ECOSOC/401

REUNION DE HAUT NIVEAU : POUR PARVENIR A UN DEVELOPPEMENT DURABLE, IL FAUT PROMOUVOIR LA CONDITION DES FEMMES ET LEUR PARTICIPATION AUX PROCESSUS DE DECISION

9 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/401


REUNION DE HAUT NIVEAU : POUR PARVENIR A UN DEVELOPPEMENT DURABLE, IL FAUT PROMOUVOIR LA CONDITION DES FEMMES ET LEUR PARTICIPATION AUX PROCESSUS DE DECISION

19980709 Pour parvenir aux objectifs de réduction de la pauvreté et du développement durable, il est fondamental de promouvoir la condition des femmes et leur participation aux processus de décision, ont souligné plusieurs délégations au cours de la réunion de haut niveau consacrée à la promotion de la femme qu'a tenue cet après-midi le Conseil économique et social dans le cadre de son débat sur les activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement. Les femmes, et en particulier les femmes rurales jouent, en effet, un rôle essentiel dans la production agricole et sont responsables, en premier lieu, de la préparation de la nourriture pour la famille. Or, bien qu'elles portent un lourd fardeau, leur rôle est sous-évalué. Les causes profondes de la pauvreté persistante et de l'insécurité alimentaire étant liées, il importe de prendre des mesures urgentes pour éliminer les contraintes pesant sur les femmes et changer les attitudes, sinon la sécurité alimentaire ne pourra être assurée pour les prochaines générations, a ainsi affirmé le représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Il est, en particulier, nécessaire de faciliter l'accès des femmes aux ressources productives et aux services, de promouvoir leur participation aux processus de décision, en particulier dans les domaines qui affectent directement leur vie, et de développer un cadre juridique qui leur soit plus favorable.

Mme Leiv Lunde, Secrétaire d'Etat au Ministère des affaires étrangères de la Norvège, et M. Vladimir Parshikov, Directeur adjoint du Département de la coopération humanitaire et des droits de l'homme de la Fédération de Russie, ont fait une déclaration dans le cadre de cette réunion. Mmes Noeleen Heyzer, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour le développement de la femme (UNIFEM); Karin Sham Poo, Directrice exécutive adjointe du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF); et Katherine Hagen, Directrice exécutive adjointe de l'Organisation internationale du Travail (OIT), sont également intervenues. Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Chine, République de Corée, Bélarus, Viet Nam, Inde, Pakistan, Colombie, Equateur, Jamaïque, Mongolie, Swaziland, Kazakhstan, Roumanie et Nigéria. Les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et la Banque mondiale sont aussi intervenus.

Le Conseil économique et social poursuivra ce débat ce soir à partir de 18 heures.

Débat de haut niveau consacré aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement : Promotion de la femme

M. SHEN GUOFANG (République populaire de Chine) : A la suite de la convocation suivie de réussite de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et du Forum des ONG tenus à Beijing en 1995, les problèmes liés au statut de la femme reçoivent plus d'attention et ont plus d'importance aux yeux de la communauté internationale. La Déclaration et la Plate-forme d'action de Beijing, adoptées lors de la Conférence ont établi les buts stratégiques à atteindre pour la résolution des problèmes auxquels les femmes font face dans le monde, de même que les actions à prendre. Au cours des deux dernières années et plus, les organisations gouvernementales et non gouvernementales de différents pays ont traduit les engagements pris alors, en actes concrets, et de plus en plus de gens réalisent que l'égalité entre les sexes est une étape importante dans l'évaluation du progrès social. La promotion de la sexospécifité est au centre de toutes les attentions, et beaucoup de pays ont amélioré leur législation sur le statut de la femme. Ces pays ont formulé des plans et des programmes pour l'avancement des femmes et ont renforcé les institutions relatives au statut des femmes. Mais pour mettre en application des politiques sexospécifiques, il est nécessaire que les activités opérationnelles du système des Nations Unies travaillent avec plus de coordination et de dialogue entre le Siège et les différentes organisations qui sont sur le terrain, de façon à agir de concert et à renforcer l'impact des programmes d'assistance au niveau des pays. Les propositions faites par le Secrétaire général dans son rapport sur le renforcement des capacités humaines, la formation des personnels, la réalisation de projets sur des délais de temps limités, la transparence et l'évaluation des mécanismes sont indispensables.

La quatrième Conférence mondiale sur les femmes de Beijing a donné un élan à la promotion des femmes en Chine. Le gouvernement a formulé un Programme pour le développement des femmes chinoises pour la période 1995-2000 en juillet 1995, dans le respect de la Plate d'action, et ce Programme est en train d'être mis en exécution. Son thème central est de renforcer les capacités féminines et de les impliquer beaucoup plus dans le développement économique et social. Les organes adéquats du Gouvernement chinois et les gouvernements locaux, à des niveaux divers, travaillent sur des plans d'action et des mesures correspondant à leur échelon pour atteindre ces objectifs. Le ministère du travail et de l'emploi a fait des efforts consistants pour créer des emplois pour les femmes. 50% des jeunes formés chaque année pour le marché du travail sont de sexe féminin, et 10 millions de femmes vivant dans des zones frappées par la pauvreté ont reçu des cours de formation dans les technologies de production. Nous tenons à préciser, d'autre part, que

