DEBAT DE HAUT NIVEAU : LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DENONCENT LES OBSTACLES QUI SUBSISTENT A L'ACCES DE LEURS PRODUITS AUX MARCHES DES PAYS INDUSTRIALISES
Communiqué de Presse
ECOSOC/396
DEBAT DE HAUT NIVEAU : LES PAYS EN DEVELOPPEMENT DENONCENT LES OBSTACLES QUI SUBSISTENT A L'ACCES DE LEURS PRODUITS AUX MARCHES DES PAYS INDUSTRIALISES
19980707 L'intégration de ces pays à l'économie mondiale passe par le renforcement de l'assistance technique et financière fournie par les pays développésLa question de la participation des pays en développement et des moins avancés (PMA) au processus de mondialisation et de la libéralisation du commerce a été, ce matin, au centre du débat de haut niveau sur l'accès aux marchés du Conseil économique et social.
Tout en reconnaissant les progrès déjà accomplis depuis la conclusion des négociations du Cycle d'Uruguay en 1994, de nombreux pays en développement ont dénoncé les barrières tarifaires et non tarifaires qui subsistent à l'accès de leurs produits aux marchés des pays industrialisés. Ce sont les produits agricoles et textiles dont ils sont les principaux producteurs qui rencontrent le plus d'obstacles à l'exportation. Partant, ils ont réclamé la suppression de toutes les formes de subventions octroyées à ces secteurs dans les pays industrialisés et la généralisation de tarifs préférentiels non limités dans le temps pour leurs produits. Plusieurs intervenants ont dénoncé l'utilisation des normes environnementales et sociales comme prétexte au protectionnisme. Pour leur part, les représentants des pays développés ont estimé que le plein accès aux marchés ne suffira pas à assurer l'intégration des pays en développement au commerce mondial. Ils doivent, en effet, développer des capacités leur permettant de faire face à la concurrence. A cet égard, les pays développés ont la responsabilité de renforcer leur assistance technique et financière aux pays en développement.
Le Conseil a entendu les interventions des personnalités suivantes : M. Poul Nielson, Ministre de la coopération pour le développement du Danemark; M. Jawad Anani, Vice-premier Ministre pour le développement et Ministre des affaires étrangères de la Jordanie; M. Boris Rikalovski, Ministre de l'économie de l'ex-République yougoslave de Macédoine; M. Michael Shree Chan, Ministre du commerce, du tourisme et de l'industrie du Guyana; M. José Luis Rodriguez, Vice-Président et Ministre de l'économie et de la planification de Cuba; M. John Rosenbaum, Représentant adjoint pour le commerce des Etats-Unis; M. Mariano Fernandez, Sous-secrétaire aux affaires étrangères du Chili;
(à suivre - 1a)
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M. José Maria Araneo, Sous-secrétaire aux questions économiques internationales et Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay; M. Fernando Maurette, Président de la Commission des relations extérieures de la Chambre des députés de l'Argentine; et M. Alejandro de la Pena, Représentant permanent du Mexique auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les représentants permanents auprès des Nations Unies des pays suivants se sont également exprimés : Bangladesh (au nom des Pays les moins avancés), Brésil, Chine, Japon, Tunisie, Inde et Algérie.
Le Conseil économique et social poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures, par une table ronde sur le thème de l'accès aux marchés qui sera animée par la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette. Participeront notamment à cet échange de vues : MM. F. Bergsten, Directeur de l'Institut de l'économie internationale; J. Bhagwati (Colombia University); et Mme Livanos Cattaui, Secrétaire générale de la Chambre de commerce international. Le Conseil poursuivra ensuite son débat ministériel de haut niveau.
SUITE DU DEBAT DE HAUT NIVEAU SUR L'ACCES AUX MARCHES
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh), au nom des pays les moins avancés, PMA, et s'associant à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine, a fait observer que le thème du débat revêt une importance toute particulière pour les PMA. Les barrières sont beaucoup plus élevées pour l'accès aux marchés de produits à faible valeur ajoutée et à faible composante technologique, or traditionnellement les PMA produisent ce type de produits. Cette situation leur pose un problème unique en son genre d'autant que le commerce est considéré comme l'outil de développement le plus efficace. Il en découle que les pays les plus faibles sont confrontés aux obstacles les plus importants dans le domaine du commerce. Les PMA n'ont que peu de produits industrialisés pour l'exportation, et de manière générale ils ont un faible niveau d'exportation. Ils sont producteurs de produits primaires, or le rapport conjoint OMC/CNUCED révèle que c'est en fait ce type de produits qui doit faire face aux plus fortes barrières, tel le textile ou les produits du cuir. Les intérêts des PMA ont été ignorés lors du cycle d'Uruguay; c'est seulement après coup que des avantages préférentiels leur ont été accordés, qui sont d'ailleurs largement insuffisants. Les PMA devraient recevoir davantage d'aide financière et technique. A cet égard, le représentant a fait part de sa profonde préoccupation devant le fait que le fardeau de la dette des PMA n'a pas été allégé, bien au contraire. L'aide technique devrait pour sa part se concentrer sur le renforcement des institutions et des structures, avec, notamment, la mise en place de réseaux de communications et la mise en valeur des ressources humaines.
Pour les PMA, un certain nombre de mesures précises devraient être adoptées, ainsi la mise en oeuvre intégrale du plan pour les PMA, adopté à Singapour, l'élimination des droits de douanes pour tous les produits et des quotas, l'élimination des restrictions aux importations de textiles en provenance des PMA - membres ou non de l'OMC -, l'élimination des dates limites fixées pour le traitement préférentiel tant que le pays concerné est un PMA, l'accroissement du niveau d'Aide publique au développement et le règlement des problèmes liés au surendettement des PMA. L'accès aux marchés est une priorité dans le dialogue sur le développement, a affirmé M. Chowdhury, ajoutant que tous les efforts en vue de construire un monde meilleur demeureront vains si nous ne réussissons pas à faire participer les plus faibles au partenariat mondial.
M. POUL NIELSON, Ministre pour la Coopération et le développement du Danemark : Le Danemark s'associe pleinement à la déclaration faite par M. Leon Brittan au nom de la Commission européenne. L'accès aux marchés est un élément clef. Les 48 pays les moins développés ne comptent que pour 0,4% des exportations mondiales. Cette donnée résume la situation de ces pays, et les secteurs dans lesquels les pays en développement ont des avantages comparatifs méritent qu'on leur accorde une attention particulière.
