le niveau de vie de leurs populations, le système a été incapable d'assurer cette croissance rapide à la plupart des pays en développement.
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Pour M. Ahlawalia, si l'on a pu longtemps imputer ces résultats médiocres à la faiblesse des politiques nationales, il faut aujourd'hui tenir compte des contraintes extérieures au premier rang desquels la maîtrise des flux de capitaux extérieurs. A cet égard, M. Ahluwalia a regretté la baisse constante de l'aide publique au développement, soulignant que les capitaux privés ne sauraient y suppléer. Il a en outre insisté sur la nécessité de faciliter l'accès des pays en développement aux marchés des pays industrialisés. Il a dénoncé à cet égard, les mesures protectionnistes, en particuliers dans les domaines de l'agriculture et de l'industrie textile, prises par certains pays.
M. Ahluwalia a souhaité une nouvelle architecture pour le système financier international afin de renforcer la confiance en assurant une meilleure régulation et surveillance des systèmes financiers dans chaque pays. Il a également préconisé l'instauration de règles communes, d'avantage de transparence et une meilleure information. Malgré cela, de nombreuses interrogations demeureront auxquelles il faudra trouver des réponses claires et rapides si l'on veut rétablir la confiance non seulement dans le système financier international mais, au delà, dans la mondialisation et le libéralisme.
M. HELMUT SCHAEFER, Ministre d'Etat de l'Allemagne, a évoqué une série de recommandations faites par le G7 en 1996 pour un nouveau partenariat mondial pour le développement. M. Schaefer a souligné que ce partenariat devrait permettre aux pays en développement de tirer un meilleur parti des effets positifs de la mondialisation et d'y participer. Il a noté que l'idée avancée par le G7 pour un nouveau partenariat mondial pour le développement rejoint le consensus qui ressort des grandes conférences internationales, à savoir que les pays en développement sont responsables de leur propre développement, que cela suppose qu'ils mettent en place des conditions nécessaires à un développement durable, tâche dans laquelle la communauté internationale doit leur apporter son soutien. L'Allemagne se base sur ces principes dans sa propre politique économique, sociale et de développement, le paramètre fondamental étant l'objectif d'un développement durable. Selon M. Schaefer, il revient aux dirigeants politiques de garantir un environnement mondial qui sera à même de sauvegarder les besoins à venir, à la fois économiques, écologiques et sociaux. Il est d'avis qu'il ne sera possible de trouver des réponses efficaces aux défis mondiaux, tels que l'accroissement de la population ou la surexploitation des ressources naturelles, que si l'on tient compte de ces trois aspects interdépendants du développement durable.
L'Allemagne soutient l'aide aux pays endettés et a d'ores et déjà fait une contribution importante pour alléger le poids de leur dette, à hauteur de 7 milliards de dollars américains. M. Schaefer a observé qu'un système financier, que des marchés de capitaux opérationnels qui s'accompagnent de la croissance d'une classe moyenne, constituent les éléments essentiels pour un
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développement économique équilibré et compétitif. Toutefois, la crise économique en Asie a souligné quelques faiblesses structurelles du processus de développement, ce qui exige la mise en place d'un cadre institutionnel pour assurer la croissance économique à long terme.
M. BRIAN ATWOOD, Administrateur de l'Agence pour le développement international des Etats-Unis, a reconnu qu'à la lumière des crises en Asie et dans la Fédération de Russie, il est légitime de s'interroger sur la pertinence de l'économie de marché et de l'interdépendance des économies nationales qui caractérisent la mondialisation. Pour les Etats-Unis, la définition du concept de mondialisation ne doit pas se faire à la lumière des problèmes actuels. La mondialisation entraîne la rapidité des communications, la rentabilité des moyens de transport, l'ouverture des marchés permettant une diffusion des idées à l'échelle mondiale et l'investissement dans la technologie. La mondialisation encourage la créativité en élargissant le marché et en le rendant perméable aux innovations. Elle rend aussi plus efficace la compétitivité en développant les capacités humaines des nations et leurs systèmes financier, politique et juridique. Si dans une économie mondialisée, les gouvernements n'ont que très peu de contrôle sur les tendances économiques, il leur revient néanmoins de créer un environnement favorable à l'investissement, aux flux des capitaux et à l'augmentation de la productivité. Il faut donc placer les crises actuelles dans leur perspective et reconnaître les acquis énormes de l'économie mondialisée. Des signes de renaissance sont déjà visibles dans certains pays d'Asie et au Mexique, renaissance due exclusivement à la démocratie et à la détermination de mettre en oeuvre des réformes.
