ECOSOC/409

LES DELEGATIONS SONT FAVORABLES AU FINANCEMENT DE L'ASSISTANCE HUMANITAIRE PAR UN BUDGET ORDINAIRE

15 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/409


LES DELEGATIONS SONT FAVORABLES AU FINANCEMENT DE L'ASSISTANCE HUMANITAIRE PAR UN BUDGET ORDINAIRE

19980715 Le Conseil économique et social entame son premier débat consacré aux affaires humanitaires

Le Conseil économique et social a entamé ce matin son débat consacré aux affaires humanitaires, en particulier à l'assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe. C'est la première fois que l'ECOSOC consacre un segment spécifique de sa session aux affaires humanitaires, a souligné le Vice-Président du Conseil économique et social, M. Alyaksandr Sychou (Bélarus), à l'ouverture du débat.

De manière générale, les délégations se sont félicitées du renforcement de la coordination des activités d'assistance humanitaire de l'ONU. Elles ont mis tout particulièrement l'accent sur les problèmes de financement de ces activités et notamment sur la diminution des ressources disponibles, un financement sûr et prévisible étant particulièrement important dans le domaine humanitaire. Si les délégations ont dans l'ensemble appuyé la proposition du Secrétaire général de financer plus largement les activités du Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence par le budget ordinaire de l'Organisation, certaines ont insisté pour que cette initiative n'entraîne aucune ponction sur les montants alloués par le budget ordinaire aux activités de développement. Notant le lien indéniable entre l'assistance humanitaire et le développement des pays à plus long terme, plusieurs intervenants ont estimé que les appels consolidés devaient être améliorés pour devenir un instrument stratégique et inclure les questions de prévention et de résolution des conflits, de construction de la paix, des besoins de développement à long terme et du respect des droits de l'homme. La nécessité de respecter la souveraineté des Etats bénéficiaires de l'aide humanitaire d'urgence a également été mise en avant. De nombreux Etats ont également insisté sur l'assistance en cas de catastrophes naturelles ou technologiques, qui frappent aussi bien les pays développés que ceux en développement.

Mmes Hilde Frafjord Johnson, Ministre de la coopération pour le développement et des droits de l'homme de la Norvège; Julia Taft, Secrétaire d'Etat adjointe pour la population, les réfugiés et la migration des Etats- Unis; Frances Smith, Directrice adjointe de l'Office humanitaire de la Communauté européenne à la Commission européenne; et MM. Sergei Orjonikitze, Directeur du Département des relations internationales de la Fédération de Russie; et Carlos Zaballa, Représentant à la Commission des Casques blancs de

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l'Argentine ont participé au débat. Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Indonésie (au nom du Groupe des 77 et la Chine); Autriche (au nom de l'Union européenne et des pays associés); Algérie; Tunisie; Brésil; Bangladesh; Canada; Japon; Inde; Equateur; Chine; et Colombie. Les Observateurs du Kazakhstan et de la Suisse sont aussi intervenus. Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Sergio Vieira de Mello, avait auparavant présenté le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'ONU.

Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux sur cette question cet après-midi à partir de 15 heures par un dialogue officieux avec les chefs de secrétariat et les chefs adjoints du Comité permanent interorganisations et du Comité exécutif pour les affaires humanitaires, qui prendra la forme de trois tables rondes.

Assistance économique spéciale, aide humanitaire et secours en cas de catastrophe

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'Organisation des Nations Unies (A/53/139 - E/1998/67)

Le rapport rend compte des nouveaux progrès accomplis par le Comité permanent interorganisations quant au renforcement des capacités de l'ONU dans le domaine de l'aide humanitaire, de la mise en oeuvre du programme de réformes de l'Organisation, en particulier celles qui visent à renforcer le Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence. S'agissant du contexte et des difficultés en ce qui concerne l'aide humanitaire, il est stipulé qu'au cours de l'année écoulée, les tendances inquiétantes relevées précédemment se sont confirmées. Les principes humanitaires sont, en effet, de moins en moins respectés : les organisations humanitaires se voient de plus en plus souvent refuser l'accès aux populations sinistrées et des actes de violence sont commis délibérément à l'encontre de civils et de travailleurs humanitaires. En outre, les contributions des donateurs aux programmes d'aide humanitaire ont sensiblement diminué, sauf dans quelques cas notables.

Au cours de la période 1994-1998, le nombre des personnes nécessitant une aide humanitaire d'urgence n'a cessé de diminuer. En 1994, ce nombre était estimé dans les appels globaux à 39,5 millions et les besoins de financement (2 milliards 780 millions de dollars) ont été couverts à concurrence de 80 % par les donateurs. En 1997, le nombre des personnes qui avaient besoin d'aide n'était plus que de 24 millions environ mais les besoins de financement (1 milliard 747 millions de dollars) n'ont été couverts par les donateurs que dans une proportion de 62 %. En 1998, en raison de l'importante opération de secours menée en République démocratique populaire de Corée, le nombre des personnes nécessitant une aide est légèrement supérieur (25 millions) et les besoins de financement s'élèvent à 1 milliard 980 millions de dollars. Or, au 15 mai 1998, les appels globaux lancés par le Bureau de coordination des affaires humanitaires pour 1998 n'avaient été couverts que dans une proportion d'environ 15 % alors qu'à la même période, en 1997, cette proportion était de 30 %. Cette tendance alarmante tient, semble-t-il, à plusieurs raisons, dont pour l'essentiel le fait qu'aucune des situations d'urgence actuelles n'a l'ampleur ou le retentissement politique voulus pour mobiliser l'opinion publique. Or, l'insuffisance des ressources allouées aux programmes d'aide d'urgence a des répercussions directes sur les bénéficiaires des programmes dans la mesure où, par exemple, dans certains pays, elle a pour effet de compromettre les programmes de rapatriement et de réintégration des réfugiés et, ce faisant, la stabilité, le rétablissement de la paix et la réconciliation. Cette tendance se manifeste, en outre, au moment où la notion même d'"humanitarisme" est remise en question. Or, ce débat ne doit pas servir de prétexte à l'inaction face à des situations humanitaires d'urgence ni justifier l'absence de volonté politique lorsqu'il s'agit de résoudre les

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crises sous-jacentes à ces situations. Il faudrait à l'inverse encourager la communauté internationale à mettre au point une approche pleinement coordonnée des situations de crise, qui prévoit l'adoption des mesures indispensables au redressement des pays concernés et au rétablissement de la paix sur leur territoire.

Dans ses observations, le Secrétaire général souligne que la nature des programmes humanitaires s'est trouvée fondamentalement transformée dans plusieurs pays par le non-respect flagrant des principes de base du droit international humanitaire qui a caractérisé les conflits de ces dernières années. Il s'agit là d'un problème qui doit être abordé sous plusieurs angles. Tout d'abord, il convient de prendre de nouvelles initiatives pour sensibiliser les combattants, dans les conflits de toutes sortes, aux principes humanitaires. Un programme d'action concerté doit, en outre, être mis au point pour veiller à ce que ces principes soient effectivement appliqués par les combattants et que les civils des zones touchées par les conflits armés soient protégés dans toute la mesure du possible. En plus, ceux qui se rendent coupables de violences à l'égard de civils et de membres d'organismes d'aide doivent être traduits en justice. A cet égard, il convient de souligner la nécessité d'appuyer les tribunaux internationaux pour le Rwanda et pour l'ex-Yougoslavie et de veiller à ce qu'aux termes de sa Charte, la nouvelle cour criminelle internationale puisse connaître des violations du droit humanitaire. Il faut aussi faire en sorte que les organismes des Nations Unies et les autres organisations humanitaires soient mieux à même d'assurer la sécurité de leur personnel. Enfin, il convient d'appuyer sans réserve les récentes initiatives visant à mettre fin à la prolifération des armes légères et des mines terrestres antipersonnel dans les régions où elles pourraient être utilisées de façon aveugle contre la population civile.

