ECOSOC/400

LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA PROMOTION DE LA FEMME DANS LE CADRE DE L'EXAMEN DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L'ONU

9 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/400


LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ENTAME SON DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR LA PROMOTION DE LA FEMME DANS LE CADRE DE L'EXAMEN DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L'ONU

19980709 Les participants s'inquiètent de la diminution et de la faiblesse des ressources destinées aux activités en faveur des femmes

Dans le cadre de son examen des activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement, le Conseil économique et social a entamé, ce matin, un débat de haut niveau sur la promotion de la femme. La diminution et la faiblesse des ressources consacrées aux programmes en faveur des femmes ont été particulièrement mises en avant par les participants. Il a ainsi été suggéré que les institutions chargées du développement établissent des mécanismes de contrôle et de suivi des fonds alloués. Les délégations ont proposé de généraliser l'initiative récente prise par le PNUD et le FNUAP pour que les agences développent des directives d'action institutionnelles et non plus seulement sectorielles, en vue d'appliquer une stratégie globale cohérente sur l'ensemble du système.

Ouvrant la réunion, le Secrétaire général-adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desai, a estimé que le Conseil économique et social devrait être en mesure d'établir des directives beaucoup plus précises sur les activités des fonds et programmes ainsi que sur le renforcement de la coordination. La Conseillère spéciale du Secrétaire général pour les questions de parité et la promotion des femmes, Mme Angela King, a présenté le rapport du Secrétaire général sur la promotion de la femme. Selon elle, il reste encore beaucoup à faire dans plusieurs domaines. Ainsi, la formation à l'intégration d'une démarche soucieuse d'égalité entre les sexes n'est pas encore obligatoire dans tout le système, le système d'évaluation et de suivi n'est pas tout à fait performant et le mécanisme de responsabilité en est encore à ses débuts.

Le Conseil économique et social a également entendu les interventions des personnalités suivantes : M. Poul Nielson, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark; Mme Astrid Fischel-Volio, Première Vice-Présidente du Costa Rica; M. Mats Karlsson, Secrétaire d'Etat à la coopération internationale pour le développement de la Suède; M. Walter Fust, Directeur général de l'Agence pour la coopération et le développement de la Suisse, ainsi que Mme Catherine Bertini, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM).

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Les représentants des pays suivants se sont également exprimés à cette occasion : Indonésie (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Etats-Unis, Algérie, Tunisie, Brésil, Bangladesh, Mexique, Philippines, Japon et Croatie.

En début de séance, le Conseil, sur la base d'un document du Comité des organisations non gouvernementales, a accordé à une série d'ONG le droit de faire, tout au long de la présente session de fond, des déclarations sur divers points à l'ordre du jour.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau sur la promotion de la femme, cet après-midi à partir de 15 heures.

Demandes d'audition présentées par des organisations non gouvernementales

Documentation

Rapport du Comité chargé des organisations non gouvernementales (E/1998/82 et Add.1)

Le rapport du Comité chargé des ONG recommande que les organisations suivantes soient entendues au titre de certains points de l'ordre du jour :

La Fédération internationale des centres sociaux et communautaires sera entendue notamment sur les questions relatives à l'économie, à l'environnement, au développement durable, et au développement social. Le Mouvement ATD quart monde interviendra sur le suivi et l'application coordonnés de la Déclaration d'action de Vienne et sur le développement social. Le Mouvement international de la jeunesse et des étudiants pour les Nations Unies sera entendu sur les questions relatives aux conditions de vie du peuple palestinien dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de la population arabe dans le Golan Syrien occupé. Il interviendra aussi sur l'application du Programme social d'action pour la troisième décennie de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale, et sur les questions relatives aux droits de l'homme. L'Union interparlementaire s'exprimera sur la question de la coordination des politiques et activités des institutions spécialisées de l'ONU dans le suivi et l'application coordonnées de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne; elle traitera aussi de la promotion de la femme et des droits de l'homme.

L'organisation "Human Rights Watch" souhaite intervenir sur le suivi et l'application de la Déclaration et du Programme d'action de Vienne, et la Confédération internationale des syndicats libres a demandé à intervenir sur les questions sociales et les questions relatives aux droits de l'homme, toutes relatives au développement social. La "International Multiracial Shared Cultural Organization" souhaite intervenir sur les questions relatives à l'environnement et l'économie, notamment le durable; et la Fédération syndicale mondiale, après le développement durable, a demandé à être entendue sur les questions relatives aux thèmes sociaux et aux droits de l'homme, qu'elle lie au développement social.

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Réunion de haut niveau dans le cadre du débat consacré aux activités opérationnelles du système des Nations Unies au service de la coopération internationale pour le développement

Promotion de la femme : mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing et rôle des activités opérationnelles dans la promotion, en particulier, du renforcement des capacités et de la mobilisation des ressources pour accroître la participation des femmes au développement

Documentation

Rapport du Secrétaire général (E/1998/54)

Le rapport présenté par le Secrétaire général tient compte des dernières décisions prises par les organes délibérants et des consultation engagées avec le Comité consultatif pour les questions relatives aux programmes et aux activités opérationnelles (CCQPO) ainsi qu'avec les interlocuteurs du système des Nations Unies pour les questions relatives aux femmes. Au cours des deux dernières décennies, le système des Nations Unies a jeté les bases tant de la mise en oeuvre d'activités s'adressant spécifiquement aux femmes que de l'intégration d'une approche soucieuse d'équité entre les sexes dans les missions et secteurs relevant des divers organismes et, dans une moindre mesure, dans le dialogue politique. La quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s'est tenue à Beijing en 1995 a constitué une étape critique dans les efforts déployés pour garantir la participation à part entière et en toute équité des femmes dans tous les secteurs de la société. Depuis 1995, un certain nombre d'organismes des Nations Unies, y compris le Conseil économique et social, la Troisième Commission de l'Assemblée générale, la Commission de la condition de la femme et le Comité interorganisations du Comité administratif de coordination (CAC) sur les femmes et l'égalité entre les sexes, ont formulé des recommandations pour guider la mise en oeuvre des engagements pris dans le Programme d'action de Beijing et accroître la coordination à l'échelle du système. Ces recommandations comprennent des directives sur les activités menées au niveau des pays, et traduisent l'importance croissante accordée dans le processus de réforme de l'ONU au suivi intégré et coordonné des conférences mondiales de l'Organisation.

