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ECOSOC/410

DES MESURES DE RECONSTRUCTION A LONG TERME DOIVENT ETRE INTEGREES DES LE DEBUT DES OPERATIONS DE SECOURS DANS LES PAYS SINISTRES

15 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/410


DES MESURES DE RECONSTRUCTION A LONG TERME DOIVENT ETRE INTEGREES DES LE DEBUT DES OPERATIONS DE SECOURS DANS LES PAYS SINISTRES

19980715 Poursuivant son examen de l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, le Conseil économique et social a tenu, cet après-midi, sous forme de tables rondes, un dialogue officieux avec les chefs de secrétariat et les chefs adjoints du Comité permanent interorganisations et du Comité exécutif pour les affaires humanitaires.

Le Conseil a ainsi entendu les présentations des personnes suivantes : Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF); M. Olara Otunnu, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés; M. Dennis Mc Namara, Directeur de la Division de la protection au Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR); Mme Sylvie Junod du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mme Nafis Sadik, Secrétaire générale adjoint et Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP); Mme Elissavet Stamatopoulou du Bureau du Haut Commissaire pour les droits de l'homme; M. Gustave Speth, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD); Mme Catherine Bertini, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM); M. James Purcell, Directeur général de l'Organisation mondiale des migrations (OIM); M. Mark Malloch Brown, Banque mondiale; M. Fabrizio Bassani, Directeur de l'assistance sanitaire d'urgence de l'Organisaton mondiale de la santé (OMS); M. Bernard Miyet, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix; Mme Margareta Wahlstrom, Secrétaire générale adjoint pour les opérations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge; M. Jim Moody, Président d'Interaction; Mme Nina Sibal, UNESCO; et M. Joel McClellan, Secrétaire exécutif du Comité permanent de Réponse humanitaire.

Les participants ont mis l'accent sur la nécessité de mieux lier les phases des secours d'urgence et de l'assistance au développement, et de veiller dans la programmation de l'aide à intégrer dès le début des mesures de reconstruction à long terme. La réussite de ce type d'opération exige d'établir une relation de confiance tant avec le Gouvernement du pays concerné qu'avec la population civile. A cet égard, il a été souligné que les femmes étaient souvent les seuls interlocuteurs des acteurs humanitaires sur le terrain dans les situations de conflit.

Le Conseil poursuivra les travaux de sa session de fond pour 1998, demain, à partir de 10 heures. Toujours dans le cadre de la question relative à l'assistance économique spéciale, l'aide humanitaire et les secours en cas de catastrophe, il tiendra un dialogue officieux avec les coordonnateurs résidents.

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe : Dialogue officieux avec les chefs de secrétariat et les chefs adjoints du Comité permanent interorganisations et du Comité exécutif pour les affaires humanitaires

Table ronde

Présentations

Mme CAROL BELLAMY (Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance, UNICEF) a indiqué que les questions prioritaires pour les enfants, et surtout pour les filles, auxquelles l'UNICEF est traditionnellement confronté à savoir la santé, la malnutrition ou encore l'éducation, revêtent un caractère particulier d'urgence au niveau des pays. La réponse aux crises humanitaires se différencie de l'action quotidienne de l'UNICEF uniquement par la rapidité avec laquelle elle doit être apportée. Hormis cela, ce sont les mêmes principes humanitaires qui animent le travail d'assistance d'urgence et celui de l'UNICEF. La nécessité de l'assistance découle de conditions terribles et la communauté internationale se doit d'assurer que ceux qui soumettent les femmes et les enfants à des massacres et autres atrocités sont tenus responsables de leurs actes. L'UNICEF a pour sa part adopté une stratégie multiple de soulagement. Il est bien sur essentiel de disposer de ressources suffisantes, mais il faut aussi développer la coopération la plus large possible entre les institutions, a estimé Mme Bellamy. Le Comité international de la Croix Rouge (CICR) a certes un rôle fondamental à jouer pour répondre de manière urgente aux besoins des femmes et des enfants dans les conflits mais c'est l'ensemble du système des Nations Unies qui peut également agir dans ce domaine. L'UNICEF renforce actuellement sa coopération avec le Représentant spécial pour les enfants dans les conflits armés. La communauté internationale doit quant à elle assurer des normes de protection en faveur des enfants. Les activités ne doivent pas se limiter à l'assistance d'urgence mais également inclure des efforts de reconstruction et de prévention des conflits. L'UNICEF apporte une attention particulière à l'élimination des mines terrestres et grâce à l'appui manifesté par la communauté internationale pour la Convention des droits de l'enfant, le Fonds a également été en mesure de développer des activités spécifiques qui s'attachent à assurer une protection particulière aux enfants. Il reste encore beaucoup à faire, et le système des Nations Unies doit renforcer ses efforts, toutefois aucun progrès significatif ne pourra être enregistré sans l'appui moral et politique infaillible de la communauté internationale, a conclu Mme Bellamy.

M. OLARA OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés, a estimé que l'on se trouve face à une crise de valeurs et une crise d'actions à deux niveaux. Les plus grandes souffrances infligées aux femmes et aux enfants résultent de la transformation de la nature des guerres et de la manière dont elles sont menées. Les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants, sont devenues

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des cibles dans de nombreux conflits. Les enfants sont, en outre, recrutés comme soldats et sont les premières victimes des mines. Les normes internationales mises au point dans ce domaine sont régulièrement foulées au pied, alors que les valeurs locales ont été abandonnées. On assiste aujourd'hui à un vide éthique, les traditions locales n'étant plus respectées.

