En cours au Siège de l'ONU

AG/774

LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE PASSE PAR L'ELIMINATION DU FLEAU DE LA DROGUE, SOULIGNENT LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET LES PAYS EN TRANSITION

10 juin 1998


Communiqué de Presse
AG/774


LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE PASSE PAR L'ELIMINATION DU FLEAU DE LA DROGUE, SOULIGNENT LES PAYS EN DEVELOPPEMENT ET LES PAYS EN TRANSITION

19980610 L'Assemblée générale a poursuivi cet après-midi le débat général de sa vingtième session extraordinaire consacrée au problème mondial de la drogue. Certains intervenants ont insisté sur l'importance que revêt pour les pays en développement et les pays en transition l'assistance financière et technique de la communauté internationale dans leur lutte contre le fléau de la drogue. Sans l'élimination de ce fléau, la création de conditions économiques et politiques favorables à l'attrait de capitaux étrangers nécessaires au développement durable serait compromise. Pour le Vice-premier Ministre et Ministre du commerce et de l'industrie de Papouasie-Nouvelle-Guinée, il est logique en effet que ceux qui souhaitent investir dans les pays en développement travaillent avec ces derniers à l'élimination du plus grand obstacle à l'investissement, à savoir le trafic illicite de la drogue. Le Ministre de l'urbanisme et de l'habitat du Sénégal a également précisé que le continent africain, vulnérable au trafic de drogues, demeure confronté à l'insuffisance de moyens logistiques, technologiques et financiers de lutte antidrogue et fait face à des contraintes objectives liées, entre autres, à la porosité des frontières entre Etats et à la dégradation de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire dans un certain nombre de pays.

Un certain nombre de participants ont souligné les effets destructifs de la toxicomanie, en particulier sur les jeunes et les populations les plus vulnérables. Le Ministre des douanes et Ministre associé de la santé de la Nouvelle-Zélande a rappelé les résultats positifs des politiques de méthadone et de distribution de seringues dans la lutte contre les risques associés à la toxicomanie. Le Vice-premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas a expliqué que la stratégie de son pays en matière de réduction de la demande s'attache en premier lieu à protéger la santé et le bien-être social et à réduire les dommages liés à la consommation des drogues. Notre expérience démontre qu'une telle politique ne conduit pas à l'augmentation de la consommation, a-t-il souligné. C'est pourquoi chaque pays doit se garder d'imposer son propre système à d'autres.

(à suivre - 1a)

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Dans le cadre du débat général, l'Assemblée générale a entendu les personnalités suivantes : M. Ivica Kostovic, Vice-Premier Ministre et Ministre des sciences et de la technologie de Croatie; M. Janusz Tomaszewski, Vice-Premier Ministre et Ministre de l'intérieur et du service public de Pologne; M. Valeriy Smoliy, Vice-Premier Ministre de l'Ukraine; M. H.A.F.M.O. van Mierlo, Vice-Premier Ministre et Ministre du commerce et de l'industrie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; M. Peter Boyadjiev, Ministre de la santé de Bulgarie; M. Wong Kan Seng, Ministre de l'intérieur de Singapour; M. Nicoale Tabacaru, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova; M. Luc Frieden, Ministre de la justice du Luxembourg; M. Abdourahmane Sow, Ministre de la planification urbaine et de l'habitat du Sénégal; M. Tuariki John Delamere, Ministre des douanes et Ministre-adjoint à la santé de la Nouvelle Zélande; M. Nii Okaija Adamafio, Ministre de l'intérieur du Ghana et M. Natheer Rashid, Ministre de l'intérieur de la Jordanie. M. Poseci Waqalevu Bune, Représentant permanent de Fidji auprès des Nations Unies; M. Jacques Louis Boisson, Représentant permanent de Monaco auprès des Nations Unies; M. John De Saram, Représentant permanent du Sri Lanka auprès des Nations Unies; M. Robert Millette, Représentant permanent de la Grenade auprès des Nations Unies; M. George Saliba, Représentant permanent de Malte auprès des Nations Unies; M. Rex Stephen Horoi, Représentant permanent des Iles Salomon auprès des Nations Unies; M. Roland Yao Kpotsra, Représentant permanent du Togo auprès des Nations Unies et M. Moses Mathendele Dlamini, Représentant permanent du Swaziland auprès des Nations Unies.

En début de séance, l'Assemblée générale avait adopté sans vote le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs.

L'Assemblée général clôturera les travaux de sa XXème session extraordinaire ce soir, à partir de 19 heures.

Débat général

M. IVICA KOSTOVIC (Vice-Premier Ministre et Ministre de la science et de la technique de la Croatie) : Le problème de la drogue touche aux questions de sécurité et requiert par conséquent un effort conjoint au niveau international. Les mesures prises à l'échelle locale devraient être complétées par des mesures régionales et internationales. Le trafic des drogues touche les petits comme les grands Etats, les pays développés et les nations en développement. La guerre d'agression qui a été menée récemment à l'encontre de notre pays a sérieusement aggravé le problème de la toxicomanie en Croatie. En dépit des problèmes engendrés par la guerre, le Gouvernement de la Croatie a quand même réagi rapidement. Une stratégie nationale de prévention a été mise en place, permettant de prendre conscience de l'ampleur du problème. Nous voulons exprimer notre appréciation pour l'aide que nous fournit le PNUCID. Cette assistance a donné lieu à un projet conjoint sur deux ans pour le contrôle des drogues. Ce projet comprend la modernisation des structures de contrôle des drogues, la renforcement de la législation à ce sujet et l'amélioration des organes travaillant à la réduction de la demande. La stratégie du PNUCID qui s'articule autour de la coopération régionale et sous-régionale est importante et très utile. Au carrefour des routes de transit de la drogue, la Croatie aimerait devenir membre du programme de contrôle des drogues du PNUCID pour l'Europe centrale ainsi que pour les pays d'Europe du Sud-Est. Notre priorité comprend le contrôle de la "route des Balkans" et une participation effective aux activités des pays d'Europe centrale. La nouvelle législation sur le crime, sur le blanchiment de l'argent et sur le contrôle des drogues modernisera notre arsenal législatif mais des mesures de contrôle ne sont pas suffisantes. Nous pensons que la nouvelle stratégie axée sur la réduction de la demande est de la plus grande importance.

