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ECOSOC/398

DEBAT DE HAUT NIVEAU : IL INCOMBE AUX PAYS DE CREER UN ENVIRONNEMENT POLITIQUE ET SOCIAL SAIN LEUR PERMETTANT DE TIRER PARTI DE LA MONDIALISATION

8 juillet 1998


Communiqué de Presse
ECOSOC/398


DEBAT DE HAUT NIVEAU : IL INCOMBE AUX PAYS DE CREER UN ENVIRONNEMENT POLITIQUE ET SOCIAL SAIN LEUR PERMETTANT DE TIRER PARTI DE LA MONDIALISATION

19980708 La responsabilité des pays dans la promotion d'un environnement politique et social sain, qui soit favorable aux investissements, a été mise en avant au cours du débat de haut niveau sur l'accès aux marchés. Ce débat s'est tenu ce matin dans le cadre de la session de fond du Conseil économique et social. La mise en place d'un tel environnement constitue une étape essentielle pour les pays en développement et les pays les moins avancés vers l'intégration complète au système commercial multilatéral, en leur offrant la possibilité d'en tirer davantage de bénéfices. Il a été souligné que l'intégration des PMA à l'économie mondiale requiert une solidarité accrue et une plus grande attention au fait que les peuples impliqués sont au centre des processus économiques. Si les pays ont la responsabilité finale des politiques pour le développement durable, l'intégration à l'économie mondiale doit également y contribuer en ayant pour objectif ultime l'élimination de la pauvreté.

Les Ministres et hauts responsables suivants ont fait une déclaration dans ce cadre : MM. Nguyen Dy Nien, Vice-Ministre des affaires étrangères du Viet Nam; Mohammad Javad Zarif, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran; Mme Ana Maria Solares, Vice-Ministre des affaires économiques internationales du Ministère des affaires étrangères de Bolivie; M. Hjalmar W. Hannesson, Directeur du Département politique du Ministère des affaires étrangères d'Islande; et M. Diarmuid Martin, Secrétaire du Conseil pour la justice et la paix du Saint-Siège. Les représentants des pays suivants sont intervenus : Lettonie, République de Corée, Malaisie, Jamaïque, Botswana, République tchèque, Pologne, Lesotho, Honduras, Nouvelle-Zélande, Togo, Australie, et Thaïlande. La représentante de l'Organisation internationale du travail (OIT) a également fait une déclaration.

Le Conseil économique et social poursuivra son débat de haut niveau sur l'accès aux marchés cet après-midi à partir de 15 heures.

SUITE DU DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR L'ACCES AUX MARCHES

M. NGUYEN DY NIEN, Vice-Ministre des relations extérieures du Viet Nam : Il est de plus en plus évident que la libéralisation et la mondialisation ouvrent des possibilités nouvelles. Tous les pays doivent participer à ce processus en fonction de leur capacités et de leur développement. Sans préparation suffisante, leurs sociétés risquent de tomber dans un chaos imprévisible. Même les pays développés ont eu à faire face récemment aux effets de la mondialisation, ils doivent désormais restructurer leur économie face aux pressions engendrées par la concurrence mondiale. Pour les pays en développement, les difficultés sont plus aiguës avec la montée du chômage, la marginalisation des pauvres, la limitation des ressources humaines qui les empêchent de développer pleinement leurs avantages comparés. De plus, une plus grande spécialisation engendre une menace pour la stabilité. Avec les changements rapides dans la technologie, les pays en développement ont plus de difficultés pour développer leurs industries capables de soutenir une croissance à long terme et le développement durale.

La solution fondamentale est d'élaborer des mesures appropriées qui améliorent les compétences des pays en développement en matière d'administration, et leur permettent d'utiliser au maximum la coopération internationale tout en réglant les inégalités sociales. C'est pourquoi, ils doivent bénéficier d'une assistance financière et technique de la part de la communauté internationale. Le Cycle d'Uruguay n'a pas dûment réglé la question de la production des produits agricoles ni celle des problèmes de la dette. Pour aider les pays en développement, il faudrait agir dans de nombreux domaines, dont l'amélioration des capacités de production, le transfert de technologies, l'incorporation des préférences commerciales convenues dans le cadre de l'OMC, la création de conditions favorables pour les pays en développement leur permettant de se joindre à l'OMC pour qu'elle devienne véritablement une organisation mondiale. A cette fin, les pays en développement ont besoin d'obtenir des conditions d'entrée plus favorables, assorties d'un processus d'admission plus bref. Il faut créer des mécanismes efficaces leur permettant de faire face aux perturbations des marchés. Ceci demande la participation de tous les acteurs, Etats, Nations Unies, organisations internationales et institutions internationales économiques, commerciales et financières.

Les Nations Unies ont joué un rôle important dans le processus de mondialisation et ont déployé des efforts énormes pour parer aux effets néfastes de la mondialisation, régler les questions écologiques et sociales et éliminer la famine et la pauvreté. Pour sa part le Viet Nam a fait de grands efforts. Il a rejoint l'ANASE en 1995 et il se prépare à devenir membre de l'APEC ainsi que de l'OMC. L'intégration pose de véritables défis au Viet Nam et il espère jouir de l'appui et des conditions favorables propres à son niveau de développement ainsi que des conditions spécifiques accordées aux pays développés à faible revenu pour qu'il puisse participer pleinement aux institutions commerciales internationales, y compris l'OMC.