Face à cette situation, il y a, selon M. Otunnu, cinq défis à relever. Le premier résulte du gouffre croissant entre les conventions existantes (Conventions de Genève et son Protocole, Convention relative aux droits de l'enfant, et instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme) et leur non respect sur le terrain. A cet égard, la question est de savoir si la communauté internationale est disposée à peser de tout son poids pour assurer le respect de ces normes et la protection des femmes et des enfants dans le contexte de la guerre. Il faut également voir les initiatives qui peuvent être prises pour mieux protéger les enfants et la population civile. A cet égard, il importe d'examiner les questions d'accès, de voir comment empêcher le recrutement et l'utilisation des enfants dans les forces armées, et d'envisager des mesures pour restreindre le flux d'armes légères dans les zones de conflit. Il existait auparavant sur le terrain un ensemble de valeurs qui assuraient la protection des groupes vulnérables, et en particulier des enfants, et comprenaient des interdictions et des tabous. La tragédie aujourd'hui est que ces traditions locales ne sont plus respectées. Face à une situation qui ne connaît plus sans aucune restriction, il faut renforcer les familles, et les institutions religieuses et autres qui protègent des enfants et peuvent assurer la transmission des valeurs morales. Ces efforts doivent être appuyés par la communauté internationale.

Après la guerre, les problèmes ne sont pas pour autant terminés pour les enfants. Il y a ce que l'on appelle la crise des jeunes : les enfants, en particulier les enfants soldats, sont déconnectés de leur réseau d'appui. Les responsables de la reconstruction du pays doivent donc faire en sorte que la situation des enfants soit une préoccupation fondamentale. Enfin, il faut non seulement rétablir la paix, mais aussi empêcher la résurgence du conflit. Rétablir la paix dans une société ne signifie pas revenir au statu quo mais établir des conditions qui empêchent la résurgence du conflit. On se trouve, en effet, généralement dans une situation où une grande partie de la population est marginalisée. C'est pourquoi, il faut utiliser toutes les ressources nationales et internationales, humaines, économiques et politiques pour la reconstruction après les conflits.

Le défi aujourd'hui est de combler le gouffre entre les paroles et les conditions sur le terrain, et créer un climat social international dans lequel il sera intolérable de s'attaquer aux femmes et aux enfants. Toutefois, a souligné M. Otunnu, face à tant de souffrances, le risque est de banaliser le non-respect des normes internationales. Il a conclu en souhaitant que le respect des droits et du bien-être des enfants devienne un objectif commun.

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M. DENNIS Mc NAMARA (Directeur de la division pour la protection internationale du Haut Commissariat pour les réfugiés) a déclaré que le but premier des principes humanitaires est de fournir une protection aux victimes, et le HCR promeut ces principes conçus pour améliorer le bien-être de la population civile, souvent dans des situations de conflits. Mais en même temps, le HCR pense qu'il est important de reconnaître que la protection totale des civils dans ce genre de circonstances fait appel aux principes plus larges du droit humanitaire international, des droits de l'homme, et dans certains cas, du droit des réfugiés. Il est important de souligner cette dimension, car bien qu'il y ait eu des progrès reconnus dans la coordination de l'assistance humanitaire au cours des dernières années, les plus grands défis se sont posés dans le domaine de la protection des civils, y compris le personnel humanitaire civil. Il est par conséquence important que les principes agréés pour la mise en oeuvre de l'action humanitaire, qui sont les règles de base auxquelles se réfère le rapport du Secrétaire général, tiennent compte de ces éléments.

Les engagements verbaux envers les principes du droit international humanitaire, des droits de l'homme et des droits des réfugiés doivent se traduire en soutien politique concret et tangible de la part des Etats, si l'on veut espérer faire de réels progrès dans ce domaine. La prévention et la résolution des crises humanitaires dépend du respect international envers les règles du droit et l'acceptation de la responsabilité des Etats. Comme on l'a observé de façon tragique, le refus de respecter les principes de la protection des réfugiés au cours des deux dernières années s'est soldé par de brutales explosions et des attaques contre des centaines de milliers de réfugiés, dont la plupart étaient des femmes et des enfants. Des problèmes auraient pu être évités si les Etats avaient soutenu les principes établis de manière plus décisive. Par exemple, les camps de réfugiés auraient dû être situés à bonne distance des frontières, et le caractère civil des lotissements de réfugiés aurait dû être préservé en les débarrassant des éléments armés et des auteurs de crimes contre l'humanité qui auraient dû être transférés devant la justice.

Mme SYLVIE JUNOD (Comité international de la Croix Rouge (CICR)) a déclaré qu'il ne fait aucun doute que l'assistance et la protection sont des questions liées. Toute action peut et doit s'adapter à la barbarie mais pas les règles et aucune violation ne peut à cet égard être tolérée à moins de risquer l'effondrement de l'ensemble du système humanitaire international, a affirmé Mme Junod. L'effondrement des structures à l'intérieur des Etats posent de graves problèmes. Ainsi les gouvernements ont souvent tendance à nier l'existence même d'un conflit sur leur territoire. Or, au regard du droit humanitaire international les acteurs appartenant à un Etat qui s'est effondré doivent respecter les principes du droit humanitaire international. Est-il nécessaire de réviser ou d'adapter ce droit? De l'avis du CICR, il faut en premier lieu déterminer si les violations qui perdurent peuvent être attribuées à des lacunes de ce droit, ce qui amène la question de la prévention. Trois types d'action complémentaires peuvent être prises en

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matière de prévention. Il s'agit tout d'abord de la divulgation du droit humanitaire international, particulièrement par le biais de l'enseignement, qui pourrait notamment être inclus dans l'enseignement militaire. Un effort important est donc mis en oeuvre par le CICR pour renforcer le dialogue avec les forces militaires. Le deuxième domaine d'action relève des mesures nationales. Les Etats doivent adopter les mesures législatives prévoyant des sanctions particulières dans les cas de violations des droits de l'homme. A cet effet, le CICR a mis en place un système de conseil aux pays. Le troisième champ d'action est la répression des violations, même si c'est essentiellement au niveau national que cette question peut être traitée, a reconnu Mme Junod. Toutefois le droit international peut compléter les lacunes nationales et il est donc fondamental que la communauté internationale parvienne cette semaine à Rome à un accord sur la création d'une cour criminelle internationale. La volonté réelle de respecter le droit international de la part des Etats est essentielle aux efforts humanitaires des institutions. La prochaine célébration du cinquantenaire de l'adoption des Conventions de Genève et de la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge devrait être l'occasion de réaffirmer les principes de base du droit humanitaire internationale; et leur reconnaissance universelle, d'examiner de nouveau la possible amélioration de ce droit et d'établir un programme d'action visant à renforcer le respect et à assurer la mise en oeuvre du droit.