Les bénéfices de la mondialisation sont évidents. Mais cette mondialisation ne doit pas uniquement être vue comme un processus économique. Elle doit avoir lieu dans le bon contexte, un contexte où les peuples jouissent du droit d'exprimer leurs aspirations sociales et économiques. Pour les Etats-Unis, la communauté internationale doit oeuvrer à la création d'un "filet de sécurité" pour minimiser les dangers de la mondialisation et encourager les pays à accepter cette mondialisation. Il faut étudier la manière dont le Fonds monétaire international, les institutions financières internationales et les donateurs bilatéraux peuvent améliorer la coordination et fournir une réponse rapide aux crises. Les Nations Unies ont un rôle à jouer dans ce contexte. Pour sa part, le Président Clinton a proposé six mesures pour lutter contre les crises financières. Elles consistent à accroître la collaboration avec les démocraties industrialisées pour assurer la croissance économique; à adopter des mesures d'allégement de la dette en faveur du secteur privé des pays affectés par les crises; à multiplier par deux l'aide allouée par la Banque mondiale aux programmes de création des filets de sécurité; à créer au sein du FMI un fonds de 15 milliards de dollars pour prévenir l'effet de contagion des paniques financières; accroître les prêts de la Banque américaine d'import-export; et à assurer un financement du FMI par le Congrès américain.
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Le Président Clinton a également annoncé deux autres initiatives qui consistent à ouvrir davantage les marchés tout en mettant en place des garanties en matière de protection du travail et de l'environnement et à convoquer une réunion des ministres des finances et des directeurs des banques centrales des pays du G-7 et des principales économies émergentes dans le but de créer une architecture financière internationale pour le 21ème siècle. Le Président Clinton a, par ailleurs, pris une initiative en faveur de l'Afrique - continent bénéficiant depuis longtemps des bienfaits de la mondialisation - en demandant au Congrès d'adopter une loi relative à la croissance de ce continent.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a noté que d'un côté la mondialisation libère les pays des contraintes imposées par les frontières nationales et que, de l'autre, la compétition au niveau mondial creuse davantage le fossé entre les pays riches et les pays pauvres, en détruisant l'équilibre créé au sein des Etats entre liberté et égalité. Désormais, à chaque fois qu'un problème survient dans le monde, il met en danger l'ensemble des pays. La crise financière actuelle en est un exemple. Il a souligné que l'objectif est de tirer au maximum parti des aspects positifs de la mondialisation et d'en minimiser les risques. Il a fait part de l'approche japonaise qui met l'accent sur l'importance de la formation de liens de partenariat et d'une coopération accrue entre les pays, ainsi que sur la nécessité d'encourager le développement dans les pays en développement. Dans cette optique, l'approche du Japon promeut un développement à la fois global et individuel. Le représentant a indiqué que le Japon, pour répondre à la crise économique en Asie, a pris des mesures en ce sens. Il a aidé les pays touchés par la crise à trouver des solutions, en mettant à leur disposition 43 milliards de dollars. Des efforts sont également faits en direction de l'Afrique, qui est la première à souffrir des risques de marginalisation.
M. DAN ABODAKPI (Ghana) a souligné l'importance croissante des notions de mondialisation et d'interdépendance dans les relations internationales. Désormais, les pays sont obligés de s'intégrer à l'économie mondiale et de reconnaître que leurs destinées sont liées. Certes, a-t-il concédé, les opportunités qui résultent de la mondialisation sont nombreuses et tous les pays sont susceptibles d'en tirer profit. Toutefois, les risques, les frustrations et les peurs qui y sont associés, sont également très importants. Le flux des investissements étrangers directs, qui n'a cessé de croître ces dernières années, n'a pas été réparti de manière équitable entre les pays et s'est concentré essentiellement sur les pays développés.