M. JANUSZ TOMASZEWSKI (Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires intérieures et de l'administration de la Pologne) : La drogue est un phénomène social dangereux en Pologne qui touche tous les groupes sociaux, indépendamment de leur âge et de leur niveau d'éducation. Il est estimé qu'environ 40 000 personnes consomment de la drogue en Pologne et que la plupart des toxicomanes sont âgés entre 15 et 25 ans. Les toxicomanes qui utilisent l'héroïne dite polonaise la produisent pour la plupart eux-mêmes. Des groupes criminels organisés contrôlent le marché local du trafic de drogue. La production illicite de drogues synthétiques en Pologne à partir de précurseurs provenant de l'étranger devient un problème de plus en plus important. Les laboratoires criminels opérant sur le territoire polonais, qui ont des équipements professionnels et un personnel qualifié, produisent des stimulants de type amphétamine à la fois pour la consommation dans le pays et pour l'exportation. De par sa situation géographique au centre de l'Europe, La Pologne est utilisée comme un pays de transit pour la drogue. En effet, de nombreuses routes maritimes, aériennes et terrestres convergent en Pologne.

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Le Gouvernement polonais a pris des mesures importantes pour lutter contre le trafic des stupéfiants. L'un des objectifs poursuivis est d'adapter la législation polonaise aux règles internationales notamment dans le domaine de la répression à l'encontre des détenteurs de stupéfiants. Une nouvelle loi pour la lutte contre l'utilisation illicite de la drogue a été promulguée, il y a quelques mois. Cette nouvelle loi vise à contrôler le trafic des substances chimiques utilisées dans la fabrication des drogues. S'efforçant d'étayer le travail de la police dans la lutte contre les délits liés au trafic des stupéfiants, un Bureau spécial a été créé à cet effet en 1997. La Pologne estime qu'une coopération internationale est nécessaire pour mener à bien la lutte contre la drogue et le crime organisé. La Pologne participera activement aux efforts des Nations Unies dans sa bataille contre la drogue. Elle accueille favorablement l'idée d'établir à Vienne un centre pour combattre le crime organisé et les crimes liés au trafic de drogue et se félicite des résultats du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues.

M. VALERIY SMOLIY (Vice-Premier Ministre de l'Ukraine) : La criminalité internationale liée aux stupéfiants représente aujourd'hui un danger réel de déstabilisation politique et économique des Etats, ainsi qu'une menace pour la paix et la sécurité internationale. Les profits réalisés par les narcotrafiquants dépassent souvent les montants alloués par la communauté internationale aux projets de développement. Aucun Etat ne peut faire face seul aux narcotrafiquants et la coordination des efforts nationaux constitue une condition essentielle pour le développement sûre et stable des Etats. L'Ukraine connaît un certain nombre de problèmes dans son combat contre les activités criminelles liées à la drogue. Le nombre de toxicomanes est estimé actuellement à 70 000 individus, mais ce chiffre est probablement plus proche du demi-million. Compte tenu de sa position géographique, l'Ukraine représente un intérêt certain pour les narcotrafiquants en tant que zone de transit de l'est vers l'ouest. Cette situation a engendré la nécessité de mettre en place un mécanisme étatique efficace de lutte contre la drogue qui représente actuellement une priorité nationale. L'Ukraine attache une importance capitale à la coopération internationale dans le combat contre le trafic de drogue et a conclu 57 accords bilatéraux et multilatéraux portant sur l'assistance juridique dans ce domaine. Par ailleurs, l'Ukraine a ratifié les trois conventions des Nations Unies, participe activement aux travaux de la Commission sur les stupéfiants de l'ONU et collabore avec Interpol, le PNUCID, le OIT et l'UNICEF. Je tiens également à souligner l'efficacité d'une nouvelle initiative régionale dans ce domaine, à savoir l'Opération internationale préventive "KANAL" qui a été développée conjointement par l'Ukraine, la Fédération de Russie, Bélarus et Moldova.

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M. H.A.F.M.O. VAN MIERLO (Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas) : Les conventions internationales de contrôle des drogues n'ont pas réussi à fournir un cadre adéquat pour ce qui est de la question vitale de la réduction de la demande. Nous nous réjouissons grandement que la présente session extraordinaire place ce problème au sommet des priorités de la lutte contre les drogues menée par la communauté internationale, notamment grâce à l'adoption de la Déclaration relative aux principes directeurs en matière de réduction de la demande. Il est indispensable de rajouter ces principes aux conventions existantes. Cela constitue une avancée positive, mais nous ne devons pas nous arrêter là et la prochaine étape exige que nous évaluions nos résultats et fassions le point de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. Aux Pays-Bas, nous avons la ferme conviction que la seule manière de résoudre efficacement le problème des drogues est d'adopter une approche intégrée et équilibrée qui s'attache à réduire tant la demande que l'offre. Les instruments de lutte que sont le développement alternatif et le respect des lois doivent être utilisés au cas par cas. Le trafic des drogues, par nature, ne connaît pas de frontières et il nous faut entreprendre une action concertée à tous les niveaux. La région des Caraïbes, importante zone de transit, notamment les Antilles néerlandaises, retient particulièrement l'attention de l'Union européenne. C'est pourquoi nous continuons de soutenir la mise en oeuvre du plan d'action de la Barbade, qui constitue un excellent cadre d'action régionale coordonnée.

