En cours au Siège de l'ONU

ECOSOC/419

POUR LES DELEGATIONS, LA DEMOCRATIE NE PEUT S'EPANOUIR SANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

22 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/419


POUR LES DELEGATIONS, LA DEMOCRATIE NE PEUT S'EPANOUIR SANS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

19980722 Le Conseil économique et social achève son débat général sur le suivi et l'application coordonnés de la conférence mondiale sur les droits de l'homme

Le Conseil économique et social a achevé ce matin son débat général sur la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies en ce qui concerne le suivi et l'application coordonnés de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne. Les conclusions concertées relatives à cette question seront examinées ultérieurement.

Au cours du débat, les délégations ont mis l'accent sur l'importance de l'assistance technique aux gouvernements engagés dans la voie démocratique et sur la nécessité de soutenir les programmes nationaux en faveur de la démocratie. Ils ont, en outre, défendu une approche globale et équilibrée de tous les droits de l'homme, estimant que la réalisation des droits civils et politiques n'entraîne pas nécessairement et de manière automatique la réalisation des droits économiques, sociaux et culturels, et du droit au développement. La démocratie ne peut survivre et encore moins s'épanouir dans les pays où le niveau de développement est faible, a ainsi souligné le représentant de la Malaisie. Si la situation engendrée par la crise asiatique devait perdurer, le bien-être économique de millions de personnes serait mis en danger, ce qui pourrait affecter la situation des droits de l'homme dans ces pays, a-t-il averti.

Les représentants de la Malaisie, de la Croatie, du Bélarus et de l'Inde ont fait une déclaration au cours du débat.

Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux demain/jeudi à partir de 10 heures. Il examinera la question relative à l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux par les institutions spécialisées et les organismes internationaux associés à l'Organisation des Nations Unies. Il se penchera aussi sur la question des répercussions économiques et sociales de l'occupation israélienne sur les conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe du Golan syrien occupé.

Coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies en ce qui concerne le suivi et l'application coordonnés de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne

Débat général

M. HASMY AGAM (Malaisie) a estimé qu'une meilleure coordination était nécessaire pour assurer qu'il n'y a pas de chevauchement des responsabilités entre les différentes composantes de l'ONU. Dans le même temps, il a mis en garde contre le risque de provoquer des duplications inutiles dans le cadre de l'intégration des droits de l'homme dans toutes les activités de l'ONU. La confusion que cette démarche pourrait générer risque de saper les efforts de l'ONU en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme, a-t-il souligné. C'est la Haute Commissaire aux droits de l'homme qui détient les compétences pour coordonner toutes les activités de l'ONU dans ce domaine et pour fournir une assistance technique aux pays qui en font la demande. Le représentant a appuyé les efforts déployés par la Haute Commissaire en faveur des questions relatives aux droits de l'homme, et, en particulier, son approche favorisant le dialogue constructif.

La Malaisie n'est toutefois pas convaincue de la rationalité et du mérite d'une approche fondée sur les droits selon laquelle la jouissance des droits civils et politiques résultera automatiquement dans la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels et du droit au développement de tous les individus. La Malaisie reste très attachée au droit au développement qui fait partie intégrante des droits de l'homme fondamentaux. Or, malgré les engagements de Vienne, sa réalisation traîne. C'est pourquoi, l'ECOSOC doit indiquer clairement que le droit au développement doit être à l'avant-plan des droits de l'homme. Le représentant a insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale en vue de promouvoir le développement. La démocratie ne peut survivre et encore moins s'épanouir dans les pays où le niveau de développement est faible et qui ne sont pas intégrés pleinement dans les systèmes économique et financier mondiaux. Certains pays sont de plus en plus marginalisés. Les crises financières et économiques qui touchent certains pays d'Asie ont ralenti les progrès qui avaient déjà été accomplis. La croissance et la prospérité qui avaient nécessité de nombreuses années pour leur réalisation ont diminué de manière dramatique du jour au lendemain. L'impact en est ressenti dans le monde entier. La majorité des citoyens de ces pays ont été privés de leur droit à une vie meilleure et de leur droit au développement. Si cette situation devait perdurer, le bien-être économique de millions de personnes serait mis en danger, ce qui risquerait d'affecter la situation des droits de l'homme dans ces pays. La Malaisie lance un appel en faveur d'une coopération internationale véritablement efficace pour réaliser le droit au développement.

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M. MATESIC (Croatie) a déclaré que l'une des plus importantes réussites de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne est la création du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme. Le gouvernement de la Croatie souhaite exprimer sa gratitude pour la manière dont le premier Haut Commissaire, M. Ayala Lasso, a dirigé les activités du Bureau, et remercie Mme Robinson pour le travail qu'elle fait à la tête de ce Bureau. La Croatie approuve la façon équilibrée dont elle recentre et focalise les activités de promotion et de protection des droits de l'homme, qu'ils soient civiques et politiques ou économiques, sociaux et culturels. Néanmoins, pour qu'elle puisse remplir complètement les tâches que lui assigne sa mission, il faut qu'elle dispose des ressources nécessaires. Un autre résultat important de la Conférence mondiale sur les droits de l'homme est l'importance accordée à l'équité entre les sexes, et ceci transparaît dans les activités du système des Nations Unies; la Croatie soutient les efforts qui sont en cours en vue de sensibiliser toutes les agences de l'ONU à cette question.