Le représentant a exprimé l'espoir que malgré tout, l'Afrique sub- saharienne pourra bénéficier, à long terme, de la mondialisation et de l'interdépendance. Les programmes d'ajustement structurel engagés dans la région permettent d'aller dans ce sens, même si les risques de marginalisation persistent. Pour atténuer ces risques, le rôle que la communauté internationale peut jouer en matière d'aide aux pays africains est primordial. Le représentant a demandé que soit recherchée une solution durable, dans le cadre de la réduction de la dette et d'une aide accrue au financement du
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développement. En matière de commerce international, il est également nécessaire, a-t-il déclaré, que cesse la dépendance exclusive des pays africains à l'égard de quelques rares produits d'exportation. D'autre part, un accès à des conditions préférentielles des pays de l'Afrique sub-saharienne aux innovations technologiques est très souhaitable. Enfin, ces pays doivent recevoir un soutien pour que soient mises en place des structures politiques internes adéquates.
M. ROGELIO MARTINEZ-AGUILAR (Mexique) a mis l'accent sur la responsabilité internationale devant les risques et les avantages de la mondialisation des finances et du commerce. Les récentes crises ont montré la nécessité pour la communauté internationale de renforcer l'architecture économique mondiale. L'année dernière, les facteurs de la mondialisation ont une nouvelle fois gravement affecté le Mexique dont l'économie a souffert du choc extérieur découlant de la volatilité du flux des capitaux, de la chute du prix du pétrole et de la crise intervenue dans la Fédération de Russie. Parallèlement aux mesures que le Mexique pourrait prendre à l'échelle nationale, il convient de renforcer la coopération internationale en matière de développement. Il faut donc renforcer la coopération nord-sud et la coopération sud-sud. Il faut aussi lutter contre le déclin de l'aide au développement et assurer des ressources prévisibles, continues et fiables. Pour le Mexique, il est également important de faciliter l'accès des pays en développement aux marchés mondiaux, aux investissements directs et aux transferts des technologies. De plus, il faut sans délai rechercher une solution durable aux problèmes de la dette des pays en développement. La mondialisation est une réalité. Elle n'est ni un problème ni le fruit d'un complot. Elle est au contraire la nouvelle expression de l'interdépendance entre les nations qui partagent des responsabilités et des engagements. Si elles travaillent de concert, elles seront en mesure de tirer pleinement parti des avantages de l'intégration mondiale et de surmonter ses effets négatifs.
Mme DAWLAT HASSAN, Vice-Ministre des affaires étrangères chargée des questions économiques et de la coopération internationale de l'Egypte, a estimé que, pour la majorité des pays en développement, la mondialisation représente un défi majeur. En effet, peu concurrentiels et ne bénéficiant pas toujours des flux financiers, les pays en développement n'ont pas la possibilité de participer pleinement à la mondialisation. Cette tendance, préjudiciable à leur intégration, doit être corrigée et il faut mettre en place un nouveau système, plus participatif, qui intègre les différents niveaux de développement. Elle a souligné l'importance de réaliser cette intégration tant au niveau national qu'international, indiquant que pour sa part, l'Egypte, dans ses efforts pour améliorer sa croissance, n'en oubliait pas pour autant l'importance du développement humain et celle de la réduction de la pauvreté.
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Elle a estimé que les relations futures devront prendre en compte les efforts des pays en développement. Il importe que les pays industrialisés, de leur côté, gardent leurs marchés ouverts aux pays en développement. A cet égard, il faut résister aux tentations protectionnistes et préserver la lettre et l'esprit du multilatéralisme, a-t-elle insisté, déplorant les mesures prises par certains pays dans les domaines de l'agriculture ou de l'industrie textile.
Mme Dawlat Hassan a souligné la nécessité d'adopter une nouvelle démarche et d'améliorer le système financier et monétaire international afin de rétablir la confiance. Au nombre des mesures à prendre dans ce sens, elle a évoqué l'étude des causes profondes de la crise, mais surtout le renforcement de la coopération et la nécessité de faire participer tout le monde, soulignant que la croissance des pays en développement était dans l'intérêt du monde entier.