Le Secrétaire général relève que les mécanismes de coordination des programmes d'assistance humanitaire ont été considérablement renforcés et améliorés, tant au Siège que sur le terrain. Ainsi, des dispositions ont été prises pour mener, en coopération, des activités en faveur des personnes déplacées et des activités de suivi et d'évaluation. Il a également été décidé qu'une liste de candidats devrait être établie et qu'une structure d'appui à la coordination, composée de membres des organismes représentés au Comité permanent interorganisations, devrait être mise en place pour veiller à la cohérence des mécanismes de coordination sur le terrain. Il faudra, à cette fin, élaborer un programme de formation conjoint interorganisations pour le personnel intéressé, puis tenir à jour les listes nécessaires. Pour que les mesures adoptées puissent être mises en oeuvre, il faudra dégager des ressources au titre de programmes communs en acceptant de répartir les charges. Il faudra notamment couvrir les besoins en matière de sécurité, de communication et de formation du personnel. A cet égard, il est à espérer que, le cas échéant, les conseils d'administration des organismes intéressés seront promptement informés des besoins et pourront approuver rapidement l'allocation des ressources nécessaires.

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Le Secrétaire général juge très encourageant que la nécessité d'élaborer, dans les pays qui sortent d'une longue crise, une stratégie globale de consolidation de la paix à laquelle soient associées les autorités nationales, la société civile et toutes les parties prenantes extérieures, soit de plus en plus généralement admise. A cet égard, il serait utile de mettre au point des modèles conceptuels et de formuler des stratégies concrètes adaptées à des situations spécifiques. Par ailleurs, le Secrétaire général estime que davantage d'efforts peuvent être déployés pour que, chaque fois que possible, les catastrophes naturelles, écologiques et technologiques, soient évitées et qu'à défaut, une opération coordonnée et efficace soit rapidement mise sur pied. Dans ce cadre, il convient de mettre tout spécialement l'accent sur le développement des capacités des gouvernements et des organisations non gouvernementales dans les pays à risque. Pour le Secrétaire général, la société civile doit être bien davantage associée aux efforts déployés pour modifier la façon dont les questions humanitaires sont perçues et mieux les faire comprendre. A cet égard, les ONG peuvent jouer un rôle particulièrement important et le Secrétaire général a l'intention de demander à ses représentants, dans toutes les parties du monde, de développer des liens avec la société civile en vue de promouvoir plus activement le respect des principes humanitaires et de faire prendre conscience au public la nécessité d'appuyer les programmes humanitaires.

Le Secrétaire général se montre, en outre, profondément préoccupé par le fait que les ressources fournies par les donateurs soient de très loin insuffisantes pour répondre aux besoins humanitaires mis en lumière par les organismes et les programmes de l'ONU. Ces dernières années, les entités de l'ONU ont accompli de grands progrès pour ce qui est de se conformer aux exigences des donateurs en matière d'établissement des rapports et de consultations. Or, les ressources disponibles n'en ont pas moins fortement diminué, tant en termes absolus que par rapport aux besoins. Il a donc été proposé de procéder à un examen du financement des programmes humanitaires, en étroite coordination avec les gouvernements donateurs. Par la même occasion, on procéderait à une comparaison des fonds dégagés au titre des interventions d'urgence et des ressources disponibles pour les activités de développement. Il importe de déterminer les moyens d'obtenir rapidement des contributions volontaires suffisantes des gouvernements donateurs. Par la même occasion, on procéderait à une comparaison des fonds dégagés au titre des interventions d'urgence et des ressources disponibles pour les activités de développement. Il importe de déterminer les moyens d'obtenir rapidement des contributions volontaires suffisantes des gouvernements donateurs qui ont pleinement participé à l'élaboration d'un programme. Une intervention rapide au premier stade d'une crise peut donner des résultats remarquables et réduire la charge financière globale qui serait dévolue à cette opération.

Le rapport contient en annexe un tableau récapitulatif des ressources nécessaires et des contributions au titre de l'aide humanitaire.

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L'ECOSOC est également saisi d'une lettre en date du 9 juillet 1998, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de l'Azerbaïdjan auprès de l'Organisation des Nations Unies (A/53/172 - E/1998/86)

La lettre adressée au Secrétaire général par les participants à la réunion républicaine sur les problèmes des réfugiés et des personnes déplacés en République d'Azerbaïdjan, est aussi transmise aux chefs d'Etats, aux parlements et à toutes les organisations internationales, et elle attire l'attention sur "la situation intolérable que vivent plus d'un million de réfugiés chassés de leurs terres par la politique de purification ethnique menée par l'Arménie et sur le sort tragique des Azerbaïdjanais déplacés qui ont perdu plus de 20 % de leurs terres".

Les participants à la réunion tiennent à attirer l'attention et à protester contre le fait que les autorités au pouvoir en Arménie sont "résolues à rattacher le Haut-Karabakh à l'Arménie en violation de la Charte des Nations Unies et des principes de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et d'autres organisations concernant le règlement pacifique du conflit".

Remarques liminaires

Le Vice-Président du Conseil économique et social, M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) a indiqué que pour la première fois l'ECOSOC consacre un segment spécifique de sa session aux questions humanitaires. Il s'est félicité du haut niveau des participants, tant du côté des Etats Membres que du système des Nations Unies et a estimé qu'il témoigne de l'importance des problèmes traités. Il a déclaré qu'ayant pour objectif de sauver des vies et de porter secours aux victimes de conflits armés, l'aide humanitaire est la mission la plus urgente que les Nations Unies ont à remplir. Il a rappelé qu'au moment même où s'ouvre le débat de nombreuses personnes s'efforcent d'apporter une assistance aux victimes souvent dans des conditions extrêmement difficiles.

M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires, présentant le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire d'urgence fournie par l'ONU, a souhaité que le débat sur les affaires humanitaires permette d'obtenir le soutien au programme proposé dans le rapport du Secrétaire général. Evoquant la situation humanitaire difficile dans divers pays, il a expliqué que pour être plus efficace l'action humanitaire devrait être associée à une action politique de même qu'il ne faut pas dissocier le processus de paix de la situation des droits de l'homme et de sécurité humanitaire. L'expérience a montré que la mise sur pied d'une force de police adéquate pouvait contribuer au relèvement d'un pays, tout en facilitant la distribution de l'aide humanitaire. Abordant la question des catastrophes naturelles, le Secrétaire général a estimé qu'un nouvel effort pourrait renforcer les stratégies de prévention nationales et l'aide d'urgence pour y faire face. Le bureau du Secrétaire général adjoint s'efforce de formuler une réponse intégrée aux situations d'urgence complexes, résultant de conflits. L'ONU doit être en

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mesure de plaider pour les droits des victimes et de mobiliser des ressources pour répondre à leurs besoins. Elle doit travailler avec d'autres partenaires pour surmonter les risques auxquels font face les travailleurs humanitaires et faire respecter le droit humanitaire. Il faut enfin faire des progrès réels pour passer le plus rapidement possible à la reconstruction et au développement.

