LES ONG D'AMERIQUE DU NORD ACHEVENT LEUR COLLOQUE SUR LA QUESTION DE PALESTINE
Communiqué de Presse
GA/PAL/784
LES ONG D'AMERIQUE DU NORD ACHEVENT LEUR COLLOQUE SUR LA QUESTION DE PALESTINE
19980617 Le Colloque des ONG d'Amérique du Nord sur la question de Palestine s'est achevé ce matin. Dans sa déclaration de clôture, M. Ravan Farhadi (Président en exercice du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien) a plaidé en faveur d'efforts soutenus en cette étape critique du processus de paix qui viendraient compléter les activités des gouvernements et ONG influentes. Il a indiqué qu'au cours des prochains mois, le Comité participera aux efforts intergouvernementaux dont le point culminant sera la session annuelle de l'Assemblée générale. M. Graybeal, Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord sur la question de Palestine, a annoncé la tenue de deux journées d'action les 22 et 23 octobre prochains à Washington.Les Organisations non gouvernementales avaient, en début de séance, procédé à un bref débat ouvert associant les conférenciers des séances plénières précédentes. Elles avaient par la suite pris note des conclusions des six ateliers de travail dont le texte final sera publié par la Division des droits des Palestiniens. Il a ainsi été proposé de travailler à la création de liens avec les ONG de la région du Moyen-Orient, d'exploiter plus largement les possibilités offertes par Internet pour promouvoir une prise de conscience plus large du public, d'établir une plus grande coopération avec les médias et les groupes religieux ou encore d'instituer une journée d'action qui se tiendrait le 13 ou le 14 septembre, date de la signature des Accords d'Oslo.
De la mémoire à la conscience : les conséquences du travail des ONG d'Amérique du Nord
Débat
M. MARC ELLIS (Research Fellow à l'Université d'Harvard) a souligné l'importance du travail basé sur la réalité même s'il cela entraîne un changement de notre vision.
MME RANDA FARAH (Centre d'étude et de recherche sur le Moyen-Orient contemporain d'Aman en Jordanie) a regretté que le déplacement des populations palestiniennes n'aient pas été prises en compte dans les Accords d'Oslo. Et pourtant la question des réfugiés devrait être au centre de toute négociation s'y rapportant. L'absence de représentants des réfugiés au processus politique et à l'amélioration de la situation est un motif de préoccupation.
La représentante d'une ONG a émis des doutes sur les résultats concrets de cette conférence. N'oublions pas que le peuple palestinien a été dépossédé dans tous les domaines y compris culturel et économique. Il faut un effort concerté de la part de groupes, comme les ONG, pour que tous les Palestiniens soient entendus.
Propositions d'action contenues dans le rapport des ateliers de travail
Atelier de travail 2
Présentant les travaux et conclusions du second atelier de travail, relatif aux campagnes des ONG en faveur des réfugiés palestiniens, MME NAJAT ARAFAT KHELIL (Présidente de l'Arab Women's Council) a souligné la dimension politique et humanitaire du problème des réfugiés palestiniens. Par réfugiés, il faut entendre tous les Palestiniens sans exception, y compris ceux des territoires occupés. Nous demandons également aux Etats-hôtes de continuer d'aider les Palestiniens aussi bien dans le domaine social que médical. Nous demandons également aux pays d'accueil d'augmenter leurs contributions à l'UNRWA. Israël doit reconnaître sa responsabilité dans la dépossession du peuple palestinien et leur statut de réfugiés. Il sera demandé aux ONG d'Amérique du Nord de créer des liens avec les ONG de la région.
Commentaires
Le représentant d'une ONG a fait remarquer qu'un certain nombre de recommandations ne s'adressaient pas aux ONG mais aux gouvernements.
Atelier de travail 3
M. JOHN SIGLER (Association canadienne des Nations-Unies) a présenté les propositions de l'atelier III sur les effets du bouclage des territoires. Il a déclaré à cet effet que l'opinion publique internationale doit être informée des effets dévastateurs que cette politique a sur la vie quotidienne des
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populations palestiniennes. Ces bouclages ont en fait commencé bien avant les activités de terrorisme du Hamas, contrairement à ce que prétend le Gouvernement israélien. L'Etat d'Israël invoque aujourd'hui des raisons de sécurité pour justifier des mesures qui, en fait ont d'autres objectifs. Il faut savoir aussi, a poursuivi M. Sigler que la responsabilité politique du bouclage des territoires palestiniens n'incombe pas uniquement au Likoud, mais qu'il y a aussi un consensus avec les autres formations politiques israéliennes.