M. LEIV LUNDE, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la Norvège, a noté que la mondialisation ne semble profiter qu'à une petite poignée de pays, que le fossé entre riches et pauvres s'agrandit à l'intérieur des nations comme entre elles. La crise asiatique a clairement démontré que le contrôle des forces économiques est passé des mains des gouvernements à celles des marchés des capitaux dont les acteurs n'ont que très peu de responsabilité en matière de bien et d'intérêt commun. De plus, l'affaiblissement du concept de frontière nationale représente un défi lancé à l'identité nationale, aux traditions et à la culture. Le processus de mondialisation ne peut être renversé, toutefois, il faudrait arriver à le gérer, a-t-il suggéré.
Au niveau national, il faut investir à la fois dans les ressources humaines et les infrastructures. Il faut promouvoir la bonne gouvernance, la démocratie et les droits de l'homme. Dans ce contexte, le marché à un rôle important à jouer puisqu'il favorise l'accroissement de fonds à consacrer aux programmes sociaux et environnementaux. Il incombe aux gouvernements d'adopter des mesures vigoureuses pour assurer la collecte des ressources nécessaires à la satisfaction des besoins des populations. Au niveau international, il n'existe pas d'alternative au renforcement du multilatéralisme. Il convient donc d'améliorer plus avant les procédures de prise de décisions et de créer un ordre mondial fondé sur la règle du droit où la solidarité et la responsabilité sociale ne se confinent pas à l'intérieur des frontières. Un des plus grands dangers de la mondialisation est la marginalisation croissante des pays les moins avancés. Il est regrettable de constater que les pays industrialisés s'éloignent de plus en plus de leur engagement d'allouer 0,7% de leur produit national brut à des fins de développement. La Norvège, pour sa part, a établi des plans visant à accroître l'aide publique au développement qui d'ailleurs dépasse déjà l'objectif fixé par les Nations Unies. La Norvège est également convaincue que les politiques d de la dette doivent être améliorées. Elle s'emploie, par ailleurs, à finaliser une stratégie pour le développement du secteur privé dans les pays en développement.
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Mme HUGUETTE LABELLE, Présidente de l'Agence canadienne de développement, a noté que dans un monde qui s'apparente de plus en plus à un village planétaire, les répercussions de la mondialisation ont marqué toutes les facettes de notre vie: l'économie, le transport, le gouvernement, les médias et la culture. Du point de vue économique, la mondialisation a contribué à la prospérité mondiale; du point de vue politique, elle représente le triomphe de la démocratie libérale sur les régimes autoritaires et l'acceptation universelle des droits fondamentaux de la personne et à l'échelle de la planète, le pouvoir s'est de plus en plus décentralisé. Néanmoins, à la lumière des événements récents, il est évident que ceux qui ont profité de la mondialisation qui s'est développée rapidement et sans gestion adéquate, doivent en payer le prix fort. Devant ces contradictions il faut se souvenir que la mondialisation est source d'un changement majeur : au fur et à mesure qu'elle se développe, l'Etat-nation voit son pouvoir et sa pertinence remis en question, son aptitude à exécuter les changements et à guider la destinée humaine en perte de vitesse. La mondialisation est source de risques et d'occasions à saisir, le défi consiste à identifier ces occasions et à en tirer profit pour faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive de changement. Il faut que le monde ait une vision commune de ce que sont l'équité, la justice sociale et un développement durable qui tienne compte de ceux qui sont marginalisés pour arriver à un consensus international sur les questions qui ont la plus grande importance aux yeux de tous. Pour cela, les institutions internationales ont un rôle vital à jouer en contribuant à créer des systèmes financiers stables. A l'échelon bilatéral, les donateurs doivent apprendre à mieux communiquer et à coordonner leur action afin de résoudre collectivement les problèmes mondiaux qui demandent une intervention rapide en faisant preuve d'engagement et de leadership. En outre, les gouvernements ne peuvent à eux seuls faire face à la crise mondiale et la participation du secteur privé, des ONG et de la société civile est primordiale. Tout cela traduit l'idée que des partenariats novateurs peuvent contribuer à créer la cohésion nécessaire pour promouvoir un développement durable, efficace et équitable.