Débat général

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a pris la parole au nom du Groupe des 77 et la Chine. La décision d'examiner pour la première fois l'assistance humanitaire au cours de la session de fond du Conseil économique et social permettra de prendre en considération les aspects opérationnels et de coordination de cette assistance, avant qu'ils ne soient soumis à l'approbation de l'Assemblée générale. Le Groupe des 77 et la Chine se réjouit des efforts faits au courant de l'année écoulée, efforts qui entrent dans la ligne des réformes du secteur des questions humanitaires de l'ONU. Il note qu'une approche plus stratégique et cohérente a été prise depuis l'adoption de la résolution 1995/56 du Conseil économique et social. L'adoption de la résolution 52/12B de l'Assemblée générale a donné plus de cohérence au processus et sous cet aspect, il faut soutenir la décision du Secrétaire général de changer le Département des affaires humanitaires en Bureau de la coordination des secours d'urgence, changement qui a permis un allégement de cette administration sans en perdre les fonctions essentielles.

Le Groupe des 77 et la Chine voudrait exprimer sa préoccupation face au fait que les résultats des appels à la communauté internationale en faveur de l'assistance humanitaire, que ce soit pour les victimes de conflits ou de catastrophes naturelles, sont en déclin. Le Groupe des 77 et de la Chine souhaite aussi souligner que le processus des appels uniques ne devrait pas être basé sur des priorités définies par une poignée de pays donateurs ou par des formes superflues de sélectivité, mais plutôt sur la base des besoins réels et des mérites de chaque situation de crise. Sous cet aspect, nous soutenons que toute amélioration de ce processus d'appel requiert la participation de toutes les institutions spécialisées des Nations Unies et des donateurs et des gouvernements. Le groupe des 77 et de la Chine accueille positivement les efforts qui sont faits en vue d'assurer une surveillance et une évaluation adéquates des réponses aux crises humanitaires, à travers un calendrier de compte-rendus et des indicateurs communs de progrès; et nous nous attendons à ce que cette démarche aide énormément le Coordonnateur des secours d'urgence à assurer que les ressources nécessaires sont disponibles et que tout manque puisse rapidement être signalé à l'attention de la communauté des donateurs.

M. ERNEST SUCHARIPA (Autriche) est intervenu au nom de l'Union européenne et des pays suivants : Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Islande et Lichtenstein. M. Sucharipa a expliqué que l'ECOSOC devrait identifier les domaines essentiels qui demandent des directives claires sur la

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question de l'assistance humanitaire. Il s'est déclaré surpris de voir que le rapport du Secrétaire général ne fait aucune mention des efforts déployés pour introduire les approches sexospécifiques ou encore la situation des enfants dans les conflits armés et dans les activité humanitaires. L'Union européenne est également préoccupée par le manque de respect des principes humanitaires exposés notamment dans la Convention de Genève. Or l'assistance humanitaire pour être efficace doit se dérouler en toute sécurité, sans obstacle et en ayant la possibilité de parvenir sans discrimination à toutes les victimes. L'Union européenne appuie la création d'un Cour criminelle internationale indépendante, qui sera le fruit de la Conférence de Rome. Le représentant s'est également inquiété du déclin dans les réponses de la communauté internationale aux appels à l'aide humanitaire. Selon lui, il importe de consacrer les efforts aux besoins de développement à long terme des pays concernés et d'atteindre les objectifs fixés dans les appels consolidés, auxquels on devrait associer non seulement les donateurs traditionnels mais également et les autres types de donateurs. Poursuivant sur la diminution des ressources, il a jugé regrettable que la coordination des activités humanitaires ne soit pas pleinement financée au titre du budget ordinaire de l'Organisation.

M. Sucharipa s'est félicité en outre de la coopération accrue au niveau du Siège en matière d'assistance humanitaire. L'Union européenne attend des progrès sensibles pour ce qui est de la sélection, de la définition du mandat et de la formation des coordonnateurs résidents et de leurs équipes qui peuvent être amenés à mettre en oeuvre des activités humanitaires. L'Union européenne apporte son entier soutien aux directives énumérées par le représentant spécial du Secrétaire général sur les personnes déplacées. Le PAM, le CICR et le HCR devraient continuer de participer à l'élaboration de telles directives. Se félicitant également des recommandations sur la mobilisation des ressources, M. Sucharipa a estimé que les appels consolidés devraient devenir de véritables instruments stratégiques et inclure les questions de prévention et de résolution des conflits, de construction de la paix, des besoins de développement à long terme et du respect des droits de l'homme. Les appels consolidés doivent également être améliorés pour apporter un soulagement plus rapide. L'Union européenne juge intéressante la proposition du Secrétaire général d'effectuer une évaluation globale du financement des programmes humanitaires et elle souhaite que de plus amples précisions soient données à cet égard.

Le représentant a ensuite abordé la question des sanctions et, tout en reconnaissant leur impact potentiel, il a affirmé qu'il importe de limiter les effets de ces sanctions sur la population civile, les femmes et les enfants notamment. M. Sucharipa a ajouté que les situations d'urgence d'ordre écologique ne doivent pas être oubliées, précisant que dans ce domaine, la coopération régionale est essentielle. Le lien entre le développement et ce type de catastrophe est évident et le PNUD doit donc être associé à ce type d'activités, pour ce qui est particulièrement du renforcement des capacités, a-t-il insisté. Il s'est également réjoui de l'accent mis dans le rapport sur la question de l'assistance et du développement. Toutefois, l'Union

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européenne aurait aimé que le Secrétaire général présente une approche davantage orientée vers l'action, en mettant l'accent notamment sur le besoin d'intégrer la planification d'urgence dans les programmes de développement. Dans les cas de situations d'urgence complexes, la planification du développement devrait en effet être entamée pendant le conflit en ayant pour but d'établir les structures garantissant la paix et la stabilité.

Mme JULIA V. TAFT (Sous-Secrétaire d'Etat des Etats-Unis pour la population, les réfugiés et les migrations) a déclaré que les Etats-Unis ont fortement soutenu les actions du Secrétaire général des Nations Unies qui ont abouti à la création du Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence, et qui ont donné à la fonction des affaires humanitaires une nouvelle priorité et un nouveau centre d'intérêt. Les Etats-Unis soutiennent le rôle de ce Bureau dans les trois domaines clefs du développement des politiques et des stratégies, du plaidoyer en faveur des problèmes humanitaires et de la coordination des réponses aux urgences humanitaires. Comme peuvent en témoigner tous ceux qui travaillent sur les affaires humanitaires, un des aspects les plus difficiles de ce travail est le besoin d'arrêter des priorités et de détacher de manière efficace les ressources en personnel entre les actions immédiates, qui sont nécessaires, et les stratégies de travail à long terme. Nous admettons le fait qu'il n'est pas possible de réaliser tous les objectifs humanitaires en même temps dans tous les domaines. Les Etats- Unis soutiennent le principe du développement d'un mécanisme de coordination comme celui des "cadres stratégiques" pour les situations humanitaires complexes, tout en comprenant les difficultés qui se posent dans la pratique de la coordination du système aussi bien au Siège que sur le terrain. Une fois que ces "cadres stratégiques" seront prêts, il reviendra aux donateurs de les soutenir financièrement, et les Etats-Unis ont l'intention de chercher les moyens de promouvoir et d'étendre la coopération des pays et organismes donateurs.