L'Internet devrait être utilisé pour mieux informer l'opinion publique des effets du bouclage. Le bulletin d'information du NACC a aussi pour objet d'informer, mais il faudrait toutefois que les journalistes américains couvrant le Moyen-Orient consentent à mieux traiter ce problème. Des vidéos sont disponibles et devraient être mieux distribuées aux stations de télévision et il faudrait que les ONG insistent davantage auprès de la chaîne publique PBS pour qu'elle diffuse un plus grand nombre de programmes sur les conséquences du bouclage des territoires palestiniens. Il faudrait également fournir plus amples informations aux groupes de touristes qui se rendent en Terre Sainte. De même on pourrait demander aux responsables des publications médicales de traiter dans leurs articles des effets négatifs des bouclages des territoires sur la santé des populations. Un listage des personnalités qualifiées pour évoquer ce problème sur la scène internationale devrait être établi dans le but d'une campagne de sensibilisation efficace.
Questions et commentaires
Un intervenant a estimé qu'Israël ne cesse de violer les Conventions de Genève. Plus spécifiquement, le bouclage des territoires constitue une violation de l'article 13 de la Convention des droits de l'Homme et une violation de la liberté de circulation, a répondu M. Sigler.
M. Abu-Lughod, Professeur à l'Université Bir Zeit, a dit que la création d'un corridor de circulation entre Gaza et la Cisjordanie ne supprimerait pas le fait de l'occupation elle-même, qui transforme la vie des gens et qui est une continuelle agression contre leur droits et leur dignité. Il serait important de relancer aux Etas-Unis la question fondamentale de la Palestine. Comment deux peuples peuvent-ils coexister dans le respect fondamental de leurs droits respectifs? Telle est la question fondamentale.
M. Graybeal a posé la question hypothétique de savoir ce qu'il adviendrait si, en 1999, les Palestiniens décidaient d'annoncer unilatéralement la création de leur propre Etat.
M. Abu-Laghod a répondu que, étant Palestinien, il avait déjà déclaré dans son coeur, l'indépendance de la Palestine. Mais il revient aux instances internationales, sur la base du droit et du respect dû à tous les peuples, de rendre aux Palestiniens ce qui leur appartient et qui est indiscutable.
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Atelier de travail 4
MME KATHY BERGEN, (Membre du Comité des amis de Sabeel) a présenté les travaux de l'atelier de travail 4 sur les colonies de peuplement. Cette question est quasiment sans espoir, a-t-elle regretté. L'année dernière nous avions déjà tenu un atelier sur les colonies de peuplement et nous avions fixé des objectifs. Un an après, tirant les conclusions de notre travail, il est apparu que le Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord ne peut pas tout faire mais doit rallier le concours de toutes les ONG. Nous avons convenu de faire une plus grande utilisation des médias. Une autre question abordée est de savoir comment les ONG peuvent travailler ensemble sur des campagnes d'information et à quel public nous nous adressons. Nous avons convenu de viser les grandes églises, la droite religieuse et les décideurs politiques. Nous avons également décidé de proposer un jour de lobbying expliquant, entre autres, ce qui signifie les colonies de peuplement. Il a également été décidé de mieux utiliser le courrier électronique.
Commentaires
Un autre représentant d'ONG a souligné l'importance de mobiliser les médias locaux au sujet des colonies illégales de peuplement.
Atelier de travail 5
M. LARRY EKIN (Pax World Service) présentant les travaux de l'atelier de travail 5 sur la mobilisation de l'opinion publique a fait part du consensus qui s'est dégagé sur l'importance de communiquer avec les églises et leurs membres ainsi qu'avec les organisations des droits de l'homme. L'une des lacunes les plus évidentes est que notre mouvement n'a pas réussi à gagner une participation importante d'autres groupes minoritaires. Nous avons cherché des solutions à ce problème. Sur certains aspects plus précis, nous sommes parvenus à un accord. Nous avons convenu que nous ne nous connaissons pas les uns les autres suffisamment pour tirer parti de nos compétences respectives. Nous avons formulé des propositions pour que le Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord facilite les échanges d'information et les contacts. Nous avons approuvé la suggestion selon laquelle la question des bouclages soit la principale activité du Comité de coordination des ONG à travers la mise en place d'une journée d'action qui pourrait être instituée le 13 ou le 14 septembre, date de la signature des Accords d'Oslo.