Renforcement des capacités pour une meilleure intégration des femmes

Le nouveau Département des affaires économiques et sociales, dont fait partie le Bureau de la Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, est l'unité administrative responsable, au sein du Secrétariat de l'ONU, des questions économiques et sociales. Le Département doit donc chercher à intégrer une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans ses activités, par exemple dans celles liées à la lutte contre

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la pauvreté. Tout en poursuivant la mise en oeuvre d'activités déjà prescrites par les instances intergouvernementales, le Département devrait désormais pouvoir proposer aux gouvernements qui en font la demande, des services consultatifs relatifs à la démarche d'équité entre les sexes. Le Secrétaire général recommande donc au Conseil économique et social d'inviter à nouveau tous les organismes des Nations Unies à intégrer pleinement les questions de sexospécificité au suivi intégré des dernières conférences mondiales, à continuer de renforcer leurs capacités d'appui et de mise en oeuvre pour les engagements pris par ces conférences en ce qui concerne les droits fondamentaux des femmes, l'autonomisation des femmes et l'élimination de la violence à leur égard.

Centres de coordination

On s'accorde à penser que le rôle de catalyseur des centres de coordination sur les questions concernant les femmes et la participation est indispensable à la démarginalisation des femmes, mais il faut institutionnaliser au mieux ce rôle de façon à ce que l'attention portée à la condition de la femme devienne un phénomène irréversible. Les bureaux du PNUD ont tous désigné des centres de Coordination des questions concernant les femmes, tout comme les bureaux régionaux, et le Bureau des ressources humaines et des affaires extérieurs. A l'UNESCO, l'Unité de la promotion de la condition de la femme et de l'égalité des sexes créée en 1996, est le centre de coordination principal responsable à la fois aux plans intérieur et extérieur. Elle se ramifie en un réseau de centres de coordination désignés dans chacune des unités majeures (secteurs). Chacun des six bureaux régionaux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) possède des centres de coordination sur les femmes, la santé et le développement, qui oeuvrent pour la démarginalisation des femmes et le développement. Un groupe de travail interdivisionnaire sur la démarginalisation des femmes sert de groupe d'experts au sein de l'OMS. Concernant le Haut Commissariat des Nations Unies, il y existe un coordonnateur de haut niveau pour les femmes réfugiées basé à Genève et cinq conseillers régionaux de haut niveau pour les femmes réfugiées en poste dans les différentes régions. Chaque programme de pays dispose en outre de centres de coordination pour les femmes réfugiées. En ce qui concerne l'Organisation internationale du travail (OIT), trois nouveaux postes de spécialistes de haut niveau sur les questions concernant les femmes ont été créés, un au siège et deux dans les région dans le cadre des équipes multidisciplinaires basées à Manille et à New Delhi. Récemment, une réforme au siège du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a donné naissance à un groupe thématique sur les sexospécificités. Au sein du système d'équipes d'appui aux pays du FNUAP, des conseillers en matière de parité entre les sexes, de population et de développement sont nommés à l'échelon régional, afin d'aider concrètement les bureaux de pays à intégrer les questions concernant les femmes dans leurs programmes et projets. Les conseillers sont aidés et épaulés par le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).

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Le Secrétaire général recommande au Conseil de rappeler le bien-fondé d'une étude portant sur le rôle des unités et des centres de coordination sur les questions concernant les femmes qui permettrait notamment de déterminer dans quelle mesure les centres de coordination recueillent l'appui des responsables de haut niveau et participent à l'élaboration des décisions.

Principe de responsabilité et évaluation

Le Secrétaire général recommande au Conseil de demander que d'ici à l'an 2000, un tiers des coordonnateurs résidents puissent rendre compte, de manière précise, de la création de groupes thématiques sur les questions d'égalité entre les sexes et de l'utilisation des ressources allouées aux activités d'intégration d'une perspective sexospécifique. Le Secrétaire général estime que le Conseil souhaitera peut-être proposer que le rapport qu'il établira en l'an 2000 au sujet de l'application du Programme d'action de Beijing, et qui portera sur les progrès accomplis dans l'intégration d'une perspective sexospécifique dans les activités opérationnelles, s'appuie sur les données fournies par le Groupe des Nations Unies pour le développement et le Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes, et soit présenté au Conseil économique et social en l'an 2000, afin de faciliter un nouveau bilan des progrès réalisés en matière d'intégration d'une démarche soucieuse d'égalité entre les sexes dans les activités opérationnelles.

Rapport du Secrétaire général sur l'Examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du plan à moyen terme à l'échelle du système en ce qui concerne la promotion de la femme pour la période 1996-2001 (E/1998/10)

Le rapport résume les informations qu'ont fournies les entités du système des Nations Unies sur l'action qu'elles ont menée en 1996 et en 1997 afin de mettre en oeuvre les activités prévues dans le cadre du plan. Il est rappelé que le plan qui a été établi fin 1995 et approuvé en juillet 1996, n'est effectivement mis en oeuvre que depuis environ 18 mois. Parmi les obstacles auxquels s'est heurté sa mise en oeuvre figurent le manque d'informations, de méthodes et d'indicateurs pour mesurer les progrès accomplis; le manque d'instruments pour surveiller les dépenses afférentes aux activités intersectorielles; le manque de ressources humaines et financières; le manque de volonté politique de la part de certains pays et certaines institutions des Nations Unies; les contraintes culturelles et l'accumulation de retards dans la fourniture de l'aide technique.

Dans ce rapport, le Secrétaire général donne un aperçu des progrès accomplis par des institutions telles que le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) ou encore le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), dans la mise en oeuvre des activités relevant des 12 domaines critiques du Programme d'action de Beijing.

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Il fait ensuite état des arrangements institutionnels et financiers en ce qui concerne l'intégration de la question de l'égalité entre les sexes dans les activités des institutions et des organes des Nations Unies; la formation du personnel à l'utilisation de l'analyse par sexes; la création de services chargés des questions liées aux sexospécifités; l'affectation des ressources aux projets propres à favoriser la prise en compte des sexospécificités; et une représentativité équilibrée des deux sexes au sein du personnel.

Dans ses recommandations, le Secrétaire général demande notamment aux organismes des Nations Unies de coordonner la collecte, la présentation et la diffusion de données économiques et sociales ventilées par sexe et de continuer à améliorer la coordination interinstitutions sur le terrain en vue de l'intégration d'une perspective soucieuse d'égalité entre les sexes. Il leur demande également de renforcer l'échange de données d'expérience et la coopération dans le domaine de la parité au niveau régional et d'aider les pays à renforcer leurs compétences intersectorielles dans le domaine de la parité entre les sexes. Le Secrétaire général juge aussi important de définir des principes et des directives en vue de renforcer la coopération avec les ONG.

Le rapport comprend en annexe l'essentiel des activités des Nations Unies dans les 12 domaines critiques définis dans le Programme d'action de Beijing d'après les informations communiquées par les différents organismes.