Les Etats-Unis ont été encouragés par l'analyse des Nations Unies l'an dernier sur les aboutissements du Processus d'appels unis. Travailler sur les résultats identifiés par cette analyse est essentiel pour garder la confiance durable des donateurs. Pour être réellement utile, le Processus doit être plus qu'une somme d'appels individuels d'agences. Il doit être le reflet d'une stratégie cohérente et d'une démarche de priorités données aux différents besoins, et doit devenir le repère à partir duquel l'efficacité d'une opération pourrait être jugée et évaluée.

Mme HILDE F. JOHNSON, Ministre du développement international et des droits de l'homme de la Norvège, a déclaré que la Norvège a toujours pris au sérieux ses responsabilités humanitaires, et fait partie des pays donateurs les plus importants de l'aide humanitaire internationale. La Norvège ne cesse de souligner la nécessité d'améliorer la capacité de réponse de l'assistance humanitaire internationale et considère que cette question doit être abordée de manière plus globale et coordonnée. Les approches traditionnelles de l'aide humanitaire se sont révélées inadéquates, selon Mme Johnson, ce qui s'explique en partie par la multiplication de conflits internes et le manque

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de volonté politique des parties concernées à trouver une solution pacifique et par un manque de capacités en matière de gestion de conflits de la communauté internationale. Une nouvelle approche internationale, innovative et coordonnée devrait permettre de créer un lien plus étroit entre les acteurs politiques et humanitaires et le développement. L'action humanitaire à elle seule ne pourra jamais apporter une solution durable aux causes politiques et sociales d'une crise et ne peut en aucun cas être un substitut pour l'inaction politique. Dans ce contexte, il faut accorder plus d'importance à la prévention de conflits et de tensions sociales et ethniques et toute action internationale en ce sens doit être basée sur des principes politiques et humanitaires viables. Il est également nécessaire de mettre en place des mécanismes de coordination flexibles et opérationnels.

L'objectif principal de l'aide humanitaire doit être de garantir les moyens d'existence des personnes, en se basant sur le respect de la dignité humaine et des droits de l'homme de tout un chacun. Les stratégies d'aide et de développement doivent être concues de manière à atteindre cet objectif et il faut éviter une dépendance à long terme de l'aide humanitaire. Mme Johnson a déclaré qu'il ne peut y avoir de solution durable à un conflit sans qu'il y ait respect des droits de l'homme et estime que les Nations Unies doivent être mieux équipées pour ce rôle. Elle a souligné qu'il n'existe pas de relation linéaire entre la phase de secours et celle de développement à long terme. Il faut, par conséquent, avoir une approche large des questions humanitaires et des défi du développement et prendre en considération à la fois les origines des conflits et les solutions possibles à travers un renforcement des communautés locales, le développement de structures judiciaires viables et un soutien aux efforts de bonne gouvernance et de mise en place de la société civile et reconnaître le rôle clef que jouent les autorités nationales à toutes les étapes de ce processus. Mme Johnson a déclaré que le droit à l'aide humanitaire doit être réaffirmé, et que la communauté internationale doit envoyer un message clair en ce sens et que les pays donateurs sont responsables de fournir les moyens financiers nécessaires.

M. SERGEY ORDJONIKIDZE (Fédération de Russie) a estimé que la réforme réussie du volet humanitaire des Nations Unies avait contribué dans une large mesure aux tendances positives dans la fourniture de l'aide humanitaire aux victimes de situations d'urgence complexes et de catastrophes naturelles. Toutefois, la Fédération de Russie partage les préoccupations du Secrétaire général en ce qui concerne l'inadéquation persistante des ressources disponibles pour les activités du Bureau de coordination des affaires humanitaires. Il importe, en outre, de prendre des mesures appropriées pour assurer la sécurité du personnel humanitaire et accroître la responsabilité en ce qui concerne le respect du droit humanitaire international, et la protection des populations civiles et des travailleurs humanitaires. A cet égard, le représentant a assuré que la Russie entreprenait tous les efforts nécessaires pour la libération de M. Vicent Cochetel, Chef du bureau du HCR au nord Caucase enlevé le 29 janvier dernier. Il est aussi important d'assurer l'intégration progressive de la branche humanitaire de l'ONU dans les efforts d'assistance aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays.

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Le représentant a estimé que l'amélioration des moyens de mobiliser le soutien financier pour les activités humanitaires avait produit des résultats initiaux satisfaisants, ce qui est particulièrement important si l'on veut développer une réponse intégrée aux besoins urgents et fournir une aide au stade de la réhabilitation, la reconstruction et le développement. Il a appuyé la proposition de procéder à un examen du mécanisme de financement des activités humanitaires de l'ONU avec la participation des gouvernements intéressés. La réponse des donateurs devrait être orientée vers les besoins réels de la population et non répondre à des objectifs ou des priorités politiques. Le potentiel de réponse aux catastrophes naturelles, technologiques et environnementales doit être renforcé. L'expérience montre l'importance des conséquences à long terme de telles catastrophes (comme dans le cas de Tchernobyl et de Semipalatinsk) et donc la nécessité d'instruments de planification plus efficaces, d'une programmation à long terme, et d'un soutien financier adéquat. La Fédération de Russie souhaite pouvoir compter sur une aide continue de la communauté internationale dans ses efforts de mises en oeuvre des projets dans le cadre du Programme interinstitutions des Nations Unies pour l'aide internationale aux zones affectées par la catastrophe de Tchernobyl qui a été élaboré l'an dernier et approuvé lors de la réunion des donateurs qui s'est tenue à Genève en mars dernier.

Le représentant a souligné la nécessité d'informer à temps le Conseil de sécurité des conséquences humanitaires des régimes de sanctions qui sont imposés et des mesures pratiques susceptibles de limiter l'impact destructeur de ces sanctions sur le développement futur des pays concernés. Il a encouragé le travail visant à "humaniser" les sanctions et leur ciblage. Le travail des organismes d'aide humanitaire ne doit pas être diminué à cause des sanctions. Il a encore préconisé le renforcement de l'interaction entre le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité dans le contexte de l'aide humanitaire d'urgence.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que le Conseil économique et social a une importante mission à assumer en termes de coordination et de suivi de l'action humanitaire. La restructuration organique et fonctionnelle de l'ex- Département des affaires humanitaires dans le cadre de la réforme a donné naissance à un cadre d'action dont le caractère récent rend difficile tout exercice d'évaluation convenable. De l'avis de l'Algérie, la coordination, la cohérence et l'efficacité sont des facteurs de première importance pour la réussite des efforts de l'ONU en matière d'assistance humanitaire, aussi toute mesure allant dans le sens de leur renforcement devrait être appuyée. Cependant les capacités et le rôle de l'ONU sont tributaires des ressources mises à sa disposition et la tendance à la baisse de ces ressources est inquiétante. Le représentant a regretté que l'assistance humanitaire connaisse une certaine "fatigue des donateurs" doublée d'une sélectivité qui semble obéir beaucoup plus aux aspects et préoccupations médiatiques qu'aux besoins eux-mêmes. C'est pourquoi, la proposition du Secrétaire général tendant à affecter plus de ressources du budget ordinaire à la couverture des dépenses au titre de l'assistance humanitaire d'urgence mérite un examen approfondi. Ceci étant, tout accroissement des ressources ne devra pas se

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faire au détriment de celles allouées au développement, a mis en garde le représentant. Le document du Secrétaire général qui semble conférer à l'association des donateurs un caractère de nécessité suscite des interrogations dans la mesure où l'assistance humanitaire d'urgence n'a pas besoin d'être instrumentalisée à des fins politiques ou autres qui soient sélectives. M. Baali a également regretté que l'aide humanitaire internationale semble s'accompagner d'une tendance visant à négliger des principes de base aussi fondamentaux que ceux du consentement des autorités nationales des Etats concernés.