Mme NAFIS SADIK, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré qu'à la suite de la conférence mondiale sur la population et le développement qui s'est tenue en 1994, le FNUAP s'était efforcé d'accroître son soutien à la promotion et à la protection de la santé reproductive et des droits des réfugiés et des personnes déplacées, dont la majorité sont des femmes et des enfants. Les femmes et les adolescentes réfugiées et les personnes déplacées font face, en effet, à des problèmes spécifiques de protection et de santé, comme la violence et l'exploitation sexuelle, comme ce fut le cas en Bosnie et au Rwanda. Bien que n'étant pas une organisation de première ligne dans le contexte de l'aide humanitaire, le FNUAP collobore avec les institutions spécialisées de l'ONU sur ces questions particulières. Le FNUAP prend part en tant qu'observateur au Comité permanent interorganisations pour l'aide humanitaire et travaille avec le HCR, l'OMS, l'UNICEF, et des organisations non gouvernementales dans le domaine de la santé reproductive. Il participe, en outre, à de nombreuses missions en cas de situations d'urgence, comme ce fut le cas en Bosnie, en République démocratique du Congo, en Côte d'Ivoire, au Kenya, au Liban, au Soudan, en Tanzanie et en Ouganda. Le principal objectif du FNUAP lors de ces missions est d'évaluer les besoins et d'assurer l'accès des populations vulnérables à des services de santé en matière de reproduction. Des produits de première nécessité en matière de santé reproductive ont, en outre, été distribués pour la première fois aux victimes du tremblement de terre en Afghanistan en mai dernier et un manuel sur ces questions sera publié à la fin de cette année.

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Mme Sadik a jugé impératif que le personnel humanitaire soit pleinement conscient de ce qui existe et de ce qui peut être fourni. A cet égard, elle a souligné la nécessité de mettre à la disposition des femmes victimes de viols la contraception post-coïtale en vue d'éviter des grossesses non désirées. Elle a annoncé que le FNUAP organiserait en novembre prochain une réunion technique sur la santé reproductive dans les situations d'urgence pour tirer les leçons des expériences accumulées au niveau des pays, d'identifier les obstacles et d'élaborer des actions en vue de fournir une aide durable et systématique dans les situations de crise. La réunion s'efforcera, en outre, d'aider les pays à mettre en oeuvre des programmes plus efficaces pour répondre aux besoins spécifiques des réfugiés et des personnes déplacées, avec une attention particulières aux besoins et à la sécurité physique des femmes et des adolescents. Il faut que les Nations Unies et tous les partenaires renforcent leurs capacités à fournir toute assistance quelle qu'elle soit et lient davantage l'aide humanitaire et l'aide pour le développement.

Mme ELISSAVET STAMATOPOULOU (Bureau du Haut Commissaire pour les droits de l'homme) a estimé que la prévention contre les violations des droits de l'homme n'a pas seulement une dimension morale mais permet dans de nombreux cas de s'attaquer aux causes des conflits potentiels à la racine et de mettre en place les forces nécessaires pour empêcher ou mettre fin à des hostilités. Les conflits, qu'ils soient raciaux, ethniques, religieux ou politiques, sont la cause la plus fréquente des catastrophes humanitaires. Or, il faut prendre conscience que les tragédies telles celle du Rwanda ou du l'ex-Yougoslavie ne pourront jamais être corrigées. La démarche de réaction doit donc être remplacée par une démarche de prévention, passant notamment par l'éducation. De nombreux programmes d'assistance humanitaire ou en matière de droits de l'homme ont les mêmes objectifs. La richesse d'informations à disposition devrait renforcer la capacité de réaction rapide des Nations Unies et permettre de réorienter les actions vers les besoins de l'individu, a estimé Mme Stamatopoulou. Le programme mis en place en matière de droits de l'homme peut donc tirer partie de l'expérience des activités humanitaires. il est en outre important que les fonctionnaires du système soient formés sur les questions des droits de l'homme et des problèmes humanitaires si l'on veut qu'ils soient plus efficaces encore.

Le Bureau du Haut Commissaire pour les droits de l'homme est en train de mettre au point un programme mondial pour les personnes déplacées dans le cadre de la coopération technique et du renforcement des capacités nationales. Tout en soutenant l'action du représentant spécial pour les personnes déplacées, le Bureau du Haut Commissaire aux droits de l'homme assume des responsabilités propres en analysant et traduisant dans plusieurs langues les normes juridiques relatives aux personnes déplacées, et en menant des activités d'éducation et de formation aux niveaux national ou régional.

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Echanges de vues

Le représentant de l'Autriche a demandé des précisions quant à la démarche adoptée concrètement sur le terrain par les diverses institutions.

Le représentant du Japon a demandé si au sein du Comité permanent interorganisations, des efforts étaient entrepris en vue de développer une stratégie commune en faveur des femmes et des enfants dans les situations de conflit. Envisage-t-on, par ailleurs, de prendre des mesures en vue de mieux assurer la sécurité et la protection du personnel humanitaire? Tout en soulignant l'importance de l'approche "cadre stratégique" visant à corriger le hiatus entre la phase recours et la phase développement, le représentant a souligné la nécessité de tenir compte de la légitimité du Gouvernement en place lorsque des mesures sont prises tant dans des situations de conflit que d'après le conflit.

Répondant aux questions posées, Mme BELLAMY (UNICEF) a indiqué que pour l'instant on en est encore au stade de la concertation au sujet d'une démarche fondée sur le droit et non encore de l'application. L'assistance humanitaire a pour objectif de parvenir aux personnes les plus vulnérables sur le terrain. Pour ce faire, les actions ne sont pas seulement verticales, elles s'étendent à l'ensemble du système car toutes les questions sont liées. Ainsi les personnes déplacées ont aussi des besoins en éducation, par exemple. En ce qui concerne la perspective de développement, Mme Bellamy a rappelé l'existence du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement. Elle a ajouté que pour l'heure c'est la stratégie d'assistance appliquée en Afghanistan et fondée sur le droit qui donne l'exemple.

M. OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants dans les conflits armés a déclaré que quelles que soient les initiatives sur le terrain il faut qu'elles soient pleinement appuyées par la communauté internationale. On a encore souvent l'impression que des entités sur le terrain demeurent étanches à l'influence de la communauté internationale, or avec l'interdépendance croissante qui caractérise le monde actuel cette situation est de moins en moins vraie, ce qui joue en faveur du droit humanitaire. Il a insisté pour que lorsqu'un nouveau mandat en matière de maintien de la paix est sur le point d'être élaboré la protection des enfants soit prise véritablement en compte.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, a indiqué qu'il n'y a pas encore de stratégie d'ensemble pour protéger les femmes et les enfants dans les conflits, toutefois la question du traitement des individus est prise en compte de manière systématique.

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Table ronde

Présentations

M. JAMES GUSTAVE SPETH, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que dès 1995, une Division de réaction rapide avait été créée au sein du PNUD en vue d'assurer des "ponts" entre les secours et les activités de développement. Aujourd'hui, de nombreux "ponts" existent, avec plus de 160 programmes concernant la démobilisation des ex- combattants, des actions globales de déminage, le retour et la réintégration durables des communautés déplacées, et la restauration des institutions de base. Nombre de ces programmes ont été élaborés grâce aux efforts multiinstitutions avec un financement multilatéral. Un fonds d'affectation spécial pour le développement social durable, la paix et l'aide aux pays dans des situations spéciales a, en outre, été créé. On a aussi étendu le processus de levée de fonds consolidés aux premiers stades de la reconstruction. La réponse des donateurs a toutefois été plutôt décevante. Le PNUD s'est aussi efforcé de devenir un meilleur partenaire de développement du Coordonnateur pour les secours d'urgence et des agences humanitaires. De nouveaux accords de coopération ont été conclus avec des acteurs humanitaires clés. Des unités de secours et de développement conjointes ont été mises en place dans la région des Grands Lacs en Afrique centrale. On s'est en outre efforcé de renforcer le système des Coordonnateurs résidents et l'absorption par celui-ci des responsabilités de la coordination humanitaire semble être la voie à suivre.

Les leçons tirées de l'expérience acquise montrent que l'assistance pour le développement n'est pas seulement le renforcement d'une société. Elle doit commencer pendant la crise pour que les objectifs puissent être atteints. L'aide doit arriver plus rapidement et il importe également d'obtenir une masse critique. Les secours devraient aussi avoir pour effet de permettre à la société de renforcer les mécanismes qui lui permettent de faire face aux situations de crise. Les relations régionales doivent être renforcées et les potentiels à ce niveau mieux exploités. Il faut donner la priorité au renforcement des capacités du Gouvernement et de la société civile. Il est important que tous les donateurs participent aux entreprises communes. La réduction des effets des catastrophes naturelles doit être prise en considération. Les ressources pour le développement et l'aide humanitaire doivent être planifiées et programmées afin de promouvoir la coordination et les synergies, en utilisant les stratégies des UNDAF. L'aide publique au développement est en chute libre alors que l'on en a plus besoin que jamais, a souligné M. Speth. Il faut développer un mécanisme mondial de prévention des crises et forger un nouvel esprit de partenariat pour formuler des approches stratégiques qui jettent des bases durables pour la reconstruction et le développement des pays qui sortent de conflits. Les défis sont considérables, mais vous les Etats Membres êtes les seuls à pouvoir donner les directives à cet égard, a-t-il conclu

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Mme CATHERINE BERTINI (Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial) a relevé le conflit inhérent qui existe entre la perspective à court terme du secours, visant à sauver des vies, et celle à long terme de l'élimination de la pauvreté. Il est fondamental de faire les bons choix dès le départ quant aux activités à entreprendre. Il faut en premier lieu faire valoir les principes de la Charte des Nations Unies, notamment quant il s'agit des droits de l'homme et de l'égalité entre les individus. Il faut aussi trouver les personnes avec lesquelles on peut travailler dans les pays en situation de conflit. La communauté concernée doit participer à la prise de décision et à la mise en place des actions pour assurer le passage au développement et à la réhabilitation. Il faut faire en sorte que quelles que soient les cibles, les personnes les plus vulnérables soient les premières bénéficiaires. Les femmes jouent un rôle fondamental pour le succès des activités de développement et des actions d'urgence; elles sont souvent en effet les seules interlocutrices présentes dans les villages dans les cas de conflit. La communauté internationale a, quant à elle, pour responsabilité également d'avoir les bonnes personnes au bon endroit et au bon moment; le choix des représentants de la communauté internationale est donc très important. Par ailleurs,il est impératif que la sécurité des personnels du système soit assurée. A cet égard, Mme Bertini a rappelé qu'au cours des 18 derniers mois, 11 fonctionnaires du PAM ont péri dans l'exercice de leurs fonctions. La création d'infrastructures dans le pays est un autre point essentiel à considérer. Le financement pour le redressement et la reconstruction est un problème permanent. Les besoins sont imprévisibles, ce qui rend encore plus indispensable la possibilité de disposer de ressources sûres, a fait observer la directrice du PAM. Enfin, les Etats membres doivent envoyer, par le biais de l'ECOSOC notamment, des messages et des principes directeurs cohérents aux institutions du système.

M. JAMES PURCELL, Directeur-général de l'Organisation mondiale pour les migrations (OIM), a indiqué que de nombreuses lacunes et problèmes avaient été identifiés et des progrès réalisés par l'OIM, notamment sur le terrain. Il a rappelé que l'OIM a un statut d'institution associée. M. Purcell a souligné la nécessité de renforcer le rôle du Coordonnateur résident et du Coordonnateur des secours d'urgence. A l'OIM, on s'efforce d'éliminer la bureaucratie pour accélérer l'octroi de l'aide. L'Organisation a une longue expérience en ce qui concerne l'aide aux personnes qui fuient leur région pour se rendre dans des pays voisins à la suite de conflits, a-t-il affirmé. Partant, il a suggéré la tenue de réunions de haut niveau pour développer des approches communes, comme ce fut le cas pour l'ex-Yougoslavie. La démobilisation est l'un des facteurs qui doit être examiné en priorité en cas de crise. Il s'agit d'un domaine où nous avons une grande expérience, a-t-il affirmé. Aujourd'hui, il faudrait pouvoir en tirer parti et, comme il faudrait aussi lier la démobilisation au processus de désarmement et de réintégration. Le processus de réconciliation doit également faire partie intégrante des programmes de redressement dès le départ. Pour l'OIM, le fossé

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est réel entre les besoins et les ressources disponibles et il est nécessaire de revoir les mécanismes de financement. Ainsi, l'OIM est, pour sa part, sur le point de retirer certaines de ses forces par manque de ressources.