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le Gouvernement chinois a fait des femmes, spécialement les plus pauvres d'entre elles, les bénéficiaires prioritaires des programmes d'aide fournis à la Chine par le système de développement des Nations unies et par les pays développés. Ces programmes couvrent des domaines importants comme l'éducation de base des femmes, les soins de santé et la formation technique.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) a déclaré que l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes ne jouit pas encore du plein soutien de tout le système des Nations Unies. En effet, cette démarche en est encore à son stade initial dans l'ensemble des activités de l'ONU. Or, la question mérite d'être considérée comme une priorité intersectorielle. C'est pourquoi, la perspective sexospécifique devrait être reflétée dans les divers projets et activités des entités de l'ONU dès leur planification afin de permettre une mise en oeuvre intersectorielle dès le départ. La question des chevauchements et des double-emplois devrait également être résolue par le renforcement de la coordination et de la coopération entre les agences de l'ONU dans le respect de leurs mandats respectifs. A cette fin, il est nécessaire de continuer à renforcer le rôle et de la responsabilité du Comité administratif de coordination et du Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes. La réalité montre que le système de point focaux doit être amélioré du point de vue de son efficacité opérationnelle et du soutien institutionnel. Ce système devrait fonctionner sur la base d'un mandat clair, guidé par des directives institutionnelles plutôt que par des lignes directrices discrétionnaires. La mobilisation des ressources constitue un élément clé pour parvenir à l'objectif de l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes. A cet égard, des efforts supplémentaires doivent être faits en vue de contrôler le déboursement approprié des fonds, en particulier ceux qui sont alloués aux projets locaux. Ceci contribuerait à attirer un plus grand soutien financier de la part des pays donateurs et des agences de l'ONU. Des efforts sérieux doivent aussi être faits pour changer les mentalités des hauts fonctionnaires de l'ONU. Les résultats des initiatives visant à une démarche sexospécifique n'ont pas répondu à nos attentes en raison principalement du manque de compréhension et d'engagement au niveau des gestionnaires.

Pour sa part, le Gouvernement de la République de Corée a fait de la démarche sexospécifique l'un des éléments de base de ses politiques en faveur des droits des femmes et l'a introduite dans son plan quinquennal 1998-2002 en faveur des femmes. La Commission présidentielle sur les affaires féminines a été chargée d'institutionnaliser la formulation et la coordination des politiques en faveur des femmes et de suivre leur mise en oeuvre. Des points focaux additionnels ont été désignés dans les six ministères concernés par ces questions. Dans les circonstances économiques difficiles que connaissent les économies asiatiques, la participation des femmes au processus de décision sur les questions de développement est particulièrement importante car les politiques et programmes macro et micro-économiques, y compris l'ajustement

(suivre

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structurel, doivent être conçus de manière à ce que leur impact sur les femmes soit pris en compte. Les gouvernements doivent renforcer leur efforts en vue d'éliminer toutes les pratiques discriminatoires sur le marché du travail et assurer la participation des femmes au processus de décision dans le domaine du développement.

M. LEIV LUNDE, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la Norvège, a souligné que la tâche qui consiste à intégrer une dimension sexospécifique dans les politiques et les programmes du système des Nations Unies est un défi à l'Organisation. La vulgarisation d'un concept et d'une politique ne se produit pas de façon spontanée, elle demande beaucoup de travail et un suivi attentif à beaucoup de niveaux. Il est important de maintenir la direction imprimée par les conférences des Nations Unies au cours des années 90, à la fois au niveau des pays et au niveau de l'Organisation. Ces conférences ont fourni des cadres utiles au niveau mondial pour la promotion des femmes et les problèmes liés à l'égalité des sexes. Il y a dans le rapport du Secrétaire général sur la mise en exécution du Programme d'action de la Plate de Beijing, une demande urgente pour des ressources supplémentaires destinées au suivi de la vulgarisation de ces politiques. Nous sommes d'accord que plus peut être fait, mais il ne faut pas que la promotion de l'égalité des sexes devienne prisonnière de contraintes financières.

C'est sur le terrain que se jouent les enjeux. Les coordonnateurs résidents ont une responsabilité dans l'insertion générale des politiques liées à l'égalité des sexes au sein des activités des Nations Unies. En dehors des montages administratifs, les problèmes de sexospéficité doivent aussi faire part du dialogue entretenu avec les autorités récipientes. Ceci ne peut pas seulement être accompli par des moyens techniques, mais doit être inclus dans les rapports que l'Organisation entretient dans sa politique de présence sur le terrain. La situation en Afghanistan est un triste exemple de l'attention accrue qui devrait être portée à l'égalité des sexes. Nous accueillons favorablement en conséquence la décision de nommer un conseiller de haut niveau sur la sexospécifité en Afghanistan, comme recommandé par la Mission interinstitutions sur l'égalité des sexes envoyée en Afghanistan par le Conseil de sécurité au mois de novembre dernier. Nous avons appris que la croissance économique et le développement ne conduisent pas nécessairement à l'amélioration de la situation des femmes. Néanmoins, il est clair que l'amélioration du statut des femmes mène à la croissance économique au bénéfice à toute la population; c'est pourquoi l'option de l'égalité des sexes a besoin d'être fermement intégrée dans la formulation des politiques de développement. Le système des Nations Unies a la capacité de faire ici la différence, à travers le mandat unique qui lui a été donné et sa présence sur le terrain dans toutes les régions du monde en développement.

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M. ALYAKSANDR SYCHOU (Bélarus) a déclaré que ce qui a été obtenu au début du 20ème pour les hommes, le principe " à travail égal salaire égal", ne l'est pas encore pour les femmes. Les pays en transition, et le Bélarus en fait partie, dans cette optique appellent à une assistance de la communauté internationale pour résoudre ce problème. Il est difficile d'apprécier le rôle que pourraient jouer l'Organisation des Nations Unies et les organes du système onusien pour favoriser l'application des recommandations de Beijing. Mais le Bélarus se réjouit des actions que mènent le PNUD et l'UNIFEM dans la résolution des problèmes liées à l'amélioration de la condition des femmes. Le Bélarus s'est réjoui des deux missions envoyées par l'UNIFEM au Bélarus à la fin de l'année passée, et soutient la nomination par cet organe de conseillers devant aider à la mise en place du Plan d'action de Beijing dans le pays. Nous soutenons aussi la proposition du Secrétaire général pour une meilleure prise en compte de la sexospécifité dans les programmes et opérations des Nations Unies et des autres institutions internationales. De même la création d'unités dédiées à la mise en place des politiques d'égalité entre les sexes sexospécifiques au sein de différents organes de l'ONU reçoit le soutient et l'approbation du Gouvernement du Bélarus.