La délégation algérienne se réjouit de constater que l'ONU accorde un intérêt et une attention croissante aux catastrophes d'ordre environnemental. Dans ce cadre, l'idée de favoriser l'avènement d'un instrument juridique international qui puisse faciliter la notification des situations d'urgence environnementales pourrait être retenue, a suggéré le représentant. A titre prioritaire, la communauté internationale et le système des Nations Unies devraient se préoccuper de promouvoir la création et le renforcement des capacités nationales des pays, en particulier ceux en développement, en matière de prévention, d'évaluation et d'intervention pour atténuer et endiguer les conséquences des catastrophes environnementales. La transition de la phase d'assistance d'urgence à celle de la reconstruction et du relèvement après les conflits est un autre aspect auquel la communauté humanitaire internationale devrait accorder une grande attention. Ce passage délicat, les organismes concernés des Nations Unies et les donateurs se doivent de le mener dans le cadre d'une collaboration permanente et en étroite consultation avec les autorités nationales des pays concernés, a insisté M. Baali, ajoutant que l'objectif de cette entreprise doit être orienté vers la promotion du développement durable.

M. ABDERRAZAK AZAIEZ (Tunisie) a déclaré que la grande vulnérabilité de la planète aux catastrophes naturelles montrait la nécessité pour la communauté internationale de mettre sur pied les structures nécessaires pour prévenir les catastrophes et à défaut coordonner l'aide de manière efficace. Ceci passe par le développement des capacités des gouvernements des pays à risque, mais également au niveau de l'Organisation elle-même. A ce sujet, la Tunisie appuie l'idée avancée par le Secrétaire général en ce qui concerne la création d'une réserve dans le cadre du fonds d'affectation spécial des Nations Unies pour l'assistance en cas de catastrophe, ainsi que la proposition d'élaborer des règles et des procédures concernant les secours d'urgence. Dans le même ordre d'idées, l'interaction entre le Bureau de coordination des affaires humanitaires, le PNUE, le PNUD et les autres entités de l'ONU compétentes en la matière, devrait être encouragée. Cela suppose, outre l'échange d'informations, le développement d'activités communes en vue d'assurer le maximum d'efficacité aux interventions des Nations Unies. Il est bien entendu que dans ce cadre toute action entreprise devrait l'être en étroite coordination avec le Gouvernement en place. Pour la Tunisie, l'ONU devrait, en outre, disposer d'un cadre juridique, de normes et de principes mondiaux pour protéger les personnes déplacées à la suite de conflits armés. L'initiative prise par le Comité permanent interinstitutions à ce sujet

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constitue un pas dans la bonne direction. Pour appuyer cette démarche, les Etats Membres devraient examiner de près les principes en question afin qu'ils obtiennent le consensus nécessaire à leur consécration.

Pour la Tunisie,, outre les aspects négatifs des sanctions de longue durée, le côté le moins admissible de ce genre de situation est la prise en otage du futur de tout un peuple. C'est pourquoi, il importe que toute sanction prévoit le mécanisme de sa fin et que la communauté internationale veille à ne pas pérenniser des situations d'aide humanitaire qui viennent se substituer aux aspirations légitimes des peuples au développement et à la croissance. La Tunisie estime que l'aide humanitaire, quelle que soit sa raison d'être, devrait se faire sur une base volontaire qui ne viendrait pas rogner sur les ressources déjà maigres de l'aide au développement. Les pays donateurs, pour assurer le maximum d'efficacité à l'aide humanitaire, devraient quant à eux respecter les priorités arrêtées par l'ONU et fournir des ressources suffisantes en s'abstenant d'en spécifier la destination.

M. HENRIQUE VALLE (Brésil) s'est félicité de la parution du rapport sur le renforcement de la coordination de l'assistance humanitaire qui donne une excellente analyse des questions intéressant le Conseil économique et social. Le Conseil aura certainement besoin d'une certaine flexibilité pour répondre aux multiples défis de l'aide humanitaire. Il est important de renforcer le rôle du Conseil dans la coordination des activités de l'ONU dans le domaine humanitaire. En ce qui concerne les catastrophes naturelles et les situations d'urgence complexes, le Conseil doit tout au long de l'année pouvoir informer les Etats Membres sur les actions entreprises et superviser celles-ci. Des sessions d'information informelles pourraient être organisées à la demande des Etats Membres, ce qui permettrait aux membres du Conseil de rester informés de l'évolution sur le terrain des missions dirigées par le Coordinateur des secours d'urgence. Il est essentiel d'encourager une bonne coordination entre le Conseil économique et social, l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité, notamment lorsqu'il s'agit de secours d'urgence après des périodes de conflit. Le représentant a regretté que la question de l'aide humanitaire dans le système de l'ONU soit parfois perçue de façon erronée, notamment lorsqu'il s'agit du rôle que doivent jouer les pays en développement. Les pays en développement sont souvent seulement vus comme les bénéficiaires de l'aide humanitaire, les quelques pays donateurs étant chargés de la prise de décision. Une telle conception est inexacte.

Malgré leurs limitations budgétaires, les pays en développement, particulièrement ceux qui se trouvent à proximité des zones en conflit, contribuent à l'assistance humanitaire procurée par les Nations Unies. Ces pays accueillent un grand nombre de réfugiés et amortissent les coûts importants de crises humanitaires régionales. Ils contribuent également à l'aide humanitaire en offrant des ressources humaines, en organisant des programmes de formation et des initiatives de coopération Sud-sud et en fournissant de la nourriture, des habits et des vaccins. Le Conseil économique et social doit promouvoir une plus grande participation des pays en développement dans le domaine humanitaire, notamment au niveau décisionnel.

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L'Agence de coopération brésilienne offre un soutien actif aux efforts de reconstruction et de réintégration sociale en Angola en mettant en place des projets de coopération technique ayant un impact humanitaire. Le représentant a souligné l'importance du rôle des institutions de Bretton Woods pour réduire l'impact des crises humanitaires et engager des activités de reconstruction. Il est important de s'assurer que les principes d'humanité, de neutralité et d'impartialité sont respectés dans toutes les situations d'urgence. L'imposition aux bénéficiaires de "conditions" pour qu'ils puissent recevoir une aide humanitaire est en contradiction avec ces principes. Le représentant a également signalé les conséquences graves que peuvent avoir les sanctions économiques et les embargos commerciaux sur les couches les plus vulnérables de la population. Il est nécessaire que le Bureau du Coordinateur de l'aide humanitaire se penche sur la question de l'impact humanitaire des sanctions.

