TABLE RONDE SUR LES SITUATIONS D'URGENCE COMPLEXES : LES PARTICIPANTS SOULIGNENT LA NECESSITE D'ASSURER UN SOUTIEN FINANCIER EN TEMPS OPPORTUN
Communiqué de Presse
ECOSOC/412
TABLE RONDE SUR LES SITUATIONS D'URGENCE COMPLEXES : LES PARTICIPANTS SOULIGNENT LA NECESSITE D'ASSURER UN SOUTIEN FINANCIER EN TEMPS OPPORTUN
19980716 Le Conseil économique et social achève son débat sur l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastropheAchevant cet après-midi son débat consacré aux affaires humanitaires, en particulier l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, le Conseil économique et social a tenu une table ronde avec les Coordonnateurs/résidents humanitaires sur les situations d'urgence complexes. Mmes Kathleen Cravero-Kistossersson, Coordonnatrice/résidente humanitaire pour le Burundi; et Elizabeth Lwanga, Coordonnatrice/résidente humanitaire pour la Sierra Leone; ainsi que MM. Marco Bosotti, Coordonnateur/résident humanitaire pour la Géorgie; et Alfredo Witschi-Cestari, Coordonnateur des Nations Unies pour l'Afghanistan, ont présenté les activités déployées dans ces pays pour répondre aux situations d'urgence complexes.
La nécessité d'assurer un soutien financier en temps opportun aux activités humanitaires et de développement a été largement soulignée par les participants à la table ronde. Ainsi, évoquant le cas du Burundi, Mme Kathleen Cravero-Kistossersson a lancé un appel urgent aux donateurs pour qu'ils soutiennent les efforts des forces modérées en faveur de la paix. Les participants ont préconisé de faire des appels consolidés de véritables outils de programmation qui permettent à la fois d'évaluer les ressources nécessaires pour les activités et leur utilisation.
Dans ses remarques de conclusion, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaire, M. Sergio Vieira de Mello, a dit qu'il fallait investir dans la culture de la paix et augmenter les financements destinés à la reconstruction. Il a encouragé les organes de l'ONU à travailler de plus près avec la Banque mondiale, qui doit jouer son rôle de banque pour la reconstruction et le développement.
Auparavant, le Conseil économique et social avait achevé sa table-ronde avec les coordonnateurs/résidents humanitaires sur les catastrophes naturelles, en entendant les réponses de MM. Alfredo Witschi-Cestari, Coordonnateur des Nations Unies pour l'Afghanistan et Ravi Rajan, Coordonnateur résident pour l'Indonésie, ainsi que Mme Kim Bolduc, Coordonnatrice résidente pour le Pérou, aux commentaires et questions des délégations.
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Les représentants de l'Ouganda et du Soudan ont fait usage de leur droit de réponse.
Le Conseil économique et social devrait adopter les conclusions concertées sur le segment consacré aux affaires humanitaires lors de sa prochaine réunion, demain vendredi à 10 heures. Il entamera ensuite l'examen du point relatif à la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées et autres organismes des Nations Unies concernant l'application et le suivi intégrés de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne (point 4), dans le cadre de son débat consacré aux question de coordination.
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Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe
Fin de la table ronde avec les coordonnateurs/résidents humanitaires sur les catastrophes naturelles
M. ALFREDO WITSCHI-CESTARI, Coordonnateur des Nations Unies pour l'Afghanistan, a déclaré que l'intervention humanitaire lors du tremblement de terre avait montré que tous les acteurs peuvent travailler ensemble. Il a souligné le travail impressionnant réalisé par les équipes de réserve des Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe. L'intervention du Bureau de coordination des affaires humanitaires a été très importante.
M. RAVI RAJAN, Coordonnateur résident pour l'Indonésie, répondant à une question sur les échanges d'informations, a indiqué qu'il y avait eu des échanges de ce type au niveau régional. S'agissant des incendies de forêt en Indonésie, il a indiqué qu'un plan de lutte contre les incendies avait été mis sur pied au niveau régional. Des plans nationaux ont aussi été élaborés. Les frais de la lutte contre les incendies de forêts sont estimés à 18 millions de roupies par hectare, soit environ 2 000 dollars.