M. FABRIZIO BASSANI (Directeur des actions humanitaires d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé) a déclaré que l'OMS, qui a pour mandat d'assister les Etats Membres à protéger la santé de leurs citoyens focalise son action sur le développement et la réhabilitation et la guérison. L'OMS fait un effort spécial pour fournir une assistance efficace en matière de santé aux pays sortant de conflits dévastateurs, de manière qu'ils puissent retrouver le chemin du développement aussi vite que possible. Au vu de la complexité et de la longueur des conflits modernes et des transitions post- conflits, il est devenu clair que les problèmes auxquels il faut faire face après les conflits sont liés non seulement aux conséquences du conflit, mais aussi aux réponses mal conçues à la fois par les organismes de secours et par les agences de développement pendant les crises. Il est aussi devenu évident que l'introduction d'approches orientées vers le développement dans le domaine de la santé, peut avoir un impact positif non seulement sur les besoins à long terme, mais aussi à court terme.

L'objectif de l'OMS est de contribuer à des réponses plus stratégiques aux cas d'urgence complexes, de manière à protéger la santé de la population et en même temps à favoriser le développement de services et de systèmes de santé efficaces, justes et durables. A cette fin, l'OMS a organisé le mois dernier une réunion à Genève, en compagnie d'un nombre slectionné d'agences d'aide bilatérale, des Nations Unies et d'organisations non gouvernementales, en vue de s'accorder sur des lignes directives dans ce domaine. Ces principes sont actuellement étudiés dans trois pays: le Libéria, l'Angola, et le Cambodge. A la fin de cette étude, l'OMS espère agir de plusieurs façons : présenter un cadre-programme pour la préparation d'interventions efficaces après les crises; promouvoir une meilleure compréhension du contexte dynamique d'une crise complexe, spécialement dans sa relation avec la santé et les sytèmes de santé; mettre à la disposition de ses partenaires un ensemble de principes directeurs génériques pour leurs réponses aux situations d'urgence, d'une manière qui introduise une base solide orientée vers le développement et sans sacrifier les impératifs humanitaires; et contribuer à des transitions d'après-conflits plus douces et au développement durable.

M. HOWARD HJORT, ancien Directeur général adjoint de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a estimé que la création du Comité permanent interorganisations (IASC) fournit un cadre permettant aux institutions pertinentes du système des Nations Unies de collaborer pour la planification et la fourniture de l'aide humanitaire. Néanmoins, c'est la participation des organisations ne faisant pas partie du système des Nations Unies au travail de l'IASC qui a fait du Comité permanent un organe exceptionnel. Ces organisations jouent un rôle essentiel pour la fourniture de l'aide humanitaire. Le partage de leur expérience avec leur partenaires des Nations Unies a également contribué de façon importante à

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modifier les modalités de la fourniture de l'aide humanitaire. Toutefois, ces améliorations seront utiles si l'on n'est pas en mesure de mettre en oeuvre les programmes prévus en raison de ressources financières inadéquates. Le représentant a évoqué le rapport du Secrétaire général qui fait état de la baisse du financement de l'aide humanitaire. Ce rapport évoque également la réponse décevante des donateur à l'introduction de la programmation des programmes de réhabilitation et de reconstruction dans le processus des appels consolidés, la déformation des processus d'établissement des priorités et le fossé dangereux qui s'est créé entre la phase de secours et la phase de développement des programmes d'aide. Nous engageons l'ECOSOC à soutenir la proposition du Secrétaire général de réévaluer le financement de l'aide humanitaire, a indiqué le représentant. Le représentant a suggéré d'ouvrir le Comité permanent interorganisations à des organes comme la Banque mondiale et le Fonds international pour le développement agricole? Est-ce que les donateurs ne pourraient-ils pas faire montre de flexibilité dans la redistribution des ressources pour garantir le financement des activités les plus urgentes et les plus rentables? N'est-il pas possible de réduire le coût de l'aide humanitaire en intégrant davantage la reconstruction et la réhabilitation dans les projets d'assistance humanitaire?.

Le représentant a rappelé que la FAO accorde une importance particulière au partenariat avec les institutions du Comité permanent et notamment la Programme alimentaire mondial, la Banque mondiale, le Fonds international pour le développement agricole et les institutions financières régionales. La FAO, a ajouté le représentant, considère l'aide humanitaire comme faisant partie intégrante de son mandat. Ses principales formes d'interventions consistent en une évaluation des besoins, la fourniture de matériel agricole et d'une aide technique pour la gestion et la planification du processus de réhabilitation durable et la réhabilitation des systèmes de production ruraux. La FAO est donc impliquée à tous les stades du noyau humanitaire\développement.

M. MARK MALLOCH BROWN (Banque mondiale), rappelant que plus de 40 pays sont en train de vivre des conflits majeurs, a déclaré que, plus que jamais, les conflits et la pauvreté sont inextricablement liés. L'accès inégal aux ressources productives telles que la terre, le capital et les services de base peuvent enflammer d'autres tensions sociales et ethniques. Ces tensions se trouvent exacerbées dans des pays où le gouvernement est soit trop faible, soit trop corrompu pour y faire face de manière équitable et efficace. Par conséquent, le lien étroit entre les stratégies de développement et la construction de la paix apparaît comme évident.