Mme AKMARAL KH. ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a souligné l'importance d'une bonne coopération entre le système des Nations Unies, les institutions financières internationales, les gouvernements donateurs et les gouvernements bénéficiaires pour trouver une solution aux problèmes de l'assistance humanitaire. La délégation du Kazakhstan se réjouit également des propositions relatives à l'assistance en cas de catastrophe écologique qui intervient à temps et de manière appropriée. La représentante a indiqué que récemment un accord de coopération entre le Kazakhstan et les Nations Unies pour la lutte contre les catastrophes naturelles a été signé. Une mission interinstitutions a également été organisée pour évaluer la situation de la région du Semipalatinsk, ancienne zone d'essais nucléaires. La représentante a lancé un appel aux délégations des pays donateurs pour qu'elles fournissent l'assistance technique et financière pour mettre en place des projets en vue de garantir la réhabilitation de la région.

Le Kazakhstan estime en outre que la catastrophe de la mer d'Aral a un caractère mondial et il rappelle que les ressources d'un seul pays ne peuvent suffire à éliminer les conséquences humanitaires et socio-économiques de telles catastrophes. A cet égard, le Kazakhstan s'inquiète profondément de la diminution constante des ressources allouées à l'assistance humanitaire. Il est nécessaire de prendre des mesures pour remédier à cette situation, alors que dans le même temps la demande d'aide internationale d'urgence, notamment en matière environnementale, augmente. C'est pourquoi le Kazakhstan appuie la proposition du Secrétaire général d'entreprendre un examen complet du financement des programmes humanitaires et des liens existant entre les financement des activités d'urgence et celui des programmes de développement.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), tout en soulignant les améliorations consécutives à la restructuration du Département des affaires humanitaires, s'est déclaré préoccupé par le déclin persistant des ressources, en termes absolus et en termes relatifs, mobilisées pour les victimes des conflits et des catastrophes naturelles. Le manque de ressources pour les programmes d'assistance d'urgence a, en effet, non seulement un impact direct sur les populations vulnérables mais par la même a, aussi des incidences de longue portée en ce qui concerne la résolution des conflits, la stabilité, la

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construction de la paix et la réconciliation. La communauté internationale doit renverser cette tendance alarmante. Des programmes bien coordonnés permettront d'atteindre davantage de personnes dans le besoin. Le manque de ressources ne devrait pas résulter dans des changements de priorités ou la suspension d'activités. Il a appelé les donateurs à prendre l'initiative de reconstituer le Fonds d'affectation spéciale des Nations Unies pour l'assistance en cas de catastrophe afin de pouvoir rapidement répondre aux crises. Le Bureau de coordination des affaires humanitaires devrait aussi disposer d'une base financière stable. A cette fin, le Secrétaire général devrait envisager toutes les possibilités en vue de garantir un financement prévisible.

Pour le Bangladesh, la fourniture de l'aide humanitaire ne devrait pas être motivée par des considérations politiques ou l'intérêt manifesté par les médias. Il importe, en effet, d'assurer que celle-ci réponde aux besoins réels des victimes. Le représentant a souligné la nécessité de renforcer davantage la coordination des activités humanitaires. Il a souhaité que le Comité permanent interorganisations identifie et prenne les mesures nécessaires à cet égard. Les appels globaux doivent être considérés comme un processus allant de la programmation stratégique à l'évaluation et au suivi. Une stratégie globale de construction de la paix devrait être élaborée, avec la participation des autorités nationales, de la société civile et des donateurs. Enfin, les ONG, y compris la société civile, devraient participer aux efforts de sensibilisation aux questions humanitaires. Les réponses humanitaires aux catastrophes naturelles, aux urgences environnementales et aux autres types de crises doivent être considérées comme un élément inséparable du développement. La division entre l'aide d'urgence, la réhabilitation, la reconstruction et le développement à long terme est souvent floue. C'est pourquoi, il importe de développer une approche globale qui lie aide humanitaire et développement.

Mme FRANCES SMITH du Bureau des affaires humanitaires de la Communauté européenne a dit qu'elle soutenait pleinement la déclaration faite par le représentant de l'Autriche au nom de la Présidence de l'Union européenne. Le Bureau des affaires humanitaires de la Communauté soutient la création au sein du système des Nations Unies d'un Bureau de la coordination des secours d'urgence et la nomination de M. Sergio Vieira de Mello comme Secrétaire général adjoint et Coordonnateur des secours d'urgence. Le soutien apporté au Bureau du Coordonnateur des secours d'urgence par les autres institutions de l'ONU donne à penser qu'il y a un nouveau sens de l'appropriation des politiques au sein du système, ce qui est vital pour le fonctionnement de la coordination des activités au quotidien. Des tâches aussi importantes devraient être financées sur le budget ordinaire des Nations Unies, et que le déséquilibre existant dans ce domaine sera corrigé aussitôt que possible et applaudissons les efforts croissants de certains Etats Membres en vue de remédier aux manques existant en matière de contributions volontaires.

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La Communauté européenne accueille favorablement la mise en place du concept de cadres stratégiques, et pense que le développement de la procédure d'appel global en un instrument stratégiques incluant la participation des donateurs, des pays récipiendaires et des ONG est la voie à suivre.

Sur un plan plus philosophique, il est intéressant de se pencher plus profondément sur le concept même "d'humanitarisme", dont nous savons tous que dans une certaine mesure, il est de plus en critiqué comme faisant autant de mal que de bien. La tendance grandissante à utiliser l'aide humanitaire comme substitut à la réelle action politique devrait être discutée au cours d'une telle réflexion. La Communauté européenne voudrait aussi débattre de la question du lien entre les opérations de secours et la reconstruction et le développement. L'expérience a prouvé que ce qui était considéré comme un "continuum" est en réalité un "contiguum", c'est à dire une action parallèle à tous les niveaux, non pas de façon consécutive et exclusive, mais simultanée et dépendant les uns des autres. En fait le développement et les secours; les aspects relatifs aux droits de l'homme; la prévention des conflits; la reconstruction post-conflits et le maintien de la paix vont de pair en ces temps de crises étendues que nous vivons.

M. ROBERT R. FOWLER (Canada) s'exprimant au nom de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande a déclaré que la capacité de l'ONU de relever les défis humanitaires dépend beaucoup de la manière dont ses institutions travaillent ensemble, tant entre elles, qu'avec un vaste éventail d'autres intervenants humanitaires, gouvernementaux ou non. Le Canada estime que le Bureau du coordonnateur des actions d'urgence, M. de Mello, est le mieux placé pour assurer un système de réponse centré sur les victimes qui soit plus efficace. Plusieurs questions liées à l'assistance humanitaire méritent une attention sérieuse, notamment le besoin d'un ensemble de règles de base pour les intervenants humanitaires, la relation entre l'action humanitaire et les droits de l'homme, les effets humanitaires des sanctions économique et enfin le besoin urgent de réduire la prolifération des armes légères. La situation des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres pays allant en s'aggravant, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande saluent la décision du Comité permanent interagences de désigner M. de Mello comme point central pour la coordination de l'aide humanitaire aux personnes déplacées. Une réponse efficace à ce défi complexe nécessite une coopération étroite entre le coordonnateur, le représentant du Secrétaire général pour les personnes déplacées, le Haut Commissaire pour les réfugiés, le Haut Commissaires aux droits de l'homme et le Comité international de la Croix Rouge, a estimé M. Fowler. Les trois pays associés partagent également la profonde inquiétude du Secrétaire général en ce qui concerne l'érosion du respect pour les principes humanitaires de base et le besoin d'une meilleure protection pour les intervenants humanitaires.