Mme KIM BOLDUC, Coordonnateur résident pour le Pérou, a indiqué qu'au cours des dernières années, un certain nombre de pays avaient progressé pour ce qui est de leur capacité à faire face aux catastrophes naturelles. Il y a aujourd'hui des instituts bien équipés sur le plan technologique, par exemple pour étudier le phénomène El Niño. Le plus important est toutefois le degré de préparation de la population. Celle-ci a besoin de certaines connaissances pour mieux se préparer à des phénomènes qui font partie de son quotidien. Après la Décennie internationale de lutte contre les catastrophes naturelles, il faudrait voir comment créer et renforcer les institutions nationales pour mieux faire face à ces phénomènes. En effet, les mécanismes de défense civile ne sont pas toujours les plus appropriés. Il en résulte qu'il faut souvent créer des mécanismes ponctuels qui n'ont pas toujours les moyens de faire face de la manière la plus adéquate aux catastrophes naturelles. Il importe donc de renforcer les mécanismes nationaux.
Répondant à des questions posées sur l'UNDAF, M. SERGIO DE MELLO (Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires) a évoqué le tremblement de terre qui a frappé l'Afghanistan. Face à cette catastrophe, nous avons mieux réagi que dans le passé. Les équipes de l'UNDAF sont multicuturelles et multidisciplinaires. Elles sont autonomes sur les plans techniques et conceptuels. Pour ce qui est du phénomène El Niño, il a indiqué que des données et un système d'échange d'informations météo sont désormais disponibles. Des séminaires et des réunions d'information ont lieu en vue d'améliorer la coordination des affaires humanitaires et, en ce moment
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par exemple, la situation de Bruneï, qui est victime à son tour d'incendies de forêts après l'Indonésie, est étudié par un Groupe spécial de travail sur les catastrophes naturelles.
Table ronde avec les coordonnateurs/résidents humanitaires sur les situations d'urgence complexes
Présentations
M. FRANCESCO STRIPPOLI (Coordonnateur de l'action humanitaire des Nations Unies en Angola) a déclaré que la situation en matière de sécurité en Angola est grave. Il faut préciser que c'est dans des circonstances comme celles qui prévalent aujourd'hui que 1000 personnes mouraient par jour dans ce pays il y a un an. Un groupe de coordination de l'assistance humanitaire a été créé pour fournir l'assistance la plus urgente aux populations, ceci avec l'accord du gouvernement de l'Angola et de l'UNITA. Ce groupe se penche aussi sur les tâches de déminage et celles de collecte et de circulation d'information en vue de créer une atmosphère de sécurité. Deux mécanismes d'urgence sont en train d'être expérimentés pour réagir aux situations les plus critiques. Les prévisions à moyen terme en Angola se sont avérées trop optimistes. Malgré le mouvement politique apparent de réconciliation entre l'UNITA et le gouvernement, sur le terrain les opérations militaires n'ont pas cessé et plus de 75.000 personnes continuent d'être déplacées tous les mois. La situation est donc difficile et la mort tragique de M. Alioune Blondin Beye, le représentant spécial du Secrétaire général dans un accident d'avion ne favorise pas l'avancée du processus sur le terrain. D'autre part, le financement des opérations a été réduit alors que les défis et les besoins augmentaient.
Le groupe de coordination de l'assistance humanitaire a constitué un réseau d'actions pour coordonner les opérations sur le terrain, ceci avec la collaboration du gouvernement angolais et des ONG. Le but est d'atteindre les résultats les plus efficaces et les plus durables sur le terrain. Des attaques militaires sont malheureusement régulièrement lancées contre la population civile et les travailleurs humanitaires, ce qui complique encore le déroulement des activités de secours et de réhabilitation. Le groupe est aussi actif dans la capitale, Luanda, où il aide à la réinsertion urbaine des populations venues des provinces. Le Coordonnateur de l'assistance humanitaire joue un rôle essentiel en tant que conseiller du Représentant spécial du Secrétaire général. Il garde cependant son autonomie et son indépendance vis à vis des parties en conflit en Angola pour que des considérations politiques ne prennent pas le pas sur les objectifs de secours et d'assistance. Notre personnel doit être motivé et a besoin de directives et d'échanges d'informations avec les représentants de la communauté internationale pour une meilleure harmonisation de leur action. L'Angola a aussi besoin que l'on élabore une stratégie à long terme pour assurer sa reconstruction et son développement.