Notre politique propre de réduction de la demande s'attache en premier lieu à protéger la santé et le bien-être social et à réduire les dommages et les risques liés à la consommation des drogues. C'est pourquoi nous pensons que les toxicomanes ne doivent pas être considérés comme des criminels, et qu'ils doivent bénéficier de toute notre aide. Grâce à une haute qualité des soins, incluant la méthadone et la distribution de seringues, la morbidité et la mortalité des toxicomanes sont désormais relativement basses. De plus, la propagation de la tuberculose, du VIH/sida et de l'hépatite est ainsi freinée. Notre expérience démontre de plus qu'une telle politique ne conduit pas à l'augmentation de la consommation. C'est pourquoi chaque pays doit se garder d'imposer son système propre à d'autres. Les consultations régionales et internationales doivent permettre de trouver la meilleure solution pour chacun, sur la base du dialogue et de l'expérience acquise. Libérer totalement le monde de la drogue reste encore du domaine de l'interrogation, en revanche contrôler efficacement les drogues et les problèmes connexes semble un objectif beaucoup réaliste, qui demande cependant toutes les ressources possibles, politiques et financières.

M. MICHAEL NALI (Vice-premier Ministre et Ministre du commerce et de l'industrie de la Papouasie-Nouvelle-Guinée) : La situation géographique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée laisse à penser qu'il n'existe pas de trafic illicite de drogues. Pourtant, la drogue produite sur le territoire et à l'étranger affecte le pays de façon alarmante. Non seulement avons nous

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sur notre sol des consommateurs de drogues mais nous accueillons également des importateurs et des exportateurs de cannabis et de marijuana. Nous assistons tous les jours aux effets destructeurs du fléau de la drogue sur notre population, en particulier sur nos jeunes. Nous sommes également conscients des conséquences de ce fléau sur notre tissu économique. Notre lutte contre la drogue est synonyme de pertes en ressources financières qui sont pourtant vitales pour notre développement économique. Le blanchiment de l'argent issu du trafic de drogues pose une grave menace aux pays du Pacifique et, à cet égard, notre nouvelle législation prévoit des dispositions pour traiter de ce problème et des mesures de renforcement de la coopération judiciaire.

Le projet de texte relatif à la réduction de la demande a le mérite de renforcer les institutions chargées de l'application de la loi en introduisant des mesures de contrôle des livraisons. Nous apprécions le fait que la promotion d'activités alternatives soit considérée comme une méthode de réduction de la demande. Nous sommes également conscients que le trafic de drogues est le fait de terroristes et du crime organisé. Pour cette raison, nous avons besoin d'une coopération internationale renforcée. Nous soutenons vivement l'appel lancé en direction des institutions financières pour qu'elles s'engagent dans le cadre d'un partenariat renforcé, en particulier avec les pays qui souffrent de contraintes financières. Il est logique en effet que ceux qui souhaitent investir dans les pays en développement travaillent avec eux à l'élimination du plus grand obstacle à l'investissement, à savoir le trafic illicite de la drogue.

M. PETER BOYADJIEV (Ministre de la santé publique et Président du Conseil national pour la lutte contre l'abus des stupéfiants et le trafic illicite des drogues auprès du Conseil des Ministres de la Bulgarie) : Les problèmes engendrés par la toxicomanie et la criminalité qui en découle ont depuis longtemps un caractère international. La Bulgarie, qui est partie aux conventions internationales, a adopté l'approche restrictive ferme de la plupart des Etats au sujet des stupéfiants et participe activement à la coopération bilatérale et multilatérale dans ce domaine. La stratégie nationale de la Bulgarie pour lutter contre la drogue est basée sur l'application d'une approche systématique vers ce phénomène complexe et compliqué tout en attaquant le problème au niveau national sur toute la chaîne, depuis la production et le trafic jusqu'à l'usage et le blanchiment d'argent. La spécificité bulgare impose une priorité des mesures répressives contre la menace dominante du trafic international illicite des drogues et la déviation d'une partie de ce trafic vers le marché intérieur. Cette priorité reflète la situation géopolitique des pays se trouvant sur la voie importante de transit et sa détermination d'efficacité maximale dans la lutte contre les drogues. La Bulgarie prête une attention croissante aux problèmes des drogues de type amphétamine et des autres drogues de synthèse. Les actions énergiques et la vigilance des autorités de l'ordre public au cours des derniers mois ont abouti à la liquidation de petits laboratoires et d'une fabrique d'amphétamines au stade initial de leurs activités criminelles.

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La Bulgarie déploie d'importants efforts pour réduire la demande. En même temps, elle se montre intransigeante pour toutes les activités illégales se rapportant aux drogues. De plus, nous avons mis en place un réseau de traitement médical professionnel et de réhabilitation des toxicomanes. Tenant compte des exigences internationales, la Bulgarie élabore des lois sur le trafic des stupéfiants et le blanchiment de l'argent. La nouvelle stratégie nationale pour la lutte contre l'abus et le trafic illicite des stupéfiants est orientée vers le renforcement des institutions nationales et vers une large coopération internationale réglementée. La Bulgarie participe le plus activement possible à la création des mécanismes de coopération sous-régionale dans la lutte avec les problèmes sur la route qu'emprunte la drogue dans les balkans.