L'autre succès de la conférence de Vienne, dont il faut parler, est celui du droit au développement comme un droit à part entière du concept des droits de la personne humaine. Il est désormais important de se mettre d'accord sur une parfaite compréhension de la signification de ce droit et comment il doit être appliqué. Pour cela, il faut que tous les pays, qu'ils soient développés, en développement ou en transition, s'engagent dans un dialogue constructif. De plus, il est nécessaire que les institutions de Bretton Woods jouent un rôle actif dans la mise en oeuvre du droit au développement; quand on en parle, il faut garder à l'esprit qu'un développement authentique, dans quelque société que ce soit, est non seulement une question de progrès économique, mais doit également se traduire dans le respect de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales.

M. IGAR GUBAREVICH (Bélarus) a déclaré que la coopération entre les institutions et la coordination étaient fondamentales. Le Conseil économique et social a un rôle essentiel à jouer dans ce cadre. Le 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme doit fournir l'occasion de réaffirmer les engagements pris lors de la conférence mondiale de Vienne, d'évaluer ce qui a été fait et de prendre des mesures en vue de lever les obstacles à la réalisation effective de tous les droits de l'homme. Les efforts du Haut Commissariat aux droits de l'homme méritent d'être appuyés, de même que les efforts du PNUD, de l'UNESCO, de l'ONUDI et d'autres institutions spécialisées de l'ONU qui soutiennent les systèmes démocratiques et fournissent une assistance technique aux pays en transition. Le représentant a appuyé la proposition du Secrétaire général visant à nommer des coordonnateurs des droits de l'homme dans toutes les composantes de l'ONU, ainsi que l'élaboration de programmes communs. Le Bélarus attache une attention particulière à la dimension droits de l'homme dans les programmes de l'ONU sur le terrain. Il a toutefois estimé que cette approche ne devait pas se faire au détriment d'autres activités. L'aide technique revêt une importance considérable pour ce qui est de soutenir les processus démocratiques dans les pays en transition.

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Le représentant a préconisé l'adoption d'une approche globale et exhaustive dans le cadre de laquelle tous les droits, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement, sont indivisibles et interdépendants. Tous ces droits doivent bénéficier de la même attention, a-t-il souligné. La réalisation de tous les droits de l'homme, y compris le droit au développement, ne peut avoir lieu que si la communauté internationale ne se contente pas de promouvoir les droits de l'homme, mais apporte aussi sa contribution au développement durable des Etats. Rappelant les résultats de la Conférence de Genève sur les réfugiés dans la Communauté des Etats indépendants (CEI), le représentant a lancé un appel en vue d'obtenir le soutien des donateurs à la réalisation des engagements pris. Il a également souligné l'importance de soutenir les programmes nationaux en faveur des droits de l'homme, comme celui développé par le Gouvernement du Bélarus. Certaines ONG qui souhaitent préserver leur statut consultatif auprès du Conseil économique et social doivent faire des interventions constructives et s'en tenir aux questions examinées par le Conseil, a-t-il averti par ailleurs.

M. GAUTAM MUKHOPADHAYA (Inde) a observé que le 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et la revue cette année de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, offrent l'occasion de faire une évaluation globale des progrès accomplis dans la promotion des droits de l'homme, aussi bien au sein du système des Nations Unies que par la communauté internationale, pays par pays et globalement. Parlant de sensibilisation, de coordination et d'intégration des activités de l'ONU, l'Inde pense que ces idées ont toujours été implicites et sous-jacentes au travail de l'Organisation.

Les droits de l'homme et la justice sociale ont toujours été la raison d'être de la démocratie et des efforts de développement en Inde. Le propos de tout développement est en effet de promouvoir les droits individuels et la justice sociale, et comme le dit le préambule de la Charte des Nations Unies, de "favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande". Des difficultés existent au niveau international, non pas tant sur la "sensibilisation" aux droits de l'homme, mais plutôt au niveau des doutes concernant la conceptualisation et l'étendue de l'approche globale et intégrée de ces droits que nous pensons avoir atteintes par consensus à Vienne. Nous pensons que cette approche est partagée par la communauté internationale, par tous les partenaires à ce dialogue et par le système des Nations Unies. Dans le langage actuellement en négociation, il semble que loin de percevoir tous les droits de l'homme, qu'ils soient civils, politiques, économiques sociaux et culturels, comme enracinés dans l'ensemble "démocratie, droit au développement et droits de l'homme", nous sommes en train de répandre de façon volontaire ou non, un concept partiel des droits de l'homme vus seulement comme des droits civils et politiques, en oubliant les aspects liés au développement.

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Ceci conduit à une dichotomie entre les droits de l'homme et le développement que nous ne partageons pas, et nous fait craindre que la sensibilisation et l'intégration des droits de l'homme dans la sphère des activités de développement de l'ONU pourrait mener à déplacer la finalité et la place centrale du développement lui-même dans les activités des Nations Unies. Une telle approche ignore que l'agenda de développement des Nations Unies et les organismes de l'ONU contribuent à promouvoir la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels. Une telle démarche sous-estime aussi la valeur de la promotion de ces droits dans la sphère plus large de tous les droits de l'homme.

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