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Mme KATHLEEN CRAVERO-KISTOSSERSSON, Coordonnatrice/résidente humanitaire pour le Burundi, a affirmé que le conflit civil qui perdure depuis 1993 continue d'entraîner des souffrances et des difficultés. Il y a de nombreux réfugiés et personnes déplacées. Un grand nombre de personnes dépendent de l'aide alimentaire ou de compléments alimentaires. La malnutrition parmi les enfants de moins de cinq ans est de près de 20%. Les médicaments manquent, de nombreuses personnes n'ont pas accès à l'eau potable. Alors que l'impasse est peut-être politique, la crise est humanitaire, a-t-elle souligné. Les coordonnateurs des opérations doivent promouvoir des relations productives entre le Gouvernement, les institutions humanitaires, les ONG et la population civile. Elle a estimé que les personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, relèvent essentiellement de la responsabilité des gouvernements, sauf dans les cas où aucune autre alternative n'existe ou pour une courte période. Dans certains pays, comme le Burundi, les forces qui empêchent l'accès aux déplacés internes n'ont pas de lien avec le Gouvernement ou les groupes rebelles, mais sont des personnes qui profitent de la confusion, a-t-elle affirmé. Les enfants et les réfugiés jouissent d'une protection solide au niveau international, ce qui n'est pas le cas pour les personnes déplacées. Partant, le Coordonnateur résident pour le Burundi a préconisé d'attribuer la responsabilité des personnes déplacées à l'intérieur des pays à une institution spécifique, en collaboration avec d'autres entités du système selon que de besoin.
Les sanctions imposées au Burundi ont contribué à appauvrir les pauvres et à aggraver la contrebande et les trafics dans le cadre d'une économie parallèle, a-t-elle poursuivi. Les sanctions ont également compliqué l'acheminement de l'aide humanitaire. Elle a souligné les dangers liés au détournement de l'aide, parfois avant même qu'elle n'atteigne le Burundi, et à la contrebande. Il y a en outre des problèmes graves de sécurité. Certaines régions ont un besoin urgent de reconstruction et d'aide au développement. Pourtant, la position de nombreux donateurs reste l'attentisme face à la situation politique. Le système des Nations Unies est bien établi au Burundi et a construit un réseau solide de partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux mais il manque des ressources pour progresser. Mme Cravero- Kistossersson s'est déclarée préoccupée par le fait que l'absence actuelle de réponse aux besoins de reconstruction et de développement du Burundi fera perdre l'espoir à la majorité de la population. En outre, le fait que les enfants n'ont pas accès à l'éducation de base risque de condamner toute une génération qui aura grandi dans la haine, la faim et sans foyer. L'action humanitaire ne peut être un substitut à l'action politique. Si la communauté internationale ne réussit pas à soutenir les efforts de paix entrepris par les forces modérées, celles-ci seront à nouveau prises en otage entre les extrémistes de tout bord et les chances de parvenir à la réconciliation risquent d'être perdues pour de nombreuses années et la crise humanitaire actuelle paraître mince à côté de celle qui risque d'éclater.