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Mais ce serait une illusion de croire que l'accès formel aux marchés à lui seul, intégrera les pays en développement dans le système commercial mondial. Cette intégration dépend fortement de l'amélioration de leurs capacités humaines et institutionnelles. Une assistance technique et financière liée au commerce devra leur être fournie pour qu'ils puissent profiter de l'accès accru aux marchés. En d'autres termes, les échanges commerciaux et l'aide au développement doivent aller de pair, et l'accès formel aux marchés doit devenir réel.
Si toutes ces propositions doivent se réaliser, nous devons aussi veiller à ce que les suites de ce débat de haut niveau soient proprement coordonnées. Les institutions multilatérales concernées doivent travailler de très près ensemble, et leur Cadre intégré doit être utilisé à son plein potentiel. Le secteur privé et les flots de ressources en provenance du privé jouent un rôle crucial dans la croissance des secteurs de production et dans le transfert de savoir-faire essentiels à l'intégration des pays en développement au système d'échanges internationaux. Mais la plus grande part des financements privés internationaux se concentre sur un petit nombre de pays. En 1996, 12 pays se partageaient 80% de ces ressources. La barre de 0,7% du PNB à consacrer à l'aide au développement garde aujourd'hui toute son importance. L'aide a un rôle catalytique quant il s'agit d'attirer les capitaux privés. La gouvernance, les mesures contre la corruption, les améliorations des institutions et des politiques sont souvent promues par le transfert de ressources concessionnelles. La mondialisation et le libre commerce sont des faits. La mondialisation augmente le niveau d'interdépendance, et conséquemment exige plus de solidarité internationale. La mondialisation sans solidarité bénéficie aux puissants et marginalise les pauvres et les faibles; nous devons être surs que les défis liés à ce phénomène se transforment en bénéfices pour la majorité et non pas seulement pour quelques-uns.
M. JAWAD ANANI, Vice-Premier Ministre chargé du développement et Ministre des affaires étrangères de Jordanie : Il a déclaré que la mondialisation du commerce pose un dilemme aux pays en développement. S'ils ouvrent leurs marchés, ils connaissent un déséquilibre durant les premières années. D'un autre côté, l'ouverture des marchés leur permet, notamment, d'accroître leur production et de procéder à la privatisation, selon le principe que le libre-échange international renforce la capacité d'exportation et se traduit par une croissance stable fondée sur l'exportation. Le prix payé par les pays qui n'ont pas accès aux marchés mondiaux est un chômage et une pauvreté accrus. Les Etats qui ont connu des succès raisonnables dans ce domaine sont les grands pays ou ceux qui ont des grands marchés et ont donc pu obtenir des investissements reposant plus sur leur marchés intérieurs plutôt que sur leurs exportations, a souligné M. Anani. Pour les petits pays, cette ouverture est encore limitée.
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Ainsi, en Jordanie, le Gouvernement a mis en place une politique de décentralisation et a baissé les droits de douane. Ces efforts ont donné des résultats positifs mais dans l'ensemble, les résultats ont été décevants en raison de la fermeture d'autres marchés dans la région. La Jordanie est convaincue des avantages de la mondialisation et de la libéralisation du commerce et appuie les négociations tenues jusqu'à présent dans ce domaine. Partant, l'efficacité croissante de la production locale a été encouragée, de même que le respect des normes internationales, à la suite de la signature de l'accord de partenariat avec l'Union européenne et de l'accord de libre échange avec les Etats arabes. M. Anani a appelé les pays riches et les organisations internationales telles que l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI), ainsi que l'Union européenne à aider les pays en développement à tirer le meilleur parti des possibilités d'exportation et de commerce qui leur sont offertes, cela au moindre coût social et tout en maintenant la démocratie et la transparence.
M. BORIS RIKALOVSKI, Ministre de l'économie de l'ex-République yougoslave de Macédoine : Il a fait observer que, bien que l'importance universelle de la mondialisation et de la libéralisation ait été reconnue tant par les pays à économie solide que par les pays en développement, on aurait tort de ne pas résoudre les différents problèmes auxquels sont confrontés de nombreuses économies ce qui concerne l'accès aux marchés. Le fait est que de nombreuses barrières demeurent et qu'elles prennent souvent des aspects de plus en plus sophistiqués et subtils, généralement contraires aux règles de conduite et aux obligations commerciales. Cette attitude protectionniste affecte tout particulièrement les pays à économie en transition. Du fait de la réduction de leur marché intérieur, ces pays n'ont pour seule chance de développement que leur participation accrue aux marchés extérieurs. Le simple fait d'empêcher ce processus aboutirait directement à la marginalisation de ces pays, ce qui aurait des répercussions particulièrement néfastes tant pour la coopération économique que pour les relations internationales, a mis en garde le ministre.
Pour sa part l'ex-République yougoslave de Macédoine a opté pour un système économique rétablissant l'économie de marché. Le processus de privatisation de l'ancien capital social et du capital d'Etat a été accéléré. La libéralisation de son commerce extérieur étant essentielle à son développement économique, le nouveau système douanier a été rendu compatible avec celui de l'Union européenne et avec la Convention sur les systèmes harmonisés de l'OMC. La Macédoine s'efforce aussi de mettre en oeuvre les principes de libre-échange au niveau régional, car elle est convaincue que de tels efforts contribueront à la stabilité politique de la région et à l'européanisation des Balkans. A cet égard, une participation plus importante des organes pertinents des Nations Unies serait la bienvenue.
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En outre, la Macédoine a récemment signé un accord avec l'Union européenne en vue de devenir membre de l'Union dans un avenir relativement proche. Elle a également présenté sa candidature pour devenir membre de l'OMC, voilà deux années. Malheureusement sa demande d'adhésion n'a toujours pas circulé parmi les membres de l'Organisation. Ceci est contraire à la pratique élémentaire et la Macédoine est en droit d'attendre que les mesures nécessaires soient prises pour que la procédure de négociation habituelle sur l'admission puisse démarrer dès que possible. Une discussion ouverte sur cette question de la participation à l'OMC des pays en transition et des pays les moins avancés à la présente session contribuera à l'identification des problèmes et à la mise en place de mesures efficaces qui répondent aux intérêts aussi bien des pays développés que des pays en développement ou en transition, dont l'interdépendance est manifeste et inéluctable, a conclu M. Rikalovski.