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M. MOHAMMAD JAVAD ZARIF, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a déclaré que le système de commerce international actuel laissait beaucoup à désirer. Il a cependant reconnu un certain degré de succès dans plusieurs domaines depuis le Cycle d'Uruguay, y compris en termes d'accès aux marchés. Ces résultats positifs doivent être préservés et renforcés davantage, ce qui requiert la mise en oeuvre fidèle des engagements du Cycle d'Uruguay. Partant, le Vice-Ministre a souligné la nécessité d'identifier et d'éliminer les barrières existantes à l'accès aux marchés pour les biens et les services des pays en développement. Des barrières tarifaires importantes et des mesures non tarifaires continuent d'affecter un nombre important de produits d'exportation provenant des pays en développement, en particulier les produits agricoles, les produits de base et les textiles. Les obstacles à l'accès aux marchés pour ces produits sont considérablement plus élevés que pour ceux qui ont une valeur ajoutée ou technologique importante, alors que les produits des pays en développement qui ont une valeur ajoutée moyenne ou importante, comme les équipements ou les produits chimiques ne bénéficient pas d'un accès facile aux marchés. En outre, ces pays ne sont pas en mesure de participer à certaines organisations ou institutions commerciales ou financières en raison des manipulations à caractère politique de certains pays.

Le Vice-Ministre a souligné la difficulté pour les pays en développement de répondre à certaines normes nationales et internationales, ce qui réduit leurs possibilités d'exportations. A cet égard, il a appuyé la proposition du Secrétaire général d'encourager une participation plus active des pays en développement dans l'élaboration de nouvelles normes internationales, ainsi qu'une plus grande transparence de ces normes. Il a estimé nécessaire que les pays qui accordent des préférences améliorent ce système et prennent des mesures concrètes en vue de contrer l'érosion des préférences et ses effets. Tout en se félicitant du mécanisme de règlement des conflits de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il a déploré le fait que celui-ci ne soit pas accessible aux candidats à l'adhésion ni à un grand nombre de pays en développement. Pour l'Iran, les accords commerciaux et les concessions tarifaires régionaux constituent un autre moyen de faciliter l'expansion du commerce et d'améliorer l'accès aux marchés. L'adhésion et la participation effective aux organisations économiques internationales comme l'OMC constitue elle aussi une étape importante pour permettre aux pays en développement de bénéficier du processus de mondialisation et les protéger de ses effets négatifs. L'accès sans entrave des pays en développement à l'adhésion à l'OMC, par la transparence dans l'application des procédures d'adhésion, est donc essentiel. Il est aussi impératif d'assurer l'universalité de cette organisation. Le Vice-Ministre a souligné le fait que les mesures économiques coercitives unilatérales et les lois nationales ayant des effets extraterritoriaux constituaient des barrières majeures qui empêchent le libre-échange et l'accès de tous les pays aux marchés, et freinent le développement économique et l'expansion des relations commerciales à tous les niveaux. De telles mesures contredisent non seulement les principes de base du droit international, mais aussi les objectifs pour lesquels l'OMC

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a été créée. L'Iran est également préoccupé par l'érosion progressive des capacités des Nations Unies dans le domaine économique, en particulier en matière de politique macro-économique. Le Vice-Ministre a souligné le rôle de coordination que doit jouer l'ECOSOC et la nécessité de renforcer ce rôle.

Mgr DIARMUID MARTIN, Secrétaire du conseil pontifical pour la justice et la paix : Bien des pays en développement, malgré les efforts intenses de leurs gouvernements, demeurent dans une situation de grande vulnérabilité, et à cause précisément de la précarité de leur position, ils sont trop souvent exposés aux effets négatifs des crises économiques et des changements de styles d'investissements. Pour pouvoir appliquer et répandre un authentique développement social et une réduction de la pauvreté, les pays les plus pauvres ont besoin de formes d'accès aux marchés et de participation à l'économie mondiale qui soient durables, toutes choses qui, en ce moment, sont très volatiles. Cette volatilité dans beaucoup de cas est due à des causes extérieures, y compris au fait que les pays développés sont lents à s'acquitter des obligations qui sont les leurs dans le cadre des accords multilatéraux. Des barrières commerciales demeurent, et tendent trop souvent à affecter les produits d'un certain intérêt pour les nations les plus pauvres et pour les secteurs les plus faibles de ces nations, spécialement dans le domaine agricole. Les pays les moins avancés eux-mêmes, manquant de ressources techniques, voient leurs capacités poussées au-delà de leurs limites, et ont à faire face aux nouveaux défis des politiques d'ajustement tout en continuant à affronter de vieux problèmes comme la résolution de leur dette extérieure.

Pour être durable, l'intégration des pays les moins développés à l'économie mondiale requiert un sens de la solidarité accru et une plus grande attention au fait que les peuples impliqués sont au centre des processus économiques. C'est à travers le travail et la créativité des êtres humains que se créent les richesses et les miracles économiques. L'accès au marchés, pour être durable, doit amener la sécurité aux gens, et dépasser cette vulnérabilité extrême qui, en ce moment, les expose aux pires effets dévastateurs des crises. Lors de sa déclaration célébrant le 50ème anniversaire des droits de l'homme, le Pape Jean-Paul II a dit que le souci premier de la communauté internationale sera de "construire l'architecture de l'économie internationale sur la base du respect des droits économiques et sociaux, et spécialement sur les droits et la protection des travailleurs". Un nouveau consensus sur l'aide officielle au développement est essentiel, qui devrait favoriser la mobilisation de l'opinion publique en faveur de la valeur essentielle d'une telle assistance officielle et des domaines vers lesquels elle devrait être dirigée. Construire une économie mondialisée ne peut pas simplement être une question d'expansion transnationale liés à des intérêts personnels ou corporatifs. Avant tout, cela signifie mettre en place un système qui permette la participation active de toutes les personnes et les nations dans la réalisation des potentiels qui leur ont été donnés par Dieu, et se traduise par une économie réellement au service de toute la famille humaine.