M. WONG KAN SENG (Ministre des affaires intérieures de Singapour) : La lutte contre la drogue est une lutte commune et engage la responsabilité partagée de tous les états. Nous devons avoir une volonté politique collective pour prendre des mesures sévères. A travers les Nations Unies, nous devrions développer des stratégies internationales pour contrôler les précurseurs chimiques utilisés dans la fabrication de drogues illicites. Il faut également prendre des mesures pour éradiquer les cultures illicites et promouvoir des programmes de développement alternatif. De plus, il faut agir en vue de réduire la demande de stupéfiants, ce qui suppose des programmes d'éducation préventive et que l'accent soit mis sur la réhabilitation. Les gouvernements ne peuvent mener la lutte contre le stupéfiants sans y associer la communauté toute entière car les effets dévastateurs de la drogue et les problèmes sociaux qui en résultent ne peuvent être négligés. A ce niveau, le PNUCID peut jouer un rôle de conseil important car il a les moyens de s'adapter aux conditions locales et dispose d'une multiplicité de méthodologies et pratiques développées dans le cadre de projet pilote à travers le monde. Il est temps de renforcer le rôle des organes spécialisés des Nations Unies en améliorant notre coopération judiciaire et les échanges d'information entre les pays. Le PNUCID peut jouer un rôle important dans la promotion de la coopération régionale et subrégionale. Singapour est résolument engagé dans la lutte contre les stupéfiants, notamment en raison de sa position géographique qui l'expose au risque constant d'être une zone de transit des drogues. Nous avons adopté une législation anti-stupéfiants sévère et nous collaborons avec les agences spécialisées. Singapour a développé des programmes d'éducation préventive. Toutes ces mesures ont contribué au contrôle du problème de la drogue à Singapour.

M. NICOLAE TABACARU (Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova) : La dimension transnationale du problème des drogues a conduit la communauté internationale à réaliser que le combat contre ce fléau ne peut être mené efficacement que par le biais d'une coopération étroite entre tous les Etats. Nous soutenons pleinement le projet de déclaration relative aux principes de la réduction de la consommation des drogues,

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qui est l'une des initiatives les plus importantes en faveur de la lutte contre les drogues. Nous apprécions énormément les activités du PNUCID et en tant que pays nouvellement indépendant, nous sommes particulièrement intéressés à mettre en oeuvre une collaboration plus étroite avec lui. En effet, le manque de structures institutionnelles spécialisées, ainsi que l'insuffisance de ressources financières entraînent de graves difficultés dans la mise en oeuvre de programmes d'éducation, de soins et de réhabilitation pour les pays tels que le notre. C'est pourquoi nous espérons que les structures internationales concernées examineront les problèmes spécifiques de ce groupe de pays lorsqu'elles planifieront leurs activités futures.

Située sur la "route des Balkans", la République de Moldova est un pays de transit des drogues illicites. Il est connu de tous que ce phénomène s'épanouit en présence de conditions particulières, telles notamment les conflits régionaux générés par les mouvements séparatistes. Ainsi la présence, à l'est de mon pays, d'une république auto-proclamée favorise-t-elle le développement d'activités illégales, comme le trafic d'armes, de drogues ou le blanchiment de l'argent. A notre avis, seule une action conjointe entre les pays de la région et les structures concernées des Nations Unies pourrait empêcher la conversion de cette région en une plaque-tournante du trafic des armes et des drogues. Nous sommes convaincus que le règlement juridique de la question est du pays aura un effet positif sur la situation actuelle.

M. LUC FRIEDEN (Ministre de la justice du Luxembourg) : Nous estimons qu'il est nécessaire de coordonner dans la plus large mesure possible au niveau international les politiques de lutte contre les drogues, tant au niveau de l'offre qu'à celui de la demande. Nous saluons le caractère équilibré et intégrée de l'approche choisie qui repose sur le principe de la responsabilité partagée. Nous tenons à souligner que l'élaboration et la mise en oeuvre de tout programme doit se faire en concertation avec les populations concernées dans le respect des principes fondamentaux du respect des droits de l'homme. Ces programmes doivent offrir véritablement des alternatives réelles et durables et ne doivent pas se limiter à l'élimination forcée pure et dure de toute culture des stupéfiants. Nous souhaitons également que l'éducation et la prévention deviennent une obligation pour tous les Etats dans le cadre des programmes scolaires. L'efficacité de la lutte contre la drogue dépend largement de la qualité de la coopération internationale. Une harmonisation des législations antidrogues s'impose tant au niveau global qu'au niveau des régions. L'ONU, tout comme l'Union européenne devront y contribuer.

Dans ses efforts de lutte contre le blanchiment de l'argent, le Gouvernement du Luxembourg a pris des dispositions en 1989 qui ont été complétées par la ratification de la Convention de Vienne ainsi que par l'introduction d'une obligation de déclaration des opérations suspectes aux autorités judiciaires par les professionnels du secteurs financier. Parallèlement aux efforts nationaux, le Luxembourg a participé aux travaux du Groupe d'actions financières dont il est l'un des membres fondateurs.

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Lors de son dernier exercice d'évaluation, le Groupe a reconnu la conformité du Luxembourg avec ses 40 recommandations anti-blanchiment. Les efforts dans ce domaine montrent qu'une lutte efficace contre le blanchiment de l'argent de la drogue n'est pas incompatible avec le secret bancaire. En matière de lutte anti-blanchiment, les pouvoirs d'investigation judiciaire l'emportent sur le secret professionnel aussi bien lors d'enquêtes nationales qu'à l'occasion de l'exécution des demandes d'entraide judiciaire étrangère.