M. MICHAEL SHREE CHAN, Ministre du commerce, du tourisme et de l'industrie du Guyana : Nous sommes soucieux de savoir si les "opportunités" de la mondialisation que l'on proclame sont réelles et ouvertes à tous et si les soit-disant "défis" dont on parle ne sont pas un euphémisme pour parler de la marginalisation effective de petits pays comme le nôtre. On nous dit que depuis le lancement du processus du GATT il y a 50 ans, le commerce international a été multiplié par seize et que la croissance et le niveau de vie mondial ont augmenté au cours des trente dernières années plus que jamais auparavant. Mieux, on raconte que la pauvreté a diminué davantage au cours des cinquante dernières années qu'au cours des cinq derniers siècles, et que les pays de l'OCDE prévoient que le revenu par tête augmentera de plus de 270% d'ici à l'an 2020 dans les pays en développement. Mais le Rapport sur le développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) de 1997 révèle que plus d'un quart de la population du monde en développement vit dans la pauvreté ; environ 1,3 milliard de personnes survivent avec moins d'un dollar par jour, et plus de 50% de la population du globe reçoit moins de 5% du revenu global de la planète.
Les petits pays comme le Guyana n'ont encore tiré aucun profit de la mondialisation, mais nous pouvons déjà constater qu'à moins que des mesures de précaution ne soient prises, il y a un risque et un danger clair de marginalisation vis-à-vis du reste de l'économie mondiale. Avec une base d'exportation étroite et une capacité de production limitée, la plupart des petits Etats trouvent extrêmement difficile de faire concurrence aux autres sur le marché international. Il faut ajouter à cela l'effrayante perspective de la perte de l'accès préférentiel à des marchés importants comme celui de l'Union européenne, à cause des règles drastiques de l'Organisation internationale du commerce. Nos pays sont confrontés au spectre du protectionnisme. Les producteurs de banane, par exemple, doivent désormais faire face à des barrières non tarifaires à l'exportation sur certains marchés européens. Leur produit,pour être accepté, doit désormais répondre à certaines normes de taille et de configuration, ce qui est difficile à satisfaire pour ces petites économies. Comme résultat de cet état de chose, le commerce des Caraïbes a souffert et ceux qui en dépendent pour leur survie sont dans le même état.
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M. JOSE LUIS RODRIGUEZ, Ministre de l'économie et de la planification de Cuba : Il a déploré le fait que l'un des aspects du commerce, particulièrement important pour les pays du tiers monde, semble être oublié aujourd'hui. Il s'agit du fait que le commerce est un élément dynamique de l'activité économique qui doit être associé étroitement au développement et non y être opposé, perpétuant ainsi le retard et l'exploitation de certains pays par d'autres. Or, ni l'Accord général sur les tarifs douaniers (GATT), ni l'Organisation mondiale du commerce (OMC) n'ont été capables d'apporter une réponse aux exigences de développement du tiers monde dans le cadre de la politique commerciale qui a été encouragée. En outre, de graves problèmes étroitement liés à la possibilité d'utiliser le commerce comme un levier pour le développement persistent et s'aggravent. Ainsi, l'érosion des prix des produits de base explique en grande partie la détérioration continue des termes de l'échange. Les divers cycles de négociations visant à libéraliser le commerce, qui se sont tenus au cours des 50 dernières années, ont eu des résultats décourageants pour les pays les moins développés, a souligné le Ministre. Les 15 dernières années, en particulier, ont vu une prédominance de la politique économique néolibérale qui a façonné la mondialisation et le commerce, tandis que la nécessaire protection des produits du tiers monde disparaissait de l'ordre du jour. On a donc consacré l'égalité entre des économies inégales et les barrières douanières ont été remplacées par d'autres formes de protectionnisme, plus subtiles, à caractère politique, et donc discriminatoires et injustes. Les bénéfices des négociations du Cycle d'Uruguay ont donc été récoltés principalement par les pays développés. Ceux-ci résistent, en outre, de plus en plus aux exportations en provenance des pays en développement par l'adoption de mesures anti-dumping, d'actions protectionnistes et de quotas, et d'autres types de restrictions, telles les normes environnementales et les normes du travail, à travers lesquelles on cherche à ranger dans la catégorie des subventions les bas salaires des travailleurs du tiers monde.
En outre, le commerce intrarégional reste très faible entre les pays sous-développés, a poursuivi M. Rodriguez. Or, il est évident que l'intégration entre les pays en développement stimulerait leur activité économique, renforcerait leur unité et donc leur compétitivité face au monde développé. Cette possibilité doit être encouragée, en particulier dans le cas de l'Amérique latine et des Caraïbes. Le Ministre a évoqué la croissance impressionnante des manoeuvres spéculatives dans le système financier international au cours des dernières années et l'absence de contrôle du système monétaire international. Le processus de mondialisation se manifeste aussi dans l'accroissement des flux d'investissements directs qui peuvent constituer des stimulants dynamiques ou des entraves au commerce mondial. Toutefois, ces flux ne sont pas distribués de manière équitable, se concentrant principalement sur les pays les plus développés. M. Rodriguez a dénoncé l'accord multilatéral sur les investissements en cours de négociation dans le cadre de l'Organisation pour le commerce et le développement (OCDE),
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auquel ne participe quasi aucun pays en développement. Cet accord vise non seulement à garantir une plus grande libéralisation des flux financiers internationaux, mais aussi à devenir un nouvel instrument de pression et de domination de la part des pays développés. Pour preuve, il a cité les tentatives visant à introduire dans cet accord certains aspects de la loi Helms-Burton, adoptée dans le cadre de la guerre économique menée par les Etats-Unis contre Cuba. Il a rappelé le blocus imposé depuis plus de 37 ans par les Etats-Unis à l'encontre de son pays et a dénoncé l'accord passé récemment entre l'Union européenne et les Etats-Unis sur cette question. Le blocus a coûté jusqu'à présent plus de 60 milliards de dollars et des souffrances qui ne peuvent être évaluées, a-t-il déclaré, en appelant à sa levée totale et sans condition. Malgré des conditions économiques difficiles, Cuba a réussi à entamer sa relance, tout en réussissant à préserver son indépendance et sa souveraineté. Il a souhaité que les problèmes auxquels font face les pays en développement soient pris en compte dans la réflexion sur les problèmes commerciaux.