M. NOELEEN HEYZER, Directeur général du Fonds des Nations Unies pour le développement de la femme (UNIFEM), a expliqué que l'UNIFEM développe de nouveaux modèles conceptuels et méthodologiques dans quatre domaines. Ainsi, pour ce qui est de l'élimination de la violence à l'encontre des femmes, l'UNIFEM a mis en place un fonds d'affectation spécial à la demande de l'Assemblée générale. Ce fonds, au cours de ses premiers dix-huit mois de fonctionnement, a alloué 2 millions de dollars à 49 projets. Le travail de l'UNIFEM à travers ce fonds vise maintenant l'élaboration de partenariats et de programmes qui luttent contre de cinq types de violence telles que les violations des droits de l'homme dans le cadre familial, les crimes de guerre à l'égard des femmes, les violations de l'intégrité physique de la femme, la discrimination et l'exploitation économique, les persécutions et discriminations politiques. Le Directeur a ajouté que le travail de l'UNIFEM en Amérique latine et les Caraïbes a mené à une campagne de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Cette campagne a permis de réunir 10 fonds, programmes et institutions des Nations Unies et de rallier l'appui de 19 gouvernements. Le programme régional de l'UNIFEM en Afrique et dans la région de l'Asie-Pacifique reproduit cet effort dans leur région.

Le second domaine d'action touche à la promotion de la femme sur la base du respect de leurs droits. Le Directeur de l'UNIFEM a expliqué que bien que 161 pays aient ratifié la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), celle-ci fait l'objet de plus de réserves de la part des Etats parties que les autres traité et son application reste incomplète. L'UNIFEM travaille sur plusieurs fronts, à savoir permettre à la femme à faire de la CEDAW un outil de promotion de ses droits, établir des partenariats entre les gouvernements et les représentants

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de la société civile dans le but de promouvoir la prise de conscience du public au sujet de la Convention, et rendre la Convention et les instruments de protection des droits de l'homme plus accessibles aux représentants de la société civile.

Le troisième domaine d'action touche à l'élimination de la pauvreté des femmes. Le Directeur a expliqué que l'approche stratégique de l'UNIFEM s'attache à soutenir les industries de transformation autochtones pour développer la capacité des pays africains à intégrer le marché mondial avec des produits compétitifs. Le Directeur de l'UNIFEM a cité, en exemple, la participation des Nations Unies à la Campagne sur le micro-crédit dont le but est d'allouer un crédit à 100 millions de familles pauvres d'ici l'année 2005. Le quatrième domaine d'action vise à intégrer la dimension sexospécifique dans la prise de décision. L'UNIFEM ,a expliqué son Directeur, travaille à l'amélioration des banques de données et des statistiques à partir desquelles sont élaborés les politiques et les programmes. L'UNIFEM s'efforce également d'accroître la participation des femmes au sein des systèmes politiques. Le Fonds des Nations Unies travaille à la sensibilisation des parlementaires pour que ceux-ci formulent des textes législatifs qui prennent en compte les facteurs sexospécifiques.

M. LE LUONG MINH (Viet Nam) a déclaré que les problèmes liés à la condition de la femme sont dépendant des structures politique, économique, socioculturelle et d'éducation, et sont devenus un débat à long terme pour toutes les communautés, nations et Etats. Il est à la fois dans l'intérêt des hommes et des femmes de trouver une solution à ce problème de manière appropriée. D'un autre coté, c'est une tâche qui doit être traitée non seulement au niveau de chaque pays, mais aussi au niveau international, car elle est très près liée à d'autres questions internationales. Conscient de ce fait, le Gouvernement du Viet Nam attache une grande importance à la promotion de l'égalité des sexes dans les domaines politiques, économiques et socioculturels. Dans l'application de la Plate de Beijing et la Stratégie nationale et le plan d'action pour l'avancement des femmes vietnamiennes, le Viet Nam, avec le soutien du PNUD, et du Gouvernement des Pays-Bas est en train de réaliser un projet de renforcement des capacités humaines dans le domaine de la sexospécifité au sein de la politique publique nationale, et aussi dans le cadre de la participation des femmes dans les prises de décisions aussi bien au niveau central que dans les communautés de base.

Le Viet Nam est un des 154 pays qui ont signé et ratifié la Convention sur l'élimination de la discrimination envers les femmes (CEDAW); ceci démontre l'engagement de son gouvernement à assurer l'égalité des hommes et des femmes, et à améliorer le statut et le rôle des femmes dans la société. Le Comité national vietnamien pour l'avancement des femmes a finalisé la deuxième copie préparatoire du rapport national de mise en exécution de la CEDAW durant la période 1983-1998, et soumettra le rapport final à l'ONU

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en 1999. Durant les trois années de mise en place de la Plate et du Plan d'action de Beijing, et de la Stratégie pour l'avancement des femmes vietnamiennes à l'horizon de l'an 2000, le Viet Nam a enregistré des succès majeurs : il y a eu une grande amélioration de la prise de conscience par les autorités à tous les niveaux. Pour la première fois des stratégies et programmes d'action nationaux ont été largement disséminés et rendus publics par des autorités à des niveaux différents et par des organisations de masse. Des objectifs importants ont été atteints, notamment dans la réduction de la pauvreté, dans la création d'emplois, la réduction du niveau d'illettrisme et la participation des femmes aux décisions. Le Viet Nam est déterminé à mener les actions qui sont demandées par la majorité de sa population en faveur de l'amélioration du statut des femmes, et est convaincu de pouvoir y arriver avec la soutien de la communauté internationale.