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Mme ANNA MARIA SOLARES, Vice-Ministre des questions économiques internationales, Ministère des affaires étrangères de la Bolivie : Le commerce international est un facteur de l'économie mondiale et c'est pourquoi l'on ne peut le séparer d'une analyse globale incluant d'autres éléments de l'économie. L'accès aux marchés ne garantit nullement la croissance et le développement durable pour les pays en développement. L'évolution du commerce international révèle aujourd'hui que les pays développés en tirent des avantages bien différents des pays en développement. Ces derniers souffrent encore de mesures tarifaires, parfois extrêmes, et de la prolifération de mesures anti-dumping. Cela empêche la réalisation de leurs justes aspirations à participer aux marchés international dans un esprit de libre-concurrence. Il ne faut pas ignorer non plus l'influence des grandes multinationales, qui ont tendance à imposer des schémas spécifiques aux marchés. Outre ces monopoles privés, certains monopoles d'Etat persistent. C'est pourquoi il est indispensable de prendre des mesures permettant de surmonter cette situation et visant la mise en oeuvre complète des accords de l'OMC en tenant compte des aspirations de tous les pays.

La Bolivie est prête à renforcer le système du commerce international de l'OMC dans la mesure où il permettra de réduire les inégalités entre les pays membres. La Bolivie est en train d'appliquer une politique d'ouverture conforme à ses engagements, même si cela engendre des coûts politiques et sociaux qui n'ont pas d'équivalent avec son niveau de participation à l'économie internationale. Elle doit adapter sa législation, créer de nouveaux instruments normatifs et surmonter des problèmes liés au manque de ressources humaines qualifiées. Cela exige une plus grande participation à l'OMC. Il faut donc insister sur la nécessité de prendre des mesures fermes car ce n'est qu'ainsi que la libéralisation du commerce sera véritablement liée au développement durable et à l'élimination de la pauvreté. Dans ce contexte, une coopération internationale renouvelée a toutes les raisons d'être. Une attention particulière doit être accordée aux pays en développement ayant de petites économies. Les accords régionaux sont très importants, mais ils ne doivent exclure personne et doivent venir compléter les structures internationales déjà existantes. L'action conjointe doit en fait traduire une vision intégrée et cohérente et le Conseil économique et social peut agir en ce sens.

M. JANIS PRIEDKALNS (Lettonie) : Le passage des économies d'Europe Centrale et de l'Est, désignées comme "économies en transition" d'un système centralisé à un système d'économie de marché s'est avéré plus long et plus complexe qu'anticipé. En Lettonie les structures commerciales qui autrefois servaient beaucoup plus les intérêts de l'Union soviétique que celle du pays lui- même sont en ce moment en phase de changement. Nous aspirons à nous intégrer à l'économie internationale. Nos progrès vers une stabilisation macro-économique ont été rendus possibles par des réformes structurels et des politiques actives d'investissement, et nous aspirons à joindre rapidement l'Organisation internationale du commerce. Les pays en transition ont besoin de conditions favorables d'accès aux marchés pour joindre un jour le groupe des nations

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économiquement développées. Dans ce cadre, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a aidé les pays en transition d'Europe Centrale et de l'Est en les assistant dans l'étude et le développement d'un cadre socio- politique de réformes économiques, notamment sous l'angle de l'établissement des structures et des conditions nécessaires pour attirer les investissements étrangers. La confirmation du soutien continu du PNUD est d'une importance vitale pour les pays en transition d'Europe Centrale et de l'Est.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) : Le commerce a toujours joué un rôle important en tant que contributeur à la croissance. Alors que le processus de mondialisation s'intensifie, il est de plus en plus important que le système commercial multilatéral tienne compte de façon satisfaisante des problèmes des pays en développement. Ces derniers continuent d'être confrontés à des obstacles importants pour les exportations, en raison de pics tarifaires, de normes internationales trop élevées, de mesures anti-dumping ou de droits compensatoires. Tous les pays doivent donc respecter les engagements qu'ils ont contractés dans le cadre de l'OMC. L'expérience coréenne montre que l'accès aux marchés à lui seul n'est pas suffisant, il doit être assorti d'une véritable possibilité d'exporter et d'une bonne compétitivité. La communauté internationale doit donc accorder une attention particulière à l'amélioration des capacités de production et d'exportation des pays en développement. Le système de commerce doit désormais assumer les coûts des caprices du système financier. Les flux de capitaux privés échappent au développement en raison de la crise financière asiatique et des efforts particuliers doivent être consentis par la communauté internationale.

Le problème de la marginalisation continue d'handicaper les pays les moins avancés (PMA) et mérite également une attention particulière. A cet égard, des efforts internationaux concertés sont indispensables. La République de Corée se félicite du plan d'action pour les PMA, adopté en décembre 1996 à Singapour, et notamment du cadre intégré pour le commerce et l'assistance technique. Elle demande aux Etats Membres, qui ont pris des engagements en faveur des PMA, lors de la réunion ministérielle de Genève en 1997, de les respecter le plus rapidement possible. Pour sa part, elle s'est engagée à accorder un accès préférentiel en franchise aux grands produits d'exportation des PMA. La part de l'Afrique dans le commerce mondial continue de chuter et l'élan de la croissance semble avoir été perdu. Il faut que la communauté internationale aide les pays africains par le biais d'une assistance technique en améliorant l'accès à leurs marchés. La République de Corée est heureuse d'annoncer qu'elle parrainera à Séoul, à la fin de l'année, un forum sur la coopération entre l'Asie et l'Afrique. La crédibilité du système commercial multilatéral ne peut être renforcée que si les avantages tangibles du système sont équitablement partagés par tous ses participants. Il faudrait prendre cette question en compte lors du prochain cycle de négociation.