M. JOHN ROSENBAUM, Représentant adjoint au commerce, délégation des Etats-Unis : Il a rappelé que l'expansion du commerce est devenue un objectif primordial pour de nombreux pays. Aux Etats-Unis, les consommateurs ne font pas la distinction entre les produits fabriqués à l'intérieur ou à l'extérieur, c'est le prix et la qualité qui les intéressent. Les Etats-Unis ont toujours été une nation commerçante, et ils restent attachés à une concurrence vigoureuse. La Constitution américaine prévoit le commerce illimité entre les Etats. Dans certains pays, en revanche, les habitants ne veulent pas des importations et malheureusement, cette réaction aux importations est souvent encouragée par les Gouvernements. C'est pourquoi une étude des obstacles tarifaires ou non n'est pas suffisante et qu'il faut compléter les informations en tenant compte d'autres facteurs, tels les taux de change, le niveau des transports et le protectionnisme de la part des pays qui cherchent à exporter. Il est notable ainsi que les pays de l'Afrique sub-saharienne ont les droits de douanes parmi les plus élevés, a souligné le représentant. Pour leur part, les Etats-Unis ont un bon palmarès en matière d'accès aux marchés. Pour de nombreux produits, il n'existe pas de droits de douanes et les contingents dans le domaine du textile sont éliminés progressivement. Les obstacles qui demeurent ne sont pas insurmontables, a affirmé M. Rosenbaum, prenant l'exemple de la chaussure où les tarifs sont assez élevés alors que la part des importations est très forte. Les Etats-Unis ont probablement le marché le plus compétitif du monde.
Le principal problème n'est pas l'accès aux marchés mais la possibilité d'exploiter cet accès, étant donné le niveau élevé de concurrence. Un indicateur de l'accès aux marchés est la balance commerciale. En 1997, les Etats-Unis avaient un déficit de 100 milliards de dollars avec les pays en développement. Les Etats-Unis achètent 22% des exportations des pays en développement, alors qu'ils ne représentent que 4% des acheteurs du monde.
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L'économie américaine fournit ainsi des emplois chez elle et de part le monde. L'accès aux marchés est important mais il ne suffit pas pour aider les pays en développement. En effet, en l'absence d'une économie dynamique, il n'y a plus d'accès aux marchés. Si les demandes d'importations baissent, une libéralisation plus poussée n'apporte que peu de choses pour les pays les moins avancés. Les Etats-Unis sont très attachés à aider les pays les moins avancés (PMA) à élargir leurs possibilités commerciales. L'époque n'est plus où seuls quelques pays pouvaient contribuer à ces efforts, ceux-ci doivent être entrepris à l'échelle de la planète, or il est regrettable que le système généralisé des préférences ne soit offert que par une poignée de pays. De même, il est dommage que peu de PMA en profitent. C'est pourquoi, nous cherchons à faire adopter par le Congrès la loi relative à la croissance africaine, qui vise à faire entrer dans le pays certains produits, ne figurant pas dans le système généralisé des préférences, en franchise de douanes, a expliqué M. Rosenbaum. La négociation d'accords commerciaux avec les pays de l'Afrique sub-saharienne est aussi envisagée. La démarche la plus prometteuse est de mettre en oeuvre des réformes économiques fondées sur le marché et la pleine mise en oeuvre des accords de l'OMC. De l'avis des Etats-Unis, les économies de l'Afrique sub-saharienne sont pleines de promesses mais demeurent très fragiles et fragmentées. Pour que toutes les initiatives y fonctionnent, il faut que la violence soit éliminée de la politique, car il ne sert à rien d'améliorer l'accès aux marchés pour des pays ravagés par la violence, a conclu le représentant.
M. MARIANO FERNANDEZ, Sous-Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères du Chili : Il est indispensable de poursuivre les progrès, ce qui permettrait de s'assurer de la réalisation de l'objectif d'un commerce de plus en plus équitable, juste et équilibré, et perçu comme respectueux du bien être des travailleurs, des producteurs et des consommateurs partout dans le monde. Le Chili espère qu'il sera rapidement mis fin à toutes les formes de barrières commerciales, comme, par exemple, les pratiques internationales anticompétitives. Ceci devrait mener à une meilleure distribution régionale des bénéfices de la mondialisation. Au cours des dernières années, le Chili a fait des progrès décisifs dans l'ouverture de son marché et dans la recherche de l'amélioration de ses exportations. Ceci a été fait à la fois au niveau multilatéral à travers la réduction et la consolidation de ses tarifs douaniers et au niveau bilatéral et régional par des négociations dont le résultat a été la conclusion de divers accords de libre échange avec des pays et des groupes commerciaux de la région. Ceci s'est soldé par des résultats significatifs en terme d'expansion et de diversification du commerce intrarégional.
Concernant les échanges et l'accès aux marchés, le Chili pense que les négociations à venir avec l'Organisation internationale du commerce devraient promouvoir une intensification du processus de réduction des tarifs douaniers et de leur consolidation. Ce processus devrait consacrer plus d'attention
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au phénomène d'établissement de blocs et de limites tarifaires. Nous sommes sûrs que ceci contribue à bloquer l'expansion d'activités industrielles dans les pays en développement qui pourraient devenir compétitifs au niveau international. Les futures négociations devraient avoir à coeur de porter remède aux défauts et distorsions qui existent dans les échanges internationaux de produits agricoles, qui résultent de l'excès de programmes de subventions à l'exportation. Si le but est de maintenir et de développer la vie dans les zones rurales en arrêtant l'exode vers les villes, chose que supporte le Chili, il serait mieux, et plus transparent, de subventionner ou de soutenir les agriculteurs directement au lieu de subventionner les intrants ou les produits, ce qui crée des distorsions dans les échanges commerciaux ; distorsions qui faussent les avantages compétitifs ou comparatifs de chaque économie.
M. JOSE MARIA ARANEO, Sous-Secrétaire aux affaires économiques internationales, Ministère des affaires étrangères de l'Uruguay : Il a déclaré que l'Amérique latine avait réalisé les ajustements macro-économiques nécessaires à son intégration dans un monde global et interdépendant, ouvrant largement ses économies et accélérant ses processus de réformes des Etats. Aujourd'hui, le continent est plongé dans un effort d'intégration sous- régionale. Ces efforts ont permis la croissance du Produit national brut, la réduction de l'inflation et une renégociation de la dette extérieure. Toutefois, certains problèmes sociaux, comme la marginalisation et le chômage, n'ont pas encore pu être résolus. A l'intérieur du Mercosur, les échanges intrarégionaux ont quintuplé depuis la signature du traité en 1991. Grâce à des politiques d'ajustement, l'Uruguay est parvenu à une croissance du PIB de plus de 50% en 15 ans et l'inflation a pu être jugulée, ce qui a permis de parvenir à un des niveaux de développement humains les plus élevés en 1998. La question de l'accès aux marchés est particulièrement importante pour l'Uruguay, a poursuivi M. Araneo. Le principal acquis du Cycle d'Uruguay a été de s'attaquer à des domaines où il n'y avait pas de consensus, mais des tensions commerciales et différends qui menaçaient le système mondial d'échanges. Pour l'Uruguay, il faut poursuivre le processus de mise en oeuvre de l'accord d'Uruguay.