M. CARLOS DOTRES MARTINEZ, Ministre de la santé de Cuba, a rappelé que la position des pays du mouvement des non-alignés, telle qu'elle a été définie récemment à son Sommet, est que le processus de mondialisation dans lequel le monde s'est engagé, présente certes des opportunités, mais qu'il a surtout des effets économiques et sociaux négatifs qui viennent s'ajouter aux difficultés quotidiennes que connaissent les pays du sud. Il a mis en garde contre la captation par les grandes puissances des bienfaits de la mondialisation tout en marginalisant la majorité de l'humanité. Si certains défendent l'opinion selon laquelle la mondialisation a apporté la prospérité à certaines régions et permis d'atteindre un certain niveau de richesse, on ne peut pas nier le fait que ce même processus, en rendant les économies de certaines régions plus dépendantes, est à l'origine de l'aggravation de certaines crises économiques nationales et régionales, qui menacent même les économies les plus prospères.
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Selon M. Martinez, l'aspect le plus pernicieux du processus de mondialisation est son caractère sélectif dans la mesure où il profite à certaines économies alors qu'une grande partie du monde demeure dans une pauvreté abjecte, et ne favorise que peu, voire pas du tout, les échanges internationaux. A cet égard, il a évoqué la situation des économies africaines et d'autres régions du tiers-monde qui sont absentes des intérêts mondiaux. Les disparités nord-sud dans le processus de développement persistent, et, à cause de la course aux armements, la paix et la stabilité internationales sont aussi devenues des enjeux mondiaux. A ce propos, l'importance du montant des dépenses militaires constitue toujours, selon lui, un crime par défaut contre le développement et la santé dans le monde. M. Martinez a également évoqué les problèmes des pays en développement engendrés par des guerres non déclarées et ceux fomentés par un ordre économique et politique injuste susceptible de déstabiliser les pays. Il a illustré son propos par le blocus américain à l'encontre de Cuba, et le coût économique qu'il représente pour son pays. Compte tenu de ces réalités, M. Martinez n'entrevoit que deux options possibles pour s'en sortir pendant le troisième millénaire, à savoir : poursuivre avec les lois de la jungle qui nous conduisent inexorablement à un suicide collectif, ou adopter des valeurs humaines seules capables de sauver la civilisation. En effet, il ne s'agit pas tant de lutter contre la mondialisation comme un phénomène inévitable, mais plutôt de lutter pour une mondialisation juste et humaine.
M. JAAP RAMAKER (Pays-Bas) au lieu d'être un but politique en soi, le multilatéralisme est devenu l'un des nombreux instruments politiques servant les intérêts nationaux. De part leur situation géographique, les Pays-Bas sont une nation commerçante, ouverte sur l'extérieur. Pour cette raison, nous sommes très attachés au multilatéralisme et nous sommes probablement l'un des rares pays à accorder une place particulière aux organisations internationales dans notre constitution.
Les Pays Bas sont en faveur du mulilatéralisme par nécessité plus que par simple principe. Face à la mondialisation, les problèmes ne peuvent pas être traités de façon isolée. Nous souhaitons promouvoir les institutions de coopération à l'échelle mondiale avec les Nations Unies pour centre. Les Nations Unies et leurs institutions spécialisées se sont avérées être un cadre facilitant la coopération, mais elles doivent sans cesse être remises en question pour s'adapter à un monde en changement constant. Les agences spécialisées ne devraient pas être dépendantes des pays donateurs mais devraient se concerter dans le but d'échafauder des politiques communes et un suivi systématique des Sommets des Nations Unies. Mais malgré les déclarations d'intention, les fonds des Nations Unies aux programmes sont en déclin progressif ces dernières années. Seule une poignée de pays donateurs, dont les Pays-Bas, sont en mesure de donner plus de 0.7% de leur PNB à l'aide publique au développement. Les Etats Membres, en particuliers les plus nantis, doivent donner un nouveau souffle à la coopération multilatérale. Les
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financements devraient être plus réguliers et répartis entre les différents pays. En ce qui nous concerne, les Pays-Bas sont déterminés à élargir l'aide multilatérale dans les années à venir. Ensuite, le développement doit être durable et doit inclure les besoins humains fondamentaux, le respect des droits de l'homme et ne doit pas mettre en péril les générations futures.
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