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M. HASMY AGAM (Malaisie) a souligné l'importance d'un système d'échanges multilatéral transparent, juste et équitable. Parmi les défis que doit relever l'OMC, il a mentionné l'intégration et la participation effectives de tous les pays en développement, y compris les pays les moins avancés. A cet égard, il faut assurer un accès plus significatif aux marchés des produits d'exportations des pays en développement, en particulier les produits agricoles, textiles et autres produits manufacturés. Les mesures unilatérales avec des effets extraterritoriaux sont incompatibles avec le système commercial multilatéral, a- t-il souligné, en appelant les partenaires commerciaux à rejeter les mesures commerciales protectionnistes, y compris les mesures anti-dumping et les normes techniques et environnementales contreproductives.

Le représentant a souligné la nécessité de maintenir et d'intensifier l'assistance technique aux pays en développement pour faciliter leur intégration réelle dans le système commercial multilatéral. Pour la Malaisie, il faut poursuivre les négociations dans le cadre de l'OMC, sans que cela entraîne davantage d'obligations pour les pays en développement. Il faut, dans ce contexte, reconnaître la nécessité des pratiques préférentielles en faveur des pays en développement. Tout en appuyant la libéralisation, la Malaisie estime qu'une libéralisation effrénée risque d'aboutir à une dislocation des industries internes, car celles-ci n'ont pas encore atteint un niveau leur permettant de bénéficier pleinement des possibilités commerciales et d'investissement dans d'autres pays. Une approche pragmatique au commerce et la libéralisation des investissements est donc essentielle.

Pour la Malaisie, il est clair que la crise asiatique n'est pas un phénomène sans précédent ni isolé. L'instabilité monétaire, qui a de graves incidences sur la croissance, l'emploi et le développement, aura aussi des incidences sur le commerce. Cela souligne la nécessité de politiques macro- économiques saines. Le rythme de reprise des économies asiatiques dépendra de l'efficacité avec laquelle on gérera les problèmes dans les pays touchés et de la mesure dans laquelle la confiance sera rétablie. Les difficultés des pays comme la Malaisie montrent qu'il y a des leçons à tirer. Il faut, en particulier, réglementer les flux de capitaux à court terme, accélérer la révision du système financier et mettre au point un mécanisme qui permettra de résoudre de manière harmonieuse les crises financières futures.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que l'accès aux marchés est une des composantes fondamentales du commerce international et demeure indispensable au développement des économies de tous les pays, en particulier des petits et des Etats les moins développés. Néanmoins, a précisé la représentante, afin d'accroître le volume des échanges commerciaux et des revenus provenant des exportations, il est nécessaire d'être en mesure d'attirer les investissements et de moderniser les méthodes de production ainsi que les processus de recherche et de tirer avantage des opportunités qu'offre l'accès aux marchés. Pour cela, il faut disposer de compétences juridiques et techniques, d'institutions

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et d'infrastructures appropriées. De nombreux pays en développement, s'ils reconnaissent l'importance des processus de mondialisation et de libéralisation, ont assisté à une tendance au protectionnisme qui a affecté l'accès aux marchés aussi bien au niveau des biens que des services. L'application de mesures bilatérales et unilatérales en dehors du cadre des accords de l'Organisation mondiale du commerce et la politique tarifaire antérieure au Cycle de l'Uruguay sur les produits à l'exportation des pays en développement ont amoindri les retombées bénéfiques de la libéralisation.

Le suivi de la Conférence de Haut niveau sur les initiatives intégrées pour le développement du commerce des pays les moins développés qui s'est tenue en octobre dernier a montré l'importance d'éliminer les barrières tarifaires et d'améliorer l'accès aux marchés des produits destinés à l'exportation des pays les moins développés. Nous estimons, a souligné la représentante, que les pays développés et les organisations internationales pertinentes devraient aider les pays les moins développés à édifier leur capacité d'approvisionnement pour que ceux-ci tirent avantage de l'accès aux marchés. Une participation accrue des pays en développement à l'économie mondiale passe par une interdépendance qui renforce la coopération internationale. Dans le domaine du commerce, nous devons garantir la mise en oeuvre effective des conclusions du Cycle de l'Uruguay, en particulier dans le domaine de l'accès au marché des biens et services dont l'exportation serait bénéfique aux pays en développement.

Il faudrait que les pays en développement disposent plus facilement d'une aide technique pour leur permettre d'honorer leurs engagements conformément aux accords du Cycle de l'Uruguay. Des mesures particulières sont nécessaires pour que les pays en développement accroissent leur compétitivité tandis qu'une attention particulière devrait être accordée au rôle que joue le secteur des services dans le développement et la contribution des échanges commerciaux au développement des services. Dans le domaine des finances, des initiatives plus audacieuses sont nécessaires pour alléger de façon importante le poids de la dette des pays en développement. Des efforts doivent être également déployés pour faire table rase des inégalités dans le domaine de l'accès à l'information et aux technologies de l'information.

M. LEGWAILA JOSEPH LEGWAILA (Botswana) a déploré que la hausse progressive des tarifs et la multiplication des barrières non tarifaires, y compris celles de nature technique, représentent toujours un obstacle important aux exportations des pays en développement. De nombreux pays développés demeurent relativement fermés aux importations de produits agricoles pour lesquels les pays en développement bénéficient d'un avantage comparé. L'Afrique, en particulier, possède un potentiel d'exportation énorme dans ce secteur, a-t-il souligné. Pour le Botswana, la mondialisation et la révolution de l'information ne laissent d'autre choix que de s'efforcer de participer à la structure économique mondiale. La Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC) offre une orientation essentielle vers la mondialisation et les meilleures possibilités pour réaliser le développement de la région toute entière.