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M. MARCO BORSOTTI (Coordonnateur/résident humanitaire en Géorgie) a déclaré que la situation militaire est stable en Géorgie et que l'assistance demandée par le Gouvernement concerne surtout les personnes qui ont tout perdu pendant les conflits armés. Il a ensuite expliqué que l'aide humanitaire devait être dépolitisée, faute de quoi, on risquerait d'attiser les tensions. M. Borsotti a ensuite affirmé qu'il y a des exemples positifs de programmation, démontrés notamment dans le cadre des efforts du PNUD et grâce auxquels il a été possible d'améliorer le sort des enfants et des femmes, faisant naître en même temps un sentiment de mieux-être général. Les institutions humanitaires ont le devoir d'agir de manière impartiale pour que l'aide ne soit pas perçue comme un instrument de chantage par les gouvernements nationaux. Ceci mène à parler de la coordination des politiques et des actions qui pourrait améliorer les effets des différents programmes. Après avoir indiqué que le cadre a moyen terme des interventions à venir a été favorisé par une bonne logique et une cohérence dans les appels de fonds en faveur de la Géorgie, M.Borsotti a déclaré que les bailleurs de fonds et les donateurs sont tenus au courant de la situation à travers un système de notes d'information constamment mis à jour. Le Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence est le mieux placé pour servir de liaison et de coordonnateur entre les interventions des différentes agences et institutions qui travaillent ou aimeraient intervenir en Géorgie. L'aide d'urgence, on ne le répétera jamais assez, doit être fournie aux populations de façon neutre, la coordination sur le terrain doit amener à la création d'un espace unitaire entre les activités des organes de l'ONU et les ONG, et les équipes du Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence doivent faire preuve de beaucoup de souplesse pour s'adapter rapidement aux évolutions de la situation sur le terrain, enfin, le Coordonnateur résident a besoin du soutien du Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence pour accomplir ses tâches de manière plus efficace et fiable.
Mme ELISABETH LWANGA, Coordonnatrice/résidente humanitaire pour la Sierra Leone, a rappelé que le pays connaît une situation d'urgence depuis 17 ans qui a provoqué des déplacements massifs de population, évalués à environ 2 millions de personnes. Les personnes qui se sont déplacées dans le pays sont regroupées dans des camps ou sont allées chez des amis dans les villages. L'afflux des réfugiés souffrant d'amputations a pesé sur la capacité des hôpitaux dans les zones rurales à traiter les blessés. Récemment l'une des attaques les plus horribles contre la population civile a eu lieu, avec des mutilations infligées à des enfants. C'est seulement depuis 1994, qu'une réponse humanitaire coordonnée à commencer à voir le jour. Auparavant, les activités humanitaires se situaient surtout dans l'est du pays. Le Gouvernement a mis en place un mécanisme pour faire face à l'afflux de réfugiés venant du Libéria. Les institutions des Nations Unies, en collaboration avec le Comité international de la Croix-rouge et les ONG, ont travaillé pour essayer de trouver une réponse coordonnée. Un mécanisme a été mis sur pied avec une équipe chargée de gérer la situation d'urgence, tandis que des forums régionaux étaient organisés. Les ressources ont été mobilisées grâce au processus d'appels consolidés.
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Des efforts ont été faits pour encourager le Gouvernement à lancer un processus de paix. Avec l'appui de l'unité électorale des Nations Unies et du PNUD, le Gouvernement a été encouragé à s'engager dans un processus démocratique qui a notamment contribué au retour des déplacés internes dans leurs foyers. Parmi les difficultés rencontrées, elle a mentionné les problèmes de sécurité qui ont notamment empêché l'accès à certaines zones du pays. En outre, le mécanisme mis au point par le Gouvernement pour répondre aux besoins des réfugiés libériens ne suffisait pas et a souvent été un obstacle au travail des agences humanitaires. Elle a encore souligné les ressources logistiques insuffisantes, l'absence d'obligation reditionnelle au sein du Gouvernement et la faible réponse des donateurs aux appels consolidés. Elle a déploré le fait que les opportunités offertes par les mécanismes locaux n'aient pas été saisies et qu'il n'y ait pas eu de renforcement des initiatives locales, ce qui aurait pu atténuer les conséquences de la guerre.
Actuellement, l'urgence humanitaire se poursuit en dépit du retour du Gouvernement démocratique. La détérioration des conditions des réfugiés qui ont fui la Sierra Leone vers la Guinée et le Libéria constitue l'un des problèmes les plus urgents actuellement. Les attaques contre les réfugiés se poursuivent et il y a de nouveaux mouvements de population, à qui l'assistance humanitaire ne parvient pas toujours. On s'efforce actuellement d'appuyer le Gouvernement et de trouver un équilibre entre les secours d'urgence et l'aide à long terme. Il faut, par exemple, assurer l'équilibre entre la production alimentaire et l'aide alimentaire. Le Coordonnateur résident a encore mentionné les efforts réalisés en vue d'assurer la réintégration des enfants soldats dans la société.