Déclarations liminaires

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales : Il s'agit d'une des parties les plus importantes des travaux du Conseil économique et social qui seul peut fournir la bonne direction pour les activités opérationnelles des Nations Unies dans le domaine du développement. L'essentiel des activités réalisées dans ce domaine a été centré sur le processus, notamment la dimension de la coordination, sur le terrain et ailleurs. Mais le Conseil peut commencer cette année à jouer un rôle important pour donner des directives quant au fond des questions. Il serait bon ainsi de se pencher sur le lien entre les grandes conférences et le développement. Le suivi des conférences exige des décisions au niveau des pays mais la crédibilité du processus des conférences dépend en fait de la direction qu'insufflent ces conférences à l'ensemble des activités de développement. Cela est valable pour Beijing, mais aussi pour toutes les grandes conférences, Copenhague, Rio, Istanbul, etc. Partant, il faut envisager comment les grands principes de développement nés au cours des années 90 sont appliqués dans les activités opérationnelles. Le deuxième élément nouveau, cette année, est la présentation d'une évaluation des répercussions et des conséquences, réalisée par des experts indépendants,

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qui se sont concentrés sur la manière dont les Nations unies sont parvenues à édifier les capacités dans les pays. Le Conseil économique et social, comme l'ensemble de l'Organisation, a entamé un exercice de réforme important ces dernières années, qui lui permet d'avoir une très forte coordination au niveau du Siège et du cadre d'assistance pour le développement sur le terrain. La présente réunion est l'occasion de fournir des directives beaucoup plus précises sur les activités des fonds et programmes ainsi que sur le renforcement de la coordination. Il est important que le Conseil soit le pont liant et le processus guidant les Nations Unies dans leurs activités opérationnelles en matière de développement. Le processus de fusion et de coordination a parfois été difficile pour que le système des Nations Unies soit plus efficace sur le terrain, mais aujourd'hui les progrès sont indéniables. Or, parallèlement on a assisté à l'érosion des ressources destinées aux activités en faveur du développement. Alors que nous sommes mieux à même de fournir des services de développement aux pays, il est fort regrettable et quelque peu décourageant de constater que les ressources ne sont pas au rendez-vous.

Mme ANGELA KING, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour les questions de sexospécificité et pour la promotion des femmes : Présentant le rapport du Secrétaire général sur la promotion de la femme : Mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing et rôle des activités opérationnelles dans la promotion, en particulier, du renforcement des capacités et de la mobilisation des ressources pour accroître la participation des femmes au développement (E/1998/54), a rappelé que les propositions de réforme du Secrétaire général avaient mis l'accent sur l'importance d'intégrer une perspective sexospécifique dans toutes les politiques et programmes. La Déclaration de Beijing et le Programme d'action fournissent la base pour le travail que doivent faire les Nations Unies à cette fin. Au niveau national, l'ONU aide les gouvernements à renforcer leur capacité à réaliser les objectifs du Programme et le suivi coordonné de la conférence. A cet égard, le système du Coordonnateur-résident a un rôle essentiel à jouer. La décision du Conseil économique et social de se pencher sur la promotion de la femme au moment de son examen triennal fournit une occasion de renforcer l'attention sur la question de l'égalité entre les sexes dans toutes les politiques de coopération au développement.

Mme King a estimé que le rapport devait être utilisé comme un outil permettant d'assurer que l'intégration de la perspective sexospécifique et les activités opérationnelles pour la promotion de la femme soient totalement reflétées et intégrées dans le travail de l'ONU aux niveaux intergouvernemental et national. La Conseillère spéciale du Secrétaire général a indiqué qu'il restait encore beaucoup à faire dans plusieurs domaines. Ainsi, la formation à l'intégration de la perspective sexospécifique n'est pas encore obligatoire dans tout le système; le système d'évaluation et de suivi n'est pas totalement bon; et la responsabilité en est encore à ses débuts.

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Déclarations

M. SUNARYATI HARTONO (Indonésie), au nom du Groupe des 77 et de la Chine : Il est positif que la question de la promotion de la femme soit intégrée aux activités opérationnelles afin de permettre une pleine mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing à la fois au niveau des Nations Unies et au niveau national. Les activités opérationnelles du système des Nations Unies sont une source importante d'aide pour les politiques nationales et les programmes des pays en développement afin qu'il puisse y avoir un suivi des conférences internationales. Il est regrettable que l'engagement de la communauté internationale à promouvoir le développement économique et social soit souvent accompagné d'une faible mise à disposition des ressources nécessaires à une action efficace. Il est nécessaire de redoubler d'efforts afin de garantir que les questions sexospécifiques soient intégrées dans toutes les politiques et les programmes du système des Nations Unies comme cela l'avait été demandé dans les conclusions adoptées l'année dernière par le Conseil économique et social (1997/2). Le Groupe des 77 et la Chine se félicitent des efforts du Secrétaire général pour promouvoir les femmes dans l'ensemble de l'Organisation. Il est toutefois nécessaire de prendre des mesures additionnelles pour renforcer et soutenir les programmes visant à promouvoir les femmes.

Le Groupe des 77 et la Chine sont d'avis que tous les Fonds, Programmes et Agences des Nations Unies devraient élaborer des programmes spécifiques pour contribuer à éliminer la pauvreté, notamment en aidant les femmes et les filles qui en sont victimes. Le Groupe des 77 et la Chine estiment que les Gouvernements sont en premier lieu responsables du suivi des conférences internationales et de la mise en place de politiques nationales à cette fin. Les Nations Unies doivent fournir des services adéquats aux Etats Membres, particulièrement aux pays en développement. La mobilisation des ressources nécessaires est une priorité. Il est également crucial de s'assurer que les ressources fournies sont utilisées au mieux. Les Nations Unies pourraient jouer un rôle important pour déterminer et contrôler l'utilisation des fonds destinés aux organisations locales de femmes et aux gouvernements afin de les aider à assurer un suivi efficace des conférences internationales.