M. ATUL KHARE (Inde), s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a déclaré que les intérêts des personnes les moins privilégiées et dépendantes ont toujours été au sommet des priorités indiennes. Récemment, le gouvernement a renouvelé son engagement en faveur des femmes, ce qui a permis, notamment, de consacrer 1 milliard de roupies à l'éducation universitaire gratuite des jeunes filles. Un partenariat favorisant la participation active du secteur privé et de la société civile a également été mis en place. L'éducation des femmes est une priorité et le système éducatif dans son ensemble a été conçu pour favoriser l'éducation et l'autonomisation des femmes. De l'avis de l'Inde, l'éducation est à la base de toutes les questions sexospécifiques. D'autres initiatives ont également été prises afin, notamment, de développer la mobilisation des femmes en groupes d'entraide. Il existe en outre un fond national de crédit destiné aux femmes les plus pauvres du secteur informel et des programmes de formation sont aussi mis en place. Les principaux domaines d'action sont en fait l'amélioration de l'accès au crédit pour les femmes, l'emploi, la formation et le services d'aide. M. Sharma a ajouté que la Constitution indienne a été amendée pour autoriser l'action positive et allouer notamment 33% des sièges électoraux au niveau local et municipal à des femmes.

L'Inde fut à Beijing l'un des tout premiers pays a annoncé son acceptation sans réserve du Programme d'action. Aujourd'hui, elle est en train d'élaborer sa politique nationale d'autonomisation des femmes afin d'améliorer leur condition dans l'ensemble des secteurs de la société. C'est pourquoi, elle apprécie énormément les efforts déployés par toutes les entités du système des Nations Unies pour améliorer l'intégration des questions de parité entre les sexes à toutes les activités. Ainsi l'ensemble des 10 programmes approuvés dans le cadre du programme-cadre de coopération avec l'Inde du PNUD contiennent des dispositions spécifiques sur l'amélioration de la condition des femmes. L'un d'entre eux vise notamment à promouvoir les méthodes éducatives respectueuses des questions de parité entre les sexes. Toutefois, le représentant a insisté sur le fait que la pleine mise en oeuvre de tels programmes requiert la fourniture de ressources

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appropriées. C'est pourquoi, il est essentiel de résoudre, de manière efficace le problème de la diminution des ressources disponibles pour les fonds et programmes. De plus grandes avancées, en matière de développement, permettront en effet de juger l'efficacité et la réussite du processus de réforme des Nations Unies.

M. VLADIMIR PARSHIKOV, Directeur adjoint du Département de la coopération humanitaire et des droits de l'homme de la Fédération de Russie : Le problème de l'égalité entre les sexes occupe actuellement une place centrale dans le système des Nations Unies. Toutefois, il y a encore une trop grande distance entre la théorie et le fait que dans les documents on utilise trop de notions compliquées et scientifiques. Il est temps de se pencher réellement sur les problèmes des femmes. La Russie a adopté, pour sa part, une politique visant l'amélioration de la condition de la femme, complétée par une série de mesures pratiques fondées sur les recommandations des diverses régions et sous-régions du pays. De nombreuses régions ont adopté leurs propres plans d'action pour appliquer cette politique. Ce programme doit maintenant être mis en oeuvre à tous les niveaux.

Indépendamment des problèmes liés aux volumes de l'aide accordée aux programmes d'assistance technique pour promotion de la femme, il importe de renforcer ces programmes. De nombreuses ONG de femmes qui sont apparues récemment dans les pays d'Europe centrale et orientale, ont des problèmes de nature financière pour s'acquitter de leurs activités. Pour les aider et utiliser au mieux les ressources de l'ONU, on pourrait organiser des concours sur la base des projets qu'elles présenteraient. En Russie, le financement prioritaire va aux projets visant à éliminer la violence contre les femmes et leur exploitation à des fins sexuelles. Cependant, il y a tout un ensemble de problèmes sociaux et économiques à régler avant cela. La résolution de ces problèmes contribuerait à réduire la violence à l'encontre des femmes.

M. KHALID AZIZ BABAR (Pakistan) a déclaré que la responsabilité de concevoir, de développer et de mettre en exécution des politiques nationales, en accord avec les priorités de chaque pays est d'abord celle des gouvernements nationaux. Néanmoins, les Nations Unies doivent jouer un rôle complémentaire important dans le développement socio-économique des nations. Les Notes de stratégie de pays donnent un cadre utile d'identification des priorités nationales aux Nations Unies pour répondre aux besoins des pays membres. Le Pakistan considère que les actions des Nations Unies devraient être en priorité orientées dans des domaines prioritaires comme l'éradication de la pauvreté. la création d'emplois, les soins de santé et l'éducation. Le soutien des Nations Unies dans ces domaines accomplirait des progrès en faveur des pays en développement et aiderait à la mise en place des objectifs de la Plate-forme et du Plan d'action de Beijing. Malheureusement les transferts financiers tarissant des pays développés vers les pays en développement ont fait cruellement défaut à la réalisation de ces objectifs. Le manque de

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ressources menace aussi la mise place des activités opérationnelles des Nations Unies dans un certain nombre de pays. Les Nations Unies doivent en conséquence renforcer leurs activités, en militant pour une meilleure assistance financière aux pays en développement.

Depuis la Conférence de Beijing, le Pakistan a pris un certain nombre de mesures en faveur de l'amélioration du statut des femmes qui comprennent la création d'un ministère chargé du développement de la femme, et la mise en place d'une législation appropriée à la sauvegarde des droits des femmes. La préparation d'un Plan national pour la mise en application de la Plate de Beijing est à l'étude, et le Pakistan a adhéré à la Convention contre toutes les formes de discrimination envers les femmes. Une décision a d'autre part été prise en faveur de la priorité au recrutement des femmes dans le marché de l'emploi et des campagnes de sensibilisation contre la violence envers les femmes ont été lancées dans le même temps que des centres d'accueil pour les femmes en détresse étaient créés.