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L'état de l'économie en développement pose de graves défis, en ce sens que même lorsque des possibilités d'accès aux marchés se présentent, nous sommes incapables d'y accéder en raison de l'absence de capacités à réaliser une production adéquate pour l'exportation, le manque d'infrastructures dans les domaines des télécommunications et des transports, l'absence de compétitivité, et l'insuffisance d'une main d'oeuvre qualifiée. Le principal défi pour les pays en développement, en particulier pour le Botswana, est d'ouvrir leur économie à la compétitivité alors que la plupart d'entre eux mettent en oeuvre des ajustements structurels ou ont de faibles niveaux de productivité du travail. En conséquence, ils risquent d'être perdants dans ce processus. Partant, le représentant a plaidé en faveur de l'intensification des programmes d'assistance technique afin de renforcer les capacités de participation de ces pays au système commercial multilatéral et s'est félicité des nouvelles idées visant à mieux utiliser l'aide donnée. Le Botswana estime que les pays en développement ont une responsabilité importante pour ce qui est de fournir un environnement politique sain. Il s'est déclaré préoccupé par le fait que les pays en développement risquent de ne pas tirer d'avantages importants de la libéralisation des services.

M. VLADIMIR GALUSKA (République tchèque) : L'ouverture de notre marché intérieur s'est avérée profitable, avec un effet immédiat au moins sur les consommateurs tchèques. Un surcroît de compétition a influencé, de façon pointue, les prix de certains biens, notamment les biens de consommation durables. Mais ce fait signifie aussi plus de compétition nouvelle pour les producteurs nationaux, qui ne perçoivent pas toujours cet état de choses comme positif par rapport au monopole dont ils jouissaient auparavant. Mais ils comprendront tôt ou tard qu'à l'heure de la mondialisation, la compétition internationale est inévitable; ou vous vous adaptez, ou vous fermez boutique. Plus votre marché intérieur s'ouvre au monde, plus il représente une part du marché international, et votre économie nationale devient intégrée à l'économie mondiale; cette intégration étant une des conditions préliminaires à plus de développement économique et social. Mais les leçons que nous avons apprises durant la période de transition nous ont montré que le schéma n'est pas aussi simple. Pour beaucoup de producteurs locaux, y compris ceux dont les produits étaient de qualité égale à celle des produits d'origine étrangère, l'ajustement souhaité, s'il n'était pas accompagné d'une bonne préparation aux nouvelles conditions, semblait imposable à réaliser. La compétitivité, aujourd'hui, ne se limite plus seulement à sortir un bon produit et à le vendre. Elle comprend d'autres facteurs, comme les "bonnes pratiques de production" et le financement des exportations si les produits y sont destinés. Même placer ces produits sur le marché domestique requiert une bonne dose de marketing et d'avantages comparatifs.

Les actions isolées des gouvernements d'un pays ou d'un petit groupe de pays sont insuffisantes quant il faut faire face aux énormes impacts de la mondialisation. Il faut donc trouver des réponses universelles aux défis mondiaux, et le multilatéralisme actif seul, peut donner les instruments

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de ces réponses. Dans la sphère du commerce international, plusieurs organes des Nations Unies et d'autres institutions internationales ont fait un travail appréciable. Cependant de manière paradoxale, il reste beaucoup à faire dans le domaine des échanges commerciaux internationaux. Le terme "universel" est loin de mériter d'être appliqué à ce secteur, tant que des procédures internationalement acceptées et bénéficiant à tous les pays n'y seront pas appliquées.

M. EUGENIUSZ WYZNER (Pologne) a expliqué que les résultats du Cycle de l'Uruguay ont eu des répercussions importantes sur le processus de transformation économique de la Pologne qui a commencé en 1989. Des progrès remarquables ont été obtenus en Pologne pour ce qui est de la création d'un système juridique transparent qui a considérablement facilité l'établissement de relations commerciales avec de nouveaux partenaires. Nous avons été en mesure de rétablir en partie nos relations commerciales en Europe centrale et en Europe de l'Est à la suite de la création de la Zone de libre échange de l'Europe centrale. L'adaptation de notre législation à l'environnement mondial a favorisé les investissements étrangers, a ajouté le représentant. Ces facteurs, combinés au processus de privatisation, ont donné lieu à un taux de croissance supérieur à 6%. L'intégration de la Pologne à l'Europe continue d'être notre objectif principal. Il est inutile de dire que l'adaptation de la législation nationale polonaise aux dispositions et exigences de l'Organisation mondiale du commerce nous a aidé considérablement lors du processus d'harmonisation de notre législation à celle de l'Union européenne. Aujourd'hui, a expliqué le représentant, les tarifs douaniers sont devenus l'outil de base de la politique tarifaire de la Pologne.

La Pologne, ayant franchi l'étape la plus importante de son processus de réforme, a lancé une stratégie de développement de l'aide aux pays en développement et aux économies les moins avancées. Conformément aux dispositions de la partie IV de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, nous appliquons le Système mondial de préférence dont bénéficie les pays qui enregistrent un produit intérieur brut inférieur à celui de la Pologne. Néanmoins, nous devons faire plus. Nous sommes conscients que la mondialisation et la libéralisation ne suffisent pas. Le système des Nations Unies, y compris les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce, devraient accroître leur coopération et la coordination avec les Etats membres pour que les pays en développement et les pays les moins avancés tirent avantages des dispositions du Cycle de l'Uruguay. Notre objectif final doit être d'obtenir le développement durable.

M. PERCY M. MANGOAELA (Lesotho) a souligné la nécessité de l'intégration complète des pays en développement, des pays les moins développés et des pays en transition dans l'économie mondiale par un accès amélioré aux marchés pour leurs exportations. A cet égard, un environnement économique et financier international favorable et stimulant, ainsi qu'un climat favorable

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aux investissements sont essentiels. Il faut, en outre, accepter que chaque pays est en dernière analyse responsable de ses politiques économiques pour le développement durable. De nombreux pays en développement ont adopté des politiques macro-économiques saines et respecté scrupuleusement un programme d'ajustement constant. Ils ont pris des mesures en vue de renforcer la paix et la stabilité politique qui sont essentielles pour une croissance productive, et ont encouragé un climat de démocratie et de bonne gouvernance. Ainsi, au Lesotho, un système démocratique véritable a été mis en place.