Le rapport du Secrétaire général fait une excellente analyse de la relation qui existe entre les actions d'urgence et l'aide au développement. Le Canada et les pays associés saluent la décision de renforcer les liens avec les composantes appropriées de la société civile et de développer une approche

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aux stratégies globales de consolidation de la paix pour les pays sortant de crises prolongées. M. Fowler a estimé que le maintien d'une certaine forme de surveillance intergouvernementale, visant à donner une orientation politique au système humanitaire, est à la fois utile et nécessaire. Mais pour remplir efficacement ce rôle, les Etats Membres doivent s'acquitter de la responsabilité de fournir le soutien politique et matériel requis pour mener à bien les tâches urgentes, a-t-il ajouté, soulignant l'importance particulière de garantir un financement sûr des fonctions de base du Coordonnateur. Le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande sont toutefois persuadés que le Bureau du Coordonnateur devrait être financé par le budget régulier de l'ONU. En conséquence, ils suggèrent que soit dressé un plan permettant le transfert progressif sur plusieurs années, de la communauté des pays donateurs au budget de l'ONU, de la responsabilité financière à l'égard du Bureau de la coordination des affaires humanitaires. ce faisant, ils appuient également fermement la proposition du Secrétaire général d'augmenter le financement par le budget régulier du Bureau du coordonnateur.

M. MASAKI KONISHI (Japon) a déclaré que son pays se félicite de la création du Bureau du Coordinateur pour les affaires humanitaires au sein du système des Nations Unies. Le Japon est favorable à la rationalisation de la structure du Bureau afin de lui permettre de remplir plus efficacement son mandat. Le représentant a fait part de son inquiétude sur le fait que, malgré les importantes responsabilités du Bureau, une grande majorité de son personnel soit rémunéré sur des ressources extra-budgétaires. Il faudrait plutôt prélever les ressources appropriées sur le budget ordinaire de l'ONU afin d'assurer une base financière stable aux activités du Bureau. Le Japon soutient la création du Service d'action pour les mines du Département des opérations de maintien de la paix afin de coordonner les activités relatives aux mines antipersonnel menées par le Système des Nations Unies. Il ne fait aucun doute que ces activités ont d'importantes implications humanitaires. La mise en oeuvre efficace de sanctions demande que leur impact humanitaire soit examiné avec attention pour éviter de faire souffrir d'innocentes victimes civiles. Le système des Nations Unies doit faire preuve de flexibilité afin d'être efficace. Il est nécessaire d'avoir une plus grande coopération entre le Département des affaires politiques, le Bureau du Coordonnateur pour les affaires humanitaires, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Les programmes d'aide humanitaire doivent être mis en place de façon plus efficace et cohérente, et ce dès que possible, afin de promouvoir la paix, les droits de l'homme, et de permettre la reconstruction et le développement durable des pays sortant de crises. Le Japon s'inquiète de la dégradation de la situation relative à la sécurité du personnel humanitaire et souligne la nécessité de prendre des mesures qui s'imposent pour trouver une solution à ce problème grave. Il est essentiel que toutes les institutions et les organes présents dans une même région coopèrent avec le Coordonnateur pour les affaires humanitaires afin que le personnel humanitaire soit mieux protégé.

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M. KAMALESH SHARMA (Inde) s'est associé à la déclaration faite au nom du Groupe des 77 et la Chine. L'Inde accorde une grande importance à la question de l'assistance humanitaire et souligne la nécessité de respecter les principes d'humanité, de neutralité, d'impartialité, de souveraineté et d'intégrité territoriale des Etats. Il est nécessaire de reconnaître le rôle primordial de l'Etat affecté par la crise dans l'organisation, la coordination et la mise en place de l'aide humanitaire à l'intérieur de son territoire. L'Inde soutient toutes les activités humanitaires menées par l'ONU, dans la mesure où elles respectent ces principes. Elle se félicite de la rationalisation du Bureau du Coordinateur de l'aide humanitaire mais s'inquiète du manque de ressources prévues pour le Bureau. 60% des coûts prévus pour le Bureau sont couverts par des ressources extra-budgétaires, ce qui restreint son efficacité. Les mesures pour renforcer la coordination sur le terrain doivent être prises en consultation avec le Gouvernement bénéficiaire. La participation de celui-ci à toutes les phases de l'aide humanitaire est cruciale pour que celle-ci soit menée à bien.

L'Inde s'inquiète de constater que le niveau des ressources allouées pour l'aide humanitaire ne cesse de diminuer. Elle soutient l'initiative du Secrétaire général d'un examen global du financement des programmes humanitaires et notamment de la relation entre les ressources prévues pour les secours d'urgence et pour le développement. Il est nécessaire de définir clairement les liens entre les fonctions et les impératifs du maintien de la paix et les principes de l'accès humanitaire. La majorité des secours d'urgence sont demandés à la suite de catastrophes naturelles. L'Inde se félicite du fait que cette question a été évoquée dans le rapport du Secrétaire général. Elle encourage les initiatives qui prévoient d'utiliser les ressources existantes dans les pays en développement afin de répondre aux catastrophes naturelles et aux autres situations d'urgence humanitaire. Cela permettra de procurer une aide plus rapide et moins coûteuse. L'Inde souligne le fait que l'élimination de la pauvreté par le développement socio-économique est le meilleur moyen d'arrêter le cercle vicieux du sous-développement, des conflits et de la misère.

M. FABIAN PALIZ (Equateur) s'est associé à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. La prévention, l'aide d'urgence, la reconstruction économique et la réhabilitation sont des aspects fondamentaux de la réduction de la vulnérabilité des pays en développement. Les catastrophes naturelles ont des effets universels et affectent tant les pays développés que ceux en développement, a déclaré le représentant, ajoutant cependant que ce sont ces derniers qui en souffrent le plus. Ainsi de l'avis de l'Equateur, le prévention des désastres naturels constitue un moyen efficace de réduire la pauvreté et de garantir le développement durable. Puisque le nombre et la gravité des catastrophes naturelles ne font que croître confirme qu'il faudrait pouvoir se doter, à l'avenir, de systèmes de prévention plus efficaces.

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L'Equateur est inquiet de la vulnérabilité croissante de l'être humain face aux risques naturels et environnementaux et il estime que les Nations Unies doivent continuer de faire office d'autorité en matière de réduction de ces désastres. Il salue la proposition du Secrétaire général de créer un mécanisme de prévention et de réponse rapide et coordonnée. L'expérience acquise dans le cadre de la décennie internationale pour la réduction des catastrophes naturelles devra servir de base à l'établissement pour le siècle prochain d'une stratégie dans ce domaine, a ajouté le représentant. La délégation de l'Equateur a en outre mis l'accent sur les mesures adoptées par le coordonnateur résident en Equateur pour réduire les effets d'El Niño, qui a causé quelques 2,6 milliards de dollars de dommages dans le pays.