M. FREDERICK H. WEIBGEN, Fonds des Nations Unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) : Les activités de la FAO ont été promues en reconnaissant le rôle essentiel des femmes dans la production agricole. Les femmes produisent plus de 50% de la nourriture dans le monde entier, tandis que les populations rurales représentent la majorité des pauvres du monde. Les femmes sont, en outre, responsables de la préparation de la nourriture pour la famille. Or, bien qu'elles portent un lourd fardeau, leur rôle est sous-évalué, ce qui constitue un obstacle à leur participation aux processus de décision. A moins que des mesures urgentes soient prises pour éliminer ces contraintes et changer ces attitudes, la sécurité alimentaire ne pourra être assurée pour les prochaines générations. Les causes profondes de la pauvreté persistante et de l'insécurité alimentaire chez les femmes rurales et leur famille sont liées. C'est le manque d'accès et de contrôle sur les ressources productives et les services, le sur- et le sous-emploi, les inégalités dans les opportunités d'emploi et les rémunérations, l'exclusion des processus de décision, et un environnement juridique qui leur est défavorable. Pour la FAO, il est essentiel de s'attaquer à ces problèmes afin de promouvoir la condition des femmes rurales et parvenir à la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté et un développement durable. A cet égard, il importe de développer une meilleure coordination des politiques dans le domaine du développement. En effet, l'intégration sexospécifique ne se fait pas automatiquement, mais exige une coordination à tous les niveaux. Pour sa part, la FAO a mis au point un plan d'ensemble en faveur des femmes dans tous les domaines, qui vise en particulier à réduire la pauvreté rurale et à assurer la sécurité alimentaire.

Depuis 1995, la FAO a procédé à la restructuration et décentralisation la plus importante de son histoire en appliquant une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans ses activités. Cette nouvelle structure facilite la mise en oeuvre des plans d'action nationaux dans le domaine

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du développement. Le programme spécial de la FAO sur la sécurité alimentaire s'occupe particulièrement des pays à déficit alimentaire à revenus bas où se trouvent la majorité des pauvres. Avec un peu plus de priorité accordée à cette question, la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing sera facilitée.

Mme MIRZA GNECCO (Colombie) a déclaré que le Gouvernement de la Colombie a créé un cadre pour le développement des femmes et l'amélioration de leur statut, qui doit être intégré au système politique sous l'angle de la justice sociale. Avec plus de 2,7 millions d'enfants de moins de sept ans la Colombie connaît des problèmes sur le plan des infrastructures d'éducation. L'UNESCO travaille avec le Gouvernement colombien pour aider le pays à fournir des soins de santé et un cadre éducationnel viable aux enfants et à leurs mères. La violence à l'intérieur des familles à l'égard des femmes et des enfants est aussi un problème préoccupant, et la Direction de la promotion de la femme, au sein du Gouvernement colombien, coordonne les activités pour ramener les choses à leur état normal dans ce domaine. Les femmes connaissent des problèmes de discrimination dans le domaine de l'emploi, mais la Colombie fait des efforts pour que les droits des femmes compris dans les traités internationaux en ce qui concerne l'accès à l'emploi soient défendus et appliqués. La Direction de la promotion de la femme s'applique à promouvoir une culture relative au respect des droits des hommes et des femmes dans le milieu du travail et la vie sociale.

En Colombie plusieurs projets en faveur de la sexospécifité sont menés avec le soutien des Nations Unies. Mais un manque de ressources ralentit malheureusement la mise en application des programmes. L'absence de suivi et d'évaluation empêche que ces projets aient réellement un impact sur les femmes, mais le Gouvernement colombien met en ce moment l'accent sur les droits économiques et sociaux des femmes qui devraient être appliqués dans l'esprit des accords et conventions internationaux.

M. LUIS VALENCIA RODRIGUEZ (Equateur) : Il faut renforcer les activités des Nations Unies en faveur du développement. A cet égard, il appartient à l'ECOSOC de donner un contenu aux propositions de réforme du Secrétaire général et d'appuyer les actions exécutées dans ce domaine. Malheureusement, au cours des dernières années, les ressources consacrées au développement ont constamment diminué. Il est indispensable d'inverser cette tendance et d'atteindre l'objectif des 0,7% du PNB des pays développés en faveur de l'aide au développement. L'Equateur estime que le cadre de l'aide au développement de chaque pays doit être élaboré en consultation avec les gouvernements concernés et constituer la base pour le développement et la coordination des activités des Nations Unies dans ce domaine. Les fonds et programmes des Nations Unies doivent, pour leur part, travailler ensemble, coiffés par le Coordonnateur résident. L'Equateur appuie l'initiative visant à augmenter le nombre de conseillers sur la sexospécificité auprès des Coordonnateurs résidents.

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L'Equateur accorde une importance particulière à l'intégration de la perspective sexospécifique dans toutes les activités des Nations Unies, en particulier dans les activités de développement. L'objectif fixé ne sera toutefois pas facile à atteindre. Il y a, en effet, encore beaucoup d'efforts à fournir. La division pour la promotion de la femme, l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme et l'UNIFEM doivent bénéficier d'une meilleure assistance, grâce notamment à des activités permettant de lever des fonds supplémentaires. L'Equateur appuie, en particulier, la proposition visant à donner la possibilité à l'INSTRAW la possibilité d'obtenir des fonds supplémentaires et extrabudgétaires grâce à des contacts avec les gouvernements et la société civile dans son ensemble.

Mme KARIN SHAM POO, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a déclaré que les enfants sont la raison d'être de l'UNICEF qui est pleinement engagée dans la cause de leur défense. La moitié des enfants du monde sont des petites filles, dont la majorité voient leur avenir défini simplement par leur appartenance sexuelle, et non par les dons qu'elles peuvent avoir. Beaucoup trop d'entre elles ne pourront développer leurs talents et leur intelligence et réaliser leur plein potentiel, mais au contraire, elles apprendront à se nier, à avoir des aspirations très en dessous de ce qu'elles auraient pu avoir, et très en dessous de celles de leurs frères, époux et fils. La Convention sur les droits de l'enfant et la Convention contre la discrimination envers les femmes définissent le cadre des missions de l'UNICEF. Les femmes sont exclues des processus politiques, sociaux et économiques au sein de leurs propres communautés, et elles ne jouissent pas de leurs droits humains fondamentaux. Les programmes auxquels l'Unicef prête son assistance adhèrent désormais de plus en plus au cadre des droits de la femme et de l'enfant, et cherchent à aider la mise en exécution des Conventions sur les droits de l'enfant et sur les droits de la femme.