M. ABDOURAHMANE SOW (Ministre de l'urbanisme et de l'habitat du Sénégal) : La question de la drogue et des substances psychotropes est devenue une préoccupation internationale de premier ordre en cette fin de millénaire. Au-delà de son impact nocif avéré sur la santé physique, mentale et morale des individus, il est à souligner les connexions multiples et pernicieuses que la drogue a su créer, consolider ou étendre avec la criminalité transnationale organisée, les réseaux occultes de trafic des petites armes, les groupes terroristes et les établissements financiers et industriels de blanchiment de l'argent. De manière plus spécifique, la production illicite de drogues porte gravement atteinte au développement des cultures vivrières et à la réalisation de la sécurité alimentaire dans les pays pauvres, en même temps qu'elle menace, voire compromet, l'unité et la sécurité nationales des Etats et les économies des pays pauvres. L'Afrique tend à occuper une place centrale dans le trafic illicite mondial. En effet, le Rapport 1997 de l'Organe international de contrôle des drogues révèle que nombre de ports et d'aéroports africains sont devenus d'importants lieux de transit de la cocaïne et de l'héroïne. Le continent africain reste un gros fournisseur de cannabis et de résine de cannabis malgré les importantes saisies opérées et les actions vigoureuses d'éradication menées ces dernières années. Il est urgent, au regard de l'évolution dangereuse de la situation, de procéder à une étude exhaustive et approfondie sur l'état de la drogue en Afrique. Cette étude est d'autant plus nécessaire que le continent demeure confronté à l'insuffisance de moyens logistiques, technologiques et financiers de lutte antidrogue et qu'il fait face à des contraintes objectives liées, entre autres, à la porosité des frontières entre Etats et à la dégradation de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire dans un certain nombre de pays.

La nécessité de renforcer la cohérence interne et externe des différentes stratégies et mesures de lutte antidrogue aux différents niveaux national, régional, sous-régional, et international s'impose, de même que l'intégration des programmes de réduction de la demande de drogues dans les politiques sanitaires et sociales de nos Etats. Le Sénégal réaffirme sa ferme détermination à contribuer, à tous les niveaux, à la lutte mondiale contre le fléau de la drogue, ce qu'il a entrepris dès son accession à la souveraineté internationale en 1960, avec la claire conscience que sa position géostratégique de pays ouvert sur le monde ainsi que ses infrastructures portuaires et aéroportuaires modernes le prédisposaient à devenir une porte d'entrée et un lieu de transit de choix pour les trafiquants.

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En 1965, une Commission nationale des stupéfiants, devenue aujourd'hui Comité interministériel de lutte contre la drogue, a été créée. Le Sénégal a ratifié les Conventions des Nations Unies de 1961, 1971 et 1988, et a adopté en 1997 un Code des drogues. Il a également élaboré un Plan d'Action national consensuel de lutte contre l'usage et le trafic illicite de drogue pour la période 1997-2000 afin de renforcer les capacités nationales, le cadre institutionnel de lutte antidrogue et les services de répression.

M. TUARIKI JOHN DELAMERE (Ministre des douanes et Ministre associé de la santé de la Nouvelle-Zélande) : La Nouvelle-Zélande reconnaît que le problème de la drogue constitue aujourd'hui un problème mondial et nous sommes conscient de notre responsabilité de collaborer avec d'autres pays pour faire face à ce problème. Fort de cela, je suis heureux de pouvoir vous apprendre que la Nouvelle-Zélande a augmenté de 30% sa contribution financière au PNUCID. Sur le plan national, la politique du pays se fonde sur divers critères : une application stricte de la loi en ce qui concerne l'offre de stupéfiants; des explications crédibles sur les effets néfastes de la drogue pour en réduire la demande; des services de santé compétents pour gérer les problèmes de santé liés à la consommation de stupéfiants. Cette approche équilibrée se rapproche de celles déjà appliquées en Australie, au Canada et au Royaume-Uni. Un autre succès a été l'introduction d'un programme de distribution gratuite de seringues il y a plus de dix ans, avant même que le sida ne commence à faire des ravages parmi les toxicomanes. Cette mesure préventive a donné d'excellents résultats : 1% seulement des toxicomanes en Nouvelle-Zélande sont atteints de sida. Je sais qu'il y a des personnes qui s'opposent à la méthadone et aux programmes de distribution de seringues. Pour ma part, je considère que ce type de programmes simples sont souvent efficaces. L'un des messages les plus forts de cette session que je transmettrai à mon retour en Nouvelle-Zélande est que nous, politiciens et parents, devons renforcer nos efforts de communication envers les jeunes et aborder ouvertement les risques liés aux stupéfiants en donnant des informations honnêtes et justes sur toutes ces questions. Dans les statistiques nationales, on exagère souvent la proportion des populations autochtones à la toxicomanie. Cela est également le cas pour les Maoris de Nouvelle-Zélande. Il est par conséquent indispensable de prendre des mesures au niveau de l'éducation préventive et des services de santé à leur égard. En ma qualité de Ministre des douanes, je regrette de constater que, à mesure que le besoin de coopération judiciaire internationale augmente on assiste souvent à une recrudescence des difficultés. Il est essentiel que les institutions chargées de l'application de la loi prennent l'habitude de travailler dans un environnement international.

M. NII OKAIJA ADAMAFIO (Ministre de l'intérieur du Ghana) : En 1990, en réponse à la menace que faisait peser le problème des drogues sur notre pays et pour manifester notre détermination à adresser les aspects internationaux du problème, nous avons promulgué une loi sur le contrôle des narcotiques.

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Il s'agit de notre loi la plus complète sur les drogues. Elle tient compte des principes multisectoriels mis en avant par la Conférence des Nations Unies sur le contrôle des drogues et le trafic illicite, tenue à Vienne en 1987. Cette loi a notamment criminalisé le blanchiment de l'argent et tous les revenus générés par la drogue. Malheureusement et par manque d'infrastructures et de ressources financières, notre programme de prévention et de réhabilitation n'a pas pu être aussi efficace que nous le souhaitions. L'augmentation continue de la production et du trafic illicites des drogues ainsi que des pratiques de blanchiment de l'argent risque de mener à un véritable cauchemar si nous ne nous attaquons pas sévèrement au problème. Pour ce faire, il ne suffit pas de faire preuve d'une volonté politique ferme, mais il faut également garantir les ressources financières et techniques nécessaires, ainsi que les connaissances des aspects multiples de cette guerre.