M. YUAN SHAOFU (Chine) s'est félicité du travail accompli par le Bureau de coordination des affaires humanitaires. Il a rappelé que le rôle principal du Bureau est de coordonner les activités de toutes les institutions spécialisées de l'ONU impliquées dans l'aide humanitaire et l'assistance en cas de catastrophe, de promouvoir une coopération étroite entre les diverses institutions et d'utiliser le plus avantageusement possible le système des Nations Unies pour la distribution de l'aide humanitaire aux pays affectés. Il a déploré le déclin constant du niveau des fonds réunis grâce à des appels généraux pour l'aide d'urgence en cas de catastrophes naturelles. Les ressources sont bien en-deça des besoins, a-t-il souligné. C'est pourquoi, la Chine partage le point de vue du Secrétaire général concernant la nécessité de renforcer la coopération avec les Etats Membres et de procéder à un examen global du financement des programmes humanitaires, sur la base duquel une stratégie viable de financement pourrait être formulée.

La Chine est d'avis que la communauté internationale se doit, en outre, de déployer tous les efforts pour prévenir ou réduire les conséquences des catastrophes naturelles, et aider les pays affectés à effectuer rapidement la transition vers la réhabilitation et le développement. Les diverses institutions de l'ONU devraient, à cet égard, renforcer leur coopération effective et explorer de nouveaux moyens d'améliorer et de renforcer les relations entre les activités humanitaires et les activités opérationnelles pour le développement.

M. JUAN CARLOS LONDOÑO (Colombie) a tout particulièrement soutenu le travail des Nations Unies et du représentant spécial du Secrétaire général en faveur des personnes déplacées. Pour sa part, la Colombie a mis au point un certain nombre de mesures pratiques et institutionnelles pour venir en aide aux populations déplacées sur son territoire. Le gouvernement colombien accorde actuellement 100 millions de dollars pour lutter contre ce phénomène. De manière générale, les programmes d'assistance doivent être dotés de ressources sûres et d'objectifs clairs. En outre, le personnel responsable de l'assistance humanitaire doit absolument agir en coopération avec les autorités du pays hôte. La Colombie se félicite de la participation de la Banque mondiale au processus de reconstruction après-conflit. Le représentant a profondément regretté qu'en dépit de multiples appels l'Aide publique au développement (APD) soit toujours en baisse. Il s'est félicité en revanche

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des efforts déployés pour éliminer les mines terrestres et pour limiter et mettre un terme à la prolifération de armes de petits calibres. Il a également souligné que l'amélioration de la coordination des activités humanitaires est essentielle.

Mme LIVIA LEU AGOSTI, Observateur de la Suisse, a indiqué que son pays partage entièrement les préoccupations exprimées par le Secrétaire général dans son rapport concernant la sécurité du personnel humanitaire. Au-delà même de la vie et de l'intégrité physique du personnel humanitaire, c'est en effet l'action humanitaire elle-même, l'aide aux victimes et leur protection, qui est menacée. Une meilleure coordination entre organisations humanitaires, mais surtout entre elles et les organismes politiques ou militaires, permettrait de diminuer les risques encourus par le personnel humanitaire. Une définition précise des responsabilités de chacun et un respect scrupuleux de la neutralité et impartialité de l'action humanitaire constituent des préalables indispensables à la sécurité des opérations. Déplorant les dommages et les souffrances causés par les mines antipersonnel, l'Observateur de la Suisse s'est déclaré convaincue que seule une interdiction totale de ces armes pouvait améliorer sensiblement la situation. La Suisse a, pour sa part, achevé fin 1997 la destruction de tous ses stocks et a déjà ratifié la Convention d'Ottawa. Le déminage et l'aide aux victimes sont prioritaires pour la Suisse. C'est ainsi qu'elle a créé à Genève le Centre international de déminage humanitaire qui contribuera à faire baisser le nombre de victimes des mines par la collecte, le traitement et la diffusion des connaissances acquises dans le domaine du déminage humanitaire, en coopération étroite avec l'ONU, le CICR et ONG actives dans ce domaine.

Estimant que l'état actuel du droit garantit pour l'essentiel de manière satisfaisante la protection et l'assistance aux populations déplacées, pour autant que la volonté de respecter ce droit existe, la Suisse estime que les efforts doivent tendre en priorité vers la diffusion et la mise en oeuvre des règles dans ce domaine. Les Principes directeurs sur le déplacement interne qui ont été élaborés par le Représentant du Secrétaire général constituent à cet égard un document important. Pour la Suisse, il serait, en outre, utile de procéder à une comparaison des différentes options en matière d'arrangements de coordination sur le terrain en fonction des caractéristiques particulières d'une crise. Cette analyse comparative pourrait devenir une base importante pour les décisions que le Comité permanent interorganisations et le Coordonnateur des secours d'urgence seront appelés à prendre à l'avenir.

Enfin, s'agissant de l'assistance internationale dans les crises complexes, elle a estimé que des "cadres stratégiques" seraient susceptibles de constituer un excellent instrument pour la mise en oeuvre d'une approche intersectorielle intégrant les secours d'urgence et la protection humanitaire, les mesures en faveur du respect des droits de l'homme, les activités orientées vers le développement des sociétés en crise, ainsi que les initiatives politico-militaires de maintien ou de rétablissement de la paix. Il convient néanmoins de veiller à ce que les cadres non seulement restent flexibles et modulables à l'évolution des crises, mais aussi qu'ils soient

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guidés par des principes clairs, et qu'ils restent orientés vers les besoins réels des populations victimes des crises. Il est crucial que les cadres stratégiques, tout en tenant compte des mandats spécifiques et des principes d'action propres aux différents acteurs, facilitent la complémentarité et l'efficacité de l'ensemble de l'action considérée.

M. CARLOS EDUARDO ZABALLA (Représentant de l'Argentine et Commissaire de la Commission des casques blancs) a déclaré que son pays se réjouissait que le nouveau processus de réforme du secteur humanitaire des Nations Unies soit fondé sur des questions cruciales comme le partage des responsabilités, l'obligation redditionnelle, l'établissement de critères de sélection du personnel et le suivi des opérations. Ce genre de mesures permettront d'évaluer le travail des organes en charge des questions humanitaires et évitera les chevauchements. L'Argentine pour sa part, a renforcé son assistance humanitaire et l'a fait en coordination avec des entités gouvernementales et non gouvernementales, et aussi avec des organisations multilatérales. A travers la Commission des casques blancs elle a participé à plusieurs cas d'opérations humanitaires où sa présence était requise. Ainsi, l'Argentine a porté secours à des populations dans le besoin au Pérou, en Equateur, en Bolivie et au Brésil, pour ne citer que quelques-uns de ses voisins régionaux.

Une nouvelle approche intégrale dans le domaine de l'humanitaire permettra à un nombre croissant d'intervenants de participer aux opérations de secours. L'intégration de la société civile et des institutions de Bretton Woods dans le processus assure que tous les acteurs intéressés peuvent participer à la planification, à la programmation et à l'établissement des priorités des actions après les conflits dont le but est notamment le redressement de la vie socio-économique des populations dans le besoin. L'Argentine soutient la nécessaire coordination entre les différentes parties qui dans de nombreuses situations, doivent travailler ensemble et simultanément; la flexibilité dans les opérations en tenant comporte du cadre actuel des activités d'assistance humanitaire; la disponibilité de ressources adéquates au sein du budget ordinaire des Nations Unies, et une augmentation des contributions versées par les donateurs.

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