Atelier de travail 6
M. JOHN SIGLER (Association canadienne des Nations-Unies) a déclaré en présentant les recommandations d'action de l'atelier VI, que la recommandation la plus concrète est de convoquer une réunion des signataires de la Convention de Genève afin d'examiner les violations d'Israël envers cette convention. L'atelier recommande de fournir des informations aux Etats Membres sur la convention relative aux prisonniers de guerre et au traitement des populations en territoires occupés. Il faut également lire la monographie
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sur la création de l'Etat d'Israël, et le rapport sur la question de Jérusalem pour comprendre la vraie portée des abus israéliens. Il existe un rapport extrêmement fouillé sur la question de Jérusalem fait par les services de l'ONU, et ce rapport devrait beaucoup plus être mis à la disposition des médias qui ne le connaissent pas.
L'atelier recommande de demander le respect et l'application par Israël de la 4ème Convention de Genève. Les arguments juridiques contenus dans cette Convention devraient être appliqués dans leurs totalité. Il faut montrer de façon très claire que les agissements israéliens dans les territoires occupés sont totalement illégaux par rapport aux textes internationaux. Il faudrait se servir de cette Convention de Genève pour amener les juristes internationaux à se joindre à la campagne en faveur du règlement juste de la Question de la Palestine. On pourrait aussi faire participer les juristes militaires, qui connaissent le droit de la guerre dont les règles sont constamment violées par Israël. L'atelier a aussi parlé de ce qui pourrait être fait dans les facultés de droit. La Question de la Palestine pourrait devenir un sujet académique débattu dans les universités.
Atelier de travail 1
M. DARREL MYERS, (Middle East Fellowship of Southern California), présentant les travaux de l'atelier de travail 1 sur Jérusalem Est, a indiqué qu'il a été convenu de travailler avec les touristes et la presse pour l'élimination des stéréotypes. Il est également important que les Palestiniens participent aux réunions d'ONG, le public et les églises ne connaissant pas les palestiniens. Par ailleurs, notre projet relatif à la campagne internationale sur Jérusalem a été relancé.
Commentaires
Une participante a évoqué la question du retrait des cartes d'identité des Palestiniens vivant à Jérusalem-Est. Il serait bon de disposer d'une liste des personnes à qui le renouvellement des cartes d'identité a été refusé pour qu'elles puissent faire part de leurs témoignages.
Une autre participante a fait part des difficultés rencontrées par les médecins et le personnel hospitalier. Une autre personne a parlé des difficultés pour les Palestiniens de se rendre à Jérusalem et dans les lieux de culte.
Une participante a évoqué le sort de milliers de Palestiniens qu'elle a comparé à un océan d'humanité déchiré et qui marche maintenant vers l'inconnu. Elle a évoqué les affres de l'exil. L'ironie est que la création de l'Etat d'Israël devait protéger les Juifs d'une dépossession dont souffrent maintenant les Palestiniens. Toutefois, un jour nous aurons notre propre
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commission sur la vérité et les responsables des crimes seront redevables. Nous ne cherchons pas la revanche, mais la reconnaissance. Tant qu'Israël célèbrera l'anniversaire de sa création sans remord, la réconciliation ne sera pas possible.
M. DAVID GRAYBEAL (Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord sur la Question de la Palestine) a exprimé les remerciements des participants au Colloque à tous les orateurs qui ont participé aux présentations et au débat de fond. Les nouveaux membres du Comité se sont réunis hier pour proposer des actions d'urgence à mener, dont une rencontre qui devra avoir lieu à Washington au mois d'octobre prochain. La journée de jeudi 22 octobre sera consacrée à des activités de lobbying en faveur des Palestiniens auprès des membres du Congrès et des autres décideurs de la politique étrangère des Etats-Unis. Le vendredi 23 octobre a été retenue pour organiser une "réunion de citoyens" désireux de discuter des stratégies d'action qui permettraient un suivi efficace des résolutions du Colloque des ONG. Ensuite, le Comité tiendra une réunion pour planifier les activités de l'année à venir.