M. WITSCHI-CESTARI (Coordonnateur résident des Nations Unies en Afghanistan) a déclaré que la tragédie humaine en Afghanistan a commencé il y a bientôt deux décennies. La communauté internationale, pensant à un certain moment que la paix reviendrait dans ce pays après le départ de l'Union soviétique, n'a pas correctement coordonné ses activités de secours et de reconstruction dans ce pays. Mais aujourd'hui, il a finalement été décidé de nommer un seul coordonnateurs dans ce pays à la place des deux qui y étaient avant. Nous faisons face à une catastrophe humaine indicible dans ce pays où les différentes factions en lutte n'ont pas de projets d'avenir viables. Les Talibans, par leurs actions intransigeantes et absurdes ont fait fuir tous les personnels nationaux qualifiés et le pays n'a plus de ressources humaines qualifiées. Nous avons 4 millions d'Afghans qui sont soit des réfugiés dans les pays voisins, soit des déplacés de l'intérieur. Il n' y a pas d'écoles et de services de santé et les seuls services sociaux existant sont fournis par le PNUD ou par l'OMS. Il existe cependant des poches de tranquillité, car tout le monde ne pense pas qu'à la guerre en Afghanistan.
La communauté internationale doit concentrer ses efforts sur les personnes qui ont encore foi dans un avenir possible. La contrebande et les stupéfiants sont malheureusement les seuls secteurs de "rentabilité économique" dans ce pays qui est devenu le premier producteur de pavot au
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monde. Il n'existe pas de gestion des affaires publiques digne de ce nom en Afghanistan. La communauté internationale des donateurs et des ONG a discuté il y quelque temps d'un plan d'assistance à ce pays sinistré. Mais rien ne peut être réglé dans ce pays sans les Afghans eux-mêmes qui ont donc été invités à faire part de leurs points de vues. La stratégie d'assistance à l'Afghanistan est donc d'abord centrée sur les besoins des bénéficiaires, et elle s'appuiera sur la participation de tous les acteurs impliqués, et les donateurs auront la possibilité de juger des actions et des résultats atteints, à travers la mise en place d'un système commun d'évaluation. Cependant la seule incertitude vient du niveau et de la qualité de la collaboration des autorités du pays.
Le peuple afghan n'a pas voulu la guerre, dont il a souffert, il n'est que l'otage d'une poignée de chefs de guerre et d'aventuriers. De ce fait, les Nations Unies, en s'acquittant de la mission qui leur est assignée, ne doivent pas abandonner ou négliger l'Afghanistan. Il faut assister la dernière génération de la population, qui n'a jamais eu la chance de recevoir une instruction et d'avoir une ouverture vers le vrai sens de la vie. Les jeunes Afghans, nés dans la guerre et n'ayant connu que la guerre, ne doivent pas être abandonnés à leur triste sort. Nous serons jugés aux résultats que nous aurons atteint sur le terrain.
Réponses aux questions des délégations
M. STRIPPOLI, Coordonnateur humanitaire pour l'Angola, a déclaré que le renforcement des capacités humaines est nécessaire au bon déroulement des opérations d'urgence. L'échange d'information entre les institutions de secours doit être renforcé.
Mme CRAVERO-KISTOSSERSON, Coordonnatrice/résidente humanitaire pour le Burundi, a dit que les arrangements internationaux concernant les personnes déplacées doivent être soigneusement étudiés. La coordination dans ce domaine est plus difficile à mettre en oeuvre que dans d'autres, car les institutions doivent produire des résultats immédiats. Elle a demandé aux pays donateurs de se montrer plus généreux à l'égard du Burundi, d'appuyer la reconstruction et de saisir les opportunités politiques qui se présentent aujourd'hui.