M. GEORG LENNKH (Autriche), au nom de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre et de l'Islande, a déclaré que l'égalité entre les sexes et le développement constituent un aspect essentiel des activités opérationnelles et un domaine dans lequel il reste encore beaucoup à faire. Habiliter les femmes et les hommes pauvres pour qu'ils participent aux processus et aux décisions qui affectent leur vie exige que l'on tienne compte des contraintes spécifiques auxquelles les femmes doivent faire face lorsqu'elles exercent leurs droits et réclament leurs ressources. A cet égard, il s'est félicité du fait qu'un nombre croissant d'agences de développement des Nations Unies adoptent une approche fondée sur

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les droits et à encouragé la poursuite des progrès à cet égard. Pour sa part, l'Union européenne a adopté, cette année, une directive sur l'intégration de la perspective sexospécifique dans sa coopération au développement, y compris par l'allocation de ressources spécifiques. Le Comité pour l'assistance au développement de l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a, quant à lui, formé un Groupe d'experts sur les femmes dans le développement qui a récemment adopté des directives concernant la promotion de l'égalité entre les sexes et des femmes dans la coopération au développement. Les conclusions agréées sur l'intégration de la perspective sexospécifiques dans toutes les activités de l'ONU qui ont été adoptées l'an dernier par l'ECOSOC doivent être pleinement mises en oeuvre, a-t-il poursuivi. S'agissant des entités de l'ONU ayant un mandat général de développement, bien que la plupart ont une politique dans ce domaine, il semble qu'il y ait une mauvaise compréhension de la sexospécificité et que davantage doit être fait pour intégrer les questions sexospécifiques dans leurs programmes quotidiens. La responsabilité en incombe aux hauts responsables de ces agences. Pour l'Union européenne, il est temps que les conseils d'administration des fonds et programmes demandent des rapports sur la manière dont les questions sexospécifiques sont intégrées dans les programme. En outre, un système devrait être créé pour surveiller et évaluer l'impact des programmes d'intégration de la sexospécificité.

Le représentant a estimé que les problèmes rencontrés, en ce qui concerne les points focaux doivent être examinés activement et a plaidé, à cet égard, en faveur de l'implication des hauts responsables en vue d'assurer que le fonctionnement efficace du système des points focaux. Il a souligné le rôle essentiel du Coordonnateur résident dans la mobilisation du système des Nations Unies en vue d'introduire les questions sexospécifiques au niveau des pays. Le renforcement des capacités en vue d'intégrer la sexospécificité dans les activités opérationnelles exige également la collaboration et le développement de partenariats entre l'ONU et les mécanismes nationaux pour la promotion des femmes et de la société civile. L'Union européenne est consciente que les ressources allouées aux femmes ne correspondent pas à leurs responsabilités dans la société. Il n'est, en outre, pas certain que les fonds destinés aux questions sexospécifiques bénéficient effectivement aux femmes. A cet égard, il a appelé les agences de développement à renforcer leurs efforts en vue de développer des systèmes financiers capables de suivre la trace des ressources allouées à ces questions et de développer des budgets en fonction des sexes. En outre, les agences de l'ONU ayant des mandats spécifiques pour la promotion des femmes ont aussi de petits budgets. Souvent leur base de ressources est trop limitée pour que leur contribution à l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les programmes de développement en programmes soit suffisante. C'est pourquoi, il faut utiliser ces ressources de manière stratégique. Il faut également veiller à ce que le Fonds des Nations Unies pour les femmes bénéficie des ressources appropriées à la réalisation de son mandat. Enfin, l'Union européenne estime qu'il est nécessaire de parvenir à l'égalité entre les sexes dans l'éducation.

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Mme LINDA TARR-WHELAN, Représentante des Etats-Unis à la Commission de la condition de la femme : La question de la condition de la femme ne peut pas être traitée de manière isolée, la mise en oeuvre intégrée et coordonnée des décisions prises lors des grandes conférences internationales, le suivi des conférences sur les droits de l'homme et l'examen de l'aide humanitaire sont autant de domaines à considérer. Les changements structurels définis à Beijing quant aux activités en faveur des femmes contribuent à garantir que les changements seront durables et efficaces. A cet égard, les efforts de réforme entrepris par les Nations Unies et visant à introduire les questions de sexospécifité à tous les niveaux sont remarquables. Les Etats-Unis partagent l'opinion du Secrétaire général selon laquelle la négation des droits des femmes maintient ces dernières dans la pauvreté et entrave leur participation au développement économique et social des sociétés. Les institutions chargées du développement au sein de l'ONU doivent continuer à améliorer et à coordonner la manière dont ils soutiennent les droits des femmes et s'efforcent d'éliminer la violence à leur encontre.

Le rapport du Secrétaire général contient d'excellentes recommandations en vue du renforcement de la prise en compte des questions de sexospécificité sur l'ensemble du système. Les Etats-Unis pensent qu'il est besoin aujourd'hui d'un engagement plus important au niveau politique. Dans le même temps, l'action au niveau national est vitale et les questions de sexospécifiques doivent être incorporées dans les politiques nationales et les projets stratégiques des pays. Les agences de l'ONU devraient adopter des directives institutionnelles plutôt que des lignes directrices sectorielles. En outre, il faut comprendre que la formation, l'assistance technique, le suivi et l'évaluation sont essentiels au succès des activités de promotion des femmes. Les Etats-Unis se félicitent de la série de réunions entre les représentants commissions opérationnelles, des commissions régionales et des fonds et programmes et des organisations non gouvernementales convoquées en mai pour que l'on arrive à identifier les secteurs où persistent des problèmes de coordination. Les institutions opérationnelles pour le développement des Nations Unies ont un rôle crucial et unique pour permettre aux pays en développement de prendre en mains la gestion de la propre processus de développement. Il faut s'assurer que les objectifs de la promotion de la femme proclamés à Beijing peuvent être réalisés de manière efficace dans le cadre du système des Nations Unies.

M. POUL NIELSON, Ministre de la coopération du Danemark, a apporté le plein soutien de son pays à la déclaration faite par le représentant de l'Autriche, au nom de l'Union européenne. M. Nielson a déclaré que l'avancement des femmes constitue l'un des principaux thèmes de l'aide au développement et considère que la Session spéciale de l'Assemblée générale, en juin 2000, pour évaluer les progrès faits dans la mise en oeuvre de la Plate- forme de Beijing constitue une échéance importante. Rappelant que les femmes représentent plus de la moitié des personnes vivant dans la pauvreté absolue,

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M. Nielson a insisté sur l'importance de la lutte contre la pauvreté qui est directement liée à l'avancement des femmes et à l'amélioration de leurs conditions de vie. Les objectifs de Beijing peuvent être réalisés à travers des politiques et programmes visant à garantir l'égalité des chances aux hommes et aux femmes et à assurer un partage équitable des responsabilités, et cela suppose un engagement en ce sens à la fois au niveau institutionnel et au niveau des pays. A cet effet, M. Nielson considère que le développement des capacités institutionnelles au sein du système des Nations Unies est sur la bonne voie puisque des politiques et stratégies adoptant une approche soucieuse de l'équité entre les sexes sont en place dans la plupart des institutions. Toutefois, les hauts responsables des différents Fonds et Programmes des Nations Unies ont une large responsabilité pour ce qui est d'insister sur cette approche et sur la mise en place de procédures administratives claires afin d'établir un système de contrôle et des indicateurs désagrégés permettant d'évaluer l'impact des politiques sexospécifiques.