Soulignant l'importance d'entamer les négociations agricoles en 1999, il a rappelé que ce secteur constitue la principale activité économique en Uruguay. C'est un domaine qui revêt une importance vitale pour de nombreux pays. C'est pourquoi, l'Uruguay estime qu'il faut réduire sensiblement les tarifs, éliminer les mesures d'appui internes, ainsi que toutes les subventions aux produits agricoles car elles introduisent des distorsions inacceptables dans les échanges internationaux. A cet égard, il a affirmé que les pays de l'OCDE accordent des subventions à l'agriculture dont le montant dépasse le chiffre d'exploitation de toute l'Amérique latine. L'Uruguay et ses producteurs sont disposés à participer à un marché mondial libre et sans distorsion, a-t-il conclu.
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M. AVNI OZCAN (Turquie) a estimé qu'à la suite des conclusions positives du Cycle de l'Uruguay et la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), il est possible d'envisager avec plus d'optimisme la mise en place d'un système multilatéral commerciale efficace. Nous formons l'espoir que les obstacles, comme les barrières douanières, seront surmontées pour permettre aux pays en développement d'affronter un processus de libéralisation commerciale plus sûr qui repose sur une base plus large. A nos yeux, les accords régionaux commerciaux sont complémentaires de ce système multilatéral. Nous appuyons également la création d'un système d'échange international libéral qui repose sur les principes de la libre concurrence, de la non discrimination et de l'élimination des barrières douanières. Le représentant a rappelé que la Turquie a rempli ses obligations, conformément aux accords du Cycle de l'Uruguay conclus depuis la création de l'OMC. Mais pour développer le commerce international et la croissance économique à grande échelle, les résultats du Cycle de l'uruguay doivent être complètement mis en oeuvre par tous ses membres. Il faut également accorder une attention particulière aux besoins particuliers et aux exigences du développement des pays en développement.
Evoquant le Plan d'action de la Conférence ministérielle de Singapour, le représentant a indiqué que son pays est disposé à soutenir d'autres initiatives qui visent à éviter la marginalisation des pays les moins développés, en particulier celles qui faciliteraient l'accès aux marchés des produits d'exportation. La Turquie, a-t-il ajouté, a mis en place le premier janvier 1998 un régime tarifaire préférentiel qui s'applique à 556 produits importés par les pays les moins avancés. Les opportunités commerciales accordées à ces pays devraient également comprendre une aide technique et des programmes d'édification des capacités locales. Nous attachons une importance particulière à la mise en oeuvre des accords sur les services et accueillons avec satisfaction l'accord sur les services financiers conclus en décembre 1997. L'intégration des services financiers aux règles et disciplines de l'OMC ouvrira la voie à un environnement plus bénéfique pour les consommateurs et les fournisseurs. Nous estimons également que les investissements sont une composante de la croissance économique, de l'emploi et du développement durable.
M. FERNANDO MAURETTE, Président de la Commission des relations extérieures de la Chambre des députés de l'Argentine : Il a estimé que si de manière générale l'évolution du commerce mondial depuis les accords de Marrakesh a été positive, on ne peut ignorer qu'il demeure certains aspects négatifs dans la structure du commerce mondial, ainsi que certaines perturbations socio-économiques liées souvent à la libéralisation. C'est pourquoi, il faut accorder une attention toute particulière au quelque 1,5 milliard de personnes qui vivent dans la pauvreté ainsi qu'aux pays les moins avancés (PMA) qui tardent à bénéficier des avantages du commerce et du développement. Certains produits font ainsi encore l'objet de tarifs très élevés, ce qui fait entrave aux exportations des pays en développement,
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car ils frappent surtout les secteurs agricoles, textiles ou encore les produits dérivés du cuir. Les PMA concentrent ainsi leur production, pour la plupart agricole, sur des produits non transformés. En outre, il apparaît que lorsque les produits des pays en développement deviennent une menace pour les économies développés, ils font alors l'objet de barrières spécifiques, a regretté M. Maurette. Dans tous les secteurs où les pays en développement bénéficient d'avantages comparatifs évidents, il existe des mesures de sauvegarde spécifiques. Face à cette situation, de nombreux pays en développement commencent à avoir des doutes quant aux avantages de la libéralisation et de la mondialisation. Il manque en fait des politiques économiques et sociales appropriées afin de faire bénéficier tous les secteurs de la société des avantages de la libéralisation commerciale. L'Argentine est toutefois convaincue que le processus de libéralisation des échanges ne peut être que poursuivi. Elle espère que les processus d'adhésion à l'OMC progresseront le plus rapidement possible. De plus, en tant que membre du groupe Cairns, l'Argentine souscrit à l'accord relatif aux débuts des préparatifs de la prochaine série de négociations sur l'agriculture.
La communauté internationale doit mettre en place un vaste programme de coopération et d'aide au développement pour tirer parti des avantages de la libéralisation, établir des systèmes appropriés de commercialisation, de conservation et de transports de marchandises, mettre en oeuvre des exigences d'hygiène et de qualité satisfaisantes et justes et pour que les mouvements de capitaux contribuent à la croissance stable et continue. Pour sa part, l'Argentine participe également à des accords régionaux, tel le MERCOSUR, quatrième structure d'intégration régionale du monde. Le MERCOSUR participe actuellement à des négociations qui visent à créer une structure de libre- échange avec la communauté andine. Des pourparlers sont en cours entre l'Amérique latine et l'Union européenne. Le représentant a souligné que l'Amérique latine est le marché d'importation le plus dynamique au monde, avec une moyenne annuelle de croissance de la valeur des importations de 13%, alors que la moyenne annuelle au niveau mondial est de 7%. L'Amérique latine a contribué de manière importante à la libéralisation des échanges et la coopération internationale doit quant à elle assurer une distribution équilibrée des concessions et des avantages.