Il nous faut aussi accorder, de manière urgente, une attention particulière aux dimensions économiques dévastatrices du problème des drogues. En effet, pour de simples raisons de survie économique, de nombreux jeunes sont conduits à participer à cette industrie illicite. Le Ghana, comme de nombreux autres pays en développement, a entrepris une politique de réforme économique et d'ajustements structurels qui a des conséquences douloureuses sur les secteurs les plus vulnérables de la société. Les bénéfices de la croissance étant longs à se faire ressentir au sein de la population, une partie d'entre elle est tentée de participer à la production et au trafic de ces substances. C'est pourquoi, il est impératif que les pays développés, qui ont le contrôle de l'économie mondiale, admettent que la manière la plus efficace de contrôler les flots de drogues en provenance des pays plus pauvres est de soutenir leurs efforts en vue du développement durable.

M. NATHEER RASHID (Ministre de l'intérieur de la Jordanie) : La Jordanie comme vous le savez n'est ni un pays producteur ni un pays consommateur, mais sa situation géographique au carrefour des régions productrices du Nord et de l'Est et des régions consommatrices du Sud et de l'Ouest, a accru sa responsabilité en matière de lutte contre la drogue. La Jordanie constitue une soupape de sécurité et une ligne de défense contre la drogue. Nous faisons de notre mieux pour protéger nos citoyens de ce fléau. Une campagne de sensibilisation a été lancée dans tout le pays et à tous les niveaux de la société. Les Ministères du développement social, ceux de la santé et de l'intérieur ont également mis en place leurs propres programmes de réinsertion sociale et de traitement des toxicomanes. La foi joue également un rôle important et par conséquent, le Ministre des affaires islamiques a dépêché des religieux dans diverses parties du pays pour sensibiliser les citoyens aux dangers des drogues. Notre Loi de 1988 sur les drogues et les substances psychotropes accorde le droit aux toxicomanes de bénéficier d'un traitement médical tout en durciçant les peines à l'encontre des trafiquants. Par ailleurs, un projet de loi sur le blanchiment de l'argent est en cours d'examen. Nous avons étudié et adopté la Déclaration politique et nous faisons de notre mieux pour la mettre en oeuvre.

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Au cours de l'année écoulée, nous avons saisi au total 82 kilogrammes d'héroïne et 2000 pilules. Nous avons identifié les pays d'origine et ce problème est traité actuellement dans le cadre d'un processus de négociation bilatérale. Nous espèrons que nous ne serons pas réduits à vous livrer les noms de ces pays producteurs. Nous sommes en mesure d'assurer, grâce à une surveillance aérienne, que la Jordanie ne dispose d'aucune plantation sur son territoire. Nous entretenons des relations étroites avec les pays voisins de la Jordanie et dans certains domaines nous sommes allés au delà des limites des accords de coopération, notamment pour ce qui est des saisies de drogues et de l'échange d'information. Nous avons été en mesure de réduire la criminalité liée à la drogue de façon significative et nous demandons à la communauté internationale et au Fonds des Nations Unies de tenir compte de ces réalisations positives pour nous permettre de moderniser nos équipements et notre capacité à lutter contre les trafiquants qui disposent de moyens très sophistiqués.

M. POSECI BUNE (Fidji) : Fidji est partie aux conventions visant la lutte contre la drogue et est pleinement engagé à se joindre aux efforts régionaux et internationaux en faveur de la lutte contre la drogue. Il est inquiétant de voir que la production de l'opium a plus que triplé depuis 1985, que la production de la cocaïne a doublé entre 1985 et 1994, et que la vague de substances psychotropes se continue à se développer. Il faut aider les gouvernements, tant au niveau international que régional, à mettre pleinement en oeuvre les traités relatifs aux drogues. Il est également essentiel d'intensifier la coopération régionale et internationale afin de mettre en oeuvre des stratégies de lutte contre la drogue. L'un des problèmes principaux auxquels de nombreux petits pays en développement sont confrontés dans leur bataille contre la drogue est le manque de ressources financières. Il faut un maximum d'aide publique au développement pour aider ces pays dans leur lutte contre les drogues illicites. Les gouvernements des petits Etats en développement doivent créer un environnement favorable au développement économique afin de pouvoir éliminer l'existence du commerce de la drogue. Le cannabis et la marijuana, qui sont au coeur du problème de la drogue à Fidji, sont devenus une cause principale des problèmes sociaux du pays au cours de ces dix dernières années. Les forces de police de Fidji luttent activement contre la drogue. Les membres des forces de police ont pris part à des programmes éducatifs organisés par le Ministère de l'éducation dans les écoles, les villages, les groupes religieux et différents groupes sociaux afin de sensibiliser le public aux dangers de la drogue. Une loi a été présentée au Parlement fidjien afin de développer la prévention, l'éducation et la recherche sur la drogue. Il est nécessaire d'avoir une législation qui faciliterait l'extradition des fugitifs et l'échange d'informations judiciaires.