Commentant sur les déclarations de M. Graybeal, un intervenant a demandé que les dates des activités prévues dans la capitale fédérale américaine puissent être discutées et coordonnées avec l'emploi du temps des délégations des Etats Membres qui s'investissent dans la Question de la Palestine pour permettre aux diplomatiques de participer.
Mme Jo Gallagher, parlant au nom d'une ONG, a dit que les participants au Colloque devraient profiter de leur présence dans les locaux du Siège de l'ONU pour tirer pleinement avantage des ressources documentaires de l'Organisation. Par exemple, des programmes vidéos sont disponibles dans la vidéothèque des Nations Unies, programmes qui retracent les conditions de vie et les souffrances des populations palestiniennes dans les territoires occupés. Des photos et des rapports sur tous les aspects du problème palestinien peuvent aussi être consultés ou photocopiés.
La représentante d'une ONG a pris la parole au nom des femmes arabes pour déclarer qu'une courtepointe, confectionnée par un groupe de femmes palestiniennes, était en ce moment disponible pour exposition au siège de l'ONU. Divisée en quatre parties, elle peut être utilisée par toute organisation qui voudrait présenter la Question de la Palestine, ou sensibiliser ses membres ou le public sur ce thème.
Déclarations de clôture
M. DAVID GRAYBEAL (Président du Comité de coordination des ONG d'Amérique du Nord sur la Question de la Palestine) a dit, au nom des ONG sa reconnaissance aux Nations Unies et aux différents conférenciers ayant pris part au Colloque. Après avoir écouté les différents rapports d'atelier et les projets proposés pour les mois prochains, il faut reconnaitre que la tâche à accomplir est énorme, vu la complexité des questions à traiter. Il sera
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toujours difficile, il faut le reconnaître, d'atteindre l'unanimité et le consensus sur tous les points à aborder. Le Comité, dans le cadre de son fonctionnement, proposera une nouvelle formule d'élection de ses membres pour l'an prochain. La Division des droits des Palestiniens a été fort active ces derniers temps, à travers notamment l'organisation de plusieurs réunions à Bruxelles, et à Santiago. Les Palestiniens et tous ceux qui défendent leurs droits en sont profondément reconnaissants à l'ONU, a conclu M. Graybeal.
S'adressant à M. Graybeal, M. Farhadi, il a dit que la Division des Nations Unies pour les droits des Palestiniens allait se charger de la rédaction et de la publication du rapport final du Colloque qui vient de se tenir. La Division remercie les ONG de continuer à se mobiliser en faveur du règlement de la Question de la Palestine.
MME SOMAJA BARGHOUTE (Conseillère à la Mission d'observation de la Palestine) a remercié tous ceux qui contribuent à la lutte en faveur du peuple palestinien et à encouragé les ONG et la Division des Palestiniens à poursuivre leurs actions.
M. RAVAN A. G FARHADI (Président en exercice du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien) a rappelé que les colloques d'ONG sur la question de Palestine sont convoqués par le Comité conformément au mandat de l'Assemblée générale visant à mobiliser le soutien de la communauté internationale pour la réalisation des droits du peuple palestinien. Ces réunions tendent également à promouvoir des formes d'assistance concrètes pour subvenir aux besoins des Palestiniens. Les résolutions de l'Assemblée générale sur la question de Palestine fournissent une base juridique à notre travail, y compris les modalités de notre coopération avec les ONG. Bien que les organisations non gouvernementales poursuivent des objectifs différents, le réseau d'ONG et la tenue de colloques visent à soutenir le mandat du Comité.
A cette étape critique du processus de paix, le Comité estime que tous les efforts doivent être déployés pour soutenir et compléter les décisions importantes prises par les nombreux gouvernements et ONG influents en faveur du peuple palestinien. Au cours des prochains mois, le Comité participera aux efforts intergouvernementaux dont le point culminant sera la session annuelle de l'Assemblée générale. Nous espérons qu'à cette occasion, des décisions importantes seront prises. Nous continuerons à suivre l'évolution du processus du paix et la situation dans les territoires occupés. Nous poursuivrons également la mise en oeuvre de notre programme de travail avec toute la flexibilité nécessaire. Tenez-nous au courant de vos activités. De son côté, le Comité vous tiendra informé de son travail et des efforts menés par la famille des Nations Unies.
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