M. MARCO BORSETTI, Coordonnateur/résident humanitaire en Géorgie, a dit que dans ce pays, les organes d'aide ont réussi à mettre leurs programmes en oeuvre sans avoir une institution chef de file. Ce fait a sans doute favorisé une certaine flexibilité dans les programmes . Le travail dans ce pays a d'autre part eu la chance d'être soutenu financièrement par la communauté internationale au moment le plus opportun. La mission résidente pense qu'il faut renforcer ses effectifs en personnels locaux, ceci pour donner plus de polyvalence à ses actions et s'appuyer sur des expertises locales. La Géorgie est passée d'un principe d'appels communs à un principe d'élaboration des
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appels basé sur un mécanisme local structuré et coordonné bénéficiant du plein soutien du gouvernement de Géorgie, ce qui semble assurer plus de rapidité aux réponses qu'elle reçoit.
Mme LWANGA, Coordinatrice/résidente humanitaire pour la Sierra Leone, a affirmé que la Sierra Leone a bénéficié des compétences du personnel du Bureau de coordination des affaires humanitaires. Elle a souligné l'importance de la formation du personnel sur le terrain, mais aussi la nécessité d'assurer des conditions d'emploi et de salaire satisfaisants à ceux qui travaillent dans des situations difficiles.
Elle a estimé fondamental de lier les processus d'appels consolidés à d'autres mécanismes de financement. Pour ce qui est du processus de planification globale dans le pays, il faut aider le Gouvernement à mettre en place à la fois un mécanisme pour répondre aux urgences et une planification à long terme. L'attribution de la coordination à une seule personne ou une seule agence contribue à l'intégration des activités. En outre, la recherche de solutions à long terme permettrait une meilleure coordination des activités. La principale responsabilité est, en effet, d'aider la population à gérer les crises. Il faut qu'il y ait un effort honnête et délibéré d'aider les gouvernements locaux à assumer leurs responsabilités.
M. WITSCHI-CESTARI, Coordonnateur/résident humanitaire pour l'Afghanistan, a souligné le besoin de ressources et de savoir-faire. Trop souvent l'ONU et les ONG sont tributaires de leur expérience propre et doivent improviser. Le Coordonnateur/résident humanitaire a insisté sur l'importance d'une information parfaitement comprise en direction des populations concernées. Il a expliqué que le peuple afghan ne sait absolument pas ce qui se passe, et en particulier pourquoi la communauté internationale devrait ou ne devrait pas les aider. Une publication, tirée à 30.000 exemplaires, a été distribuée pour informer la population de la situation et des activités des agences humanitaires. Il a indiqué que le PNUD avait réalisé des analyses sur le niveau de la gestion des pouvoirs publics en Afghanistan. Il s'est demandé dans quelle mesure les efforts entrepris en vue de renforcer la capacité du Gouvernement afghan ne seraient pas utilisés pour la guerre. Pour M. Witschi-Cestari, il est important que la coordination en ce qui concerne les déplacés internes se fasse au niveau local, car chaque situation est différente. Il a estimé que ce n'était pas le moment de penser à une nouvelle agence pour les déplacés, étant donné le nombre d'agences qui existent déjà. Il a toutefois appuyé la création d'un point central pour l'Afghanistan au Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence. Face à la situation des personnes déplacées en Afghanistan (environ 2 millions de personnes), une équipe spéciale a été créée dont le secrétariat est assuré par le bureau du Coordonnateur/résident, en collaboration avec le CICR, le HCR et le PAM. La responsabilité des personnes déplacées est dans les mains des Nations Unies et il faut trouver une solution avec l'appui des donateurs. Pour le
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Coordonnateur/résident, même si les choses s'aggravent en Afghanistan, il est essentiel de maintenir une présence des Nations Unies et des autres agences humanitaires dans le pays.
Les appels consolidés doivent devenir un outil de programmation permettant d'évaluer à la fois ce que l'on peut faire et comment ils sont utilisés, a poursuivi M. Witschi-Cestari. L'appel consolidé exige une participation des donateurs. Il a souhaité davantage de prévisibilité dans les dons des donateurs afin de faciliter la programmation. Il importe de savoir combien d'argent est disponible, où se trouve cet argent et ce qu'il couvre.