M. Nielson considère cependant que c'est au niveau des pays que le plus grand défi se pose et que les programmes d'aide au développement des Nations Unies devraient comprendre des obligations en terme de mesures pour l'avancement et la promotion de la femme. M. Nielson a rappelé que souvent les cadres juridiques, qui comprennent encore la loi coutumière, compromettent l'avancement des femmes, et a rappelé l'expérience du Danemark qui a soutenu l'initiative "les femmes et la Loi en Afrique du sud" qui a permis d'améliorer le statut légal des femmes dans la région dans les domaines du droit de l'héritage, de la famille et de la propriété. M. Nielson est d'avis qu'il ne faut plus se limiter à définir des programmes de coopération sectoriels, mais qu'il faut y inclure une approche sexospécifique faisant intégralement partie des politiques afin de permettre des changements sociaux réels.

Mme ASTRID FISCHEL-VOLIO, Première Vice-Présidente du Costa Rica : Le Costa Rica s'associe à la déclaration Groupe des 77 et la Chine. Depuis plusieurs années, le Gouvernement du Costa Rica s'est engagé dans des programmes et politiques visant à éliminer les divers types de discrimination contre les femmes pour qu'elles occupent la place qui leur revient tant dans la sphère économique, civique, sociale que culturelle. Toutefois, certaines conditions de discrimination et d'exclusion des femmes persistent, en raison, notamment, de la crise économique qui a frappé l'ensemble des pays de l'Amérique latine dans les années 80. La nouvelle administration en place voilà seulement quelques mois, lutte en faveur de la promotion des femmes et multiplie les efforts se sont traduits par l'adoption de projets plus concrets reconnaissant la femme comme un acteur à part entière de son propre développement. Le défi essentiel qui se pose aujourd'hui est de trouver le moyen de garantir la satisfaction des besoins et le plein respect des droits des femmes de manière à ce que leur participation, leurs contributions et leurs attentes sociales politiques et économiques soient prises en compte

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dans la définition des politiques nationales. Conformément au Programme d'action de Beijing, le Costa Rica a mis en oeuvre une série d'activités de promotion des conditions d'un développement juste et égalitaire des femmes dans l'ensemble des secteurs de la vie du pays. Le gouvernement travaille actuellement à l'établissement d'un système d'information offrant des indicateurs spécifiques pour assurer un suivi permanent du développement humain des femmes. En outre, un vaste processus de concertation nationale vient d'être lancé. Des initiatives ont également été prises dans le domaine législatif, avec notamment la promulgation de la Convention interaméricaine pour la prévention, la répression et l'élimination de la violence contre les femmes; la loi contre le harcèlement sexuel au travail; la loi contre la violence domestique et la loi de protection des jeunes mères. Le Code électoral a été modifié et il fait désormais obligation aux partis politiques d'assurer la participation des femmes, à hauteur de 40%, dans leurs structures fonctionnelles et dans les charges électorales qu'ils assument. En mai dernier, le Centre national pour le développement de la femme et la famille a été renforcé en étant transformé en un Institut national des femmes, avec la possibilité de participer pleinement au processus décisionnel gouvernemental. Dans le même temps, une femme a été nommée Ministre de la Condition de la femme. Les efforts ne se limitent pas à l'autorité centrale, et des bureaux pour les femmes ont été établis dans de nombreuses municipalités. Le gouvernement est conscient qu'il faut aussi changer les changements de comportement et lutter contre les stéréotypes et pour ce faire un programme de formation continue a été développé.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que l'essor de Beijing doit être maintenu, poursuivi et approfondi. Il a rappelé que les activités opérationnelles devaient être menées en concertation avec les pays concernés et en appui aux actions inscrites dans leurs plans nationaux et en fonction des priorités qu'ils auront fixées. Ces opérations doivent, en outre, s'inscrire dans un cadre beaucoup plus global de plan de développement économique et social car c'est en répondant aux besoins des femmes que celles- ci pourront pleinement exercer leurs droits, participer plus activement à la prise de décisions, et prendre peu à peu la place qui leur revient dans la vie politique, économique, sociale et culturelle et leur pays. A cet égard, l'Algérie s'interroge, quant à la propension d'un nombre de plus en plus grand d'entités des Nations Unies à adopter une approche de développement différente, ainsi que sur la désignation auprès du Coordonnateur résident de "conseiller sexospécificiste" dans des pays "choisis". Aucune indication n'est donnée quant aux modalités présidant au "choix du pays" et sur qui doit le faire, ni sur "les critères" permettant d'évaluer "l'engagement du Gouvernement et de la société civile vis-à-vis de la plate-forme d'action de Beijing". Il a demandé des informations sur le financement de ces mesures et/ou décisions. A cet égard, le représentant a rappelé que le financement doit être assuré par des ressources additionnelles à celles consacrées au développement et a appelé la communauté internationale à une mobilisation accrue des ressources nécessaires à la réalisation des objectifs de développement identifiés à Beijing.

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Pour sa part, l'Algérie a commencé à traduire sur le terrain les recommandations adoptées à Beijing. C'est ainsi qu'un certain nombre de mesures ont été prises dont la mise en place d'un Comité permanent chargé du suivi des recommandations; l'installation du Conseil national de la femme; le soutien au mouvement associatif féminin dans le cadre de sa mobilisation dans la mise en oeuvre du Programme de Beijing; et l'élaboration de programmes et la mise en oeuvre d'actions spécifiques en direction, entre autres, de la femme rurale.

Mme RADHIA ACHOURI (Tunisie) : La Tunisie appuie la déclaration du Groupe des 77 et la Chine. Le Tunisie se félicite de la mise sur pied de structures institutionnelles par les organismes du système des Nations Unies afin d'intégrer les questions de sexospécificité au suivi intégré des grandes conférences de la dernière décennie. Les propositions les plus pertinentes du Secrétaire général sont celles qui portent sur l'évaluation des centres de coordination ainsi que celles traitant des cadres stratégiques et de programmation, et ce plus particulièrement en ce qui concerne l'analyse par sexe au moment de l'établissement des notes de stratégie et des bilans communs de pays, ainsi que lors de la formulation des plans-cadres. La Tunisie salue la décision prise par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de consacrer 20% de ses ressources à l'intégration d'une perspective sexospécifique.