Assortis à ces progrès, des améliorations impressionnantes ont été réalisées dans la gestion macro-économique, qui ont permis à davantage de pays africains de réaliser des taux de croissance économique satisfaisants. En outre, les déficits fiscaux et les taux d'inflation ont été réduits. L'augmentation des PNB a permis de réaliser de modestes améliorations en termes de revenu par habitant. Ces développements positifs ont eu pour résultat une augmentation de la valeur des exportations africaines et un surplus commercial qui ont contribué à freiner le déficit du PNB. Cela nous rapproche de la réalité d'une Afrique à la frontière de l'investissement mondial. Toutefois, en raison des pressions environnementales et démographiques, et de la croissance limitée des revenus, la population africaine continue de vivre dans la pauvreté avec moins d'un dollar par jour. Le fardeau de la dette continue en outre de poser un obstacle majeur au développement des pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés. L'hypothèse du thème choisi pour ce débat de haut niveau est que l'on peut relever ces défis grâce à l'accès aux marchés. Pour cela, il faut mettre en oeuvre les engagements du Cycle d'Uruguay, et particulier le traitement spécial et préférentiel pour les pays en développement, sinon les occasions fournies par le système commercial mondial nous échapperons.

M. HUGO NOE PINO (Honduras) : L'Organisation des Nations Unies, en raison du grand nombre de ses membres et de son mandat en matière de coopération internationale, a un important rôle à jouer dans la promotion du développement de toutes les nations du monde. Le Gouvernement du Honduras a fait du libre- échange l'une de ses priorités pour parvenir à la croissance et au développement durable. Il a ainsi mis en oeuvre une politique d'ouverture commerciale très volontariste. Ses tarifs douaniers sont ainsi passés de 80% à moins de 25% en 10 ans. Dans le même temps les procédures administratives, qui par le passé portaient entrave au commerce avec d'autres nations, ont été simplifiées. Une zone de libre-échange a été mise en place dans la région de l'Amérique centrale et des Caraïbes et un accord de libre-échange devrait être bientôt signé avec le Mexique, le Guatemala et El Salvador. Malgré tous ces efforts, le Honduras demeure préoccupé par les nombreux obstacles érigés par d'autres pays contre les exportations des pays en développement.

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L'application de quotas discriminatoires, la fixation de normes nationales trop sévères et la prévalence de tarifs douaniers élevés sont parmi les restrictions qui témoignent d'un déséquilibre dans la réalisation des accords internationaux. Au cours des vingts dernières années, la théorie du "commerce plutôt que l'assistance" entre les pays développés et ceux en développement a été prévalue. Mais aujourd'hui, on constate que le niveau de l'Aide publique ne cesse de diminuer alors que perdurent les obstacles commerciaux empêchant l'augmentation des exportations des pays en développement. Le Honduras espère que les prochaines négociations commerciales prendront ce problème en compte. Lors de ce débat, il a été clairement exposé que les pays en développement tireront meilleur parti du commerce international s'ils adoptent des politiques économiques et sociales comprenant des réformes dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la justice, de l'élimination de la corruption et en général de la modernisation de l'appareil d'Etat. Le Honduras s'est fermement engagé dans cette voie, toutefois ces réformes demandent le renforcement de la coopération internationale et en particulier des mesures bilatérales et multilatérales visant à allégement du fardeau de la dette. Il ne fait aucun doute que cet allégement permettra de libérer des ressources pour la mise en oeuvre des réformes susmentionnées. Le Honduras lance un appel aux pays développés pour que, conjointement, ils fassent en sorte que la libéralisation et la mondialisation servent le développement, afin que les bénéfices du commerce international soient distribués équitablement entre tous les pays.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) : Le système multilatéral d'échanges commerciaux a créé un accès amélioré aux marchés pour les pays en développement (PVD), ce qui favorise le développement des exportations nécessaires à une croissance durable, mais il reste essentiel d'améliorer l'assistance technique et les conditions d'accès aux marchés en faveur des PVD. La Nouvelle-Zélande croit fermement que la clef de ce progrès se trouve dans la mise en application des engagements existant par tous les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), et par le lancement d'un nouveau cycle plus avancé et élargi de négociations. Dans le cadre de ce processus, les pays développés doivent continuer de prendre les devants en libéralisant leurs marchés pour aider à une croissance des PVD basée sur les exportations. La Nouvelle-Zélande est particulièrement concernée par la marginalisation des pays les moins avancés (PMA) et de certaines petites économies, et nous pensons qu'il y a un besoin urgent de se pencher sur ce problème qui a été aggravé par la dette extérieure persistante qui affecte la plupart de ces pays. Sous cette optique, nous soutenons le Plan d'action en faveur des pays les moins développés.

Certains des PVD affectés par l'impact de la récente crise asiatique sont déjà sous ajustement structurel, mais nous devons aussi nous rappeler que ces pays ont besoin d'avoir la possibilité de sortir de leurs difficultés. L'ouverture des marchés est nécessaire, et pas seulement en Asie, et les pays développés doivent être résolus dans leur détermination à maintenir l'allure de la libéralisation commerciale malgré la pression intérieure à laquelle ils font

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face à mesure qu'augmentent les exportations des PVD. Les soucis des pays en développement doivent être écoutés et pris en compte, et la Nouvelle-Zélande soutient activement le travail conduit par les organisations internationales pour s'assurer que ces soucis sont correctement identifiés et que des actions conséquentes sont mises en exécution.