M. CELSO AMORIM (Brésil) a souligné que les turbulences financières de l'année dernière ont affecté en premier lieu les prix des produits de base et les exportations des pays en développement. Il a dénoncé une distribution inégale des bénéfices de la mondialisation. Alors que les pays en développement ont connu des augmentations très importantes de leur volume d'importations, ce sont les pays industrialisés qui ont bénéficié en premier lieu de l'augmentation du commerce mondial en termes d'exportations. Partant, il a préconisé la vigilance lors des négociations futures, estimant que le principal défi que doit relever l'OMC est de promouvoir plus avant l'intégration des pays en développement dans le commerce international, en les aidant à atteindre leurs objectifs de stabilisation macro-économique,
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de croissance et de développement. Le protectionnisme est un phénomène persistant et les barrières tarifaires et non tarifaires restent des obstacles dans des secteurs d'exportation importants pour les pays en développement, a-t-il poursuivi. Certains partenaires continuent, en outre, de citer des préoccupations relatives au travail et à l'environnement comme prétextes pour des restrictions déguisées au commerce. La mise en oeuvre des engagements du Cycle d'Uruguay et la poursuite des négociations restent pour cette raison un objectif important pour les pays en développement.
Des domaines d'intérêt majeur en termes d'exportations pour les pays en développement, comme les secteurs textile et agricole, demeurent, en effet, fort protégés. Ainsi, on estime que si les pays industrialisés réduisaient de 30% leurs subventions agricoles, cela permettrait un gain supplémentaire de 45 milliards de dollars par an en revenus d'exportation pour les pays en développement. Selon une étude récente de l'OCDE, les transferts globaux en matière de soutien au secteur agricole se sont élevés à 280 milliards de dollars en 1997. Bien que certains progrès aient été accomplis dans ce domaine, beaucoup reste encore à faire pour libéraliser le commerce et l'aligner sur des règles de concurrence équitable. Ceci est vrai aussi pour les produits industriels, comme les chaussures, les textiles, l'alcool et l'acier. Soulignant les efforts énormes déployés par la plupart des pays en développement pour ouvrir leurs marchés, M. Amorim s'est demandé si ces efforts déployés pouvaient être maintenus à terme. Ainsi, au Brésil, les tarifs moyens ont été ramenés de 52% à 12%. A la suite des réformes, le commerce extérieur est passé de 52 milliards de dollars en 1990 à 114 milliards de dollars en 1997. Les importations ont toutefois augmenté plus rapidement que les exportations. Les exportations brésiliennes vers ses partenaires commerciaux développés n'ont pas augmenté au même rythme, en raison surtout du maintien de mesures protectionnistes sur ces marchés. Le Brésil accuse donc des déficits commerciaux importants avec ses trois partenaires principaux que sont l'Union européenne, les Etats-Unis et le Japon. Au contraire, les Etats-Unis, par exemple, qui connaissent un déficit commercial avec de nombreux pays dans le monde, ont une balance commerciale bénéficiaire avec le Brésil. Partant, le Brésil préconise le démantèlement de toutes les mesures de protection dans les pays développés.
M. QIN HUASUN (République populaire de Chine) : Les besoins et les intérêts des pays en développement n'ont pas été satisfaits par les Accords du Cycle d'Uruguay, et ceux des pays les moins avancés ont été largement ignorés. De plus, la mise à exécution des accords a été rencontré une série de problèmes. Les pays développés n'épargnent aucun effort pour mettre en place les agréments qui sont dans leur meilleur intérêt, mais sont réticents à faciliter l'exécution de ceux qui bénéficient aux pays en développement. Par exemple, l'Accord sur les textiles et la confection est l'un des résultats du Cycle d'Uruguay qui bénéficieraient surtout aux pays en développement, mais depuis son entrée en vigueur le 1er janvier 1995, il y a eu des blocages
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continuels quant à son exécution. Les pays développés importateurs de textiles et de produits de confection ont créé une série de difficultés au processus d'intégration, y compris l'usage trop fréquent de mesures transitionnelles de protection, de décisions unilatérales soit disant liées à l'environnement mais en réalités protectionnistes, et de l'usage abusif de prétendues enquêtes anti-dumping. Nous doutons par conséquence que les textiles et la confection seront pleinement intégrés au GATT à la date du 1er janvier 2005.
Les pays en développement continuent à faire face à de nombreuses barrières dans l'accès aux marchés des pays développés. Les limites tarifaires et l'augmentation des tarifs douaniers dans certains secteurs mettent sérieusement en danger les exportations des pays en développement, et les nouvelles formes de protectionnisme risquent d'éroder l'intérêt qu'ils portent à l'exportation. La pratique du protectionnisme environnemental et la tentative de lier le commerce aux pratiques de travail et de production dans le but d'affaiblir les avantages comparatifs des pays en développement doivent être dénoncées. L'admission de nouveaux membres au sein de l'Organisation mondiale du commerce a été retardée par des considérations politiques et des tactiques destinées à tirer le maximum d'avantages économiques. Certaines négociations d'admission sont devenues un passage au crible des politiques économiques et commerciales des candidats, et certains pays membres ont utilisé ces négociations pour la résolution de problèmes commerciaux bilatéraux, les prolongeant de ce fait. En fait, c'est l'universalité du système commercial multilatéral qui est remise en question.
M. ALEJANDRO DE LA PENA, Représentant permanent du Mexique auprès de l'Organisation mondiale du commerce : Il a fait observer que le commerce international a joué un rôle très important dans le développement du Mexique. Les échanges extérieurs du Mexique sont de l'ordre de 200 milliards de dollars, soit le huitième rang de l'OMC. Le cycle d'Uruguay n'a toutefois pas été suffisant pour tirer pleinement partie des mesures de transformations structurelles du Mexique. C'est pourquoi, le pays a également développé de nombreux accords de libre-échange. L'un des plus grand défi à venir est le prochain processus de négociation prévu en l'an 2000, a estimé le représentant. A cet égard, il convient de définir quels sont les thèmes les plus importants pour les pays en développement et quelles sont les règles qui répondront le mieux à leurs intérêts. Il faudra donc faire un choix entre la négociation sectorielle et la négociation d'ensemble établissant un lien entre tous les éléments. De l'avis du Mexique, les négociations sectorielles ne sont pas favorables aux pays en développement, car elles réduisent l'intérêt porté aux produits qui n'ont pas été inclus dans ces négociations. Le Mexique préférerait la mise en place d'un ordre du jour élargi. Le Mexique est préoccupé de voir que certains pays touchés par des turbulences économiques pensent que la solution consiste à faire un pas en arrière. Les négociations de l'an 2000 devraient donc comprendre les questions relatives à la pleine mise en oeuvre des accords de l'OMC, au suivi des décisions adoptées lors
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de la conférence ministérielle de Singapour, à la transparence de marchés publics, et aux questions de l'accès aux marchés. Ces thèmes devraient en outre être abordés dans le cadre d'un ordre du jour intégré. De l'avis du Mexique, ces composantes et procédures permettront de garantir à tous les membres de l'OMC et, notamment, aux pays en développement, que les thèmes qui ont un intérêt particulier pour eux seront abordés et traités sur un pied d'égalité entre tous les participants.