La dimension nationale dans la mise en oeuvre des engagements ne saurait être séparée de ce qui est entrepris par les organismes multilatéraux. Pour la Tunisie, la participation de la femme au développement constitue une priorité et ainsi l'Etat a doté la femme des mécanismes nécessaires pour qu'elle conforte sa présence sur la scène nationale et s'impose en tant qu'agent de production, de décision et de développement. Les principales actions dans ce domaine se focalisent plus particulièrement autour de l'égalité des chances pour que l'égalité juridique puisse être ancrée dans le vécu quotidien de la société. Un Ministère des affaires de la femme et de la famille et un Centre de recherche, de documentation et d'information sur la femme ont ainsi été créés. Cette politique a introduit un changement qualitatif dans l'apport économique de la femme au développement du pays. L'effort national doit être cependant conforté par un appui international adéquat. Dans cette optique les donateurs multilatéraux, les institutions financières internationales et les banques régionales de développement devraient, conformément à la résolution 50/104, mettre en oeuvre des politiques à l'appui des efforts nationaux visant à assurer que les femmes bénéficient de davantage de ressources.

M. HENRIQUE VALLE (Brésil) a indiqué que les opérations sur le terrain au Brésil offre un exemple probant d'efforts coordonnés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. L'expérience brésilienne illustre les avantages énormes d'un véritable partenariat entre le Gouvernement, les autorités locales, la société civile, les institutions spécialisées et

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les fonds et programmes des Nations Unies dans la promotion des compétences et la mobilisation de ressources pour le renforcement de la participation des femmes dans le développement. La Banque de développement interaméricaine a également participé à ces efforts. Après la Conférence de Beijing, le groupe de travail interinstitutions, qui avait aider les autorités gouvernementales à élaborer le rapport national sur la condition des femmes et à promouvoir un débat ouvert sur les questions dont était saisie la Conférence, s'est transformé en un comité interinstitutions sur les questions sexospécifiques. En ce qui concerne le renforcement des compétences en la matière, une série d'ateliers ont été tenus pour diffuser l'information et sensibiliser les directeurs de projets aux questions sexospécifiques. Un séminaire organisé par le PNUD a été consacré aux besoins spécifiques des fonctionnaires des institutions des Nations Unies travaillant dans le pays.

Récemment l'UNIFEM et le Conseil national sur les droits des femmes ont tenu des séminaires sur la participation des femmes dans le processus d'intégration au MERCOSUR. D'autres projets ont porté sur la participation des femmes au processus de prise de décisions au niveau local, la mise en oeuvre de la Convention de l'OIT sur la promotion de l'égalité des chances dans le marché du travail ou encore sur l'égalité des sexes dans les affaires judiciaires. Au niveau régional, la Campagne interinstitutions contre la violence à l'égard des femmes et des filles renforce la participation de la société civile dans la prévention et l'élimination de la violence et la promotion d'une culture de non violence. Au Brésil, la campagne s'est faite avec la collaboration de la plupart des institutions spécialisées des Nations Unies. Venant à l'examen triennal des activités opérationnelles en matière de développement, le représentant a indiqué que tout en accueillant avec satisfaction les initiatives visant à identifier de nouveaux mécanismes de mobilisation de fonds aux fins du développement, son pays souligne que les fonds extrabudgétaires ou ressources autres que les ressources de base ne sauraient cacher la nécessité urgente de rétablir le niveau des ressources de base, piliers des activités de développement du système des Nations Unies.

Il a mis l'accent sur la nécessité de rendre plus efficace l'utilisation des ressources allouées à la coopération technique et d'assurer que les programmes et projets aient un impact clair sur le développement et l'élimination de la pauvreté. Les activités des Nations Unies en matière de coopération au développement doivent s'adapter constamment aux conditions changeantes et aux priorités des programmes des pays. Les projets brésiliens se concentrent notamment sur la formation des ressources humaines, le développement des systèmes de gestion ou la modernisation des capacités institutionnelles dans le domaine de la gouvernance, des services sociaux de base, de la protection de l'environnement ou encore de l'intégration économique. Par ailleurs, le Brésil appelle le Conseil économique et social à se concentrer sur le type de relations que le système des Nations Unies pourra développer avec les pays à revenu moyen. Il est convaincu que l'accès aux prêts multilatéraux n'exclut pas forcément l'éligibilité à la coopération internationale par le biais des activités opérationnelles des Nations Unies.

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M. MATS KARLSSON, Secrétaire d'Etat à la coopération internationale au développement de la Suède, a estimé que la promotion des opportunités des petites filles était nécessaire pour parvenir à une croissance économique et un développement durables. C'est en habilitant les femmes que l'on aura une chance d'éliminer la pauvreté, a-t-il déclaré. Les femmes doivent pouvoir avoir l'accès et le contrôle des ressources locales; leur droit à la propriété doit être assuré; et elles doivent avoir accès au crédit. En outre, elles ne devraient pas avoir à gaspiller leur énergie intellectuelle et émotionnelle pour des hommes qui, dans la vie, n'assument pas toutes leurs responsabilités. C'est lorsque les femmes organiseront la défense de leurs droits humains et pourront en jouir pleinement qu'une nouvelle culture démocratique verra le jour. En outre, l'habilitation des femmes constitue un investissement dans des marchés à caractère social, plus efficaces, a-t-il souligné.

M. Karlsson a mis l'accent sur la nécessité d'une stratégie cohérente en vue de l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans le système des Nations Unies. Une action ferme est essentielle pour contrer certaines attitudes. A cet égard, la Suède souhaite que l'ONU présente une approche stratégique cohérente concernant l'intégration des questions sexospécifiques dans toutes ses activités et le renforcement de sa capacité institutionnelle dans ce domaine. Le représentant a souhaité qu'un tel rapport puisse être présenté lors de la révision en l'an 2000 de la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing. La Suède est prête à fournir un financement supplémentaire au Conseiller spécial du Secrétaire général pour les questions sexospécifiques pour aider à la création d'un système cohérent pour l'intégration de la sexospécificité. Pour sa part, la Suède a lancé un projet éducatif ambitieux. Les dix départements gouvernementaux ont développé leurs propres plans d'action pour 1998. Un manuel a ensuite été publié en collaboration avec les départements concernés qui contient des exemples de la manière dont les projets peuvent être élaborés en vue de bénéficier à la fois aux hommes et aux femmes. Le processus de préparation de ce manuel a été tout aussi important que sa publication, a-t-il souligné.

M. KARIM ANWARUL CHOWDHURY (Bangladesh) : Les activités opérationnelles de développement des Nations Unies ont un rôle majeur à jouer en matière de soutien aux pays en développement pour qu'ils mettent en oeuvre le Programme d'action de Beijing. Les limitations financières sont un obstacle majeur à la mise en place d'institutions appropriées et au développement des capacités nationales et, dans ces domaines, les pays les moins avancés ainsi que les pays africains ont tout particulièrement besoin du soutien particulier des Nations Unies. Le Bangladesh se réjouit des recommandations formulées par le PNUD et le FNUAP aux agences pour qu'elles développent des directives non plus sectorielles mais institutionnelles en matière de sexospécificité. Il rappelle qu'il est aujourd'hui nécessaire d'entreprendre une étude sur le rôle des groupes chargés des questions sexospécifiques et des points focaux et il souhaite que le Conseil économique et social prenne une décision sur ce sujet.