M. ROLAND YAO KPOTSRA (Togo) a déclaré que le processus de mondialisation et de libéralisation comporte des risques incontestables, en particulier pour les pays en développement qui, en raison de la fragilité de leurs économies et de leur niveau bas de développement technologique, ne participent pas pleinement au processus et n'en tirent pas suffisamment avantage. En effet, tandis que la croissance a atteint des taux record dans certains pays développés, seuls des résultats mitigés ont été enregistrés dans d'autres parties du monde. C'est le cas du continent africain qui, depuis 1994, présente des signes vigoureux de reprise économique grâce à de vastes réformes politiques et économiques opérées dans le cadre de programmes d'ajustement structurel mais qui demeure marginalisée, puisqu'elle ne représente que 2% des échanges internationaux. En dépit des efforts réalisés, force est de constater que les pays en développement se débattent toujours à mettre au point une agriculture modernisée et tournée vers la consommation, à exporter davantage en diversifiant leurs produits d'exportation, réaliser l'industrialisation et à se doter d'un environnement sain. Les déficits budgétaires et la dette ainsi que la diminution continue de capitaux publics et un faible flux des investissements privés directs représentent en outre des obstacles.

Pour sa part, le Togo, après avoir renoncé aux pratiques interventionnistes caractérisées par le commerce d'Etat sous monopole, les contingentements, le contrôle des prix, les licences d'importation et d'exportation, a entamé, dès les années 80, de profondes réformes économiques à travers les programmes d'ajustement structurel, la libéralisation des activités commerciales par la suppression des monopoles, des licences et des contingentements, la déréglementation des prix et les privatisations. Il a, en outre, pris des engagements en ce qui concerne les services et a consolidé ses droits de douane. Malgré toutes ces mesures, le Togo, comme nombre d'autres pays, ploie encore sous le poids de la dette et des effets pervers d'une libéralisation mal maîtrisée; l'expansion économique et commerciale n'est pas concluante, les prix flambent sous l'effet de la dévaluation du Franc CFA et la suppression des subventions et du soutien interne à l'importation de certains produits alimentaires. Les préférences accordées aux produits des pays ACP sur les marchés européens s'effritent en raison de la mise en oeuvre des accords du Cycle d'Uruguay et les compensations sont loin d'être prises en compte. L'effet de la libéralisation du commerce international sur les échanges des pays du Sud en général et de l'Afrique en particulier ne correspond nullement aux sacrifices que ces pays ont consenti. Partant, le Togo estime qu'il faut renforcer les mesures concernant l'accès préférentiel aux marchés pour les pays les moins avancés et tendre,

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en priorité, à l'éradication de la pauvreté. Il importe, à cet égard, d'éliminer les risques de marginalisation et d'exclusion des faibles; d'identifier et faire exploiter les opportunités offertes aux pays en développement et les pays les moins avancés par les accords du Cycle d'Uruguay; de renforcer les dispositions et pratiques en faveur de la transparence dans le système commercial international et de l'intégration des pays en développement au nouveau contexte économique et commercial.

M. JOHN CROGHTON (Australie) : Le commerce et les investissements étrangers directs sont les principaux moteurs de la croissance tant dans les pays développés qu'en développement. On estime que le Cycle d'Uruguay a permis une réduction des taxes de plus de 200 milliards de dollar par an et les Gouvernements ne sont plus bernés par le chant des sirènes protectionnistes. En effet, le protectionnisme ne respecte nullement ses promesses; il ne garantit pas les emplois ni l'augmentation des salaires. La libéralisation commerciale et les investissements étrangers directs sont en revanche bénéfiques pour tous. Ainsi les pays qui ont été les plus ouverts, ont connu une croissance annuelle deux fois supérieure aux autres. Une grande partie de la libéralisation s'est concrétisée par l'élimination des barrières tarifaires convenue dans le cadre d'accords commerciaux régionaux. Il faut cependant s'assurer que ce régionalisme soit synonyme d'ouverture et non d'îlots de protectionnisme.

En 1966, l'Australie a été le premier pays à adopter un système de tarifs préférentiels en faveur des pays en développement, mais aujourd'hui elle estime que l'érosion de ces systèmes de préférences, notée dans le rapport commun OMC/CNUCED, n'est pas forcément une mauvaise chose, puisque la libéralisation profite à tous les pays en augmentant les flux commerciaux et les revenus. L'Australie a supprimé tous quotas dans le domaine des textiles, de l'habillement et de la chaussure. En fait, presque 97% des produits en provenance des pays les moins avancés entrent en Australie en franchise de taxes. Même si la libéralisation commerciale est dynamique, beaucoup reste encore à faire. De nombreux obstacles tarifaires sont encore là, et certains pays font usage de taxes spécifiques progressives qui pénalisent les produits à faible coûts. La communauté internationale doit prendre des mesures pour empêcher ce type de taxation qui va à l'encontre du développement. Le meilleur moyen d'opérer est de procéder à des négociations commerciales multilatérales complètes. Les négociations de l'OMC sur la libéralisation de l'agriculture et des services devraient être élargies.

Mme KATHERINE HAGEN, Vice-Directrice générale de l'Organisation internationale du Travail (OIT) : L'OIT s'efforce de mettre en exergue les bénéfices de la croissance économique. La déclaration sur les principes fondamentaux et les droits du travail adoptée récemment par l'OIT met l'accent sur le fait qu'une stratégie mondiale en faveur du développement économique et social doit être appliquée si l'on veut créer un développement durable le plus large possible. Dans la mesure où la croissance économique, bien qu'essentielle,