L'UNICEF a tiré de son expérience des leçons qu'elle aimerait partager. La première est que l'investissement dans les services sociaux destinés aux femmes et à la promotion de la femme sont indispensables à la réalisation des objectifs sociaux dans les pays en développement. La deuxième est que l'adoption d'un cadre opérationnel est essentielle à la vulgarisation des politiques de sexospécificité. Le cadre de promotion de la femme de l'UNICEF fournit une base de promotion de la sexospécificité dans les programmes de pays que nous menons, en prenant en compte les besoins réels de ces pays. La troisième leçon que l'UNICEF a apprise est que la sexospécificité demande une stratégie particulière de renforcement des capacités et de prise de conscience pour susciter des engagements, et améliorer les compétences au niveau national. La quatrième et dernière leçon est qu'il faut avoir des soutiens locaux si l'on veut espérer réussir dans la mise en place de la Plate d'action de Beijing. Il faut travailler dans cette optique avec la société civile , ce qui sous-entend des recherches et un soutien aux plans d'action nationaux.

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Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré qu'il va de soi que les activités opérationnelles ont un rôle significatif à jouer dans la promotion du renforcement des capacités et de la mobilisation des ressources en vue d'augmenter le niveau de la participation des femmes au développement. Les activités opérationnelles sont après tout la face perceptible et humaine du système des Nations Unies. Pour le citoyen moyen, les Nations unies, c'est d'abord l'Unicef, le PNUD, l'UNESCO, le Haut Commissariat aux réfugiés et les autres organes de l'ONU qui travaillent sur le terrain. Il est donc logique que les activités opérationnelles de ces organes soient le moyen par lequel devrait passer la promotion des politiques en faveur de l'égalité des sexes et de l'amélioration de la condition des femmes. La Jamaïque a noté avec intérêt les opinions exprimées dans le rapport du Secrétaire général en faveur des notes de stratégies de pays qui seraient des moyens valables et utiles de coordination des programmes de sexospécificité. Il est aussi très intéressant de savoir que le Cadre des Nations Unies d'assistance pour le développement (UNDAF) pourrait s'avérer être un outil encore plus efficace de coordination des activités des programmes des agence s de l'ONU dans le domaine de la sexospécificité.

La Jamaïque soutient pleinement l'accent mis sur le renforcement des capacités humaines par le système des Nations Unies. Il en est de même pour tout ce qui est renforcement des capacités dans les domaines liés à l'avancement social des femmes. La Jamaïque pense qu'il est important d'étendre les activités opérationnelles au niveau régional , particulièrement dans des cas comme ceux des Caraïbes où les politiques et activités en faveur de la promotion des femmes ont été menées de manière intrarégionale. Nous demandons aux agences des Nations unies de continuer à soutenir les efforts des pays en développement par la mobilisation de ressources.

Mme TSOGT NYAMSUREN (Mongolie) : La Mongolie a adopté un programme national d'action pour la promotion des femmes en 1996. Dix domaines critiques ont été identifiés, y compris les femmes et le développement économique. L'égalité entre les hommes et les femmes est garantie par la Constitution de la Mongolie. Le principe "à travail égal, salaire égal" est respecté. Toutefois, les femmes, qui sont moins bien formées, occupent pour la plupart des postes moins bien rémunérés. Le nombre de femmes travaillant dans le secteur privé a cependant fortement augmenté au cours des dernières années. Le Gouvernement a pris des mesures en faveur de la création d'emplois et de revenus, notamment par le biais de prêts spécifiques et du fonds pour le développement des femmes. Un programme national sur le micro-crédit a été lancé l'an dernier, en faveur essentiellement des femmes désavantagées vivant dans les campagnes. En outre, l'INSTRAW va prochainement réaliser un séminaire de formation au niveau national sur la collecte de données ventilées par sexe.

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Les activités opérationnelles de l'ONU en Mongolie sont conformes aux priorités du gouvernement. Toutefois, le déclin actuel de l'APD et des ressources de base des Nations Unies préoccupent la Mongolie, qui compte beaucoup sur les ressources extérieures pour son développement. Pour la Mongolie, il importe d'accroître les ressources de base sur une base prévisible. Des conseils nationaux responsables des activités de suivi ont été créés pour contrôler l'application des programmes nationaux. En 1998, la priorité sera accordée aux activités relatives à la santé et la nutrition, ainsi qu'à la promotion des droits de l'homme. La Mongolie espère que ces activités contribueront à l'amélioration de la condition des femmes.

M. MOSES M. DLAMINI (Swaziland) : Il importe d'avoir une approche coordonnée au niveau du système des Nations Unies afin d'assurer le suivi et la mise en oeuvre effective du Programme d'action de Beijing et d'intégrer la perspective sexospécifique dans toutes les activités des Nations Unies. L'appel lancé aux Nations Unies pour aider les pays en développement dans leurs efforts visant à introduire une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans leurs programmes nationaux, y compris par l'allocation de ressources adéquates pour les activités opérationnelles en faveur du développement, soulève certaines inquiétudes. Les ressources sont sans doute à peine suffisante dans la plupart des domaines, mais la décision du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d'allouer 20% de ses ressources à l'intégration de la sexospécificité constitue un départ en ce qui concerne la prise en considération de ces problèmes au niveau national.