M. MASAKI KONISHI (Japon) a estimé encourageant qu'à la lumière de la crise asiatique, les participants à la Conférence ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) ont réitéré leur soutien au système de libre-échange multilatéral en rejetant toutes les mesures protectionnistes. Le Japon est pleinement conscient que sa reprise économique aura des répercussions sur la stabilité économique des autres pays asiatiques et sur l'économie mondiale. Le 24 avril dernier, le Gouvernement japonais a annoncé la mise en oeuvre d'un programme de dynamisation économique auquel il a alloué 124 milliards de dollars. Afin de stabiliser son système financier et restaurer la confiance, le Gouvernement japonais travaille à la liquidation de ses mauvais avoirs financiers. A travers ces mesures, le Japon est déterminé à stimuler la demande domestique et à promouvoir la reprise de son économie, qui il l'espère, aura une influence positive sur les pays asiatiques et sur l'économie mondiale en général.
Le représentant a évoqué la nécessité d'améliorer l'accès aux marchés des pays en développement et, à cette fin, il leur a suggéré de diversifier leurs produits et d'améliorer leur compétitivité. Les pays développés devraient les aider dans leurs efforts en ouvrant leurs marchés. Le Japon, quant à lui, a accordé une exemption de taxe à tous les produits figurant sur la liste du Système global commercial. Le développement ne repose pas seulement sur l'aide publique au développement. Les investissements étrangers, la promotion des structures socio-économiques et des capacités humaines sont d'égale importance. Le Japon accueillera prochainement la Conférence internationale sur le développement africain II, qui abordera, entre autres, l'accès aux marchés. Le représentant a par ailleurs souligné l'importance pour ces pays de développer un système juridique et administratif transparent et efficace et un esprit d'entreprise vigoureux. Lorsque nous parlons de capacités commerciales, il faut prendre en compte la capacité de produire et de vendre, a-t-il souligné.
Le représentant a plaidé en faveur d'une plus grande coopération parmi les pays en développement par la signature d'accords régionaux, l'adoption par les pays les moins avancés du Système global commercial et l'adoption par les pays en développement du Système global de préférence commerciales. Les accords régionaux doivent être en conformité avec les systèmes multilatéraux commerciaux et doivent contribuer à leur renforcement. Le représentant a également abordé l'aspect environnemental des échanges commerciaux.
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Le développement durable de l'économie mondiale doit être compatible avec un environnement durable. Le Japon demande donc que soit analysé l'impact de la libéralisation des échanges commerciaux sur l'environnement.
M. ALI HACHANI (Tunisie) a déclaré que la coopération internationale aux fins du développement se situe à un moment décisif où l'on doit opérer des choix fondamentaux pour lui insuffler un dynamisme nouveau. Les problèmes spéciaux que connaissent les pays en développement, l'interdépendance croissante de l'économie mondiale, rendent plus impératif le renforcement de la coopération internationale. Reconnaissant les retombées bénéfiques de la mondialisation, il a estimé que le renforcement de l'interdépendance des Etats a accéléré la diffusion internationale des décisions d'ordre macro-économique et, partant, leurs effets sur l'ensemble de l'économie mondiale. Les mesures adoptées par un groupe de pays sur le plan intérieur sont d'une importance décisive pour le reste du monde et affectent directement la croissance économique et le bien-être des autres groupes. Partant, il a lancé un appel pour le renforcement de la vigilance au niveau international afin de mieux canaliser les flux financiers notamment privés, et donc d'avoir en temps utile une image réelle des crises financières qui pourraient constituer une menace pour l'économie mondiale.
Pour la Tunisie, un système commercial multilatéral, ouvert, réglementé, équitable, non discriminatoire, transparent et prévisible est dans l'intérêt de tous les pays. Le représentant a appelé au respect scrupuleux des engagements pris dans l'Acte final des négociations d'Uruguay. Toutes les parties devraient éviter et prévenir toute mesure unilatérale à caractère protectionniste qui serait incompatible avec les accords commerciaux multilatéraux. Des mesures de suivi appropriées doivent, en outre, être mises en place pour veiller à ce que, lors de l'application de l'Acte final, les droits et les intérêts de tous les pays soient protégés et leurs préoccupations prises en compte. Ainsi, on devrait appliquer intégralement les dispositions expresses ayant trait aux pays les moins avancés mais aussi aux besoins des pays en développement importateurs nets de produits alimentaires, afin qu'ils puissent bénéficier des résultats des négociations d'Uruguay. Pour sa part, tout en appuyant des mesures de sauvegarde de l'environnement, la Tunisie estime que les politiques environnementales, de même que les préoccupations d'ordre social, ne doivent pas devenir un moyen de discrimination commerciale arbitraire ou une forme déguisée de protectionnisme. Pour ce qui est des produits de base, la communauté internationale devrait oeuvrer à l'amélioration du fonctionnement des marchés à travers une plus grande transparence, davantage de stabilité et une prévisibilité accrue. Les pays développés devraient, eux, répondre favorablement aux demandes d'assistance technique visant à diversifier le secteur des exportations dans les pays en développement. Il faudrait, en outre, intensifier les efforts de coopération internationale en vue de renforcer les moyens de mise en valeur des capacités scientifiques et techniques des pays en développement. Ceci doit inclure leur capacité
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à utiliser les avancées scientifiques d'autres pays et à les adapter aux conditions locales. Dans ce but, il faut promouvoir, faciliter et financer l'accès aux technologies et leur transfert au profit des pays en développement à des conditions préférentielles.