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Pour faire réellement progresser la condition de la femme, il faut prendre des mesures dans un certain nombre de domaines prioritaires. L'un d'entre eux est la violence contre les femmes. Le Bangladesh a pris d'importantes initiatives nationales et régionales à cet égard. Il faut noter le rôle du Fonds d'affectation spéciale de l'UNIFEM pour soutenir les actions de lutte contre la violence à l'égard des femmes, qui a permis des mettre en place des projets novateurs de formation, d'éducation, de réforme législative et de renforcement des capacités nationales. Le Fonds constitue un bon exemple de mécanisme opérationnel centré sur l'action. Les droits humains des femmes est un autre domaine qui exige également une plus grande attention ainsi que des initiatives plus créatives. Il est important que les méthodologies soient établies en vue de garantir les ressources suffisantes. L'allocation de 20% des ressources aux questions de sexospécicifité par le PNUD est une initiative à encourager et que les autres entités du système pourraient développer. Le Bangladesh regrette que le rapport du Secrétaire général n'ait pas fait mention des besoins importants en ressources supplémentaires. Des financements supplémentaires doivent être mis à la disposition des pays en développement, notamment les PMA et les pays d'Afrique, pour assurer le succès des initiatives post-Beijing. Le Bangladesh est également préoccupé du fait que les activités opérationnelles de développement des Nations Unies n'ont pas bénéficié des ressources suffisantes. La situation a même été aggravée par la baisse des ressources ordinaires, or si cette tendance persiste, elle aura des répercussions néfastes sur les efforts nationaux et la réalisation des engagements pris à Beijing sera sérieusement compromise. Le nouveau Plan à moyen terme pour la condition des femmes, 2002-2005, mis en place sur l'ensemble du système devrait attacher une attention particulière à ce problème, car l'on ne saurait permettre à l'élan de Beijing de s'éteindre faute de ressources.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a déclaré que la Conférence de Beijing avait constitué un pas considérable, mais qu'il y avait encore un long chemin à parcourir, qui exige des efforts importants et constants. A cet égard, il a déploré le manque de volonté politique à divers niveaux. Il a souhaité la poursuite des activités de formation aux questions sexospécifiques au sein du système des Nations Unies. Il a jugé nécessaire d'adopter des systèmes d'évaluation permettant d'évaluer l'intégration d'une approche sexospécifique dans les programmes de coopération au développement. Le Mexique attache un intérêt particulier à une coordination interinstitutions efficace et à la coopération technique de l'ONU en ce qui concerne la définition et le développement des activités de suivi de la Conférence de Beijing.

Pour sa part, le Mexique a participé à diverses expériences de coordination et de coopération technique dans ce domaine. Ainsi, il a participé au programme de coopération Mexique-Amérique centrale Tuxtla II qui inclut la promotion de la femme et de la fillette, au programme de coopération technique des institutions et organismes d'appui à la femme rurale coparrainé par l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO),

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au développement d'un système d'indicateurs pour le suivi de la situation de la femme, et à un projet international de coopération technique avec l'Organisation internationale du travail (OIT) qui a été lancé en vue d'obtenir davantage d'emplois de meilleure qualité pour les femmes, et à une campagne nationale de sensibilisation à la question de la violence contre les femmes. En outre, le programme global pour le développement de la micro- entreprise qui est en cours d'élaboration, a pour objectif de faciliter l'accès des femmes au crédit, à l'emploi, à la propriété et à l'intégration économique.

M. WALTER FUST, Directeur général de l'Agence pour la coopération et le développement de la Suisse : La globalisation que nous vivons dans le domaine économique rend la mise en oeuvre des programmes d'action des grandes conférences thématiques des années 90 plus pressante que jamais. Le Conseil économique et social constitue à ce sujet un forum de toute première importance pour un débat approfondi et une concertation continue. La promotion de la femme ainsi que l'équilibre hommes-femmes sont des éléments- clés dans l'optique d'un développement durable. Le rapport du Secrétaire général présente une bonne vue d'ensemble des mesures prises au sein du système des Nations Unies pour favoriser cet équilibre, notamment en vue de renforcer les capacités des institutions dans ce domaine. Il faut relever tout spécialement la prise en compte de la dimension hommes-femmes dans l'élaboration des nouveaux cadres de programmation (UNDAF), la désignation de points focaux, la mise en place de groupes thématiques aux sièges comme sur le terrain ainsi que les efforts de formation. Les nouveaux cadres de programmation jouent un rôle crucial et décisif dans le processus de réforme en cours. Ils devraient ainsi déboucher sur un meilleur suivi des grandes conférences.

Le renforcement des capacités de ceux qui dans les institutions s'occupent d'activités de développement n'est pas suffisant. Il importe tout autant que les institutions renforcent les capacités des partenaires dans les pays de programme. Les futurs rapports devraient se pencher davantage sur les efforts entrepris et les résultats atteints à ce sujet et pourraient ainsi contribuer à un échange d'expériences plus étoffé et plus interactif. Il va sans dire que pour certaines activités de promotion des femmes des ressources supplémentaires sont nécessaires, notamment pour une institution comme l'UNIFEM. En ce qui concerne les autres institutions à vocation plus large, leurs efforts doivent porter sur l'ensemble de leurs activités de coopération, dimension qui soit être prise en considération dès l'identification des programmes et projets. La dimension hommes-femmes devrait également à l'avenir être prise davantage en compte dans les programmes d'ajustement structurel, dans les interventions d'urgence et dans le dialogue sur les politiques.

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M. FELIPE MABILANGAN (République des Philippines) : Bien que la mise en place d'une infrastructure institutionnelle à l'intérieur de tout le système des Nations Unies soit un premier pas important dans la mise en application de la Plate d'action de Beijing, il reste beaucoup à faire pour la promotion de la femme. Le système élaboré de mise en exécution et de suivi établi par le système de l'ONU doit produire des résultats concrets, et c'est ici que les activités opérationnelles de développement doivent jouer un rôle important. Le succès des efforts faits par le système des Nations Unies en matière de promotion de la femme ne peut venir que des résultats atteints au niveau des opérations de pays. Les Philippines considèrent donc qu'il est crucial que le système onusien intensifie ses efforts en vue de faire de la promotion de l'égalité des sexes une part intégrale de ses programmes par pays. La perspective sexospécifique doit être répandue dans toutes les notes d'assistance aux pays, aux cadres d'opérations par pays et si possible au Cadre d'assistance au développement des Nations Unies (UNDAF). Nous sommes convaincus qu'un facteur clef du succès en matière de sexospécifité, repose dans un plus grand système de transparence à tous les niveaux, et particulièrement au niveau de la haute direction. Les unités et les points focaux travaillant sur les problèmes de l'égalité des sexes ne peuvent accomplir leur tâche qu'avec le plein soutien et l'engagement des cadres supérieurs.