Au Swaziland, le programme d'aide, élaboré par le PNUD et le Cadre de coopération du Swaziland pour la période 1997-1999, a pour objectif la réduction de la pauvreté. Le Programme de renforcement des capacités de bonne gouvernance vise, pour sa part, à offrir aux femmes et aux personnes handicapées des chances et une législation égales sur le marché du travail dans tous les secteurs. Parmi les autres domaines de coopération entre le PNUD et le Swaziland en ce qui concerne la promotion de la femme figurent l'aide aux femmes parlementaires; l'aide aux femmes rurales; et l'organisation d'une série d'ateliers de sensibilisation à la question de l'égalité entre les sexes à l'attention des décideurs politiques. L'UNICEF a, pour sa part, modifié son approche dans ses activités en faveur du développement des enfants et des femmes au Swaziland, en axant notamment ses activités sur le changement des mentalités et des attitudes, et sur des approches participatives. La première phase du Programme conjoint de l'UNICEF et du Swaziland pour la période 1996-2000 comportait des stratégies dans les domaines de la fourniture des services, le renforcement des capacités, en particulier par des programmes de formation, et la promotion de groupes cibles comme les femmes. La phase en cours vise à développer des réponses plus novatrices et plus proches des communautés à des questions urgentes, comme le sida et l'inégalité entre les sexes. Il est toutefois nécessaire d'équilibrer ces programmes par le soutien à des projets générateurs de revenus pour les femmes. A cet égard, il est déplorable que l'UNIFEM ne soit impliquée dans aucun projet ni programme au Swaziland. Cette anomalie doit être corrigée.

- 14 - ECOSOC/401 9 juillet 1998

Mme KATHERINE HAGEN, Directrice générale adjointe de l'Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné l'importance du Sommet de Copenhague pour le développement social et la Conférence du Caire sur la population dans la mesure où ces manifestations ont abordé la question de l'autosuffisance grâce à l'éducation et à la formation et le droit au travail sur une base non discriminatoire. A la suite de ces conférences, l'Organisation internationale du travail a intensifié ses efforts pour aider les groupes cibles de son action dans leur effort de promotion de la parité entre les sexes dans le monde du travail. Nous avons concentré nos efforts sur la mise en place d'outils pratiques et de stratégies visant l'autonomisation des femmes et à la lutte contre leur pauvreté et leur vulnérabilité. Mme Hagen a indiqué que l'OIT a adopté la Déclaration sur les principes fondamentaux et les droits au travail afin de promouvoir leur application universelle. L'élimination de la discrimination dans le travail est un des principes de base de cette Déclaration. Dans ce domaine, nous avons mis en place un programme d'action global visant à dégager plus de postes de meilleure qualité pour les femmes.

Pour ce qui est de l'édification des capacités locales, Mme Hagen a précisé qu'un des objectifs principaux de l'OIT est de renforcer la prise de conscience de la problématique homme/femme et de l'intégrer dans les programmes sociaux et ceux liés au travail. Au cours des trois dernières années, a-t-elle ajouté, nous avons organisé plus de 25 séminaires et des ateliers de formation dans toutes les régions pour encourager nos partenaires à adopter un suivi multisectoriel permettant de mettre en place ou de renforcer durablement les réseaux institutionnels. Soulignant le besoin de développer une approche plus globale sur les questions de sexospécificité, Mme Hagen a fait sienne les recommandations du Secrétaire général selon lesquelles les cadres de haut niveau devraient être impliqués plus activement dans les efforts visant à la parité entre les sexes. Une étude devrait également être réalisée pour évaluer l'approche qu'ont adopté les points focaux sur les questions de sexospécificité.

Mme Hagen a fait part des progrès réalisés dans ce domaine par l'OIT et a mentionné la création de trois postes de spécialistes des questions de sexospécificité ce qui porte à 7 le nombre de postes de ce type. Elle a également évoqué les consultations menées par l'OIT dans la région de l'Asie et du Pacifique et le plan d'action élaboré dans ce cadre qui a souligné la nécessité d'intégrer les questions de sexospécificité dans la région. De plus en plus de détermination sera nécessaire si nous voulons traduire les conclusions de l'ECOSOC et du Comité administratif de coordination en des actions et des programmes. A cette fin, une attention particulière devrait être portée au développement d'indicateurs généraux selon le sexe.

- 15 - ECOSOC/401 9 juillet 1998

M. AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a estimé que les informations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur la promotion de la femme justifient l'allégation selon laquelle le système des Nations Unies a réalisé de nombreux progrès dans ce domaine. A nos yeux, les recommandations générales de l'ECOSOC qui portent pour la plupart sur les activités opérationnelles, peuvent servir de point de départ pour nous permettre d'aller de l'avant. Le représentant a fait part de son appréciation pour les efforts déployés par les Nations Unies visant à édifier les capacités locales en tenant compte des sexospécificités. Il a soutenu les initiatives qui ont permis de faire de l'approche sexospécifique une question intersectorielle pour les quatre comités directeurs établis par le Secrétaire général. Le représentant a appuyé la décision du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) d'allouer 20% de ses ressources de base à la mise en oeuvre des directives qu'il a élaboré en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

Au Kazakhstan, a-t-il expliqué, l'approche sexospécifique prend de plus en plus d'importance au niveau social, politique et économique. Le Gouvernement a rédigé son Plan d'action national pour la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. Les activités des organisations de femmes ont augmenté. Actuellement, 30 organisations sont enregistrées auprès du Ministère de la justice. Le représentant a ajouté qu'en 1997, le Bureau des Nations Unies au Kazakhstan, le PNUD et le Bureau pour la parité des sexes et le développement ont parrainé et apporté leur aide à la rédaction du premier rapport périodique du Kazakhstan. Le Parlement vient de ratifier la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes qui reflète l'engagement du pays en faveur des recommandations de la Conférence de Beijing. Nous sommes conscients que la ratification de la Convention exige des efforts plus poussés de la part du gouvernement. Le représentant a lancé un appel au système des Nations Unies pour que celui-ci l'aide à créer une base juridique qui favorise la parité entre les sexes.

M. ION GORITA (Roumanie) a déclaré que la réforme des Nations Unies offre la possibilité de réaliser de nouveaux progrès en vue de parvenir à l'objectif de l'égalité entre les sexes au sein du système des Nations Unies. A cet égard, le Coordonnateur-résident a un rôle fondamental à jouer dans le développement d'une approche coordonnée à l'égard des questions sexospécifiques à l'intérieur de chaque pays, ainsi qu'en ce qui concerne l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les stratégies et les programmes. Un accent particulier doit aussi être placé sur l'évaluation de l'égalité entre les sexes en tant que thème intersectoriel dans la mise en oeuvre intégrée du suivi des grandes conférences des Nations Unies. La Roumanie se félicite du travail réalisé par l'UNIFEM en faveur de l'amélioration de la condition des femmes dans le monde, malgré ses ressources financières limitées, et appelle les Etats Membres et les entités des Nations Unies à renforcer leur soutien à ses activités.