M. Malloch Brown considère que la construction d'une paix durable dépend de la création de conditions favorables à un développement stable et que la Banque mondiale, en collaboration avec ses partenaires des Nations Unies et de la société civile, joue un rôle significatif pour aider à créer ces conditions. Il a souligné que 17% du montant total des crédits alloués par la Banque mondiale et prés de 25% des crédits de l'Association internationale de

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développement (IDA) vont aux pays en situation post-conflit, ce qui traduit l'importance que la Banque accorde à la réduction de la pauvreté dans les stratégies après les conflits.

La Banque est également consciente de l'aspect préventif des opérations de développement. Dans ce cadre, les stratégies d'assistance aux pays comprennent désormais une analyse des causes et conséquences de la violence. M. Malloch Brown a déclaré que toute stratégie de développement économique et social dans un pays sortant d'un conflit doit refléter les origines du conflit initial, et les obstacles à son règlement, ce qui nécessite une meilleure compréhension et appréciation des développements en cours dans le pays. Pour ce qui est des engagements de la Banque dans les situations après les conflits, un nouvel instrument mis en place pour suivre et analyser l'évolution des situations de conflit lorsque aucune action n'est possible, les "Watching Brief", a été introduit. De plus, une "Unité de l'action après les conflits" (PCU)" a été créée en juillet 1997, au sein du Département du développement social, pour mettre en place les capacités de réponse rapide aux besoins des opérations de reconstruction de la Banque mondiale. Cette unité est également le secrétariat du nouveau Fonds de l'action après les conflits qui est financé à hauteur de $8 millions par an par les excédents de la BIRD.

La Banque étudie également la question de l'allégement de la dette après les conflits, partant du constat que le poids de la guerre ne peut être remplacé par le poids de la dette dans les pays qui émergent d'un conflit. M. Malloch Brown a insisté sur l'importance pour la coordination entre les organisations humanitaires entre le moment de la cessation des combats et le début possible de la reconstruction et du développement. La communauté internationale peut jouer un rôle important pour arriver à une paix durable en veillant à ce qu'il y ait une séparation claire des tâches entre les organisations de maintien de la paix et les organisations de développement. M. Malloch Brown considère qu'il existe un partenariat séquentiel, d'abord le maintien de la paix, puis le développement, mais pour que la passation se fasse dans le calme entre les institutions humanitaires et de maintien de la paix et les institutions de développement et les institutions politiques nationales, il faut qu'il y ait un engagement ferme et une vision commune interinstitutions de la paix.

Echange de vues

La représentante de la Norvège a posé une question sur la coordination entre les institutions spécialisées des Nations Unies et les institutions financières internationales. Elle a estimé que la coopération entre ces différentes entités est nécessaire le plus tôt possible, car chacune a des avantages comparatifs qu'il faut utiliser. Tous les bailleurs de fonds au niveau des pays devraient devenir partenaires pour apporter l'assistance dans le cadre d'un plan-commun et d'une stratégie communs.

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Le représentant de l'Italie a déclaré que l'aide à accorder aux enfants victimes des guerres est une composante fondamentale de tout programme de reconstruction des pays. Il a demandé à savoir dans quelle mesure les institutions des Nations Unies coordonnent leurs activités à cet égard ainsi qu'avec le représentant spécial pour les enfants dans les conflits armés, qui dispose d'une connaissance particulière.

La représentante de la France, soulignant le fait que peu d'organisations s'occupent à la fois d'aide humanitaire et de développement, a demandé s'il y a dans le cadre du Comité exécutif pour l'assistance humanitaire et du Comité exécutif pour le développement, une coordination et une réflexion communes.

Le représentant de la République de Corée a demandé des précisions sur les rôles respectifs du Coordonnateur résident et du Coordonnateur des secours humanitaires.

Le représentant de l'Autriche a souhaité recevoir davantage de détails sur la question de la coordination entre les institutions financières internationales et les institutions spécialisées sur le terrain. Quelles procédures existent sur le terrain pour assurer la transition des secours au développement? Il a demandé des précisions sur la question de l'harmonisation des appels de fonds en vue de faire face aux situations d'urgence.

Répondant aux commentaires et questions des délégations, l'Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, M. SPETH, a indiqué que la plate-forme commune comprenait le Coordonnateur résident. Il s'agit d'un système commun pour les entités des Nations Unies qui doit fournir le point de départ de l'intervention des institutions financières internationales mais aussi des donateurs bilatéraux. L'un des outils clés pour l'aide à la reconstruction sont les tables rondes et les mécanismes consultatifs. Il est important de voir comment appuyer ces processus dans l'intérêt des populations des pays concernés. M. Speth a estimé que le redressement d'un pays n'exige pas seulement la fourniture de matériel, mais que le redressement psychologique est tout aussi important et doit être coordonné et inclus dans les efforts globaux. Il faut renforcer le rôle du Coordonnateur humanitaire pour qu'il soit inclus dans cette stratégie. Il est également essentiel de faire davantage dans le domaine des catastrophes naturelles, a-t-il souligné, en rappelant que les responsabilités, dans ce type de situations, avaient été transférées au PNUD.

Le représentant de la Colombie a demandé à obtenir plus de détails sur l'assistance stratégique de pays mise en place par la Banque mondiale. Peut-elle s'inscrire dans le cadre des politiques de reconstruction après les conflits?

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M. PURCELL de l'OMI a indiqué que de nouveaux progrès peuvent être réalisés dans le domaine de l'appel des fonds. L'OMI est particulièrement sensible aux demandes des donateurs.

M. MALLOCH BROWN de la Banque Mondiale a indiqué que dans le cas de la Colombie et à la demande du gouvernement l'accent a été placé sur la lutte contre la violence. La Banque utilise ses meilleures ressources pour un problème particulier. Dans le cas de la violence, les connaissances et l'expérience de la Banque sont concentrées dans son unité de l'action après les conflits. Pour les institutions financières internationales, les besoins des pays clients sont l'élément le plus important. Chaque pays peut ensuite choisir les instruments de coordination. Il est fondamental que quel que soit le système choisi, les informations soient parfaitement partagées pour garantir une bonne coordination.