Le gouvernement des Philippines pense que le plus grand défi au système des Nations Unies au niveau des pays est d'assister les gouvernements dans le domaine du renforcement des capacités humaines. Une aire que nous estimons critique en matière de renforcement des capacités, est celle de la collecte des données différenciées selon les sexes. Nous avons insisté sur l'importance d'avoir les données appropriées qui permettraient d'identifier les secteurs où existent des manques et qui ont besoin de renforcement. Le problème de la mobilisation des ressources se pose; nous avons vu de bons programmes et de bons plans rester dans les tiroirs à cause du manque de ressources. Nous avons aussi vu comment le système mis en place pour promouvoir la femme est affaiblie par le manque de personnel adéquat dédié à cet objectif. Nous nous rendons compte qu'à long terme, le problème des ressources ne peut pas être résolu simplement en réallouant les moyens existants; de nouvelles ressources doivent être fournies par tous les gouvernements, et particulièrement par les pays donateurs, si nous voulons faire des progrès significatifs dans la réalisation des objectifs de la Conférence de Beijing.

Mme CATHERINE BERTINI, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a affirmé que la faim touche davantage les femmes et les enfants que les hommes. C'est pourquoi, il est important pour le PAM d'intégrer dans ses programmes une démarche soucieuse d'égalité entre les sexes. Les femmes mangent en général les dernières, après les hommes et les enfants, même lorsqu'elles sont en période de grossesse. Le PAM a donc

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modifié sa démarche à l'égard de la distribution de la nourriture qui se fait maintenant par les femmes afin de leur donner le contrôle et la gestion de la distribution. L'un des aspects les plus frappants de la dimension sexospécifique de la faim est le fait que les femmes pauvres font passer la faim d'une génération à l'autre. Le cycle de la faim commence en effet avec la mère. La faim prénatale influence la personne toute sa vie et il n'est souvent pas facile de surmonter l'absence de vitamines au cours de la grossesse. C'est pourquoi, le PAM travaille à des projets visant les femmes enceintes et les enfants. Les produits alimentaires sont, par exemple, fortifiés avec des micronutrients. On constate, en outre, qu'en augmentant le taux d'alphabétisation des femmes, les soins de santé et l'alimentation s'améliorent.

Depuis Beijing, le PAM exige que 50% des ressources alimentaires aillent aux filles. Les projets les plus réussis sont ceux où on utilise l'alimentation pour amener les filles à l'école et les y garder, en donnant de la nourriture aux familles pendant les semaines où elles envoient leurs filles à l'école. Dans le cadre de sa nouvelle stratégie, le PAM a conçu un centre de coordination concernant les femmes et mis sur pied des ateliers régionaux pour son personnel sur les questions sexospécifiques. Tout projet de développement et toute stratégie au niveau d'un pays est, en outre, réexaminée en fonction de son impact sur les femmes pauvres. Des directives ont été élaborées pour la nourriture des écoliers, l'alimentation des mères et des enfants. La représentante a souligné le fait que le PAM ne peut réussir sans recruter davantage de femmes. Dans de nombreux pays, les hommes ne peuvent en effet pas parler aux femmes qui sont bénéficiaires des programmes. Aujourd'hui, 29% des fonctionnaires sont des femmes, ce qui n'est pas suffisant, mais représente toutefois une augmentation considérable. Il faut que les femmes aient davantage de nourriture. Le PAM s'efforce de le faire. Si la faim avait un visage, ce serait celui d'une femme et c'est aussi une femme qui peut le mieux mettre fin à la faim, a conclu Mme Bertini.

M. MASAKI KONISHI (Japon) a insisté sur la responsabilité première des Gouvernements dans la mise en oeuvre de la Plate de Beijing et sur le fait que cela suppose une volonté politique au plus haut niveau. Il est également important que la promotion de la parité entre les sexes soit prise en considération dans les activités de suivi des Conférences internationales des Nations Unies. Dans ce contexte, le Japon, les Nations Unies et la Coalition pour l'Afrique organisent la deuxième Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique cet automne, au cours de laquelle l'accent sera mis sur l'importance de la parité entre les sexes et la participation des femmes au développement. M. Konishi a noté que le Japon accorde une priorité absolue au concept de "la femme et le développement" qui a été intégré dans son aide officielle au développement. Par ailleurs, au cours de la Conférence de Beijing, le Japon a annoncé son Initiative pour les femmes et le développement qui met l'accent sur les domaines de l'éducation,

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de la santé et de la participation économique et sociale des femmes dans l'aide au développement que fournit le Japon. M. Konishi a rappelé le soutien financier que le Japon apporte aux différentes institutions des Nations Unies en charge de la promotion et de l'avancement des femmes et a notamment déclaré que, en plus de $0,5 millions au Fonds de soutien de l'action pour l'élimination de la violence à l'encontre des femmes, le Japon a contribué à hauteur de $1,76 millions en 1997 au budget de l'UNIFEM et de $80.000 au budget de l'INSTRAW.

Mme DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a indiqué que depuis la Conférence de Beijing, son pays s'était efforcé de développer des mécanismes nationaux pour l'égalité entre les sexes et un Plan national d'action. Ainsi, le Gouvernement croate a créé une Commission nationale pour l'égalité en mai 1996. La Politique nationale pour l'égalité entre les sexes définit les objectifs stratégiques dans ce domaine et les mesures permettant de les réaliser. Dans le cadre du processus de mise en oeuvre, les ONG ont été appelées à créer un Conseil des ONG et à travailler avec la Commission pour l'égalité. Le Conseil et la Commission ont lancé des appels en vue de la participation proportionnelle des femmes à la vie publique et d'un nombre plus équilibré d'élues féminines à des postes politiques importants. Il est évident, qu'en comparaison avec la période qui a précédé la transition vers la démocratie et l'économie de marché, il y a aujourd'hui moins de femmes à des postes politiques élevés, mais cette tendance commence à changer, a-t-elle souligné. En outre, un nombre croissant d'ONG s'occupent aujourd'hui de questions féminines, y compris l'égalité entre les sexes et la promotion des femmes. La Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes est directement applicable et jouit d'un statut juridique supérieur aux lois nationales, a-t-elle également précisé.

La représentante a rappelé que la Croatie a présenté en janvier 1995 un rapport sur les souffrances des femmes durant la guerre en Croatie devant le Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Les conclusions du Comité ont été largement diffusées en Croatie.

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