Droit de réponse
Le représentant de l'Ouganda exerçant son droit de réponse a dit qu'un certain nombre de messages ont été transmis par les conférenciers concernant les tenants et les aboutissants des catastrophes naturelles et de qui peut être considéré comme tel. L'Ouganda a été accusé hier par la délégation d'un pays voisin d'avoir manqué une réunion du Conseil de sécurité sur la situation au sud du Soudan. Un véritable drame se déroule dans cette région, bien que le Soudan ne veuille pas qu'on en parle dans les arènes internationales. Ce qui se passe là-bas n'est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat de politiques mises en oeuvre par le gouvernement du Soudan. L'Ouganda lui-même est confronté aux exactions de l'Armée de libération du Seigneur, soutenue par le Soudan, et le mois dernier par exemple, huit enfants ougandais ont été immolés par le feu par ces bandes armées. Bien que le Soudan veuille jeter le voile sur ces faits, la communauté internationale n'est pas dupe de ce qui se passe.
Le représentant du Soudan a dit que sa délégation avait exercé un droit de réponse hier à la suite de la distribution dans la salle par la délégation ougandaise d'un document hostile à son pays. Il a dit que la délégation ougandaise avait violé le règlement intérieur qui régit le déroulement des travaux de la session de fond de l'ECOSOC. L'ambassadeur d'Ouganda a retardé les travaux de la session par son ignorance des règlements. Le contenu du document est un appel à la haine envers les Arabes et les Musulmans. Comment peut-on, dit le document, "accepter le nord arabisé imposant sa religion et sa loi sur le sud". Le Soudan met l'Ouganda au défi de prouver que la Charia a été imposée dans le sud du pays; la délégation ougandaise, en prenant la parole de façon inconsidérée devant la communauté internationale, est en train de mettre des obstacles au processus de réconciliation au Soudan.
Remarques de clôture de séance
M. DE MELLO (Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires) a noté qu'il a été reconnu par les délégués que les activités humanitaires sortent renforcées des réformes effectuées par le Secrétaire général. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires travaillera désormais plus
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étroitement avec le Groupe des Nations Unies pour le développement, et une réunion sera organisée au Siège la semaine prochaine pour examiner de manière détaillée toutes les suggestions faites dans le cadre de ce forum. Il a annoncé la création prochaine d'un poste d'"interlocuteur direct" qui permettra de recueillir de façon continue les avis émanant des institutions travaillant sur le terrain, a dit M. De Mello qui a ajouté que le Secrétaire général considérait aussi la création, auprès de l'Organisation de l'unité africaine,d'une petite représentation qui permettrait d'entretenir des contacts suivis et un dialogue permanent avec cette organisation pour les questions humanitaires.
Nous sommes aussi conscients qu'il faut développer des règles, des normes et des procédures qui nous permettront de mieux atteindre nos objectifs, et le Bureau de coordination des affaires humanitaires jouira sans doute de prérogatives et de règles particulières au sein du Secrétariat, le fonctionnement administratif global de celui-ci ne permettant pas de remplir comme il se doit les tâches qui nous sont assignées et le Secrétaire général partageant cette analyse, a dit M. De Mello.
D'autre part nous pensons faire des crimes contre les travailleurs humanitaires des infractions passibles des actions de la cour criminelle internationale. Le financement de l'assistance humanitaire, quant à lui, doit être révisé pour tenir compte réellement des besoins. Je pense que les donateurs, les ONG et toutes les institutions d'aide et de développement, doivent mieux et beaucoup plus intervenir en faveur des pays les plus affectés par les catastrophes et les conséquences de conflits, a poursuivi M. De Mello. On doit investir dans la paix et augmenter les financements destinés à la reconstruction et au redressement et les organes de l'ONU sont encouragés à travailler de plus près avec la Banque mondiale, qui doit jouer son rôle de Banque pour la reconstruction et le développement.
A propos du maintien et de la consolidation de la paix, il faut assurer la participation de toute la société aux mesures de reconstruction et lutter contre la culture de la haine. Les principales causes des conflits doivent être prises en compte et la participation des populations au redressement de leur propre pays doit être un souci permanent. M. De Mello a dit a avoir retenu que concernant la parité entre les sexes les délégations ont demandé qu'elle soit systématiquement et mieux intégrée dans les programmes et notamment dans les activités après les conflits.
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