La Directrice exécutive du PAM, Mme BERTINI, a donné l'assurance que les institutions coordonnent leurs activités également en faveur des enfants. Il n'y a pas cependant de coordination avec M. Otunnu au niveau des activités opérationnelles.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. DE MELLO, a expliqué que son Bureau va essayer d'améliorer la coordination et la complémentarité entre le système de l'ONU et les institutions financières internationales, notamment la Banque mondiale et le FMI. Il a estimé que les consultations individuelles par pays sont nettement préférables. La question de la transition du secours à la reconstruction est discutée entre les différentes entités concernées, même si c'est sur le terrain que la question est traitée de la manière la plus efficace. Les coordonnateurs humanitaires ont à la fois beaucoup d'autorité, de responsabilités et de souplesse, a-t-il également affirmé.

Table ronde

Présentations

M. BERNARD MIYET, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, abordant la question du déminage, a indiqué que ces activités se déroulaient en étroite collaboration avec les agences humanitaires, notamment pour ce qui est de l'évaluation des besoins et des moyens à fournir aux pays. Une série d'évaluations vont avoir lieu cet été sur les situations en Afrique et en Amérique latine. Les réformes entreprises par le Secrétaire général ont déjà permis par l'établissement des Comités exécutifs d'aborder des questions d'intérêt commun de manière prospective et approfondie, a estimé M. Miyet. A New York, l'existence d'équipes spéciales pour chaque opération de maintien de la paix permet de travailler avec l'ensemble des partenaires humanitaires et des institutions présentes dans les pays concernés. On s'efforce, en outre, d'examiner de manière périodique et régulière l'ensemble des problèmes avec les institutions humanitaires, les agences de développement et les divers

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départements intéressés. Sur le terrain, la réforme a donné au Représentant spécial un rôle de coordinateur, ce qui a contribué à réduire les difficultés rencontrées dans le passé en permettant à chacun de pouvoir mieux se parler et se comprendre, tant entre militaires et civils, qu'entre travailleurs humanitaires et responsables politiques.

Pour M. Miyet, il faut faire en sorte qu'à tous les maillons de la chaîne, de la diplomatie préventive jusqu'à la reconstruction, toutes les composantes soient intégrées. Il importe aussi d'être en mesure d'anticiper afin de pouvoir s'épauler les uns les autres. Il faut que le sentiment existe sur le terrain qu'il y a la volonté de mettre en place une opération de maintien de la paix efficace et d'aboutir à la paix.

L'établissement de relations de confiance avec le Gouvernement du pays et la société civile constitue le meilleur moyen d'agir à long terme. En outre, une opération de maintien de la paix n'a de chance de réussir que si des progrès sont accomplis dans tous les domaines. Si tous les moyens ne sont pas mobilisés en même temps, on avance difficilement. Abordant la question de la sécurité du personnel humanitaire, M. Miyet a estimé qu'il n'y avait pas jusqu'à présent de réponse positive à ce sujet. Après les tâtonnements qui ont marqué les actions en Bosnie et en Somalie, où l'on a voulu faire un mélange d'humanitaire et de militaire, on assiste aujourd'hui à une situation de repli. Les difficultés s'amoncellent et la tentation existe pour les institutions humanitaires d'assurer elles-mêmes la sécurité de leur personnel. Or, s'ils le font, leur neutralité risque d'être mise en cause par les parties. Le Secrétaire général adjoint a indiqué qu'un débat était en cours sur cette question avec le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Sadako Ogata. On s'efforcera de trouver une solution dans le cadre des objectifs propres aux opérations de maintien de la paix et aux objectifs humanitaires, a-t-il assuré.

Mme MARGARETA WAHLSTROM (Secrétaire générale adjointe aux opérations de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge) a rappelé que depuis 10 ou 15 ans la communauté internationale concentre ses efforts sur des catastrophes complexes, or il est clair que l'assistance humanitaire ne se limite pas à cela et que les victimes de catastrophes naturelles notamment doivent aussi retenir l'attention. Ces dernières années, le profil des victimes s'est considérablement modifié et par exemple, il y a de plus en plus de personnes vulnérables dans les villes. La communauté humanitaire internationale doit aujourd'hui consacrer davantage d'énergie aux catastrophes naturelles. Ainsi les efforts déployés pour combattre les effets néfastes de El Niño sont tout à fait insuffisants comparés au montant des dommages. Les ressources financières disponibles aussi bien que l'aide en nature sont en diminution. Il faut commencer à considérer les catastrophes naturelles avec la même attention que l'on accorde aux conflits armés. L'assistance humanitaire ne porte en effet que sur le

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soulagement à très court terme lors de ces catastrophes. Dans les 10 prochaines années, il faudra donc s'attaquer aux conséquences réelles de ces catastrophes.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge a pleinement conscience de la nécessité de coordonner les activités humanitaires et pour cela tous les acteurs humanitaires doivent avoir des objectifs communs et une base opérationnelle commune. La qualité du travail réalisé doit être améliorée et pour ce faire il faut identifier les meilleurs exemples de coordination sur le terrain. Il revient effectivement aux gouvernements locaux de décider des modes d'assistance, a reconnu Mme Wahlstrom. Elle a évoqué ensuite le projet Sphère pour le renforcement de la coordination dans le domaine humanitaire qui permettra d'établir des normes d'efficacité communes. L'une des contributions clefs des acteurs humanitaires est le renforcement des capacités. A cet égard, il est regrettable que l'on sous-estime toujours les compétences des organisations locales, car les connaissances locales sont essentielles au bon fonctionnement des interventions de secours. L'action humanitaire n'est pas une propriété exclusive des acteurs humanitaires, a affirmé Mme Wahlstrom en conclusion.

M. JIM MOODY, Président et Directeur exécutif du Bureau d'InterAction, a encouragé le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires à se servir davantage des nouvelles techniques de communication dans le cadre de ses activités. Il a souligné qu'aucune entité n'est clairement responsable des personnes déplacées, ceci étant l'une des lacunes les plus graves de l'ONU. Vu l'ampleur croissante du problème, il faut pouvoir disposer de davantage de personnel pour s'acquitter de tous les aspects de ce problème. M. Moody a mis en garde contre le fait que les sanctions risquent de devenir une réponse automatique en cas de mauvais comportement de certains pays. Or, a-t-il souligné, certains gouvernements ignorent toute obligation redditionnelle et leurs membres sont en général protégés par leur situation dans la société. Il a, en outre, déploré le fait que l'on ne mesure pas l'impact des sanctions sur les populations civiles lors de leur imposition.