- 16 - ECOSOC/401 9 juillet 1998

Pour sa part, la Roumanie a créé en 1995 un Département chargé de la promotion de la femme, dont les priorités sont, en autres, la lutte des femmes, la promotion de leur participation dans les structures de décision, l'amélioration de leur condition économique et de leur accès au marché du travail, la lutte contre la violence à l'égard des femmes, l'amélioration de leur état de santé, et l'intégration d'une perspective sexospécifique dans les politiques et programmes du Gouvernement. Parmi les initiatives visant à moderniser le cadre juridique, il convient de mentionner deux projets de lois, l'un sur l'égalité des chances entre les hommes et les femmes, et l'autre sur le congé paternel. Pour lutter contre la marginalisation économique des femmes, le gouvernement a créé un fonds en faveur des petites et moyennes entreprises gérées par des femmes. Des mesures ont en outre été prises pour lutter contre la violence domestique à l'égard des femmes. La Roumanie accorde une grande importance aux projets soucieux d'équité entre les sexes qui sont en cours avec l'appui de diverses institutions des Nations Unies, ainsi qu'avec l'Union européenne et le Conseil de l'Europe. Ainsi, des projets spécifiques ont notamment été lancés en faveur des femmes rurales et des femmes âgées.

M. G.S. AKUNWAFOR (Nigéria) a déclaré que le Nigéria soutient les efforts menés par le Secrétaire général et le système des Nations Unies en faveur de la promotion des femmes et des politiques de parité sexuelle. Le Nigéria accorde une attention particulière à la pleine intégration des priorités féminines aux processus de développement nationaux. Le Ministère des affaires féminines, en collaboration avec diverses institutions de l'ONU a organisé une série d'ateliers en vue de sensibiliser la population aux problèmes liés à l'intégration de la femme. Le Nigéria accueille favorablement l'initiative prise par les Nations Unies en faveur de la promotion des femmes dans le cadre des activités opérationnelles, et il espère que les institutions du système de l'Organisation augmenteront le niveau de leur assistance aux pays en développement pour leur permettre de mettre en application la Plate-forme de Beijing. Le Nigéria a établi et soumis son Plan national d'action pour l'exécution de cette Plate à la Division pour l'avancement des femmes du Secrétariat des Nations Unies.

Tout en accueillant favorablement la position du Groupe des 77 et de la Chine qui stipule que les priorités doivent être orientées vers les activités opérationnelles du système des Nations Unies, la délégation du Nigéria souhaite dire que le Nigéria a établi plusieurs programmes de lutte contre la pauvreté dans le but d'améliorer le statut économique des femmes et leur donner plus de pouvoir dans l'exercice de leurs droits économiques. Le Nigéria réitère son engagement à assurer la recherche d'un développement durable en faveur des femmes nigérianes, par une pleine application des recommandations de la Plate d'action de Beijing.

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Mme JOANNE SALOP, Directrice des politiques opérationnelles et des stratégies et Directrice par intérim des questions sexospécifiques et du développement de la Banque mondiale, a déclaré que la Banque mondiale se réjouit de l'accent placé dans le présent débat sur le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources. L'objectif principal de la Banque mondiale est la réduction de la pauvreté, ce qui passe notamment par la prise en compte des questions sexospécifiques. Lors de la Conférence de Beijing, la Banque mondiale, par le biais de son Président, s'est solennellement engagée à intégrer les questions de parité entre les sexes à ses politiques. L'un des domaines essentiels de préoccupation pour la Banque mondiale est l'éducation des petites filles. Son objectif est de faire en sorte que d'ici à l'an 2010, toutes les petites filles bénéficient d'une éducation élémentaire et qu'elles puissent poursuivre leurs études au cycle secondaire. Pour y parvenir, la Banque mondiale a augmenté les ressources qu'elle prête en faveur de l'éducation des petites filles. Elles sont désormais de l'ordre de 900 millions de dollar par an. La Banque mondiale a aussi renforcé son partenariat avec les agences des Nations Unies spécialisées dans les questions relatives aux enfants, ainsi qu'avec les communautés locales, les groupes de femmes et les organisations non gouvernementales. Elle porte tout particulièrement son attention sur 31 pays, principalement d'Asie du Sud et d'Afrique.

La Banque mondiale a fait en sorte de mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing, tant dans ses politiques que dans ses activités opérationnelles, reconnaissant ainsi que les femmes sont un élément central du développement durable, du progrès économique et de la justice sociale. Ce faisant, elle met l'accent sur l'efficacité et l'équité. Mais ces deux questions fondamentales doivent être appréhendées d'une manière plus globale et plus stratégique et pour ce faire, les stratégies d'aide aux pays sont essentielles, car elles permettent de garantir l'intégration des questions de parité entre les sexes aux politiques. A l'avenir, la Banque mondiale envisage de concentrer ces activités principalement sur l'éducation, les systèmes juridiques et les fonctions de direction, car ces trois points sont de la plus haute importance pour la promotion de l'égalité entre les sexes dans les pays en développement. Elle entend également développer son partenariat avec des acteurs extérieurs, tels les donateurs bilatéraux et multilatéraux, et les organisations non gouvernementales qui fournissent des fonds aux micro-entreprises. La Banque mondiale va en outre augmenter les fonds pour les cadres de recherche et d'analyse. Elle travaille actuellement à la rédaction d'un rapport sur l'étude des politiques, qui sera publié en l'an 2000 ainsi qu'à un rapport sur la sexospécificité à paraître en l'an 2004. La leçon la plus importante à tirer de l'après-Beijing est que l'engagement véritable, les directives et le partenariat sont essentiels, a conclu Mme Salop.

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