Pour sa part, la Tunisie a axé son approche sur la mise en valeur des ressources humaines dans la création de la richesse, prenant en compte l'aspect social du développement et la nécessité de créer des emplois productifs. Les mesures de libéralisation commerciale et financière qu'elle a prises se sont accélérées depuis la signature en juillet 1995 de l'accord de partenariat et de libre échange avec l'Union européenne, lequel a rendu nécessaire l'approfondissement des réformes du système financier et de production. Le représentant a souligné l'amélioration des résultats globaux de l'économie qui a permis à la Tunisie d'accéder à de nouveaux segments sur les marchés extérieurs de capitaux et de bénéficier de conditions plus favorables. Toutefois, malgré ces résultats positifs, des contraintes extérieures accentuées par le processus de mondialisation imposent à la Tunisie comme aux autres pays en développement, la prudence en matière de choix économiques et la vigilance quant à l'évolution de l'environnement extérieur, a-t-il souligné.
M. KAMALESH SHARMA (Inde) : Il faut se rappeler que l'un des buts premiers du système d'échanges commerciaux multilatéral et du Cycle d'Uruguay était de servir le développement. Ceci est souligné dans l'Accord de Marrakech qui stipule que "le développement économique et commercial devrait être mené en vue de l'augmentation des niveaux de vie...". Tout acte de négociation ou d'exécution d'accord doit donc être abordé sous le prisme du développement; il doit par conséquence être reconnu que des économies différentes ont des structures et des particularités différentes, des problèmes différents et des différences de cultures. La vitesse des changements à mettre en place devrait de ce fait, être conçue pour prendre en compte ces particularités, et les pays membres devraient se garder de toutes actions unilatérales qui vont contre les racines mêmes du multilatéralisme. L'Inde estime qu'il est prématuré de déclarer que le Cycle d'Uruguay a abouti à des "améliorations significatives dans les conditions d'accès aux marchés". Une série de rapports du Centre pour le commerce international, l'économie et l'environnement suggèrent que, depuis la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la part nette des pays en développement dans le commerce international a décliné.
Le rapport du Secrétaire général des Nations Unies indique clairement que les tarifs douaniers et autres barrières traditionnelles à l'accès aux marchés demeurent des empêchements critiques dans de nombreux secteurs. Les exportations de textiles et de produits de confection, qui entrent pour 24% dans les exportations des pays d'Afrique subsaharienne, 14% de celles de l'Asie, et 8% de celles de l'Amérique latine, sont soumises à des quotas
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au-dessus desquels de lourds tarifs douaniers sont appliqués. Ceci est contraire à l'esprit de l'Accord sur le textile. Les subventions agricoles dans les pays développés ont des conséquences négatives sur le pays en développement, allant de la dépréciation des prix des produits de base, à leur exclusion des marchés des pays développés, en passant par l'érosion de leur capacité d'autosuffisance alimentaire en soumettant les producteurs locaux au dumping de produits alimentaires étrangers à bas prix et de médiocre qualité. Un autre sujet de souci est la montée des tarifs douaniers sur les produits transformés plutôt que sur les matières premières. Cette pratique enferme les pays en développement dans les marchés volatiles de matières premières, où les prix sont en déclin, et elle leur bloque la voie évidente qui leur donnerait accès à l'engrangement de valeurs ajoutées.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a rappelé que les accords de l'OMC ont prévu des dispositions spécifiques réservant un traitement spécial et différencié aux pays en développement. Les pays en développement ont ainsi obtenu l'engagement d'une amélioration sensible des possibilités d'accès aux marchés pour leurs produits d'exportation. Cet élément constitue un facteur-clé dans l'intégration effective de ces pays dans le Système commercial multilatéral. Il est indéniable que, sur ce plan, le cycle d'Uruguay a engendré une certaine amélioration ainsi qu'une sécurisation, confortée par l'institution de l'Organe de règlement des différends. Toutefois, dans la réalité, les pays en développement sont loin de pouvoir faire plein usage de ce système de recours, a fait observer le représentant. En outre, des obstacles sérieux subsistent. Il est ainsi des barrières tarifaires qui affectent encore un grand nombre de produits. Il existe également des obstacles non-tarifaires qui entravent considérablement les exportations des pays en développement, principalement celles pour lesquelles ces derniers disposent d'un avantage comparatif. Les pays les moins avancés (PMA), particulièrement ceux d'Afrique, sont de loin les plus vulnérables à tout obstacle d'ordre tarifaire ou non-tarifaire à leurs exportations.
Le représentant s'est félicité du nouvel élan de la communauté internationale, constaté depuis la conférence ministérielle de Singapour en 1996 et celle de Genève en 1997, et qui s'est traduit par le Plan d'action en faveur des PMA. Il faut espérer que les efforts de la communauté internationale pourront effectivement permettre à cette catégorie de pays d'avoir une part plus active et plus diversifiée dans les échanges commerciaux mondiaux. Pour ce faire, il faut qu'un certain nombre d'obstacles soient levés et que les partenaires des pays en développement respectent pleinement les engagements souscrits. Il faut aussi que l'OMC soit élargie, à travers l'accélération de l'admission des nouveaux candidats, car c'est le seul forum pour des négociations multilatérales continues. La mise en oeuvre intégrale et effective des accords du cycle d'Uruguay devrait occuper un rang de priorité au sein de l'OMC, et dans ce cadre, une attention particulière devrait être accordée à l'application des dispositions spéciales et
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différenciées en faveur des pays en développement ainsi qu'à la décision sur les mesures relatives aux éventuelles conséquences négatives du programme de réforme pour les PMA et les pays en développement importateurs nets de produits alimentaires. Ces mesures devraient en outre être accompagnées de la garantie de l'ouverture réelle des marchés et de l'abandon de toute politique protectionniste; de la suppression des obstacles non-tarifaires; de l'abandon des politiques restrictives; de la transparence nécessaire; de la poursuite et de l'amélioration des schémas de préférences à travers le Système généralisé de préférences et les accords de coopération régionaux; du maintien et du renforcement de l'assistance technique aux pays en développement; et de l'amélioration de l'environnement économique et financier international pour la promotion de la coopération pour le développement en faveur des pays du Sud et des PMA. L'endettement extérieur, la faiblesse ou la mauvaise répartition des flux financiers, de même que les déséquilibres liés au Système financier et monétaire international sont autant de problème que la communauté internationale devrait prendre en charge d'une manière satisfaisante et durable.
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