M. Moody a souligné la vulnérabilité croissante des travailleurs humanitaires et a souhaité que tout soit mis en oeuvre pour dissuader les responsables de recourir à ce type de violence. L'initiative la plus importante prise par InterAction est le projet "Sphère" relatif aux services minimaux à donner en cas de catastrophe. Il a estimé que les ONG avaient à rendre compte à la fois aux bailleurs de fonds, mais aussi aux bénéficiaires

de leurs programmes. Dans le cadre du projet "Sphère", il est prévu de renforcer l'obligation redditionnelle en reconnaissant que celle-ci est fondée sur les droits des populations à secourir.

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Mme NINA SIBAL (Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture) a dit que l'UNESCO n'est pas encore membre du Comité interorganisations pour les affaires humanitaires, mais elle participe à part entière à ses travaux sur des questions particulières comme l'Afghanistan, la région des Grands Lacs et la Bosnie-Herzégovine. Le rapport présenté par le Secrétaire général parle d'une brèche entre les activités de secours et d'assistance d'une part et celles de développement d'autre part qui provient du fait que, d'un côté, les victimes de conflits ont besoin ont besoin de secours, tandis que de l'autre, les pays sortant de conflits armés demandent une assistance au développement. En fait, une faille dangereuse entre la phase de secours et la phase de développement est soulignée dans le rapport. Des expériences récentes démontrent que les phases de secours, de reconstruction et de développement ne se succèdent pas généralement, mais se superposent et se produisent de façon simultanée. La Liste conjointe des questions liées à la coordination des activités opérationnelles, préparée par le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds des Nations Unies pour la population, pose le problème de façon intéressante: une plus grande considération devra être accordée aux liens entre les différents processus pour assurer plus de rattachement entre l'assistance humanitaire, la planification pour la réhabilitation, et la mise en place d'une base de développement durable à travers les activités opérationnelles. Au moment où les dimensions politiques, humanitaires et de développement des situations de crise se rejoignent de plus en plus, les principes du Programme-cadre des Nations Unies pour l'assistance au développement (UNDAF) pourraient utilement servir de base pour aider à guider les activités du système des Nations Unies et de ses partenaires.

L'UNESCO propose une approche basée sur la "Culture de la paix", telle que contenue dans la solution 52/13 de l'Assemblée générale. Cette culture suppose un ensemble de valeurs, de comportements et d'attitudes qui reflètent et inspirent l'interaction sociale et le partage basés sur les principes de la liberté, de la justice, de la démocratie, de tous les droits de la personne humaine, de la tolérance et de la solidarité. Ces valeurs et ces principes excluent la violence et s'attachent à prévenir les conflits en s'attaquant à leurs causes profondes pour résoudre les problèmes par le dialogue et la négociation. Ceci doit garantir aux gens le plein exercice de tous leurs droits et la possibilité de participer pleinement au processus de développement de leur société. L'UNESCO utilise la culture de la paix dans ses efforts d'assistance humanitaire, et pense par exemple que le plein accès des femmes et des filles à l'éducation est la clef pour résoudre la situation très complexe et volatile que vit un pays comme l'Afghanistan. L'éducation, dans ce cas précis, permettrait de combler toute brèche qui pourrait être perçue entre assistance de secours et développement.

M. JOEL McCLELLAN, Secrétaire exécutif du Comité permanent pour la Réponse humanitaire, a indiqué que le Comité est une alliance des huit principaux réseaux qui travaillent sur le terrain dans le domaine humanitaire et participent depuis des années à l'action humanitaire. Il a précisé que

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l'action humanitaire exige une analyse partagée et une stratégie cohérente. Par le passé, les organisations non gouvernementales ont souvent été déçues par les efforts humanitaires déployés par les Nations Unies. Le Coordonnateur humanitaire doit pouvoir mieux jouer son rôle d'interface entre les acteurs humanitaires et les autorités politiques, ce qui a beaucoup fait défaut dans la crise des Grands Lacs notamment. Les problèmes de sécurité, les droits fondamentaux et la prolifération des mines terrestres sont les domaines qui inquiètent tout particulièrement les organisations humanitaires. M. McClellan a estimé que le Plan-cadre est essentiel pour mettre en place une stratégie cohérente permettant d'apporter une réponse concrète aux situations d'urgence. Le représentant a réitéré l'importance de la Charte humanitaire dans les actions entreprises, car la compassion ne suffit pas. Il faut reconnaître les droits de ceux qui souffrent. Ces normes du droit humanitaire doivent jouer un rôle important à l'avenir, a conclu M. Mc Clellan.

Droit de réponse

Le représentant du Soudan s'est déclaré surpris que l'Ambassadeur de l'Ouganda ait distribué ce matin un document portant sur les causes du conflit au Soudan, sans tenir compte du règlement intérieur du Conseil économique et social qui demande que l'on informe le Secrétariat et que l'on s'inscrive sur la liste des orateurs. Il est ironique que cet Ambassadeur, et ancien professeur, dans une situation d'ignorance et de manque de connaissance du règlement intérieur ait déjà retardé les travaux du Conseil économique et social lors de sa session de fond de l'an dernier. Le représentant du Soudan a considéré le document nul et non avenu et n'étant pas à la hauteur d'un document universitaire. Il a mis en question les motivations qui ont poussé l'Ambassadeur à distribuer ce document. Plutôt que de parler d'un conflit dans lequel son pays joue un rôle important en appuyant la seule faction rebelle rejetant les accords de paix, il aurait été préférable que le professeur concentre ses efforts sur la façon de régler les problèmes dans son propre pays où le peuple souffre sous la tyrannie d'une minorité, a-t-il déclaré. Ni le temps ni l'endroit ne se prêtent à l'examen de ces questions qui ne servent en rien la cause de l'assistance humanitaire.

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