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M. JACQUES L. BOISSON (Monaco) : Les Autorités monégasques partagent très largement le sentiment que seule une coopération internationale accrue, fondée sur la volonté politique inébranlable, peut enrayer la menace que représente le commerce international de la drogue et toutes les activités criminelles qui lui sont associées. Les Etats ont aujourd'hui à leur disposition les instruments juridiques et les institutions nécessaires pour combattre ce fléau. Il nous appartient de conjuguer nos efforts et de partager nos expériences afin d'offrir, notamment, aux jeunes générations, une société exempte de drogues. La Principauté de Monaco a ratifié l'ensemble des textes internationaux relatifs à la drogue et a modifié, à plusieurs reprises, sa loi sur les stupéfiants afin de l'adapter à ces instruments. Il existe depuis 1985 une incrimination de blanchiment de l'argent de la drogue, application dont les champs d'application ont été étendu et diversifié depuis. En 1993, une incrimination générale de blanchiment de biens et capitaux d'origine illicite a été introduite dans le code pénal. Le dispositif législatif a été complété afin de donner effet au 40 recommandations du Groupe d'action financière (GAFI) créé en 1989 et un Service d'information et de contrôle sur les circuits financiers (SICCFIN) a été institué et veille dans le cadre des accords bilatéraux avec la France, au respect de ces dispositions. Monaco contribue à l'action des forces de police de la lutte contre le trafic des stupéfiants et la toxicomanie de l'INTERPOL. La volonté politique réaffirmée d'une lutte concertée contre le fléau de la drogue ne pourra être couronnée de succès que grâce à une coopération internationale renforcée dans les domaines juridique et de contrôle des précurseurs et de drogues synthétiques, de réduction de la demande et en faveur de programmes et d'activités de substitution au profit du développement.

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) : La présente session extraordinaire de l'Assemblée générale s'apprête à adopter et à mettre en oeuvre, tant au plan national qu'international, un large éventail de programmes spécifiques et il faut espérer que les actes seront à la hauteur des paroles ici exprimées. En ce qui concerne la coopération internationale en Asie du Sud, le Sri Lanka présidera le mois prochain l'Association sud-asiatique pour la coopération régionale qui suivra avec attention les résultats de la présente session. Les principes multisectoriels globaux adoptés par l'Assemblée générale en 1987 et le Plan d'action globale de 1990 ont constitué une aide fort précieuse dans la formulation de notre politique nationale antidrogues, la création et le développement d'institutions adéquates, la mise à jour de nos lois sur la consommation des drogues et la mise en place de programmes spécifiques de soins, de réhabilitation et de prévention. Nous sommes profondément reconnaissants au PNUCID de l'aide et des conseils qu'il nous a fournis à cette occasion.

L'ordre du jour de la présente session extraordinaire comprend des questions de la plus haute importance, mais nous aimerions demandé à l'Assemblée générale d'accorder une attention particulière aux liens étroits qui se créent entre les trafiquants de drogues et les trafiquants d'armes,

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à la question du blanchiment de l'argent, ainsi qu'au financement d'autres activités criminelles, tel le terrorisme, grâce aux revenus générés par le trafic des drogues.

M. ROBERT E. MILLETTE (Grenade) : Les statistiques ont montré qu'il existe une corrélation entre le chômage et l'abus des drogues. Nous demandons par conséquent aux pays développés d'aider la Grenade dans sa lutte contre la pauvreté en nous allouant des ressources conséquentes pour promouvoir le marché de l'emploi et la formation, en particulier pour la population masculine comprise entre 20 et 35 ans. Les programmes d'élimination des cultures doivent être couplés au développement d'activités alternatives, comme le micro-crédit qui a fait beaucoup pour l'amélioration des conditions de vie des populations, en particulier les populations rurales. Le commerce de la drogue est multidimensionnel étant donné qu'il empiète sur les secteurs politique, économique, social, juridique, culturel et de la santé. Il est donc impératif que les petits et les grands pays cherchent à trouver des solutions aux problèmes de l'offre et de la demande, du blanchiment de l'argent de la drogue, de la corruption et des maux sociaux qui en découlent. Le stratégie intégrée de réduction des drogues de la Grenade s'articule autour du renforcement des institutions, la réduction de la demande et de l'offre, le traitement et la réinsertion des toxicomanes, la collecte de données, le renforcement de l'appareil judiciaire et législatif, la coopération internationale et interinstitutions et le développement de projets culturel, économique et social.

M. GEORGE SALIBA (Malte) : Les nouvelles révolutions technologiques, les nouveaux moyens de communication et de transport ont favorisé le développement du crime organisé et des activités illicites. Il est important de s'attaquer au problème de la drogue sur un plan international. Malte soutient le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues qui permet de coordonner les efforts entrepris au niveau international dans ce domaine. Malte soutient le projet de déclaration politique qui devrait notamment permettre de renforcer les mécanismes régionaux et sous-régionaux de coopération. Le Gouvernement de Malte a pris des mesures pour renforcer la répression et la prévention, améliorer le contrôle portuaire, harmoniser les lois nationales aux dispositions des conventions internationales, améliorer la coopération par des accords bilatéraux et multilatéraux, notamment avec les Etats méditerranéens afin de mieux contrôler le trafic illicite de la drogue. Des programmes préventifs ont été mis en place pour sensibiliser les parents, les enfants et les jeunes au problème de la drogue. Malgré une situation géographique qui attire les trafiquants de drogue, Malte a été à même de contrôler la situation. Pourtant, Malte aurait besoin d'une plus grande aide technique, notamment dans le domaine de la surveillance et de l'échange d'information, afin de mieux pouvoir lutter contre le trafic de drogue. Les questions de la prévention, de la réduction de la demande, du contrôle de l'offre, du traitement et de la réhabilitation des victimes sont intimement liées et ne doivent pas être considérées séparément.