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n'est pas suffisante pour assurer l'équité, le progrès social et l'élimination de la pauvreté, l'OIT doit promouvoir des politiques fortes dans les domaines social, juridique et des institutions démocratiques. L'emploi et les modes de vie durables grâce à des activités génératrices de revenus sont la pierre angulaire du développement durable. Au sommet social de Copenhague, l'OIT s'est vu confier un rôle de chef de file pour promouvoir des emplois durables et biens rémunérés. Un programme d'analyse de la situation de l'emploi par pays a été alors lancé par l'OIT. Les efforts du l'OIT pour aider les pays à promouvoir des stratégies d'emplois globales ont un caractère prioritaire. A cet égard, l'OIT s'efforce de parvenir à une bonne coopération et à une bonne coordination entre les institutions internationales pertinentes. Il est aussi nécessaire d'instaurer une bonne coopération en ce qui concerne les normes du travail qui ont été aussi jugées indispensables à Copenhague. Là aussi l'OIT a un rôle essentiel à jouer quant à leur établissement. Dans sa déclaration récente, l'OIT réaffirme qu'il est l'organisation internationale constitutionnellement mandaté pour traiter des questions des normes internationales du travail sur la base des principes immuables que sont la liberté d'association et la reconnaissance de la négociation collective, l'élimination de toutes les formes de travail forcé, l'élimination du travail des enfants et l'élimination de la discrimination dans le travail.

La déclaration donne par ailleurs l'obligation à l'OIT de jouer un rôle constructif pour aider ses Etats membres à réaliser les objectifs visés et les aider à être compétitifs sur le plan international. L'OIT place l'individu au coeur des problèmes et elle reconnaît que l'équité, le progrès social et l'élimination de la pauvreté demandent qu'une attention particulière soit accordée aux problèmes des personnes ayant des besoins sociaux spécifiques, notamment les chômeurs et les travailleurs migrants. Grâce à ces initiatives et à la collaboration avec les membres de la communauté internationale, on peut espérer améliorer la cohérence, l'efficacité et les résultats positifs de ces efforts et faire de l'accès aux marchés et de la mondialisation une réalité et un moyen de parvenir au progrès social et à l'élimination de la pauvreté.

M. APIRATH VIENRAVI (Thaïlande) : Bien que les marchés financiers soient pratiquement libres à l'ère de la mondialisation, l'accès aux marchés des marchandises, qui était sensé être libéralisé dans le cadre du Cycle de l'Uruguay, reste limité par des insuffisances dans la mise en application actuelle des accords. Bien que des progrès impressionnants aient été faits dans l'amélioration des conditions d'accès aux marchés, il est évident que des barrières tarifaires et non tarifaires continuent de porter préjudice aux produits et secteurs ayant un intérêt pour les pays en développement, surtout dans les secteurs de l'agriculture et des textiles. La Thaïlande pense qu'il y a une marge d'amélioration qui pourrait exiger que tous les pays membres mettent en place complètement et dans la bonne foi les accords existant. Pour atteindre pleinement les objectifs du Cycle de l'Uruguay dans le secteur agricole,

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les pays membres doivent strictement respecter les réductions tarifaires et la suppression des subventions et autres distorsions, et se conformer à l'Accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires. On devrait se retenir d'user de ces mesures et de barrières non tarifaires comme les normes environnementales pour en faire des barrières commerciales déguisées.

Concernant le secteur des textiles et de la confection, la Thaïlande est inquiète du fait qu'au cours des 7 premières années suivant l'Accord relatif à ce domaine d'activités, seules quelques restrictions quantitatives aient pu être levées. D'autre part, des mesures anti-dumping et d'autres formalités douanières et administratives imposées par les pays développés ont ajouté des limitations injustes aux activités des pays en développement. La Thaïlande appelle à la fin immédiate de ces traitements discriminatoires. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) doit générer la cohérence au sein de l'économie internationale, du commerce et de la politique financière. Une coordination des actions entre les Nations Unies, le FMI, la banque mondiale et l'OMC est absolument cruciale.

M. HALLDOR ASGRIMSSON (Ministre des affaires étrangères, du commerce extérieur et de la coopération pour le développement de l'Islande) a remarqué que l'intégration accrue des marchés financiers internationaux si elle est prometteuse, elle comporte des risques de marginalisation des pays en développement. Il est donc indispensable d'équilibrer, le plus largement possible les bénéfices du système d'échanges commerciaux en les répartissant équitablement, et de tenir compte des besoins dans le domaine du développement de ces pays ainsi que des économies les moins avancées. Evoquant le rapport du Secrétaire général sur les causes de conflit en Afrique, le Ministre s'est associé à l'appel lancé par le Secrétaire général pour que l'élimination des barrières douanières infligées aux produits africains soit placée sur l'agenda des pays développés. L'Organisation mondiale du commerce a prouvé qu'elle était l'outil le plus efficace pour forger une réelle mondialisation des échanges commerciaux. Il est important que le plus de pays possible participent à ses négociations sur les services et l'agriculture qui devraient commencer en l'an 2000. Le programme de travail relatif à l'examen des transaction commerciales par voie électronique qui prenne en compte les besoins économiques, financiers et dans le domaine du développement de ces pays est d'une grande importance.

L'Islande dépend largement de l'utilisation des ressources naturelles et, en conséquence, elle travaille à la réalisation du développement durable. Nous estimons, a ajouté le Ministre, qu'un programme plus ambitieux pourrait être mené avec l'Organisation mondiale du commerce et d'autres instances dans ce domaine. Pour cela, il faut que la libéralisation des échanges commerciaux s'accompagne de politiques relatives à la protection de l'environnement. Le Ministre a fait valoir l'interaction qui existe entre l'économie et la gestion des ressources. Evoquant l'expérience de son pays dans le secteur de la pêche, il a plaidé en faveur de l'élimination des subventions publiques qui interfèrent avec la libre

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concurrence. Abordant la coopération pour le développement, il a fait état de changements positifs dans ce domaine et, notamment, depuis l'implication du secteur privé. De nombreux pays en développement disposent maintenant d'un secteur privé florissant qui est prêt à entrer en compétition sur le marché mondial. Notre tâche est d'identifier et d'éliminer les obstacles qui freinent leur participation active aux marchés internationaux.

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