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M. REX STEPHEN HOROI (Iles Salomon) : La croissance rapide de la criminalité dans le monde a des répercussions sur tous les pays. Toutefois les petits Etats en développement, telles les Iles Salomon, sont particulièrement vulnérables en raison de leur situation géographique et de leurs capacités limitées à faire respecter la loi. Cela est particulièrement vrai de la lutte contre le trafic des drogues, la violence et les crimes financiers qui en découlent. L'importance du trafic illicite des drogues dans les Iles Salomon est une réalité et en l'absence d'un réseau d'information efficace, il nous est difficile de détecter et d'identifier nos propres ressortissants impliqués dans ces activités et encore moins les trafiquants internationaux de passage dans nos frontières. Les rapports des services douaniers et policiers révèlent cependant que les principaux moyens d'introduction des drogues sur notre territoire sont les liaisons postales et aériennes internationales. Mettre en place une stratégie globale de contrôle des drogues est pour notre pays un défi ardu. Puisque les trafiquants ont recours a des moyens de communication et à des technologies modernes, ils faut leur opposer des experts ayant à leur disposition des réseaux d'information fiables et un équipement efficace.

Pour nous, il s'agit d'un défi mondial qui exige une solution à l'échelle planétaire, s'attaquant à la fois à l'offre et à la demande. Les efforts entrepris au plan national doivent être étayés par des mesures à l'échelle régionale et international. Des ressources supplémentaires devraient être mondialisées pour soutenir les initiatives régionales de lutte et encourager la coopération interrégionale et transnationale. Ma délégation appuie tout particulièrement la recommandation visant à intensifier la coopération internationale en matière de prévention, de respect des lois et de poursuites judiciaires. Pour les pays qui ne disposent pas des ressources ni des capacités suffisantes à leur mise en oeuvre, ratifier les conventions internationales n'a que peu de signification. C'est pourquoi, à notre avis, la première priorité de la communauté internationale est de venir en aide aux petits pays, comme le mien. Dans les pays où le problème de la drogue est relativement nouveau, il faut s'attacher à multiplier les ouvertures économiques alternatives. Par ailleurs, un engagement volontaire et préventif est nécessaire car il est beaucoup plus coûteux, notamment pour les pays les moins avancés, de gérer les problèmes des toxicomanes que de mettre en oeuvre des stratégies préventives.

M. ROLAND YAO KPOTSRA (Togo) : Le Togo a fait de la lutte contre la criminalité liée à la drogue une priorité. La découverte de plantations de cannabis et d'un trafic de cocaïne et d'héroïne en provenance de certains pays d'Asie et d'Amérique latine illustre la gravité d'un phénomène qui s'est particulièrement amplifié à la faveur des troubles socio-politiques des années 1990 à 1993. Entreprise aussi bien par des nationaux que par des étrangers installés dans le pays, la production de cannabis non seulement satisfait la demande locale en constante évolution mais permet de dégager des surplus qui

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sont exportés vers l'Europe. L'héroïne et la cocaïne sont introduites dans le pays avant d'être acheminées vers des pays tiers. En 1997, nous avons saisi 81 kg d'héroïne, 13 kg de cocaïne, 1 107 kg de cannabis et 11 000 comprimés psychotropes. Sur le plan économique, ce phénomène a des conséquences dramatiques. Le Gouvernement togolais s'est engagé à mener une lutte sans merci contre ce fléau. Il en veut pour preuve son adhésion aux trois conventions des Nations Unies. En outre, il s'est doté le 18 mars dernier d'une nouvelle loi portant contrôle des drogues et qui prend en compte les volets répression, prévention, traitement des toxicomanes et blanchiment de l'argent. Un Comité national antidrogue s'est attelé à la définition d'un plan d'action antidrogue. Mais en dépit des moyens consentis, l'exécution de cette politique appelle la création de nouvelles unités antidrogues, le renforcement des capacités d'analyse de laboratoire des stupéfiants, la mise en place de structures de prise en charge des toxicomanes, l'organisation de programmes de formation pour l'identification du blanchiment de l'argent et une formation adéquate des magistrats. Cette tâche est énorme est elle ne pourra s'accomplir que si elle est appuyée par une assistance bilatérale ou multilatérale conséquente.

M. MOSES DLAMINI (Représentant permanent du Swaziland auprès des Nations Unies) : Les efforts déployés par la communauté internationale pour éliminer le problème de la drogue sont louables. Certains pays sont devenus des territoires privilégiés pour le trafic illicite de drogues en raison de leur difficile situation économique et politique. Il est extrêmement inquiétant de constater que des enfants et des adolescents deviennent les innocentes victimes du trafic illégal des stupéfiants. Les effets des drogues illicites sur les individus et leur famille ne doivent pas être sous-estimés. Les drogues ont des effets néfastes sur la santé et engendrent la désunion au sein des familles. Elles affectent l'essor économique et le développement et contribuent à la désintégration du tissu social. D'autre part, il faut garder à l'esprit que la pauvreté est l'un des facteurs de l'augmentation de la consommation et du trafic de drogues par les jeunes. De plus le trafic des drogues a pour corollaire le terrorisme, le crime transnational, le blanchiment de l'argent et le trafic illégal des armes. Il est par conséquent impératif que les Gouvernements opposent un front commun à la drogue et aux activités criminelles qui en découlent. La communauté internationale se doit d'y répondre collectivement. Les gouvernements doivent intensifier leurs efforts pour mettre en oeuvre des lois et renforcer leurs systèmes judiciaires nationaux.

Le Swaziland soutient la déclaration qui sera adoptée aujourd'hui. Il préconise des mesures pour promouvoir la coopération judiciaire, notamment en ce qui concerne l'extradition des criminels et l'échange d'informations judiciaires. Le Swaziland a mis en place des programmes de sensibilisation des groupes vulnérables, particulièrement les jeunes, au problème de la drogue. Il est nécessaire d'éduquer la population afin de lui faire prendre conscience des risques liés à la consommation des drogues. Une nouvelle législation visant à renforcer la lutte contre la drogue au Swaziland est en cours d'élaboration.

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